Troisième partie
MICROCREDIT AUX PLUS PAUVRES ET
MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE D'ADJARRA
CHAPITRE VII : LE MICROCREDIT AUX PLUS PAUVRES(
MCPP)
7.1- Contexte de mise oeuvre du programme MCPP au
Bénin
Dans les pays de l'UEMOA[27], le secteur de la microfinance a
connu un développement assez remarquable au début des
années 90. Au Bénin, ce développement est
caractérisé par un secteur de la microfinance très
dynamique animé par une multitude d'institutions offrant des produits et
services adaptés aux besoins des populations pauvres exclues du
système financier classique. Compte tenu de la pertinence des
interventions de ces acteurs et du volume d'activités
réalisées, le secteur de la microfinance s'impose
désormais comme une alternative crédible de financement notamment
en ce qui concerne l'intégration des populations démunies au
circuit de production de la richesse nationale.
Malgré l'importance désormais reconnue à
ce secteur, les institutions qui l'animent sont confrontées à un
certain nombre de problèmes dont les plus importants se résument
:
- aux difficultés d'accès aux ressources
financières adaptées aux spécificités des besoins
des pauvres ;
- absence de mécanismes d'accompagnement en termes de
renforcement des capacités et d'appuis divers ;
- absence d'un mécanisme de sécurisation pour la
gestion des nombreux risques auxquels sont soumises les institutions de
microfinance.
De ce fait, la microfinance considérée jusque
là comme l'instrument formidable de réduction de la
pauvreté commençait à connaitre ces limites. Les
Institutions de Micro Finance(IMF) en activité dans le pays,
partagées entre le poids et l'étendue de la pauvreté et la
nécessité de survie, de viabilité et de
rentabilité, ont reconsidéré le cadre de leurs
interventions sur le terrain. En d'autres termes, entre 2000 et 2005, ces
[27]UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine
IMF ont pris l'option d'orienter leurs services vers une
clientèle très moins pauvres négligeant ainsi la grande
masse des populations plus pauvres devant bénéficier des
opérations d'épargne et de crédit portant sur de petits
montants. En un mot, les institutions de microfinance ont
délaissé les microcrédits pour monter sur le terrain de ce
que j'appelle « la moyenne finance »[28] non loin du système
bancaire classique dont les crédits sont fondés sur des garanties
matérielles considérables. Pour trouver une solution
adaptée à ces différentes préoccupations qui
compromettent très fortement l'avenir du secteur de la microfinance au
Bénin face à sa première mission de réduction de la
pauvreté, le gouvernement a pris ses responsabilités. Il a choisi
depuis mars 2006 l'option de replacer la microfinance dans son contexte initial
et de faire d'elle un outil très stratégique d'intervention dans
le domaine du développement et de la lutte contre la pauvreté.
C'est dans ce cadre qu'il a été décidé de la
création par décret N° 301-206 du 27 juillet 2006 du Fonds
National de la Microfinance. Par cet acte, le souci du gouvernement est non
seulement de concrétiser le désir des acteurs de la microfinance
de disposer de cet outil stratégique, mais aussi, de mettre en place un
cadre approprié de gestion des programmes du gouvernement
dédiés aux couches les plus défavorisées dont
notamment le Programme de Microcrédits aux Plus Pauvres
(MCPP).
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