Systématisation de prise en charge psychologique et
expertise construite a partir d'une relation suivie.
La proposition d'une visite de psychologue en dehors du
contexte de l'expertise obligatoire est frequemment formulee au detenu. Son
effectivite reste subordonnee a l'echo reçu d'une part car ce type de
demarche rendue obligatoire se vide instantanement de sa substance, d'autre
part, cette intervention qui demeure ponctuelle est loin d'être
suffisante. La visite permet de debonder mais non d'entamer un veritable
travail de fond autour de l'acte commis et du vecu de la detention. Il serait
necessaire de se doter de moyens importants permettant la mise en place de
suivi a la demande des detenus.
Les personnes adherentes a cette proposition seraient
informees du fait que l'expertise psychologique serait effectuee par le
praticien en charge de ce suivi; solution compatible avec celle de l'expertise
unique precedemment evoquee.
Les personnes non adherentes a cette proposition feraient
l'objet d'une expertise classiquement organisee. Une telle preconisation
necessite l'elargissement de la reflexion a la possibilite pour le praticien de
conserver le recul necessaire a l'accomplissement de sa mission mais aussi aux
moyens materiels qui devraient être mobilises : L'augmentation du temps
consacre a l'expertise via la mise en place d'un suivi mobilise des coOts
supplementaires et peut-être rendue difficile par le nombre d'experts
relativement faibles au regard du nombre de cas a traiter par ressort de cour
d'appel, d'autant que les experts exercent a titre principal d'autres fonctions
et que ces professions tendent vers une certaine penurie. Il pourrait
être fait appel au secteur associatif specialise dont l'intervention
serait sans doute moins coOteuse et dont la proximite faciliterait
l'accomplissement de ces missions. Certaines associations emploient du
personnel qualifie et pourraient sous reserve de la mise en place d'un cadre
d'intervention formalise être mandatees et financees pour ce faire.
Lien entre défenseur et praticien
Actuellement, ce lien n'existe pas et tend même vers une
certaine forme de prohibition puisque l'avocat doit se contenter de recevoir le
resultat des expertises psychologique et psychiatrique et d'eventuellement
solliciter une contre-expertise. La non information de la designation de
l'expert prealablement a l'accomplissement de sa mission peut s'apparenter a
une certaine forme de diabolisation de la profession d'avocat qui pourrait
detenir un pouvoir d'influence sur des professionnels de la connaissance du
fonctionnement de l'humain !!! ...C'est la prêter aux avocats une faculte
de retournement dont ils aimeraient sans doute disposer, malheureusement pour
leurs clients, ils ne sont encore que des hommes et des femmes, anges c'est a
voir, gardiens... des libertes fondamentales sans doute ; mais Josephine...le
droit de rêver ne peut être ôte a quiconque.
Le contact etabli entre avocat et expert pourrait enrichir la
connaissance dont ce dernier dispose du dossier. L'avocat se forge une vision
singuliere de l'accuse car celui-ci lui accorde sa confiance et s'exprimera
beaucoup plus aisement auprès de lui que face a un psychologue ou
psychiatre qu'il tendra a considerer avec une certaine defiance. Sans pour
autant trahir le secret professionnel, l'avocat peut apporter des elements non
de fait mais de perception de son client. Ce contact s'etablirait a
l'initiative de l'avocat, facultativement et selon ce que ce dernier estime
pouvoir fournir comme eclairage dans l'interêt de son client. La critique
issue du risque a voir s'etablir une relation entre avocat et expert est sans
objet, d'autant que cette même relation existe entre expert et
magistrat.
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