1.2 - ETAT DES CONNAISSANCES
Il est question dans ce sous chapitre d'un résumé
substantiel des études antérieures relatives surtout à la
pauvreté et à la microfinance au Bénin
1.2.1 - Bref aperçu des études sur la
pauvreté au Bénin
Plusieurs études et enquêtes sur la pauvreté
ont été réalisées au Bénin.
Mais ici, l'accent est surtout mis sur les principales
études notamment :
* le manuel d'analyse de la pauvreté de
Gilbert AHO et Al, (1997)
* Les Etudes sur les Perspectives de la Pauvreté, du
bien être et de la Richesse en milieu rural (EPPR)
réalisé par le PNUD et le MDR
en 1994
* Les Etudes sur les Conditions de Vie des ménages
Ruraux (ECVR
I et II) réalisées au Bénin par le
PNUD et le MAEP respectivement
en 1995 -1996 et en 1999 -2000
En effet, dans le Manuel d'Analyse de la
Pauvreté, les auteurs ont défini certains
paramètres de la pauvreté. Selon eux, le seuil de pauvreté
fait référence à un niveau de bien être qui permet
à une personne ou à un ménage de vivre de manière
acceptable dans une communauté donnée. En général,
le niveau de bien être minimal est atteint par la consommation de biens
matériels (alimentaires et non alimentaires), par l'accès
à des services de base et par le respect des valeurs sociales,
communautaires et spirituelles de la personne ou du ménage. Ils estiment
que la détermination du seuil de pauvreté devrait se baser sur
les aspirations de la population, c'est-à-dire de ce qu'elle
considère comme essentiel et minimal pour qu'un individu ou un
ménage puisse vivre de façon acceptable dans la
communauté. Ils aboutissent ainsi à la définition de
quatre (4) seuils de pauvreté à savoir :
1- Le seuil de pauvreté biologique. Il s'agit de la
situation dans laquelle la santé des individus est en danger.
2- Le seuil de pauvreté normatif : besoins biologiques
et sociaux. Il varie selon les valeurs, les habitudes, les priorités et
le niveau de vie moyen de la communauté
3 - Le seuil de pauvreté relatif ; c'est-à-dire
qu'il y a toujours de pauvres et on s'attache à suivre
l'évolution des revenus ou des dépenses par rapport aux non
pauvres
4 -Le seuil de pauvreté mixte qui tient compte à
la fois de deux ou plusieurs des seuils définis
précédemment
Ainsi, la plage de pauvreté est-elle empiriquement
subdivisée en trois seuils principaux que sont :
## Le seuil de pauvreté alimentaire (SPA)
## Le seuil de pauvreté non alimentaire (SPNA)
## Le seuil de pauvreté globale (SPG)
Selon les conclusions des Etudes sur les
Perspectives de la Pauvreté, du bien-être et de la Richesse en
milieu rural (EPPR),Les ménages ruraux ont une vision
relativement homogène du bien-être, de la pauvreté et de la
richesse. Le critère de différenciation le plus significatif
apparu lors de l'étude a été la localisation
géographique. L'EPPR n'a pas révélé de
différence marquée entre les perceptions des hommes et des femmes
contrairement à ce qu'on aurait pu penser à priori. La meilleure
manière d'établir un profil de la pauvreté rurale au
Bénin serait de mener une enquête sur les dépenses de
consommation, les avoirs et les revenus des ménages ruraux dans les
zones agro-socio-écologiques homogènes.
Ainsi, avoir accès à un moyen de transport
est-il très important pour saisir de nouvelles opportunités
économiques de marché. L'une des meilleures manières
d'améliorer le bien-être en milieu rural au Bénin est
d'appuyer la création d'activités génératrices de
revenus non agricoles, mais aussi agricoles compte tenu des relations fortes
entre les deux types d'activités.
Les populations rurales considèrent le fait <<
d'avoir beaucoup d'enfants >> comme une dimension essentielle de leur
bien-être. L'éducation n'apparaît pas aux populations
rurales comme une dimension importante du bien-être, de la
pauvreté et encore moins de la richesse. Une des manières
d'améliorer le bien-être surtout pour les femmes en milieu rural
est de favoriser l'accès aux technologies de transformation comme les
moulins qui réduisent le temps et la fatigue liés à la
transformation manuelle.
Les principales causes de la pauvreté identifiées
selon les populations rurales sont :
- La faiblesse du marché et notamment la faiblesse de la
demande des
produits
- L'absence de la solidarité au sein de la famille ou de
la communauté
- Le manque de volonté des pauvres pour sortir de la
pauvreté
En ce qui concerne la perception des dimensions de la richesse
par les populations, ces derniers ont considéré comme
priorités certains aspects qui sont :
- Avoir des terres
- Posséder de l'argent
- Avoir beaucoup d'enfants
- Avoir un logement grand et confortable
- Ne pas avoir de problèmes de santé
- Ne pas avoir de problèmes de crédit
- Ne pas avoir de problèmes d'alimentation
Les dimensions de la richesse sont ainsi
caractérisées par des aspects matériels comme la terre,
les moyens de transport, (gros camions et belles voitures), l'accès
à l'électricité (groupes électrogènes ou
poteaux électriques), les grands troupeaux de bétails, et les
boutiques... L'organisation paysanne est une dimension assez marginale
de la richesse. Un riche en milieu rural est suffisamment puissant pour se
passer de cette méthode d'organisation et de production
collective.
L'argent représente la principale dimension du
bien-être pour les populations rurales. Cela signifie qu'au Bénin
:
- un indicateur monétaire peut être
utilisé pour mesurer le niveau du bien-être en milieu rural. Le
fait qu'on ait considéré l'argent comme priorité
reflète un degré de monétarisation plus
élevé de l'économie qu'on ne peut l'imaginer à
priori.
- L'augmentation des revenus des ménages ruraux
constitue l'un des meilleurs moyens permettant d'améliorer leur
bien-être. La pauvreté peut être considérée
comme une privation du bien-être.
Les trois axes principaux sur lesquels un programme d'appui au
développement du monde rural et de la lutte contre la pauvreté
devrait s'appuyer sont :
1- L'amélioration des conditions socio-sanitaires de
base telles que l'accès à l'eau potable, l'accès à
des soins de santé notamment chez les enfants et les femmes,
l'amélioration du logement, du niveau de sécurité
alimentaire
2- Le désenclavement des zones rurales, la mise en
place des programmes d'épargne et de crédit qui offrent des
services financiers plus variés
3- L'appui au secteur agroalimentaire (agriculture,
pêche et élevage)
Par ailleurs, en ce qui concerne les principales conclusions
des Etudes sur les Conditions de Vie des ménages Ruraux (ECVR)
première et deuxième édition, il faut noter que
la grande part des revenus des ménages ruraux vient des activités
non agricoles (71% des revenus). Parmi les activités non agricoles, le
commerce rapporte le plus de recettes aux ruraux (42% de revenus totaux).Les
ménages non pauvres tirent relativement plus de revenus à partir
des activités non agricoles que les pauvres (73% contre 64% pour les
pauvres: ECVR I). Inversement, les ménages pauvres tirent une plus
grande part de leur revenu des activités agricoles. Les dépenses
de consommation des ménages ruraux béninois varient d'une
période à une autre. La dépense moyenne dans les
ménages ruraux selon les ECVR II est de 100.533 FCFA par an par
25 équivalent - adulte. Tous les ménages
affectent la plus grande part de leurs dépenses aux produits
alimentaires (70%). Cette proportion est plus élevée chez les
pauvres que chez les non pauvres (75% contre 66%).Les ménages pauvres
sont souvent préoccupés par:
- Le coût des intrants agricoles
- La pénibilité du travail manuel
- Et l'alimentation de leur bétail
Les causes sont parfois mal appréhendées et ne
portent que sur l'accès aux ressources productives alors que le faible
niveau de la formation de la population et l'accès réduit aux
services sociaux de base constituent des causes indirectes de ces
problèmes. Les mesures préconisées par ces ménages
pour remédier aux problèmes ne sont pas pertinentes. Les
ménages sont dans la plupart des cas résignés ou adoptent
des solutions qui indéniablement les conduisent dans un cercle vicieux
de la pauvreté.
En un mot, les ECVR de 1999-2000 ont
révélé que les ménages sont plus pauvres qu'il y a
cinq (5) ans par rapport aux résultats des ECVR de 1995- 1996. Les
seuils de pauvreté alimentaire et globale par zone
agro-écologique du Bénin issus des ECVR de 1999-2000 sont
respectivement de 49.261 FCFA et de 74.868
FCFA . (Voir Tableau N°03 et Tableau N°04).
Tableau N°3 : Seuil de
pauvreté alimentaire par zone agro-écologique
Zones
|
Désignation
|
|
Seuil de pauvreté
|
Rang
|
Agro-écologique
|
|
alimentaire
en FCFA
|
|
|
|
ZONE NORD
|
Zone 1
|
Zone extrême Nord Bénin
|
41114
|
6è
|
Zone 2
|
Zone cotonnière du Nord-Bénin
|
39672
|
7è
|
Zone 3
|
Zone vivrière du Sud-Borgou
|
38470
|
8è
|
Zone 4
|
Zone ouest-Atacora
|
41204
|
5è
|
ZONE SUD
|
Zone 5
|
Zone cotonnière du centre Bénin
|
55584
|
1er
|
Zone 6
|
Zone des terres
de barre
|
52129
|
3è
|
|
Zone 7
|
Zone de la dépression
|
49128
|
4è
|
Zone 8
|
Zone des pêcheries
|
52341
|
2è
|
BENIN
|
|
49261
|
|
|
Tableau N°04 : Seuil de
pauvreté global par zone agro-écologique
Zones Agro-écologique
|
Désignation
|
Seuil de Pauvreté Globale en FCFA
|
Rang
|
ZONE NORD
|
Zone 1
|
Zone extrême Nord Bénin
|
64787
|
6è
|
Zone 2
|
Zone cotonnière du Nord-Bénin
|
60079
|
7è
|
Zone 3
|
Zone vivrière du Sud- Borgou
|
68400
|
5è
|
Zone 4
|
Zone ouest-Atacora
|
57208
|
8è
|
ZONE SUD
|
Zone 5
|
Zone cotonnière du centre-Bénin
|
79190
|
3è
|
Zone 6
|
Zone des terres de barre
|
80.815
|
2è
|
|
Zone 7
|
Zone de la dépression
|
69371
|
4è
|
Zone 8
|
Zone des pêcheries
|
86743
|
1è
|
BENIN
|
|
74.868
|
|
|
|