2.5 Les principales maladies d'origine hydrique
La mauvaise qualité bactériologique de l'eau est
naguère une cause fréquente d'apparition de maladies infectieuses
et participe à la propagation d'épidémies (typhoïde,
choléra, etc.) que l'on sait bien maîtriser aujourd'hui
grâce à la vaccination, à l'amélioration des
conditions d'assainissement, de l'hygiène et des techniques de
traitement des eaux dans les pays développés.
62 LECLERC et coll., 1989
63 BONTOUX, 1993
Dans les villes des pays du sud en général et
à Porto-Novo en particulier où les conditions d'assainissement et
d'hygiène ne sont pas encore les meilleures, la population est
exposée aux maladies causées par les microorganismes cités
cidessus. Beaucoup de maladies sont directement liées aux mauvais
comportements d'hygiène et aux conditions
environnementales64.
Les eaux stagnantes concentrent de grandes quantités de
pathogènes tels les virus, les bactéries, les protozoaires et les
oeufs helminthes qui causent la prolifération de divers maux. Nous
allons détailler quelques unes des nombreuses maladies liées
à l'eau de boisson.
* La salmoneiose
Les salmonelloses sont essentiellement dues à
Samonella typhimurium. Elles comprennent la fièvre
typhoïde et les salmonelloses non typhiques (ou non typhoïdiques).
Dans les Pays en Voie de Développement (PED), l'incidence
élevée est liée aux mauvaises conditions d'hygiène
et aux risques de transmission fécale. L'homme acquiert les
bactéries de l'eau ou d'aliments contaminés.
* La fièvre typhoïde (du grec
typhodes, fumée) est causée par Salmonella
typhi ou bacille d'Eberth. La période d'incubation est de 10
à 14 jours après l'entrée de la bactérie dans
l'intestin grêle. Les bactéries colonisent l'intestin grêle,
pénètrent dans l'épithélium et se répandent
dans le tissu lymphoïde, le sang, le foie et la vésicule biliaire.
Les symptômes comprennent de la fièvre, des
céphalées, des douleurs abdominales, de l'anorexie et des
malaises durant plusieurs semaines. Les bactéries continuent à se
multiplier dans la vésicule biliaire et atteignent l'intestin par le
canal biliaire.
Pour les salmonelloses non typhiques, le temps d'incubation
est seulement de 8 à 48 heures. Les bactéries se multiplient et
envahissent la muqueuse intestinale où elles produisent une
entérotoxine et une cytotoxine qui détruisent les cellules
épithéliales. Douleurs abdominales, crampes, diarrhées et
fièvre sont les symptômes fréquents et remarquables qui
durent habituellement de 2 à 5 jours mais peuvent se prolonger pendant
plusieurs semaines.
64 FAO/OMS, 1990; FAO, 1992
La plupart des patients adultes guérissent, mais la perte
de liquide peut causer des problèmes pour les enfants et les personnes
âgées.
Dans les pays en développement, la fièvre
typhoïde est endémique et pose un problème majeur de
santé publique avec 20 000 000 de cas et 600 000 décès
par
an65.
* La shigellose
La shigellose ou dysenterie bacillaire est une maladie du
péril fécal. Elle est fréquente en zones tropicales, en
particulier pendant la période la plus chaude et la période la
plus humide de l'année (AUBR, 2005). La shigellose pose un important
problème de santé publique dans de nombreux pays en
développement, en particulier du fait de la multirésistance
croissante des shigelles aux antibiotiques.
La contamination est féco-orale, directe par contact
inter-humain avec des malades, ou indirecte par ingestion d'eau ou d'aliments
contaminés par des Shigella (FRESNEL et coll., 1994). La cible
principale est l'enfant de moins de 5 ans, le vieillard et la femme enceinte.
La dose minimale infectante est très faible, de l'ordre de 10 à
100 bactéries (groupe de travail scientifique de l'OMS, 1980).
* La dysenterie bacilaire est une
diarrhée qui résulte d'une réaction
inflammatoire aiguë du tractus intestinal due à quatre
espèces du genre Shigella. Les shigella sont des
bactéries strictement humaines douées de pouvoirs invasif et
destructif pour la muqueuse colique, déclenchant des
entérocolites inflammatoires fébriles, pouvant évoluer
jusqu'à un syndrome dysentériforme (GRENIER, 1985). La
bactérie induit sa propre phagocytose par les cellules mucosales puis
détruit la membrane du phagosome. Après multiplication
intracytoplasmique, les shigelles vont envahir les cellules voisines. Elles
produisent des exo- et des endotoxines mais ne se répandent
généralement pas plus loin que l'épithélium du
colon. Les symptômes sont des selles liquides contenant du sang, du mucus
et du pus ; dans les cas graves, le colon peut être ulcéré
(PRESCOTT et coll., 2003).
L'incubation dure 1 à 3 jours et les bactéries
sont excrétées pendant une période de 1 à 2
semaines. Chez les adultes, la maladie dure en moyenne 4 à 7 jours et
guérit spontanément, mais elle peut être fatale chez les
bébés et les jeunes
65 OMS, 1992
enfants. Dans le monde, on évalue à quelques 600
000 les décès causés annuellement par cette dysenterie. En
Afrique subsaharienne, une première vague de flambée à
Shigella dysenteriae a touché l'Afrique des Grands Lacs en
1993- 1994 (OMS, 2000).
Signalons que les conditions de survenue
d'épidémies de shigellose sont le surpeuplement, les mauvaises
conditions d'assainissement, le manque d'hygiène et l'insalubrité
de l'eau.
* Le choléra
Le choléra est dû à la bactérie
Gram-négative Vibrio cholerae. La période d'incubation
est de 24 à 72 heures après infection de l'hôte.
Le choléra est une diarrhée «toxique»
due à l'élaboration par le vibrion d'une toxine, la
choléragène, qui inverse le flux hydrosodé au niveau de
l'épithélium de l'intestin grêle par activation d'une
enzyme, l'adénylcyclase. Cette inversion entraîne la production
dans la lumière intestinale d'un liquide très abondant isotonique
au plasma, particulièrement riche en potassium et en bicarbonates. La
conséquence de cette diarrhée hydroélectrolytique massive
est une déshydratation aiguë avec hypokaliémie et acidose
(AUBR, 2005). Le malade souffre d'une dépression massive de liquides et
d'électrolytes associée à des crampes musculaires
abdominales, des vomissements, de la fièvre et des diarrhées
liquides. La diarrhée est parfois si importante qu'une personne peut
perdre de 10 à 15 litres de liquide durant l'infection. La mort
résulte d'une concentration élevée des protéines
sanguines causée par un taux réduit de liquide circulant, menant
à un choc circulatoire et un collapsus subit66. Le taux de
mortalité en absence de traitement est souvent supérieur à
50%; avec traitement et soins palliatifs, ce taux est inférieur à
1% (AUBR, 2005). Signalons qu'il n'y a pas d'immunité naturelle, ni de
production d'anticorps contre la toxine.
Des flambées de choléra peuvent se produire
sporadiquement dans toute partie du monde où les approvisionnements en
eau, l'assainissement, et les pratiques d'hygiène laissent à
désirer.
66 PRESCOTT et coll., 2003
En 2000, des cas de choléra et des décès
imputables à la maladie ont été officiellement
notifiés à l'OMS par 27 pays d'Afrique, 9 pays d'Amérique
latine, 13 pays d'Asie, 2 pays d'Europe et 4 pays d'Océanie.
En 2002, à Cotonou au Bénin, 3788 cas ont
été enregistrés officiellement par la Direction
Départementale de la Santé Publique du Littoral (MSP, 2002).
En 2003, 45 pays ont déclaré à l'OMS un
total de 111 575 cas et 1 984 décès (1,69%). Le nombre total de
cas déclarés en Afrique a été de 108 067, soit 96%
du total mondial.
Actuellement, presque tous les Pays En Développement
(PED) sont aux prises avec une flambée de choléra ou sous la
menace d'une épidémie de choléra. Au Bénin, on a
signalé une épidémie de choléra en 2005
(S.N.I.G.S., 2006).
* Les giardiases dont les parasites
responsables sont le Giardia lambia, Giardia intestinalis. Ces protozoaires
parasites se développent dans le tractus intestinal.
* Les amibiases qui sont dues au
protozoaire Entamoeba histolytica qui se retrouvent généralement
chez les hommes et mêmes chez les animaux.
* Les ascaridioses sont des parasitoses
intestinales, très courantes dus à Ascaris Lumbricoides qui
provoque des troubles intestinaux souvent importants.
* La polyomyélite
causée par les poliovirus est une maladie qui attaque les nerfs et cause
la paralysie des membres surtout chez les sujets jeunes. Elle est transmise par
l'ingestion de l'eau souillée.
* La dracunculose ou ver de Guinée ou
Filariose de Médine est une affection parasitaire due
à un petit crustacé du nom de cyclops (ver rond) dont le nom
latin est dracunculus medinensis que l'on ingère en buvant de l'eau
contaminée67.
* le paludisme vient en tête de
la pathologie mondiale. C'est un des sérieux problèmes de
santé en Afrique au sud du Sahara.
Cette maladie est provoquée par le plasmodium dont il
existe quatre (4) espèces, le plasmodium falciparum étant le plus
redoutable (ENGREF, 1999).
67 OMS, 2006
Plusieurs autres maladies liées restent à
être énumérées, la liste n'est pas exhaustives;
cependant les voies de transmissions se ressemblent et sont décrites
sur la figure n°13.
Mains
Mouches
Aliments
Agriculture, Aquaculture
Eaux de surface et eaux usées
Réserves d'eau
Transmission à l'homme
Agents pathogènes
Présents dans les excrétas
Eaux souterraines et eaux de surface
Déchets solides
(incontrôlés/déchargés)
Loisirs (p,ex, natation)
sol
Figure n°13: Voies de transmission des
maladies hydrofécales Source: Franceys,
1995
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