ABSTRACT
Poverty is a societal phenomenon characterized by various
hardships. To limit its disasters especially on women in developing countries
such as Benin, several strategies have been implemented by States. Among these
strategies, microfinance wins a good place today particularly in Benin, where
access to microcredit has been widespread since 2006 through a comprehensive
national program. However, poverty is paradoxically increasing especially the
monetary one in rural areas of the country. Through the experience of Adjarra
women, this research sought to identify the causes of this paradox in the
district of Adjarra. The study sample was drawn at two levels. A first degree
of geographic reach has retained three of the four rural districts with a high
of six in the commune. The second degree type simple random and probabilistic
quota is the beneficiaries identified in two categories. There is the category
of the great mass of beneficiaries in difficulty (97.5%) and category witnessed
the tiny minority (2.5%) who tries to emerge according to the principles of the
program. The results showed firstly that it is the socio-anthropological
rituals related to motherhood and widowhood, which severely limits the economic
viability of women including their status as head of household and social
system dominated by kinship and polygamy. Second meeting of the heterogeneous
approach to market economy program with the system of subsistence economy in
the locality negates the efforts put in. This raises other questions today on
the global political economy facing the issue of poverty reduction in rural and
traditional societies as in Benin.
Keywords: poverty, microfinance,
market economy, subsistence economy, socio-cultural rituals
INTRODUCTION
Au cours de ces dernières décennies,
l'évolution des inégalités sociales dans le monde a
accentué le niveau de paupérisation des populations surtout dans
les pays en développement. La croissance macro-économique ne
suffit plus pour contenir le flot des personnes vulnérables qui
augmentent d'année en année. Les problèmes quotidiens
auxquels ces personnes sont confrontées de nos jours, s'articulent
souvent autour de l'insécurité alimentaire, de l'accès
difficile aux soins de santé, à l'eau potable, à
l'éducation, à l'instruction et à l'énergie.
Autrement dit, la satisfaction des besoins fondamentaux est devenue le calvaire
journalier et le souci permanent des populations victimes de la pauvreté
extrême. Dès lors, une grande question s'est posée et s'est
imposée aux gouvernements des pays en développement et aux
agences de coopération. Il s'agit de comment comprendre et
définir de manière opérationnelle, ce
phénomène de pauvreté qui menace les populations tous les
jours afin d'y trouver une réponse et des stratégies
adéquates de lutte. C'est ainsi que l'on est arrivé à
cerner le phénomène de pauvreté comme étant
l'état où se trouve toute personne qui, d'une part, dispose
d'un revenu très faible par rapport au reste de la population et qui,
d'autre part, reste privée d'un véritable accès aux
services de base nécessaires pour vivre (santé, logement,
éducation); (UNESCO,1997). En
d'autres termes, l'état de pauvreté est « une situation
illustrant une insuffisance des ressources matérielles (manque d'argent)
et des conditions de vie (logement, équipements, participation à
la vie sociale et économique, etc.), ne permettant pas à des
individus de vivre quotidiennement de façon digne selon les droits
légitimes et vitaux de la personne humaine » (Coulibaly,
2007). Face à cette situation, l'Assemblée générale
des Nations Unies a proclamé en 2000 la Déclaration du
Millénaire en proposant un programme global pour éradiquer la
pauvreté dans le monde. Ce programme, dénommé
«Objectifs du Millénaire pour le
Développement » comporte huit points dont le premier est de
réduire l'extrême pauvreté et la faim à l'horizon
2015. « Il s'agira de réduire de moitié la proportion de
la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour,
ainsi que celle souffrant de la faim après 50 ans de lutte contre la
pauvreté avec des efforts mitigés pour un échec
retentissant» (Jules Dufour, 2011)[1].
Il urge alors de mettre sur pied des politiques efficaces
d'allègement de la pauvreté qui puisse entraîner une
augmentation durable des revenus de ces segments de population appelés
"pauvres" en leur facilitant l'accès aux crédits afin qu'ils
puissent développer des activités économiques à la
base et en jouir convenablement.
Cependant, la grande difficulté liée à la
nature même des personnes concernées, est que les banques
n'accordent pas de crédits à des "gens peu solvables" incapables
de satisfaire aux exigences classiques de garanties conditionnant tout
prêt bancaire ; d'où le recours au système de crédit
propre aux pauvres appelé "microfinance". La
microfinance qui constitue aujourd'hui une arme de lutte contre la
pauvreté est officialisée au Bénin depuis 1990 par la loi
N° 90-018 du 27 Juillet 1990 portant réglementation de la
profession bancaire. Cette loi a été ensuite renforcée en
1997 par la loi PARMEC de l'UEMOA ; la loi N°97-027 du 08
Août 1997 portant réglementation des institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit au sein de l'Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine.
Mais, depuis que les institutions de microfinance (IMF)
déploient leur potentiel au Benin, à côté des autres
stratégies du gouvernement pour endiguer le phénomène de
pauvreté, les résultats ne sont pas encore à la hauteur
des attentes au regard des nombreuses études réalisées sur
l'état de la pauvreté au Bénin[2]. Les manifestations du
phénomène sont plus poignantes dans les zones rurales du pays
où les femmes
[1] Jules Dufour est Professeur, chercheur associé au
Centre de Recherche sur la Mondialisation au canada [2]Voir le sous
chapitre sur l'état de la pauvreté au Bénin dans la revue
de littérature p 39
constituent la grande masse des populations les plus
touchées.
Ainsi, dans la perspective d'élucider ce paradoxe des
limites des politiques de réduction de la pauvreté en milieu
rural béninois et celui de la microfinance en l'occurrence, avons-nous
choisi de consacrer les travaux de la présente recherche liés au
processus d'obtention du diplôme d'études approfondies(DEA) en
sociologie du développement à l' étude de
« la microfinance dans la problématique de réduction
de la pauvreté rurale au Bénin : expériences des
femmes du programme de Micro Crédits aux Plus Pauvres (MCPP)dans la
commune rurale d'Adjarra ».
Le présent mémoire qui résume les travaux
de ladite recherche est structuré en quatre grandes parties. La
première partie présente la problématique de
réduction de la pauvreté au Bénin et dans la commune
d'Adjarra. La seconde partie expose le Programme de Microcrédits aux
Plus Pauvres(MCPP) et une synthèse monographique de la commune. La
troisième partie présente la revue de littérature et la
démarche méthodologique de recherche adoptée. Enfin, la
quatrième partie fait état des influences socioculturelles et
économiques sur les micro-crédits dans la commune d'Adjarra.
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