3.2 Les facteurs de ressuscitation : les
protéines Rpf et Sps
Une étude menée sur Micrococcus luteus
a permis de démontrer l'influence de la présence de formes
viables et cultivables sur les cellules non cultivables dans un même
milieu. En présence de cellules cultivables de Micrococcus
luteus, les formes VNC de cette bactérie retrouvent leur
capacité à se diviser (Votyakova T.V. et al., 1994 [42]). Cette
« transmission » du caractère cultivable est induite par la
présence de protéines baptisées Resuscitation Promoting
Factor (Rpf). Il s'agit d'une peptidoglycane-hydrolase
sécrétée par Micrococcus luteus à
l'état cultivable. Cette protéine possède une
activité lytique sur les composants de la paroi bactérienne et
entre autre sur les muropeptides (Telkov M.V. et al., 2005 [39]- Mukamolova
G.V. et al., 2006 [26]).
De telles protéines ont également
été découvertes chez d'autres espèces, la plupart
ont en commun un domaine (« Rpf domain ») et une activité
similaire. Les études menées sur chacune des
protéines sécrétées par
différentes espèces bactériennes ont permis de les
classées en différents groupes. La famille des protéines
Rpf comprends plusieurs sous-familles : RpfA, RpfB, RpfC, RpfD, RpfE, les
Shorts Rpfs, les protéines LysM ainsi que le groupe des protéines
SceA et SceD retrouvées chez Staphyloccocus, ce dernier
étant le plus éloigné des autres groupes de
protéines Rpf (Ravagnani A. et al., 2005 [34]). Une étude chez
Salmonella typhimurium a également montré l'existence
d'une protéine de type Rpf permettant un retour à la
l'état cultivable (Panutdaporn N. et al., 2005 [32]).
Les protéines Rpf ne sont cependant pas les seules
à avoir un effet sur la capacité qu'ont les bactéries
à se diviser. La famille des protéines Sps (Stationary phase
survival) a été découverte chez les Firmicutes. Ces
protéines possèdent une activité lytique sur le
peptidoglycane des parois bactériennes, activité similaire aux
protéines Rpf. La famille des protéines Sps est également
subdivisée en groupes A, B, C D et E ; chacun de ces groupes comprend
des protéines possédant un domaine Sps. Les protéines MltA
(Membrane-bound lytic transglycosylase A) présentent chez
Clostridium ainsi qu'une protéine provenant d'un prophage de
Bacillus subtilis, possèdent également un domaine Sps
(Ravagnani A. et al., 2005 [34]).
Ces deux familles de protéines ne se retrouvent pas
chez les mêmes espèces bactériennes, les protéines
Rpf sont retrouvées chez les Actinobactéries alors que les Sps
sont retrouvées chez les Firmicutes.
De tels facteurs pourraient avoir un impact sur la
microbiologie conventionnelle et les milieux de culture. La mise au point de
milieux de culture contenant des facteurs de croissances tels que les
protéines Rpf, Sps ou encore des peptides « signal » vu au
paragraphe précédent pourrais permettre d'élargir notre
connaissance des germes existants dans l'environnement et de découvrir
des espèces jusqu'alors non isolées.
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