REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peuple - Un But - Une Foi
*-*-*-*-*-*-*-*-*
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
FACULTE DES SCIENCES ET TECHNOLOGIES
DE L'EDUCATION
ET DE LA FORMATION (FASTEF)
MEMOIRE DE RECHERCHE POUR L'OBTENTION DU CERTIFICAT D'APTITUDE
AUX FONCTIONS D'INSPECTEUR DE L'ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE (CAIEE)
INTERACTIONS ENTRE ELEVES INSPECTEURS LORS DES
ACTIVITES COLLABORATIVES ET COOPERATIVES EN FORMATION INITIALE
Présenté par : M. Mouhamadou Bamba MBAYE
Sous la direction de : M. Abdoul DIALLO Formateur à
la FASTEF
TABLE DES MATIERES
CONTENUS
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PAGES
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SIGLES
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P.4
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REMERCIEMENTS
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P.5
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INTRODUCTION
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P.6
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CHAPITRE I : CADRE PROBLEMATIQUE
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P.8
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1. États des lieux
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P.8
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2. Culture professionnelle des inspecteurs de
l'éducation
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P.12
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3. Questions et objectif de la recherche
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P.16
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4. Enjeux de la recherche
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P.17
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CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE
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P.19
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1. Recension des écrits :
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P.19
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1.1. La professionnalisation
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P.19
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1.2. Le conflit sociocognitif
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P.22
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2. Hypothèses générales de la
recherche
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P.25
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3. Définition des concepts
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P.26
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3.1. Les interactions sociales
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P.26
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3.2. La motivation
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P.27
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3.3. Activités coopératives ou collaboratives?
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P.29
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3.4. La gestion axée sur les résultats (G.A.R)
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P.30
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3.5.La « stivation »
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P.32
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4. Missions, fonctions et rôles des inspecteurs de
l'éducation
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P.35
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5. Les spécificités des compétences
professionnelles de l'inspecteur
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P.36
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6. Les dispositifs d'apprentissages pour la
professionnalisation en
F2
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P.41
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7. Analyse du dispositif de
professionnalisation
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P.44
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CHAPITRE III : CADRE METHODOLOGIQUE
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P.46
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1. Approche méthodologique
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P.46
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2. Echantillonnage
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P.46
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3. Instruments de recueil des données
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P.47
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CHAPITRE IV : PRESENTATION, ANALYSE ET
INTERPRETATION DES RESULTATS
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P.51
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1. Présentation des résultats
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P.51
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1.1. Les dispositifs d'apprentissage
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P.51
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1.2. L'impact des activités collaboratives et
coopératives sur le
développement professionnel des élèves
inspecteurs
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P.52
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2. Analyse et interprétation des
résultats
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P.56
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2.1. Les dispositifs d'apprentissage
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P.56
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2.2. L'impact des activités collaboratives et
coopératives sur le
développement professionnel des élèves
inspecteurs
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P.57
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3. Synthèse des résultats
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P.58
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4. Discussion des résultats
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P.61
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CHAPITRE V : CONCLUSION
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P.63
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1. Éléments de réponse
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P.63
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2. Apports et limites de la recherche
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P.65
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3. Perspectives de la recherche
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P.67
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Références bibliographiques
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P.68
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Annexes
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Annexe 1 : Pré-questionnaire
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Annexe 2 : Questionnaire pilote
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Annexe 3 : Questionnaire administré
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Annexe 4 : Liste des tableaux et figures
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SIGLES
ACDI : Agence canadienne de développement
international
AFD : Agence française de
développement
CFEE : Certificat de Fin d'Études
Élémentaires
EFI : École de Formation des
Instituteurs
EPT : Éducation Pour Tous
GAR : Gestion axée sur les
résultats
IA : Inspection d'académie
IDEN : Inspection départementale
LPGSEF : Lettre de Politique
Générale pour le secteur de l'Éducation et de la
Formation
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PDEF : Programme Décennal de
l'Éducation et de la Formation PNUD : Programme des
Nations Unies pour le développement PTF : Partenaires
techniques et financiers
REMERCIEMENTS...
Plusieurs personnes ont enrichi ce travail de différentes
façons et j'aimerais les en remercier :
+ M. Abdoul DIALLO, mon directeur de recherche, pour sa
patience, sa
confiance et ses grandes qualités, tant humaines
qu'intellectuelles ;
+ le collège des formateurs de la section F2 pour leur
suivi professionnel durant
toute la formation ;
+ le pool des inspecteurs de l'inspection départementale
de Bambey, pour leur soutien et leurs précieux commentaires ;
+ mon père Ababacar MBAYE, ma maman Diakhou FALL, Papa
Yatma, mes frères et soeurs, mon épouse et mes enfants pour
m'avoir <<enduré>> et supporté durant mes
périodes difficiles, mes moments d'enthousiasme, ce qui a
été déterminant à la réalisation de ce
dossier de recherche ;
+ mes amis de la chambre 44, Cheikh Fall MBAYE, EL Cantara
SARR, Bassirou KASSE, Amadou Diop SALL pour leurs précieuses
interactions << adidactiques >> ;
+ tous les camarades stagiaires pour leurs encouragements et
conseils tout au long de cette recherche ;
+ Lamine NDIAYE inspecteur à l'Iden de Ziguinchor pour ses
conseils et soutien ;
+ Mame Selle NDIAYE inspecteur de l'éducation à
l'Iden Grand Dakar.
Cette courte énumération ne fait qu'illustrer de
belle façon l'importance des interactions dans la vie intellectuelle et
sociale d'un professionnel. Et justement c'est là le coeur de ce dossier
de recherche portant sur les interactions entre élèves
inspecteurs en formation initiale...
INTRODUCTION
Les années 1970 ont connu le développement d'une
perspective de construction sociale de l'intelligence et des connaissances par
des psychologues sociaux de l'École de Genève, continuateurs de
Piaget, tels que Doise, Mugny, Perret-Clermont.
Le modèle constructiviste et interactionniste qu'ils
proposent montre qu'un enfant qui coordonne ses propres actions avec celles
d'autrui, enrichit ses opérations. Il survient en effet un double
déséquilibre inter et intrapersonnel faisant appel
nécessairement à des confrontations et négociations entre
pairs. Autrement dit, les interactions sociales sont sources de progrès
cognitifs pour des enfants en situation d'apprentissage.
Notre recherche trouve son point d'ancrage dans cette
perspective constructiviste et interactionniste de l'apprentissage, mais dans
un autre champ, celui d'une formation professionnalisante, donc avec des
acteurs adultes.
Elle part du principe qu'à travers les interactions
sociales entre élèves inspecteurs en situation de formation, on
entre dans une logique de construction sociale de compétences
professionnelles et de développement de relations interpersonnelles
positives.
Ce qui du reste est important pour de futurs cadres qui
constitueront un levier stratégique majeur et essentiel pour le pilotage
et la conduite des réformes de toute politique éducative.
Dès lors, la réflexion sur une bonne formation
d'inspecteurs de l'éducation compétents susceptibles de
répondre au défi de la qualité doit rester une entreprise
de premier ordre.
Le caractère novateur de notre recherche est de se
proposer à l'étude du rôle prédictif d'un nouveau
modèle1 associé à la formation
professionnalisante des stagiaires et au sentiment d'entraide qu'ils
perçoivent entre camarades pour la participation active à leur
développement professionnel sans contrainte ni formalisme.
Ainsi, cette étude se propose de vérifier si des
interactions, entre stagiaires à travers des activés
collaboratives et coopératives se déroulant en dehors des cadres
institutionnels de formation, prédisent le développement des
compétences de base de la professionnalisation.
1 Il s'agit ici du modèle de « la
stivation » que nous développerons dans le cadre
théorique.
CHAPITRE I : CADRE PROBLEMATIQUE 1. État des
lieux
L'école comme organisation apprenante se
caractérise par sa capacité et sa volonté d'apprendre au
sens large, c'est-à-dire de modifier sa vision du monde scolaire, de
réussir son adaptation et ses innovations pour que son
développement produise des effets sur la qualité de
l'enseignement.
Le système éducatif sénégalais se
meut dans ce sillage au regard des récentes réformes mises en
place et le volume de ressources publiques mobilisées depuis le
démarrage du Programme Décennal pour l'Éducation et la
Formation (PDEF) initié par l'État en collaboration avec les
partenaires techniques et financiers (PTF) en association avec les
organisations de la société civile.
Ainsi l'élaboration et la mise en oeuvre du PDEF pour
un renforcement de la planification et de la gestion du secteur de
l'éducation trouvent sa justification dans de multiples initiatives
comme la conférence mondiale de Jomtien de mars 1990 avec le slogan
Éducation Pour Tous (EPT), le forum mondial de l'éducation de
Dakar de 2000 (Éducation pour Tous, Accès et Qualité), la
Déclaration du Millénaire pour le Développement de
septembre 2000 avec les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), etc.
En avril 2009, au terme de la revue du PDEF, le signal
était donné pour une troisième phase dont
l'échéance 2011 reposait fondamentalement sur les axes
d'orientation suivants :
· l'élargissement de l'accès à
l'éducation et à la formation ;
· l'amélioration de la qualité et
l'efficacité du système (PDEF, 2009).
Au bout d'une année, les performances de
l'école sénégalaise du point de vue de ses
résultats relevés lors de la dernière revue du PDEF
d'Avril 2010 montrent que l'enseignement élémentaire a
enregistré, comme effet pour la composante qualité, des
performances scolaires louables avec une réelle amélioration par
rapport aux années précédentes.
Cela peut se justifier par (Revue PDEF, avril 2010) le taux
de réussite au Certificat de Fin d'Études
Élémentaires (CFEE) qui est de 60,8% pour un objectif fixé
à 61,14%, un taux d'achèvement enregistré avec un bond de
9,51 points, un taux de redoublement qui a baissé et enfin un taux de
transition de 59,5% en baisse comparé à 2008 (60,5%).
L'analyse tendancielle fait ressortir une évolution en
dents de scie de 2007 (60,1%) à 2010 (PDEF, 2010).
Pourtant, malgré ces progrès réalisés
pour une éducation qualifiante, le système reste miné par
d'importantes faiblesses.
Dans la dernière revue du PDEF (2010), les composantes
Qualité et Gestion achoppent sur les contraintes suivantes :
· la faiblesse du taux d'encadrement des enseignants ;
· la faible durée de la formation dans les
Écoles de Formation des Instituteurs (EFI) ;
· l'insuffisance de la logistique pour les tâches
d'encadrement ;
· le faible niveau d'exécution et de consommation
des ressources destinées à la qualité ;
· les difficultés de suivi du quantum horaire ;
· l'insuffisance du pilotage pédagogique (PDEF,
2010).
L'analyse de ces données montre que même si le
PDEF inscrit la qualité au coeur de tout son processus, dans sa
troisième phase d'exécution, en optant pour une approche
systémique définissant de nouvelles stratégies pour les
différents sous secteurs de l'éducation, un réel appui au
pilotage du système éducatif est plus que nécessaire.
La persistance des orientations et tendances lourdes depuis
2003 explique la faiblesse relative des résultats en termes de
qualité malgré l'importance des efforts déployés
dans la mise en place des intrants : dotations en manuels scolaires, formation
des enseignants, inspecteurs, etc. (Niane, 2005).
Le gouvernement du Sénégal conscient de cela
avait pourtant avec son Ministère de l'Éducation entrepris un
vaste programme2 d'une durée de trois ans (2005-2008) sur
financement de l'Agence française de développement (AFD) pour le
renforcement des capacités de son encadrement et multiplier les
formations pour ses inspecteurs.
L'objectif majeur de ce projet était la formation des
cadres du système éducatif sénégalais (inspecteurs
de vie scolaire, inspecteurs de l'enseignement technique) ainsi que la
préparation de la mise en place de la réforme qui visait à
améliorer la qualité des performances de tout l'encadrement du
Ministère de l'Éducation.
Dans cette volonté ministérielle de renforcer
le rôle de l'encadrement à travers ce projet de formation qui vise
le renforcement du système éducatif sénégalais en
permettant à tous ses cadres d'accéder à un très
haut niveau de performances dans leur domaine, la place des inspecteurs de
l'éducation n'est pas claire.
Or s'il est vrai que le but de tout pilotage est la recherche
de l'amélioration de la qualité (De Ketele, 1989), la
qualité d'un système éducatif, même si elle est une
exigence essentielle, reste néanmoins complexe et nécessite un
pilotage qui prend en compte toutes les composantes du système afin de
garantir l'atteinte d'objectifs émergeant à partir d'un
environnement social à multiples facettes, en phase avec les ressources
disponibles et les stratégies définies.
En outre, les facteurs qui contribuent à
l'émergence de la qualité sont multiples et difficiles à
faire jouer ensemble. Cela est dû au fait qu'ils peuvent relever du
contexte social, de l'organisation administrative et pédagogique du
contenu des programmes, de l'enseignant, etc. (Niane, 2005).
2 Ce programme est un projet dont les partenaires
sont le CIEP (centre international d'études pédagogiques), le
Ministère de l'éducation du Sénégal et le
Ministère de l'éducation nationale de la France. Voir plan du
site CIEP 2010
Attentif à la création de synergies
indispensables au développement global du système éducatif
et de l'efficacité du produit éducatif, le PDEF s'est
décidé de gérer tous les sous secteurs de
l'éducation et les rapports qui les relient de manière
systémique et formalisée pour s'assurer que le système
arrive à bon port dans le respect des attentes de l'ensemble des acteurs
tels que c'est défini dans la Lettre de Politique Générale
pour le secteur de l'Éducation et de la Formation (LPGSEF,
2005)3.
Pour réussir ce pilotage, une organisation devra se
faire à partir d'un certain nombre de rapports entre les
différentes composantes du système : la pertinence et le
réalisme des objectifs par rapport aux besoins, la cohérence
entre les moyens mobilisés et les objectifs, leur faisabilité par
rapport aux moyens disponibles, l'efficacité du système dans
l'atteinte de ses objectifs internes et/ou externes, la durabilité des
résultats obtenus, leur efficience, l'équité du
système...(De Ketele et Gérard, 2007).
D'ailleurs, le PDEF dans son déroulement se veut en
rupture avec une logique de projets trop ambitieux et dont les effets sont
mineurs. Il opte plutôt pour des programmes susceptibles
d'améliorer de manière efficiente les performances du
système éducatif.
De fait, s'engager à édifier un système
éducatif performant et excellent exige une vision claire de
l'éducation qui s'inspire des leçons du passé et de
l'expérience. La dispersion des politiques et des conceptions
éducatives, à travers des initiatives non inscrites dans une
démarche organisée, suffisamment éclairée et
stratégique, entraîne des gaspillages importants des ressources et
la démobilisation des acteurs.
Souvent les préoccupations de gestion à court
terme ont tendance à reléguer au second plan la vraie
réflexion de fond qui devrait sous-tendre toute politique
éducative.
Une vision stratégique doit intégrer la dimension
organique qui lie les différents stades d'enseignement.
3 Lettre de Politique Générale pour le
secteur de l'Éducation et de la Formation, janvier 2005
Et comme toute organisation, le système
éducatif prend appui sur un ensemble de composantes fondamentales en
interaction, mises en place sous forme de dispositifs susceptibles de favoriser
des interactions de qualité qui conduisent à des apprentissages
de qualité. Cela trouve toute sa justification du fait que la
qualité de l'école apprenante dépend de la qualité
de la coopération entre ses membres.
Et de tous les acteurs qui doivent contribuer au pilotage du
système éducatif, les inspecteurs de l'éducation qui sont
des cadres supérieurs de l'Éducation nationale constituent le
maillon essentiel voire indispensable pour conduire les réformes de la
politique éducative.
C'est pourquoi dans la revue du PDEF d'Avril 2010, il est
établi avec les Inspections d'académie (IA) et les Inspections
départementales (IDEN) un contrat de performance annuel. Cette
contractualisation est l'une des options de planification du PDEF pour
accroître entre autres la performance du système éducatif
dans l'atteinte des objectifs fixés (PDEF, 2010).
Le contrat de performance répond à un nouveau
paradigme de gestion axée sur les résultats (GAR)4 et
est fondée sur une responsabilisation des IA et des IDEN (PDEF, 2010)
qui sont des services déconcentrés de l'État.
En tant que professionnels des régulations dans
l'école, au service de l'évolution du système
éducatif et professionnels des continuums entre stabilité et
changements, les inspecteurs de l'éducation, dans cette dimension
privilégiée mais malaisée de leurs missions, sont tenus
d'adopter de nouvelles postures pour mieux assurer la mise en oeuvre de la
politique éducative telle que stipulée dans le PDEF.
2. Culture professionnelle des inspecteurs de
l'éducation
La réflexion sur la gestion du corps des inspecteurs
articulée à un pilotage politique du système scolaire et
susceptible de répondre au défi de la qualité doit rester
une entreprise de grande ampleur.
4 Voir la définition de ce concept dans le
cadre théorique.
La culture professionnelle des inspecteurs de
l'éducation s'inscrit ainsi dans un processus dynamique où
l'inspecteur doit prendre conscience du développement de
compétences nécessaires pour exercer avec efficience les missions
qui lui sont confiées dans un contexte de réforme en
évolution constante.
L'évolution de la formation des inspecteurs de
l'éducation ces dernières années pose une exigence de
professionnalisation qui nécessite la maîtrise de
compétences spécifiques dont l'acquisition ne procède pas
d'un simple transfert de savoirs et de savoir-faire déjà acquis
(Pernias, 2003).
Comme le suggère Pernias (2003), devenir cadre ne peut
pas se résumer à un simple adoubement institutionnel qui, sur la
base d'une expertise acquise, conférerait spontanément
légitimité professionnelle et compétences. Cela
relève plutôt d'une démarche de reconstruction identitaire
et professionnelle qui vise la maîtrise de compétences
individuelles et collectives spécifiques et l'acquisition d'une posture
nouvelle.
D'ailleurs, le nouveau plan de formation de la section F2
reflète une volonté manifeste de prendre en compte
l'évolution et les changements en cours des contextes d'éducation
pour un réajustement et une adaptation efficiente par rapport au
renouvellement des connaissances scientifiques et technologiques, mais aussi
à l'émergence de besoins nouveaux en matière d'encadrement
(Plan de formation F2, 2001).
C'est pourquoi, la professionnalisation des inspecteurs de
l'éducation, en formation initiale et continue, renvoie ainsi à
la notion de parcours où l'inspecteur est dans les dispositions
d'appréhender sa situation professionnelle dans son entière
complexité et d'agir de manière appropriée.
D'où l'urgence de renforcer les capacités de
gestion et de management des services d'éducation en développant
chez les inspecteurs un profil mieux adapté à la
complexité des tâches et à la multiplicité des
contextes d'intervention (Plan de formation F2, 2001).
Garants de la qualité des savoirs transmis,
organisateurs du système éducatif, régulateurs de son
fonctionnement et évaluateurs de ses résultats, les inspecteurs
de l'éducation restent un levier stratégique majeur dans la
réalisation de la politique éducative pour une efficacité
accrue du système.
Dans le même ordre d'idée, le plan de formation
de la FASTEF, élaboré à la suite d'une analyse de
contexte, définit un profil nouveau qui fait de l'inspecteur en plus du
spécialiste de l'intervention pédagogique, un concepteur, un
formateur, un gestionnaire du système, un promoteur de changement, un
consultant (chercheur - évaluateur) capable
d'«éclairer» les décideurs (Plan de formation F2,
2001).
Faut-il encore rappeler que ces missions de l'inspecteur de
l'éducation en évolution (Dikelé 2005) s'exercent sur
plusieurs plans visant aussi bien l'impulsion de la politique éducative
que la formation des personnels. A cela, s'ajoutent des fonctions d'expertise
administrative et pédagogique qui font que l'inspection a changé
de perspective (Dikelé 2005).
Par conséquent, toutes ces fonctions se sont
précisées et se sont développées à telle
enseigne que son expertise le conduit à intervenir dans un grand nombre
de domaines et requiert par ricochet un paquet ou socle de compétences
dont les aptitudes sont établies d'abord en formation initiale et
appliquées une fois sur le terrain.
Il s'agit de missions essentielles au bon fonctionnement du
système éducatif et qui confèrent un rôle majeur aux
inspecteurs de l'éducation en conformité avec leur statut.
En France, les missions des inspecteurs d'académie, des
inspecteurs pédagogiques et des inspecteurs de l'éducation
nationale s'exercent dans les différentes voies de formation : formation
initiale ou statut scolaire, apprentissage et formation continue.
On parle de mission d'évaluation, de mission d'animation
et d'impulsion, de mission de formation et de mission
d'expertise5.
En effet, la démarche de reconstruction identitaire et
professionnelle visée chez le futur cadre qu'est l'inspecteur de
l'éducation, nécessite la possession de réelles
qualités intellectuelles et humaines.
Les objectifs et buts de la formation des inspecteurs tels que
définis dans le plan de formation de la section F2 cherchent à
doter le futur inspecteur de compétences à la mesure des
défis à relever dans le cadre de l'exercice de ses fonctions
comme:
· la conscience de l'importance des fonctions du personnel
d'encadrement dans la mise en oeuvre de la politique éducative ;
· l'acquisition de l'ensemble des compétences
pratiques nécessaires à l'accomplissement des tâches
rattachées à ses fonctions ;
· la capacité de faire preuve d'esprit d'initiative
et de créativité, face à des situations nouvelles ;
· l'acquisition de capacités d'échanges et de
communication au sein de l'école et avec les différents
partenaires de l'éducation (Plan de formation F2, 2001).
Retenons que ce métier demande des aptitudes
spécifiques et appelle une connaissance approfondie du système
éducatif sénégalais, de ses missions, de son
fonctionnement et de ses évolutions. Ainsi, la réflexion sur les
orientations de notre politique éducative nationale, la prise de recul
sur sa propre expertise et une vision prospective sur les fonctions
d'inspection et de conseil exigent un sens de l'autorité et de la
responsabilité. C'est pourquoi, l'inspecteur doit montrer sa
capacité à transférer, dans un registre nouveau, les
compétences tirées de son expérience et articulées
aux différentes réformes mises en place.
5 Missions des IEN, NOTE DE SERVICE N°2005-089
DU 17-6-2005 MEN France
Á cet effet, doivent être
développées, au cours de la formation, des compétences
comme l'aptitude à communiquer, le sens de l'écoute, la
concision, l'analyse, la synthèse, la problématisation,
l'intérêt pour le travail d'équipe, etc. Leur
maîtrise satisfaisante en fin de formation et de professionnalisation est
estimée fondamentale et incontournable pour entrer dans le métier
et continuer de s'y former.
3. Questions et objectifs de recherche
Le développement des compétences attendues chez
l'inspecteur demande une organisation spécifique et l'élaboration
d'un cadrage académique visible aussi bien en formation initiale qu'en
formation continue.
De manière claire, des réflexions visant
à poser les jalons d'une réforme de l'inspection sont largement
développées. Elles placent les inspecteurs de l'éducation
au coeur de la gestion et du pilotage du système éducatif avec un
référentiel de compétences et une culture professionnelle
à développer.
Cette professionnalisation qui s'opère d'abord en
formation initiale ne peut se faire qu'avec des dispositifs d'apprentissage qui
favorisent la construction progressive de toutes les compétences et qui
permettent à l'inspecteur de pouvoir entrer de plain pied dans sa future
fonction.
Ainsi sur le plan théorique, notre recherche a pris
comme références les travaux de socioconstructivistes comme Doise
et Mugny (1997) nous amenant à poser les interactions comme outil de
formation et de professionnalisation.
Notre réflexion porte ainsi sur le lien entre
interactions et formation professionnalisante des inspecteurs de
l'éducation.
Aujourd'hui, le rôle des interactions entre
apprenants6 fondées sur des principes psychologiques dans une
perspective socioconstructiviste constitue un moyen potentiel de construction
de compétences pour l'inspecteur de l'éducation en devenir. Cela
nous a amené à nous poser les questions ci-après :
6 Ici le terme apprenant renvoie aussi à
l'inspecteur en situation de formation.
o Quels dispositifs de formation, la FASTEF a-t-elle mis en
place pour développer des activités collaboratives et
coopératives entre élèves inspecteurs en formation
initiale?
o Quel est l'impact des activités collaboratives et
coopératives de formation entre élèves inspecteurs en
formation initiale sur le développement de leurs compétences
professionnelles?
Il s'agit ainsi par notre projet de recherche de voir si dans
les dispositifs de formation, des activités collaboratives et
coopératives favorisant des interactions entre apprenants sont
développées et de mesurer les effets de ces interactions dans la
formation, socialisation et professionnalisation des élèves
inspecteurs.
4. Enjeux de la recherche
Ces dernières années, plusieurs recherches qui
se sont intéressées à l'importance des interactions
inscrites dans un triangle didactique ont fait souvent référence
au concept de conflit sociocognitif (Doise et Mugny, 1981). Le conflit
sociocognitif implique un double déséquilibre inter et
intrapersonnel faisant appel nécessairement à des confrontations
et négociations entre pairs. Cette situation reste un terrain fertile
pour l'éclosion de connaissances et de compétences pour les
apprenants puisqu'ils réexaminent leurs idées et points de vue.
Ils apprennent aussi, en même temps, au cours des leurs confrontations et
négociations à se décentrer, à justifier et
argumenter leur position, à communiquer de façon claire.
Ainsi, le même schéma, transposé dans la
formation des inspecteurs de l'éducation avec la création de
situations propices aux interactions entre stagiaires, favoriserait
l'échafaudage de plusieurs compétences pour le futur
inspecteur.
L'objet de notre recherche présente un
caractère novateur en ce sens qu'il se propose d'étudier le
rôle prédictif d'un nouveau modèle7
associé à la formation
7 Il s'agit ici du modèle de « la
stivation » que nous développerons dans le cadre
théorique.
professionnalisante des stagiaires et au sentiment d'entraide
qu'ils perçoivent entre camarades pour la participation active à
leur développement professionnel
Cette étude se propose de vérifier que les
interactions entre pairs à travers des activés collaboratives et
coopératives spontanées qui se déroulent en dehors des
heures de cours normales pourraient prédire le développement de
compétences importantes pour un début de professionnalisation des
élèves inspecteurs.
En cela, la recherche est potentiellement utile pour des
chercheurs et des formateurs préoccupés par la formation de
futurs gestionnaires du système éducatif qui s'intéressent
à la professionnalisation. De même, l'étude permettrait
d'identifier des pistes prometteuses appuyées par des données
qualitatives pour investir les efforts en recherche et en pédagogie,
mais aussi d'entrevoir les meilleures postures à construire en formation
initiale d'adultes.
CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE
1. Recension des écrits
1.1. La professionnalisation
Le thème de la professionnalisation demeure
aujourd'hui un réel objet de débat dans le champ de la formation,
mais aussi dans celui du travail. De plus en plus, on insiste sur l'importance
et la nécessité d'articuler plus étroitement travail et
formation, de développer des compétences et des expertises
multiples en finalisant davantage les apprentissages par rapport à la
profession future. Les situations d'activités qui changent de
façon quasi permanente dans ce contexte de mondialisation orientent la
question de la professionnalisation vers trois espaces: espace social, espace
du travail et de la formation.
Selon Wittorski (2001), le mot « professionnalisation
» revêt trois sens différents:
o la professionnalisation des activités, voire des
métiers, au sens de l'organisation sociale d'un ensemble
d'activités (création de règles d'exercice de ces
activités, reconnaissance sociale de leur utilité, construction
de programmes de formation à ces activités,...) ;
o la professionnalisation des acteurs, au sens à la
fois de la transmission de savoirs et de compétences
(considérées comme nécessaires pour exercer la profession)
et de la construction d'une identité de professionnel ;
o la professionnalisation des organisations, au sens de la
formalisation d'un système d'expertise par et dans l'organisation.
Wittorski (2005) résume la professionnalisation comme
un processus de négociation, par le jeu des groupes sociaux, en vue de
faire reconnaître l'autonomie et la spécificité d'un
ensemble d'activités et un processus de formation d'individus aux
contenus d'une profession existante. Dans le premier cas, il s'agit de
construire une nouvelle profession et, dans le second, de former des individus
à une profession existante.
Elle conjugue des acquis personnels ou collectifs tels les
savoirs, les connaissances, les capacités et les compétences qui
dotent le professionnel d'une professionnalité.
Perrenoud (1994) part des travaux des anglo-saxons et propose
la professionnalisation du métier d'enseignant par le contrôle et
la supervision par des pairs, l'auto-organisation de la formation continue, une
autonomie liée à une prise de risque et donc également
à une responsabilisation, avec une approche éthique
développée, le développement du travail en équipe,
un partenariat avec les professionnels liés à l'éducation,
la mise à jour continue des savoirs et compétences, un rapport
stratégique et distancié au rôle, et une identité
professionnelle claire, alimentée basée sur une culture commune
de coopération.
Charlot et Beautier (1991)8 définissent la
professionnalisation selon six critères:
? une base de connaissances ;
? une pratique en situation ;
? une capacité à rendre compte de ses savoirs, de
ses savoir faire, de ses actes ; ? une autonomie et une responsabilité
personnelle dans l'exercice de ses compétences ;
? une adhésion à des représentations et
à des normes collectives, constitutives de l'identité
professionnelle ;
1' l'appartenance à un groupe qui développe des
stratégies de promotion des discours de valorisation et de
légitimation.
Nous considérons par ailleurs que toutes ces
caractéristiques peuvent se retrouver dans le processus actuel de
professionnalisation des inspecteurs de l'éducation.
? 8 Cité in pédagogie : Raynal. F.,
RIEUNER, A., Pédagogie, Dictionnaire des concepts clés, Paris,
ESF, 1997, 405p
Pour Schön (1984), la professionnalisation inclut la
mise en oeuvre d'une réflexivité de la part des enseignants.
Cette réflexivité est le fruit d'un travail d'élaboration
qui nécessite la présence d'une médiation et donc d'un
tiers pour parvenir à la décentration.
Enfin, le paradigme de la professionnalisation est
complémentaire de celui de la construction des savoirs et
particulièrement d'une approche socioconstructiviste des apprentissages.
Vygosky (1997) et les psychologues interactionnistes ont bien mis en
évidence les médiations langagières nécessaires
à la construction de savoirs chez les apprenants.
Seulement en formation des inspecteurs, il faut ajouter les
notions d'identité et de développement professionnel, et analyser
leurs évolutions en formation initiale et continuée.
La récurrence des termes à connotation «
interactionniste » relevés dans les propos de ces auteurs
cités comme groupe, coopération, travail en équipe,
négociation, supervision par les pairs, médiation,
décentration etc. nous conforte dans l'idée de proposer le
modèle de la « stivation »9 comme visée de
la professionnalisation.
Le projet consiste ici à présenter ce qui est
attendu des inspecteurs de l'éducation, ce qui est fait en situation de
formation pour la professionnalisation des inspecteurs à travers les
interactions nées de la coopération et de la collaboration dans
les dispositifs d'apprentissage. Tout cela pour mieux voir s'il y a
décalage entre la professionnalité des inspecteurs et les
attentes du système en matière de gestion, d'encadrement,
d'impulsion, d'expertise, etc., mais aussi, si les différentes
stratégies de formation déroulées permettent aux
inspecteurs d'assumer pleinement leurs fonctions. Car on commence à
peine, en effet, à concevoir la nature et les implications des liens
entre la formation, le développement professionnel des
9 La stivation est un concept que nous avons
créé pour résumer l'apport considérable des
interactions qui se passent hors des lieux habituels de formation et qui sont
une véritable source de stimulation et de motivation chez des apprenants
en formation.
inspecteurs, le développement institutionnel de la
qualité du système éducatif et la culture de ce dernier
comme exigence du moment.
1.2 . Le conflit sociocognitif
L'apprentissage apparaît comme un processus complexe
qui implique de la part du sujet à la fois un travail au plan
psychocognitif, intra-subjectif et des interactions inter-individuelles
multiples.
Les travaux sur la théorie du conflit sociocognitif se
fondent à l'origine sur l'intuition de Piaget selon laquelle la
coopération joue un rôle dans le développement cognitif
individuel (Doise et Mugny, 1981). C'est par la suite que de nombreux travaux
expérimentaux ont validé cette intuition (Venegas, 1996) et ont
permis de développer un modèle de l'apprentissage qui
confère aux variables sociales une place considérable dans le
processus de développement cognitif.
Doise et Mugny (1981) pensent que le conflit sociocognitif
est une hétérogénéité de réponses
face à un même problème cognitif. De la confrontation de
ces réponses, subvient une réorganisation cognitive
individuelle.
Bertrand (1993) affirme que trois principes sont à la
base de cette théorie :
v' << la construction des connaissances est
nécessairement sociale et repose sur un ensemble d'interactions entre
les personnes ».
v' << le conflit sociocognitif est à la source de
l'apprentissage ».
v' << la recherche d'un dépassement du
déséquilibre cognitif interindividuel provoque un
dépassement du déséquilibre cognitif intraindividuel
» (pp. 119, 120).
C'est parce que le conflit est social que les personnes en
interaction sont amenées à coordonner leurs efforts pour
élaborer une nouvelle structure cognitive.
Doise et Mugny (1981) ont décrit comme suit les
situations d'interactions qui peuvent conduire à l'émergence et
à la résolution de conflits sociocognitifs : le conflit peut
provenir de différentes interactions. Il survient souvent lors des
rencontres entre individus qui ne disposent pas des mêmes systèmes
de réponses. Par exemple, des enfants de niveau cognitif
différent se retrouvent facilement en
désaccord sur des réponses spécifiques,
dans la mesure où celles-ci (actions, jugements...) découlent de
schématismes différents.
Les inférences de Doise et Mugny (1981) sur la
théorie du conflit sociocognitif trouvent un écho
intéressant dans les travaux antérieurs de Vygotsky (1978),
particulièrement dans son concept de zone proximale de
développement qui met en évidence le fait que la
collaboration entre deux individus de niveau cognitif différent provoque
chez celui dont le niveau est inférieur, la maîtrise de
schèmes cognitifs nouveaux ainsi que la reproduction ultérieure
de ces schèmes dans des situations où elle agit seule.
Ces résultats de recherche nous renseignent sur la
complexité des modalités d'émergence et de
résolution de conflits sociocognitifs subséquents à la
nature de la situation d'interaction sociale.
L'étude de l'émergence et de la
résolution de conflits sociocognitifs dans le cadre d'activités
d'enseignement s'est surtout développée avec des enfants en
âge préscolaire et scolaire (Doise et Mugny, 1981, 1997).
Les travaux sur la même théorie de conflit
sociocognitif dans des structures de formation d'adultes pour une
professionnalisation restent encore relativement limités même si
Bourgeois et Nizet (1997) affirment qu'elle reste un bon moyen pour
décrire les mécanismes et les conditions de l'apprentissage des
adultes en situation d'interaction sociale.
Buchs, Lehraus, Butera (2006) ont essayé de faire le
point sur un ensemble de recherches mettant en évidence les liens entre
les interactions qui s'installent dans les petits groupes et l'apprentissage.
Ils ont montré que, de ces travaux, il ressort que les échanges
d'informations et de ressources favoriseraient le traitement cognitif.
D'abord, parce que résumer des informations oralement
serait un moyen efficace d'organiser, d'élaborer les informations et de
les retenir.
Ensuite, parce que le seul fait d'enseigner ses connaissances
améliore la compréhension de ces informations. Autrement dit, le
discours se construirait dans l'interaction.
Ainsi, l'étudiant qui explique une situation à
son camarade favorise la construction d'une signification commune de la
situation (co-construction) et provoque un enrichissement mutuel.
En outre, dans une perspective socioconstructiviste, les
discussions et les conflits stimuleraient la curiosité et la motivation
pour apprendre et favoriseraient le travail.
Cette recherche intéressante semble la plus
contigüe à ce travail, mais ne fait pas ressortir les
hypothèses que l'on a inscrites dans une situation « adidactique
» de formation professionnalisante de cadres comme les inspecteurs de
l'éducation.
Le défi reste majeur mais intéressant car il est
difficile de mettre en place les mêmes schémas
expérimentaux classiques comme pour les études avec des
enfants.
La formation d'adulte diffère de celle de l'enfant car
avec l'adulte, il s'agit de faire face à des situations complexes
d'enseignement et d'apprentissage avec l'entrée en matière des
facteurs comme l'identité professionnelle, le sentiment de
compétence, la motivation personnelle ou les relations sociales entre
eux.
Pourtant généralement, les dispositifs
d'apprentissage établis dans les écoles de formation d'adultes et
les méthodes pédagogiques mises en oeuvre suscitent des
discussions, des débats entre les stagiaires. Qu'il s'agisse
d'exposés, d'apprentissage collaboratif, des séances d'animation
pédagogique, d'études pratiques, les stagiaires sont mis en
situation d'interaction sociale. Dans des situations pareilles, les stagiaires
entrent en « conflit sociocognitif » parce que leurs conceptions et
structures cognitives sont confrontées à des informations
perturbantes, incompatibles avec leur système de connaissances
préalables.
Cette déstabilisation ou perturbation cognitive engage le
stagiaire dans la recherche d'un nouvel équilibre qui tient compte des
informations perturbantes.
Par ailleurs, la particularité et
l'intérêt de ce travail de recherche réside dans le fait
qu'il envisage de mettre en évidence l'importance des interactions
sociales dans la professionnalisation des élèves inspecteurs
lorsqu'ils vivent de manière spontanée des situations de
controverses et de débats hors des cadres institutionnels de
formation.
2. Hypothèses générales de la
recherche
Les hypothèses que nous émettons sont les
suivantes :
? H1 : Les interactions entre stagiaires en dehors des cadres
institutionnels de formation contribuent aussi, sinon davantage, à
l'installation de certaines habiletés et compétences
professionnelles.
? H2 : Les interactions nées de la coopération
et de la collaboration entre stagiaires stimulent leur motivation dans
l'apprentissage et favorisent des relations interpersonnelles positives.
La vérification de ces hypothèses s'appuiera sur
l'étude de différentes variables.
Il faut retenir essentiellement deux variables explicatives et
deux variables expliquées.
Variables explicatives :
· les interactions entre stagiaires hors des cadres
institutionnels de formation
· la motivation dans l'apprentissage
Variables expliquées :
· les compétences professionnelles
· les relations interpersonnelles positives
L'interaction faite entre les deux variables explicatives
ressort que :
- la motivation des stagiaires est stimulée avec les
interactions « adidactiques10>>;
- les stagiaires qui interagissent entre eux hors des lieux
institutionnels de formation sont très motivés;
- les stagiaires motivés par les interactions «
adidactiques >> développent des compétences
professionnelles.
3. Définition des concepts
Différents concepts seront employés tout au long
de cette recherche qu'il importe de bien cerner.
3.1 Les interactions sociales
En sciences sociales, le terme d'interaction est souvent
utilisé comme une contraction d'interaction sociale. Il est
défini comme un échange d'informations, d'affects ou
d'énergie entre deux agents au sein d'un système. C'est une
action réciproque qui suppose l'entrée en contact de sujets.
Morin (1977) pense que « les interactions sont des
actions réciproques modifiant le comportement ou la nature des
éléments, corps, objets, phénomènes en
présence ou en influence>> (p. 51).
Par contre, pour Marc et Pica (2006), le terme ne fait pas
l'objet d'une définition unique mais présente au contraire une
certaine dispersion sémantique. Tantôt il désigne un
processus, tantôt un objet, tantôt un point de vue (notamment dans
la perspective interactionniste) pour appréhender des
phénomènes relationnels. Selon les auteurs, l'interaction reste
l'objet privilégié de la psychosociologie et de la psychologie
sociale et relève de deux ordres : les interactions verbales ou
non verbales (gestes, regard, attitudes...) et peuvent cependant
être :
v' positives : lorsqu'il s'agit de coopération, de
participation, d'adaptation, d'intégration, d'émulation, de
compétition... ;
10 Nous appelons ici interactions « adidactiques
>> celles qui se déroulent hors de lieux institutionnels de
formation.
v' négatives : quand elles provoquent des conflits, des
luttes, des rivalités, de la ségrégation, de la
discrimination, des insultes... ;
v' ambivalentes : compétition, concurrence.
Dans un autre registre, Goffman (1961, 1963), sociologue, fut
le premier à caractériser une interaction sociale autrement
qu'une simple donnée brute. Il a cherché ainsi à
définir les mécanismes qui produisent une interaction sociale et
à la distinguer des interactions protosociales11.
L'interaction sociale se manifesterait par une modification
de la co-présence physique et donc des relations de proximité
propres au face-à-face : orientation des corps, des visages et des
regards qui manifeste un contact attentionnel partagé.
L'analyse de toutes ces considérations fait ressortir
toute la complexité des interactions sociales mais montre tout de
même l'intérêt qu'elles peuvent susciter pour faire
progresser l'apprentissage dans toute sa globalité.
3.2. La motivation
Plusieurs définitions du terme motivation existent.
Cependant les plus récentes sont les plus abouties et retiennent
particulièrement notre attention.
Pour Keller (2007), la motivation est une force interne qui
met l'individu en mouvement. Elle varierait en effet, en intensité d'une
personne à une autre pour le même objet de motivation.
Vallerand et Thill (1993) conçoit la motivation comme
le construit hypothétique utilisé pour décrire les forces
internes et/ou externes qui produisent le déclenchement, la direction,
l'intensité et la persistance du comportement.
Viau (1994) définit la motivation en contexte scolaire
comme un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions que
l'élève a de lui-même et de
11 Goffman se démarque de la
proxémique, c'est-à-dire de la réduction de l'interaction
à la co-présence physique dans un espace. La forme proto-sociale
de l'interaction interpersonnelle se présente lorsque la
co-présence implique une simple juxtaposition sans contact visuel, ou
attentionnel, coordonné (unfocused interaction).
son environnement et qui l'incite à choisir une
activitéì, à s'y engager et à
persévérer dans son accomplissement afin d'atteindre un but.
Si nous en restions là, ce serait très
réducteur pour celui qui veut comprendre le concept de motivation.
Pour Nuttin (1987), la motivation est l'aspect dynamique des
comportements, autrement dit, elle se trouve dans le dynamisme inhérent
au fonctionnement même de l'individu. Comme il le dit <<
fonctionner ou être actif est l'état normal de l'organisme »
(1985, p.123) car la personne a besoin de se développer, de progresser,
de connaître, comme elle a besoin de se nourrir et de dormir.
Il est convaincu que << le dynamisme du comportement se
trouve profondément transformé sous l'influence de la forme
réflexive de la cognition humaine » (1987, p.103).
La motivation fait que le sujet se pose des critères
nouveaux concernant les résultats à atteindre et les buts
à réaliser.
La particularité que Nuttin (1985) relève dans
la motivation humaine, c'est que, une fois le but atteint l'individu a tendance
à vouloir se dépasser encore et se fixer un nouveau but qui va
au-delà du but atteint. C'est cette faculté que l'homme a de ne
point se résigner à rester à l'état
d'équilibre qui << influence et oriente l'action humaine dans la
direction du progrès » (Nuttin, 1985, p.203).
Ce qui est intéressant avec Nuttin (1985), c'est qu'il
a essayé de montrer que l'individu est doté d'une faculté
à se lancer des défis, à multiplier ses efforts et
à attacher une valence supérieure à l'objet à
chaque fois qu'il est face à un obstacle.
Globalement, il faut retenir que la motivation fournit
l'énergie nécessaire à l'individu pour qu'il se fasse des
projets et agisse efficacement pour les réussir.
3.3. Activités coopératives ou
collaboratives?
Pendant longtemps, les termes « collaboratif » et
« coopératif » ont été utilisés
indifféremment dans les écrits en éducation. Des
distinctions ont toutefois été apportées récemment,
notamment par Rigault (1993), Henri et Lundgren-Cayrol (1996) et dans les
études rapportées par le Centre for the Study of Classroom
Processes (Abrami et al. 1996).
L'apprentissage coopératif est
généralement défini comme une méthode
d'enseignement selon laquelle des élèves travaillent ensemble en
petites équipes afin d'atteindre un but commun (Slavin, 1985).
Salomon (1992), Johnson et Johnson (1984) et Slavin (1985) qui
parlent tous de coopération ou d'apprentissage coopératif
reconnaissent à l'apprentissage coopératif les principales
caractéristiques suivantes :
v' L'interdépendance positive entre les pairs
où chaque membre contribue au travail de l'équipe et est
indispensable à l'accomplissement du travail de l'équipe. Il
porte ainsi une responsabilité vis-à-vis des autres membres de
l'équipe et est redevable des engagements qu'il a pris envers
l'équipe. Outre le partage d'un but commun, l'interdépendance
peut être créée par une complémentarité de
rôles, des récompenses accordées à l'ensemble du
groupe, une division des ressources, une identité de groupe, etc.;
v' L'interaction avec les pairs et le partage d'informations
où la production commune (un produit ou un construit) résulte
d'un processus de mise en commun d'informations et des discussions entre les
participants. Un consensus est atteint par des négociations entre les
membres de l'équipe qui fournissent des informations
complémentaires pour soutenir leurs points de vue.
Pour certains auteurs qui distinguent l'apprentissage
coopératif de l'apprentissage collaboratif, ces caractéristiques
s'appliquent dans les deux cas. C'est plutôt dans la manière dont
elles sont mises en oeuvre que les distinctions apparaissent. Ainsi,
l'interdépendance est plus élevée dans des situations
d'apprentissage coopératif : il y a
spécialisation des tâches (chaque membre est responsable
d'exécuter une sous-tâche) et la contribution des uns n'a de sens
que si elle est complétée par celle des autres.
Dans les situations d'apprentissage collaboratif, chaque
membre est responsable individuellement d'atteindre le but et les apprenants
sont encouragés à s'entraider dans leurs efforts et à
mettre en commun le fruit de leur travail (Henri et Lundgren-Cayrol, 1996).
En outre, comme le soulignent Henri et Lundgren-Cayrol (1996),
les situations d'apprentissage coopératif sont davantage
contrôlées par le formateur et laissent moins d'autonomie aux
apprenants que les situations d'apprentissage collaboratif. Selon ces auteurs,
ces deux approches se situent sur un continuum où la démarche
collaborative se caractérise par une grande autonomie laissée aux
apprenants et un faible contrôle de la part du formateur, alors que la
démarche coopérative se caractérise par une faible
autonomie laissée aux apprenants et un fort contrôle exercé
par le formateur.
Dans le cadre de notre travail, « activités
collaboratives » et « activités coopératives »
même si elles présentent quelques nuances partagent un
dénominateur commun qui nous paraît crucial. Il s'agit dans les
deux contextes de situations d'apprentissage offrant une place
privilégiée aux interactions entre apprenants. Du fait de la
mitoyenneté sémantique des deux concepts, nous les emploierons
souvent conjointement.
3.4. La gestion axée sur les résultats
(G.A.R)
La Gestion axée sur les résultats (GAR) est,
selon l'Agence canadienne de développement international (ACDI), «
un moyen d'améliorer l'efficacité et la responsabilité de
la gestion en faisant participer les principaux intervenants à la
définition de résultats escomptés, en évaluant les
risques, en suivant les progrès vers
l'atteinte de ces résultats, en intégrant les
leçons apprises dans les décisions de gestion et les rapports sur
le rendement >>.12
Pour le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD), la GAR est « une stratégie ou
méthode de gestion appliquée par une organisation pour veiller
à ce que ses procédures, produits et services contribuent
à la réalisation de résultats clairement définis.
La GAR offre un cadre cohérent de planification et de gestion
stratégique en améliorant l'apprentissage et la
responsabilité.
C'est une vaste stratégie de gestion visant à
apporter d'importants changements dans le mode de fonctionnement des organismes
en mettant l'accent sur l'amélioration de la performance et la
réalisation de résultats.
Ceci passe par la définition de résultats
réalistes, le suivi du progrès dans la réalisation des
résultats escomptés, l'intégration des enseignements
tirés dans les décisions de gestion et la communication
d'information au sujet de la performance >>.13
Quant à la Déclaration de Paris14,
« axer la gestion sur les résultats signifie gérer et mettre
en oeuvre l'aide en se concentrant sur les résultats souhaités et
en utilisant les données disponibles en vue d'améliorer le
processus de décision >>.15
Nous retenons que la GAR est donc une approche qui se
concentre de façon systématique sur les
résultats16, plutôt que vers la réalisation
d'activités déterminées, en optimisant l'utilisation des
ressources humaines et financières.
12 Cité in « gestion participative des
projets de développement rural. Outils et méthodes d'intervention
>>,
http://www.membres.lycos.fr/sousarbreapalabre/memoire/2chapitre5.htm
13 PNUD, guide du suivi et de l'évaluation
axés sur les résultats,
http://www.undp.org/eo/
14 Déclaration sur l'efficacité de
l'aide, adoptée à Paris le 2 mars 2005 par les ministres et hauts
responsables de 90 pays et les dirigeants ou représentants de 27
organismes d'aide.
15 Cité in « La gestion axée sur
les résultats de développement. Document de
référence : des principes à l'action >>, CAD/OCDE,
mars 2006.
3.5. La « stivation17 »
Les interactions verbales et non verbales résultant
des activités coopératives et collaboratives dans le champ de la
formation professionnelle des inspecteurs de l'éducation mettent en
place des mécanismes facilitant l'acquisition de compétences
professionnelles lors des interactions que les stagiaires vivent hors de la
classe. Il est clair que la formation initiale ne peut pas régler les
compétences de base de la professionnalisation in extenso.
Ces interactions « adidactiques » entre stagiaires
pourraient être considérées comme stimulatrices de la
motivation et moteur de l'apprentissage. Elles offrent des modèles plus
accessibles et moins angoissants de par la moins grande distance entre
l'état actuel et les objectifs possibles à atteindre.
Aussi, ces interactions sociales nées de la
coopération et de la collaboration dans des activités
d'apprentissage en dehors des lieux formels de formation peuvent constituer le
ferment d'une collaboration future dans le travail en formation
continuée puisque les relations coopératives sont
déjà installées.
Elles développent un processus de «
stivation » qui comprend trois dialectiques, celle de
l'interaction, de la stimulation et de la motivation.
Ainsi, il ya « stivation » quand les interactions
« adidactiques » stimulent et motivent les stagiaires
influençant la qualité de leurs productions individuelles et
groupales, ainsi que la qualité de leurs apprentissages.
Car en effet, avec la « stivation », les
résultats des interactions des situations de formation en termes
d'apprentissage, de construction de compétences et d'évolution de
l'identité professionnelle en somme de professionnalisation, marquent
toute l'importance pour ceux qui interagissent d'apprendre à
synthétiser verbalement
16 Utilisé au sens large du terme
17 La stivation est un concept que nous avons
créé pour résumer l'apport considérable des
interactions qui se passent hors des lieux habituels de formation et qui sont
une véritable source de stimulation et de motivation chez des apprenants
en formation (voir le schéma explicatif que nous avons conçu).
pour les autres, de donner des réponses constructives
aux questionnements énoncés et d'être
déstabilisés cognitivement. Cette déstabilisation stimule
le groupe et oriente les forces intérieures produisant la mise en
marche, l'envie, la détermination, l'intensité et la
résolution d'aller à la recherche des réponses à
leurs questionnements. Cela accroît la motivation du groupe à se
frotter régulièrement aux connaissances, ce qui produit un effet
profond sur la qualité des apprentissages et participe au
développement cognitif des stagiaires.
Ce faisant, les réflexions, le dialogue et le partage
d'informations lors de ces activités interactionnistes permettent une
synergie des efforts dans le développement professionnel.
La << stivation » pourrait être prise comme
un nouveau moyen d'apprentissage qui recourt fortement aux interactions entre
stagiaires. S'inscrivant dans une logique constructiviste, sociale et
interactionniste de l'apprentissage stimulée par une forte motivation,
le modèle de << la stivation » se particularise du fait de
son caractère non formalisé et << adidactique ».
Avec le modèle de la << stivation », le
stagiaire élude tous les éléments inhibiteurs source de
blocage dans les lieux habituels de formation qui affaiblissent et amenuisent
l'efficacité des interactions comme la peur, l'angoisse, le stress, le
trac etc. Ces blocages souvent ressentis à travers les prises de parole
ou par l'absence de prise de parole empêchent le stagiaire de jouir de
tout son potentiel communicationnel et de se déployer convenablement.
L'on sait pourtant que l'aisance dans la prise de parole, la faculté de
communiquer, d'argumenter à l'oral est un facteur essentiel de
réussite sociale et professionnelle et qu'à l'inverse
l'incapacité d'une bonne communication orale peut bien expliquer des
échecs.
En somme, la << stivation » pourrait être une
stratégie efficace à élaborer dans le cadre de la
formation des inspecteurs de l'éducation mais aussi et surtout, dans
toute formation professionnalisante d'adultes. Elle pourrait constituer un
levier sûr à activer pour une redéfinition des dispositifs
d'apprentissages qui favorisent d'autres formes de constructions de
compétences lors des formations.
Interactions « adidactiques »
Déstabilisation cognitive Stimulation
Motivation dans l'apprentissage
« adidactiques » entre stagiaires
Motivation dans l'apprentissage
Interactions
Stimu lation
Variables explicatives
Stivation
Variables à expliquer
La stivation
Compétences professionnelles
Relations interpersonnelles positives
Compétences professionnelles
Relations positives
Figure 1 : Schéma explicatif du modèle de
la « stivation »
4. Missions, fonctions et rôles des inspecteurs de
l'éducation
Avec ce troisième millénaire sous le signe de
la mondialisation (Plan de formation F2, 2001), les nations entreprennent
quasiment les mêmes réformes en matière d'éducation.
C'est pourquoi, nous retiendrons que les inspecteurs ont principalement:
· Une mission d'évaluation, point nodal de leur
travail et qui a deux faces. Ils doivent, d'une part, évaluer
directement le travail individuel et en équipe des personnels
enseignants, d'éducation et d'orientation des écoles. Ils
participent, d'autre part, à l'évaluation de l'enseignement et
des résultats de la politique éducative. L'évaluation
pourrait être dans une certaine mesure considérée comme
« un acte capable d'aider à comprendre la situation de celui qui
est évalué tout autant que de mesurer sa performance »
(Senore, 2000, p.).
Outre cette mission de contrôle et de conseil
l'inspection est importante aussi pour la prise en compte de la
compétence, de l'engagement de l'enseignant et le respect des
initiatives pédagogiques appropriées. Il appartiendra aussi aux
inspecteurs d'apprécier les activités et les compétences
des enseignants dans l'exercice de leur fonction, le respect des programmes et
leur efficacité dans les apprentissages.
· Une mission d'animation et d'impulsion où
l'inspecteur exerce un rôle de conseiller pour les enseignants, notamment
de ceux qui sont confrontés à la mise en oeuvre des nouvelles
réformes comme le curriculum de l'éducation de base et ceux qui
connaissent de difficultés particulières.
· Une mission de formation qui est une activité
complémentaire des missions d'évaluation, la participation
à la conception, à l'organisation et au suivi de la formation
initiale et continue des enseignants.
· Une mission d'expertise en faisant preuve d'une
compétence à apprécier le degré de cohérence
des enseignements et des dispositifs avec les priorités de la politique
éducative définie dans la lettre de politique sectorielle de
l'éducation.
Dans le plan de formation sont déclinés des
rôles variés qui découlent de fonctions18
majeures renvoyant à un profil polyforme comme le montrent le tableau
suivant 19:
Tableau 1 : Profil de Formation des inspecteurs de
l'éducation
Fonctions
|
Rôles
|
|
·
|
Administrateur scolaire et Gestionnaire de l'éducation
|
Administration et Gestion
|
·
|
Planificateur et Coordonnateur en matière
d'éducation
|
Supervision pédagogique et Formation
|
·
|
Régulateur du système scolaire
|
des maîtres
|
·
|
Formateur de formateurs
|
|
·
|
Évaluateur
|
Consultation au service des décideurs
|
·
|
Innovateur
|
|
·
|
Concepteur en éducation
|
|
·
|
Chercheur en éducation
|
|
·
|
Évaluateur en éducation
|
|
·
|
Négociateur (rôle d'interface entre les
différents
partenaires de l'école).
|
Ces missions, fonctions et rôles des inspecteurs ne
peuvent prendre corps que s'ils s'inscrivent dans un cadre cohérent
faisant émerger de grandes priorités et s'appuyant surtout sur la
maîtrise de compétences à un niveau satisfaisant,
c'est-àdire une maîtrise de compétences individuelles et
collectives spécifiques à l'acquisition d'une posture nouvelle
qui certifie l'aptitude au métier et à la poursuite de la
professionnalisation.
5. Les spécificités des compétences
professionnelles de l'inspecteur
Le professionnel que se veut l'inspecteur de
l'éducation doit l'amener à une pratique qui se fonde sur une
base de connaissances scientifiques et rationnelles lui permettant de
répondre et de s'adapter à la demande du système. Il doit
être capable
18 Le terme fonction est entendu
ici dans le sens de ce qui relève globalement de la
responsabilité l'inspecteur dans le cadre de l'exercice de son
métier. Le rôle, par contre, définit une tâche ou
intervention particulière attendues de l'inspecteur, eu égard aux
fonctions qu'il assume. De ce point de vue, le rôle est le
résultat d'une déclinaison des fonctions en activités plus
ou moins spécifiques (Plan de formation section F2, janvier 2001).
19 Le tableau est tiré du plan de formation de
la section F2 de la FASTEF (ex ENS) établi en janvier 2001.
de se déployer dans n'importe quel contexte face
à des situations aussi complexes que diversifiées. C'est pourquoi
nous pensons que la profession d'inspecteur demande de développer des
aptitudes fractales comme :
? L'aptitude à communiquer :
La qualité de l'expression orale constitue une
compétence professionnelle essentielle pour l'inspecteur. C'est une
compétence que l'on pourrait tenter de définir comme étant
la capacité pour lui de comprendre les autres et de se faire comprendre
par eux. Et ceci dans le traitement de situations d'encadrement, de formation
et de production avec une correction linguistique.
Dans l'exercice de son métier, l'inspecteur a la
délicate et lourde tâche d'organiser et d'animer des situations
d'apprentissage aussi bien dans le cadre de la formation initiale que dans le
cadre la formation continuée des enseignants.
Il va aussi participer à d'importantes rencontres
où il doit faire montre de bonnes habiletés communicatives, une
prononciation normée, une morphosyntaxe irréprochable et un
vocabulaire précis et étendu : cela peut s'agir de l'entretien
d'explicitation, de l'entretien d'évaluation, des différentes
manières de travailler verbalement en groupe, pour exercer la
créativité (brainstorming), pour envisager différents
points de vue (symposium), pour résoudre les conflits (approfondissement
professionnel, étude de cas), pour établir des synthèses
et décider (panel-discussion).
D'ailleurs, l'un des objectifs du plan de formation de la
section F2 est de doter l'inspecteur de capacités d'échanges et
de communication au sein de l'école et avec les différents
partenaires de l'éducation (Plan de formation F2, 2001). En plus de
cela, son rôle de formateur et de négociateur en tant qu'interface
avec les autres partenaires de l'école l'amène à
développer ces compétences communicatives.
Alors, si l'inspecteur n'a aucune compétence dans ce
domaine, on peut se demander pourquoi il a choisi ce métier. Et cette
aptitude à communiquer ne se limite pas seulement à la
réception ou à l'émission de messages écrits ou
verbaux : elle couvre également tout ce qui relève de la
gestuelle, des images et des symboles dont il excipera pour capter l'attention
de son auditoire.
? Le sens de l'écoute
Les missions des inspecteurs même si elles sont
présentées précédemment en quatre grands chapitres
à savoir l'évaluation, l'animation et l'impulsion, la formation
et l'expertise il en reste aujourd'hui une, dont la dénomination est
très évocatrice : le management qui se trouve dans le Module
III20. Or pour manager certaines aptitudes sont fondamentales. Parmi
elles on peut citer : l'écoute.
Un inspecteur de l'éducation, quelle que soit sa
spécialité, se trouvera très fréquemment en
situation de dialogue avec ses supérieurs hiérarchiques, avec les
enseignants, avec d'autres services de l'État ou avec des élus,
des organisations syndicales ou associatives. Aussi, en France, lors du
concours de recrutement aux fonctions d'inspecteur de l'éducation
n'est-il pas surprenant que le jury attache une telle importance au sens de
l'écoute : le candidat doit faire la preuve de son aptitude à
dialoguer21.
Couchaere (2007) montre que notre société actuelle
dite " de communication ", voit l'écoute plus que jamais
parasitée, déficiente, galvaudée, menacée...
Aujourd'hui, l'écoute est au coeur des revendications
professionnelles et sociales car développer son écoute est le
gage d'un savoir-être indispensable au développement personnel et
professionnel (Couchaere, 2007). Partant, améliorer son sens de
l'écoute donne à l'inspecteur la capacité de mieux
manager.
En effet, devant une information marquante, on a souvent
tendance à réagir par un flot de paroles, expression de notre
indignation, de notre inquiétude ou de notre enthousiasme. Pourtant,
dans un premier temps, l'émotion l'emporte sur la raison c'est pourquoi,
l'inspecteur doit attendre que cette phase d'excitation retombe en restant
silencieux pour revenir ensuite avec un échange plus serein. Et comme
20 Dans le plan de formation, il ya une partie qui
parle des Modules et Unités de formation. Il s'agit du Module
III : Formation à la gestion de l'éducation et dont
l'Unité 3. 1 traite de l'Administration, de la
Législation et du Management
21 Rapport CRIEN de France session 2008
disait Léonard de Vinci : « Savoir écouter,
c'est posséder, outre le sien, le cerveau des autres ».
? L'aptitude à la concision
Pour l'inspecteur, la capacité de faire preuve de
concision dans ses propos, le recentrage de son intervention constituent les
meilleurs garde-fous pour une réussite de sa communication qu'elle soit
écrite ou orale.
Dans ces conditions, la concision est un atout
indéniable pour se faire écouter ou lire. Sa fonction et son
statut de cadre l'obligent quelques fois à annoncer les
événements, d'en donner la description la plus exacte et la plus
pertinente possible. Ces informations permettent aux enseignants d'orienter
leurs actions, de prendre des décisions éclairées, mais
aussi d'avoir le plaisir de découvrir et de connaître de nouvelles
choses.
Et pour arriver à bâtir un discours court,
réaliste, efficace, il est bon pour l'inspecteur d'avoir
préalablement préparé ce qu'il va dire, comment il va le
dire, de déterminer quelles seront les conditions matérielles de
la situation de communication, mais surtout quel est le changement visé
après cette communication.
? L'aptitude à l'analyse
L'aptitude à analyser renvoie à la
capacité de l'inspecteur d'adopter une logique pour structurer sa
pensée et son action dans le traitement de situations. Elle
s'avère essentielle lorsqu'il est nécessaire, de clarifier un
problème lors d'une situation de formation au moyen d'une analyse
rigoureuse des faits et des éléments de la situation, de trouver
et d'indiquer des pistes de solutions reposant sur la compréhension de
principes et la recherche de liens de cause à effet, de
déterminer des conséquences à court, à moyen et
à long terme; de faire une planification des actions pertinentes et
cohérentes appuyées par une argumentation construite et solide.
La compétence d'analyser avec logique contribue à la mise en
place et au développement du traitement adéquat de situations
dans lesquelles l'inspecteur doit pouvoir, entre autres, justifier ses
choix.
Enfin, la capacité d'analyse critique permet d'aller
au-delà des apparences et des discours et de développer surtout
l'empowerment ou le pouvoir d'agir (Deslauriers, 2007).
? L'aptitude à la
synthèse
Face au flot croissant d'informations à filtrer,
l'inspecteur est souvent amené à faire spontanément la
synthèse des « messages » qu'il reçoit ou
délivre. L'aptitude à synthétiser, c'est à dire
à savoir dégager puis présenter l'essentiel d'un propos ou
d'un texte, est une qualité primordiale exigée à tous les
niveaux.
Le travail de l'inspecteur est un échange
perpétuel d'informations qui doivent aboutir à des prises de
décision. La rédaction de notes et de rapports est une constante
du travail de l'inspecteur. Ceux-ci sont nécessaires pour clarifier
l'information, pour faire le point sur un sujet précis et indiquer des
orientations. Et comme toutes les facultés de l'esprit, l'esprit de
synthèse nécessite un entraînement. Il faut que
l'inspecteur apprenne donc à reformuler une idée avec ses propres
mots, tout en visant la plus grande précision possible.
? L'aptitude à la
problématisation
Aussi bien en formation initiale que continue, aussi bien dans
les situations d'apprentissage que dans les situations d'encadrement ou
d'évaluation, se manifeste aujourd'hui une injonction à se
confronter à des problèmes. Un problème naît
lorsqu'il met en relation deux ou plusieurs concepts. Mais
généralement, nous avons du mal à relier les
différents concepts entre eux. En effet, si l'on veut éviter de
céder aux effets de mode (Benoît, 2005), les notions de
problème, de problématisation doivent être rigoureusement
définies en vue de développer leur pouvoir heuristique et de
repenser, à partir d'elles, l'apprentissage et le savoir scolaire
(Fabre, 2005).
Pour l'inspecteur, l'aptitude à problématiser
pourrait être assimilée à un mouvement de l'esprit sous
forme de questionnement que soulève un objet d'étude lui offrant
ainsi l'angle d'approche et le fil directeur indispensables à la
constitution d'une réflexion, la possibilité de mettre en route
sa pensée et de lui tracer un chemin. Elle constitue la condition de
l'expression d'une pensée construite.
? L'intérêt pour le travail
d'équipe
Travailler en équipe en formation initiale et continue
est définie comme l'aptitude à contribuer, avec une ou plusieurs
personnes, au traitement cohésif de situations
d'enseignement-apprentissage. Les inspecteurs mènent des
activités coopératives ou collaboratives en visant un même
but à partir de rôles parfois identiques, parfois
différents. Le travail de chacun doit accroître la cohésion
du travail commun.
Une collaboration véritable ne peut pas fonctionner
sous la menace d'une centralisation des pouvoirs décisionnels. Bien au
contraire, les collaborateurs doivent se sentir associés dans « un
rapport d'égalité » (Goupil, 1996), dans un processus
facilitant la mise en valeur des relations positives.
C'est pourquoi, l'inspecteur doit développer l'aptitude
à interagir en coopération avec ses pairs dans de nombreuses
situations pour lesquelles le partage des tâches, du savoir-faire ou des
responsabilités sont nécessaires. C'est une compétence
essentielle pour un futur responsable comme l'inspecteur surtout dans la
gestion de conflits, dans l'élaboration de solutions pour des
problèmes touchant la collectivité. Cette collaboration rend
ainsi possible une réflexion sur et dans l'action, un partage des
expériences de chacun, de même qu'une ouverture à des
situations particulières (Bouchard, 1999).
La mise en oeuvre harmonieuse et efficace de toutes ces
compétences nécessite une organisation spécifique et
l'élaboration d'un cadrage académique visible aussi bien en
formation initiale qu'en formation continue des inspecteurs.
6. Les dispositifs d'apprentissages pour la
professionnalisation en F2
Il s'agit ici d'étudier la nature des dispositifs
d'apprentissage en formation initiale, et plus précisément de
voir si la formation initiale des inspecteurs de l'éducation de la
section F2 prend en charge ces problèmes :
- dans le plan de formation à travers les activités
déroulées ; - dans les évaluations.
1' Le plan de formation de la section F2
Le plan de formation de la FASTEF de janvier 2001
s'érige la volonté de s'adapter aux mutations en cours du monde
éducatif tout en se projetant sur le futur (Plan de formation F2,
2001).
Conscient du rôle potentiel d'agent d'innovation que
doit être l'inspecteur, le plan de formation s'organise autour d'une
réflexion sur les tâches des inspecteurs de l'éducation
telles qu'elles y sont définies. Et à partir de ces tâches,
des objectifs de formation cognitifs22,
méthodologiques23 et comportementaux24 sont
précisées comme le montre le tableau suivant25:
Tableau 2 : Objectifs de formation des inspecteurs de
l'éducation
Domaines
|
Compétences
|
Domaine I
Éthique et Responsabilité
professionnelles26
|
C1.1. Respecter et faire respecter le code de
déontologie des enseignants C1.2. Manifester des
attitudes qui s'inspirent des valeurs de la communauté en matière
d'éducation.
C1.3. Promouvoir une éducation au
développement
|
Domaine II
Pratique professionnelle
|
.1. Assure la gestion des structures de
l'administration scolaire et
éducative.
.2. Assurer la formation initiale et continue
des maîtres du préscolaire et de l'élémentaire.
.3. Assurer la coordination des
activités éducatives.
|
22 Objectifs cognitifs (bonne connaissance de
l'enfant, des instituteurs, de l'école élémentaire, de
l'environnement social, économique et politique de l'école -
réaménagement du champ des connaissances disciplinaires pour
accéder à la polyvalence
23 Objectifs méthodologiques (formation
à l'observation, à l'animation, à l'évaluation).
24 Objectifs comportementaux (donner le sens de la
responsabilité administrative, permettre un entraînement à
la recherche et à l'expérimentation, aider au
développement du sens relationnel et à la vie
d'équipe).
25 Ce tableau est extrait du plan de formation de
la section F2 élaboré en 2001. Il définit les
différents objectifs de la formation initiale des inspecteurs de
l'éducation articulés à des domaines et compétences
dans le cadre de l'exercice de sa future fonction.
26 Il s'agit d'un domaine transversal qui sera
traité dans plusieurs unités de formation (Plan de formation,
2001).
|
.4. Accomplir les tâches
d'évaluation des apprentissages, des
programmes et méthodes d'enseignement des institutions
scolaires et des projets éducatifs.
|
Domaine III
Recherche et Innovation
|
C3.1. Proposer des réponses
adaptées à des situations nouvelles. C3.2.
Conduire des recherches et des innovations en milieu éducatif.
C3.3. Évaluer la démarche et les
résultats d'un travail de recherche. C3.4. Participer
à l'élaboration des politiques éducatives
|
Domaine IV
Communication et partenariat
|
C4.1. Mener des actions d'échanges, de
communication et de mobilisation sociale en faveur de l'éducation.
C4.2. Évaluer l'impact des actions de
communication et de mobilisation sociales.
|
1' Les évaluations
L'évaluation intervient à trois niveaux dans cette
formation, à savoir : à l'entrée, pendant le cursus et
à terme (Plan de formation, 2001).
? A l'entrée l'accès à
la formation initiale des élèves-inspecteurs s'effectue par un
concours de recrutement avec comme condition de candidature le statut
professionnel de départ, l'âge, l'expérience
professionnelle, le niveau académique, l'aptitude physique et mentale,
la moralité (Plan de Formation, 2001).
Les épreuves d'admissibilité qui portent sur la
culture générale (scientifique, littéraire, artistique et
pédagogique) et sur des compétences pratiques sont
composées d'une dissertation (scientifique, littéraire,
artistique et pédagogique) et d'un commentaire de texte
(Plan de Formation, 2001).
L'admission définitive est déclarée
à la suite d'épreuves pratiques et orales au cours de laquelle
sont évaluées les connaissances pédagogiques et
institutionnelles et les compétences professionnelles du candidat.
Une note finale sera constituée par la somme des notes
pondérées obtenues respectivement aux épreuves
d'admissibilité et aux épreuves d'admission (Plan de Formation,
2001).
? En cours de formation, l'évaluation
en cours de formation se déroule selon le mode du contrôle continu
et repose sur des travaux écrits et des
productions orales dont les échéances peuvent
varier (Plan de Formation, 2001).
Il s'agit en fait de travaux à court terme (une semaine
à deux mois), de travaux à moyen terme (deux à six mois),
de travaux à long terme (plus de 6 mois) (Plan de Formation, 2001).
Les travaux, sous forme d' exposés, de devoirs à
rendre, de devoirs « sur table >> faits en classe selon la nature de
la discipline, respectent une typologie qui distingue les productions à
dominante «connaissance>>, les productions à dominante
«pratique>> et les productions complexes «de type
conception>> (Plan de Formation, 2001).
Cependant, ces travaux et productions effectuées soit
individuellement soit en sous-groupes, en temps limité ou non a pour
dominante le travail écrit individuel (Plan de
Formation, 2001).
? A terme, l'évaluation finale avec
certification concerne chaque module de formation.
La nature des épreuves (épreuves écrites,
orales, pratiques), leurs contenus, et leurs modalités d'applications,
seront définis pour chaque module, par les formateurs responsables (Plan
de Formation, 2001) et l'évaluation finale comporte un mémoire de
recherche à produire individuellement.
7. Analyse du dispositif de professionnalisation
En analysant toutes ces données, nous constatons de
manière résumée que la mise en oeuvre des objectifs de
formation s'appuie fondamentalement sur trois approches de travail
pédagogique qui peuvent être décrites comme suit :
- D'abord, une approche de travail pédagogique de type
transmissif à orientation normative où les formateurs proposent
essentiellement un enseignement traditionnel sous forme de cours magistraux, de
projections en Powerpoint (cours de psychologie, de sociologie de
l'éducation, de théorie des organisations, de mesure et
évaluation, management, etc.).
- Ensuite, une approche de travail pédagogique de type
incitatif, à orientation personnelle où les formateurs assurent
l'animation d'un groupe qui est le lieu d'exposition de thèmes, de
reformulation des problèmes, lieu de négociation et de
régulation dans lequel s'affrontent les opinions, les
sensibilités et les parcours etc. (cours de théorie de
l'éducation, de vie scolaire, d'animation pédagogique, de
législation etc.).
- Enfin une approche de travail pédagogique de type
pratique où les stagiaires sont envoyés en stage rural dans les
structures déconcentrées comme les IA et les IDEN afin qu'ils
s'habituent au métier d'inspection.
CHAPITRE III: CADRE METHODOLOGIQUE
Dans ce chapitre, il est décrit la nature et les
démarches inhérentes aux différentes étapes qui ont
jalonné ce travail, à savoir l'échantillon, le recueil des
données, la description des outils de recueil et de traitement des
données.
1. Approche méthodologique
La problématique de notre recherche se situe au niveau
des opinions et des attitudes, ce qui nécessite une exploration du
vécu de l'enquêté.
Cela justifie notre choix pour une recherche qualitative dont
la vocation est d'être exploratoire et caractérisée par une
évaluation en profondeur des opinions et attitudes des
élèves inspecteurs et inspecteurs du terrain.
De fait, elle est exécutée auprès d'un
échantillon réduit. Son avantage est surtout d'être souple
et flexible, permettant d'analyser des situations psychologiques et sociales
assez complexes.
2. Echantillonnage
Notre population est composée des élèves
inspecteurs de la première et deuxième année de la section
F2 (F2B1 et F2B2) et des inspecteurs servant sur le terrain.
L'échantillon visé est ainsi composé d'un
effectif total de 20 stagiaires répartis équitablement pour les
deux classes et 5 inspecteurs sur le terrain. Le choix porté sur les
stagiaires de F2B résulte du fait de la multiplicité des
expériences et de la diversité des profils surtout avec
l'arrivée des nouvelles recrus à partir du CREI direct et du CREI
sur titre comme le montre le tableau 3.
Les opinions et les expériences des inspecteurs sur le
terrain sont aussi importantes parce qu'elles nous permettent de
vérifier si nos hypothèses sont pertinentes en perspective de la
formation continue. En plus, ils ont déjà vécu la
formation initiale et vivent actuellement la formation continue. Par
conséquent, ils sont bien placés pour nous parler de leurs
expériences.
Tableau 3 : Description de
l'échantillon des stagiaires
|
Stagiaires Probatoire
|
Stagiaires CRIE direct
|
Stagiaires CRIE sur titre
|
F2B1
|
25
|
1
|
22
|
(2010-2011)
|
|
|
|
F2B2
|
29
|
3
|
28
|
(2010-2011)
|
|
|
|
Total
|
54
|
4
|
50
|
Le tableau 3 montre bien un nombre égal de stagiaires
provenant du probatoire et du CRIE (CRIE direct et CRIE sur titre).
Tableau 4 : Description de
l'échantillon des inspecteurs (terrain)
|
Inspecteurs Probatoire
|
|
Inspecteurs CRIE direct
|
Inspecteurs CRIE sur titre
|
Total
|
02
|
|
1
|
|
02
|
05
|
3. Instruments de recueil et de traitement des
données
La collecte des données est faite par le biais d'un
questionnaire divisé en deux parties. Il est administré à
20 stagiaires et à 05 inspecteurs sur le terrain. La première
partie porte sur les caractéristiques personnelles et institutionnelles
de la population. La deuxième partie, quant à elle, porte sur les
opinions de la population par rapport aux problématiques relatives aux
interactions entre stagiaires et dont les items portent sur les dispositifs
d'apprentissage, les interactions « adidactiques » entre stagiaires,
la motivation dans l'apprentissage, les résultats des interactions
« adidactiques » entre stagiaires.
o Choix de l'échelle des opinions et des
attitudes
L'opinion d'un individu est une variable complexe et
ambiguë. Ses manifestations extérieures à travers des
attitudes ne peuvent être mesurées qu'avec des instruments
spécifiques.
En sciences humaines, parmi les outils de mesure des attitudes
à disposition, l'échelle de Likert (du nom du psychologue
américain Likert) figure en bonne place du fait de sa relative
simplicité. C'est une échelle d'intervalles répandue dans
les questionnaires psychométriques qui mesure l'attitude d'un individu
auquel on demande d'exprimer l'intensité de son approbation ou de son
désaccord à l'égard d'un énoncé en
choisissant l'un des degrés de l'échelle qu'on lui
présente (oralement ou sur un support écrit). La personne
interrogée exprime son degré d'accord ou de désaccord
vis-à-vis d'une affirmation (l'énoncé). En plus, elle
offre plusieurs formes d'exploitation à savoir :
v' les calculs de fréquences,
v' les pourcentages ;
v' la réalisation de tableaux croisés et à
plat accolés...
L'échelle contient en général cinq ou sept
choix de réponse qui permettent de nuancer le degré d'accord :
1. Pas du tout d'accord
2. Pas d'accord
3. Ni en désaccord ni d'accord
4. D'accord
5. Tout à fait d'accord
Pour les échelles impaires, le niveau central permet de
n'exprimer aucun avis, tandis que les échelles paires (par exemple
à quatre modalités) sont dites « à choix forcé
».
Dans le cadre de ce travail, nous prendrons quatre
modalités (tout à fait d'accord / d'accord /pas
d'accord / pas du tout d'accord) et l'exploitation se fera
à partir des pourcentages.
o Mise au point de l'instrument
Élaboration des items
Pour mettre au point notre instrument, nous avons
procédé à la synthèse des opinions recueillies dans
l'exploitation d'un pré-questionnaire. En plus de cela, nous sommes
allé dans les chambres où les stagiaires se rencontrent et
discutent de tout, pour provoquer des débats qui révèlent
tout naturellement leurs différentes opinions sur l'importance des
interactions dans la formation. C'est à partir de toutes ces
données que nous avons pu constituer une première liste
d'items.
Le questionnaire-pilote
La qualité d'une recherche dépend sans doute de
celle de l'instrument de recueil de données. C'est pourquoi, dans un
premier temps, un questionnaire avec la liste des items pour les quatre
thèmes choisis et un questionnaire sociodémographique ont
été soumis à cinq camarades stagiaires parmi nos proches.
Ceci pour voir si notre instrument pouvait être opérationnel et
recueillir des commentaires et suggestions quant à la pertinence des
items. C'est en effet la prise en compte des différentes indications
fournies par notre échantillon-test qui nous a permis de constituer un
questionnaire final.
Structure du questionnaire
Notre questionnaire comme nous l'avons déjà
indiqué est divisé en deux
parties.
La première s'intéresse aux caractéristiques
personnelles et institutionnelles des individus.
o Sexe
o Année de naissance
o État-civil
o Diplômes obtenus
o Profession
o Grade dans la profession
o Expériences professionnelles
o Nombres d'années en formation (FASTEF)
La seconde partie quant à elle vise à recueillir
leurs opinions et attitudes concernant les quatre domaines qui nous
intéressent. Elle se compose de 46 items élaborés en
fonction de nos quatre thèmes d'étude des opinions. Chaque item
énonce une opinion traduisant une attitude favorable ou
défavorable. Pour chaque intitulé, l'individu exprime son
degré d'adhésion ou de rejet au moyen d'une échelle qui
comporte 4 modalités de réponse :
- tout à fait d'accord ;
- assez d'accord ;
- plutôt en désaccord ;
- tout à fait en désaccord.
o Dépouillement des données
Pour le traitement des données, le choix est
porté sur le logiciel Sphinx afin de mieux apprécier les
questions fermées à intervalles élaborées avec
l'échelle de Likert. L'avantage avec le logiciel Sphinx est de
résumer de façon claire et structurée les informations
collectées en vue d'une vérification des hypothèses qui
ont été formulées au départ.
La présentation des résultats se fera à
l'aide de tableaux à plat accolés récapitulant pour nos
deux principales thématiques les items qui ont fait l'objet de notre
enquête.
Ces résultats seront ensuite analysés et
interprétés selon les thématiques de
manière à faire ressortir les points importants. Nous terminerons
par une synthèse des résultats avant de les discuter.
CHAPITRE IV: PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION
DES RESULTATS
Rappelons les deux questions qui ont orienté notre
recherche :
a) Quels dispositifs de formation, la FASTEF a-t-elle mis en
place pour développer des activités collaboratives et
coopératives entre élèves inspecteurs en formation
initiale?
b) Quel est l'impact des activités collaboratives et
coopératives entre élèves inspecteurs en formation
initiale sur le développement de leurs compétences
professionnelles?
Les résultats devraient nous amener à
déterminer si dans les dispositifs de formation, des activités
collaboratives et coopératives favorisant des interactions entre
apprenants sont développées et à mesurer les effets de ces
interactions dans la formation, socialisation et professionnalisation des
élèves inspecteurs.
1. Présentation des résultats 1.1. Les
dispositifs de formation
Les données recueillies relatives aux dispositifs de
formation montrent (tableaux 5 et 6):
- les enseignements tels que déroulés en
formation se traduisent selon deux grands modèles : la première
avec une approche transmissive et la seconde avec une approche
socioconstructiviste qui favorise les interactions à travers des
activités collaboratives et coopératives ;
- les enseignements transmissifs ne favorisent pas les
activités collaboratives et coopératives ;
- les exposés et les travaux de groupe développent
la coopération et la collaboration dans le travail ;
- les opinions restent contrastées quant à
l'efficacité des dispositifs de formation.
Tableau 5 : Tableau à plat
accolé récapitulant les opinions des stagiaires concernant les
dispositifs d'apprentissage
|
Non réponse
|
TD
|
PD
|
AA
|
TA
|
TOTAL
|
LES MODELES D'ENSEIGNEM
|
0
|
0
|
1
|
7
|
12
|
20
|
LES MODELES D'ENSEIGNEM
|
0
|
4
|
0
|
8
|
8
|
20
|
LES EXPOSES
|
0
|
3
|
0
|
1
|
16
|
20
|
LES EXPOSES1
|
1
|
2
|
0
|
8
|
9
|
20
|
SATISFACTION DES DISPOS
|
0
|
1
|
8
|
9
|
2
|
20
|
Ensemble
|
1
|
10
|
9
|
33
|
47
|
100
|
o TA = TOUT A FAIT D'ACCORD avec cette affirmation.
o AA = ASSEZ D'ACCORD avec cette affirmation.
o PD = PLUTOT EN DESACCORD avec cette
affirmation.
o TD = TOUT A FAIT EN DESACCORD avec cette
affirmation.
Tableau 6 : Tableau à plat
accolé récapitulant les opinions des inspecteurs du terrain
concernant les dispositifs d'apprentissage
|
TD
|
PD
|
AA
|
TA
|
TOTAL
|
LES MODELES D'ENSEIGNEMEN
|
0
|
0
|
0
|
5
|
5
|
LES MODELES D'ENSEIGNEMEN
|
0
|
2
|
0
|
3
|
5
|
LES EXPOSES
|
0
|
0
|
0
|
5
|
5
|
LES EXPOSES1
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
SATISFACTION DES DISPOSITIF
|
S 1
|
1
|
3
|
0
|
5
|
Ensemble
|
1
|
3
|
4
|
17
|
25
|
1.2. L'impact des activités collaboratives et
coopératives sur le développement professionnel des
élèves inspecteurs
L'échelle relative à l'impact des
activités collaboratives et coopératives dans le
développement professionnel des élèves inspecteurs laisse
apparaître les données suivantes comme le montrent les tableaux 7
et 8 :
- les activités collaboratives et coopératives
favorisent fortement les interactions entre stagiaires ;
- en classe les stagiaires n'interagissent pas suffisamment ;
- les activités coopératives et collaboratives
devraient être renforcées hors des cadres institutionnels de
formation ;
- les stagiaires se sentent mieux quand ils interagissent hors
des cadres institutionnels de formation ;
- ce type d'interaction (interactions « adidactiques »)
déstabilise leurs certitudes sur certaines questions qu'ils pensaient
maîtriser ;
- ces interactions stimulent leur motivation à apprendre
;
- les interactions issues des activités collaboratives
et coopératives comme les travaux de groupe, préparation des
exposés, exposés, débats, controverses, etc. sont
bénéfiques pour la formation des stagiaires ;
- les interactions « adidactiques » règlent
beaucoup de questions incomprises en classe ;
- elles favorisent le développement de plusieurs
compétences comme : la structuration des idées, l'aptitude
à communiquer, à analyser, à synthétiser, à
problématiser, à travailler en équipe ;
- elles développent la confiance en soi ;
- elles permettent le développement de relations
interpersonnelles positives ; - elles permettent d'éluder certains
facteurs d'inhibition.
Tableau 7 : Tableau à plat
accolé récapitulant les opinions des stagiaires concernant
l'impact des activités collaboratives et coopératives dans le
développement professionnel des stagiaires.
|
Non réponse
|
TD
|
PD
|
AA
|
TA
|
TOTAL
|
IMPACT DES ACTIVITES COLLABORATIVES1
|
0
|
0
|
3
|
3
|
14
|
20
|
INTERACTIONS "DIDACTIQUES"
|
0
|
2
|
5
|
10
|
3
|
20
|
LES FACTEURS INHIBITEURS
|
0
|
0
|
3
|
7
|
10
|
20
|
LES INTERACTIONS "ADIDACTIQUES"
|
0
|
0
|
1
|
6
|
13
|
20
|
RESULTATS DES INTERACTIONS"ADIDACTI
|
Q 0
|
0
|
2
|
5
|
13
|
20
|
DESTABILSATION COGNITIVE
|
1
|
2
|
6
|
5
|
6
|
20
|
ENVIE D'APPRENDRE
|
1
|
0
|
4
|
6
|
9
|
20
|
STIMULATION DE LA MOTIVATION
|
1
|
0
|
1
|
9
|
9
|
20
|
RESULTAT DES INTERACTIONS "ADIDACTIQ
|
0
|
1
|
0
|
10
|
9
|
20
|
RESULTAT DES INTERACTIONS"ADIDACTIQ
|
0
|
0
|
0
|
6
|
14
|
20
|
FAVORISER LES INTERACTIONS"ADIDACTIQ
|
0
|
0
|
0
|
5
|
15
|
20
|
LES INTERACTIONS"ADIDACTIQUES" STIMU
|
0
|
0
|
1
|
9
|
10
|
20
|
LES INTERACTIONS"ADIDACTIQUES" STIMU
|
0
|
0
|
0
|
9
|
11
|
20
|
LES INTERACTIONS MOTIVENT
|
0
|
1
|
0
|
11
|
8
|
20
|
LES INTERACTIONS"ADIDACTIQUES" MOTIV
|
0
|
0
|
1
|
11
|
8
|
20
|
DESTABILISATION COGNITIVE
|
0
|
0
|
5
|
6
|
9
|
20
|
MOTIVATION FORTE
|
0
|
1
|
5
|
8
|
6
|
20
|
ENVIE D'APPRENDRE1
|
0
|
0
|
2
|
8
|
10
|
20
|
APTITUDE A COMMUNIQUER
|
1
|
0
|
0
|
8
|
11
|
20
|
APTITUDE A ANALYSER
|
0
|
0
|
0
|
11
|
9
|
20
|
APTITUDE A SYNTHETISER
|
0
|
0
|
2
|
10
|
8
|
20
|
APTITUDE A PROBLEMATISER
|
1
|
1
|
1
|
10
|
7
|
20
|
APTITUDE A TRAVAILLER EN EQUIPE
|
0
|
2
|
1
|
5
|
12
|
20
|
RELATIONS INTERPERSONNELLES POSITIV
|
0
|
0
|
0
|
12
|
8
|
20
|
CONFIANCE EN SOI
|
0
|
0
|
2
|
7
|
11
|
20
|
L'INHIBITION
|
0
|
0
|
1
|
6
|
13
|
20
|
Ensemble
|
5
|
10
|
46
|
203
|
256
|
520
|
o TA = TOUT A FAIT D'ACCORD avec cette affirmation.
o AA = ASSEZ D'ACCORD avec cette affirmation.
o PD = PLUTOT EN DESACCORD avec cette
affirmation.
o TD = TOUT A FAIT EN DESACCORD avec cette
affirmation.
Tableau 8 : Tableau à plat
accolé récapitulant les opinions des inspecteurs du terrain
concernant l'impact des activités collaboratives et coopératives
dans le développement professionnel des stagiaires.
|
Non réponse
|
TD
|
PD
|
AA
|
TA
|
TOTAL
|
IMPACT DES ACTIVITES COLLABORATIVES1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
5
|
INTERACTIONS "DIDACTIQUES"
|
0
|
0
|
1
|
2
|
2
|
5
|
LES FACTEURS INHIBITEURS
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
LES INTERACTIONS "ADIDACTIQUES"
|
1
|
0
|
0
|
2
|
2
|
5
|
RESULTATS DES INTERACTIONS"ADIDACTIQ
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
5
|
DESTABILSATION COGNITIVE
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3
|
5
|
ENVIE D'APPRENDRE
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3
|
5
|
STIMULATION DE LA MOTIVATION
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3
|
5
|
RESULTAT DES INTERACTIONS "ADIDACTIQ
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
RESULTAT DES INTERACTIONS"ADIDACTIQU
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
5
|
FAVORISER LES INTERACTIONS"ADIDACTIQ
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
LES INTERACTIONS"ADIDACTIQUES" MOTIVE
|
0
|
0
|
1
|
0
|
4
|
5
|
LES INTERACTIONS"ADIDACTIQUES" STIMUL
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
LES INTERACTIONS MOTIVENT
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
LES INTERACTIONS"ADIDACTIQUES" MOTIVE
|
0
|
0
|
1
|
0
|
4
|
5
|
DESTABILISATION COGNITIVE
|
0
|
0
|
0
|
2
|
3
|
5
|
MOTIVATION FORTE
|
0
|
0
|
2
|
2
|
1
|
5
|
ENVIE D'APPRENDRE1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
APTITUDE A COMMUNIQUER
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
APTITUDE A ANALYSER
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
APTITUDE A SYNTHETISER
|
0
|
0
|
1
|
1
|
3
|
5
|
APTITUDE A PROBLEMATISER
|
0
|
0
|
0
|
2
|
3
|
5
|
APTITUDE A TRAVAILLER EN EQUIPE
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
RELATIONS INTERPERSONNELLES POSITIVE
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
CONFIANCE EN SOI
|
0
|
0
|
0
|
2
|
3
|
5
|
L'INHIBITION
|
0
|
0
|
0
|
1
|
4
|
5
|
Ensemble
|
1
|
0
|
9
|
27
|
93
|
130
|
o TA = TOUT A FAIT D'ACCORD avec cette affirmation.
o AA = ASSEZ D'ACCORD avec cette affirmation.
o PD = PLUTOT EN DESACCORD avec cette
affirmation.
o TD = TOUT A FAIT EN DESACCORD avec cette
affirmation.
2. Analyse et interprétation des résultats
2.1. Les dispositifs de formation
L'échelle consacrée aux dispositifs de formation
reflète de manière générale des opinions quasi
identiques chez les stagiaires en formation et les inspecteurs en fonction sur
le terrain.
Les résultats enregistrés traduisent plusieurs
approches pédagogiques ou modèles d'enseignement à travers
les dispositifs de formation (tableaux 5 et 6).
Qu'il s'agisse d'approches transmissives ou
socioconstructivistes, les opinions restent contrastées quant à
leur appréciation. Sur les 25 réponses en moyenne, 14 manifestent
leur satisfaction par rapport aux dispositifs de formation (56%) tandis que 11
manifestent une attitude négative soit un pourcentage de 44%.
Concernant l'efficacité des dispositifs
d'apprentissage, les opinions restent partagées sur l'échantillon
interrogé aussi bien pour les stagiaires que pour les inspecteurs du
terrain. En effet, 53% des stagiaires et 50% des inspecteurs du terrain
montrent une considération positive pour les dispositifs de formation.
Ce qui signifie par ailleurs que 47% des stagiaires et 50% des inspecteurs
restent convaincus de la non pertinence des dispositifs d'apprentissage en
formation initiale.
Si les avis de notre échantillon sont partagés
en ce qui concerne les dispositifs de formation, c'est parce que certains
manifestent toujours un grand intérêt pour les cours transmissifs
au moment où d'autres préfèrent les activités
collaboratives.
Ces préférences quant au choix des approches
pédagogiques font écho à la différence qui peut
exister entre les stagiaires dans leur manière variée
d'apprendre, de percevoir, de traiter les informations. Autrement dit, chacun a
ses styles préférentiels lorsqu'ils se trouvent confrontés
à des situations.
2.2. L'impact des activités collaboratives et
coopératives sur le développement professionnel des
élèves inspecteurs
L'analyse des résultats montre une perception positive
des stagiaires et inspecteurs du terrain sur les activités
d'apprentissage qui génèrent la coopération et la
collaboration dans le travail comme les exposés. Toutes les
activités collaboratives et coopératives qui se déroulent
dans les cadres institutionnels de formation et instituées par les
dispositifs de formation reflètent une attitude favorable chez presque
90% de stagiaires et 100% d'inspecteurs du terrain.
En effet, pour des adultes en formation, les
expériences leur permettent d'ancrer les nouveaux savoirs
proposés et de les mettre en perspective ; ce qui facilite plus leur
compréhension. Ils préfèrent ainsi des méthodes
pédagogiques qui suscitent les discussions de groupe, les débats,
donc toute interaction qui permet le recours explicite à
l'expérience acquise auparavant.
Cependant, l'enquête a aussi fait ressortir le
caractère insuffisant des interactions lors des situations «
didactiques ». Ils manifestent plutôt une attitude favorable pour
les interactions qui se déroulent en dehors des cadres institutionnels
de formation (95% des stagiaires et 100 % des inspecteurs du terrain).
L'analyse des données obtenues révèle un
sentiment très positif à l'égard des résultats
produits. Cette interprétation s'appuie sur le fait que les stagiaires
et les inspecteurs du terrain adhèrent fortement à l'idée
que l'exploitation de ces interactions issues du travail coopératif et
collaboratif génère de manière globale des effets
qualitatifs dans les enseignements-apprentissages surtout lorsqu'elles naissent
des débats, des controverses, des exposés et travaux de groupe
(100% des stagiaires et 100% des inspecteurs du terrain).
Grâce à la coopération et la collaboration au
cours des activités, les interactions ont participé au
développement de plusieurs habiletés comme:
- la structuration des idées (100% des stagiaires et 100%
des inspecteurs du terrain) ;
- des compétences en communication (100% des stagiaires et
100% des inspecteurs du terrain) ;
- des aptitudes à analyser (100% des stagiaires et 100%
des inspecteurs du terrain) ;
- la capacité à synthétiser (90% des
stagiaires et 75% des inspecteurs du terrain) ;
- l'aptitude à problématiser (89,4% des stagiaires
et 100% des inspecteurs du terrain) ;
- l'aptitude à travailler en équipe (85% des
stagiaires et 100% des inspecteurs du terrain) etc.
Les avantages que nos participants prétendent tirer des
interactions lors des travaux collaboratifs et coopératifs ne sont pas
surprenants. En effet, Aylwin (1994) démontre que l'apprentissage en
groupe peut considérablement augmenter la motivation des apprenants tout
en ayant des corollaires cognitifs et socio-affectifs positifs.
3. Synthèse des résultats
En prenant les deux principales thématiques ayant trait
à nos questions et objectifs de recherche, les résultats mettent
en évidence une attitude claire d'acceptation et d'accord sur
l'importance à renforcer les activités collaboratives et
coopératives dans les dispositifs de formation, mais aussi toute la
pertinence des interactions « adidactiques » qui non seulement
stimulent la motivation des stagiaires à apprendre mais favorisent
implicitement le développement de compétences professionnelles et
de relations interpersonnelles positives.
L'échelle des « dispositifs d'apprentissage »
fournit cependant, pour sa part, des résultats contrastés quant
à la satisfaction des stagiaires pour les dispositifs de formation.
Malgré le fait qu'ils sont tous d'accord sur la
nécessité de renforcer les cours interactifs, source
d'interactions, ils n'acceptent pas non plus qu'on minimise les cours
transmissifs (voir figure 2 et 3).
TD PD AA TA
3
Figure 2 : Opinions des inspecteurs sur les cours
transmissifs à minimiser dans les dispositifs de formation
6
|
6
|
|
|
|
|
|
6
|
|
|
1
|
0
|
|
|
|
|
5
|
|
|
|
2
|
|
Non réponse
|
TD
|
PD
|
AA
|
TA
|
Figure 3 : Opinions des stagiaires sur les cours
transmissifs à minimiser dans les dispositifs de formation
Enfin, les données recueillies de l'ensemble de nos
échelles nous autorisent à retenir qu'une analyse de tous les
items laisse supposer que ce nouveau modèle de la « stivation
» convient bien aux élèves-inspecteurs en formation initiale
comme le montre le tableau 9.
Pour rappel, nous avions comme variables :
Variables explicatives :
· les interactions entre stagiaires hors des cadres
institutionnels de formation
· la motivation dans l'apprentissage
Variables expliquées :
· les compétences professionnelles
· les relations interpersonnelles positives
L'interaction faite entre les deux variables explicatives avait
ressorti que :
- la motivation des stagiaires est stimulée avec les
interactions « adidactiques27»;
- les stagiaires qui interagissent entre eux hors des lieux
institutionnels de formation sont très motivés ;
- les stagiaires motivés par les interactions «
adidactiques » développent des compétences
professionnelles.
Tableau 9 : Pourcentage d'accord moyen
sur les cinq facteurs du modèle de la « stivation »
ECHELLES
|
Interactions «adidactiques »
|
Stimulation
|
Motivation
|
Compétences professionnelles
|
Relations interpersonnelles positives
|
STAGIAIRES
|
AA : 25% TA : 75%
|
AA :
47,4%
TA :
47,4%
|
AA : 45% TA : 50 %
|
AA : 25% TA : 65%
|
AA : 60% TA : 40%
|
INSPECTURS
|
AA : 25% TA : 75%
|
AA : 25% TA : 50%
|
AA : 25% TA : 75%
|
AA : 00% TA : 100 %
|
AA : 25% TA : 75%
|
|
Si l'on calcule le taux d'accord moyen sur l'ensemble des 5
items prenant en charge les variables explicatives et expliquées,
celui-ci est de 95,96 % pour les stagiaires, et de 95 % pour les inspecteurs du
terrain.
27 Nous appelons ici interactions « adidactiques
» celles qui se déroulent hors de lieux institutionnels de
formation.
4. Discussion des résultats
De nos résultats, nous pouvons tirer beaucoup
d'enseignements. D'abord, il reste évident que les dispositifs
d'apprentissage ne font pas l'unanimité quant à leur
efficacité même si certains en ont une perception pas tout
à fait négative. Si l'un des enjeux majeurs pour une formation
réussie se trouve dans le modèle pédagogique
adopté, il serait intéressant à notre avis, de repenser
ceux qui sont de mise en formation initiale des inspecteurs. Les deux
modèles les plus visibles relèvent des pratiques d'enseignement
magistral avec le cours et les explications du formateur d'une part, et d'autre
part, des pratiques permettant aux stagiaires de construire leurs savoirs et
leurs compétences en agissant dans des situations porteuses de sens. Le
plan de formation, quoique pertinent, exige un type de formateurs conscients de
toute la difficulté à former de futurs cadres dont les
expériences aussi riches que variées ne peuvent plus être
mises sous le boisseau.
Chez les stagiaires, les opinions sont partagées par
rapport aux modèles pédagogiques à adopter. Cela traduit
l'orientation à une dynamique de complémentarité possible
entre les deux conceptions. En effet, il est difficile de dévier
certains formateurs de leurs choix car chacun sait ce qui motive son choix,
consciemment ou inconsciemment.
Une chose demeure : certaine un bon dispositif de formation
renvoie à une vision globale, à une approche «
système » et ne peut bien se traiter qu'en respectant certaines
conditions préalables, à savoir la prise en compte des dimensions
pédagogiques, sociologiques et organisationnelles.
Entre autres enseignements, les résultats montrent que
les stagiaires sont plus motivés pour les cours interactifs. Même
s'il reste vrai que dans la formation, le cours magistral trouve quelques
adeptes, nous pensons qu'il faut surtout éviter le risque qu'il
génère des façons de faire chez le formateur qui induisent
des réactions de rejet de la part des stagiaires.
Ainsi le formateur doit-il mesurer l'impact de la relation
pédagogique qu'il établit avec les apprenants et les
méthodes pédagogiques qu'il choisit pour dérouler son plan
de cours. Il n'a pas affaire à un enfant mais à un adulte qui a
des motivations très ciblées et très pragmatiques. Ne pas
en tenir compte signifierait échouer à l'avance toute tentative
de formation.
Les résultats ont aussi fait apparaître que
l'échange social est un déclencheur de l'apprentissage. Ces
échanges ou plus précisément interactions sont
jugés insuffisants par les stagiaires dans les cadres institutionnels de
formation. C'est pourquoi, hors des cadres institutionnels la motivation
à interagir s'est accrue.
Nous sommes convaincu que si les stagiaires s'investissent
dans ce nouveau type d'apprentissage non formalisé, c'est parce qu'ils
en perçoivent la valeur ajoutée en termes des compétences
professionnelles.
Les sentiments anxiogènes qui les habitent en situation
d'apprentissage les empêchant de se déployer convenablement
résultent de la distance pédagogique qu'ils perçoivent
entre eux et les formateurs.
Les formateurs doivent en effet analyser plus finement la
spécificité de la formation des inspecteurs afin d'adapter les
postures et les méthodes pédagogiques à ce type
d'apprenant. Du fait des parcours différents des stagiaires, il se forme
en réalité des groupes hétérogènes avec des
savoirs et des expériences divers. Dès lors, leur apprentissage
s'appuie sur des réalités concrètes qui demandent de la
part des formateurs l'établissement d'un climat de confiance au sein
d'eux.
L'attitude positive des stagiaires envers les interactions
« adidactiques » doit inspirer les formateurs à faire des
interactions et des échanges de pratiques, les points forts de la
formation.
CHAPITRE V : CONCLUSION
Cette étude effectuée durant l'année
scolaire 2010/2011 entre dans le cadre du dossier de recherche des
élèves inspecteurs en fin de formation. Son but était de
déterminer les opinions et attitudes des stagiaires envers les
interactions sociales qu'ils vivent entre eux, dans et hors des cadres
institutionnels de formation à travers les activités
collaboratives et coopératives.
A cet effet, un questionnaire élaboré sur la
base de l'échelle de Likert a été administré
à un échantillon de 20 stagiaires pour la section F2B et 5
inspecteurs déjà en service.
Rappelons brièvement les questions qui ont orienté
au départ la recherche :
Q1 : Quels dispositifs de formation, la
FASTEF a-t-elle mis en place pour développer des activités
collaboratives et coopératives entre élèves inspecteurs en
formation initiale?
Q2 : Quel est l'impact des activités
collaboratives et coopératives de formation entre élèves
inspecteurs en formation initiale sur le développement de leurs
compétences professionnelles?
1. Éléments de réponses
Q1 : Quels dispositifs de formation, la
FASTEF a-t-elle mis en place pour développer des activités
collaboratives et coopératives entre élèves inspecteurs en
formation initiale?
L'analyse des réponses obtenues nous a permis de
constater que les dispositifs de formation initiale respectaient deux logiques
principalement :
- une première logique transmissive à
orientation normative où les formateurs proposent essentiellement un
enseignement traditionnel sous forme de cours magistral ou frontal.
- ensuite une seconde logique socioconstructiviste, à
orientation personnelle où les formateurs assurent l'animation d'un
groupe à travers des exposés de
thèmes, de reformulation des problèmes, lieu de
négociation et de régulation
dans lequel s'affrontent les opinions, les sensibilités
et les parcours, etc.
Néanmoins, nous avons relevé que nos deux
échantillons ont une opinion contrastée à l'égard
de ces dispositifs en ce qui concerne surtout son efficacité. Cependant,
ils ont eu une attitude significativement positive par rapport aux
activités collaboratives et coopératives.
Les cours transmissifs malgré les critiques qui leur sont
proférées gardent, selon eux, une cote d'opinions plutôt
acceptable.
Q2 : Quel est l'impact des activités
collaboratives et coopératives de formation entre élèves
inspecteurs en formation initiale sur le développement de leurs
compétences professionnelles?
Le recensement et l'interprétation des opinions
à partir des items ayant trait aux activités collaboratives et
coopératives ont fait resurgir que ces activités
considérées comme mère des interactions sociales en
formation initiale ont déteint positivement sur la qualité des
apprentissages. Plus de 95% de nos deux échantillons disent avoir
développé grâce aux interactions des compétences en
communication et des aptitudes à analyser, à synthétiser,
à travailler en équipe, etc.
Et les interactions les plus fécondes sont celles qui
se sont déroulées en dehors des cadres institutionnels de
formation. Nos échantillons ont montré une attitude très
positive au sujet de ces interactions que nous avons qualifiées
d'<< adidactiques ».
Les stagiaires dans leur grande majorité avouent avoir
appris au cours de leurs confrontations et négociations à se
décentrer, à justifier et argumenter leur position, à
communiquer de façon claire. De plus, les résultats ont aussi
révélé que ces interactions << adidactiques »
provoquent une déstabilisation cognitive qui stimule les stagiaires
à aller à la recherche des réponses à leurs
questionnements. Cette situation a accru la motivation des apprenants à
se frotter régulièrement aux connaissances, produisant un effet
profond sur la qualité des apprentissages,
participant à l'installation de certaines
compétences et contribuant enfin au développement de relations
interpersonnelles positives.
Au demeurant, la lecture des différentes opinions
émises par les stagiaires et inspecteurs du terrain semble confirmer
toute nos deux hypothèses de recherche qui stipulaient que :
? les interactions entre stagiaires en dehors des cadres
institutionnels de formation contribuent aussi, sinon davantage à
l'installation de certaines habiletés et compétences
professionnelles.
? les interactions nées de la coopération et de
la collaboration entre stagiaires stimulent leur motivation dans
l'apprentissage et favorisent des relations interpersonnelles positives.
2. Apports et limites de la recherche
Nous ne pouvons garantir si cette étude sera
exploitée par les instances de décision de la FASTEF pour une
évolution des dispositifs et des pratiques de formation. Cependant, nous
restons enthousiaste car la réalisation de cette recherche est
parée d'enseignements dont certains ont eu déjà des
conséquences qualitatives sur notre formation et l'auront aussi sur
notre pratique professionnelle. Ce travail nous a permis d'aborder plusieurs
champs théoriques tels que la psychologie sociale, la psychologie
génétique, la psychologie cognitive ou encore la psychologie
différentielle.
En outre, la revue de la littérature a mis en
évidence le caractère novateur de cette recherche qui
malgré son ancrage dans le modèle socioconstructiviste tient sa
particularité et son intérêt par le fait qu'elle
reflète toute l'importance des interactions sociales dans la
professionnalisation de futurs cadres comme les inspecteurs de
l'éducation, lorsqu'ils vivent de manière spontanée des
situations de controverses et de débats hors des cadres institutionnels
de formation.
Aussi la proposition d'un modèle prédictif
« la stivation » dont les résultats de notre recherche
semblent valider pourrait être une stratégie efficace à
adopter dans
le cadre de la formation des inspecteurs de
l'éducation mais aussi et surtout, dans toute formation
professionnalisante d'adultes. Elle pourrait constituer un levier sûr
à activer pour une redéfinition des dispositifs d'apprentissage
qui favorisent d'autres formes de constructions de compétences lors des
formations.
Cette étude est largement tributaire de divers
éléments qui peuvent relever de la subjectivité et dont
l'influence sur les résultats nous invite à en cerner les
limites.
D'abord la procédure de recueil de données
à savoir le questionnaire ne nous permet pas de déterminer si les
réponses recueillies traduisent effectivement les opinions des
stagiaires en dépit des précautions prises (anonymat, items,
pré questionnaire, questionnaire pilote).
Par ailleurs, la taille modeste de l'échantillon (20
stagiaires) et (5 inspecteurs du terrain), pour des résultats qui
doivent être répliqués sur une population plus large, et la
courte durée de l'enquête peuvent être des facteurs agissant
sur les opinions recueillies. Ajoutons aussi que les contraintes de taille
d'échantillon empêchent notamment l'utilisation de
démarches statistiques plus sophistiquées et plus fiables.
Enfin, le choix de nous intéresser exclusivement aux
stagiaires du département F2B de la FASTEF laissant en rade les
stagiaires de la section probatoire nous invite à être prudent
quant à l'extension de nos interprétations et nos conclusions
à l'ensemble des stagiaires de la section F2.
3. Perspectives de la recherche
Les apports et les constats établis par cette
recherche nous poussent à proposer quelques axes d'action visant
à répondre aux problématiques qu'ils soulèvent et
envisager de nouvelles investigations en vue d'étendre la
réflexion.
Concernant les cours transmissifs, l'une des versions
inefficaces serait pour le formateur de communiquer trop d'informations et que
son exposé transpose directement un contenu écrit sans adaptation
aux circonstances et sans une forte implication des personnes qui y sont
engagées.
La version efficace demande au formateur de faire son
exposé en l'adaptant aux circonstances et en le concrétisant avec
des exemples en lien avec les centres d'intérêt des stagiaires
pour déclencher leur motivation.
Une autre action serait d'opter carrément pour des
exposés interactifs. En effet, les activités interactives de
manière générale selon McCarthy et Anderson (2000) et
Prégent et al. (2009) maximisent la participation, renforcent la
motivation et suscitent l'intérêt pour la matière,
développent la pensée critique, et peuvent encourager les
stagiaires à approfondir les connaissances enseignées.
En nous inspirant aussi des travaux de McKeachie et Svinicki
(2006), nous estimons que l'exposé interactif renverra aux
expériences et connaissances antérieures auxquelles font appel
les stagiaires quand ils réfléchissent au contenu du cours
pendant qu'ils interagissent avec le formateur.
Le formateur devra en effet envisager des méthodes qui
permettront d'aller au-delà de la simple transmission d'un savoir en
animant des échanges et en sollicitant la participation active des
stagiaires. Ainsi, la motivation des stagiaires deviendrait plus grande, et ils
seront plus disposés à investir de l'énergie pour
apprendre.
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