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L'intégration républicaine à  l'épreuve du lien communautaire: l'exemple des migrants Chinois

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par Romain Hem-Reun
Institut régional du travail social Paris Parmentier - Diplôme d'état d'assistant de service social 2011
  

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b) Chaozhou : les « boat people » des années 1970

Les Chaozhou, du nom d'une ville côtière du sud-est de la Chine sont des Chinois de la diaspora. Ils ont quitté leur pays d'origine pour s'établir dans toute l'Asie du sud-est. Notamment dans trois pays de l'ex-Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge). Dans les années 1970, ils se réfugient en France fuyant les conflits armés et obtiennent le statut de réfugiés et souvent la nationalité française. Les derniers Chaozhou arrivent en 1985-1987. Ils font partie des fameux « boat people », terme que les intéressés n'apprécient pas car beaucoup d'entre eux n'ont jamais mis les pieds sur un bateau pour venir et que le terme tend à les stigmatiser, caricaturer, et les renvoie à une période douloureuse de leur histoire.

Avant d'immigrer en France, les Chaozhou étaient urbains, lettrés, d'un certain niveau social et culturel et souvent francophones et habitués à la culture française. Leur intégration en France est alors très rapide. Leurs diplômes n'étant pas reconnus, ils se tournent vers le commerce, notamment dans le triangle de Choisy formé par l'avenue de Choisy, l'avenue d'Ivry et le boulevard Masséna. Les Chaozhou parlent souvent plusieurs langues étant donné leur parcours migratoire (le chinois, le cambodgien et le vietnamien avec des notions de thaïlandais)

C'est au moment de l'installation des Chaozhou dans le XIIIe arrondissement que les Parisiens prennent vraiment conscience de leur présence. Ils s'installent progressivement à Belleville à partir de la fin des années 1970. Aujourd'hui, si leur présence reste visible dans le XIIIe arrondissement à cause des commerces, peu de Chaozhou y habitent encore. Ils ont également quitté Belleville. Beaucoup résident en banlieue, notamment à Marne-la-Vallée, Lognes ou Torcy. Intégrés à la société française, ils travaillent dans tous les secteurs de la société. Leurs habitudes culturelles, sont très distinctes des autres communautés, leur attachement à la France et aux lois plus fort dû au passé coloniale de l'ex-Indochine.

c) Dongbei : une immigration précaire et isolée

L'immigration des Dongbei est récente et date d'une dizaine d'année. C'est par origine géographique que l'on rassemble les Dongbei, ils viennent des régions du nord et du nord-est de la Chine. Il ne s'agit pas d'une communauté au sens propre du terme. Il n'existe aucune solidarité spécifique entre eux.

Les Dongbei sont urbains, éduqués, en majorité des femmes, d'âge mûr (la quarantaine) et d'anciens petits cadres appartenant à une classe moyenne en Chine. Beaucoup de Dongbei affichent un niveau d'études supérieur à la moyenne nationale avec des diplômes de lycée ou d'université.

Dans les années 1990, les grandes entreprises d'état (textile, sidérurgie, métallurgie...)

ferment et licencient massivement. Les Dongbei se retrouvent alors sans revenus, sans avenir.

Inspirés par la réussite des Wenzhou, les Dongbei, viennent tenter leur chance. Mais sans tradition migratoire vers l'Europe, sans connaissance ni réseau installé en France, ils se retrouvent en position de faiblesse face à la solide chaîne organisation migratoire des Wenzhou. Une grande majorité vit dans la précarité. Ce n'est que très récemment que certains Dongbei ont pu ouvrir des magasins. Les ressentiments entre Wenzhou et Dongbei est très présent, les rapports de force s'étant inversés en France.

Les femmes, isolées, souvent divorcées en Chine, ont quitté leur pays et tout laissé derrière elles, parfois y compris leur enfant.

La « communauté » chinoise recouvre donc une réalité bien plus large que ne le laisse penser l'ensemble des a priori sur cette population. Dans une perspective de prise en charge sociale et pour l'inclusion de celle-ci dans l'espace républicain il semble indispensable d'opérer une connaissance plus fine de la population chinoise afin que l'appellation « communauté chinoise » ne soit pas empreinte de stigmates conçus par la conscience collective. De la même manière, le parcours migratoire des ces migrants est également singulier. La manière dont ils émigrent est souvent laissée à l'interprétation des idées reçues.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry