C Les aspects de gestion :
Outre les impacts directs sur la filière
énergétique, la production et l'utilisation des nouveaux
carburants impliquent des modifications profondes dans les investissements et
la gestion des compagnies et des constructeurs.
L'utilisation d'un nouveau carburant doit en outre engendrer
de profondes réflexions sur le management et la logistique
établie au sein des aéroports. Il faut que ces derniers mettent
en valeur les questions de transport et de conservation du
bio-kérosène tout en respectant les contraintes de ce dernier.
Comme chaque innovation, cela favorisera par ailleurs la
création d'emplois au sein des filières liées à
l'aéronautique.
i) L'utilisation du kérosène vert favorise la
création d'emploi :
Au Royaume-Uni, British Airways a prévu
d'utiliser 500 000 tonnes de déchets pour produire environ 16 millions
de gallons de carburant au sein d'une usine implantée dans l'Est de
Londres. L'objectif est de démarrer la production à partir
de 2014 ; ceci permettra de créer jusqu'à 1.200
emplois. L'usine produira le double du volume de carburant
nécessaire pour satisfaire tous les vols au départ de London City
Airport (mais cela ne représente que 2% des vols au départ de
Heathrow). L'usine utilisera la technologie de gazéification
au plasma de Solena Group (SPG), qui peut traiter plus de déchets
20-50% que les technologies de gazéification conventionnelle.
Nous pouvons imaginer que si l'Angleterre réalise ce
projet, beaucoup de pays la suivront.
ii) Avantages économiques :
Lorsqu'un avion consomme 60 litres de kérosène
à l'heure, cela coûte à la compagnie 86$. Les
évaluations actuelles montrent que l'utilisation de biocarburant
permettra non seulement d'avoir 30% de combustible en plus, mais aussi une
réduction de 57$. L'heure de vol sera ainsi facturée 28$. Avec
une moyenne de 200 000h pour des réacteurs, on peut espérer
une économie de 11.5 millions de $ !
iii) Modèle de gestion aéroportuaire et
faisabilité :
La dépendance du secteur du transport
aérien en ce qui concerne les combustibles
fossiles montre qu'il y a un lien direct entre la fluctuation du prix
du baril, et la demande. Récemment, avec la crise
financière, on a assisté à une nette baisse de la demande
d'approvisionnement : par exemple la politique menée par les
compagnies en ce qui concerne les restrictions de bagages afin d'alléger
les appareils, l'utilisation du yield management afin de remplir les avions au
maximum...
Le bio-kérosène est donc une
alternative attrayante, car sa production n'est pas
dépendante d'une ressource limitée comme le pétrole
conventionnel. Le biocarburant ne se trouve pas dans des nappes donc il n'y a
pas besoin d'extraction. Les énergies renouvelables ont des sources
d'approvisionnement géographiquement diversifiées. Comme nous
l'avons déjà abordé, les éléments
constituants les biocarburants peuvent être cultivés dans de
nombreux endroits à travers le monde, favorisant les lieux où
l'industrie aéronautique est présente.
Comme pour le pétrole, il commence
déjà à émerger de grands producteurs
de biocarburants. Un système de transport sera mis en place, de
l'endroit de production - mais rien n'empêchera un laboratoire
d'être situé à proximité des aéroports-,
jusqu'au lieu de son utilisation. Mais une échelle
locale d'approvisionnement sera également établie :
l'installation d'un circuit interne au sein de l'aéroport en ce qui
concerne la gestion des biocarburants - traçabilité, suivi,
approvisionnement, exploitation...-.
L'industrie aéronautique a connu une
croissance énorme depuis sa création.
Aujourd'hui, plus de deux milliards de
passagers bénéficient chaque année des
avantages sociaux
et économiques des vols. L'industrie à
travers le monde fournit des emplois à quelque 32 millions de
personnes, et participe à hauteur d'environ 7.5% du produit
intérieur brut mondial.
La distribution
de carburants pour l'aviation commerciale se
situe sur ??une échelle plus petite et moins
complexe que celle du secteur automobile. Pour
cette raison, il est plus facile de mettre en
oeuvre l'utilisation des biocarburants. A titre d'exemple, il y
a 161.768 stations d'essence aux États-Unis. En
comparaison, il n'y a que 1679 aéroports. Dans un même
souci de comparaison, il ya environ 580 millions de
véhicules sur la route aujourd'hui, comparés à
seulement 23.000 avions pour 2.000 compagnies
aériennes dans le monde.
L'intégration des biocarburants dans le
secteur aéronautique est donc beaucoup plus
facile qu'elle ne le serait dans un autre secteur.
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