Le festival, légitimation ou instrumentalisation d'un concept ?( Télécharger le fichier original )par Camille PLANTE Groupe EAC - ESARTS : Ecole Supérieure de gestion de médiation des Arts 2005 |
1) Interactions entre festivaL et municipaLitéDans chaque schéma de festivaLs, on retrouve Le « coupLe > suivant : structure du festivaL / municipaLité. Dans un premier temps, Les festivaLs prennent très souvent La forme d'une association, Leur offrant une certaine indépendance vis-à-vis de La municipaLité. CeLLe-ci n'est pas pour autant excLue de L'association. Certains de ses membres, comme Le Maire adjoint à La cuLture, peuvent être présents et intervenir Lors des conseiLs d'administration, mais cette situation reste rare, et particuLièrement pour Les festivaLs de musiques actueLLes. Dans un second temps, on retrouve généraLement dans Les municipaLités Les mêmes postes avec des fonctions qui peuvent varier. Ainsi, « les adjoints à la culture sont-ils toujours présents, mais leur rôle varie en fonction de l'ancienneté de leur mandat, de leur personnalité propre sans doute aussiet enfin de la place que leur autorise le Maire >257. IL existe en effet des municipaLités où Le Maire reste La seuLe personne décisionnaire. Pour exempLe, à Saint MaLo, « le Maire décide seul de la tenue d'un festival dans sa commune afin de préserver son indépendance totale >258. Dans sa synthèse en 2002 sur Le rapport entre viLLes et festivaLs259, Le Département des Etudes et de La Prospective distingue trois types de reLations possibLes entre municipaLité et festivaL : a) Une reLation équiLibréeC'est Le rapport d'égaLité entre Les deux parties, qui entretiennent une notion de confiance. La municipaLité Laisse Libre court aux choix de programmation du festivaL et se cantonne aLors à son rôLe de « financeur >. Le festivaL obtient La reconnaissance de La municipaLité et La présence des éLus 257 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs : Synthèse >, Op.cit., page 45. 258 Idem 259 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs : Synthèse >, Op.cit., page 49. Locaux sur Le site même du festivaL. C'est un gage de confiance et de Légitimation accordée. Ainsi, à Perpignan, Lors du festivaL Visa Pour l'Image, Le Maire de La viLLe, Jean-PauL ALduy, prend directement paroLe au côté du directeur de L'événement, Jean-François Leroy, Lors de La présentation des projections qui s'y tiennent chaque soirs260. Cependant, même si Le festivaL possède Le soutien de La municipaLité, ceLa ne veut pas dire qu'iL ne peut être critiqué, mais « généralement, le directeur du festival ne souffre pas d'un manque de reconnaissance et se situe plutôt en position de force »261.
Dans ce dernier cas de figure, c'est Le festivaL qui soupçonne La municipaLité de vouLoir détourner L'événement à des fins médiatiques, et en 260 Information notée par L'étudiant Lors du festivaL Visa Pour l'Image, du 2 au 17 septembre 2006. 261 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs : Synthèse », Op.cit., page 46. 262 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs : Synthèse », Op.cit., page 50. fonction de sa poLitique cuLtureLLe. Les directeurs de festivaLs ont aLors peur de se faire « manipuLer > et de perdre Le contrôLe de Leur programmation et de La Liberté de Leur action. L'exempLe du festivaL d'arts de La rue, Au Nom de la Loire, à Tours, démontre parfaitement cette situation. En effet, La diffusion des arts de La rue passe essentieLLement par Les festivaLs. ILs sembLent aujourd'hui se réduire à des commandes d'événements à gros budgets de La part des coLLectivités LocaLes, qui deviennent ainsi partenaires financiers majoritaires, imposant aux programmateurs Leur propre poLitique cuLtureLLe : « Les villes souhaitent plus aujourd'hui des événements qui s'insèrent dans la vie de la cité sans l'investir véritablement, qui servent de vitrine à leurs investissements auprès des acteurs culturels locaux, cherchant à donner satisfaction au public le plus large avec le moins de nuisance possible, sans finalement avoir une réelle réflexion culturelle >263. Cependant, certains festivaLs conservent un côté « miLitant >, ce qui créé L'étonnement et L'incompréhension chez Les municipaLités « qui ont le sentiment latent de « payer pour se faire battre >>264. Cet exempLe précis montre Les Limites d'instrumentaLisation des festivaLs par Les coLLectivités qui « commencent donc à préférer travailler avec des sociétés d'événementiel sur la base de cahier des charges et d'appel à projet >265. Ainsi, à La fin de L'année 2002, La viLLe de Tours instaura un comité de piLotage artistique afin d'assister Le programmateur du festivaL Au Nom de la Loire dans ses démarches. Ce comité devait « redéfinir les objectifs du festival pour y intégrer de nouveaux domaines artistiques sans augmenter les moyens financiers du festival >. C'est pour ces raisons que L'équipe du festivaL, « amputée > de son indépendance, annonce cette même année Le retrait de cet événement qu'eLLe avait eLLe-même créé. Ces différents exempLes d'interaction entre festivaL et
municipaLité sont ici 263 Intervention de L'équipe du festivaL Au Nom de
la Loire, in « Au Nom de La Loire quitte La 264 Idem 265 Idem Le ConseiL RégionaL ou GénéraL. En ce sens, L'exempLe du Festival Terre Neuvas à BobitaL dans Les Côtes d'Armor, traduit précisément cette situation. Pour son édition 2006, Le ConseiL RégionaL de Bretagne impose un groupe de musiciens dans La programmation du festivaL maLgré Les réticences des organisateurs. Le concert fut un véritabLe échec artistique. Lors de cette même édition, certains conseiLLers généraux ont refusé de faire « La queue » à L'accueiL VIP, Lors du retrait de Leur pass, et ceux devant certains journaListes qui n'ont pas manqué de L'observer266. La description de ces reLations tendues souLigne cette fragiLité et une rupture possibLe entre municipaLité et festivaL. |
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