b) Chaozhou : les « boat
people » des années 1970
Les Chaozhou, du nom d'une ville côtière du
sud-est de la Chine sont des Chinois de la diaspora. Ils ont quitté leur
pays d'origine pour s'établir dans toute l'Asie du sud-est. Notamment
dans trois pays de l'ex-Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Dans les
années 1970, ils se réfugient en France fuyant les conflits
armés et obtiennent le statut de réfugiés et souvent la
nationalité française. Les derniers Chaozhou arrivent en
1985-1987. Ils font partie des fameux « boat people », terme que les
intéressés n'apprécient pas car beaucoup d'entre eux n'ont
jamais mis les pieds sur un bateau pour venir et que le terme tend à les
stigmatiser, caricaturer, et les renvoie à une période
douloureuse de leur histoire.
Avant d'immigrer en France, les Chaozhou étaient
urbains, lettrés, d'un certain niveau social et culturel et souvent
francophones et habitués à la culture française. Leur
intégration en France est alors très rapide. Leurs diplômes
n'étant pas reconnus, ils se tournent vers le commerce, notamment dans
le triangle de Choisy formé par l'avenue de Choisy, l'avenue d'Ivry et
le boulevard Masséna. Les Chaozhou parlent souvent plusieurs langues
étant donné leur parcours migratoire (le chinois, le cambodgien
et le vietnamien avec des notions de thaïlandais)
C'est au moment de l'installation des Chaozhou dans le XIIIe
arrondissement que les Parisiens prennent vraiment conscience de leur
présence. Ils s'installent progressivement à Belleville à
partir de la fin des années 1970. Aujourd'hui, si leur présence
reste visible dans le XIIIe arrondissement à cause des commerces, peu de
Chaozhou y habitent encore. Ils ont également quitté Belleville.
Beaucoup résident en banlieue, notamment à
Marne-la-Vallée, Lognes ou Torcy. Intégrés à la
société française, ils travaillent dans tous les secteurs
de la société. Leurs habitudes culturelles, sont très
distinctes des autres communautés, leur attachement à la France
et aux lois plus fort dû au passé coloniale de l'ex-Indochine.
c) Dongbei : une immigration
précaire et isolée
L'immigration des Dongbei est récente et date d'une
dizaine d'année. C'est par origine géographique que l'on
rassemble les Dongbei, ils viennent des régions du nord et du nord-est
de la Chine. Il ne s'agit pas d'une communauté au sens propre du terme.
Il n'existe aucune solidarité spécifique entre eux.
Les Dongbei sont urbains, éduqués, en
majorité des femmes, d'âge mûr (la quarantaine) et d'anciens
petits cadres appartenant à une classe moyenne en Chine. Beaucoup de
Dongbei affichent un niveau d'études supérieur à la
moyenne nationale avec des diplômes de lycée ou
d'université.
Dans les années 1990, les grandes entreprises
d'état (textile, sidérurgie, métallurgie...)
ferment et licencient massivement. Les Dongbei se retrouvent
alors sans revenus, sans avenir.
Inspirés par la réussite des Wenzhou, les
Dongbei, viennent tenter leur chance. Mais sans tradition migratoire vers
l'Europe, sans connaissance ni réseau installé en France, ils se
retrouvent en position de faiblesse face à la solide chaîne
organisation migratoire des Wenzhou. Une grande majorité vit dans la
précarité. Ce n'est que très récemment que certains
Dongbei ont pu ouvrir des magasins. Les ressentiments entre Wenzhou et Dongbei
est très présent, les rapports de force s'étant
inversés en France.
Les femmes, isolées, souvent divorcées en Chine,
ont quitté leur pays et tout laissé derrière elles,
parfois y compris leur enfant.
La « communauté » chinoise recouvre
donc une réalité bien plus large que ne le laisse penser
l'ensemble des a priori sur cette population. Dans une perspective de
prise en charge sociale et pour l'inclusion de celle-ci dans l'espace
républicain il semble indispensable d'opérer une connaissance
plus fine de la population chinoise afin que l'appellation
« communauté chinoise » ne soit pas empreinte de
stigmates conçus par la conscience collective. De la même
manière, le parcours migratoire des ces migrants est également
singulier. La manière dont ils émigrent est souvent
laissée à l'interprétation des idées
reçues.
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