2.3.3. Quels outils pour le cadre ?
Travailler sur la qualité des interactions suppose que le
groupe apprenne à mieux communiquer ; une telle évolution suppose
que celui-ci travaille à cette amélioration.
Dans ce domaine, le succès de la dynamique des
groupes38 a été rapide et considérable. De
nombreuses méthodes de formation aux relations humaines ont vu le jour ;
chacune requiert la présence d'un animateur expérimenté.
Celui-ci ne fait pas partie de l'équipe. J.Y. Martin39
définit son rôle comme capital ; il permet de réguler la
parole, de permettre à chacun de s'exprimer librement sans peur du
jugement et de rechercher les ressources de chaque participant.
Grâce aux fonctions de l'animateur, la qualité
des interactions progresse au sein du groupe. Or, nous avons vu
précédemment que l'émergence de normes (de système
de référence commun) provient du produit des interactions ; nous
pensons donc qu'un groupe de discussion conduit par un animateur
expérimenté peut amener le groupe à une certaine «
homogénéité des systèmes de valeurs ».
Pour le cadre de proximité, il s'agit donc de
créer des espaces de dialogue en équipe au sein de son service.
Face à la multitude de techniques proposées, laquelle doit
retenir son attention ?
Selon R. Mucchielli40, lorsqu'une équipe veut
se perfectionner, plutôt que d'être au point d'équilibre
de réflexion sur le groupe et la tâche, elle doit avoir tendance
à se recentrer sur
38 Le deuxième grand champ de cette discipline consiste
à permettre d'agir sur les différentes personnalités par
le moyen du groupe lui-même : on parle alors d'action
socio-psychologique.
39 (Anzieu, 1968) Annexe 1- Conduite et observation des
réunions-discussions.
40 (Mucchielli, 2007)p. 31-32.
l'un ou l'autre. Dans le cas où elle recherche
l'amélioration de la communication à propos des tâches
prescrites (ce qui correspond à notre propos), elle devra se concentrer
sur celles-ci.
Qu'est-ce-qu'une tâche ? Selon le Dictionnaire
historique de la langue française (Rey, 1998), le terme désigne
le travail déterminé que l'on a obligation de faire. Pour une
équipe de soins, se centrer sur la tâche revient donc à se
centrer sur le travail qui lui est dévolu : la meilleure prise en charge
des patients.
Travailler sur la tâche impose le travail sur la
pratique dans la mesure où celle-ci est définie comme la
manière concrète d'exercer une activité. La
réflexion sur la pratique permet de décomposer les rôles de
chacun pour mener à bien la tâche prescrite ; elle permet donc
d'appréhender la division du travail.
Le cadre de santé doit donc proposer un espace de dialogue
conduit par un animateur (amélioration des interactions) où
l'équipe travaille sur ses pratiques (division du travail).
Parmi l'ensemble des méthodes utilisées
par les psychosociologues pour permettre au groupe de progresser, nous
retiendrons donc les groupes d'analyse de pratiques professionnelles. Nous
pensons que ces derniers permettent d'améliorer d'une part la
qualité des interactions et, d'autre part l'appréhension par les
membres du groupe de la division du travail dans la réalisation de la
tâche qui lui est prescrite ; ces conditions étant celles requises
pour constituer un groupe unitaire.
La suite de notre travail consistera donc à définir
cette méthode.
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