3.3- LES MANIFESTATIONS SOCIALES DE L'ENCLAVEMENT DE
KOUTOUGOU
La présentation des manifestations de l'enclavement de
notre site d'étude va se faire selon des centres d'intérêt
précis. Nous apprécierons ainsi le niveau des infrastructures
dans le milieu de même que celui de leur fréquentation pour
montrer que l'isolement limite l'accès des populations de KOUTOUGOU aux
services sociaux de base.
18 Un chargement d'une femme (environ 15 bols de
céréales) vaut 100 francs CFA alors qu'une volaille est
taxée à 200 F et une bête à 300 ou plus car selon
les paysans, les collecteurs deviennent plus exigeants s'ils se rendent compte
qu'ils ont à faire aux Togolais.
19 Les 22 kilomètres sont parcourus en trois
heures à pied, environ une heure à vélo et moins d'une
demi-heure à moto. Quant aux véhicules, ils n'en existent
même pas.
20 Seuls 7% de nos enquêtés déclarent avoir
effectués des études secondaires.
3.3.1- Sur le plan sanitaire
La santé humaine est l'un des facteurs qui permettent
d'apprécier le niveau de développement d'un milieu. A KOUTOUGOU,
cette réalité contraste avec celle du reste de la région
de la Kara. Certes, à cette échelle aussi on ne peut pas dire
qu'il est satisfaisant mais quand on le rapporte à celui de notre zone,
il est plutôt excellent. Les chiffres qui suivent et qui
présentent les ressources sanitaires pour 1000 habitants dans la
région de la Kara, dans la préfecture de la Kéran puis
dans le canton de Koutougou en 1999 traduisent très bien ce que nous
avançons (Tableau 12).
Tableau 13 : Ressources sanitaires pour 1000 habitants
selon les localités en 1999 :
|
Région Kara
|
Préf. Kéran
|
KOUTOUGOU
|
Lits
|
21
|
12
|
0,9
|
Centres de santé
|
2
|
2,9
|
0,9
|
Médecins
|
0,7
|
0,4
|
00
|
Infirmiers
|
5
|
3,8
|
0,9
|
Sage-femmes
|
1,1
|
0,7
|
00
|
Dépôt pharmacie
|
0,3
|
0,2
|
00
|
Source : D'après les résultats de nos travaux sur
la base des données recueillies auprès de la Direction
Préfectorale de la Santé de la Kéran.
Nous précisons que la présence d'un centre de
santé ne correspond pas partout à la même
réalité, tant les différences au niveau du fonctionnement
sont flagrantes et s'accentuent selon que nous soyons dans un centre urbain ou
rural. Ainsi, aux centres en voie de délabrement avancé des
villages s'opposent les centres de santé flambants neufs des villes
comme Kara, chef-lieu de la région. A cette dimension, il faut ajouter
la distance qui sépare souvent les habitants des centres de
santé. La moyenne fournie par les services en question est de 60
à 100% d'habitants situés à plus de 5 km. Dans le cas de
KOUTOUGOU, le centre étant situé au chef-lieu du canton, tous les
autres villages doivent se déplacer sur au moins 6 km pour y
accéder en dépit du mauvais état des sentiers ruraux tel
que nous l'avons présenté plus haut.
La conséquence immédiate de cet état de
fait est l'augmentation du nombre de morts en cours de route vers le centre de
santé. A ceux-ci, il faut ajouter les nombreux cas de
décès qui surviennent lors des évacuations des malades
vers des centres performants comme ceux de Niamtougou. Nous rappelons que quand
des cas aussi urgents se présentent, il faut envoyer
quelqu'un à 20 km pour alerter la congrégation
des frères des campagnes installés à Massédena afin
que ceux-ci viennent assurer l'évacuation du patient avec leur voiture
si celleci est disponible et surtout quand la route est praticable. Dans le cas
contraire, on tente la traversée de la montagne avec le malade suspendu
dans un hamac. Cette traversée ou ces périples vers les
frères de campagne pouvant durer des heures, on se retrouve très
souvent malheureusement avec des patients à bout de résistance et
qui finissent par rendre l'âme. Mais la situation sanitaire des
populations de KOUTOUGOU est aussi le fait de leur niveau
d'analphabétisme, lui-même conséquence de l'enclavement du
milieu.
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