La cooperation commerciale entre la Chine populaire et le Tchad: enjeux et perspectives( Télécharger le fichier original )par Deli laika Kalchekbe Innocent Université de Yaoundé II - DESS en politique et négociations commerciales multilaterales 2010 |
DEUXIEME PARTIE :IMACTS ET PERSPECTIVES DE LA COOPÉRATION DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DU TCHADLa précédente partie nous a permis de passer en revue le mode d'insertion traditionnelle du Tchad dans le commerce internationale et ses limites. Afin de lever les équivoques sur les différentes hypothèses formulées, les développements qui vont suivre seront principalement axés sur la présentation de l'ensemble de coopération commerciale Sino-tchadienne. Enfin, s'en suivra la présentation des impacts de la coopération Sino-tchadienne sur le développement économiques. En clair, la présente et dernière partie est constituée de deux grands ensembles. Le premier sera axé sur les opportunités offertes par la coopération commerciale Sino-tchadienne (chapitre III). Le second sera consacré à l'impact de la coopération chinoise sur le développement économique du Tchad et ses perspectives (chapitre IV). CHAPITRE III :OPPORTUNITÉS OFFERTES PAR LA COOPÉRATION COMMERCIALE ENTRE LA CHINE ET LE TCHADPour soutenir la croissance quasi- exponentielle de son économie qui est boulimique en matières premières, la Chine a besoin de l'Afrique. C'est dans la même logique que le Tchad est devenu un pays stratégique pour la Chine. Dans ce chapitre, il est nécessaire et même profitable de présenter les gains potentiels pour le Tchad dans sa coopération avec la Chine d'une part et d'autre part les expériences de la coopération chinoise vécues par les autres pays africains. SECTION I : GAINS POTENTIELS POUR LE TCHAD DANS LA COOPERATION AVEC LA CHINEAfin de mieux cerner les gains potentiels que tire le Tchad dans sa coopération avec la Chine, il est important pour nous de faire ressortir les fondements de cette coopération (A) et les différents gains potentiels auquel elle peut bénéficier (B). A- FONDEMENTS DE LA COOPÉRATION SINO-TCHADIENNEIl est question ici de présenter d'abord les principes fondamentaux de la coopération sino-tchadienne et ensuite les différents axes de la coopération Sino-tchadienne. 1- Principes fondamentaux de la coopération Sino-tchadienneDepuis 1953, la Chine fonde ses relations extérieures sur cinq principes qualifiés de « principes de la coexistence pacifique »10(*) qui sont le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, la non agression mutuelle, la non ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, l'égalité et la réciprocité des avantages et la coexistence pacifique. Parmi ces principes, il ressort que trois (3) sont les plus fréquemment évoqués dans les relations sino-tchadiennes : il s'agit notamment des principes de la non ingérence ; le respect mutuel de la souveraineté ainsi que le principe de l'égalité et des avantages réciproques. Ce qui caractérise la coopération sino-tchadienne et la distingue des autres axes de coopération, est la non intervention dans les affaires intérieures des Etats. La Chine n'a jamais tenté d'imposer sa vision politique, sociale ou idéologique, contrairement aux pays occidentaux qui posent de multiples conditions dont entre autres, la bonne gouvernance et la démocratie depuis la disparition du bloc de l'Est. Pour Jiang Zemin, ex-Président de la RPC « aucun pays n'a le droit d'imposer aux autres son système social et son idéologie et encore moins, de les accuser à tord et à travers pour ce qui est de leurs affaires intérieures »11(*).
Dans ses relations avec le Tchad, la Chine respecte la particularité de chaque pays, les aidants à aller vers le développement sans pour autant leur indiquer ou leur imposer une voie à suivre. Elle laisse ainsi à ses partenaires la liberté de définir leurs priorités en fonction de leurs besoins et de leurs réalités sociales12(*). Elle s'est toujours opposée, dans les arènes multilatérales, à toute forme d'ingérence dans les affaires intérieures des pays pauvres. Pour la Chine, la souveraineté est sacrée et elle n'hésite pas à placer son respect comme l'un des paradigmes dominants de son rapport avec le Tchad. Les principes de la souveraineté et de la non ingérence sont le prolongement d'un autre principe, celui de l'égalité et des avantages réciproques. Le respect de ce principe d'égalité par la Chine dans ses rapports avec le Tchad, tranche avec l'orthodoxie habituelle des relations internationales. Pour la Chine « le nouvel ordre politique et économique international doit garantir aux divers pays le droit de participer, sur un pied d'égalité, aux affaires internationales »13(*). Le respect par la Chine du principe d'égalité dans sa coopération avec le Tchad donne à celui-ci le sentiment que la Chine est beaucoup plus sincère. En effet, la Chine s'inscrit dans une approche `'gagnant gagnant'' ou `'win-win'' qui permet d'escompter des avantages mutuels et réciproques. Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine publié par le Gouvernement chinois au mois de Janvier 2006 le précise. Cette approche favorise le développement rapide de la coopération sino-africaine. Ainsi, « La Chine oeuvre à établir et à développer un nouveau type de partenariat stratégique avec l'Afrique, marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique ». * 10 Il faut signaler que ces principes ont été exprimés pour la première fois par Chou En-lai, alors Premier Ministre de la RPC, lorsqu'il recevait une délégation indienne. Il les a réitérés deux ans plus tard à la conférence de Bandoeng * 11 Allocution prononcée à la cérémonie d'ouverture du forum sur la coopération sino-africaine à Beijing, le 10 Octobre 2000. * 12 La non ingérence et l'absence de conditionnalité de l'aide chinoise sont souvent décriées par la communauté internationale et surtout par les pays occidentaux, comme une prime ou un encouragement de la mal gouvernance en Afrique. Cependant, il est permis de se demander si la `'démocratisation à pas forcé'' et l'imposition d'un modèle stéréotypé de gouvernance occidentale à l'Afrique, n'est pas pour quelque chose dans la déstructuration des sociétés africaines. Les conditionnalités de l'aide publique au développement (APD) occidentale ne sont-elles pas un moyen pour l'Europe d'avoir à sa merci les dirigeants des pays africains ? * 13 Allocution du Président Jiang Zemin, Op.Cit |
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