CONCLUSION
La question de corrélation Genre et participation
politique est une problématique qui préoccupe toutes les couches
sociales ce dernier temps en RDC, comme thématique importante tant au
niveau de tout le pays en général que dans toutes les provinces
de la République Démocratique du Congo en particulier.
La visée de cette analyse qui, au-delà des
inégalités sexuelles constatées dans la communauté
politique congolaise, était de mettre en corrélation explicative
les variables Genre et participation politique afin d'atteindre une
explication sur les spécificités féminines qui influent
sur la vie politique et vice versa. Au-delà de cette conception,
s'accole également l'analyse systématique de causes et effets de
l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques
congolaises.
Ce problème a soulevé en nous quelques questions
notamment: Existe-il, en RDC des facteurs explicatifs du Genre, une fois mis en
application, pourraient-ils contribuer à la participation politique
inclusive ? Sinon, que faire pour que la matérialisation de
l'approche Genre suscite la visibilité des femmes dans l'exercice du
pouvoir politique au Congo? Quels sont, enfin, les indicateurs manifestes des
inégalités Hommes-Femmes prouvant que l'invisibilité des
femmes au sein des institutions politiques de la RDC est une
réalité?
Trois hypothèses ont été ensuite
avancées à cet effet à savoir:
Primo, nous avons estimé qu'il existerait en
République Démocratique du Congo des conceptions explicatives sur
le Genre, issu des connaissances empiriques et réflexives qui
bloqueraient le processus de la participation politique inclusive.
Secundo, ces conceptions péjoratives et subjectives de
la notion de Genre, la déconsidération des potentialités
féminines, la primauté des pratiques traditionnelles face aux
textes juridiques modernes sur la position de la femme, l'abandon forcé
de scolarité des jeunes filles en faveur des enfants du sexe masculin
seraient des faits générateurs de l'invisibilité des
femmes dans l'espace où les décisions politiques sont prises en
RDC.
Tercio, nous avons estimé que le nombre des femmes
parlementaires congolaises par rapport à celui des hommes
parlementaires, le nombre des femmes responsables des partis politiques, le
nombre des femmes ministres tant au sein de gouvernement central que dans les
gouvernements provinciaux, l'inexistence de leadership politique féminin
dans les diverses structures politiques et sociales, seraient des indicateurs
manifestes de l'invisibilité des femmes dans les institutions
politiques de la République Démocratique du Congo.
La vérification de ces trois hypothèses a
été rendue possible grâce à la méthode
dialectique matérialiste.
Ainsi, il était question de privilégier le
courant d'idées de matérialisme historique ; l'unique
courant qui nous a permis de produire un schéma explicatif
approprié afin d'atteindre l'explication de la causalité de
l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la
République Démocratique du Congo d'une part, et de produire des
explications relatives à la nature de combat politique opposant les
hommes et les femmes ; les armes et stratégies utilisées par
chaque camp dans ce combat pour le pouvoir politique.
Grâce à cette méthode, nous avons compris
que les déterminants et les manifestations du Genre face à la
participation politique subissent des mutations incessantes, car les textes
juridiques garantissant les droits des femmes subissent aussi des mutations en
fonction de l'évolution de la société congolaise
elle-même.
Le choix de la démarche (méthode) dialectique
matérialiste est fondé sur l'obligation de procéder par
l'analyse et l'explication causale de phénomène
« invisibilité des femmes au sein des institutions politiques
tant au niveau national que provincial.
Pour collecter les données, les traiter et/ou les
analyser, nous nous sommes servis des techniques suivantes : la recherche
documentaire, l'observation directe et l'enquête par des interviews.
Ainsi, au terme de cette étude , il convient de relever
que la question de l'invisibilité des femmes au sein des institutions
politiques de la RDC a toujours été et demeure
préoccupante, surtout dans les milieux où la majorité de
la population est influencée par la culture arabo-musulmane, sans
exclure d'autres faits corollaires tels que : la pauvreté, la crise
de revenu et de l'emploi, l'insuffisance et la docilité des salaires
ainsi que l'exode rural qui pèsent sur les conditions de vie des femmes
congolaises en général et celles du Maniema en particulier.
En République Démocratique du Congo les
conceptions explicatives sur le Genre sont issues des connaissances empiriques
et réflexives, par conséquent elles bloquent le processus du
développement politique inclusif. En outre, les facteurs à la
base de la déconsidération du Genre selon la majorité de
nos enquêtées sont : la déconsidération des
potentialités féminines, la primauté des pratiques
traditionnelles face aux textes juridiques modernes sur la position de la
femme, l'abandon forcé de scolarité des jeunes filles en faveur
des enfants du sexe masculin seraient des faits générateurs de
l'invisibilité des femmes dans l'espace où les décisions
politiques sont prises en RDC. Ces résultats justifient la confirmation
de la première et la deuxième hypothèse de cette
étude.
La question de participation politique des femmes en RDC,
reste au centre des débats ayant trait au développement durable.
Les femmes sont dans leur ensemble une ressource humaine potentielle et
importante dans le contexte actuel de reconstruction nationale, de
consolidation de la paix et de réformes dans plusieurs secteurs de la
vie nationale.
Il sied toutefois de noter que les situations des femmes en
RDC sont multiformes et contextuelles. Les femmes ne constituent pas un
ensemble homogène dans un contexte multiculturel, et les politiques en
direction d'elles devraient tenir compte de toutes les réalités
auxquelles les femmes font face.
Il s'avère donc important de tenir compte du
fonctionnement du Genre dans toutes les sphères de vie où se
retrouvent les femmes et de mettre sur pied des stratégies
adaptées à chaque situation des femmes pour que soient
effectivement embarquées toutes les femmes vers un changement en ce qui
concerne leur participation politique. Les facteurs économiques,
socioculturels, politiques devront être identifiés,
revisités par rapport à chaque contexte pour susciter le
repositionnement des femmes.
A cet effet, les statistiques des femmes se trouvant dans les
institutions où les grandes décisions politiques sont prises
varient de manière continuelle ou progressiste et cela de façon
spontanée et quotidienne, ce qui apporte dans le vieil ordre des choses
dans de menus changements « quantitatifs ». Les divers
tableaux visualisés dans cette étude, montrent que les femmes
sont invisibles au sein des institutions politiques de la RDC depuis l'an 1960
jusqu'à 2011. A cet effet, notre troisième hypothèse est
également confirmée.
Les enquêtes sur terrain relèvent les
réalités selon lesquelles « l'empowerment »,
c'est-à-dire « attribution du pouvoir » doit briser
les mythes de la condition féminine homogène et reconnaitre
l'existence des différences de statuts, des rapports de force et
même de la domination. L'empowerment doit correspondre, selon nos
enquêtées, à un droit à la parole et à la
reconnaissance sociale en ce sens qu'il peut être considéré
comme un processus vers l'égalité entre l'homme et les femmes, et
doit être défini dans chaque contexte culturel spécifique
(social, économique et politique).
Les conclusions de nos enquêtes prouvent qu'il existe en
République Démocratique du Congo en général et au
Maniema en particulier les incompatibilités, les contradictions et les
inégalités du Genre. L'égalité dont réclame
la majorité de nos enquêtées ne signifie pas seulement
l'inclusion des femmes dans les institutions politiques, mais le processus
visant à faire participer les femmes comme les hommes à la
préparation et à l'adoption des mécanismes de la
pérennisation de la participation des femmes au sein des institutions
politiques de la RDC.
Le processus d'inclusion et d'élargissement est la
condition déterminante pour atteindre les objectifs du millénaire
pour le développement politique au Congo - Kinshasa.
L'égalité de Genre consiste à oeuvrer pour que les femmes
aient un accès équitable aux responsabilités politiques du
pays.
La visibilité politique des femmes au sein des
institutions politiques congolaises a nécessité pour nous le
concours de la théorie et de l'empirie, c'est que la théorie de
GENDER couvre bien le débat et que l'empirie démontrée
à partir de la réalité de la ville de Kindu donne les
précisions de l'exploitation de l'analyse dialectique
matérialiste. La réalité de Kindu nous permet de
généraliser le phénomène de l'invisibilité
des femmes dans toutes les institutions politiques du pays, même au
niveau national.
Enfin, le résultat de ce travail, une fois
exploité par le pouvoir, peut - on s'attendre incontestablement et
inconditionnellement à un changement socio - politique et
économique en faveur de l'égalité de sexe. Le
quatrième chapitre a explicité certains mécanismes de la
pérennisation de la participation politique des femmes au sein des
institutions politiques congolaises. Non seulement il y aura un accroissement
des effectifs des femmes exerçant le pouvoir politique mais aussi
l'exécution de l'arsenal juridique qui existe sur les droits des femmes.
Ce changement qui prend la forme révolutionnaire et la forme
évolutive se confirme dans ce travail, à partir non seulement de
la présentation des statistiques des femmes politiques d'une
manière chronologique mais aussi de l'inverse des valeurs et des
conceptions du Genre en RDC, d'autant plus que les femmes dans certaines
entités commencent à exercer le pouvoir politique.
Au regard de cette conclusion, nous recommandons à tous
les acteurs les dispositions ci-après :
- Une socialisation politique en direction des
femmes
La famille, l'école, l'église, les
médias, les milieux de travail et de vie, sont des espaces
appropriés d'injections de nouvelles normes et conduites de genre. Ces
canaux de socialisation devraient être exploités pour une
redéfinition des rapports de genre, dans le sens d'une
amélioration de la perception du rôle politique des femmes. Une
redistribution des rôles politiques conforme au contexte actuel s'impose,
pour réduire la passivité des femmes en rapport avec les
activités politiques.
La cellule familiale est la base de l'action de
révisitation des rapports de genre. L'école qui participe
à la socialisation de la jeune fille, devra revoir son programme
scolaire afin d'intégrer la dimension genre propice à
l'émergence d'une génération des femmes prêtes
à participer au même titre que les hommes aux activités
politiques et aux sphères de prise des décisions.
Par leur diversité et leur importance au niveau de la
communication de masse et de la rentabilité économique, les
médias constituent un levier de la vie politique et de la
démocratie participative. Or, le champ médiatique se
caractérise par une double carence : l'image de la femme y est souvent
négative et la présence des femmes dans les débats
politiques est marginale, y compris quand ces débats sont animés
par des femmes journalistes.
Pour remédier à cette double carence, il importe
de réformer le système d'information de sorte à assurer
une visibilité publique aux femmes pour qu'elles puissent s'exprimer
autant que les hommes et diffuser une image active en rupture avec les
stéréotypes véhiculés par la publicité et
les feuilletons télévisés.
- Les structures politiques
représentatives
La présence des femmes dans les structures politiques
est à renforcer, car leur représentation reste très faible
tant dans les partis politiques que dans les structures étatiques de
prise des décisions. Ce qui constitue un frein à
l'émergence d'une conscience collective de promotion de genre. Les
acteurs politiques doivent travailler à une dynamique favorisant la
présence des femmes dans différentes structures de
représentation politique qui constituent, à vrai dire, une
véritable « école de la citoyenneté ».
- L'action des organisations féminines et de la
société civile
Ces organisations doivent revoir leurs approches en ce qui
concerne la participation politique des femmes. Il s'avère important de
se rapprocher davantage de la base pour impulser des changements significatifs
en faveur de la participation politique des femmes. Tout au long de
l'enquête, il a été constaté une déconnexion
assez prononcée de la base féminine aux leaders de la
société civile, surtout en milieu rural et semi rural. Un effort
de rapprochement est indispensable.
- La connexion entre le local et le global
Aussi bien pour la société civile que pour les
acteurs étatiques, il est important d'établir une interaction
entre le local et le global. Ce qui implique une connaissance suffisante des
réalités locales auxquelles les femmes font face et qui ont des
implications sur leur participation politique.
1. Nécessité des palliatifs
d'ordre institutionnel, législatif et associatif pour combler
les retards des femmes.
2. Nécessité d'une synergie
d'action entre l'Etat, la société civile, les femmes et
les communautés locales.
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