Corrélation genre et participation politique: une analyse des causes et impacts de l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la RDC, avec un regard particulier sur Kindu dans la province du Maniema (1960-2011)( Télécharger le fichier original )par Kalonge GASTON Université de Kindu - Diplôme d'études supérieures en sciences politiques et administratives 2011 |
I.1.2.5. Des sexes aux sexualitésÀ partir des années 2000, certains courants dérivés de la pensée derridienne mais davantage encore de la problématique des homosexualités greffée ainsi sur celle des sexes vont, en partant des États-Unis pour gagner la scène française, faire de l'indécidabilité non plus un différer, une différance, mais un état, une « indifférence » non seulement des sexes mais des orientations sexuelles. Pour récuser la hiérarchie des sexes - et des sexualités - contestent jusqu'à leurs différences, tenant pour négligeable la morphologie. Certaines recherches scientifiques comme celles de H. ROUCHE tendent d'ailleurs à montrer la similitude même biologique des sexes sous leur apparente dissymétrie.59(*) Alors que chez DERRIDA la différance est un mouvement, chez les théoriciennes ou théoriciens postérieurs du Gender trouble (Judith Butler), réinterprété par la Queer theory, l'indécidabilité devient un statut. L'affirmation de la « différance » se transforme en affirmation de l'« indifférence » des sexes. À la limite de cette perspective, la réversibilité des sexes et des sexualités est donc potentiellement radicale. La différence morphologique devient insignifiante, ainsi que l'indiquait d'ailleurs déjà Gilles DELEUZE en revendiquant un « corps sans organes ». L'inégalité est surmontée par l'identité - une identité mouvante - au moins potentielle qu'il s'agit d'exercer. Paradoxalement, les théories de l'indifférence des sexes et des sexualités viennent ainsi rejoindre par une voie détournée les théories classiques du sujet neutre et souverain, voire tout- puissant - l'individu -, qui serait à la fois homme et femme, homo- et hétérosexuel. Se heurtant toutefois à la dissymétrie flagrante des sexes dans le processus générationnel, dissymétrie qu'avait à sa manière déjà rencontrée et recouverte Le Deuxième Sexe, elles en minimisent la portée ou soutiennent le projet des technologies de la reproduction. I.1.2.6. Les Enjeux politiques du féminismeMalgré leur diversité et leurs oppositions, ces théories, qui donnent lieu à des pratiques diverses, ont en commun la mise en cause de la domination historico-sociale des hommes sur les femmes, qui se manifeste dans les différentes modalités de la vie politique, sociale, économique, érotique, générationnelle ou symbolique. Elles entraînent des stratégies diverses concernant le devenir des rapports entre hommes et femmes, enjeu central du féminisme ou des féminismes dans leur ambition émancipatrice. Ce qui caractérise le féminisme, au-delà des positions philosophiques et politiques diverses touchant aux rapports entre les sexes et à leurs statuts respectifs, c'est qu'il en conçoit la transformation non comme un tournant spéculatif, mais comme une pratique politique aventureuse, conjoignant réflexion et action. Il constitue à ce titre une praxis au sens aristotélicien : praxis déployée dans la durée, sans représentation a priori de son modèle, mais qui vise à surmonter l'inégalité séculaire se matérialise dans la « domination masculine ». La question des rapports de sexes, élevée au rang de paradigme politique et théorique par le féminisme, reste toujours retraversée par celle des classes, des races, des orientations sexuelles, des cultures et des conjonctures historiques, qui imposent une pluralité d'analyses sectorielles et d'actions transformatrices. Elle constitue un angle d'approche théorique et pratique universel, mais non exclusif du réel. La domination d'un sexe sur l'autre concerne en effet toutes les périodes de l'histoire et toutes les cultures : mais, en la prenant en charge théoriquement et politiquement, le mouvement féministe ne prétend pas, comme le mouvement marxiste avec la lutte des classes, en faire la « cause » déterminante de toutes les autres formes de domination et d'exploitation. La validité du féminisme est universelle mais non exhaustive. * 59 H. ROUCHE cité par C. GUILLAUMIN, (1992), Sexe, race et pratique du pouvoir. L'idée de nature, Paris, Côté-femmes, p.642 |
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