1.4.3- La structure sociale
Elle présente l'organisation de la
société ainsi que les nombreuses relations qui lient les
individus. C'est elle qui détermine également les types
d'hiérarchies qui sous-tendent la vie d'un peuple. Elle s'exprime sous
plusieurs aspects.
1.4.3.1- La structure par âge
Dans toute la région, la proportion des habitants dont
l'âge varie entre 5 et 30 ans l'emporte sur les autres. Cependant
à KOUTOUGOU, les jeunes de moins de 30 ans ne font que 23,3% à
cause de la forte émigration « juvénile ». Ce sont les
30 ans et plus qui rassemblent les 76,5% de la population car à cet
âge prend fin l'aventure et commence le «retour au village
natal». En ce qui concerne les plus de 55 ans, ils représentent
seulement 0,9%12 dénotant ainsi de la faiblesse de
l'espérance de vie à cause des nombreuses difficultés qui
font que le niveau de vie reste faible.
En somme, en dépit d'un départ massif des bras
valides et d'une espérance de vie faible, on voit bien que nombre de
jeunes reviennent très vite vers le village natal pour disentils «
essayer de donner un sens à leur vie ». Il n'empêche
cependant pas que le rapport hommes / femmes reste en faveur de ces
dernières surtout dans les tranches d'âge qui enregistrent un
départ important chez les hommes.
1.4.3.2- Notion de famille : N'tchieda
Dans la société Temberma de KOUTOUGOU, la
famille (N'tchieda) est la cellule de base de l'organisation de la
société. Elle est fondée et dirigée par le
père de famille (Atchita) alors que la mère
(Agnon) est la dame de la maison et celle à qui reviennent les
soins des enfants et la gestion du grenier familial (L'boo). Les fils
(N'trabila) et les filles (N'tpobila) sont sous la
surveillance de la mère jusqu'au moment où ils peuvent servir
dans les champs. A partir de ce moment, c'est l'homme qui prend la
responsabilité ou mieux la direction des travaux. Quant à leur
éducation, elle revient à l'homme pour les mâles alors que
les filles sont éduquées par leur mère jusqu'à leur
mariage.
12 D'après les données de nos travaux de
terrain.
Dans cette société, il n'est pas rare de
retrouver sous la même concession (Tatchiédé) une
tante (M'peté) ou un oncle (M'mani) en visite. Par
contre, il est rare que l'un ou l'autre s'installe définitivement chez
son parent. Lorsque cette éventualité se présente (souvent
pour des raisons de divorce), une maison est bâtie dans les environs
immédiats du parent hôte pour abriter celui qui demande
l'hospitalité.
Quant aux enfants, ils vivent sous le toit parental jusqu'au
mariage qui survient souvent après les cérémonies
d'initiation. Le jeune homme construit alors avec l'aide des voisins sa propre
maison dans les environs de celle de ses parents puis y vit avec son ou ses
épouses. Seul le dernier né des enfants mâles reste
définitivement dans la maison familiale afin de l'entretenir. C'est du
moins ce qui se faisait jusqu'à un passé récent quand le
goût de vivre dans les tatas a diminué, ce qui fait que de nos
jours les jeunes préfèrent s'installer chez eux quitte à
amener avec eux leurs mères devenues veuves.
Pour les filles, la situation est moins complexe car les
parents n'attendent pas grand-chose d'elles si ce n'est la dot
(Tiponti) qui est composée de deux boeufs et d'autres objets de
luxe que la monétarisation a engendré. Il s'agit entre autres des
pagnes, des bijoux, ....
Dans tous les cas, la structure matrimoniale est
caractérisée par la faiblesse du célibat car à 25
ans, 87% de nos enquêtés sont mariés alors que ce taux est
de 96% chez les filles du même âge. Cette situation n'est pas de
nature à baisser la taille des ménages.
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