Conclusion
L'année 2006 est L'occasion de démontrer
L'effervescence cuLtureLLe de La France, notamment en matière de
festivaLs, qui se tiennent en quantité importante sur L'ensembLe de son
territoire. L'estimation de Leur nombre, fixé à deux miLLe en mai
2005 par Renaud Donnedieu de Vabres558, traduit un
déveLoppement considérabLe, quant à Leur diversité
et à Leur impLantation géographique. IL démontre
égaLement un engouement de La forme festivaLière pour un grand
nombre d'individus ou de coLLectivités, attirés à La fois
par son aspect événementieL et cuLtureL. Cependant, cette
augmentation exponentieLLe du nombre de festivaLs en France depuis Les
années quatrevingt, souLigne de possibLes dérives, dans
L'utiLisation de L'outiL festivaL, tant par ses créateurs que ses
partenaires pubLics. Dérives qui traduisent paradoxaLement L'apport
coLossaL que ces événements ont su générés
en termes de retombées sur Le déveLoppement LocaL.
ParaLLèLement, en se muLtipLiant, Les festivaLs augmentent
considérabLement L'offre cuLtureLLe des territoires et participent
activement à La diffusion de L'ensembLe des formes artistiques, dans une
démarche de démocratisation cuLtureLLe. Un éLément
qui profite non seuLement à un pubLic en constante augmentation,
séduit par cette formuLe généraLement associée
à La saison estivaLe, aux artistes qui y trouvent une muLtipLication de
Leurs moyens de diffusion, et enfin aux communes d'accueiL, qui profite
Légitimement d'une notoriété favorisée par
L'impLantation de L'événement.
Comment quaLifier Les manifestations qui portent Le titre de
festivaL mais dont Le contenu n'est en rien artistique ou cuLtureL ? Le
débat sur L'utiLisation abusive et détournée du terme de
festivaL prend-t-iL ici Légitimement sa pLace ? IL sembLe qu'iL Le soit
pour un certain nombre de professionneLs du miLieu, qui attachent des vaLeurs
particuLières au champ cuLtureL, mais dans La majorité des cas,
Les différentes questions souLevées ici sembLent interpeLLer
L'auditoire et méritent certainement d'être
déveLoppées et justifiées pour susciter
L'intérêt. ELLes sembLent atteindre pLus directement Les
différents
558 DONNEDIEU de VABRES (Renaud), in discours prononcé au
88e Congrès de L'Association des Maires de France, Le 23 novembre 2005,
page 1.
acteurs du miLieu festivaLier et non son pubLic. En effet, vu de
L'extérieur, iL n'y a rien de négatif à voir se muLtipLier
Le nombre de festivaLs en France.
Ce qui sembLe ici évident est L'évoLution
conséquente des festivaLs vers une situation de précarité,
face à des subventions pubLiques qui stagnent, des partenaires
privés de pLus en pLus difficiLe à séduire et Le
mécénat qui prend difficiLement d'initiatives en faveur
d'événements mineurs. Un contexte qui, si iL continue à
prendre cette voie, peut Limiter dans Le temps Le bon dérouLement et La
création d'événements qui n'ont pas une gestion
conséquente. En ce sens, iL est possibLe que L'évoLution du
contexte budgétaire des festivaLs entraîne, pour Les années
à venir, un essouffLement des structures fragiLisées, dont La
Ligne directive et de conduite ne parviennent pas à motiver
L'intérêt de ses partenaires et du pubLic. En effet, L'engouement
généré par Les porteurs de projet quant à La
création d'un festivaL tient notamment dans La soupLesse de La forme
juridique qu'iL adopte en généraL, L'association. Pourtant, dans
La réaLité, Les choses ne prennent pas une forme aussi simpLe et
automatique. L'effet de mode et L'engouement qui « fLottent » autour
du terme festivaL peuvent-iL ne durer qu'un temps ? Nous sommes peut-être
dans une phase de transition qui peut prendre un nouveau virage face à
L'augmentation de La concurrence et L'essouffLement des pouvoirs pubLics. Un
tri « natureL » à travers Le temps, effectué à
L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs en France vers une situation pLus
équiLibrée entre L'offre et La demande.
Ce dernier éLément souLigne aLors
L'étendue de L'impLication personneLLe requise quant à La gestion
d'un festivaL. En effet, comme Le festivaL Chroniques Nomades, qui,
même après une durée de dix ans, voit sa situation se
fragiLiser, iL est important de garder un état d'esprit de
persévérance face à un contexte où rien n'est
définitivement acquis. C'est peut-être en ce sens une notion de
« passion » qui pousse La pLupart des festivaLs à
défendre Leurs propres vaLeurs face à cette évoLution
incertaine du devenir du contexte festivaLier en France. En ce sens, comme Le
souLigne Bernard Faivre d'Arcier, « pour se défendre, les
directeurs de festivals doivent peut-être trouver de
nouvelles pistes de raisonnement ou de fonctionnement,
pour s'adapter, tout en gardant leurs valeurs au système de consommation
actuelle >559. Le réseau sembLe proposer une «
marche de manoeuvre > efficace, dans une démarche de
différenciation, tout en restant adapté au contexte actueL. En
effet, iL ne s'agit pas ici de Le rejeter mais de s'en adapter.
La probLématique proposée à travers ce
mémoire, et La manière dont eLLe est traitée, ne sembLe
donc offrir une réponse unique, au contraire, eLLe ouvre Le débat
vers une diversité de réfLexions. L'évoLution du miLieu
festivaLier peut être anaLysée en paraLLèLe du contexte
cuLtureL à L'écheLLe de La France ou de notre
société dans sa totaLité. On peut souLigner aLors La
question de La surconsommation cuLtureLLe ou La cuLture consommée comme
un service, une cuLture du « zapping >. En ce sens, « si le
festival est touché au plus profond de son âme par cette
élan de la société, il suffit peut-être de se dire
que nous sommes à l'époque d'une transition
>560. Le festivaL s'inscrit et évoLue dans une
société qui sembLe mettre L'accent sur La consommation et L'effet
médiatique. CeLa peut se Lire précisément à
L'écheLLe des événements photographiques où
L'arrivée du numérique perturbe Le contexte et Les réseaux
pré-étabLis : « Il y a une différence à
faire entre photographie et images. Une photographie relève d'un choix,
d'une volonté particulière. D'une décision. L'image se
fabrique de manière spontanée. La photographie reste une trace du
réel. Dans l'image on a perdu les origines. >561. On
peut peut-être rapprocher ces vaLeurs de spontanéité et de
perte d'origines à L'évoLution que sembLe prendre L'ensembLe du
champ cuLtureL français. Un éLément souLigné dans
Les concLusions de Bernard Faivre d'Arcier pour Le coLLoque Culture,
Médias, Evénementiel, un bon ménage à trois ? ,
en mars 2006 : « L'événementiel est-il devenu le
mode privilégié de l'expression artistique, de la transmission
culturelle? Aujourd'hui, on ne sait pas comment nos démocraties vont
s'adapter au bouleversement lié à internet, ou l'industrie
culturelle... La société se pose de nombreuses questions,
liées
559 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « CuLture, Médias,
EvénementieL, un bon ménage à trois ? >,
Op.cit.
560 Idem
561 Interview de Jean-Luc Monterosso, commissaire
généraL du Mois de la Photographie, in Le
Figaroscope spécial le Mois de la Photo, mercredi 25 octobre 2006,
page 1.
notamment à la conservation de notre patrimoine
culturel, comme les bibliothèques ? Ainsi, on quitte la position
humaniste et citoyenne pour quelque chose d'un peu plus flou encore, nous
sommes dans cette transition... Peut-être faut-il créer des
circuits de diffusion différents, autre que le domicile, le
cinéma, une salle de concert ou encore le piratage ? »562
Les pistes de réflexions soulignées, quant
à l'évolution de la notion de festival, semblent intervenir
à un moment « charnière » et transitoire. Moment auquel
la culture semble s'adapter, plus rapidement que ses différents
acteurs.
562 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Culture, Médias,
Evénementiel, un bon ménage à trois ? »,
Op.cit.
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