10 .2 - Influence du veuvage sur l'activité des
femmes
Le veuvage est une réalité socioculturelle et
institutionnelle qui oblige également les femmes de la localité
à rester enfermées pendant douze mois subdivisés en trois
grandes périodes pour porter le deuil de leur défunt mari. Il y a
une première période de quarante et un(41) jours dont la fin est
marquée par des prières et des sacrifices là où les
cheveux, les ongles et les poils du défunt sont enterrés. Une
deuxième période qui court du 41e jour au cinquième mois
à la fin de laquelle la veuve est autorisée à se
séparer du pagne de veuvage. La dernière période consacre
les moments de visites pour boucler les douze mois de veuvage. Plus qu'une
obligation, le veuvage reste un devoir sacré qui combine des rituels de
séparation de l'âme du défunt avec celle de son
épouse. Pendant ce long moment de deuil sacré, toute
activité économique de la femme est totalement suspendue. 37% de
la grande masse des bénéficiaires de la première
catégorie de l'échantillon ont subi cette réalité
contre 100% des bénéficiaires de la deuxième
catégorie qui n'en ont pas connu. Le graphique ci-dessous illustre bien
cette réalité.
Graphique V : Répartition des
bénéficiaires selon l'influence du veuvage sur leurs
activités
influence du veuvage sur les AGR (Groupe
1)
37%
63%
OUI NON
Influence du veuvage sur les AGR (Groupe
2)
OUI NON
Source : Données d'enquête de
terrain, septembre - octobre 2011
10.3- Influence des liens de parenté sur
l'activité des femmes
Le lien de parenté s'est aussi
révélé comme une pesanteur structurelle du milieu social
pour le programme de microcrédits aux plus pauvres. En effet, la
population de la commune d'Adjarra vit dans un environnement social clanique
où le parent n'est pas forcement les géniteurs, les oncles, les
tantes, les nièces, les neveux, etc. La parenté articule des
fonctions intégratrices mais aussi discriminantes qui vont audelà
des proches parents ou de la famille. La filiation qui est une composante de la
parenté par exemple, peut définir l'appartenance à des
groupes sociaux pérennes qui s'étendent sur un réseau
généalogique qui va bien au-delà des parents proches qu'un
individu est amené à connaître ou à
fréquenter au cours de sa propre existence. À ce titre, un
lignage, un clan, voire une caste, sont des extensions
généralisantes du principe de filiation. Dans un tel
système social comme celui d'Adjarra l'esprit de parenté
influence fortement les relations entre les individus même s'ils n'ont
pas des liens familiaux directs. La parenté est une dimension de
l'existence humaine qui ne peut donc être séparée de la
faculté de produire et de communiquer des représentations portant
sur les liens qui la constituent. C'est ce qui justifie l'impuissance de la
plupart des femmes responsables de groupe solidaire et même de certains
chefs de village à accompagner les animateurs du programme dans le
recouvrement rapide et efficace des crédits sur le terrain. Ils
craignent ainsi de rentrer en conflit ouvert avec des parents. « Pour
éviter des problèmes j'ai eu à rembourser les
crédits de ma propre poche et je ne souhaite plus recommencer » ;
« pour préserver ma vie dans ce village, je ne veux même plus
prendre le devant de ce crédit de groupe » ; ont
déclaré la plupart des responsables de groupe solidaire sur le
processus de recouvrement des crédits. 48% des
bénéficiaires de la première catégorie ont vu leur
activité influencée directement ou indirectement par les liens de
la parenté contre 0% dans le groupe témoin.
Le graphique suivant présente le niveau de l'influence
de cette réalité sur le processus de microfinancement des
activités génératrices de revenus par le programme MCPP
dans la commune.
Graphique VI: Répartition
des bénéficiaires selon l'influence de la parenté
sur leurs activités par le non renouvellement de
crédit
48%
OUI NON
52%
Influences des liens de parenté sur
les activités économiques Groupe 1
Influences des liens de parenté sur
les activités économiques Groupe 2
100%
OUI NON
Source : enquête de terrain, septembre
- octobre 2011
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