E) Conséquences positives de L'évoLution des
festivaLs en France
Face à La banaLisation du terme « festivaL > et
L'absence de quaLité cuLtureLLe et artistique d'un certain nombre
d'événements, une partie des professionneLs se positionnent
manifestement en tant que « résistants >, souhaitant ainsi
défendre Leurs vaLeurs communes : « ce sont de vrais lieux de
production qui permettent de dire que tout n'est pas forcément
événementiel >333. ParaLLèLement,
certains proposent depuis queLques années La création d'un LabeL
« festivaL >. Un point souLevé par NathaLie Mauret, dans un
articLe paru dans La Scène en décembre 2003 : «
Ce serait un gage d'une existence et d'une qualité artistique. Des
critères primordiaux quant à l'attribution des subventions aux
festivals > 334. Cette proposition reste natureLLement en
suspend, tendant à Limiter « une fois de pLus > Les
Libertés individueLLes.
Depuis Les années quatre-vingt, La croissance du nombre
de festivaLs en France n'a sembLe-t-iL pas affaibLi « L'appétit
> du pubLic, bien au contraire. ELLe L'a stimuLé et
diversifié. Le « phénomène festivaL > contribue
Largement « à la promotion des genres artistiques, et à
l'irrigation culturelle des territoires>335. Bien que La
concurrence, de pLus en pLus viruLente au niveau des festivaLs, provoque une
dispersion des pubLics, eLLe entraîne paradoxaLement une diversification
de L'offre : certains festivaLs ont disparus,
332 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op.cit.,
page 5.
333 MAURET (NathaLie), Op.cit.
334 Idem
335 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 10.
d'autres se sont dépLacés soit dans Le temps ou
dans L'espace, si bien qu'un caLendrier de festivaLs s'est étabLit non
pLus seuLement L'été et dans Le sud de La France mais sur toute
L'année et sur tout Le territoire. En ce sens, Les festivaLs
génère une réeLLe dynamique territoriaLes que Martin
MaLvy, président du ConseiL RégionaL Midi-Pyrénées,
ne manque pas de souLigner : « Si la région
Midi-Pyrénées est devenue une grande région
française en matière de festivals, et est réputée
pour sa vitalité culturelle, elle le doit avant tout au talent des
artistes et des créateurs, à l'enthousiasme et à
l'énergie des organisateurs et de toutes les équipes qui animent
des manifestations qui gagnent sans cesse en qualité et en
notoriété».336 Enfin, « la
multiplication des festivals a ceci de bon qu'elle multiplie également
les centres de décision » 337.
IL existe encore bien de bon nombre de raisons de créer
des festivaLs, comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier338, qui
porte un intérêt particuLier aux festivaLs communautaires ayant
pour thématique Les femmes, Les homosexueLs ou Le troisième
âge, Les festivaLs identitaires tournés sur Les artistes Locaux ou
sur L'expression d'une cuLtureLLe ethnique. De même pour Les festivaLs
avec une caractéristique particuLière, concentrés soit sur
un Lieu particuLier ou sur un seuL type d'expression artistique.
Ainsi, à La question Y a-t-il encore la place en
France pour de nouveaux festivals ? , PhiLippe Toussaint n'hésite
pas à répondre Lors d'une interview en février
2006339 : « Bien sûr, il y a certainement des
endroits où cela peut parfaitement se justifier. Tout en sachant qu'il
est difficile, aujourd'hui, de lancer un nouveau festival. L'encadrement
juridique, administratif et fiscal à mettre en place, se situe tout de
suite à un niveau relativement professionnel ».
En France, Les avis restent donc mitigés quant aux
conséquences de L'évoLution des festivaLs, et pLus
précisément face à Leur déveLoppement massif. En
se muLtipLiant, Les festivaLs ont su conserver une de Leur vaLeur
336 MALVY (Martin), Op.cit.
337 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op.cit., page 13.
338 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op.cit., page 8.
339 TOUSSAINT (PhiLippe), Op.cit.
principaLe qui est La diffusion de La cuLture, devenant ainsi un
acteur majeur dans La démocratisation et La décentraLisation
cuLtureLLe.
En déterminant ainsi Les possibLes tentatives
d'instrumentaLisation de La notion de festivaL, ses caractéristiques
majeures sembLent se dessiner. En effet, La muLtipLication du nombre de
festivaLs en France à ceLa de positif qu'eLLe motive Le débat sur
La définition du terme « festivaL ».
Les différents éléments
traités successivement dans cette première partie permettent de
définir le contexte dans lequel évoluent les festivals en France,
depuis leur développement dans les années quatre-vingt. Cette
analyse souligne l'étendue des relations de dépendance et
d'interaction qu'entretiennent ces événements face au
développement local. Une situation originale pour chacune des
caractéristiques du festival et de son territoire. En s'éloignant
du simple événement culturel, le festival est entré de
manière « prononcée » au coeur des enjeux des
collectivités territoriales, en terme d'économie, de tourisme,
d'emploi, d'image ou de politique culturelle. En ce sens, l'étendue de
ses retombées traduit la complexité d'attribution d'une
définition unique et généralisable au festival.
Parallèlement, il semble que ses multiples atouts, mis en abîme
par leur multiplication et leur diversification depuis plusieurs
décennies, puissent jouer en sa défaveur. Le festival tend ainsi
à être instrumentalisé, par ses propres créateurs ou
les collectivités qui le soutiennent. Une évolution qui perturbe
la relation préétablie d'interaction inhérente au contexte
local et « disperse » ses principaux objectifs. Comme le souligne
Philippe Dechartre dans son rapport en 1998340, dans un festival,
« l'idée fondatrice, le lieu, l'histoire, les pouvoirs, les
artistes, les publics, les élus, tout dans cet inventaire à la
Prévert, interfère ». Le rôle attribué au
festival dans le champ culturel national a prit une telle importance que ses
origines semblent se perdrent face à la quantité
d'événements créés. Paradoxalement,
l'évolution du contexte, de la forme et du contenu du festival semble
profiter à un public de plus en plus important, qui profite ainsi d'une
offre d'événements culturels diversifiée et «
adaptée » à toutes les typologie de visiteurs. Cette
évolution propose également aux artistes une plus grande
facilité de promotion. Une démocratisation culturelle
portée à son paroxysme, inscrite, peut-être, dans une
évolution « naturelle » du festival au regard du contexte
culturel français.
L'étude de cas du festival Chroniques Nomades,
festival de photographie de voyages et d'aventures situé à
Honfleur, en Basse-Normandie, permet de
340 DECHARTRE (Philipe), Op.cit., page 14.
mesurer, à l'échelle d'un
événement, les effets induits de l'évolution du contexte
festivalier en France.
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