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L'analyse des pratiques professionnelles: un moyen de "faire équipe"?

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par Emilie Stella-Lyonnet
Institue de Formation des Cadres de Santé Marseille - Cadre de Santé 2007
  

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1.2. Les réunions d'éthique

1.2.1. L'histoire

Au début, la difficile prise en charge d'un patient qui a confronté l'équipe à de nombreuses incompréhensions mutuelles. D'un côté, les médecins, et de l'autre, l'équipe soignante... Qui n'a pas vécu une telle << séparation de pensée » au sein d'un service de soins ? Notre vocabulaire est pourtant bien le même, mais quel sens mettons-nous derrière les mots ?

Face à la détresse morale de certains membres du personnel et à la demande constante de l'équipe soignante d'organiser une rencontre pour parler de ce patient, l'équipe médicale et le cadre de santé ont décidé de mettre en place des << réunions d'éthique ». Elles auraient lieu environ une fois par mois et permettraient d'échanger sur des situations complexes, situations fréquentes en service de réanimation.

L'histoire commençait bien... En 2003, une étudiante cadre de santé, issue du même service, mettait en évidence dans son mémoire que ces réunions avaient conduit à une « synergie de l'équipe pluridisciplinaire». (Par synergie, elle entendait complémentarité des acteurs, partage des valeurs, partage de la décision, communication, cohésion et sens du soin). (Galland, 2002- 2003)2

2 Galland, karin. 2002-2003. Mots pour mots: réflexion et dynamique d'équipe. Marseille: IF-CS AP-HM, 2002- 2003.

Ces réunions étaient animées par le chef de service, et co-animées par un des chefs de clinique. Pour y avoir participé activement, nous pouvons dire à quel point il était difficile de s'exprimer pour le personnel paramédical. De plus, il semblait parfois exister une « vérité éthique » délivrée par le corps médical. Dans un tel contexte, il ne s'agissait plus de réunions, mais de cours magistraux. Cet état de fait a conduit le personnel paramédical à ne plus se rendre à ces rencontres, qui de plus, se déroulaient sur leur temps personnel. Une phrase prononcée par un infirmier à cette époque nous semble assez bien résumer cette situation : « Venir sur mes heures de repos pour m'entendre faire la morale...J'ai autre chose à faire. ».

Et c'est la fin de l'histoire... Aujourd'hui, triste réalité, ces réunions ont disparu. Au moins avaient-elles le mérite d'exister. Que s'est-il passé ?

1.2.2. Divergence d'objectifs et de perceptions

En nous basant sur certains résultats de l'enquête de terrain conduite par l'étudiante cadre de santé, nous pouvons mettre en évidence des points de divergence entre l'équipe médicale et l'équipe paramédicale :

? Les objectifs attribués à ces réunions : pour les médecins, il s'agissait de « régler des situations conflictuelles et des problèmes de décision de prise en charge », pour les soignants, ces réunions avaient pour ambition de « parler des situations difficiles », « améliorer la qualité des soins » et « évoquer les droits des patients ».

? La perception de ces réunions : du point de vue médical, elles étaient « un espace de régulation des conflits », du point de vue paramédical, elles représentaient « un lieu

d'échange ».

Nous tenons à nous arrêter sur le champ lexical employé par chacune des catégories socioprofessionnelles : d'une part, nous entendons « régler » et « réguler », ce qui nous renvoie à la règle, à l'ordre et à la conformité, d'autre part, il s'agit de « parler », « évoquer » et « échanger », c'est à dire exprimer sa pensée et communiquer.

Nous constatons donc à quel point la vision3 de ces réunions était très différente au sein des groupes médical et paramédical.

D'autres résultats ont montré que ces réunions augmentaient le niveau de connaissance de l'équipe ; les acteurs, au travers de discussions, apprenaient à mieux se connaître. Certains se sont rendu compte qu'ils travaillaient « à côté » de telle personne, mais pas « avec » cette même personne.

A l'heure où nous parlons, le personnel soignant n'est plus le même à plus de 60% ; nous pouvons donc penser que l'équipe est retournée à son état initial où chacun pensait qu'elle ne communiquait pas assez.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci