1.4.2.2- Un flux migratoire important chez les
jeunes
La jeunesse de KOUTOUGOU ne se contente pas de vivre dans
cette contrée isolée du territoire préfectoral. Elle part
de plus en plus à « l'aventure ». En effet, fatigués de
voir leur localité comme elle fut depuis l'époque de leurs grands
parents, plusieurs parents n'hésitent pas à inciter leurs enfants
à aller chercher leur bonheur ailleurs. Leur destination première
est le Bénin et sa ville de Natitingou7. D'autres encore
partent pour Boukoumbé8 au Bénin toujours et pour les
plus téméraires, c'est la route d'Accra9 ou du
Nigeria10 qui les accueille. Certes, il y en a qui vont vers
d'autres villes togolaises comme Kara, Niamtougou ou même Lomé.
Mais il faut préciser que leur proportion est infime11.
Malheureusement, cette émigration (étant
donné que presque tous les départs aboutissent au franchissement
de frontières nationales), n'est pas compensée par une
immigration conséquente. Seuls 3,5% de nos enquêtés sont
des allochtones contre 96,5% d'autochtones et la raison évoquée
pour justifier la présence des allochtones dans la zone d'étude
est d'ordre professionnel. Il s'agit pour la plupart des enseignants ou des
infirmiers dont 51% viennent de la Kozah et 49% de Kéran Ouest.
La conséquence de cette émigration
élevée est la baisse sensible du taux de croissance de population
à KOUTOUGOU. On note donc une situation qui dure depuis longtemps et qui
se traduit par un taux de croissance de 0,18% par an entre 1970 et 1981 alors
que ceux de la préfecture, de la région et du pays étaient
respectivement de 0,5%, 1,4% et 2,8%. Aujourd'hui, ce taux est loin de
changer.
En résumé, le tableau 3 présente
l'évolution de la population selon les villages dans le terroir de
Koutougou entre 1970 et 2005.
Tableau n°3 Evolution de la population dans le
canton de Koutougou entre 1970 et 2005.
|
Effectifs
|
1970
|
1981
|
1996
|
2001
|
2005
|
Koutougou
|
2 095
|
2 137
|
2 550
|
2 535
|
2 647
|
Source : Direction Générale de la
Statistique et de la Comptabilité Nationale, 2005.
On se rend bien compte qu'en 35 années (entre 1970 et
2005), on est passé de 2 095 habitants à 2 647 soit une
progression en valeur absolue de 552 individus. Certes, cette
réalité
7 27% de nos enquêtés affirment y avoir
séjourné durant cinq ans au moins.
8 18% de nos enquêtés reviennent de cette
localité.
9 C'est beaucoup plus le fait des plus
âgés (plus de 40 ans) dont 14% disent avoir vécu à
Accra ou ailleurs au Ghana.
10 20 % des jeunes de moins de 30 ans
enquêtés y ont fait un séjour de un an au moins.
11 Seul un enquêtés sur 116 soit moins
d'un pour cent y a séjourné dans un cadre purement religieux car
exerçant la profession de Pasteur.
contraste avec le taux de natalité élevé
mais vient corroborer la thèse d'une émigration forte et d'une
mortalité élevée surtout chez les enfants de moins de cinq
ans.
Comment s'organise alors cette population à faible
croissance?
|