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La gestion du biocarburant au sein du secteur aéronautique civil: quels enjeux financiers ?

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par Matthieu Goudineau
EM Léonard de Vinci - Politecnico di Torino - Master 2 2012
  

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C Les aspects de gestion :

Outre les impacts directs sur la filière énergétique, la production et l'utilisation des nouveaux carburants impliquent des modifications profondes dans les investissements et la gestion des compagnies et des constructeurs.

L'utilisation d'un nouveau carburant doit en outre engendrer de profondes réflexions sur le management et la logistique établie au sein des aéroports. Il faut que ces derniers mettent en valeur les questions de transport et de conservation du bio-kérosène tout en respectant les contraintes de ce dernier.

Comme chaque innovation, cela favorisera par ailleurs la création d'emplois au sein des filières liées à l'aéronautique.

i) L'utilisation du kérosène vert favorise la création d'emploi :

Au Royaume-Uni, British Airways a prévu d'utiliser 500 000 tonnes de déchets pour produire environ 16 millions de gallons de carburant au sein d'une usine implantée dans l'Est de Londres. L'objectif est de démarrer la production à partir de 2014 ; ceci permettra de créer jusqu'à 1.200 emplois. L'usine produira le double du volume de carburant nécessaire pour satisfaire tous les vols au départ de London City Airport (mais cela ne représente que 2% des vols au départ de Heathrow). L'usine utilisera la technologie de gazéification au plasma de Solena Group (SPG), qui peut traiter plus de déchets 20-50% que les technologies de gazéification conventionnelle.

Nous pouvons imaginer que si l'Angleterre réalise ce projet, beaucoup de pays la suivront.

ii) Avantages économiques :

Lorsqu'un avion consomme 60 litres de kérosène à l'heure, cela coûte à la compagnie 86$. Les évaluations actuelles montrent que l'utilisation de biocarburant permettra non seulement d'avoir 30% de combustible en plus, mais aussi une réduction de 57$. L'heure de vol sera ainsi facturée 28$. Avec une moyenne de 200 000h pour des réacteurs, on peut espérer une économie de 11.5 millions de $ !

iii) Modèle de gestion aéroportuaire et faisabilité :


La dépendance du secteur du transport aérien en ce qui concerne les combustibles fossiles montre qu'il y a un lien direct entre la fluctuation du prix du baril, et la demande. Récemment, avec la crise financière, on a assisté à une nette baisse de la demande d'approvisionnement : par exemple la politique menée par les compagnies en ce qui concerne les restrictions de bagages afin d'alléger les appareils, l'utilisation du yield management afin de remplir les avions au maximum...

Le bio-kérosène  est donc une alternative attrayante, car sa production n'est pas dépendante d'une ressource limitée comme le pétrole conventionnel. Le biocarburant ne se trouve pas dans des nappes donc il n'y a pas besoin d'extraction. Les énergies renouvelables ont des sources d'approvisionnement géographiquement diversifiées. Comme nous l'avons déjà abordé, les éléments constituants les biocarburants peuvent être cultivés dans de nombreux endroits à travers le monde, favorisant les lieux où l'industrie aéronautique est présente. 

Comme pour le pétrole, il commence déjà à émerger de grands producteurs de biocarburants. Un système de transport sera mis en place, de l'endroit de production - mais rien n'empêchera un laboratoire d'être situé à proximité des aéroports-, jusqu'au lieu de son utilisation. Mais une échelle locale  d'approvisionnement sera également établie : l'installation d'un circuit interne au sein de l'aéroport en ce qui concerne la gestion des biocarburants - traçabilité, suivi, approvisionnement, exploitation...-.

L'industrie aéronautique a connu une croissance énorme depuis sa création. Aujourd'hui, plus de deux milliards de passagers bénéficient chaque année des avantages sociaux et économiques des vols. L'industrie à travers le monde fournit des emplois à quelque 32 millions de personnes, et participe à hauteur d'environ 7.5% du produit intérieur brut mondial.

  

La distribution de carburants pour l'aviation commerciale se situe sur ??une échelle plus petite et moins complexe que celle du secteur automobile. Pour cette raison, il est plus facile de mettre en oeuvre l'utilisation des biocarburants. A titre d'exemple, il y a 161.768 stations d'essence aux États-Unis. En comparaison,  il n'y a que 1679 aéroports.
Dans un même souci de comparaison, il ya environ 580 millions de véhicules sur la route aujourd'hui, comparés à seulement 23.000 avions pour 2.000 compagnies aériennes dans le monde.

L'intégration des biocarburants dans le secteur aéronautique est donc beaucoup plus facile qu'elle ne le serait dans un autre secteur. 

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld