3.2.3.2- Des prix de vente dérisoires
Lorsque les prix de production d'une denrée alimentaire
sont élevés, le paysan devrait vendre cher pour entrer dans ses
droits. Cependant, force est de constater que les paysans de KOUTOUGOU ne
maîtrisent pas les données du marché de Takonta au
Bénin. Ils subissent ainsi les prix imposés par les acheteurs.
Quelques fois, les prix y sont inférieurs à ceux pratiqués
sur les marchés voisins situés en territoire togolais. Mais ne
pouvant y accéder facilement, les paysans de KOUTOUGOU bradent leurs
récoltes au Bénin. Voici présenté à titre
d'exemple les prix de certaines denrées dans quelques marchés
durant la campagne agricole 2003 - 2004 (Tableau 12).
Tableau 12 : Prix des denrées alimentaires dans
quelques marchés de la Région (Francs CFA), campagne agricole
2003-2004 :
Unité de mesure : le bol = environ 2,5
kg.
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Takonta
(Bénin) (22km)
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Nadoba (5km)
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Kantè (08km)
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Maïs
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550
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750
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825
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Sorgho
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525
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600
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950
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Haricot
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650
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900
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1000
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Arachide
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2000
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1850
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2000
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Source : D'apres les résultats de nos
travaux.
Ces prix qui constituent une moyenne sur toute l'année
varient selon les périodes. Nous avons donc considéré
trois périodes principales notamment celle de la récolte, la
misaison et la période de soudure. Il se révèle ainsi que
dans le cas du maïs par exemple, alors que le Togo connaissait une
pénurie de maïs et que les prix flambaient jusqu'à 1000
francs CFA, les paysans de KOUTOUGOU vendaient leur maïs à 700
francs au Bénin. Le seul bémol
que nous enregistrons dans l'analyse des données du
tableau 11 vient du prix de l'arachide qui est le même au Bénin et
à Kantè (2000 F) alors qu'il est inférieur à Nadoba
(1850 F). Cette situation est sans doute le résultat du fait que cette
denrée est très utilisée au Bénin pour la
préparation de galettes ? Certes, cet usage existe au Togo mais est plus
répandu dans l'ouest de la région de la Kara chez les Bassar
(WAGBE L-Y, 1987).
Par ailleurs lorsque nous ajoutons à ces prix les
données du prix des transports sur les 22 kilomètres qui
séparent Koutougou du marché de Takonta, les sommes
prélevées aux vendeurs sous la forme de taxes de marché,
on comprend bien pourquoi nous parlons de prix dérisoires. C'est
pourquoi 67,9% de nos enquêtés citent les taxes
surélevées18 comme principale difficulté dans
l'écoulement de leurs produits au Bénin. A cette
difficulté, s'ajoute celle du transport relative au manque de moyens
appropriés dont parlent 32,1% des enquêtés. En effet, le
mode de transport le plus utilisé est la marche19 (69,3%)
suivi de la bicyclette (28,8%). Seul 1,9% de nos enquêtés
affirment s'y rendre par moto. Quant aux véhicules, il n'en existe
même pas. L'emploi des charrettes de boeufs n'est pas habituel à
cause de la grande distance (22km).
Toutes les contraintes sus évoquées s'imbriquent
de façon évidente pour amoindrir le niveau de vie des populations
de KOUTOUGOU qui ne peuvent ni faire face à leurs besoins vitaux, ni
participer de façon harmonieuse au développement de leur milieu.
Les difficultés sociales se manifestent en l'occurrence par un niveau
alimentaire bas, la couverture médicale médiocre, le taux de
scolarisation insignifiant20, ..... Ce sont les implications
concrètes du phénomène de l'enclavement.
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