3 -2- L'ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES
Le but de la recherche est de répondre à la
question de départ que tout chercheur se pose en ayant soin de se fixer
des hypothèses explicatives avant de procéder à
l'observation. L'Analyse des résultats issus de cette observation
constitue l'étape fondamentale qui permet de vérifier d'une part,
la validité de ou des hypothèses et d'interpréter d'autre
part, les écarts entre les faits attendus et les réalités
observées. Cette analyse conduit donc le chercheur à tirer les
conclusions nécessaires et proposer de nouvelles pistes de
réflexions pour des recherches ultérieures.
Ici, l'analyse s'articule autour de trois principales
opérations. Il s'agit de l'analyse des relations entre les variables
correspondant aux termes de l'hypothèse selon laquelle la microfinance
constitue un instrument efficace de réduction de la pauvreté en
milieu rural béninois et précisément dans la commune
d'Adjarra, de la comparaison des résultats observés avec les
résultats attendus et de l'interprétation des écarts.
En effet, les principaux termes de notre hypothèse se
résument à la microfinance, et à la pauvreté;
qu'elle soit monétaire ou humaine. Les variables correspondant à
ces termes sont la microfinance formelle, et informelle d'une part et d'autre
part le revenu des membres des GVC, leur capacité d'accès aux
soins de santé, leur niveau d'instruction, leurs sources
d'approvisionnement en eau de boisson, la caractéristique de leurs
habitats et leur capacité à acquérir
régulièrement de nouveaux vêtements. En fait, il s'agit de
mettre en évidence, l'indépendance, la corrélation ou le
lien logique qui existe entre ces variables. Ainsi, il a été
aisé de constater une implication logique entre le taux
élevé de groupements n'ayant jamais reçu de crédit
formel depuis leur création (54%) et le fort taux des groupements dont
le revenu annuel par membre n'excède pas 5.000 FCFA (62%); malgré
la pratique de la microfinance informelle par la majorité de ces
groupements ('49 sur 60). Même le revenu des GVC ayant reçu des
crédits formels reste et demeure insignifiant : 16.400 FCFA
en moyenne
52 par an et par membre pour
0,25 crédit au plus reçu par chaque groupement en moyenne
par an . Ce qui implique:
- le fort taux des groupements dont les membres sont encore
à un (1) vêtement acquis au plus par an (65%) ;
- le fort taux des groupements dont les membres continuent de
se faire soigner à la maison avec tous les risques encourus (tableau
N°11) ;
- le fort taux des groupements dont les membres continuent de
vivre dans des maisons en terre de barre construites encore sur des
propriétés familiales ( 78 %, tableau N°14 / 95 % , tableau
N°15)
- le fort taux des groupements, dont les membres continuent
d'utiliser l'eau de puits non traitée ou de marigot comme principale eau
de boisson (77 % , tableau N°13) malgré la disponibilité de
l'eau potable dans certaines localités à 10 ou 15f CFA, la
bassine
- le pourcentage non moins négligeable des groupements
dont la totalité des membres n'ont pas pu scolariser leurs enfants (32
%, tableau N°20)
- le pourcentage élevé des groupements dont le
nombre de membres alphabétisés en langue locale n'excède
pas cinq (5), (77% tableau N°19 ) . De même, le niveau d'instruction
en français des membres de 70 % des GVC n'excède pas le Cours
Moyen (CM) , même pas le CEP
En somme, il faudra noter tout simplement que le faible revenu
des groupements qui se justifie par l'insuffisance chronique des crédits
formels ne fait qu'accentuer ou creuser davantage le fossé de la
pauvreté monétaire et humaine des populations.
Par ailleurs, en ce qui concerne la comparaison des
résultats attendus avec les données recueillies, il est à
souligner que le degré de divergence entre les attentes du départ
et la réalité observée est très important. Au
départ, nous étions convaincus du fait que la micrcofinance,
à l'instar de ses résultats fulgurants dans d'autres pays en
développement comme le Bangladesh, la Bolivie et même le
Burkina-Faso, aurait déjà produit des effets considérables
sur la pauvreté en milieu rural béninois. Mais la
réalité est tout autre. Après 10 ans
53 d'activité des institutions de microfinance au
Bénin, et particulièrement dans la commune d'Adjarra, cette
stratégie de réduction de la pauvreté ne participe que
pour 20 % à ce qu'il faut pour être épargné de la
pauvreté monétaire dans la zone agro-écologique
considérée : 16.400 FCFA contre 80.815 CFA par an et par
équivalent-adulte (Tableau N°10). En clair, la grande
majorité des femmes et des jeunes qui se cherchent au sein de ces
groupements à vocation coopérative ont des revenus qui les
classent très loin en dessous du seuil de pauvreté locale
malgré tous les efforts internes qu'il fournissent à travers
leurs groupes organisés de tontine .
Cet état de fait, ou plutôt ce grand écart
entre les attentes de la recherche et les résultats obtenus s'explique
d'une part par le nombre fort insignifiant des crédits octroyés
aux groupements dans la zone (0,25 crédit par groupement et par an). A
ce rythme, il aura fallu au moins quatre (4) ans pour que l'on soit certain
qu'un GVC peut recevoir au plus un crédit. D'autre part, ce
phénomène serait dû à l'absence
d'une politique rigoureuse et efficace de marketing
que les institutions de microfinance devraient instaurer pour conquérir
le marché des groupements ou des personnes pauvres qui constituent
l'essentiel de leur clientèle. Car, la méconnaissance des
structures et des mécanismes de microfinance formelle à
été citées par 67 % des GVC interviewés comme
premier des principaux facteurs limitant l'accès aux crédits
(tableau N°08)
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