Corrélation genre et participation politique: une analyse des causes et impacts de l'invisibilité des femmes dans les institutions politiques de la RDC, avec un regard particulier sur Kindu dans la province du Maniema (1960-2011)( Télécharger le fichier original )par Kalonge GASTON Université de Kindu - Diplôme d'études supérieures en sciences politiques et administratives 2011 |
I.1.2.2. Le devenir homme des femmes ou l'« universalisme »Pour le courant dit « universaliste », qui se revendique de Simone de BEAUVOIR, il s'agit pour les femmes d'accéder à la position de sujet ou d'individu neutre, position que les seuls hommes s'étaient séculairement appropriée. En effet, la célèbre formule beauvoirienne : « On ne naît pas femme, on le devient », souligne le caractère socialement construit et contraint de la position féminine. Mais, dès lors qu'elle n'est pas accompagnée de la formule parallèle : « On ne naît pas homme, on le devient », elle laisse supposer que la masculinité incarnerait l'humanité dans son essence. La thèse qui sous-tend Le Deuxième Sexe va rallier et inspirer un courant important du féminisme français, qui rejette l'argument de la nature duelle des sexes (« nature-elle-ment ») au nom d'une unicité de la raison. La définition des sexes et la forme hiérarchique de leur rapport sont arrachées à leur fausse évidence naturelle pour apparaître comme une construction, un « être-devenu » historico-social. C'est ainsi qu'à la formule « différence des sexes » est peu à peu substituée celle de « construction sociale de sexes », celle de « rapports sociaux de sexes », ou plus tard celle de « genre », traduction approximative du Gender anglais. Ce paradigme inspire non seulement les pratiques revendicatrices d'ordre politique et économique, mais contraint également à revisiter les différents savoirs et les systèmes de représentation. I.1.2.3. Le différencialismeUn autre courant, issu de sa confrontation avec la psychanalyse, adopte quant à lui une position différente et affirme - non sans référence à Mélanie KLEIN - qu'il existe deux sexes, deux modalités différentes d'incarnation de l'humanité, générant deux manières d'être au monde dont l'une a été bridée et asservie à l'autre. Si le rapport au monde masculin de type phallique a dominé l'histoire - parce qu'il inclut la modalité relationnelle de la domination - le rapport au monde féminin, jusqu'ici occulté - et lié à la modalité maternelle de l'accueil - offre une alternative bénéfique.52(*) Soutenu initialement par l'oeuvre de Luce IRIGARAY, ce courant conteste l'affirmation lacanienne d'un signifiant commun aux deux sexes, et corrélativement la référence de l'humanité aux insignes phalliques. Au trait unaire qui caractérise ce signifiant, IRIGARAY oppose le signifiant féminin de « l'incontournable volume » ou des « lèvres qui se touchent », c'est-à-dire du non-un. Ainsi est reprise et traduite positivement la formule lacanienne selon laquelle la femme est « pas toute ».53(*) Marginalisée dans l'espace français dont la tradition politique est dominée par la conception de « l'individu » neutre, cette interprétation a parfois été qualifiée péjorativement d'« essentialiste » parce qu'elle semble figer chacun des deux sexes dans une essence immuable. Mais elle a inspiré d'importants courants du mouvement des femmes, en particulier en Italie ou aux États-Unis où elle a même parfois été qualifiée à tort de french feminism. On peut y rattacher indirectement la pensée américaine de Carroll GILLIGAN qui affirme la nécessité d'un surplus de souci de l'autre ou de la sollicitude sur la justice. Dans cet éclairage, l'émancipation des femmes modifierait la conception même du monde commun.54(*) * 52 Mélanie KLEIN cité par N. LORAUX, (1985), Façons tragiques de tuer une femme, Paris, Gallimard, p. 64 * 53 L. IRIGARAY, (1974), Speculum, de l'autre femme, Paris, Minuit, p. 137 * 54 Carroll GILLIGAN, (2004), Le Siècle des féminismes, Paris, ouvrage. collectif., éd. de l'Atelier, p. 46. |
|