1.2. LE BÉTON
PROJETÉ
La méthode du béton projeté est une
alternative au ragréage. Elle est généralement
utilisée lorsque les surfaces de béton à reprendre sont
assez importantes. Ceci s'explique par le fait que ce type de réparation
est relativement rapide à mettre en oeuvre, mais
nécessite du matériel particulier.
Lorsque les surfaces à réparer sont assez
faibles, on privilégiera plutôt le ragréage, plus
adapté aux petites surfaces.
1.2.1. HISTORIQUE DE LA
MÉTHODE
C'est en 1907 qu'apparut la première machine à
projeter, crée par l'américain Carl Akeley. Et c'est dès
1911 que son utilité s'est avérée dans le domaine du
génie civil, notamment pour la stabilisation des berges de la
tranchée « Culebra cut » du canal de Panama.
Figure 30 : Machine à sas de première
génération
En France, la méthode du béton projeté se
développa à la fin de la Première Guerre mondiale afin de
réparer les ouvrages d'art et des habitations endommagés par les
combats. Entre les deux guerres mondiales, le béton projeté
été couramment utilisé lors de gros projets.
Cependant, après la Deuxième Guerre mondiale
le savoir-faire des entreprises avait pratiquement disparu. Seules la SNCF et
EDF savaient que cette technique existait et continuaient de l'employer. Puis
EDF a entrepris des recherches afin d'améliorer la composition des
mélanges en notant les courbes granulaires de chaque
mélange afin de les comparer par la suite avec des essais sur
béton durci. Cela a permis à EDF de tracer des fuseaux optimaux
à l'intérieur desquels les courbes granulaires des
mélanges à projeter devaient se situer.
Ces fuseaux sont encore utilisés aujourd'hui.
1.2.2. TECHNIQUE DE
PROJECTION
Il existe principalement deux techniques de projection du
béton. Elles se différencient par rapport à l'emplacement
de l'introduction de l'eau de gâchage dans le matériau.
Il y a tout d'abord la méthode de projection par voie
humide, le béton gâché est transporté jusqu'à
la lance soit par pompage soit par de l'air comprimé. I
il y a ensuite la méthode de projection par voie
sèche pour laquelle le mélange de ciment et de granulats, non
additionné d'eau au moment du malaxage, est propulsé par de l'air
comprimé, l'eau étant ajoutée au dernier moment, en bout
de lance.
Le choix de la technique à utiliser dépend de
différents paramètres tels que la nature des matériaux
utilisés, de la nature des travaux à effectuer ou encore des
habitudes de l'entreprise.
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Figure 31 : Béton projeté par voie
sèche
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Figure 32 : Béton projeté par voie
humide
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Le principe de la projection reste le même selon la
méthode employée. Il consiste à :
- Malaxer, homogénéiser les matériaux
à l'état sec ou humide
- Les transporter par canalisation, rigides ou souples,
grâce à des pompes mécaniques ou à de l'air
comprimé
- À projeter plus ou moins violemment, grâce
à de l'air comprimé ; le matériau sur les supports
à revêtir.
Cependant, selon la méthode utilisée les
résultats vont présenter quelques différences. Par voie
sèche, on obtiendra une résistance plus élevée que
par voie humide du fait du faible rapport E/C. Mais on aura une capacité
de production plus limitée, un dégagement de poussière
plus important, mais surtout un risque de détérioration d'un
support fragile.
Dans tous les cas, cette surépaisseur de béton
est moins poreuse, plus durable et peu sensible aux attaques chimiques. Le
béton projeté n'étant pas encore carbonaté, il
stoppe l'évolution de la carbonatation, le temps d'être
lui-même complètement carbonaté. Il empêche
également la pénétration d'humidité grâce
à sa faible porosité, ce qui protège les armatures de l
corrosion.
De plus, il est possible d'ajouter des inhibiteurs de
corrosion dans la formulation du béton, ce qui permet de rendre plus
pérennes les réparations effectuées.
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