3. HYPOTHÈSES ET OBJECTIFS DE TRAVAIL
Partant de nos préoccupations nous avons pu
dégager trois hypothèses explicatives suivantes :
Primo, nous estimons qu'il existerait en République
Démocratique du Congo des conceptions explicatives sur le Genre, issues
des connaissances empiriques et réflexives qui bloqueraient le
processus de la participation politique inclusive.
Secundo, ces conceptions péjoratives et subjectives de
la notion de Genre, la déconsidération des potentialités
féminines, la primauté des pratiques traditionnelles face aux
textes juridiques modernes sur la position de la femme, l'abandon forcé
de scolarité des jeunes filles en faveur des enfants du sexe masculin
seraient des faits générateurs de l'invisibilité des
femmes dans l'espace où les décisions politiques sont prises en
RDC.
Tercio, nous estimons que le nombre des femmes parlementaires
congolaises par rapport à celui des hommes parlementaires, le nombre des
femmes responsables des partis politiques, le nombre des femmes ministres tant
au sein de gouvernement central que dans les gouvernements provinciaux,
l'inexistence de leadership politique féminin dans les diverses
structures politiques et sociales, seraient des indicateurs manifestes de
l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la
République Démocratique du Congo.
La présente étude poursuit quatre objectifs
pratiques ci-après:
1. Répondre à la question de savoir si dans
notre pays en général et dans la ville de Kindu en particulier,
existe-t-il des facteurs explicatifs du Genre qui, une fois mis en application,
pourront contribuer à la participation politique inclusive de la
RDC;
2. Comprendre pourquoi l'exclusion et la discrimination des
femmes sont des réalités sociales dans notre
société ;
3. Présenter et analyser, les indicateurs
manifestes des inégalités Hommes-Femmes prouvant que
l'invisibilité des femmes au sein des institutions politiques de la RDC
est une réalité sociale;
4. Proposer les alternatives des solutions pouvant permettre
aux responsables des divers services publics et privés, aux gouvernants,
à toute la population congolaise en général et aux femmes
engagées dans les formations politiques, de pouvoir intégrer dans
leurs activités spécifiques, l'approche Genre afin de lutter
contre toutes sortes des discriminations des femmes dans notre
société.
4. MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
4.1. LA METHODE.
Malgré la présence des textes anciens comme la
Bible ou le Coran sur les considérations de Genre, les recherches
féministes entant qu'ensemble d'énoncés cohérents
et falsifiables sont récentes.
Des années 1970 au cours desquelles les mouvements
féministes inspirés des courants marxistes connurent un essor
considérable à nos jours, elles se sont imposées
à d'autres champs épistémologiques sans pour autant
s'imposer comme discipline autonome avec ses théories, ses paradigmes et
ses méthodes.
Dans ce contexte, les démarches interdisciplinaires
apportent un secours à toute personne engageant des études sur le
Genre. Compte tenu de l'objectif poursuivi qui est de déterminer les
défis cognitifs et méthodologiques susceptibles de conduire
à une révision des « stéréotypes
Genres » en relation avec la participation politique, il est apparu
indispensable de rechercher les facteurs de cette corrélation dans les
réflexions menées jusqu'ici sur le sujet.
La revue de littérature s'est donc imposée
comme la seule démarche pouvant remplir ce rôle. En outre, le
schéma Marxiste est aussi favorable dans la confrontation des opinions
sur le rôle et la place de la Femme dans la communauté politique
congolaise.
Si l'implication et la participation active des femmes dans
l'exercice du pouvoir politique est une thèse
pour certains congolais, d'autres combattent par contre cette vision et vont
jusqu'à la qualifier ou à l'assimiler à la
déculturation et dépravation des moeurs congolaises (c'est une
antithèse). Pour nous, il est question de
mettre en connexion ces variables pour tirer enfin une
synthèse. Cette démarche nous plonge
dans le courant marxiste classique afin d'atteindre l'explication de notre
objet d'étude.
Notre choix sur la démarche (méthode)
dialectique matérialiste est fondé sur l'obligation de
procéder par l'analyse et l'explication de l'origine de
phénomène « invisibilité des femmes au sein des
institutions politiques tant au niveau national que provincial »,
explorer enfin la nature et le développement de cette
invisibilité.
Dans ce travail, le Genre est une réalité
sociale considérée dans sa totalité. Ainsi, il exige un
examen ou un inventaire dans sa globalité qui n'est ni
mécaniquement déterminée, ni complètement
donnée au hasard. Plusieurs faits déterminent et enveloppent ce
que l'on a considéré au passé et ce qu'on peut
considérer actuellement comme phénomène
« Genre ». Parmi ces déterminants, nous avons
considéré dans cette étude : les faibles taux de la
représentativité des femmes dans les institutions politiques, les
préalables coutumiers et traditionnels, la culture des habitants du
Maniema dictée par les influences de la civilisation des
Arabes-musulmans, l'exigence de l'autorisation maritale comme préalable
relatif à l'embauchage des femmes au sein des diverses institutions, les
dispositions juridiques promulguées en faveur de la promotion des
femmes, l'abandon de la scolarité des jeunes filles en faveur des jeunes
garçons, etc.
Considérant que notre travail doit se situer par
rapport au courant d'idées matérialiste historique, nous devons
mettre le critère de la pratique à la base de la connaissance. A
cet effet, le Genre est un phénomène issu des faits manifestes et
réels qui se déroulent dans la société congolaise
et partout ailleurs. C'est pourquoi l'explication rationnelle de ce
phénomène nous plonge dans l'univers social où d'autres
faits concrets sont tirés en vue de nous permettre de faire une
corrélation explicative logique. Toutes les considérations
théoriques secrétées dans le cadre du Genre sont
corroborées avec les pratiques quotidiennes des congolais afin de
dégager des explications objectives qui s'opposent aux explications
intentionnelles des faits.
En outre, le phénomène Genre et la participation
politique, thème qui nous a poussé à étudier les
motivations à la base de l'invisibilité des femmes au sein des
institutions politiques, est un ensemble ou un globalisme. Ce globalisme loin
de subir des explications visant à lui demander comment est-ce qu'il
explique la partie ou les parties, mais nous exigeons dans ce travail que ce
globalisme nous explique pourquoi il existe, ou comment. D'où il est
venu, qu'est-ce qui lui arrive, bien sûr avec l'évolution de la
société.
Le globalisme (phénomène Genre et
invisibilité des femmes dans les institutions politiques) est en
mouvement, lequel prend ici, deux formes : la forme évolutive et la
forme révolutionnaire. Il est évolutif ici, quand dans certaines
institutions publiques, on exige que les femmes soient
représentées.
A cet effet, les statistiques des femmes se trouvant dans les
institutions où les grandes décisions politiques sont prises
varient de manière continuelle ou progressiste et cela de façon
spontanée et quotidienne, ce qui apporte dans le vieil ordre des choses
de menus changements « quantitatifs ». Certains tableaux
visualisés dans cette étude, montrent la manière selon
laquelle les statistiques progressives des femmes parlementaires ont subi un
mouvement évolutif en RDC depuis l'an 1960.
Le mouvement est aussi révolutionnaire, quand lorsque
les éléments déterminants le phénomène qui
fait l'objet de notre étude s'unissent, se pénètrent d'une
idée commune et s'élancent contre la camp ennemi pour
anéantir jusqu'à la racine le vieil ordre de choses. Ils
apportent dans la vie des changements « qualitatifs », en
vue d'instituer enfin un nouvel ordre de choses.
Il arrive parfois que la présence des femmes est
incontournable lorsqu'on veut mettre sur pied les bureaux permanents des
institutions politiques et ceux des institutions d'appui à la
démocratie. De même, au moment de la formation de tout
gouvernement, le Chef du gouvernement (Premier Ministre dans le régime
parlementaire classique ou Chef de l'Etat dans le régime
présidentiel) a de nos jours l'obligation de mettre un nombre de femmes
afin de prouver que ces dernières ne sont pas discriminées. Ces
récentes pratiques prouvent que le mouvement révolutionnaire que
subi le phénomène qui fait l'objet de notre étude, est une
réalité.
Le schéma POLITZERIEN et VERHAEGENIEN
de la dialectique matérialiste demeure au centre de l'explication
causale de notre objet d'étude. C'est pourquoi certains principes sont,
ici, considérés comme des lois que nous avions manipulées
pour rendre opérationnelle notre méthode. Il s'agit des lois
ci-après :
- La loi de la connexion
universelle ;
Dans l'explication de la considération de l'approche
Genre face aux enjeux du développement intégral ou politique dans
un espace limité comme la RDC, nous l'avons considéré
comme un « tout » qui se tient et qui influe sur les restes
d'activités de la société, à savoir :
l'économie, la politique, le social, la diplomatie, l'histoire, etc.
Prenons le cas d'histoire, la RDC a connu une histoire qui a
motivé les citoyens de sexe masculin à considérer les
femmes comme des êtres de seconde nature. Il s'agit plus
particulièrement des citoyens vivant à l'Est du pays où
les Arabes musulmans extrémistes ont imposé l'islam comme
l'unique religion d'Etat.
Quant à l'économie, le système de la
division naturelle de travail, précisément en fonction des sexes,
a fait que dans les entités primitives congolaises, certains travaux
soient exclusivement de la compétence des Hommes (la chasse, la
pêche, la fabrication des outils en métal, etc....) et d'autres
pour les Femmes (la cueillette, le ramassage et les travaux des
ménages). Cette situation prouve une discrimination
délibérée mais subjective. De nos jours, la question sur
l'autorisation maritale avant d'exécuter un contrat du travail est un
phénomène qui prouve que la discrimination est encore à sa
phase active.
Pour ce qui est de la politique, bien que la constitution du
18 février 2006 exige que les femmes soient représentées
dans toutes les institutions publiques à cinquante pour cent, mais dans
la pratique les statistiques prouvent que cette représentation n'atteint
même pas le 5% sur tous les domaines professionnels. Il en est de
même pour les femmes diplomates par rapport aux hommes.
Le social est encore pire que les autres domaines, car les
femmes subissent les violences de tout genre. A la maison, au service, à
l'école, à l'église,.... Dans les ménages, les
femmes exécutent les tâches plus vastes que les hommes.
Tous ces faits influent sur le Genre et vice versa. C'est
pourquoi ces différentes matières interagissent entre-elles. Tout
dans ce monde agit sut tout. La formation scolaire des filles agit sur la
considération de Genre, le système éducatif dans les
foyers agit sur la considération de Genre, la politique agit sur la
considération du Genre, l'Administration publique de même, etc. ce
qui justifie notre position de ne pas isoler une matière ou de la
soumettre à des explications isolées.
- La loi du développement
incessant ;
Toutes les matières qui s'entrechoquent ou qui sont en
action réciproque sur la problématique du Genre ne restent jamais
où elles sont. Elles sont dans la mobilité et elles subissent des
mutations perpétuelles. C'est-ce qui nous a poussé dans ce
travail de te compte des explications diachroniques, du fait que dans ce
mouvement évolutif, nous avons constitué ou regroupé des
informations chronologiques sur l'évolution de la considération
du phénomène Genre dans le monde en général et en
RDC en particulier.
- La loi de la lutte des
contraires ;
Le Genre en tant qu'un objet doté de la
réalité sociale n'a pas commencé exactement comme il se
présente actuellement. Ainsi, il faut retenir que ce
phénomène renferme toujours un élément
contradictoire. Dans le cas d'espèce, il sied de l'opposer ici à
la variable « Sexe ». Ces deux variables sont en
contradiction permanente, mais inséparables entre elles.
Ainsi, la construction biologique du sexe est en contradiction
permanente avec la construction sociale du sexe. L'unité de cette
contradiction fait en sorte qu'il y a dans la communauté congolaise des
sujets disposant des sexes biologiques féminins, mais ils agissent comme
des hommes, ils parlent comme des hommes et luttent pour la conquête du
pouvoir politique de la même façon que les individus disposant des
sexes biologiques masculins. A ce niveau, nous confirmons à la
lumière de notre travail qu'ils sont des « Hommes »,
une construction sociale du sexe.
Le Genre est perçu donc comme l'unité des
contraires entre la construction sociale du sexe et la construction biologique
du sexe, dans le sens où les deux variables ont inséparables,
bien qu'elles soient en contradiction permanente. Nous ne pouvons en aucun cas
parlé du Genre sans parler effectivement des personnes de sexe
féminin ou de sexe masculin.
- La loi du changement
qualitatif.
L'éradication des usages coutumiers qui, au paravent
obligeaient, en RDC, les femmes de s'occuper exclusivement des travaux des
ménages et l'adoption des instruments juridiques portant sur la
promotion et la considération de Genre dans toutes ses dimensions,
constituent un avènement d'une révolution mentale sur la question
de Genre. A cet effet, l'ordre social établi est remplacé par un
nouvel ordre social, que tout congolais en général ou tout
habitant de la ville de Kindu en particulier a l'obligation
d'intérioriser et d'appliquer. C'est un changement qualitatif qui
apparait dans notre univers social et qui s'impose à tous.
Cette voie méthodologique à la fois simple et
complexe a été utilisée ensemble avec quelques instruments
techniques d'approche pour la collecte et l'analyse des données. Il
s'agit de la recherche documentaire, de l'observation directe
désengagée et de l'enquête par des interviews.
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