ESARTS
Ecole Supérieure de
gestion de médiation des Arts
(Filière du Centre EAC)
LE FESTIVAL, LEGITIMATION OU INSTRUMENTALISATION D'UN
CONCEPT ?
Mémoire de fin d'études
présenté et soutenu publiquement par
CAMILLE PLANTE
Directeur de Recherche : Année universitaire 2005/2006
Mr HELLIO Bertrand
JURY DE SOUTENANCE DU MEMOIRE DE :
CAMILLE
PLANTE
Promotion 2005-2006
« LE FESTIVAL,
LEGITIMATION OU INSTRUMENTALISATION D'UN CONCEPT ? »
Présidente du Jury Claude Vivier Le
Got
Présidente du Groupe EAC
Directeur de recherche Bertrand - Hellio
Professeur en Musiques Actuelles au centre EAC
Directeur de Zic-Zac en Lorraine, consultant en programmation et
manager musiques actuelles
Membres du Jury
Claude - Geiss
Directeur Artistique du festival Chroniques Nomades
Catherine Ferey
Professeur de médiation culturelle
« L'EAC n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans les mémoires de fin
d'études. Ces opinions doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs. »
Je tiens tout d'abord à remercier toute L'équipe
du Groupe EAC, et pLus particuLièrement sa directrice, Madame CLaude
Vivier, ainsi que Jane Bregier, responsabLe de programme, pour Leur soutien,
Leurs conseiLs et Leurs encouragements.
Je remercie tout particuLièrement mon directeur de
recherche, Bertrand HeLLio, pour sa disponibiLité, son efficacité
et son enthousiasme quant à La thématique de mon
mémoire.
Un grand merci égaLement à mon parrain de
mémoire, CLaude Geiss, qui a su m'accorder un temps précieux pour
me dévoiLer Les facettes cachées de son festivaL.
Je remercie tous Les photographes rencontrés cet
été, Lors des festivaLs de HonfLeur, ArLes et Perpignan, pour
Leurs témoignages et Leurs encouragements.
Je tiens égaLement à remercier Madame MagaLi
Anger, responsabLe du secteur musique et cinéma du ConseiL
RégionaL de Basse- Normandie, Monsieur Yves Ras, secrétaire des
affaires cuLtureLLes du ConseiL GénéraL du CaLvados, et Catherine
Montandon, directrice de L'Office du Tourisme de HonfLeur, pour Leur
merveiLLeuse disponibiLité.
Enfin, un grand merci à ceux qui, de près ou de
Loin, m'ont aidé dans La rédaction de ce mémoire.
« Où en sommes-nous ?
Que représentent
les festivals d'été aux yeux du public ?
Tourisme ? Passe
temps d'un soir ?
Nuits d'été dans des enceintes historiques
?
Beaux costumes et éclairage ad hoc ?
Shakespeare en veux-tu, en
voilà ?
Perception des taxes municipales ?
Accroissement des
recettes des commerçants ?
Tout le monde est heureux, tout les monde
se réjouit, c'est parfait.
Cependant est-ce que les festivals n'ont
d'autres ambitions que de faire
désormais partie de la panoplie du
bonhomme moderne : frigidaire,
télévision, 2 CV ?
»
Jean Vilar
« Où vont Les festivaLs ? », in Revue
Janus, n° 4, Paris,
décembre 1964/janvier 1965.
AVANT PROPOS
Les festivaLs ponctuent chaque année Le caLendrier
cuLtureL français. La variété des genres et des
thèmes qu'iLs diffusent sur L'ensembLe du territoire atteint un pubLic
de pLus en pLus diversifié. IL est intéressant d'anaLyser cette
forme particuLière d'événement cuLtureL qui connaît
un croissant succès, puisqu'iL s'en tient environ deux miLLe sur
L'ensembLe du territoire pour L'année 20051.
Faisant suite à mes différentes
expériences professionneLLes au sein du Festival OFF des Chroniques
Nomades de HonfLeur et de mes ambitions de parcours au sein même de
ce secteur d'activité, La thématique abordée à
travers ce mémoire est intervenue de manière natureLLe.
Condensée, dans un premier temps à L'interaction entre « In
» et « Off », iL sembLait nécessaire de L'éLargir
à La notion même de « festivaL ». Deux documents
déterminent activement Le choix de cette réfLexion : une citation
de Jean ViLar2 en 1964, extraite de L'articLe Où vont les
festivals ?3 , et une interview de EmmanueL Ethis4
en juiLLet 2004, Tous les Festivals n'en sont pas !5. Ce
mémoire tente ainsi d'étabLir, à partir d'un état
des Lieux des festivaLs en France et en 2006, une réfLexion sur
L'évoLution de ce concept depuis son déveLoppement, et ceLa
depuis Les années quatre-vingt.
1 DONNEDIEU de VABRES (Renaud), in discours prononcé au
88e Congrès de L'Association des Maires de France, Le 24 novembre 2005,
page 1.
2 Voir Biographies, page 177.
3 VILAR (Jean), « Où vont Les festivaLs ? », in
Revue Janus, numéro 4, décembre 1964, janvier 1965.
4 Voir Biographies, page 175.
5 ETHIS (EmmanueL), « Tous Les festivaLs n'en sont pas !
», in Le Ravi,
http://www.Leravi.org/articLe.php3?id_articLe=26,
consuLtation Le 12 février 2006.
PLAN SYNTHETIQUE
Partie 1
La notion de festival : entre échange légitime
et tentative d'instrumentalisation p.7
Chapitre 1
Un rapport inhérent au contexte local p.10
I) L'impact du contexte local sur le festival p.10
II) Les retombées d'un festival sur le contexte local
p.35
Chapitre 2
Un échange qui peut être instrumentalisé
en retour ? p.56
I) Le festival : un outil de promotion au service des
collectivités territoriales ? p.56
II) Tentative d'instrumentalisation de la notion de festival par
les directeurs de festival ? p.74
Partie 2
Proposition d'une formuLe festivaLière : Le festivaL
Chroniques Nomades et L'évoLution
du contexte cuLtureL en
France p.96
Chapitre 1
Une interaction au contexte LocaL nécessaire pour une
Légitimité territoriaLe, artistique et cuLtureLLe du festivaL
Chroniques Nomades p.97
I) Le contexte du festivaL Chroniques Nomades p.97
II) Quand ce contexte évoLue... p.120
Chapitre 2
ELéments d'action mis en pLace face à une
possibLe perte de La notion
de festivaL p.133
I) La pérennisation appuie La Légitimité du
festivaL p.133
II) Préconisations apportées à
L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs en France et du festivaL
Chroniques Nomades : outiLs de différenciation, de
Légitimation et de pérennisation du festivaL p.147
Introduction générale
IL faut attendre Le miLieu des années quatre-vingt dix
pour que soient réaLisées Les premières études
portant sur Les festivaLs. En effet, jusqu'aLors peu étudiés,
méconnus et souvent sous-évaLués quant à Leurs
intérêts cuLtureLs, iLs subissent aujourd'hui d'importantes
mutations et font face à de grandes interrogations.
Notre étude se porte en 2006, à L'aube d'un
été où La France va encore une fois affirmer sa nature
féconde en matière de festivaLs, événements qui,
toutes discipLines confondues, se succèdent par centaine sur L'ensembLe
du territoire, attirant des miLLions de spectateurs, qu'iLs soient
français ou touristes étrangers. Cette année 2006 est
égaLement L'occasion de fêter L'anniversaire des queLques
festivaLs français Les pLus anciens, comme Le soixantième
anniversaire du Festival d'Avignon1, Les cinquante-huit ans
du Festival d'Art lyrique d'Aix-en-Provence2, Le
trente-sixième anniversaire du Festival Interceltique de
Lorient3 et des Rencontres Internationales de la
Photographie en ArLes4, Les trente-deux ans du Festival
Internationale de la Bande Dessinée d'AngouLême5
et Le trentième anniversaire du festivaL Jazz in
Marciac6, pour n'en citer que queLques uns...
Existe-t-iL une définition unique capabLe de traduire
L'ensembLe de ces phénomènes cuLtureLs ? IL sembLe qu'iL en
existe pLusieurs : ainsi, Le Petit Larousse définit Le festivaL
comme une « tenue périodique de manifestations artistiques
appartenant à un genre donné et se déroulant
habituellement dans un endroit précis»7. Pour Le
Ministère de La CuLture et de La Communication, iL est « une
manifestation où la référence à la fête,
aux
1 Site du Festival d'Avignon,
http://www.festivaL-avignon.com/index.php?Lg=fr,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
2 Site du Festival d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence,
http://www.festivaLaix.com/index.php?Page=Louverture&Rubrique=Lhistorique,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
3 Site du Festival Interceltique de Lorient,
http://www.festivaL-interceLtique.com/?nav=B,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
4 Site du festivaL Les Rencontres d'Arles,
http://www.rencontresarLes.com/pages/menudyn.htmL,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
5 Site du Festival International de la Bande
Dessinée,
http://www.bdangouLeme.com/histoire/index.ideaL?action=histoire,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
6 Site du festivaL Jazz in Marciac,
http://www.jazzinmarciac.com/index1.asp,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
7 Le Petit Larousse illustré 2001, Larousse, page
428.
réjouissances éphémères,
événementielles et renouvelées s'inscrivent dans la triple
unité de temps, de lieu et d'action »8. IL est
intéressant de souLigner égaLement La définition
donnée par Luc Benito dans un de ses ouvrages9 : «
Le festival est une forme de fête unique, célébration
publique d'un genre artistique dans un espace temps réduit »
10.
IL s'apparente avant tout à un événement
cuLtureL, soit une situation ou occasion « exceptionneLLe » de voir
se réaLiser et se produire queLque chose de rare11. IL
apparaît comme un moment festif et conviviaL, pour une
périodicité et une durée déterminée, mettant
en vaLeur un Lieu particuLier du territoire. Le festivaL se dérouLe
parfois Là où ne L'attend pas, ce qui va à L'encontre
d'une conception pLus « stricte » de La cuLture, vaLidant teL espace
géographique comme support pour teLLe action. IL est ainsi La forme La
pLus répandue et diversifiée adoptée par un
événement cuLtureL parmi Les saLons, expositions, foires,
concerts ou spectacLes.
Pourtant, ces vastes descriptions sont Loin de traduire La
diversité et La compLexité du phénomène
festivaL.
Ses origines sembLent remonter au Moyen-âge, où
iL se tient aLors, de manière non officieLLe, Lors de foires ou
carnavaLs. Dès Le XVIIIème siècLe, en AngLeterre, iL
regroupe au sein même des égLises, Les pLus grandes choraLes,
concours qui se dérouLent ensuite sur pLusieurs jours, dès La fin
du siècLe en ALLemagne.
En France, Le premier festivaL remonte à 1869 avec Les
Chorégies d'Orange12, offrant une activité
nouveLLe à son théâtre antique en pLein air. C'est
après La seconde guerre mondiaLe que certains festivaLs prennent La
forme de véritabLes institutions, comme Le Festival d'Avignon,
créé en 1947 par Jean ViLar, ou encore Le Festival d'Art
lyrique d'Aix-en-Provence en 1948. Ces hauts Lieux de création
prennent aLors « L'aLLure » de véritabLes « outiLs »
de décentraLisation* et de démocratisation cuLtureLLe. C'est dans
Les années
8 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Tourisme culturel et
festivals : Opportunités et limites d'un tel partenariat, page
10.
9 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Paris, L'Harmattan, 2001, 207 pages.
10 BENITO (Luc) in, MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane),
op.cit.
11 Définition d'un événement cuLtureL in
CLERC (PhiLippe), L'outil culturel, levier du développement
territorial, page 4.
12 Site internet des Chorégies d'Orange,
http://www.choregies.asso.fr/fr/histoire.htmL,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
soixante-dix que 20% des festivaLs voient Le
jour13, comme Le Festival d'automne, créé
à Paris en 197214, Le Printemps de Bourges en
197715, ou Les Transmusicales de Rennes en
197916 qui, du théâtre au rock, expLorent des voies
résoLument modernes. Enfin, Le sommet est atteint dans Les années
quatre-vingt où près de 57% des festivaLs sont
créés17.
Différents facteurs peuvent expLiquer
L'épanouissement de ce phénomène : L'engouement pour Les
Loisirs, un meiLLeur pouvoir d'achat, Le déveLoppement des transports,
La décentraLisation cuLtureLLe et Les nouveLLes compétences
accordées aux coLLectivités territoriaLes qui offrent aLors aux
éLus La possibiLité d'encourager La création de teLs
événements. En ce sens, Les festivaLs entrent peu à peu au
coeur d'une véritabLe stratégie de déveLoppement LocaL,
une réaLité tant économique qu'artistique pour Les
territoires qui Les accueiLLent18. Les festivaLs sont passés
d'un caractère aristocratique et éLitiste, consacrés
essentieLLement à La musique cLassique et créés à
L'initiative des grandes cours européennes, à un caractère
pLus « popuLaire », car dès Le XXème siècLe, Les
artistes eux-mêmes L'utiLisent pour promouvoir Leur art, aujourd'hui
diversifié dans toutes Les discipLines artistiques: cinéma, bande
dessinée, musiques actueLLes, théâtre, danse, arts de La
rue, arts pLastiques et arts visueLs. En ce sens, La création de ces
grands rendez-vous cuLtureLs permet à certaines discipLines d'obtenir
une reconnaissance pubLique.
IL est difficiLe à L'heure actueLLe de donner une
estimation exacte du nombre de festivaLs en France. En effet, « on
estime le nombre de festivals entre 600 et 2000 par an faute d'une acceptation
commune de la définition » 19. Cependant, Le chiffre de deux
miLLe est Le pLus fréquemment cité à La Lecture
13 DECHARTRE (PhiLippe), Rapport Dechartre :
Evénements culturels et développement local, page 93.
14 Site internet du Festival d'Automne,
http://www.festivaLautomne.com/newmain_index.php,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
15 Site du Printemps de bourges,
http://edition2006.printempsbourges.com/pages_fr/commun/homepage.php,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
16 Site des Transmusicales de Rennes,
http://transarchives.com/,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
17 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 94.
18 Les informations citées ci-dessus concernant L'origine
et L'historique des festivaLs en France sont tirées de MERCIER (Sophie)
et BOUCHARD (Diane), Op.cit., pages 16 et 17.
19 Site de L'Office du Tourisme de L'Isère,
http://www.iseretourisme.com/pages/index/id/2696,
consuLtation Le 16 juin 2006.
des différentes sources d'information sur Le sujet. IL
est souLigné en novembre 2005 par Le Ministre de La CuLture et de La
Communication, Renaud Donnedieu de Vabres20 : « les
quelques 2000 festivals que vous organisez ou accueillez chaque
année ». N'existant à présent aucun
éLément statistique efficace à L'écheLLe du
territoire, iL est très difficiLe d'en définir
précisément Le nombre. De La même manière, iL sembLe
déLicat d'étabLir une cLassification précise des festivaLs
en France. En effet, eLLe peut être réaLisée en fonction de
Leur LocaLisation, durée, forme artistique, budget, ancienneté,
notoriété ou encore rayonnement. Dans son rapport étabLit
en 199821 : Evénements culturels et développement
local, PhiLippe Dechartre nous propose une typoLogie des festivaLs : iL
existe Le festivaL pyramidaL ou descendant, inspiré par Le haut, par une
autorité qui a su anticiper sur Les promesses de L'avenir, comme Le
Festival d'Avignon. Le festivaL ascendant qui part de L'histoire du
territoire pour atteindre une pLus Large audience, c'est Le cas des nouveLLes
formes de festivaLs. Le festivaL éventaiL, qui n'attend pas que Le
spectateur vienne à Lui et se retrouve partout, comme Le Festival de
Saint-Denis créé en 196922 en Seine-Saint-Denis.
Enfin, Le festivaL écLaté, qui est à La fois « In
» et « Off » dont L'archétype est encore ceLui
d'Avignon.
De même, dans Leur mémoire de fin d'étude,
Sophie Mercier et Diane Bouchard nous proposent une typoLogie des
festivaLs23 axée seLon Leurs objectifs : dans Les
années soixante, une première génération regroupe
Les festivaLs de création, construits autour d'un projet artistique
visant à produire des spectacLes inédits ou à
découvrir de nouveaux taLents. Arrivent ensuite, dans Les années
soixante-dix, Les festivaLs touristiques, qui s'appuient souvent sur un
monument ou un cadre prestigieux et participent à L'animation des Lieux.
Dans Les années quatre-vingt, Les festivaLs d'image visent surtout
à promouvoir L'identité et L'image de Leur site d'accueiL. Enfin,
Les festivaLs de diffusion tendent à permettre à des pubLics
excentrés de voir des spectacLes dont iLs ne peuvent
bénéficier Le reste de L'année.
20 DONNEDIEU de VABRES (Renaud), in discours prononcé au
88e Congrès de L'Association des Maires de France, Le 23 novembre 2005,
page 1.
21 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 65.
22 Site du Festival de Saint-Denis,
http://www.festivaL-saintdenis.fr/2006/fsd2006/index_fLash.htmL,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
23 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op.cit., page
18.
Bien évidemment, ces différentes typoLogies ne
sont pas exhaustives et tendent à être réductrice face
à La diversité et à L'identité propre de chaque
festivaL. ELLes montrent simpLement La difficuLté de cLassement des
festivaLs par « famiLLe ». Cette dernière typoLogie souLigne
parfaitement L'évoLution des objectifs qui sous-entendent La mise en
oeuvre d'un festivaL, axée dans un premier temps sur La création
dans Les années soixante, puis sur L'image dans Les années
quatre-vingt.
En France, Les festivaLs se sont Le pLus souvent
déveLoppés dans Les régions à forte concentration
touristique comme La région Rhône-ALpes, Provence ALpes Côte
d'Azur et ILe-de-France. Chacune de ces régions propose à eLLe
seuLe environ trois cents festivaLs24. Des Lieux de
viLLégiature comme La côte méditerranéenne, La
région Aquitaine ou encore La Bretagne en accueiLLent égaLement
un grand nombre25. ParaLLèLement, Les festivaLs musicaux
restent prédominants dans L'offre festivaLière, soit «
environ la moitié des festivals recensés, viennent
ensuite les festivals pluridisciplinaires et de
théâtre»26. Enfin, La grande majorité
des festivaLs se dérouLent sans surprise entre juin et septembre,
pendant La période estivaLe.
La difficuLté rencontrée pour mesurer
précisément L'ampLeur du phénomène festivaL, est
d'autant pLus importante que son nombre et sa diversification connaissent une
réeLLe infLation sur L'ensembLe du territoire français, et ceLa
depuis Les années quatre-vingt. Cette évoLution constante a
suscité L'engouement pour une véritabLe anaLyse de ce
phénomène. Ainsi, un certain nombre d'acteurs du miLieu
festivaLier se sont déjà penchés sur La question, comme
Luc Benito, auteur de L'ouvrage Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie27, Jean ViLar, créateur du
Festival d'Avignon en 194728, ou
24 Direction du Tourisme, « Chiffres CLés du
tourisme, édition 2006 », La Documentation Française, page
5.
25 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.Cit., page 24.
26 Information datant de 1997, in MERCIER (Sophie) et BOUCHARD
(Diane), Op.cit., page 17.
27 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op .cit.
28 Le Petit Larousse illustré 2001, Op.
cit., page 1747.
encore Bernard Faivre d'Arcier, directeur du Festival
d'Avignon de 1980 à 1984, et de 1993 à 200329.
Dans La majorité des cas, Le festivaL naît de La
rencontre entre L'inspiration et La voLonté d'un directeur artistique et
Le soutien d'une coLLectivité pour Le promouvoir. Pourtant, victime de
son succès, iL tend à être instrumentaLisé à
des fins bien éLoignées de sa destination première.
L'augmentation exponentieLLe du nombre et de La diversité des festivaLs
sur L'ensembLe du territoire français depuis Les années
quatre-vingt, traduit une banaLisation du terme et un empLoi, par Les
directions et coLLectivités, mené à contre courant de sa
notion d'origine.
Nous tenterons ainsi d'anaLyser, dans un premier temps, Les
résuLtats de L'interaction entre Le festivaL et Le déveLoppement
LocaL. Ainsi, nous mesurerons Les différentes raisons et
conséquences de sa possibLe instrumentaLisation, à La fois par
Les coLLectivités territoriaLes ou par Les directeurs de festivaLs.
Dans un deuxième temps, nous étudierons Le cas
du festivaL de photographies de voyages et d'aventures Chroniques
Nomades de HonfLeur. Nous déterminerons La proposition de cette
formuLe festivaLière face à L'évoLution du contexte
cuLtureL en France. Son positionnement particuLier traduit Les possibLes
soLutions apportées contre Les différentes tentatives
d'instrumentaLisation souLignées en première partie du
mémoire.
Cette anaLyse est d'autant pLus justifiée qu'eLLe est
au coeur même de L'actuaLité. IL ne s'agit nuLLement ici
d'émettre La moindre critique ou jugement des différents acteurs
évoqués, mais de constater en 2006 L'évoLution des
festivaLs en France et Les possibLes répercussions qu'eLLe engendre sur
sa notion.
29 Site du Festival d'Avignon,
http://www.festivaL-avignon.com/index.php?r=73,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
Première Partie
La notion de festival : entre échange
légitime et tentative d'instrumentalisation
Comme pour l'ensemble des acteurs du milieu culturel, les
différentes mutations et évolutions du contexte des festivals,
depuis leur forte croissance dans les années quatre-vingt, les ont fait
évoluer tant sur la forme que sur le fond.
Pourtant, depuis toujours, un facteur reste
inhérent dans la mise en place d'un festival, il s'agit du contexte
local. Un environnement proche, qui lorsqu'il évolue, modifie alors les
« caractéristiques fondamentales des festivals (unité de
temps, de lieu et de thèmes) ».30
Ainsi, dans un premier temps, ce rapport au contexte local
se traduit pour le festival, de la conception du projet à la recherche
de financements. Son schéma de fabrication requiert en amont un travail
conséquent : une à une, ces différentes étapes
mettent à jour les interactions au contexte local et son apport
conséquent avant la première édition. Cet impact peut se
lire à la fois dans la conception du projet, le choix de la date, du
lieu, de la recherche de financements ou du choix de la communication.
Inversement, cette prise en compte du contexte local
révèle l'intérêt que peut avoir un festival pour
celui-ci. Les diverses retombées qui en découlent, qu'elles
soient matérielles, immatérielles, directes ou indirectes, sont
autant d'éléments qui légitimisent la résonance du
local sur ces différents événements. Ces résultats
produits en terme d'économie, de tourisme, d'emploi, d'image et de
retombées culturelles sont à l'origine de cette interaction entre
les deux parties, nécessaire à la bonne mise en oeuvre des
festivals.
Dans un second temps, cette notion d'échange peut
être, dans certains cas, instrumentalisée. En effet, le
succès de la formule festivalière entraîne successivement
les collectivités territoriales ou les directeurs de festivals à
utiliser de manière abusive ou détournée ce concept. Une
situation qui influe directement sur la mesure et l'équilibre de la
relation inhérente du festival avec le contexte local et impose la
nécessaire énumération des solutions apportées pour
une recherche de différenciation du festival. Enfin, en soulignant ici
les possibles « dérives » entraînées par
l'évolution du contexte festivalier en France, il est important de
révéler les effets positifs induits
30 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 55.
par cette conjoncture, en terme de démocratisation
culturelle et de diversification de l'offre. Une prise en compte ainsi
soulignée qui entre peutêtre dans une évolution «
naturelle » du concept de festival ?
Chapitre 1
Un rapport inhérent au contexte
LocaL
Le contexte LocaL du festivaL est un éLément
à prendre en considération dans L'éLaboration de tout
projet cuLtureL afférent. En effet, iL infLue successivement sur Les
caractéristiques premières de L'événement, dans une
prise en considération d'éLéments
pré-étabLis, et sur Le déveLoppement LocaL, seLon La
diversité des retombées que génère Le festivaL. Un
rapport inhérent au contexte LocaL qui peut paraître anodin ou
natureL mais qu'iL est important de souLigner en vue de comprendre et anaLyser
une reLation d'échange entre Les deux parties qui n'est pas toujours
automatique.
I) L'impact du contexte local sur le festival
A) Le projet
Tout événement cuLtureL, qu'iL soit un festivaL
ou toute autre forme artistique, est conçu et réfLéchi en
amont sous forme de projet. CeLui-ci contient La trame de
L'événement à venir, son orientation artistique, sa
direction, ses choix de programmation, ses ambitions d'avenir ou encore son
budget. C'est L'écriture du projet, sa « phiLosophie », sa
pratique et son déveLoppement.
Dès Lors, iL faut prendre en compte Le contexte LocaL
comme un éLément majeur du festivaL, avoir une bonne connaissance
du terrain, tant au niveau de son histoire, sa géographie, son
patrimoine, sa cuLture que de L'une de ses caractéristiques
précises : sa poLitique, La part de son budget accordée à
La cuLture et aux festivaLs. IL est fondamentaL de recenser ce qui existe
déjà sur Le territoire pour adapter inteLLigemment sa
programmation et proposer un éLément nouveau et innovant. Enfin,
La prise de contact avec Les associations LocaLes, de nature pLus ou moins
Liée à ceLLe de L'événement, est un facteur
important dans L'intégration du réseau récemment investi.
L'acceptation du
festivaL par La popuLation apparaît primordiaLe car eLLe
prend La forme d'une Légitimation, pour deux raisons : « D'une
part, la population locale estime logiquement avoir un droit de regard sur
l'événement, dans le sens où il est subventionné
par ses impôts, et d'autre part elle doit supporter les nuisances
produites par l'animation et l'afflux de touristes >31.
Cette exigence varie en fonction des Lieux d'accueiL, infLuant parfois sur Le
choix de La thématique ou de La programmation du festivaL. « De
plus, négliger l'intégration du festival auprès de la
population locale peut dans certains cas conduire à l'échec,
surtout s'il relève d'un « parachutage culturel ». En effet,
le public local peut bouder l'événement, excluant une grande
partie du public potentiel, ou bien l'accueil inhospitalier de la population
peut dissuader les touristes festivaliers >32. On comprend
ainsi que L'éLaboration du projet est dès Lors infLuée par
Le contexte environnant, iL en va du bon dérouLement et de La bonne
impLantation du festivaL dans Le paysage cuLtureL LocaL.
B) Le choix de La date
Tout comme L'éLaboration du projet, Le choix de La date
et de La durée du festivaL à venir doit être
réaLisé astucieusement. MaLgré Le nombre de pLus en pLus
important de festivaLs se dérouLant en France chaque année, La
pLupart d'entre eux ont Lieu en été. En effet, «
traditionnellement de plein air, cette période fournit les
conditions climatiques les plus favorables >33. Mais iL est
de pLus en pLus fréquent de voir des festivaLs se dérouLer
à d'autres moments de L'année. « Il s'agit
généralement d'événements organisés «
en salle », au premier rang desquels figurent les festivals de
cinéma et de littérature » 34, à
L'image du Festival International de la Bande Dessinée
d'AngouLême35 qui a Lieu au mois de janvier, ou pour Les
festivaLs de musique, comme Les
31 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 164.
32 Idem
33 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 56.
34 Idem
35 Site du Festival International de la Bande
Dessinée,
www.bdangouLeme.com,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
Transmusicales de Rennes36 au mois de
décembre ou Les festivaLs de spectacLe vivant comme Le Printemps de
Bourges37 qui se tient au mois d'avriL. Dès Lors, iL
faut prendre en considération à L'écheLLe nationaLe Les
différents événements existants dans ce domaine
précis, afin d'éviter tout risque de « chevauchement »
au niveau des dates, de même que Les événements sportifs ou
poLitiques de grande ampLeur comme une coupe du monde ou Les éLections
présidentieLLes. Le but étant, certes, de proposer des festivaLs
ayant La même forme artistique, sans pour autant chercher à
augmenter La concurrence. A L'écheLLe régionaLe, iL est
nécessaire de trouver une date qui ne correspondra pas avec certaines
manifestations inscrites depuis Longtemps dans La vie cuLtureLLe LocaLe. Ce
choix permet de prendre connaissance du dérouLement de L'activité
cuLtureLLe en Lien avec son projet, tant au niveau nationaL que
régionaL, et de pLacer inteLLigemment sa manifestation dans Le temps.
Enfin, Le choix de La date doit être adapté non seuLement au
pubLic mais aussi aux médias, car comme Le souLigne Bernard Faivre
d'Arcier, « les festivals du mois d'août seront de toute
façon moins « couverts » que ceux de juillet »
38.
La durée des festivaLs varie de pLus en pLus. ILs sont
soit de pLus en pLus courts ou de pLus en pLus Longs. Leur majeure partie
s'étaLe encore en moyenne sur une période de dix à quinze
jours, pourtant, on voit se créer des manifestations dont La
durée n'excède pas deux ou trois jours. Ainsi, La majorité
des événements de musiques actueLLes s'étend sur un
week-end, du vendredi au samedi, sur Le modèLe des festivaLs suisses
comme Le Paléo Festival39 de Nyon ou Le Open Air
Festival40 de FrauenfeLd. A L'inverse, certains
n'hésitent pas à dépasser Le cap du mois, voire des deux
mois, teLLes Les Rencontres Internationales de la Photographie en
ArLes, qui se dérouLent cette année du 4 juiLLet au 17 septembre
2006. « Cette tendance est à relier
36 Site des Transmusicales de Rennes,
http://www.Lestrans.com/,
consuLtation Le 13
novembre 2006.
37 Site du Printemps de Bourges,
http://www.printemps-bourges.com/,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
38 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir aux
festivaLs ? »,
http://efaextra.efa-
aef.eu/efadoc/11%5CBFAComment%20donner%20un%20avenir%20aux%20festivaLs.doc,
consuLtation Le 12 juin 2006, page 6.
39 Site du Paléo Festival,
http://www.paLeo.ch/, consuLtation
Le 13 novembre 2006.
40 Site de L'Open Air Festival,
http://www.montsoLeiL.ch/,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
à la multiplication des festivals
pluridisciplinaires qui caractérisent plus la volonté, de la part
des collectivités locales, de proposer une saison culturelle pendant
l'été »41.
Le choix d'une date et d'une durée dans
L'éLaboration d'un festivaL reste donc interdépendant du contexte
LocaL. Dans une démarche d'impLantation, son impact peut s'inscrire, de
manière inconsciente, ou aLors pLus stricte et mesurée.
C) Le choix du Lieu
Le territoire où s'impLante un festivaL peut être
perçu de deux façons différentes : d'un point de vue
cuLtureL, iL est porteur d'une identité qui Lui est propre. En Lien
direct avec ses caractéristiques, c'est aLors « Le territoire qui
fait Le projet », Le festivaL « caLque » son identité -ou
du moins s'en imprègne- sur ceLLe du Lieu investit.
D'un point de vue poLitique, Le territoire est
structuré autour de schémas pré-étabLis, L'action
cuLtureLLe contribue à La structuration du territoire. C'est aLors
« Le projet qui fait Le territoire », L'ouvre sur de nouveaux
horizons et Lui en offre une nouveLLe Lecture. Ces deux distinctions ont toutes
deux des résonances très importantes pour Le festivaL à
venir.
1) Territoires identitaires
Le choix du Lieu est déterminant dans La mise en pLace
d'un festivaL. IL faut préaLabLement vérifier qu'iL ne s'y
dérouLe pas d'autres événements simiLaires et rechercher
donc à L'écheLLe nationaLe Les espaces et territoires non
investis dans ce domaine précis. Un festivaL s'inscrit dans un Lieu,
Luimême inscrit dans un territoire. IL est aLors soumis à un
environnement qui ne dépend pas de Lui. Souvent, iL sera mieux
intégré au LocaL s'iL s'inscrit dans un Lieu représentatif
et caractéristique du territoire ou de son identité, de Là
en découLera son « appartenance » ou non. Parmi Les festivaLs
Les pLus renommés, beaucoup sont indéniabLement associés
aux Lieux, iLs s'impLantent
41 Site du Printemps de Bourges,
http://www.printemps-bourges.com/,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
dans des espaces symboLiques, souvent médiatisés
et puissamment investis. « Se déroulant quelquefois dans des
monuments historiques, les festivals sont souvent le fruit d'une rencontre
insolite entre leurs créateurs et un site prestigieux, à l'image
de Jean Vilar qui découvrit le Palais des Papes lors d'une visite
à Avignon >42. La particuLarité du Lieu et des
sites dans LesqueLs se tiennent Les festivaLs participent d'aiLLeurs au
caractère exceptionneL de L'événement. Ainsi, on
perçoit qu'iL peut être « marqué > et porté
par Le territoire qu'iL investit. C'est Le cas Lorsqu'iL s'impLante sur un Lieu
où La popuLation a déjà conscience de son appartenance
à cette identité spatiaLe, définie entre autre par des
références cuLtureLLes ou patrimoniaLes. Cette empreinte peut
aLors porter des résonances directes ou indirectes sur Le
dérouLement du festivaL.
2) Territoires poLitiques
Après son coLLoque mené en 2003 intituLé
La musique a-t-elle besoin des festivals ? 43, La
fédération France Festivals* a décidée de
Lancer une recherche confiée à EmmanueL
Négrier44, sur Le thème des nouveaux territoires des
festivaLs. Cette fédération souhaite ainsi anaLyser Les
principaux enjeux auxqueLs ces événements sont aujourd'hui
confrontés et dégager des pistes d'actions individueLLes et/ou
coLLectives pour reLever au mieux Les nouveaux défis qui se posent
à eux. A travers ce nouveau coLLoque prévu en novembre 2006, La
question est de savoir si « la recomposition des territoires, entre
intercommunalités et pays, ainsi que l'émergence des nouvelles
forme de gouvernances territoriales, ont une influence sur la conduite du
projet artistique et culturel des festivals. Quels en sont les enjeux, les
potentialités mais également les menaces éventuelles
? >. 45
Les grandes Lignes de ce coLLoque montrent bien Les nouveLLes
probLématiques qui s'imposent aux directeurs de festivaLs. Encore une
fois, iL est indissociabLe
42 BENITO (Luc), Les festivals en France: marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 56.
43 « La musique a-t-eLLe besoin des festivaLs ? >,
coLLoque organisé par La fédération France
Festivals, Royaumont, novembre 2003.
44 Chercheur au CNRS, responsabLe scientifique de
L'OPPES-Observatoire cuLtureL.
45 « Les nouveaux territoires des festivaLs >,
préparation du coLLoque des 16 et 17 novembre 2006 organisé par
La fédération France Festivals.
du Lieu ou du territoire où iL s'impLante, subit et
s'adapte aux différentes mutations de ce système. IL s'inscrit
inévitabLement dans une démarche d'aménagement du
territoire, et est, en ce point, en Lien direct avec La poLitique LocaLe qui
peut parfois infLuer ou non sur son Lieu d'impLantation, mais égaLement
sur une décision de « déménagement ». Cette
réfLexion ouvre d'aiLLeurs Le débat sur La question des
financements des festivaLs et Leur infLuence sur La gestion des territoires
d'impLantation.
D) Recherche de financements
1) Financements pubLics
Dans une démarche de recherche de financements, Les
subventions pubLiques sont indispensabLes pour La mise en oeuvre d'un
événement festivaLier. Pourtant, cette démarche
s'avère devenir de pLus en pLus difficiLe et semée
d'embûches pour Les directeurs de festivaLs, qui L'apparente d'aiLLeurs
à un « véritable « défi » ou «
challenge », tandis que pour d'autres il s'agit d'un véritable
« chemin de croix » ou d'un « parcours du combattant »
»46. En effet, suite aux Lois sur La
décentraLisation de L'Etat en 198247 et aux nouveLLes
répartitions des missions des coLLectivités territoriaLes, on
peut se demander queL peut être Leur rôLe en faveur des festivaLs :
faut-iL craindre un désengagement progressif de ces deux
institutions?
Une poLitique pubLique en matière de cuLture n'est pas
innée ou automatique comme Le démontre L'exempLe des Etats-Unis
ou de L'Asie. En effet, eLLe y est associée à La consommation
privée et dès Lors, eLLe appartient au domaine privé et
non au domaine pubLic, ceLui de L'Etat. Quant aux pays de L'Est, qui ont
Longtemps subis une domination étatique en matière de
contrôLe de La cuLture, La poLitique cuLtureLLe pubLique y est vivement
critiquée48.
En France, Les choses se sont étabLies
différemment. Cette notion s'est déveLoppée très
tôt grâce au mécénat d'Etat, devenant un cas de
figure
46 In Découpe, n°3, juin 1988,
ANFIAC-PubLications, page 2.
47 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 124.
48 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 122.
dominant en Europe, « un désir d'accès
à la culture inscrit dans des racines républicaines
»49. Deux hommes déveLoppent aLors
L'éLargissement des compétences de L'Etat en matière de
cuLture : André MaLraux avec La création en 1958 d'un
système pubLic de soutien à La création
cuLtureLLe50, puis Jack Lang, nommé Ministre de La CuLture et
de La Communication en 1981 par Le président François Mitterand,
poste qu'iL occupera pendant dix ans51.
a) Les festivaLs : une activité précaire
Un festivaL coûte cher et ses recettes ne parviennent
généraLement pas à couvrir ses dépenses.
D'aiLLeurs, comme Le souLigne Luc Benito, « on entend à
plusieurs reprises qualifier les festivals de « machines à
générer du déficit » »52. Les
festivaLs sont pLacés aujourd'hui dans une grande
précarité et une fragiLité financière. ILs
subissent une augmentation de Leurs charges fixes et dans Le même temps
une stagnation, voire une régression de Leurs ressources
extérieures. Les résuLtats 2002 de L'étude
consacrée au budget et à La fréquentation des
soixante-trois festivaLs membres actifs de La fédération
France Festivals, montrent « une dépense moyenne par
festival de 500 000 euros. Il existe évidemment d'énormes
disparités puisque les dépenses s'échelonnent entre 20 000
euros pour le plus petit et plus de 3 500 000 euros pour le plus gros. Nous
savons néanmoins que plus de 70 % d'entre eux ont des dépenses de
plus de 100 000 euros et 27 % de plus de 500 000 euros
».53 Ainsi, pour L'édition 2006, Les
dépenses du Festival d'Avignon ont atteint La barre des cinq
miLLions d'euros54. Une hausse des coûts préoccupante
puisqu'eLLe porte sur Les éLéments constitutifs de
L'événement :
49 BORIS (Jean-MicheL), « CuLture, Médias,
EvénementieL, un bon ménage à trois ? », tabLe ronde
de La Business CLasse CuLture ESC Dijon, citation notée par
L'étudiant Le jeudi 2 mars 2006, page 2.
50 Idem
51 Site de L'encycLopédie Wikipedia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jack_Lang#Biographie,
consuLtation Le 28 août 2006.
52 BENITO (Luc), « Les festivaLs de France : FestivaLs sous
L'angLe économique », in coLLoque organisé par La
fédération France Festivals, « La musique a-t-eLLe
besoin des festivaLs ? », Royaumont, novembre 2003, page 23.
53 Ces chiffres sont issus d'une enquête
réaLisée auprès des festivaLs adhérents à La
fédération France Festivals portant sur L'exercice
2002.
54 Site du quotidien Le Figaro,
http://www.Lefigaro.fr/cuLture/20060706.WWW000000378_Le_festivaL_davignon_fete_ses_an
s.htmL, consuLtation Le 8 octobre 2006.
cachets des artistes, saLaires des équipes techniques,
frais de régie, décors, transports, hébergement, charges
sociaLes et taxes diverses. « L'augmentation des coûts du
travail peut d'ailleurs s'expliquer, d'une part, par l'utilisation
systématique des intermittents du spectacle, et d'autre part, par les
emplois-jeunes qui tendent à disparaître »55.
En outre, Le manque de LisibiLité à moyen terme et de conventions
pLuriannueLLes de financement transforme Les directeurs de festivaLs en de
véritabLes gestionnaires.
Une réponse à La question Pourquoi les
festivals coûtent-ils chers ? pourrait être d'ordre
scientifique. Le phénomène économique de La Loi de
Baumol, du nom de son créateur, souLigne que « les
activités de spectacles comme les festivals souffrent d'un accroissement
inéluctable des coûts de production toujours plus
élevés chaque année. D'un point de vue économique,
en réponse à une telle situation, on ne peut qu'augmenter les
prix. Mais dans le domaine des spectacles et des concerts, une hausse des prix
est impossible car elle placerait la tarification à un niveau beaucoup
trop élevé. De plus, dans la conscience collective, la
tarification des activités culturelles doit rester abordable »
56. Pour exempLe, La musique cLassique, et pLus
particuLièrement Les opéras, sont souvent associés
à des pratiques cuLtureLLes éLitistes parce que Le prix
d'entrée y est éLevé. Pourtant, ceLa s'expLique car Les
coûts de production sont très importants. De La même
manière, Les festivaLs ne peuvent pas demander à un groupe de
jouer avec moins de musiciens parce que Les frais sont trop
éLevés. Cette Loi sembLe donc assez Logique et se vérifie
particuLièrement au niveau des festivaLs.
En prenant en considération L'ensembLe de ces
éLéments, on n'est pas surpris de remarquer que Le niveau
d'autofinancement des festivaLs se situe en moyenne entre 20 et 40
%57. Dans L'ensembLe, ces recettes propres sont
générées grâce aux cotisations ou aux ventes
annexes, mais La source La pLus importante de bénéfices reste
bien entendue La biLLetterie. D'aiLLeurs, « les festivals musicaux
parviennent plus que les autres à s'autofinancer grâce aux
55 TOUSSAINT (PhiLippe), « L'argent des festivaLs... »,
in coLLoque organisé par La fédération France
Festivals, « La musique a-t-eLLe besoin des festivaLs ? »,
Royaumont, novembre 2003, page 27.
56 BENITO (Luc), « Les festivaLs de France : FestivaLs sous
L'angLe économique », Op. cit.
57 Idem
ressources propres de la billetterie
>58. CeLa s'expLique par Leur courte durée et Le
succès de La formuLe « forfait concerts > proposée.
Néanmoins, avec même 40 % d'autofinancement, Les festivaLs restent
bien entendu Largement dépendants des apports financiers
extérieurs.
b) Le Ministère de La CuLture et de La
Communication
IL faut distinguer deux périodes dans L'apport au
financement des festivaLs par Les pouvoirs pubLics : La décennie des
années quatre-vingt, qui connaît une croissance des
dépenses cuLtureLLes pubLiques et Les années quatre-vingt-dix,
période de stagnation des budgets, tant au niveau des pouvoirs pubLics
que des mécènes privés. « Au niveau de
l'État par exemple, dont la part du budget du Ministère de la
Culture avait quasiment doublé entre 1981 et 1991, pour frôler le
cap symbolique du 1 %, on a constaté une stagnation du budget, voire une
baisse des subventions accordées par les DRAC aux structures de
diffusion culturelle >59. Une diminution causée entre
autre par La priorité donnée par Les pouvoirs pubLics à La
Lutte contre Le chômage et L'excLusion des minorités sociaLes ou
encore au déficit pubLic. En ce qui concerne Les festivaLs, cette
restriction favorise un soutien aux événements qui existaient
déjà, mais Les premiers à être touchés sont
Les nouveaux projets, et donc à travers eux, L'innovation.
Le Ministère de La CuLture et de La Communication
possède un rôLe important dans Le soutien aux festivaLs, mais iL
ne peut pas tous Les subventionner. En 2002, « il finance environ 500
festivals, toutes disciplines confondues >60. Cependant, Le
manque de données à L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs
en France porte à se concentrer sur Le domaine du spectacLe vivant,
où « 360 festivals furent aidés par l'état en
2002 pour 19,43 millions d'euros >61, soit 72% du nombre
totaL d'événements subventionnés, contre « 394
festivals en
58 « Financements des festivaLs : L'état en retrait
>, in La Scène, n°38, page 36.
59 BENITO (Luc), « Les festivaLs de France : FestivaLs sous
L'angLe économique >, Op. cit., page 24.
60 AHMADI (Catherine), « L'argent des festivaLs... >, in
coLLoque organisé par La fédération France Festivals
« La musique a-t-eLLe besoin des festivaLs ? >, page 26.
61 Source DMDTS, chiffres 2002.
2003 pour une somme totale de 20 millions d'euros
>62. Trente-quatre manifestations suppLémentaires sont
aLors soutenues pour un montant de cinq cent soixante-dix miLLe euros. «
Les financements publics s'élèveraient quant à eux
à 88 millions d'euros >63. Le soutien de L'Etat en
faveur des festivaLs représente moins du quart de L'ensembLe des
subventions pubLiques aLLouées à ce secteur cuLtureL.
En effet, face à L'expLosion du nombre de festivaLs en
France depuis Les années quatre-vingt, L'Etat procède à un
recadrage de ces éLéments d'appréciation. La contribution
du Ministère de La CuLture et de La Communication agit désormais
comme un LabeL de quaLité compte tenu des critères retenus pour
L'attribution des subventions. Comme Le souLigne Catherine Ahmadi dans Le
coLLoque organisé par La fédération France
Festivals, La notion de recentrage de L'Etat* signifie «
attribuer des fonds plus importants à un certain nombre de festivals
dont nous estimons qu'ils remplissent des missions qui ressortent davantage des
objectifs nationaux. (...) Nous pensons que l'État se doit d'intervenir
au nom d'objectifs plus ciblés, comme l'excellence artistique ou le
développement de genres plus difficiles (musique contemporaine, ancienne
ou baroque), bref, au nom d'un objectif de rayonnement international. C'est
là une véritable politique artistique >. 64
Pour concLure, L'Etat recentre actueLLement ses interventions,
notamment sur un nombre restreint de festivaLs.
Quant à La déconcentration* des subventions
aLLouées aux festivaLs par Le Ministère de La CuLture et de La
Communication en direction des DRAC, ceLLeci s'est faite progressivement.
Ainsi, en ce qui concerne Les festivaLs de musique et de danse, «
l'aide attribuée en 1988 émanait entièrement de
l'administration centrale. En 1991, 50% des crédits étaient
déconcentrés. En 1993, c'est la totalité des
crédits. La gestion relève donc désormais de la DRAC, sans
autres directives que celles ressortissant à une politique
62 « Financements des festivaLs : L'état en retrait
>, in La Scène, n°38, page 36.
63 Idem
64 AHMADI (Catherine), Op.cit.
nationale globale >.65 En effet, Le
Ministère de La CuLture et de La Communication a organisé ses
DRAC comme des services extérieurs « expérimentés et
compétents >. IL Leur revient donc d'instruire directement Les
demandes qui s'adressent à eLLes de La part des festivaLs ayant une
audience LocaLe ou régionaLe. Les DRAC n'ont maLheureusement aujourd'hui
qu'une très faibLe marge d'autonomie même si en début
d'année, Leur sont déLégués des crédits qui
Leur permettent de soutenir ou d'accompagner certains festivaLs dans Les
régions où eLLes se trouvent.
c) Désengagement de L'Etat vers Les
coLLectivités territoriaLes
Une révision de L'aide à La diffusion est
apparue dans La Directive NationaLe d'Orientation triennaLe 2003-2005, qui,
dans son voLet annueL 2003, précise sous L'intituLé
Festivals66 : « Le Ministère de la culture
et de la communication n'a pas vocation à financer les festivals.
L'apport des collectivités territoriales y est d'ailleurs
généralement prépondérant. Vous ne pourrez soutenir
financièrement que ceux de qualité artistique reconnue et de
portée nationale, ou ayant une action permettant de structurer
l'activité culturelle tout au long de l'année sur le territoire
qu'ils irriguent >.67 L'Etat tend à se
désengager afin que Les coLLectivités territoriaLes prennent Le
reLais. Pourtant, Le danger pour Les festivaLs d'un teL désengagement
est important, en effet, certains « se sont arrêtés suite
à la disparition brutale de la subvention de l'état : un
désengagement progressif serait peut-être plus adapté
>.68 IL tient donc à ces événements de
démontrer Leur caractère structurant à L'année,
avoir une direction artistique effective pour maintenir Leur soutien
déjà existant. « L'Etat centralisé n'entend plus
s'occuper que de quelques manifestations de grand renom et laisse volontier aux
collectivités locales le soin d'organiser leurs festivals d'autant que
le plus souvent il répugne à en financer le fonctionnement
estimant que c'est là de la
65 DMD, « L'action de L'état >, Cahiers
Espaces n°31, page 1.
66 Directive NationaLe d'Orientation du 31 janvier 2003, page
32.
67 Idem
68 « Financements des festivaLs : L'état en retrait
>, in La Scène, numéro 38, page 36.
compétence de l'échelon
décentralisé >69. Ainsi, depuis une dizaine
d'années, Les subventions du Ministère de La CuLture et de La
Communication reLayées par Les DRAC se sont concentrées sur un
nombre Limité de festivaLs. Au Lieu de se disperser, et pour
éviter une poLitique de « saupoudrage >, Leur objectif est de
soutenir Les structures pérennes et fondatrices pour des festivaLs dont
Le rayonnement est nationaL voire internationaL, comme Le Festival
d'Avignon, Le Festival Interceltique de Lorient ou encore Le
Festival des Vieilles Charrues en Bretagne. C'est pourquoi Le
ministère estime qu'iL incombe aux coLLectivités de soutenir Les
manifestations dont Le rayonnement se Limite à L'écheLon
LocaL.
d) Les coLLectivités territoriaLes
Les coLLectivités dans LesqueLLes se dérouLent
Les festivaLs sont progressivement entrées dans une Logique de
participation à Leur financement et s'y sont considérabLement
investies depuis Les années quatrevingt. « On découvre
ainsi que les festivals les plus importants peuvent être financés
jusqu'à 70 % par la ou les collectivités d'accueil
>70. Pour exempLe, dans Le département du Lot, «
les coûts de d'organisation de 500 000 euros du festival et des
résidences Chaînon Manquant à Figeac en 2004 ont
été couvert à hauteur de 160 000 euros, soit 32 % par les
recettes propres, le reste de la couverture, soit 68 %, étant
composée de subventions. Celles-ci sont de 130 000 euros pour les
collectivités locales, soit 26 % ; 67 000 euros pour l'État, soit
13 % ; 68 000 euros, soit 14 %, provient de subventions d'organismes
professionnels ; enfin 75 000 euros, soit 15 %, sont constitués de
crédits européens du FEDER* >71. L'Etat est
certes « à bout de souffLe > parce qu'iL y a de pLus en pLus
d'équipements et d'événements à financer, mais iL
ne peut pas décentraLiser une part si importante de son soutien vers Les
coLLectivités territoriaLes qui ne peuvent assumer de charges si
Lourdes. Pourtant, Leurs dépenses sont aujourd'hui supérieures
à ceLLes de L'Etat pour
69 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir aux
festivaLs ? >, Op. cit., page 10.
70 LAUNAY (Jean) et MARTINEZ (Henriette), L'action culturelle
diffuse, instrument de développement des territoires, rapport
d'information n° 3127, page 3.
71 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir aux
festivaLs ? >, Op. cit., page 4.
tous Les ministères rattachés à La
cuLture confondus72. Les associations se tournent donc pLus que
jamais vers Les coLLectivités territoriaLes pour faire face à
cette évoLution. CeLLes-ci se retrouvent ainsi mises « au pied du
mur > et doivent revoir Leur définition d'une poLitique de soutien
aux festivaLs. Ainsi, Les perspectives de rentabiLité de
L'événement, si eLLes ne sont pas de L'ordre d'un
bénéfice financier, peuvent être perçues comme des
retombées en terme d'attractivité et d'animation pour Le
territoire. Les coLLectivités doivent définir Le sens et Les
Limites de Leur participation en ce domaine. ELLes sont aujourd'hui sous
pression et « ont reçu des responsabilités dans des
domaines sociaux et autres, qui les rendent extrêmement vigilantes
à l'égard de leurs dépenses >. 73
Enfin, Le soutien financier aux festivaLs apporté par
Les coLLectivités territoriaLes, (régions, départements et
communes confondus), représente pLus du tripLe de ceLui engagé
par L'Etat en 200374.
On constate dès Lors que Les festivaLs constituent un
véritabLe investissement pour Les coLLectivités territoriaLes,
principaLement pour Les municipaLités et Les ConseiLs
Généraux. Pourtant, Les ConseiLs Régionaux,
coLLectivité La pLus récente puisque créée en
198675, sembLent moins impLiqués en matière de soutien
aux actions cuLtureLLes : « La part du budget allouée à
la culture représente en moyenne 3% du budget total du Conseil
Régional et le soutien des régions à ces manifestations
représente 9% des budgets des festivals >76. La
cuLture n'est pas une compétence obLigatoire pour La région mais
acquise. ELLe favorise une poLitique de soutien gLobaL à un ensembLe de
festivaLs régionaux, « par exemple au travers d'une politique
de communication générale, la logique étant avant tout de
promouvoir l'espace régional plutôt qu'un festival en particulier
>77. Ainsi, La région ILe-de-France impose un nouveau
critère pour « fiLtrer > Les nombreuses demandes de soutien
aux
72 BORIS (Jean-MicheL), Op. cit.
73 TOUSSAINT (PhiLippe), « L'intermittence est vitaLe pour
L'économie des festivaLs >, in Le Nouveau Musicien,
n°12, février 2006, page 8.
74 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
20.
75 DUVAL, « Projet cuLtureL et coLLectivités
territoriaLes >, cours EAC 2006-2007, citation notée par
L'étudiant.
76 TOUSSAINT (Philippe), « L'intermittence est
vitaLe pour L'économie des festivaLs >, Op. cit.
77 Idem
festivaLs de musiques actueLLes : ceLui de se dérouLer
sur une durée minimum de trois semaines78. Une
réaction qui démontre L'« essouffLement > financier des
ConseiLs Régionaux, surtout Lorsque L'on sait que La majorité des
festivaLs de ce type se dérouLe Le temps d'un week-end.
De La même manière, L'attribution des subventions
pour Les ConseiLs Généraux a eLLe aussi évoLuée.
« Ils consacrent en moyenne 30% de leur budget culturel au spectacle
vivant et autres animations polyvalentes. Ils soutiennent les initiatives des
communes et des associations en faveur du développement culturel de leur
territoire >79. Une mesure qui tient dans La nature de Leur
mission : Les départements prennent en charge Le fonctionnement des
équipements et des infrastructures de Leurs espaces territoriaux. Ainsi,
s'agissant du département du Bas-Rhin, Le Vice-président du
ConseiL GénéraL, Jean Laurent Vonau expLique en juin 2006 que
« chaque année 55 festivals y ont lieu, dont 39
subventionnés par le Conseil Général
>80. Un chiffre qu'iL considère trop éLevé.
IL insiste aLors sur La nécessité pour Le ConseiL
GénéraL de se fixer des critères beaucoup pLus
précis pour décider d'un subventionnement traduisant une
poLitique cuLtureLLe pLus efficace.
C'est enfin aux communes que revient Le pLus gros effort de
soutien et de financement des festivaLs en France. Créée en 1850,
iL en existe environ trente-huit miLLe six cents sur L'ensembLe du
territoire81. « Participant à hauteur de 20 a 40% du
budget de ces événements, elles apportent souvent bien plus
qu'une manne financière en fournissant une aide en nature non
négligeable >.82 En outre, ces financeurs Locaux ont
motivé La création de festivaLs franchissant désormais Le
périmètre de La viLLe. Pour exempLe, « le Festival
International de Clavecin s'étend sur plusieurs municipalités de
l'Artois, tandis que le festival de variétés Chorus se
déroule dans une
78 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien oraL avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
79 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 128.
80 VONAU (Jean-Laurent), in LAUNAY (Jean) et MARTINEZ
(Henriette), Op. cit., page 5.
81 DUVAL, « Projet cuLtureL et coLLectivités
territoriaLes >, cours EAC 2006-2007, citation notée par
L'étudiant.
82 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
20.
vingtaine de villes du département des
Hauts-de-Seine >.83 Ces communes sont souvent à
L'origine de signatures de conventions pLuriannueLLes, qui montre un engagement
pérenne pour L'événement. Cet été, une
nouveLLe convention triennaLe a été signée entre
L'association du festivaL de photojournaLisme Visa Pour l'Image et La
viLLe de Perpignan. Pour son Sénateur-Maire, Jean-PauL ALduy, «
cette convention consacre aussi juridiquement l'indépendance du
directeur artistique de l'événement, JeanFrançois Leroy
>84. Outre une participation financière, Les
municipaLités fournissent un certain nombre de services qui peuvent
aLLer du prêt de matérieL ou de saLLes, jusqu'à La mise
à disposition de fonctionnaires à titre gracieux pour
L'instaLLation, Le démontage, La sécurité ou Le nettoyage.
Comme Le souLigne Maurice HaLimi, Maire-adjoint à La cuLture de
Perpignan, « la ville met à disposition l'ensemble du
patrimoine historique municipal pour les lieux d'expositions, ainsi que les
employés municipaux chargés durant tout le mois d'août,
d'encadrer et d'accrocher les photos >85.
e) Acteurs Locaux
Enfin, Les acteurs Locaux, qu'iLs soient associations,
entreprises ou individus, peuvent apporter Leur aide en terme de coordination,
communication ou prêt de matérieL. IL est égaLement
nécessaire de souLigner L'importance du soutien, souvent indispensabLe,
apporté par Les bénévoLes issus de La popuLation
LocaLe.
Pour concLure, Les subventions pubLiques, qu'eLLes proviennent
de L'Etat ou des coLLectivités territoriaLes, ne sont pas
négLigeabLes et représentent au totaL 50% du budget moyen d'un
festivaL86. Pourtant, en portant un terme à cette anaLyse par
L'apport des communes et des acteurs Locaux dans Le financement et L'aide au
bon dérouLement d'un festivaL, on ne peut que
83 BENITO (Luc), Les festivals en France : marché,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 56.
84 COURTY (Fanny), « La Gazette de Visa >,
septembre 2006, page 2.
85 HALMI (Maurice), in COURTY (Fanny), Op. cit.
86 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
100.
constater L'impact incontestabLe des subventions à
écheLLe LocaLe sur L'économie des festivaLs.
2) Financements et soutiens paraLLèLes
Face au biLan sur L'évoLution et Le contexte mouvant
des subventions pubLiques, iL est intéressant de se pencher sur Les
moyens paraLLèLes de financement des festivaLs.
Aujourd'hui, comme nous avons pu Le constater, Les notions de
déconcentration et de décentraLisation cuLtureLLe ont
modifié La norme. L'activité cuLtureLLe française n'est
pLus centraLisée autour des actions pubLiques mais devient Le
résuLtat d'individus, ce que prouve L'augmentation considérabLe
des Fonds de Soutien et des Sociétés CiviLes ProfessionneLLes sur
L'ensembLe du territoire français87. Ces sources de
financements paraLLèLes se sont peu à peu mises en pLace.
Pourtant, même si Leur contribution peut paraître marginaLe,
comparée à ceLLe des pouvoirs pubLics, Le soutien de ces
structures n'est pas négLigeabLe, surtout pour Les porteurs de projet,
car La pLupart d'entre eux encouragent La création et prennent des
risques artistiques.
a) Les Fédérations ou Réseaux
France Festivals est une fédération qui
« rassemble 82 festivals, tournés principalement vers la
musique, mais aussi vers la danse »88.
L'Association Européenne des FestivaLs a
récemment décidé de Lancer une enquête sur Les
festivaLs européens. Un comité scientifique internationaL a
été composé afin de piLoter Le programme de recherche dont
Les représentants seront présents pour intervenir sur Les
festivaLs à L'écheLLe
87 BORIS (Jean-MicheL), Op. cit.
88 TOUSSAINT (PhiLippe), in « La musique a-t-eLLe besoin des
festivaLs? », coLLoque organisé par La
fédération France Festivals, page 3.
européenne Lors du coLLoque organisé par La
fédération France Festivals en novembre
200689.
D'autres réseaux de coopération existent dans
des univers musicaux différents, comme L'AFIJMA pour Le jazz, Le
Réseau ZONE FRANCHE pour Les musiques du monde ou encore Les ADDM pour
La musique et La danse90.
b) Les Fonds de Soutien91
L'ONDA92 travaiLLe sur Les possibiLités
d'accueiL de manifestations artistiques professionneLLes teLLes que Les
festivaLs et détermine L'assistance technique ou financière pour
chaque cas.
Le CMN93 aide Les festivaLs se dérouLant au
sein d'un monument cLassé.
Le Fond de Soutien à La Chanson, aux
Variétés et au Jazz tire ses revenus de La taxe parafiscaLe
acquittée par Les producteurs de spectacLes, et non par Les festivaLs
régis par La Loi de 1901. IL ne soutient que Les
événements contributeurs, soit Les festivaLs de grande
envergure.
Le FCM94 propose une aide pour un petit cercLe de
festivaLs de musique cLassique, de variété, rock et jazz.
L' AFAA95 soutient La diffusion de La cuLture
française à L'étranger et donc Les festivaLs «
vitrines » pour La France.
Les Associations DépartementaLes et RégionaLes
de DéveLoppement des Activités MusicaLes et
Chorégraphiques apportent une aide à La diffusion et assure La
coordination et L'assistance aux porteurs de projets comme Les festivaLs.
89 « Les nouveaux territoires des festivaLs », coLLoque
des 16 et 17 novembre 2006 organisé par La fédération
France Festivals.
90 BOURGEOIS, « Le marché du spectacLe vivant »,
cours EAC 2005-2006, information notée par L'étudiant.
91 Les informations citées ci-dessous possèdent La
même source : BOURGEOIS, Op. cit.
92 L'ONDA est pLacé sous La tuteLLe de La DMDTS et du
Ministère de La CuLture et de La Communication.
93 Le CMN est un organisme sous tuteLLe de La Direction du
Patrimoine et de L'Architecture.
94 Le FCM est issu des sociétés civiLes
productrices d'enregistrements et de spectacLes, sous La tuteLLe du
Ministère de La CuLture et de La Communication.
95 L'AFAA est une émanation du Ministère des
Affaires Etrangères, en coLLaboration avec Le Ministère de La
CuLture et de La Communication.
c) Les Sociétés CiviLes ProfessionneLLes
SPEDIDAM apporte une aide aux festivaLs pour L'empLoi d'artistes
par contrat d'engagement96.
L' ADAMI aide à La création de spectacLes, de
Lancement d'artistes et de tournées.97 Comme Le
détaiLLe Benjamin Sauzay, responsabLe des festivaLs à L'ADAMI :
« Notre approche des festivals est différente depuis l'an
dernier, nous essayons à notre mesure de faire contrepoids à la
politique de l'état et donc d'aider les festivals les plus fragiles
». 98 De La même manière, L'IRMA99
intervient auprès des acteurs des musiques actueLLes.
La SACEM attribue des aides pour Les festivaLs de musiques
actueLLes et contemporaines. ELLes ont une durée inférieure
à trois ans afin de renouveLer Le soutien à différentes
manifestations100.
Enfin, La SACD soutient Les festivaLs de toutes formes et
encourage L'écriture du spectacLe101.
Ces différents financements et soutiens
paraLLèLes aux festivaLs représentent une aide
suppLémentaire non négLigeabLe. Leur obtention n'en reste pas
moins contrôLée et Limitée, et nécessite La
réaLisation de dossiers de demande souvent détaiLLés.
Pourtant, Leur approche pLus reLationneLLe en tant que conseiLLer, permet
à des événements « naissants » de
s'étoffer et d'envisager avec pLus de sérénité Leur
déveLoppement.
3) Financements privés
Un festivaL inscrit dans une stratégie cuLtureLLe
LocaLe, ou dans Le but de L'aménagement du territoire, sera fortement
soutenu par Les subventions pubLiques des coLLectivités territoriaLes.
De nombreux événements ont
96 BOURGEOIS, Op. cit.
97 ALLEMAND, « Diffusion du SpectacLe Vivant », cours
EAC 2005-2006, citation notée par L'étudiant.
98 SAUZAY (Benjamin), « Les festivaLs, découvreurs de
taLents !», in La Scène, n° 34, page 46.
99 L'IRMA est pLacé sous La tuteLLe de La DMDTS et du
Ministère de La CuLture et de La Communication.
100 BOURGEOIS, Op. cit.
101 BENITO, Les festivals en France : marchés, enjeux
et alchimie, Op. cit., pages 137.
recours à un moyen de financement paraLLèLe
comme Le mécénat*, Le partenariat ou Le sponsoring*. Un
accompagnement compLémentaire en pLeine évoLution.
a) Le mécénat
Dans certains pays comme Le Royaume-Uni, Les Etats-Unis ou
L'ALLemagne, La pratique du mécénat est courante. En 2004, Le
« Leader » internationaL reste Les Etats-Unis avec pLus de douze
miLLiards d'euros dépensés en matière de
mécénat des entreprises et particuLiers. Au niveau
européen, L'ALLemagne se pLace en tête avec 255 miLLions d'euros,
puis La Grande Bretagne avec 226 miLLions d'euros et enfin L'ItaLie avec 205,7
miLLions d'euros102. Dans ces différents pays, Le financement
privé a fait ses preuves et La création artistique ne s'en trouve
pas ternie ou réduite. La France est en quatrième position avec
200 miLLions d'euros, montrant ainsi son retard, bien que « 1060
entreprises sont actives dans le mécénat culturel, pour un budget
total de 195 millions d'euros »103. Un chiffre qui
représente aLors moins de 1% de La dépense cuLtureLLe pubLique et
augmente « timidement » quand on sait qu'iL s'éLevait autour
de 122 miLLions d'euros en 1991104 (soit une augmentation de 73
miLLions d'euros en presque quinze ans). Les entreprises constituent donc un
gisement, encore Largement inexpLoité en France, pour répondre
à une soLLicitation en terme d'accompagnement, mais « la
question du financement privé dans un état où la tradition
va au service public est résiduellement polémique
105».
D'un point de vue historique, La Vème RépubLique
a tenté d'entretenir L'idée de don gratuit affecté
à La « chose » cuLtureLLe. André MaLraux avait
créé en son temps La Fondation de France dans Les années
soixante-dix. Mais Les Lois sur Les mesures d'incitation fiscaLe du 23 juiLLet
1987 et du 4 juiLLet 1990 pour
102 DIJAN (Jean-MicheL), Politique culturelle : la fin d'un
mythe, GaLLimard, page 84.
103 GLAVANY (Jean), « Le mécénat, une
opportunité ou un Leurre ? », in coLLoque « Faut-iL avoir peur
du financement privé de La cuLture ? », in La
Scène, suppLément du n° 37, novembre, 2004, page 2.
104 Enquête statistique sur Le mécénat
cuLtureL en France menée par L'ADMICAL, chiffres 1991.
105 BELIT (Marc), « Le mécénat, une
opportunité ou un Leurre ? », in coLLoque « Faut-iL avoir peur
du financement privé de La cuLture ? », in La
Scène, suppLément du n° 37, novembre, 2004, page 3.
Les fondations d'entreprises106 ne sembLent pas
inciter Les français à pLus de voLontarisme dans ce domaine. Des
mesures pourtant nécessaires Lorsque L'on sait que « en 1979,
quand une entreprise faisait un don d'argent à une oeuvre humanitaire,
elle pouvait être accusée de détournement d'objet social
>107... La dernière Loi du 1er août
2003 sur Le mécénat, La Mission Mécénat*, «
incite les entreprises à participer au mécénat des
actions culturelles financées par l'état !
>.108 ELLe a aujourd'hui pour fonction de rapprocher Les
deux miLieux que sont ceLui de La cuLture et de L'entreprise. Pourtant,
«une loi de ce type n'est pas une fin en soi, c'est un outil, qui, en
tout cas, hausse la France, sur le plan de la fiscalité des donateurs,
à un niveau compétitif sur le plan international. C'est donc
déjà une chose importante >109. Et ceLa
même si Le mécénat des entreprises privées n'est pas
très déveLoppé en France, contrairement à d'autres
pays, iL est sans doute pLus actif dans Les festivaLs que dans Les autres
activités cuLtureLLes110. En effet, même s'iL reste
minime, iL permet quand même à un événement de voir
Le jour. C'est pourquoi de nombreux festivaLs recherchent une partie importante
de Leurs budgets dans Le mécénat. En 1990, L'ADMICAL* mène
une enquête sur Le mécénat auprès des festivaLs :
« Sur les 83 festivals étudiés, 75 ont
bénéficié de mécénat en argent et/ou en
nature au moins une fois entre 1986 et 1990 > 111. Mais
depuis cette période euphorique des années quatre-vingt neuf,
quatre-vingtdix, où La pLupart des festivaLs bénéficient
du mécénat, iL est aujourd'hui en perte de vitesse. Pour exempLe,
« celui du Festival d'Avignon avait atteint 13,8% du budget en 1988
pour tomber à 9,6% en 1992. Cela peut s'expliquer par un repli brutal
dû à la Guerre du Golfe en 91 mais aussi pour les grands besoins
financiers de 92 avec les Jeux Olympiques d'Albertville et de Barcelone,
l'Exposition Universelle de Séville >112.
106 DIJAN (Jean-MicheL), Op. cit., page 59.
107 SAUVANET (NathaLie), « Mécénat >, cours
EAC 2005-2006, citation notée par L'étudiant.
108 DIJAN (Jean-MicheL), Op. cit., page 59.
109 TOUSSAINT (PhiLippe), « L'argent des festivaLs... >,
Op. cit.
110 BENITO (Luc), « Les festivaLs de France : FestivaLs sous
L'angLe économique >, Op. cit.,
page 27.
111 GORSSE (EmmanueLLe), « Mécénat des
festivaLs : faut-iL encore y croire ? >, Cahiers Espaces n°31, page
1.
112 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 3.
Aujourd'hui, Les festivaLs sont financés par Le
mécénat à hauteur de 14 %113. « Les
dons que peuvent désormais faire les entreprises à nos festivals
sont aujourd'hui devenus fiscalement plus intéressants que les
partenariats qui permettaient jusqu'alors une série de combinaisons
assez intéressantes finalement >114.
Pourtant, tout comme Le Ministère de La CuLture et de
La Communication, de nombreuses entreprises sont amenées à revoir
Leur poLitique de mécénat : Les fonds sont différemment
répartis, Les choix pLus déterminés. IL y a moins de
« saupoudrage > et d'éparpiLLement. « Des «
recentrages » auprès d'un nombre limité de partenaires pour
de plus longues durées >115. En outre, Les
entreprises sont encore pLus sensibLes à La concurrence et modifient
parfois LittéraLement Leur position. Ainsi, « le CIC de Paris
ne soutient plus la musique comme l'Orchestre National d'Ile-de-France et le
Festival de Saint Denis à cause de la concurrence avec deux autres
banques. Du coup l'entreprise a choisi un autre secteur, le
théâtre privé >116.
ParaLLèLement, d'autres domaines s'ouvrent au mécénat
comme L'environnement, Les secteurs sociaux ou médicaux,
générant ainsi une nouveLLe concurrence pour de nombreux secteurs
d'intérêt généraL : « La culture mobilise
57% des budgets du mécénat d'entreprise contre 39% pour la
solidarité et 4% pour l'environnement >117. Mais
aujourd'hui, iL sembLe que Les attentes des festivaLs soient de mieux en mieux
comprises avec La muLtipLication de contrats pLuriannueLs. « Ainsi, le
Festival de la Bande Dessinée d'Angoulême est associé aux
Centres Leclerc en signant un contrat de trois ans par lequel l'entreprise
apporte une subvention annuelle de 530 mille euros >118.
Pour trouver un mécène, iL faut savoir anaLyser
ses motivations. ELLes sont
aussi nombreuses que ses engagements, c'est
pourquoi iL est difficiLe de
trouver une entreprise qui corresponde
exactement à son festivaL. « En 1990,
113 Voir annexe 2, page 194.
114 TOUSSAINT (PhiLippe), « L'argent des festivaLs... >,
Op. cit.
115 Idem
116 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 8.
117 GLAVANY (Jean), Op. cit.
118 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 4.
les responsables de festivals présentent quatre
motivations principales qui décideraient les entreprises : la
réalisation d'actions de relation publique, une meilleure
intégration à leur environnement, une bonne couverture de presse,
des retombées en terme de communication interne >119.
Ces motivations sembLent toujours être au centre des
préoccupations des entreprises mécènes. On peut cependant
y rajouter un intérêt fiscaL et La recherche d'un pubLic et de
vaLeurs partagées120. IL y a donc un travaiL de communication
important à réaLiser pour motiver Les entreprises au
mécénat. CeLui-ci doit égaLement être
approuvé par Les saLariés de L'entreprise et être
vécu comme un éLément positif.
Les contreparties sont autorisées en matière de
mécénat, « à condition qu'il existe une
disproportion marquée, inférieure à 25%, entre les sommes
données et la valorisation de la prestation rendue. La disproportion
n'est effective que lors d'une donation matérielle mais on ne quantifie
pas de l'image >.121 Les contreparties des festivaLs peuvent
donc être de formes diverses : La mention du nom de L'entreprise sur Les
supports promotionneLs (affichages, cataLogues, biLLetterie), La mise à
disposition de pLaces de spectacLe, vaLoriser Les vaLeurs de L'entreprise
à L'occasion de conférences de presse, L'édition de
casettes et de disques pour Les cadeaux d'entreprise, Les opérations de
reLation pubLique ou encore La pubLication d'un encart presse pour remercier
Les partenaires. La notion de coLLaboration entre un mécène et Le
festivaL est donc fondamentaLe. Ainsi, iL faut rester prudent sur un certain
nombre de points, car cette sécurité financière
dévoiLe parfois un « Laxisme > de La part des responsabLes de
festivaLs. En effet, « pour les événements qui n'ont
qu'un mécène exclusif, il faut alors bien savoir gérer le
mécénat surtout si celui-ci nous fait défaut, si le
mécène veut se retirer, il faut avant tout avoir un
successeur >122. IL existe un risque dans Le fait de n'avoir
qu'un partenaire unique car iL peut à tout moment se désister. De
pLus, on ne peut jamais entreprendre de nouveaux mécénats sans en
avertir ses mécènes
119 Idem
120 SAUVANET (NathaLie), « Mécénat >,
Op. cit.
121 Idem
122 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 7.
actueLs. Enfin, La direction du festivaL peut rencontrer une
perte de maîtrise de L'événement, comme L'exigence d'une
programmation tournée vers Le vedettariat.
Aujourd'hui, iL est difficiLe de trouver un
mécène car iL existe une véritabLe méconnaissance
des intérêts cuLtureLs et fiscaux. Comme Le souLigne Luc Benito,
« le soutien d'activités culturelles par des entreprises
privées apparaît, dans la conscience collective et sans doute plus
dans celle des professionnels de la culture, comme un mariage contre nature
>123. IL y a égaLement Le phénomène de
La concurrence entre Les entreprises mécènes, ou pLus
précisément entre Les festivaLs nationaux ou régionaux, ou
encore La crainte du caractère novateur de L'événement et
de sa programmation. C'est pourquoi Les festivaLs ayant une thématique
pLus « cLassique > remportent souvent Les suffrages des
mécènes. Pourtant, un autre facteur peut égaLement
expLiquer La faibLesse du mécénat cuLtureL en France, «
il relève de cette fameuse exception culturelle* française
qui s'illustre par une imbrication forte des activités culturelles dans
la sphère publique >.124 En ce sens, « on ne
peut pas accepter que les produits culturels soient réduits à
leur valeur marchande et renoncer à l'exception culturelle
>.125
b) Partenariat et sponsoring
ParaLLèLement au don en argent, iL existe
égaLement Le don en nature. IL est souvent Le chemin Le pLus court pour
obtenir un soutien de petites entreprises. Son évaLuation
chiffrée peut parfois dépasser Le montant des fonds
coLLectés. On trouve une grande diversité des dons et services
mis à disposition : biLLets d'avion, chambres d'hôteL, prêt
de véhicuLes, de caméras ou d'instruments, mais égaLement
instaLLations téLéphoniques, iLLuminations de bâtiments,
prestations en matière de communication et d'impression. Pour de petits
événements, La prise de contact avec des entreprises LocaLes
reste
123 BENITO (Luc), « Les festivaLs de France : FestivaLs sous
L'angLe économique >, Op. cit., page 27.
124 Idem
125 GLAVANY (Jean), Op. cit.
bien entendu Le moyen Le pLus Légitime de trouver une
forme de partenariat. IL permet égaLement à ces entreprises de
participer à La vie cuLtureLLe de La région.
Les partenaires Les pLus fréquents au niveau des
festivaLs sont tout d'abord Les banques mutuaListes comme Le Crédit
AgricoLe, La Caisse d'Epargne, La Banque PopuLaire et Le Crédit
MutueL126. ELLes ont une grande impLantation LocaLe et ont une
indépendance financière comparée au centre nationaL. Vient
ensuite La presse, avec, en première position, La presse quotidienne
régionaLe et queLques supports nationaux comme TéLérama
qui «décerne ainsi chaque année son label « Un
événement Télérama » à plus d'une
vingtaine de manifestations >127. La radio, avec France
Inter ou Radio France qui est Le média Le pLus intéressant et Le
moins « exigeant > en terme de partenariat et d'échange
médiatique. D'autres secteurs sont égaLement concernés par
Le soutien financier aux activités cuLtureLLes et artistiques regroupant
de nombreuses entreprises pubLiques ou parapubLiques, comme Les transports avec
Air France, La SNCF, Les constructeurs automobiLes, Le secteur des
communications avec France TéLécom ou encore EDF et
GAN128.
Le sponsoring, quant à Lui, reLève du «
hors média >, L'entreprise s'associe à un représentant
de L'association du festivaL pour faire passer son message pubLicitaire.
Ces différentes « formuLes > de financements
privés sont en pLein déveLoppement d'une manière
généraLe et vont être au coeur, dans Les années
à venir, des préoccupations des directeurs de festivaLs qui
voient Leurs subventions pubLiques diminuer peu à peu. C'est maintenant
un virage qu'iL faut anticiper, car cette mutation du contexte financier risque
de faire disparaître un grand nombre d'événements qui
n'auront pas assurés à temps Leurs arrières.
126 GORSSE (EmmanueLLe), Op. cit., page 7.
127 Idem
128 Idem
E) La communication
Une fois Le pLan de financement du festivaL étabLit, iL
faut mettre en pLace une stratégie de communication. ELLe se
matériaLise par différents supports comme Le dossier de presse,
Les fLyers ou cartes postaLes, pLus aujourd'hui une présence sur
internet. IL est égaLement possibLe de présenter La programmation
ou Les créations de L'événement grâce à un
matérieL audiovisueL. On retrouve souvent un manque de moyen et de
professionnaLisme quant à ces points précis, car dans Le pLupart
des cas, Les budgets communication demeurent minimes : avec 13%, iLs
représentent La troisième dépense des festivaLs
après Les frais artistiques (55%) et Les frais administratifs
(22%)129. IL faut ensuite se mettre en reLation avec La presse
LocaLe, qui reste encore Le meiLLeur aLLié des festivaLs et créer
ainsi un réseau de communication avec Les associations LocaLes et Leur
service presse, première cibLe de partenaires pubLics à envisager
en terme de communication. Les médias nationaux quant à eux sont
pLus difficiLes à intéresser car L'information se trouve
rapidement diLuée. A L'écheLLe LocaLe, iL faut prendre en compte
Les événements cuLtureLs aLentours qui pourraient freiner La
venue de La presse et des journaListes. Pour exempLe, « Montpellier et
sa région ne se situent pas sur les grands axes de circulation pour les
programmateurs et les journalistes, et le détour représente un
coût. Les institutions doivent généralement prendre en
charge ces derniers si elles souhaitent obtenir des papiers susceptibles de
porter leur diffusion. Par ailleurs, la proximité d'Avignon fixe la
venue de ces professionnels »130. PLus
précisément, pour Les festivaLs de musiques actueLLes, iL est
important de bien cibLer Les financeurs et Les professionneLs de La musique,
comme Les artistes, tourneurs, producteurs, éditeurs ou managers, afin
d'optimiser La communication de L'événement131. Enfin,
iL ne faut pas négLiger La présence
129 Ces chiffres sont issus de L'enquête
réaLisée auprès des festivaLs adhérents à La
fédération France Festivals portant sur L'exercice
2002.
130 Département de L'HérauLt, Dispositif SpectacLe
Vivant, « Une reLation avec Les autres coLLectivités à faire
évoLuer face au changements en cours », partie 1-4, page 3.
131 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien oraL avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
d'une équipe en reLation avec Les pubLics, qui permet
ainsi d'étabLir un travaiL de formation des pubLics et de reLais de
communication.
A travers cette anaLyse, on mesure L'importance des
différents apports du contexte LocaL, à La fois dans
L'éLaboration du projet, dans La mise en appLication du futur festivaL,
mais aussi dans une démarche de pérennisation. IL est un
composant essentieL pour L'événement et souLigne paradoxaLement
que ceLui-ci doit apparaître comme un éLément participant
activement au déveLoppement LocaL, en terme de tourisme,
d'économie, d'empLoi ou de proposition cuLtureLLe.
II) Les retombées d'un festival sur le contexte
local
En échos aux apports directs que peut offrir Le
contexte LocaL quant à La mise en oeuvre d'un festivaL, L'ensembLe des
acteurs du miLieu s'accorde à dire que ceLui-ci peut Lui apporter en
retour des retombées conséquentes. Le festivaL offre un
éLan suppLémentaire au déveLoppement LocaL, en Le faisant
croître et se dépLoyer. Ses retombées atteignent La
dimension même du territoire, et Lorsqu'eLLes sont associées
à un événement pérenne, interviennent
égaLement sur Le déveLoppement durabLe, pour Les
générations futures. Son impact prend donc des formes
diversifiées en terme d'économie, de tourisme, d'empLoi, d'image
et de notoriété ou encore de cuLture. Les directeurs de festivaLs
comme Les éLus Locaux s'accordent à citer ces différents
effets comme Les pLus manifestes, car, à L'évidence, «
lorsqu'il n'y a plus de festival ou quand un festival n'a pas lieu ce sont
d'abord ces raisons-là qui sont évoquées aussi bien dans
les médias que dans les cercles économiques et politiques
locaux »132.
132 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op. cit.
A) Retombées matérieLLes
1) Directes
a) Le tourisme
Si Le Ministère de La CuLture et de La Communication et
Le secrétariat d'Etat au tourisme ne se sont jamais penchés de
manière approfondie sur La question des retombées touristiques
des festivaLs en France, Les nombreuses annuLations de L'été
2003, suite aux mouvements de grèves des intermittents du spectacLe, ont
permis d'anaLyser L'impact touristique et donc économique non
négLigeabLe, essentieL à La richesse du Lieu d'accueiL.
La venue des festivaLiers profite en effet à L'ensembLe
des structures de L'industrie touristique LocaLe, comme Les professionneLs de
L'hébergement, de L'hôteLLerie, de La restauration, des commerces
ou des transports. C'est une recette considérabLe pour Les
professionneLs Locaux, équivaLent dans certains cas à un
treizième mois. Les dépenses des festivaLiers sont donc
nombreuses et importantes, surtout en ce qui concerne Le Logement et La
restauration, iLs permettent de rempLir campings, hôteLs et restaurants.
Par exempLe, « le Festival d'Avignon engendre 2 800 nuits
d'hôtels et la mairie estime qu'un festivalier dépense en moyenne
110 euros par jour (hors billetterie) »133. De même,
« au Festival Pablo Casals de Prades, les sept à neuf mille
auditeurs présents sur trois semaines assurent le remplissage des
hôtels, restaurants et bars de la ville »134.
L'un des rôLes essentieLs des festivaLs est de proLonger
La saison touristique, ou d'en créer une nouveLLe pendant
L'année. Comme Le confirme L'AFEST135, « la plupart
des festivals correspondent soit aux ouvertures de la grande saison
touristique, soit à un facteur efficace d'allongement de la
saison».136 Deux exempLes significatifs sur ce point
peuvent être Le Festival International
133 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
20.
134 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 22.
135 « Le tourisme gravement touché par
L'annuLation des festivaLs », communiqué de presse de L'AFEST,
http://www.afest.org/PubLications/breve.php3?id_breve=30,
consuLtation Le 13 mai 2006.
136 Idem
du Film Fantastique d'Avoriaz qui, «
initialement organisé en début de saison hivernale, pendant
la troisième semaine de janvier, provoque la venue des touristes en
semaine creuse >137, ou Le Festival du Film
Américain de DeauviLLe, « qui se déroule
début septembre et incite les touristes à prolonger leur
séjour, alors que la saison se termine fin août
>138. Ces effets se confirment et se proLongent d'autant pLus
quand L'événement s'inscrit dans un schéma de
pérennité.
Le festivaL peut aussi jouer un rôLe dans La
pLanification des vacances sur Le site ou dans La région, car iL se
tient en majorité au printemps et en été. Une
enquête réaLisée sur Le Festival Interceltique de
Lorient montre ainsi que, «si le motif de la venue des
festivaliers est pour 71 % d'entre eux l'assistance au festival, 35 des 183
personnes interrogées finissent leurs vacances sur le site
>139. Les touristes, attirés par un
événement cuLtureL, choisissent parfois de proLonger Leur
séjour au-deLà même de sa durée. Le festivaL permet
donc d'attirer une nouveLLe cLientèLe, qui dans bien des cas, n'aurait
pas fréquenté La commune ou La région. Enfin, iLs jouent
un rôLe dans Le choix des destinations uLtérieures des
festivaLiers, comme aux Francofolies de La RocheLLe, où L'on a
constaté que 83% des festivaLiers pensaient y revenir pour visiter Les
îLes de Ré et d'OLéron140.
L'attractivité des festivaLs permet une réeLLe
fidéLisation des touristes grâce au renouveLLement de Leur
programmation, ce qui n'est pas Le cas d'un monument par exempLe, dont Le
contenu ne peut être modifié. Une étude menée par La
Direction du Tourisme en 1999141 montre que Les activités et
Les animations constituent Le second éLément Le pLus important
pour Les vacanciers après Le cadre de vie. Parmi eux, Les festivaLs sont
porteurs d'une dynamique qui contribue à faire régner dans La
commune d'accueiL, une ambiance festive, à LaqueLLe Les touristes sont
sensibLes. Ainsi, dans Le cadre des Francofolies de La RocheLLe «
pour le feu d'artifice organisé par la
137 CHOUCHAN (LioneL), in BENITO (Luc), Les festivals en
France : marchés, enjeux et alchimie, Op. cit., page
87.
138 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 88.
139 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 22.
140 PEUDUPIN (Guy), in BENITO (Luc), Les festivals en France
: marchés, enjeux et alchimie, Op. cit., page 89.
141 « Les vacances d'été des Français :
éLéments importants, degrés de satisfaction >,
Observatoire nationaL du tourisme, anaLyses et prospectives du tourisme n°
54, page 112.
Mairie, on compte en général 100 000
personnes, tandis que les spectateurs du festival n'en représentent que
60 000>142. En outre, si Le festivaL attire Les touristes iL
en est de même pour Les visiteurs de proximité, ainsi, «
75% en moyenne des festivaliers proviennent de la région
elle-même dont 50% du département >143.
Le tourisme cuLtureL est devenu L'un des
bénéficiaires priviLégiés des festivaLs. En effet,
« longtemps très élitiste, il répond aujourd'hui
à un engouement croissant du grand public >144. IL
permet aussi d'attirer et de susciter Le déveLoppement du tourisme
étranger. Ainsi, Le Festival Interceltique de Lorient attire
non seuLement des visiteurs des pays ceLtiques, IrLande, Ecosse, Pays de
GaLLes, GaLice mais égaLement ceux qui viennent avec
réguLarité du Québec ou de L'AustraLie, entre
autre145.
Enfin, iL est important de souLigner que Le festivaL
créé parfois La destination touristique. Ainsi, «
à Marciac dans le Gers, c'est le festival de jazz qui a
entièrement créé la destination touristique !
>146. En outre, Les pLus « petits > festivaLs, ceux
à faibLe budget, permettent à de petits viLLages dépourvus
d'attraction phare de se faire connaître. Bien que Le patrimoine LocaL et
Le cadre natureL soient dignes d'intérêt, iLs permettent d'attirer
des touristes qui n'y seraient peut-être jamais venus. Inversement, ces
retombées touristiques ont parfois été à L'origine
de La création de festivaLs s'inscrivant généraLement dans
une stratégie de déveLoppement touristique LocaL.
IL faut pourtant considérer ces retombées avec
précaution car eLLes ne sont pas effectives dans toutes Les situations.
En effet, on Les trouve à des écheLLes importantes, surtout pour
Les festivaLs de renom, et de manière pLus Légère pour Les
événements mineurs, qui représentent désormais une
part importante des festivaLs.
ParadoxaLement, cette diaLectique « festivaLs et tourisme
> a ses Limites.
L'unique « point noir > qui pourrait rompre ce
Lien serait Le risque de voir
142 PEUDUPIN (Guy), in BENITO (Luc), Les festivals en France
: marchés, enjeux et alchimie, Op. cit., page 89.
143 BENITO (Luc), « Etat des Lieux de L'activité 2002
des festivaLs membres de France FestivaLs >, page 12.
144 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 22.
145 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 7.
146 « Le tourisme gravement touché par
L'annuLation des festivaLs >, communiqué de presse de L'AFEST,
http://www.afest.org/PubLications/breve.php3?id_breve=30,
consuLtation Le 13 mai 2006.
L'image touristique habitueLLe de La viLLe perturbée
par La fièvre festivaLière. Surtout pour Les
événements proches de La manifestation ou de La foire. Cette
« cuLture festivaL » peut produire chez La popuLation LocaLe une
réaction de rejet. « La gêne peut également
naître d'une détérioration esthétique du paysage
culturel comme certains lieux patrimoniaux, où doivent être
installés des gradins souvent en juillet ou en
août»147. Mais iL sembLe aujourd'hui qu'après
tant d'expériences vécues, Les municipaLités ont Le pLus
souvent su faire face à ces difficuLtés.
b) Economique
Dans un récent communiqué de presse, L'AFEST
s'inquiète sur L'annuLation de pLus en pLus fréquente de
festivaLs en France. De manière spontanée, souvent après
une, deux voire trois éditions, ces disparitions ont fortement
infLuencées L'économie de La coLLectivité qui accueiLLe
L'événement. En ce sens, Le Ministère de La CuLture et de
La Communication rappeLLe que « l'annulation de nombreux festivals en
2003 a souligné l'énorme manque à gagner en matière
économique lorsque de tels événements n'ont pas lieu
»148.
Depuis une vingtaine d'années, iL y a un Lien
évident entre économie et cuLture. CeLLe-ci est
considérée par Bernard Latarjet149 « comme
une composante essentielle des stratégies économiques à
long terme. Le coefficient multiplicateur des retombées sur
l'économie locale est de l'ordre de trois »
150. Bernard Faivre d'Arcier précise
égaLement que «l'on en vient à dire qu'un euro investi
dans un festival vous en rapporte trois, quand ce n'est pas dix
»151.
La pLupart des festivaLs ont vu Le jour dans Les années
quatre-vingt, décennie
d'une réfLexion sur La
décentraLisation et ses effets bénéfiques : «
C'est
147 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 22.
148 SAUZAY (Benjamin), Op. cit., page 45.
149 Président du parc de La ViLLette, Paris.
150 LATARJET (Bernard), Rapport Latarjet sur le Spectacle
vivant et l'aménagement culturel du territoire, compte-rendu de
mission du Ministère de La CuLture et de La Communication, page 160.
151 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op. cit., page
5.
l'époque du débat sur les enjeux
économiques de la culture où, sous l'impulsion d'un
Ministère de la Culture en pleine croissance, il était important
de justifier l'intervention publique en la matière par des
critères en monnaies sonnantes et trébuchantes
>152. Ces retombées en matière d'économie se
sont faites remarquer par L'intermédiaire, notamment, de nombreuses
études d'impact qui ont été Lancées dès Les
années quatre-vingt. Les éLus Locaux ont aLors
réfLéchit à L'intérêt poLitique et
économique de créer des manifestations dans Leur région,
et Les communes se sont très vite misent à financer des
événements cuLtureLs comme Les festivaLs. Ainsi, une étude
effectuée iL y a pLusieurs années autour du Festival
d'Avignon montre que « pour un franc de recettes culturelles, il
y aurait 3 à 5 francs de retombées sur l'économie locale
>153. D'autres études confirment cet impact
économique égaL à environ trois fois Le budget du
festivaL. CeLLe réaLisée pLus récemment en 2001 par
L'AGFA154 montre que « sur les 22,1 millions d'euros de
flux économiques que suscite le Festival d'Avignon, 18 millions d'euros
bénéficient directement à l'économie locale. Et ce
chiffre double quasiment si l'on prend en compte le OFF et ses 600 000
festivaliers>155. Au-deLà donc des retombées
purement touristiques dont nous avons déjà parLé,
L'organisation et Le dérouLement des festivaLs engendrent des
retombées économiques directes. ELLes prennent aLors La forme de
revenus additionneLs pour Les entreprises issues du tissu économique
LocaL émanant des dépenses des organisateurs Liés à
La réaLisation techniques et matérieLLes de
L'événement, soit « 20 à 40% du budget. Une manne
financière non négligeable sachant qu'ils peuvent dépasser
plusieurs millions d'euros >156. Ces entreprises font partis
des secteurs de L'imprimerie pour La réaLisation des affiches, des
brochures, des dépLiants, ceLui des reLations pubLiques, Les services
techniques pour L'écLairage et La sonorisation, Le marché des
Locations, parcs de matérieL, de Lieux de spectacLes ou d'instruments de
musique, Les dépenses de communication, en conférences de presse,
frais
152 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Cahier Espaces 74,
page 3.
153 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
154 Association de Gestion du FestivaL d'Avignon.
155 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
156 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 81.
d'affichage, et enfin Le secteur des transports. Ainsi, pour
Avignon, « les 600 000 euros d'achats effectués par le festival
« In » se répartissent pour 64 % au bénéfice
d'Avignon et de sa zone d'influence, pour 75 % au profit de la région,
et 25 % pour le reste de la France >.157 Les festivaLs
permettent de faire parLer de Leur région comme d'un endroit
d'impLantation attractif où se tiennent des événements
cuLtureLs. La DMDTS expLique que, de manière détournée,
iLs permettent dans certains cas L'impLantation de structures ou d'entreprises
nouveLLes. Pour exempLe, en 2001, Maryse Joissains Masini, Maire
d'Aix-en-Provence affirme que Le Festival international d'art lyrique
fut, par son rayonnement, à L'origine de L'impLantation d'une
cinquantaine d'entreprises158.
Comme on a pu Le voir, Les festivaLs ne sont pas uniquement
des temps forts artistiques mais égaLement des périodes
décisives pour L'activité économique des régions et
des LocaLités où iLs se dérouLent. Même s'iL est
difficiLe de chiffrer précisément ces retombées,
L'engouement des communes à créer Leur propre « rendez-vous
> prouve que L'impact n'est pas négLigeabLe. Ces retombées
peuvent avoir des visées à Long terme, surtout pour Les festivaLs
de grande ampLeur, car, comme Le détaiLLe un responsabLe de L'industrie
hôteLière du VaucLuse : « En juillet, les deux tiers de
la clientèle viennent pour le Festival d'Avignon. Nous réalisons
ainsi en trois semaines, un tiers de notre chiffre d'affaires annuel
>159. Mais ce qui est vrai à Avignon L'est aussi dans
d'autres communes.
Enfin, comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier, «
l'argument, sans doute plus récent, mais certainement le plus
efficace, est que le festival est une bonne opportunité
économique, il est somme toute une bonne affaire
>160.
Les concLusions sur Les différentes retombées
directes qu'un festivaL peut avoir sur La commune où iL s'impLante
peuvent être assimiLées au festivaL de photoreportage Visa
pour l'Image qui se tient à Perpignan depuis dix-huit ans.
157 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 16.
158 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op. cit.,
page 4.
159 SAUZAY (Benjamin), Op. cit., page 45.
160 Idem
SeLon L'enquête d'un cabinet privé de
consuLtant161, qui vise à mesurer Le poids économique
exact du festivaL sur Le commerce LocaL, iL aurait engendré pour
L'édition 2000 un chiffre d'affaire suppLémentaire de un miLLion
huit cent miLLe euros. Ainsi, comme Le souLigne Jean-PauL ALduy, Maire de
Perpignan, La viLLe accorde trois cent miLLe euros de subventions directes et
pLus de quatre cent cinquante miLLe euros de prestations de service à
cette manifestation. En comparaison, La subvention du département est de
L'ordre de trente miLLe euros. En dix-huit années d'existence, on sait
que Visa pour l'Image a un impact très important sur
L'économie LocaLe. Se dérouLant Les deux premières
semaines de septembre, iL proLonge La saison estivaLe de deux semaines. Afin de
renforcer L'importance de cet événement pour La viLLe, iL est
important de rappeLer queLques chiffres162. Pour L'édition
2005, ce sont 163 720 entrées qui ont été
enregistrées dans Les neuf sites d'expositions, soit 2,5 miLLions
d'euros de retombées générées. 163 270
entrées, soit 25 575 visiteurs dont 74% venus à titre individueL.
En effet, Les professionneLs ne représentent que 9% de La
totaLité des visiteurs, La majorité reste donc des touristes qui
viennent exprès dans La viLLe pour découvrir Le festivaL.
Toutefois, Les statistiques révèLent que 19% de ces visiteurs
individueLs s'y rendent spontanément, aLors qu'iLs ne L'avaient pas
spéciaLement prévu dans Leur séjour. Enfin, 62% de ces
visiteurs viennent de régions étrangères au
Languedoc-RoussiLLon.
Si Les personnes accréditées dépensent en
moyenne cinq cents euros au cours de Leur séjour, Le budget des
individueLs se Limite à quarante-cinq euros. PLus de 78% des
accrédités passent au moins une nuit sur Perpignan, ce qui
représente en moyenne un budget de cent quatre-vingt euros par personne
pour L'hébergement. Les retombées se partagent entre La
restauration 37%, L'hébergement 21%, Le commerce 21%, Les cafés
16%, sorties 3%, transports 3%. Bien que ces chiffres soient séduisants,
iL faut admettre qu'une baisse des retombées économiques est
notabLe sur L'édition 2005. Les cafés et Les transports
enregistrent cependant une hausse respective de 1,9 et 13%163. En
161 In L'Indépendant, édition de
Perpignan, janvier 2001, in BENITO (Luc), Les festivals en France :
marchés, enjeux et alchimie, Op. cit., page 82.
162 COURTY (Fanny), Op.cit.
163 Idem
attendant Le biLan 2006, on peut d'ores et déjà
affirmer que Le festivaL reste une des sources majeures de revenus pour La
viLLe de Perpignan.
L'exempLe précis du festivaL Visa pour l'Image
de Perpignan démontre L'importance des retombées
matérieLLes directes que peut avoir un festivaL sur sa commune d'accueiL
ou même sur sa région. De même, cette catégorie
d'effets entraîne Logiquement des retombées indirectes en termes
d'empLoi ou de renforcement du Lien sociaL.
2) Indirectes
a) Renforcement du Lien sociaL
Attirant majoritairement un pubLic LocaL ou régionaL,
Les festivaLs jouent un rôLe sociaL évident dans Les viLLes
où iLs se dérouLent. ILs permettent de combLer L'absence de
L'offre cuLtureLLe et d'équipements permanents, à L'exempLe des
festivaLs de cinéma qui proposent La diffusion de fiLms divers
diffusés d'ordinaire dans des Lieux pLus spécifiques.
Etant une réeLLe animation LocaLe, ces
événements attirent et mobiLisent une partie de La popuLation, et
deviennent, dans certains cas, un véritabLe vecteur d'intégration
sociaLe. En ce sens, certains festivaLs favorisent L'insertion de popuLations
dites « défavorisées » ou de quartiers isoLés,
en améLiorant, même pour une durée Limitée, Les
situations que L'on peut trouver dans ces zones en difficuLté, et Lutter
contre L'excLusion. ILs deviennent un support pour La connaissance
réciproque des cuLtures et La mise en vaLeur de Leurs richesses.
Certains exempLes significatifs montrent qu'iLs apportent une image nouveLLe et
améLiorée des Lieux où iLs se dérouLent et peuvent
entrer parfois dans Le cadre d'une poLitique de déveLoppement sociaL des
quartiers. « Le festival est un onguent qui peut panser quelques
déchirures sociales et permettre ou susciter l'occasion de nouvelles
relations de voisinage, voir d'un relatif brassage social, ne flit-ce qu'un
instant » 164.
164 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op. cit.
Les festivaLs rassembLent, pour une courte durée, des
typoLogies d'individus souvent éLoignés en proposant La rencontre
entre Les simpLes curieux ou amateurs et Les professionneLs qui font exister La
forme artistique.
Lorsqu'iL attire un pubLic majoritairement issu du Lieu de son
impLantation, Le festivaL devient un temps fort au sein de La
coLLectivité, un véritabLe rendezvous. Dans certains cas, iL
procure égaLement La voLonté de renforcer une identité
LocaLe et peut donner forme à un désir identitaire, ceLui d'une
communauté ou d'un quartier. Ainsi, Le succès du Festival
Interceltique de Lorient traduit parfaitement cette Lutte contre La
disparition d'une identité cuLtureLLe, « motivée par les
craintes liées à une « mondialisation » de la culture
»165. IL est un moment souvent unique dans L'année
pour des communes bretonnes où iL n'existe pas ou peu
d'événements de teLLe envergure en dehors de La période
estivaLe. Le pubLic de cet événement est constitué
essentieLLement des popuLations LocaLes ou aLentours, qui, en trente-six ans,
se sont « attribués » Le festivaL et s'en sentent «
responsabLes ». Le témoignage d'une jeune bénévoLe
sur Les Lieux renforcent cette impression : participant depuis six ans au
festivaL au sein du bureau de presse, eLLe ne manquerait cet
événement pour rien au monde. Les différentes rencontres,
L'ambiance festive qui y règne et L'animation que Le festivaL Lui
procure sont autant d'éLéments qui Lui permettent de se sentir
« vivante et utiLe ». De pLus, eLLe souLigne avec fierté
qu'eLLe a déposée un congé sans soLde de quinze jours pour
pouvoir participer à L'événement166.
Ainsi, bien que Le contenu du festivaL et sa fonction
cuLtureLLe restent prioritaires, L'impLication de La popuLation LocaLe est une
condition indispensabLe à La réussite et au rayonnement d'un teL
événement. IL tend à déveLopper de nouveLLes formes
de conviviaLités et à renforcer La conscience citoyenne des
habitants.
165 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 76.
166 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
stage au sein du bureau de presse du Festival Interceltique de
Lorient, du 24 juiLLet au 7 août 2006.
b) EmpLois directs
Parmi Les empLois générés par Les
festivaLs, Les empLois directs sont des postes permanents. ILs sont souvent Les
pLus « stabLes >, avec un engagement s'étaLant sur toute
L'année pour Les pLus grands événements. Pourtant, cette
équipe administrative des festivaLs tend à être
réduite à un nombre Limité de permanents. « Parmi
les plus grands festivals, on ne compte en général pas plus de
cinq permanents, à l'exception du Festival d'Avignon qui emploie seize
personnes toute l'année. Quant aux autres, ils n'ont pas ou peu de
permanents >167. En effet, sur deux miLLe cinq cents
personnes participant au Festival Terre Neuvas de BobitaL en
Côte d'Armor, seuLement trois sont rémunérés hormis
Les techniciens intermittents, - Le régisseur généraL, Le
responsabLe de La communication et L'attaché de presse-. IL n'existe
donc aucun saLarié permanent pour Le deuxième festivaL de
musiques actueLLes de France168. Enfin, au Printemps de
Bourges, « l'équipe permanente d'environ sept personnes
est élargie à 214 saisonniers et 650 professionnels du milieu
artistique pendant le mois du festival >169. Mais ces
empLois stabLes ne sont pas toujours systématiques et La
particuLarité saisonnière des festivaLs ne Leur permet pas
d'assurer Leur pérennité, car d'une part, « le recours
au bénévolat est très important, et d'autre part, nombre
de villes apportent leur concours aux festivals qui s'y déroulent en
leur prêtant du personnel municipal>170. En effet, Les
fonctions de sécurité, de montage ou de nettoyage sont
assurées par Les agents municipaux mis à disposition par Les
Mairies.
La mise en oeuvre d'un festivaL demande souvent une Logistique
coLossaLe et créée de nombreux empLois, qui, Le pLus souvent,
prennent La forme d'empLois saisonniers: hôtes et hôtesses,
gardiens, serveurs, ouvreuses, techniciens ou chauffeurs. Leur nombre augmente
de pLus en pLus, faisant des festivaLs un secteur décisif dans certaines
régions comme en Provence ALpes Côte d'Azur, « puisque
quasiment un tiers des festivals français a lieu dans la région
et
167 BENITO (Luc), Les festivals en France: marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 78.
168 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
169 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
170 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 15.
emploie 30 000 personnes dans le secteur culturel
>.171 De même, Le cas des Eurockéennes de
Belfort en est un très bon exempLe puisque, seLon son directeur,
Monsieur RoLand, « il constitue une des plus importantes sources
d'embauche de l'Est >172. En effet, Le festivaL recrute en
tout un miLLier de personnes : iL empLoie environ cinq cents jeunes de La
région pour des empLois saisonniers variant entre trois jours et un mois
et fait appeL à près de trois cents intermittents (un tiers
recruté par Le festivaL, Le reste par Les sociétés de
production participant à La manifestation)173. Ce festivaL
est donc un des rares à ne pas faire appeL aux bénévoLat,
suivant ainsi une directive poLitique « destinée à
satisfaire les jeunes de la région, le festival doit permettre la
création de « jobs » d'été
>174. En outre, même si La majorité de ces
empLois est précaire et demande peu de quaLification, « ils
constituent quand même une opportunité qu'il faut saisir au profit
des jeunes, qu'ils soient étudiants ou qu'ils rentrent dans la vie
professionnelle ou sont à la recherche d'un bon contrat de travail
>.175
ParadoxaLement, Les festivaLs jouent souvent un rôLe
dans L'insertion sociaLe de personnes en difficuLtés, comme Les
demandeurs d'empLoi de Longue durée et sans quaLification, et ceLa par
Le recours aux contrats empLoisoLidarité.
Permanents, saisonniers, temps partieL ou intermittents, Les
empLois directs générés par Les festivaLs sont donc divers
et bénéficient Le pLus souvent à La popuLation LocaLe.
Enfin, même si La probLématique de Leur statut a
terni queLque peu Leur image depuis ces dernières années, Les
intermittents du spectacLe représentent une part saLariaLe indispensabLe
au bon fonctionnement d'un festivaL. En effet, La réforme du 27 juin
2003176 sembLait nécessaire, car en dix ans, Le nombre de
bénéficiaires du régime a doubLé pour atteindre Le
nombre de quatre vingt
171 SAUZAY (Benjamin), Op. cit., page 50.
172 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op. cit., page
35.
173 Idem
174 Idem
175 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op. cit., page 7.
176 Avant cette réforme, un intermittent du spectacLe
devait travaiLLer cinq cent sept heures dans L'année pour pouvoir
bénéficier de douze mois d'aLLocation chômage. Depuis Le 27
juin 2003, iL doit travaiLLer cinq cent sept heures sur dix mois pour Les
techniciens et dix mois et demi pour Les artistes pour une durée
d'indemnisations réduite, eLLe, à huit mois. In
GALEOTTE, Op.cit.
seize miLLe personnes177. L'été 2003
fût Le théâtre de nombreuses perturbations et annuLations de
festivaLs en réaction au confLit des intermittents du spectacLe. Par
conséquent La première annuLation du 57ème
Festival d'Avignon et de La 19ème édition des
Francofolies. Ces événements ont
révéLés paradoxaLement L'importance économique des
festivaLs pour Les communes où iLs se dérouLent, « ce
qui prouve par l'absurde que, si la culture coûte de l'argent, elle en
rapporte aussi beaucoup... Mais pas aux mêmes
».178
c) EmpLois induits
ParaLLèLement aux empLois directs,
générés au sein même du festivaL, ceLui-ci
génère égaLement des postes permanents ou temporaires
induits dans de nombreux autres secteurs. Ainsi, une étude conduite en
juin 1996 par L'AGFA, fondée sur L'anaLyse des décLarations
d'embauches avant, pendant et après Le festivaL, permet de concLure
qu'iL aurait induit La création de pLus de miLLe empLois ainsi
répartis179 : cent dans Le secteur de L'hôteLLerie et
de La restauration, quatre cents dans Le secteur des transports, nettoyage et
sécurité, cent quatre-vingt quinze dans Les activités
récréatives et cuLtureLLes non associatives, cent seize dans Le
secteur associatif, cinq dans Le secteur de L'édition et de
L'imprimerie, vingt et un pour Les entreprises de La Poste et France TeLecom et
cinquante et un dans Le secteur de La santé. L'exempLe d'Avignon montre
que ces créations d'empLois indirects ne sont réeLLement
perceptibLes et quantifiabLes que pour des festivaLs pérennes et de
renom. De pLus, ces empLois induits ne nécessitent pas de
compétences spécifiques, d'où Le recours fréquent
aux contrats intérimaires ou empLoi-soLidarité.
d) Le bénévoLat
La pLupart des festivaLs suscitent L'impLication de
bénévoLes pour L'organisation de L'événement. Pour
Les petites manifestations, iL permet de
177 ABECASSIS (HéLène) et DEMARI (Jean-CLaude),
« La cuLture en grève », in Le Français dans le
monde, n°330.
178 Idem
179 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 15.
compenser un manque de moyens financiers, faute desqueLs eLLes
ne pourraient avoir Lieux. Les pLus grands festivaLs fonctionnent eux aussi
grâce à La participation de ces bénévoLes : au
Festival Interceltique de Lorient, on compte chaque année
environ quatre cents bénévoLes180. Ceux-ci participent
généraLement à L'organisation technique et, dans une
moindre mesure, à La production artistique. Cette impLication
entraîne un caractère pLutôt vaLorisant chez Le
bénévoLe qui participe ainsi à un événement
cuLtureL d'utiLité coLLective et de surcroît
médiatisée.
Les festivaLs sont donc indiscutabLement
générateurs directs ou indirects d'empLois et sous formes
très diverses. Pourtant, « à l'exception des quelques
postes administratifs, tous les emplois réclamant une certaine
compétence sont assurés par des intermittents du spectacle ou
personnels, souvent extérieurs à la
localité»181. La spécificité des
empLois créés directement ou indirectement par Les festivaLs tend
donc à revoir La nature réeLLe de Leur impLication face au
marché du travaiL LocaL.
ParadoxaLement, L'impLication conséquente de La
popuLation LocaLe dans L'événement, révèLe
L'existence de retombées immatérieLLes directes ou indirectes qui
participent fortement à cet enthousiasme commun.
B) Retombées immatérieLLes
1) Directes
a) Image et notoriété
Comme nous L'avons vu précédemment, Les
festivaLs sont vecteurs d'une forte attractivité pour La commune ou La
région où iLs s'impLantent. ILs véhicuLent une image
dynamique, attractive, vivante, et festive, favorisant La promotion de La
destination. Ainsi, comme Le précise Martin MaLvy, ancien ministre et
président du ConseiL RégionaL Midi-Pyrénées, «
ces manifestations
180 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 147.
181 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 78.
participent à l'irrigation culturelle des
territoires. Elles contribuent au rayonnement de notre région, à
son attractivité >. 182
ALLant de pair avec Les bienfaits économiques et
touristiques, Le festivaL offre un véritabLe « coup de projecteur
> sur une viLLe ou une région. Ainsi, Le Festival International
du Film de Cannes a fait connaître La viLLe au monde entier. Leurs
bénéfices en terme d'image sont rarement remis en question et
contribuent au rayonnement inteLLectueL de La viLLe à diverses
écheLLes, « elle gagne ainsi, à jamais, un prestige
qu'on se plaît parfois à comparer avec ce qu'il faudrait
dépenser en terme de publicité et de promotion dans les
médias pour arriver à un résultat équivalent
>183. Un bon festivaL offre donc une surface
rédactionneLLe pLus vaste et surtout moins onéreuse que toute
campagne pubLicitaire. Ses retombées médiatiques peuvent
être considérabLes, « le Festival d'Avignon ou les
Chorégies d'Orange bénéficient d'une couverture
très importante par la presse écrite nationale et
étrangère >184. Pourtant, eLLes ne se Limitent
pas à ces queLques événements de grande envergure.
Beaucoup d'événements organisés dans de petites viLLes ont
contribués à La notoriété des Lieux où iLs
étaient organisés. Ainsi, Marciac, viLLage d'un peu pLus de miLLe
habitants, a tiré bénéfice, en terme dimage et de
notoriété, de L'organisation de son festivaL de
jazz.185
Les festivaLs ont cette capacité d'attirer L'attention
des médias comme Les stations radiophoniques, Les journaux
téLévisés des différentes chaînes nationaLes.
A titre d'exempLe, « durant trois mois, de juin à août
1997, le journal Le Monde a consacré des articles à cinquante
festivals >186. CeLa s'expLique par L'intérêt
Légitime des médias pour La cuLture et Le caractère
événementieL de ce type d'événements.
Peu d'études évaLuent de manière
précise L'incidence financière de ces retombées
médiatiques, pourtant, certaines d'entre eLLes ont tentées de
donner une estimation chiffrée des retours de La couverture
médiatique des journaListes sur un festivaL. Un caLcuL simpLe puisqu'iL
part du principe que Le
182 MALVY (Martin), « FestivaLs à foison, festivaLs
en périL, festivaLs à défendre >,
http://www.midipyrenees.fr/pagesEditos.asp?IDPAGE=299&sX_Menu_seLectedID=m2CuLture_D
8E57732, consuLtation Le 16 juin 2006.
183 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op.cit.
184 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 7.
185 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 8.
186 Idem
festivaL offre à La coLLectivité une
pubLicité qu'eLLe n'aurait pas Les moyens de s'offrir autrement. «
La démarche consiste à calculer la surface occupée par
un article consacré à l'événement et à le
comparer, proportionnellement, au coût de celle d'un encart publicitaire,
et cela dans tous les médias ayant couvert la manifestation
»187. Ce caLcuL peut aLors prendre des dimensions
considérabLes à L'instar des dix neuf miLLions d'euros d'impact
en termes d'image évaLués pour Le Festival d'Avignon en
1995188 contre un miLLion et demi d'euros de pubLicité
gratuite pour La viLLe en 1985189. Pourtant, cette anaLyse
budgétaire n'a pas de sens car seuL Le message véhicuLé se
traduit en matière de communication et c'est sur Le moyen et Long terme
que L'on mesure son impact.
Les retombées en terme d'image et de
notoriété d'un festivaL sur La viLLe où iL se
dérouLe et, pLus Largement sur sa région, ont des
conséquences considérabLes qui génèrent La
création de teLs événements sur Le territoire
français. En ce sens, une deuxième catégorie d'effets
participe activement à cet intérêt pour Les festivaLs, ce
sont Les retombées cuLtureLLes.
2) Indirectes
a) Démocratisation cuLtureLLe
La naissance des pLus grands festivaLs en France dans Les
années quatrevingt, intervient au même moment que La
décentraLisation cuLtureLLe, menée par Le Ministère de La
CuLture et de La Communication. En effet, « les festivals ont
été investis d'un certain nombre de missions par les pouvoirs
publics, particulièrement en ce qui concerne l'aménagement
culturel du territoire »190. ILs contribuent entre autre
à combLer certains « déserts
187 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op.cit.
188 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op.cit.,
page 4.
189 FARCHY (JoëLLe) et SAGOT-DUVAUROUX (Dominique),
Économie des politiques culturelles, PUF, page 176.
190 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 72.
cuLtureLs > en paLLiant L'absence d'équipements
permanents. ILs sont à L'origine de L'organisation, dans des
régions pLus isoLées ou des viLLes pLus modestes, de spectacLes
qui d'ordinaire ne se dérouLent que dans Les grandes viLLes. Contribuant
ainsi à réduire Les inégaLités géographiques
d'accès à La cuLture par Leur dispersion sur L'ensembLe du
territoire, Les festivaLs participent à La décentraLisation
cuLtureLLe, offrant au pubLic LocaL, « une alternative au dynamisme
monopolitique de la vie artistique et culturelle de Paris et ses alentours
>191. Au sein même d'une viLLe, iLs peuvent devenir Le pLus
grand rendez-vous de L'année, à L'image du Festival
Interceltique de Lorient qui se dérouLe dans une commune d'environ
cent vingt miLLe habitants192 et qui accueiLLe en moyenne six cent
cinquante miLLe visiteurs pendant une dizaine de jours193. De pLus,
Leur forme offre des conditions d'accès pLus « conviviaLes > que
ceLLes des instituions cuLtureLLes devant LesqueLLes on passe quotidiennement
mais où L'on ne rentre pas. Les spectateurs sont aLors freinés,
soit par Le coût du biLLet ou encore La crainte de ne pas appartenir au
miLieu, tandis que « dans un festival, on se risque plus
allègrement et plus fréquemment >194. CeLa se
vérifie pLus fortement pour Les festivaLs de pLein air qui sembLent pLus
forcément accessibLes. On s'y retrouve fréquemment en vacances,
entre amis, et L'on y fait de nombreuses rencontres.
Une démocratisation faciLitant une réduction des
inégaLités sociaLes proposant des modaLités tarifaires
pLus accessibLes. En effet, La gratuité de La pLupart de ces
événements permet à de nombreux curieux ou
non-initiés de faire tomber Les barrières symboLiques des Lieux
de diffusion traditionneLLement fréquentés par une éLite
sociaLe. « Un accès facile paraît à l'élu
local une condition, sinon une garantie de démocratisation de la culture
>.195 Leur côté festif et
événementieL contribue à diminuer Le fossé qui Les
sépare, par manque d'habitude ou d'occasion. Ainsi, Les
Folles
191 Idem
192 « Les pLus grandes aggLomérations au recensement
de La popuLation en 1999 >,
http://atLas-
transmanche.certic.unicaen.fr/commun/Lecteur2f/page.php?base=atLas&idpage=269&idLangu
e=fr, consuLtation Le 10 octobre 2006.
193 Le FIL en bref,
http://www.festivaL-interceLtique.com/?nav=B1,
consuLtation Le 10 octobre 2006.
194 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op.cit., page 4.
195 FAIVRE D'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op.cit., page 5.
journées de Nantes, dont une partie des
spectacLes se dérouLent dans pLusieurs saLLes du PaLais des
Congrès, proposent de La musique cLassique à un pubLic qui n'est
parfois jamais entré dans une saLLe de concerts196.
b) Diffusion artistique
Comme nous L'avons vu précédemment, Les
festivaLs permettent de paLier à L'insuffisance de Lieux de diffusion et
combLent notamment Les Lacunes dans différents domaines comme La danse,
Les arts de La rue ou encore Le cirque. ILs ont donc une utiLité
artistique et cuLtureLLe de premier pLan et sont reconnus pour être de
hauts Lieux de création et d'innovation pour Les miLieux artistiques.
« Ils assument en effet plus volontiers le risque artistique que les
institutions permanentes, favorisant ainsi l'éclosion des jeunes
talents »197. Les festivaLs ont La vocation et Les moyens
de promouvoir une activité de création et permettent en ce sens
aux artistes « des essais et des audaces qui les changent d'habitudes,
de lieux, et leur permet de se renouveler, de se « déformater
» »198. Contrairement aux structures permanentes,
pour LesqueLLes La programmation d'un spectacLe peut s'étaLer sur
pLusieurs mois, un festivaL est moins sensibLe au risque artistique, car, queL
que soit Le succès d'une manifestation, son nombre de
représentations reste Limité. En ce sens, iL permet La diffusion
de nouveaux genres artistiques, peu programmés dans Les institutions
permanentes et trouvent un moyen de promotion à travers ces
événements médiatisés, de quaLité, et ceLa
à L'image du Printemps de Bourges, créé en 1977
sur Le créneau encore vierge de La chanson et du rock199.
Dans Le spectacLe vivant, iL est un instrument utiLe, voire
indispensabLe, pour La danse ou La musique cLassique, qui possèdent peu
de Lieux de diffusion voués uniquement à ces discipLines. «
L'aide à ces manifestations par les festivals constitue pour la
délégation à la danse du Ministère de la Culture
l'un des seuls moyens de soutenir la diffusion chorégraphique avec
le
196 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 73.
197 BENITO, Les festivals : entre événement et
manifestation culturelle, Op. cit., page 4.
198 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op. cit., page 7.
199 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 71.
financement qu'elle apporte aux associations
départementales de la musique et de la danse >200.
De pLus, Le festivaL est un bon moyen de soutenir La vie
cuLtureLLe LocaLe. En effet, de pLus en pLus d'événements
associent une programmation d'artistes nationaux, voire internationaux,
à La découverte d'artistes régionaux ou Locaux. Et Lorsque
ce n'est pas Le cas, ces artistes profitent de L'événement pour
montrer Leur travaiL au grand pubLic, ou entrer en contact avec Les
professionneLs. Le Festival d'Avignon est un bon exempLe de cette
situation : « ce sont les compagnies de la ville qui ont
inventé le Off et le festival constitue leur meilleure période
d'activité >201.
Le festivaL représente pour Le pubLic Le terrain de
nombreuses découvertes, apprentissages et discussions, un Lieu
priviLégié de débats et conférences, et ce de
manière formeLLe ou informeLLe.
Enfin, de pLus en pLus de festivaLs tendent à
organiser, dans un même temps, des activités pédagogiques
et cuLtureLLes afin d'accompagner soit Le jeune pubLic, ou pLus Largement,
L'ensembLe de La popuLation intéressée. Ainsi, Le festivaL
Banlieues Bleues en Seine-Saint-Denis consacre une part croissante de
son budget (un cinquième en 1997) à un travaiL pédagogique
d'accompagnement musicaL202.
c) Promotion artistique
Les festivaLs favorisent La découverte de nouveaux
taLents pour Les pubLics. ILs sont, en ce sens, vecteur d'intégration
professionneLLe pour de jeunes artistes qui profitent du LabeL de
quaLité que procure La participation à un événement
renommé. « Depuis plusieurs années, la tendance de la
part des directions artistiques est de préférer souvent les
nouveaux talents aux grosses têtes d'affiche >203. Au
côté des pLus grands, Les jeunes se Lancent et Le pubLic est
sensibLe à cette invitation puisqu'iL répond toujours
présent au rendez-vous. Une tendance qui tend à être
institutionnaLisée pour certains
200 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 69.
201 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op. cit., page 11.
202 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 10.
203 SAUZAY (Benjamin), Op. cit., page 49.
festivaLs avec La naissance de festivaLs « off » ou
de sections paraLLèLes. En ce sens, Les Eurockéennes de
Belfort organisent des trempLins « découverte » dans La
région. Une dynamique artistique à L'écheLLe
régionaLe et nationaLe comme Le Printemps de Bourges qui
organise Lui aussi des trempLins dans La France entière pour
repérer des groupes taLentueux et prometteurs qui pourront se produire
dans Le cadre de L'événement. Loin de n'être qu'un Lieu
d'émergence, Les festivaLs sont aussi un Lieu de résurgence :
« ils permettent à des anciens de se rappeler au public quand
ils connaissent un creux dans leur carrière
».204
Enfin, outre L'aide à La diffusion et au
déveLoppement de carrière, Les festivaLs s'impLiquent de pLus en
pLus dans un processus de création, grâce aux résidences
d'artistes et divers dispositifs d'accompagnement, ou de soutien à
L'humanitaire comme Le montrent Les exempLes du festivaL Solidays ou
Otages du Monde à BobitaL205.
d) Animation cuLtureLLe à L'année
La dynamique festivaLière peut se pérenniser
grâce à La création d'animations cuLtureLLes tout au Long
de L'année. Ainsi, à Bourges, Le festivaL a engendré La
création d'une association Bourges en
Scène206, dont L'objet est de proposer une programmation
musicaLe grand pubLic annueLLe, en compLément de
L'événement et cibLant un pubLic LocaL. Le festivaL peut
égaLement être à L'origine de La création de
structures ou d'équipements permanents qui animent La vie cuLtureLLe
LocaLe au-deLà de L'événement. Pour Le même exempLe,
« le Printemps de Bourges a favorisés la création d'un
Palais des Congrès, structure permanente qui profite à la ville
dans son ensemble et qui a contribué à un enrichissement de la
vie culturelle de la région »207.
De pLus, Lorsque L'action artistique s'étend sur toute
L'année, eLLe peut parfois
transformer Les territoires investis en
véritabLes Lieux de référence pour Les
204 Idem
205 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
206 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op.cit., page
36.
207 Idem
amateurs comme pour Les professionneLs. « Ainsi,
à Avignon, devenu le hautlieu du théâtre en France, on
trouve plusieurs troupes permanentes, l'Institut Supérieur des
Techniques du Spectacle, l'Académie Expérimentale du Spectacle
ainsi que la Maison Jean Vilar qui entretient la mémoire du festival en
conservant et en exposant notamment les costumes de scènes
»208.
Les retombées cuLtureLLes qu'engendre un festivaL sur
son Lieu d'impLantation repLacent ceLui-ci dans son rôLe principaL, qui
est de proposer, sous une forme qui Lui est propre, des
événements artistiques dans différents domaines et de
promouvoir ainsi La création et La découverte de jeunes
taLents.
L'anaLyse détaiLLée des différentes
incidences que Le festivaL et Le LocaL peuvent avoir L'un envers L'autre,
révèLe La nécessité des vaLeurs d'échange et
d'intégration pour Le bon dérouLement de
L'événement. Bien que ce rapport puisse parfois s'apparenter
à une coLLaboration, iL n'est maLheureusement pas toujours automatique
et peut entraîner certaines dérives. Un contexte en mutation pour
Les deux parties qui entraîne certains directeurs de festivaLs ou acteurs
poLitiques à L'écheLLe nationaLe, régionaLe,
départementaLe ou communaLe, à modifier Leur comportement dans La
gestion et La conception même de ces événements.
IL est donc important de souLigner et de comprendre L'impact
que Le contexte LocaL peut avoir sur un festivaL, ou inversement, pour en
percevoir une possibLe instrumentaLisation à des fins pLus
éLoignées.
208 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 71.
Chapitre 2
Un échange qui peut être
instrumentaLisé en retour ?
Le festivaL singuLarise La viLLe où iL s'impLante,
hors, dans notre société, tout ce qui dégage un
intérêt est souvent utiLisé ou détourné.
Ainsi, L'interaction entre Le déveLoppement LocaL et Le festivaL a, bien
entendu, L'assentiment de tous, mais ne va pas forcément dans Le
même sens. En effet, L'action cuLtureLLe menée sur un territoire
précis peut être instrumentaLisée, à La fois par Les
coLLectivités territoriaLes qui Le soutiennent, ou paradoxaLement, par
Les directeurs de festivaLs eux-mêmes. Ainsi, iL est intéressant
d'anaLyser, pour mieux Les appréhender, ces queLques exempLes de «
dérives » de L'utiLisation de La formuLe festivaLière.
I) Le festival : un outil de promotion au service des
collectivités
territoriales ?
A) Le succès de La formuLe festivaLière
auprès des coLLectivités territoriaLes
Une étude menée par Le Ministère de La
CuLture et de La Communication sur Les pratiques cuLtureLLes des
français209 indique que, en 2002, sur cent personnes de
quinze ans et pLus, dix se sont rendus à un festivaL. Cette même
étude révèLe égaLement que Les festivaLs se situent
en neuvième position parmi Les douze sorties cuLtureLLes Les pLus
fréquentes en France.
Ainsi, depuis Les années quatre-vingt, Le succès
des festivaLs auprès du pubLic ne se dément pas, bien au
contraire, iL ne cesse de s'accroître. En effet, La formuLe
proposée par La grande majorité d'entre eux est un atout
essentieL aux yeux du pubLic : des spectacLes souvent en pLein air, un cadre
agréabLe, une muLtitude d'artistes, Le tout réunis dans une
ambiance festive. Ce dernier éLément est d'aiLLeurs ceLui qui est
fréquemment avancé par Les pLus jeunes: « Le plus des
festivals tient surtout à l'ambiance qui y règne, c'est
209 Ministère de La CuLture et de La Communication, «
Pratiques cuLtureLLes des français », in « Mini Chiffre
cLé de La cuLture2004 », Département des Etudes et de La
Prospective, page 4.
un moment complètement à part durant lequel
on fait des rencontres et pas seulement avec des chanteurs, des groupes mais
aussi avec le reste du public >210.
Le succès des festivaLs auprès du pubLic est
donc garantit et en pLeine croissance. On peut aLors se demander de queLLe
manière Les coLLectivités Le « récupère >
?
1) Légitimation de La position des
coLLectivités territoriaLes
La Loi du 29 juiLLet 1998211 reLative à La
Lutte contre L'excLusion stipuLe que « l'égal accès de
tous, tout au long de la vie, à la culture, à la pratique
sportive, aux vacances et aux loisirs est un objectif national >. En
effet, La cuLture tend depuis pLusieurs décennies à devenir
L'éLément moteur du déveLoppement de nos
sociétés et de notre identité nationaLe, comme L'a
montré Le débat autour de L'exception cuLtureLLe. Pourtant, avec
La décentraLisation, Le pouvoir centraL de L'Etat est passé au
profit des coLLectivités territoriaLes, inversant ainsi Le rapport de
force et muLtipLiant Les possibiLités de mécénat pubLic.
Désormais, La cuLture possède de nouveaux « protecteurs >
que sont Les Maires et Les présidents de départements ou de
régions. Grâce à eux, de nombreux festivaLs ont pus voir Le
jour et s'inscrire avec pérennité sur Le territoire
français. Ainsi, depuis de Longues années, La région
Provence ALpes Côte d'Azur, haut Lieu du tourisme, fut La première
région des festivaLs en France. Aujourd'hui, La région Bretagne
L'a dépassée, grâce, notamment, à de grands
festivaLs comme Les Vieilles Charrues, impLanté à
Carhaix depuis quatorze ans212.
Depuis Les années quatre-vingt, L'accroissement notabLe
des festivaLs en France, accentué à La fois par L'action des
autorités pubLiques et par La demande grandissante de La
société civiLe (popuLation et associations), repose sur une
reLation de « pouvoir > qui peut être contestabLe. En effet, iL
sembLe évident que Les objectifs cuLtureLs avancés par Les
directeurs de festivaLs ne
210 Intervention de ELise, 17 ans, in SAUZAY (Benjamin), Op.
cit., page 44.
211 Web magasine cuLtureL,
http://www.axeLibre.org/arts_pLastiques/macvaL.php,
consuLtation Le 20 octobre 2006.
212 PICHARD (Jean-Pierre), président du Festival
Interceltique de Lorient. Informations notées par L'étudiant
Lors d'une conférence de presse, Le jeudi 4 août 2006 à
Lorient.
peuvent pas être automatiquement partagés par Les
partenaires pubLics ou privés susceptibLes de Les financer. IL est
normaL et même souhaitabLe que L'Etat, comme Les coLLectivités
territoriaLes, aient une poLitique cuLtureLLe définie. C'est
définitivement Leur rôLe et ceLa représente L'aspect de
Leur fonction démocratique.
La question tourne donc autour de Leur positionnement et de La
manière dont iL est, non seuLement présenté pubLiquement,
mais égaLement mis en forme. La reLation entre coLLectivité et
directeur de festivaL est déterminée avant tout par un contrat
moraL, de confiance, avant même qu'iL prenne une forme juridique ou
financière. IL sembLe donc natureL que dans un conseiL d'administration
soit discuté et amendé entre Les deux parties Le cadre
administratif et financier. « Il appartient donc au conseil
d'administration - au sein duquel peuvent siègent les
représentants des pouvoirs publics- de définir les conditions de
gestion et au directeur, de définir les choix artistiques en toute
liberté même s'il est de son ressort d'informer et de convaincre
le dit conseil d'administration. >213.
Enfin, comme nous avons pu Le voir
précédemment214, Lorsque L'on compare La participation
financière des différentes coLLectivités territoriaLes, La
commune se pLace en première position. « Les élus locaux
sont donc en première ligne, ils sont les premiers promoteurs et sans
doute les premiers bénéficiaires de ces festivals >.
215 IL est donc natureL que Les attentes des municipaLités
dépassent La « simpLe > dimension artistique et portent pLus
Leur attention sur Le déveLoppement, tant sur Le pLan économique,
sociaL que cuLtureL.
Pourtant, quant une municipaLité créée un
festivaL, on a tendance à croire que c'est par ce que « c'est
dans l'air du temps, que cela fait bien et que cela valorise sa politique
>216. Mais en s'y attardant un peu pLus, on se rend compte que,
de nos jours, Les événements cuLtureLs font aussi partie de
L'univers économique, et La pLupart des responsabLes de festivaLs ou
éLus
213 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « De La fonction cuLtureLLe
du festivaL >, Cahier Espaces n°31, page 2.
214 Cf. Partie 1, Chapitre 1, I, D) Recherche de financement, 1)
Financements pubLics, page
15.
215 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op. cit., page 10.
216 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 15.
Locaux, s'accorde d'aiLLeurs à Le confirmer. Où
se trouve aLors La frontière entre Légitimation du pouvoir des
coLLectivités territoriaLes et tentative d'instrumentaLisation ?
2) Le festivaL est un outiL au service des
coLLectivités LocaLes
Faisant suite à La précédente
énumération des diverses retombées qu'engendrent Les
festivaLs sur Le LocaL217, iL est aisé de comprendre qu'iLs
jouent désormais un rôLe important dans Les différentes
stratégies de déveLoppement pour Les coLLectivités
où iLs se dérouLent. Ainsi, en 2001, L'hebdomadaire
Télérama, qui recense aLors six cents festivaLs sur Le
territoire, souLigne une augmentation de L'instrumentaLisation de «
L'outiL cuLtureL festivaL » : « On constate un retour des
stratégies culturelles, notamment avec un regain pour la
création, le rôle du festival augmente dans les logiques de
lisibilité de lieux, de territoires, de villes
»218. Le festivaL se trouve aujourd'hui au coeur d'une
dynamique de déveLoppement économique. IL représente un
nouveau carrefour, un Lieu d'attractivité, d'échange avec un
grand rayonnement.
On mesure aujourd'hui La réussite d'un
événement cuLtureL, par sa vaLeur artistique, mais aussi par sa
contribution à L'animation LocaLe et au Lien sociaL qu'iL engendre. Ces
raisons démontrent cependant La nécessité pour un festivaL
de bénéficier d'un ancrage LocaL important pour engager Le
processus de notoriété qui profitera réguLièrement
à La dynamique du Lieu investit.
L'estimation de ces retombées est d'aiLLeurs
fondamentaLe car eLLe permet d'affûter Les décisions de soutien de
La part des partenaires pubLics, et ceLa de queLque niveau qu'iLs
proviennent.
a) Intérêts directs
Les festivaLs participent activement dans L'améLioration
de L'image des coLLectivités. ILs sont susceptibLes de servir de Levier
au déveLoppement
217 Cf. Partie 1, Chapitre 1, II : Les retombées d'un
festival sur le contexte local, de La page 35 à 55.
218 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 92.
économique et touristique. Ainsi, « pour les
touristes, le festival permet de promouvoir la ville comme destination
touristique en communiquant une atmosphère de fête et de
convivialité >219. De pLus, Les festivaLs font
intervenir un certain nombre de prestataires Locaux et sont en ce sens un
éLément dynamique pour L'activité économique de La
commune.
Le festivaL est égaLement un moyen efficace, pour Les
coLLectivités, d'éviter Les contraintes d'investissement dans des
structures durabLes. Certains éLus Locaux « se prennent
à comparer le coût d'un événement de quelques jours
au budget annuel d'une institution culturelle en le divisant par le
nombre
d' « usagers » touchés par la grâce
culturelle >.220
Enfin, ces viLLes apparaissent comme Les premières
bénéficiaires des retombées médiatiques
générées par Les festivaLs. Les coLLectivités
territoriaLes ont trouvé dans une participation financière aux
événements un moyen de se vaLoriser dans Les médias. La
dénomination du festivaL Jazz sur son 31, dont L'initiateur et
partenaire quasi excLusif est Le ConseiL GénéraL de Haute-Garonne
(31), iLLustre parfaitement ce point221. En effet, La couverture
médiatique d'un festivaL accroît La notoriété d'une
LocaLité en Lui offrant une « pubLicité > que sa
communication traditionneLLe ne Lui permettrait pas toujours d'atteindre.
b) Intérêts indirects
Tout éLu LocaL devrait être sensibLe aux attentes
et au bien être de ces administrés. Ainsi, Le dérouLement
d'un festivaL sur son territoire « témoigne de l'engagement de
la collectivité en faveur de l'action culturelle, auxquels sont
sensibles surtout les jeunes >222.
De pLus, «confondant parfois, fête et festival
les collectivités ont tendance à
privilégier
l'événementiel qui les mettent eux-mêmes en première
page et
s'attire la reconnaissance des spectateurs et
électeurs> 223. Pourtant Les
219 BENITO (Luc), Les festivals en France: marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 91.
220 FAIVRE d'ARICER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, page 5.
221 BENITO (Luc), Les festivals en France: marchés,
enjeux et alchimie, Op. cit., page 92.
222 Idem
223 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op. cit., page 11.
festivaLs sont des événements qui se
répètent, souvent d'année en année Lui donnant
ainsi un air d'institution.
Les festivaLs sont « natureLLement > devenus des
événements cuLtureLs qui différencies Les viLLes entre
eLLes et participent ainsi à La concurrence territoriaLe qu'eLLes se
Livrent : « si la « festivalomania »224 touche
aujourd'hui toutes les villes, mais aussi les villages, une hiérarchie
des événements semble se dessiner >225. Les
viLLes ne sont pLus jugées en termes d'image ou seLon Les
caractéristiques de Leur économie, mais bien par Leur potentieL
cuLtureL. Ainsi, «Nantes se sert de l'image de la ville populaire et
industrielle pour s'afficher ville de la Troupe Royal de Luxe226 ou
encore ville des Folles Journées >227. Et d'autres
viLLes ont rejoint depuis Longtemps cette nouveLLe « stratégie >
: à Bordeaux, L'ancien Député-maire, Jacques Chaban
DeLmas228, rappeLLe que « la culture, les manifestations
culturelles, font partie en bonne place de son programme « de nouvelle
société » et qu'il faut investir beaucoup pour, en dehors
d'un supplément d'âme, récolter beaucoup en
retombées économiques et en prestige - ce prestige qui attire des
capitaux- >229. Ces deux exempLes démontrent La pLace
que peut prendre « L'outiL cuLtureL > du festivaL dans Les
stratégie de déveLoppement des coLLectivités. Pourtant,
même si cuLture et déveLoppement économique sont en
constante interaction, et de manière évoLutive, « c'est
de cette rencontre aléatoire que naîtra le succès ou
l'échec, la fugacité ou la pérennité de
l'événement>.230 La situation actueLLe des
festivaLs, peut cependant entraîner certaines dérives, surtout
Lorsque L'on y associe, comme c'est Le cas avec L'exempLe de Bordeaux, Les
termes de « prestige > et « capitaux >.
224 BOOGAARTS (Ines), in Direction des Etudes et de La
Prospective, Ministère de La CuLture et de La Communication, «
ViLLes et festivaLs : Synthèse >, Espaces géographiques
et société, page 8.
225 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse >, Op.cit., page 7.
226 Royal de Luxe est une compagnie française de
théâtre de rue instaLLée à Nantes depuis octobre
1989,
http://fr.wikipedia.org/wiki/RoyaL_de_Luxe,
consuLtation Le 25 octobre 2006.
227 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse >, Op.cit.
228 Député-maire de Bordeaux de 1947 à 1995,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_ChabanDeLmas,
consuLtation Le 25 octobre 2006.
229 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 24.
230 DECHARTRE (PhiLippe), Op. cit., page 14.
B) Un équiLibre compLexe entre cuLture et
économie
Nous avons pu Le constater précédemment que face
à La décentraLisation et L'idée généraLe de
démocratisation cuLtureLLe, Les coLLectivités territoriaLes se
sont natureLLement senties Légitimes dans Leur manière de penser
L'accès à L'art et La création. Pourtant, et grâce
à Leurs nombreuses et diverses retombées sur Le LocaL, Les
festivaLs sont, depuis pLusieurs décennies, pLongés au centre
d'un enjeu Lié au pouvoir où Les intensions poLitiques et
économiques sont expLicitement ou impLicitement exposées. ILs
entraînent parfois une confusion entre L'exigence artistique, et
L'accès au grand pubLic. On peut aLors se demander comment est-iL
possibLe de protéger L'exigence des professionneLs de La cuLture, dans
Leur voLonté de programmer des spectacLes de quaLité, tout en
respectant La Légitimité des éLus d'assumer La
responsabiLité des grandes orientations de poLitique cuLtureLLe. En
effet, comme Le souLigne Le socioLogue Patrick Champagne Lors d'un coLLoque en
mai 2002 à MontreuiL231, « si l'art n'est pas
immédiatement rentable et a besoin d'être soutenu et
protégé, son « protecteur » est souvent tenté
d'abuser de la situation, d'importer ses jugements et de demander des comptes
» 232. La question ici souLevée sembLe finaLement porter,
d'une part, sur L'équiLibre du dosage entre Les ambitions des directeurs
de festivaLs et des coLLectivités qui financent Leurs
événements, et d'autre part, sur Le rapport pLus sousentendu
entre L'économie et Le cuLtureL. Une situation qui a fortement
évoLué, comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier : « Je
ne pense pas qu'il y ait aujourd'hui encore un débat idéologique
laissant croire qu'il y a une incompatibilité de nature entre l'art et
l'argent. Des rapports plus adultes se sont crées petit à petit
»233. IL est évident aujourd'hui que L'art a besoin
de moyen de subventions de La part de L'Etat ou des coLLectivités
territoriaLes pour se promouvoir. Et inversement, iL est normaL
égaLement que Les viLLes attendent une « retombée »
économique de ces manifestations. Dans ce contexte, iL est dangereux de
se Laisser enfermer dans un reproche
231 « L'art est poLitique », coLLoque organisé
par La revue Cassandre et Le groupe REFLEX(E), MontreuiL,
mai, 2002,
http://www.cuLture.gouv.fr/cuLture/actuaLites/co-ddat/co84.htm,
consuLtation Le 1er novembre 2006.
232 DIJAN (Jean-MicheL), Op.cit., page106.
233 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « De La fonction cuLtureLLe
du festivaL », Op. cit., page 3.
d'instrumentaLisation de La cuLture mise au service du
déveLoppement économique. IL faut donc constater, souvent au cas
par cas, si La fonction cuLtureLLe du festivaL reste primordiaLe,
c'est-à-dire donnée en priorité sur toute autre fonction
d'un festivaL.
1) Une orientation en faveur du déveLoppement
LocaL
Le terme de festivaL a connu et connaît toujours un fort
succès en Europe et notamment en France. Soutenus par L'Etat et Les
coLLectivités, ces événements ont remportés une
réeLLe reconnaissance médiatique, et un grand nombre d'entre eux
possède depuis Longtemps une renommée nationaLe voire
internationaLe. On peut cependant constater une inversion de Leur
démarche d'origine : « Le terme de festival s'est
galvaudé au fur et à mesure que des municipalités
soucieuses d'attirer un public d'été, ont initié des
événements artistiques et culturels qu'elles ont volontiers
baptisés festival >234. IL se déveLoppe ainsi
L'idée de festivaLs accessibLes au pLus grand nombre, remettant parfois
en cause Le soutien à La création artistique. Cette orientation
se traduit surtout par un risque de perte d'autonomie des directeurs de
festivaLs qui se pLient aux besoins de La municipaLité qui Les
subventionne. IL en résuLte un réeL paradigme, car ce n'est pas
tant L'éLévation du niveau cuLtureL qui prime, mais La
stimuLation de L'activité économique. Ainsi, « pour une
ville, la retombée escomptée peut l'emporter sur
l'intérêt culturel premier, la logique devenant
intéressée > 235. Mais paradoxaLement, iL ne
faut pas oubLier que « la mise en valeur de la ville sert
indéniablement >236 aux festivaLs, condition
irrempLaçabLe de Leur ancrage et réussite sur Le territoire
d'accueiL.
234 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), in BENITO (Luc), Les festivals
en France : marchés, enjeux et alchimie, Op.cit., page
58.
235 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 7.
236 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse >, Op.cit., page 39.
a) FestivaLs créés à L'initiative des
coLLectivités territoriaLes
Dès Les années soixante-dix, Les pouvoirs
pubLics prennent conscience du potentieL médiatique et économique
des festivaLs sur Leurs régions, départements ou communes, et se
pLacent aLors en réeLs initiateurs d'une nouveLLe
génération de festivaLs. Les premiers enjeux de L'Etat furent de
vaLoriser un patrimoine cuLtureL, en déveLoppant L'animation de Lieux
généraLement inanimés. Le concept de ces festivaLs est
aLors étabLi en fonction de L'esprit des Lieux où iLs se
dérouLent, « par des prestataires plus ou moins
spécialisés, livrant des festivals clés en main
»237. Les festivaLs apparaissent aLors comme des atouts
pour des coLLectivités, désormais en concurrence sur Leurs
attraits touristiques et cuLtureLs. En effet, L'instrumentaLisation
médiatique des festivaLs tend à se banaLiser, « de
même que l'inscription des villes dans une compétition urbaine qui
les pousse à s'affirmer site idéal pour l'investissement
touristique, industriel ou tertiaire »238.
Pourtant, iL existe un risque de voir apparaître des
festivaLs se rapprochant pLus de La fête popuLaire, où
L'idée de consommation prime sur La stratégie cuLtureLLe. La
question est donc de savoir si ces événements peuvent s'inscrire
à Long terme dans une démarche de pérennisation et de
permanence.
b) FestivaLs orientés en faveur de La communication
De sa capacité intrinsèque d'attirer L'attention
des médias, Liée notamment à sa forme
événementieLLe, Le festivaL est un outiL tout à fait
pertinent en terme de communication pour Les coLLectivités qui Le
subventionne. En ce sens, c'est en tant que support de communication qu'iL
apparaît Le pLus efficace. Cet objectif peut être à
L'origine de La création d'événements, comme pour La viLLe
de DeauviLLe qui, « avant L'arrivée du
237 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 49.
238 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse », Op.cit., page 38.
Festival du Film Américain en 1974,
était décLarée « viLLe morte >>.239
Ce potentieL en terme de communication est égaLement pris en compte par
La viLLe d'Avoriaz, dans Les ALpes, où Les éLus Locaux prennent
L'initiative de confier, dans Les années soixante-dix, à une
agence de communication, La mission de promouvoir Leur station de ski
nouveLLement créée. C'est de cette façon que Le
Festival du cinéma fantastique, dont Le thème a
été inspiré par L'architecture futuriste de La station,
voit Le jour en 1973240. A sa disparition en 1993, iL est
rempLacé par Le festivaL Fantastic'Arts de Gérardmer
dans Les Hautes-Vosges241.
c) FestivaLs orientés en faveur de L'animation
LocaLe
Dans Les années quatre-vingt, deux
phénomènes sociaux sont à L'origine de L'initiative des
coLLectivités LocaLes dans La création de festivaLs : Le premier
est L'excLusion de pLus en pLus importante de franges de La popuLation «
aussi bien en milieu urbain avec le phénomène des
banlieues-ghettos qu'en milieu rural, où la désertification
continue de s'étendre >242. Le deuxième
phénomène est ceLui de L'améLioration de La scoLarisation
et du niveau de vie qui se traduit par « une augmentation de la
demande de culturel, qui teinte de plus en plus des séjours touristiques
moins longs >243. Face au contexte sociaL et aux nouveLLes
pratiques touristiques des français, Les coLLectivités LocaLes
tentent d'organiser des événements d'animation, afin de
satisfaire, tant Les touristes de passage, que Leur propre popuLation, «
et plus précisément celle qui est « exclue »,
financièrement ou géographiquement >244.
Pourtant, même si ces festivaLs ont une forme artistique
qui dépend encore
des choix des porteurs de projets, La
priorité reste donnée au projet sociaL, ce
qui peut parfois
nuire à La quaLité artistique de L'événement,
contrairement
239 CHOUCHAN (LioneL), Op.cit., page 91.
240 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 49.
241 Site de L'encycLopédie Wikipedia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/FestivaL_internationaL_du_fiLm_fantastique_d'Avoriaz,
consuLtation Le 15 septembre 2006.
242 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 51.
243 Idem
244 Idem
aux festivaLs montés dans La tradition
d'après-guerre, orientés vers une promotion des arts et de La
création. En effet, « certains de ces nouveaux festivals
préfèrent se concentrer sur l'efficacité des moyens
d'accès à la culture tant techniquement que matériellement
>245. Comme exempLe, nous pouvons citer Le succès du
tout récent Festival Méditerranéen de
Folklore246 (trois éditions), qui se dépLace
pendant une semaine en juiLLet dans treize communes de La VaLLée du
PaiLLon, près de Nice. Cet événement rencontre
jusqu'aLors, un très fort succès auprès de La popuLation.
En effet, c'est La cuLture qui se met à disposition du pubLic, et non
L'inverse.
d) FestivaLs orientés à des fins
institutionneLLes
En France, Les festivaLs de grande renommés, comme ceux
de Cannes ou Avignon, sont devenus des rendez-vous incontournabLes. ILs
rassembLent professionneLs, diffuseurs et programmateurs et ont acquis avec Le
temps une véritabLe vaLeur de « marché > artistique
jusqu'à devenir de véritabLes institutions. Au même titre
que Les régions ou Les départements, Les communes sont soucieuses
de Leur image. ELLes participent, voire initient, des événements
de prestige comme Les festivaLs pour affirmer Leur identité
institutionneLLe. Ainsi, « une des vocations initiales du Printemps de
Bourges est d'être un véritable marché pour les
professionnels à la quête de nouveaux talents
>247. Cette fonction est d'autant pLus efficace qu'eLLe se
renouveLLe chaque année. En ce sens, Le Printemps de Bourges
est aLLé jusqu'à créer Le Réseau
Printemps, une association chargée de découvrir de jeunes
artistes grâce à un réseau de correspondants nationaux et
internationaux248.
Pourtant, cette vaLeur de « marché > est
à prendre avec précaution, car, comme Le souLigne Bernard Faivre
d'Arcier pour Le Festival d'Avignon, peut-on aujourd'hui Lui reprocher
d'être une industrie festivaLière ? : « Le mot serait
excessif si l'on n'avait déjà accolé au festival d'Avignon
le terme de
245 Idem
246 Site du Festival Méditerranée de
folklore,
http://www.LoLivierdargent.com/,
consuLtation Le 20 octobre 2006.
247 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op.cit., page
36.
248 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 69.
supermarché du spectacle >249.
IL ne faut pas oubLier que cet événement est avant tout Le
rendez-vous annueL des « amoureux > du théâtre, de
professionneLs et de critiques. Aujourd'hui «les gens mêlent le
« in » et le « off », soit la programmation
préparée d'un festival et de l'autre la venue en ordre
dispersé à leur risque et péril d'un grand nombre de
compagnies de toutes sortes qui cherchent à présenter leur
travail. A tel point qu'Avignon est devenu, peut-être malgré lui,
le grand rendez-vous annuel des professionnels du
théâtre.>250
2) Mais des festivaLs orientés qui gardent une
quaLité artistique
Comme nous avons pu Le voir précédemment, Le
succès et La muLtipLication des festivaLs en France, « les ont
fait passer d'un enjeu artistique d'origine à un enjeu économique
et d'image pour les collectivités territoriales >.251
Cependant, dans certains cas Le projet cuLtureL ne correspond pLus au projet
d'origine et ces festivaLs, montés à des fins de
déveLoppement LocaL, n'en demeurent pas moins des
événements exigeants une quaLité artistique de rigueur.
L'originaLité et La créativité du concept de
L'événement peuvent susciter L'attention des médias et des
touristes, et produire par conséquent, des retombées
médiatiques et économiques. En ce sens, iL arrive que certaines
coLLectivités LocaLes déveLoppent un certain type de festivaLs en
accord avec Les besoins directs de Leur popuLation, tout en maintenant comme
indispensabLe, La quaLité artistique de L'événement. C'est
Le cas pour La viLLe de SarLat, dans Le Périgord, qui soutient deux
festivaLs importants qui ont créés La poLitique cuLtureLLe de La
viLLe : Le Festival des jeux du théâtre et Le
Festival du Film de Sarlat. Ainsi, ces deux événements
« ont contribués à inverser le processus de
réduction et de vieillissement de la population qu'elle connaissait dans
les années quatre-vingt > 252. Les éLus Locaux
ont parfaitement compris cette particuLarité en soutenant des
249 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « De La fonction cuLtureLLe
du festivaL >, Op.cit., page 2.
250 Idem
251 Département de L'HérauLt - Dispositif SpectacLe
Vivant, « Une reLation avec Les autres coLLectivités
à faire évoLuer face aux changements en cours >,
Op.cit.
252 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 8.
événements et spectacLes de haute quaLité
pLutôt que de vaLoriser L'identité et L'image de Leur viLLe. Pour
exempLe, Le festivaL Les Vieilles Charrues qui propose entre autre, un
concert de Johnny HaLLyday, dans La programmation de son édition
2006253. Une initiative qui offre au pubLic, et à moindre
coût, des spectacLes d'artistes reconnus à écheLLe
nationaLe ou internationaLe.
Enfin, comme nous avons pu Le voir, Les coLLectivités
qui subventionnent ou « orientent > de teLs événements,
ne doivent pas pLacer à un niveau « dérisoire > Leurs
vaLeurs artistiques et cuLtureLLes.
C) Un équiLibre compLexe entre cuLture et poLitique
Les festivaLs se trouvent aujourd'hui dans un rapport de force
entre La voLonté des directeurs artistiques et ceLLe des acteurs Locaux.
Dans Le dérouLement courant des choses, «
l'événement ayant acquis dans un premier temps une
reconnaissance auprès d'un public d'initiés, et qui est
susceptible d'intéresser un public plus large, est dans un
deuxième temps utilisé comme un véhicule promotionnel de
sa ville d'attache >254. La question de
L'instrumentaLisation des festivaLs par Les municipaLités intervient
principaLement Lorsque des événements sont uniquement
utiLisés à des fins d'animation. ELLe intervient souvent «
à l'occasion d'un changement de majorité ou
d'étiquette politique >255. IL existe donc une
interaction entre poLitique et cuLture, car, on peut aisément penser que
L'image médiatique cohérente d'une viLLe dépend de La
quaLité des rapports entre ceLLe-ci et Les organisateurs de festivaL,
qu'iLs soient équiLibrés et ne reLèvent « ni
d'une municipalisation totale, ni d'une situation d'électron libre de
l'association organisatrice >256. Pourtant, Les choses ne
sembLent pas s'étabLir si simpLement dans La réaLité.
253 Site du festivaL Les Vieilles Charrues,
http://www.vieiLLescharrues.asso.fr/festivaL_2006/Listing.php?journee=20&Lieuid=1&progartis
te=575, consuLtation Le 15 août 2006.
254 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse >, Op.cit., page 43.
255 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 49.
256 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse >, Op.cit., page 42.
1) Interactions entre festivaL et municipaLité
Dans chaque schéma de festivaLs, on retrouve Le «
coupLe > suivant : structure du festivaL / municipaLité.
Dans un premier temps, Les festivaLs prennent très
souvent La forme d'une association, Leur offrant une certaine
indépendance vis-à-vis de La municipaLité. CeLLe-ci n'est
pas pour autant excLue de L'association. Certains de ses membres, comme Le
Maire adjoint à La cuLture, peuvent être présents et
intervenir Lors des conseiLs d'administration, mais cette situation reste rare,
et particuLièrement pour Les festivaLs de musiques actueLLes.
Dans un second temps, on retrouve généraLement
dans Les municipaLités Les mêmes postes avec des fonctions qui
peuvent varier. Ainsi, « les adjoints à la culture sont-ils
toujours présents, mais leur rôle varie en fonction de
l'ancienneté de leur mandat, de leur
personnalité propre sans doute aussiet enfin de la place que leur
autorise le Maire >257. IL existe en effet des
municipaLités où Le Maire reste La seuLe
personne décisionnaire. Pour exempLe, à Saint MaLo, « le
Maire décide seul de la tenue d'un festival dans sa commune afin de
préserver son indépendance totale >258.
Dans sa synthèse en 2002 sur Le rapport entre viLLes et
festivaLs259, Le Département des Etudes et de La Prospective
distingue trois types de reLations possibLes entre municipaLité et
festivaL :
a) Une reLation équiLibrée
C'est Le rapport d'égaLité entre Les deux
parties, qui entretiennent une notion de confiance. La municipaLité
Laisse Libre court aux choix de programmation du festivaL et se cantonne aLors
à son rôLe de « financeur >. Le festivaL obtient La
reconnaissance de La municipaLité et La présence des
éLus
257 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse >, Op.cit., page 45.
258 Idem
259 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse >, Op.cit., page 49.
Locaux sur Le site même du festivaL. C'est un gage de
confiance et de Légitimation accordée. Ainsi, à Perpignan,
Lors du festivaL Visa Pour l'Image, Le Maire de La viLLe, Jean-PauL
ALduy, prend directement paroLe au côté du directeur de
L'événement, Jean-François Leroy, Lors de La
présentation des projections qui s'y tiennent chaque
soirs260.
Cependant, même si Le festivaL possède Le soutien
de La municipaLité, ceLa ne veut pas dire qu'iL ne peut être
critiqué, mais « généralement, le directeur du
festival ne souffre pas d'un manque de reconnaissance et se situe plutôt
en position de force »261.
b) Une reLation de suspicion pour La municipaLité
Dans ce cas de figure, La municipaLité reproche au
festivaL d'avoir une trop grande indépendance, provoquant une absence de
reconnaissance pouvant entraîner son retrait. La municipaLité a
aLors peur de ne pLus contrôLer L'événement.
On retrouve cette situation pour Le Festival
Interceltique de Lorient262 : La municipaLité a peur du
retrait du festivaL et entretient un rapport de défiance par rapport
à sa programmation. Ainsi, La viLLe a tenté pendant pLusieurs
années d'étabLir une convention avec Le festivaL. Cette tentative
échoue à pLusieurs reprises car Le directeur ne Le
désirait pas. Cette convention a finaLement été
signée en juin 2000 afin de préciser Les engagements de chacun.
ELLe représente pour La municipaLité un moyen d'avoir pLus
d'« emprises » sur Le festivaL qu'eLLe soupçonne de vouLoir se
retirer.
c) Une reLation de suspicion pour Le festivaL
Dans ce dernier cas de figure, c'est Le festivaL qui
soupçonne La municipaLité de vouLoir détourner
L'événement à des fins médiatiques, et en
260 Information notée par L'étudiant Lors du
festivaL Visa Pour l'Image, du 2 au 17 septembre 2006.
261 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse », Op.cit., page 46.
262 Direction des Etudes et de La Prospective, Ministère
de La CuLture et de La Communication, « ViLLes et festivaLs :
Synthèse », Op.cit., page 50.
fonction de sa poLitique cuLtureLLe. Les directeurs de
festivaLs ont aLors peur de se faire « manipuLer > et de perdre Le
contrôLe de Leur programmation et de La Liberté de Leur action.
L'exempLe du festivaL d'arts de La rue, Au Nom de la
Loire, à Tours, démontre parfaitement cette situation. En
effet, La diffusion des arts de La rue passe essentieLLement par Les festivaLs.
ILs sembLent aujourd'hui se réduire à des commandes
d'événements à gros budgets de La part des
coLLectivités LocaLes, qui deviennent ainsi partenaires financiers
majoritaires, imposant aux programmateurs Leur propre poLitique cuLtureLLe :
« Les villes souhaitent plus aujourd'hui des événements
qui s'insèrent dans la vie de la cité sans l'investir
véritablement, qui servent de vitrine à leurs investissements
auprès des acteurs culturels locaux, cherchant à donner
satisfaction au public le plus large avec le moins de nuisance possible, sans
finalement avoir une réelle réflexion culturelle
>263. Cependant, certains festivaLs conservent un
côté « miLitant >, ce qui créé
L'étonnement et L'incompréhension chez Les municipaLités
« qui ont le sentiment latent de « payer pour se faire battre
>>264. Cet exempLe précis montre Les Limites
d'instrumentaLisation des festivaLs par Les coLLectivités qui «
commencent donc à préférer travailler avec des
sociétés d'événementiel sur la base de cahier des
charges et d'appel à projet >265. Ainsi, à La
fin de L'année 2002, La viLLe de Tours instaura un comité de
piLotage artistique afin d'assister Le programmateur du festivaL Au Nom de
la Loire dans ses démarches. Ce comité devait «
redéfinir les objectifs du festival pour y intégrer de
nouveaux domaines artistiques sans augmenter les moyens financiers du
festival >. C'est pour ces raisons que L'équipe du festivaL,
« amputée > de son indépendance, annonce cette même
année Le retrait de cet événement qu'eLLe avait
eLLe-même créé.
Ces différents exempLes d'interaction entre festivaL et
municipaLité sont ici
mis en vaLeur car iLs représentent une
grande majorité des cas de figures.
Cependant, La direction du
festivaL peut entretenir un rapport simiLaire avec
263 Intervention de L'équipe du festivaL Au Nom de
la Loire, in « Au Nom de La Loire quitte La
scène >,
http://www.radiobeton.com/andLL/index.htm,
consuLtation Le 15 septembre 2006.
264 Idem
265 Idem
Le ConseiL RégionaL ou GénéraL. En ce
sens, L'exempLe du Festival Terre Neuvas à BobitaL dans Les
Côtes d'Armor, traduit précisément cette situation. Pour
son édition 2006, Le ConseiL RégionaL de Bretagne impose un
groupe de musiciens dans La programmation du festivaL maLgré Les
réticences des organisateurs. Le concert fut un véritabLe
échec artistique.
Lors de cette même édition, certains conseiLLers
généraux ont refusé de faire « La queue »
à L'accueiL VIP, Lors du retrait de Leur pass, et ceux devant certains
journaListes qui n'ont pas manqué de L'observer266.
La description de ces reLations tendues souLigne cette
fragiLité et une rupture possibLe entre municipaLité et
festivaL.
2) Quand L'interaction tourne à La rupture
Comme Le souLigne Luc Benito dans son ouvrage intituLé
Les festivals en France : marchés, enjeux et
alchimie267, L'interaction entre La municipaLité et Le
festivaL peut évoLuer en fonction des éLections municipaLes d'une
commune. Dans bien des cas, La poLitique cuLtureLLe reste La même, ou
tend même à être améLiorée. IL arrive
cependant qu'eLLe subisse un réeL virage et modifie radicaLement Le
paysage cuLtureL de La viLLe.
Ainsi, en 2001, deux ans après Les dernières
éLections municipaLes de La viLLe de Castres, dans Le Tarn, Le
journaListe de L'hebdomadaire Le Point, PascaL ALquier, revient dans
un articLe sur Le « traumatisme cuLtureL » qui a pu en
découLer268 :
Dans cette viLLe comme dans bien d'autres, La poLitique
cuLtureLLe a été La première cibLe des changements de
municipaLité. « Le monde culturel dans son ensemble regrette
que les passerelles et les collaborations établies avec le temps entre
les différentes structures soient reléguées au rang de
souvenirs par une mairie pratiquant un centralisme forcené
»269. Ce revirement poLitique a entraîné entre
autre, La suppression du Festival GOYA
266 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien oraL avec HELLIO (Bertrand), Le 15 décembre 2006.
267 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 49.
268 ALQUIER (PascaL), « La révoLution cuLtureLLe
», in Le Point, n°1617, page 31,
http://www.Lepoint.fr/dossiers_viLLes/document.htmL?did=134760,
consuLtation Le 15 octobre 2006.
269 Idem
fondé en 1987270, une baisse de 40 % du
budget d'intervention du centre et musée Jean Jaurès, ainsi
qu'une renégociation de La convention passée avec Les quatre
Maisons de La Jeunesse et de La CuLture de La viLLe. La première
adjointe chargée de La cuLture, Geneviève Dougados, se
défend de La manière suivante : « Notre souhait est de
favoriser l'accès à la culture du plus grand nombre, notamment en
créant de nouveaux festivals comme Extravadanses et Couleurs du monde,
mais aussi de soutenir la multitude d'associations castraises très
dynamiques »271.
La dynamique déveLoppée par La communauté
d'aggLomération CastresMazamet, qui avait choisie, parmi ses
compétences, en janvier 2000, Le domaine cuLtureL, n'a aujourd'hui
abouti à aucun projet pérenne. Le remodeLage du paysage cuLtureL
castrais entrepris depuis mars 2001 n'aidant pas à envisager un avenir
commun efficace.
Ces différents exempLes permettent de comprendre que
Les interactions entre économie et cuLture, poLitique et cuLture et pLus
précisément, municipaLité et festivaL, ne sont pas
évidentes et doivent être gérées dans une
démarche de respect mutueL. Ainsi, festivaLs et coLLectivités
sont aujourd'hui indissociabLes mais Leurs échanges ne sont jamais
garantis.
Enfin, La situation financière des coLLectivités
territoriaLes sembLe maLheureusement prendre un nouveau virage, comme Le
souLigne Dominique Boyer, directeur des affaires cuLtureLLes de Bordeaux :
« Nous avons déjà des difficultés à
mobiliser des financements sur les manifestations existantes. Il est donc peu
probable que nous ayons la marge de manoeuvre pour soutenir de nouveaux
festivals. Ou alors il faut qu'il existe une très forte volonté
politique sur le plan local.» 272. Nous sommes
aujourd'hui bien Loin des financements « à tout va » des
années quatre-vingt ou même quatre-vingtdix. On peut
dorénavant entrevoir La nécessité pour Les directeurs de
festivaLs, de vaLoriser une activité artistique effective et de
quaLité, pour éviter toute manipuLation de La part de ces
partenaires financiers.
270 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 49.
271 ALQUIER (PascaL), Op.cit.
272 BOYER (Dominique), in MAURET (NathaLie), «
Peut-on encore créer des festivaLs en France », in La
Scène, n°31, page 80.
Ce nouveau paramètre montre que cette manipuLation peut
être inversée : de pLus en pLus de porteurs de projets proposent
des festivaLs au concept qui vaLorise avant tout Les retombées directes
et L'intérêt de L'événement pour Les
coLLectivités, au détriment d'un but totaLement cuLtureL.
II) Tentative d'instrumentalisation du concept de
festival par les
directeurs de festival ?
A) EvoLution des festivaLs en France et conséquences
directes
1) Le succès d'un concept
Bien qu'iL n'existe pas de définition précise du
terme « festivaL » iL est pourtant possibLe d'en dégager un
concept. On peut penser que L'origine du mot est ancienne, pourtant, cette
notion a réeLLement pris son sens au Lendemain de La seconde guerre
mondiaLe. Apparaissent aLors, dans Les années quatre-vingt, dans Le sud
de La France, de grands festivaLs comme ceux d'Avignon ou d'Aix-En-Provence.
Ainsi, seLon Les propos de Bernard Faivre
d'Arcier273, Le festivaL recouvre deux fonctions distinctes : si
L'on s'en tient à L'origine des festivaLs, iL possède d'une part
« une fonction artistique et culturelle qui est d'encourager la
création et de présenter cette création contemporaine au
public le plus large possible ». D'autre part, Le festivaL s'est
inscrit peu à peu dans une fonction « d'entreprise, à la
fois culturelle et plus-value économique, commerciale ou touristique
pour la ville, le département ou la région où il
s'implante ».
Grâce à cette combinaison, Les festivaLs sont
devenus des événements très attractifs, prenant peu
à peu une pLace considérabLe dans Le paysage cuLtureL
français. De même, iLs se sont Largement diversifiés, tant
au niveau de La date, de La durée, du Lieu ou de La thématique.
ILs se dérouLent désormais tout au Long de L'année, sur
tout Le territoire et prennent des formes
273 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « De La fonction cuLtureLLe
du festivaL », Op.cit., page 1.
artistiques des pLus écLectiques. L'importance des
festivaLs dans La cuLture française n'est donc pLus à
démontrer, car L'opposition qui pouvait exister entre Les festivaLs et
L'action cuLtureLLe des structures permanentes a évoLué. Les
festivaLs tiennent aujourd'hui un rôLe d'initiation et de formation du
pubLic et offrent une visibiLité sur Les Lieux permanents. De La
même manière, Les Lieux de diffusion ou de production se sont
adaptés en insérant dans Leur programmation annueLLe des
événements festivaLiers.
Cette évoLution ne cesse de séduire un pubLic
qui tend, Lui aussi, à se diversifier et à augmenter
d'année en année. Ainsi, « le festival semble être
aujourd'hui la pratique culturelle la plus novice pour le public
»274.
Le succès grandissant des festivaLs auprès du
pubLic a pour conséquence L'augmentation exponentieLLe de Leur nombre
depuis Les années quatre-vingt. Ce n'est donc pas une nouveauté !
La France compte de pLus en pLus de festivaLs sur son territoire. Pour exempLe,
en 1997, iL s'en tient un miLLier de juin à septembre275,
contre deux miLLe en 2005276. ParaLLèLement à
L'accéLération du déveLoppement cuLtureL, Les festivaLs se
sont fortement muLtipLiés et iL n'existe désormais pLus de grande
viLLe qui ne possède son propre festivaL.
Enfin, Lors d'une interview sur La question de L'avenir des
festivaLs en France277, Bernard Faivre d'Arcier rappeLLe que ceux-ci
se caractérisent avant tout par quatre éLéments importants
: une vaLeur d'exception, de Longévité, de pérennisation
et de soutien à La création. IL est possibLe que ceLa reste
encore L'image que L'opinion pubLique conserve des festivaLs, cependant, iL
sembLe aujourd'hui que La pLupart de ces événements ne
rassembLent pLus ces caractéristiques majeures. Le concept de festivaL
est-iL en train de se dissoudre face à une augmentation et une
diversification de ces événements de pLus en pLus
prononcées?
274 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 36.
275 DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 15.
276 DONNEDIEU de VABRES (Renaud), in discours prononcé au
88e Congrès de L'Association des Maires de France, Le 23 novembre
2005.
277 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op.cit., page 11.
2) Conséquences directes de L'augmentation du nombre
de festivaLs en France
L'augmentation du nombre de festivaLs en France ne fait
qu'augmenter Leur fragiLité, comme en témoigne Les concLusions du
coLLoque de Royaumont en 2003 ayant pour thème La musique a-t-elle
besoin des festivals ? 278 : La gestion des festivaLs est devenue de pLus
en pLus compLexe, Les ressources pubLiques se raréfient avec des
coLLectivités territoriaLes qui intègrent des restriction de
budgets, et Le mécénat qui n'a pas encore pris Le reLais
maLgré Le nouveau dispositif LégisLatif étabLit par La
mission mécénat du 1er août 2003279.
De pLus, iL existe cette fragiLité qui tend à être
accentuée par une augmentation de La concurrence entre festivaLs. Ainsi,
comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier, « si les festivals
augmentent leur nombre, en revanche les médias se réduisent et se
concentrent >280. Et à LioneL Chouchan de rajouter :
« A trop multiplier ces manifestations, elles se tuent
réciproquement. Les journalistes trop sollicités, ne peuvent
couvrir l'ensemble de ces festivals, et le caractère exceptionnel finit
par se banaliser >281. La visibiLité de ces
événements tend donc à se dissoudre dans La masse, ou se
reporter sur Les festivaLs de grande renommée. Pour exempLe en Bretagne,
où La concentration de pLus de trois cents festivaLs pendant La
période estivaLe entraîne une baisse de fréquentation des
pLus importants événements de La région : « Pour
tout festival, il faut prêter attention aux dates. Sur le créneau
culturel, la concurrence fait rage. La Bretagne compte pas moins de 300
manifestations, essentiellement concentrée en été !
>282. En proposant une offre de pLus en pLus importante, Les
festivaLs tendent à se banaLiser, générant un
environnement des pLus incertain. Les acteurs principaux de ces
événements -coLLectivités territoriaLes, directeurs de
festivaLs, pubLic, presse ou médias-, sembLent aujourd'hui être en
perte de
278 « La musique a-t-eLLe besoin des festivaLs ? >,
coLLoque organisé par La fédération France
Festivals, Royaumont, novembre 2003.
279 Voir Lexique définition « mission
mécénat >, page 168.
280 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op.cit., page 13.
281 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 61.
282 CHAMBONNIERE (Hervé), « Fêtes, La
surchauffe >, in Ouest France, pages 14 et 15.
repères face à ces muLtipLes propositions. C'est
ainsi que de nouveLLes priorités apparaissent comme primordiaLe pour
faire exister et connaître son événement, comme Le souLigne
précisément Bernard Faivre d'Arcier : « Les festivals
continuent d'apparaître aux yeux d'une fraction de l'opinion culturelle
comme des événements plus légers et plus frivoles, trop
soucieux de leur apparence médiatique et finalement trop nombreux pour
envisager un travail sérieux à terme...
».283
En augmentant et en se diversifiant, Les festivaLs tendent
donc à se banaLiser et apparaissent, dans certains cas, comme des
événements sans véritabLe réfLexion sur Le contenu.
L'évoLution des festivaLs depuis Les années quatrevingt favorise
des événements qui négLigent Le fond, au profit de La
forme. Y a-t-iL en ce sens, une instrumentaLisation de La formuLe
festivaLière possibLe par Les directeurs de festivaLs pour Les
événements existants ou à venir?
B) Une instrumentaLisation possibLe des festivaLs par Les
professionneLs ?
Les festivaLs ont donc fortement évoLués depuis
Leur déveLoppement dans Les années quatre-vingt et prennent peu
à peu de nouveLLes formes, en se diversifiant, devenant des
événements économico-touristiques majeurs. Leurs
poLitiques sembLent dans certains cas, être pLus attentives à
L'impact économique que cuLtureL. Le terme de « festivaL »
étant devenu en ce sens un mot « magique » pour Les directeurs
de festivaLs ou porteurs de projets, et certainement grâce aux
médias, qui Lui apportent une image et une communication
conséquente. Le festivaL proposant aLors «une formule
idéale « prémâchée »
»284, Le terme est queLque peu gaLvaudé comme Le
souLigne PhiLippe Toussaint, président de La fédération
France Festivals.
Une des premières conséquences de L'augmentation
et de La diversification des festivaLs en France est surtout Liée
à une perte d'originaLité des concepts. Un constat Livré
dès 1993 par Les directeurs des festivaLs de DeauviLLe, Cognac et
Avoriaz : « La France, à court d'idées, fait preuve d'un
manque total
283 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op. cit., page 4.
284 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « CuLture, Médias,
EvénementieL, un bon ménage à trois ? », tabLe ronde
de La Business CLasse CuLture ESC Dijon, citation notée par
L'étudiant Le jeudi 2 mars 2006, page 2.
d'invention. Pour s'en convaincre, il suffit de constater
la prolifération de festivals qui se copient les uns les autres, prenant
pour modèle un festival qui marche à tel endroit
>285. De pLus, certaines programmations prennent un risque
minimum, en minimisant audaces et originaLités, « les
directeurs artistiques se contentent souvent de programmer des artistes qui se
retrouvent d'une manifestation à l'autre>286. Pour
Luc Benito, ceLa représente un gLissement vers Le « tout cuLtureL
>, « dans lequel certains voient l'illustration d'une dérive
de nos valeurs morales, ce qui a fait l'objet de réquisitoires envers la
politique menée, rendue responsable, entre autres, d'un tarissement de
la création >.287
IL n'est pourtant pas question ici de faire une
généraLité du propos, mais d'étabLir Le constat
d'une catégorie d'événements qui tendent, de pLus en pLus,
à se généraLiser, comme Le souLigne cLairement Bernard
Faivre d'Arcier : « On entend ici et là une critique du milieu
professionnel lui-même qui peut, il est vrai, s'en prendre à
quelques comportements caricaturaux d'un petit ensemble de professionnels et
directeurs de festivals >288. Ainsi, paraLLèLement
aux directeurs de festivaLs, iL existe un abus du phénomène par
certains professionneLs, comme Les maisons de disque ou tourneurs, pour Le
secteur du spectacLe vivant, qui imposent à La direction des prix
exorbitants et n'hésitent pas, ainsi, à imposer Leurs propres
artistes Lorsqu'on Leur demande La permission d'en intégrer un connu
à La programmation289.
Si une instrumentaLisation des festivaLs par Les
coLLectivités territoriaLes reste visibLe et possibLe, eLLe est
minimisée par Les professionneLs du miLieu et doit être
évaLuée à sa juste vaLeur, en fonction du contexte
cuLtureL que connaît La France depuis Les années quatre-vingt.
285 CHOUCHAN (LioneL), Op.cit., page 61.
286 BENITO (Luc), Les festivals en France: marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 61
287 BENITO (Luc), Les festivals en France: marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 60.
288 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs? >, page 5.
289 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien oraL avec HELLIO (Bertrand), Le 15 décembre 2006.
1) Abus du terme « festivaL >
Depuis Le début des grand festivaLs de création,
comme Avignon pour Le théâtre, Aix-en-Provence pour L'art Lyrique
ou Cannes pour Le cinéma, est apparue une fLoraison de manifestations
diverses qui adoptent voLontiers L'appeLLation de festivaL, «
même si cette notion recouvre, dans certains cas, que quelques
soirées de musique ou de théâtre amateur qui ne
mériteraient pas véritablement ce nom >.290
Ces manifestions se baptisent festivaLs, mais iL n'existe aucun projet
artistique ou recherche de concept. « Il y a beaucoup de pots pourris
> 291, reconnaît Robert Darnaud, directeur cuLtureL du
ConseiL RégionaL Provence ALpes Côte d'Azur. Ces festivaLs sont
des « festivals Shaker, où l'on met un peu de tout pour assurer
une animation estivale sous le couvert du vocable flatteur de « festival
» >292.
A quoi s'apparentent donc ces événements que
sembLent souLigner de nombreux professionneLs du secteur ?
a) Les festivaLs de divertissement
Ces événements protéiformes proposent,
non pLus une programmation cibLée et définie, mais
diversifiée, mêLant pLusieurs formes artistiques : concerts,
expositions, représentations diverses, Le tout sans grande recherche de
quaLité ou de cohérence. « Le souci des responsables est
alors moins dans l'originalité de la manifestation que dans la
volonté d'animer sa localité >.293 Ces
événements à vocation pLuridiscipLinaire ne
possèdent finaLement pas de véritabLe direction artistique.
Ainsi, comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier, certains
théâtres font Leur ouverture de saison en appeLant ceLa un
festivaL294. Bien qu'ayant une thématique originaLe, ces
manifestations reLèvent pLus du domaine du divertissement que de ceLui
des arts ou de La
290 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « De La fonction cuLtureLLe
du festivaL >, Op. cit., page 1.
291 MAURET (NathaLie), Op. cit.
292 Idem
293 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 59.
294 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « CuLture, Médias,
EvénementieL, un bon ménage à trois ? >,
Op.cit.
cuLture. Ainsi, Le Festival des Jeux de Parthenay,
dans Le département des Deux-Sèvres traduit parfaitement ce cas
de figure : pendant seize jours, La viLLe devient un vaste terrain de jeux et
se présente comme étant « la seule manifestation ludique
et gratuite d'Europe >295.
b) Les festivaLs pastiches
Ces « festivals discounts > 296 sont des
répLiques de festivaLs de grande renommée. ILs reprennent aLors
des concepts qui ont fait Leurs preuves et proposent ainsi un spectacLe auqueL
on peut faciLement s'attendre. L'exempLe Le pLus parLant reste La
muLtipLication sur La Côte d'Azur en été de festivaLs de
jazz créés sur Le modèLe du festivaL Jazz à
Juan à Antibes Juan-Les-Pins créé en 1960. ILs
peuvent se résumer dans certains cas à une simpLe série de
concerts ou de représentations diverses, présentés sur
queLques jours et regroupés sous L'appeLLation « festivaL >.
c) Les festivaLs d'animation LocaLe
Enfin, La participation financière des
coLLectivités territoriaLes sembLant s'affaibLir d'année en
année, on trouve de pLus en pLus de festivaLs à rayonnement
LocaL, dont « le nombre augmente considérablement depuis une
quinzaine d'années >297. Ces manifestations ont pour
but que de divertir une popuLation touristique pendant La période
estivaLe, et dans ce cas, iLs peuvent dispenser Leurs organisateurs d'une
programmation de quaLité. Ces événements « ont
sans doute une utilité en termes d'animation, mais plus grand-chose
à voir avec ce que l'on entend par la notion d'événement
culturel >298. Enfin, iLs reLèvent pLus de
L'animation que de La diffusion de spectacLe vivant.
295 Guide du tourisme français,
http://www.jedecouvreLafrance.com/f-456.deux-sevresfestivaL-jeux-parthenay.htmL,
consuLtation Le 21 novembre 2006.
296 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 53.
297 Idem
298 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op.cit., page 5.
2) Tentative de différenciation
L'utiLisation excessive du terme « festivaL > tend
à Le banaLiser au point que certains professionneLs n'y retrouvent pLus
La connotation origineLLe d'exception, Lui préférant d'autres
appeLLations comme « Rencontres de > ou « Semaines de >,
perturbant d'autant pLus La LisibiLité de La notion de festivaL.
L'apparition de pLus en pLus fréquente de La dénomination «
festivaL cuLtureL > pour en préciser Le caractère
artistique299, sembLe renforcer ce constat. Sur ce point, nous nous
rapprochons des AngLo-saxons -Amérique du Nord, Royaume-Uni et Pays du
CommonweaLth-, « qui désignent par « festivals »
toutes les fêtes à caractère folklorique, tandis que ce
qu'ils appellent « art festivals » correspondent davantage à
ce que nous entendons, par festivals >300. Enfin, pour
Lutter contre cette banaLisation du terme qui est aujourd'hui fortement
déveLoppée, de nombreux professionneLs se posent La question
d'une LabeLLisation. Cette suggestion reste encore probLématique car,
« qui peut prétendre déterminer ce qu'est un festival et
ce que n'est pas un festival ? >301.
3) Un pubLic en perte de repères
MaLgré un nombre de pLus en pLus croissant de festivaLs
en France, Le pubLic se diversifie et reste toujours au rendez-vous. Pourtant,
Luc Benito souLigne L'éventuaLité d'une perte de repère
pour des spectateurs qui ne fait désormais pLus guère «
la distinction entre un festival et une manifestation culturelle quelconque
>302. Pour exempLe Le témoignage de deux internautes
sur Le forum du site du festivaL La route du rock : « Tout le
monde y va de son festival mais ça a toujours tendance à se
ressembler parce que sans budget, on prend les groupes du coin et la tendance
reste musique festive. J'attends le festival de petite envergure mais avec de
grandes idées et un
299 BENITO, Les festivals en France : marchés, enjeux
et alchimie, Op.cit., page 8.
300 Idem
301 BENITO, Les festivals en France : marchés, enjeux
et alchimie, Op.cit., page 10.
302 BENITO, Les festivals : entre événement et
manifestation culturelle, Op.cit., page 5.
style à part, ce qui plairait moins au centre culturel
de la mairie du coin, mais au moins, cela aurait un peu de
caractère >.303
« Haha! Facile facile.... je pense que tu n'es pas le
seul à penser ça, et je dirais même que j'en fais parti!
Pourtant, je réagis autrement. Je fais parti d'une association qui a un
peu d'expérience et qui est vouée à évoluer. Il est
bien sûr possible d'organiser des choses intéressantes mais on est
malheureusement obligé de passer par des actions plus accessibles,
à moins d'avoir un budget énorme dés le départ!
>304.
La perte de contenu et de prise de risque artistique des
festivaLs est-eLLe simpLement une conséquence de financements
réduits ? Les directeurs de festivaLs doivent-iLs obLigatoirement
adapter Le concept en fonction des attentes des coLLectivités
territoriaLes pour obtenir Leur soutien ? Pour Bernard Faivre d'Arcier, Le mot
est devenu pLus-vaLue et « il est peut-être temps de trouver un
autre terme concept avant que celui-ci ne perde toute sa valeur
>.305 Enfin, comme Le souLigne PhiLippe Toussaint, « il
ne suffit pas d'organiser un événement local avec deux ou trois
concerts pour se décréter festival>306.
Sommes-nous face à un risque de perte de La notion de festivaL et de ses
vaLeurs origineLLes ?
C) Une perte possibLe du concept de festivaL ?
La muLtipLication des festivaLs qui tend à «
banaLiser > L'événement, entraîne Les directeurs de
festivaLs dans une farouche voLonté de différenciation
désormais indispensabLe pour garantir Leur originaLité. Cette
évoLution intervient particuLièrement au niveau des
caractéristiques fondamentaLes des festivaLs : unités de temps,
de Lieu et de thème.
303 Intervention de jackyboy Le jeudi 27 avriL 2006, in forum du
site du festivaL La route du Rock,
http://www.Laroutedurock.com/forum/viewtopic.php?t=68&start=15&sid=77540164e7f41d4fa
6855f7527efe8f4, consuLtation Le 16 juin 2006.
304 Intervention d'un invité Le jeudi 27 avriL 2006, in
forum du site du festivaL La route du Rock, Op.cit.
305 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « CuLture, Médias,
EvénementieL, un bon ménage à trois ? >,
Op.cit.
306 MAURET (NathaLie), Op.cit.
Nous évoLuons actueLLement dans une
société où La cuLture est associée de pLus en pLus
à une cuLture de masse, diffusée par des moyens de communication
adaptés comme La presse, La radio, Le cinéma, La
téLévision ou encore internet. CeLa entraîne des
phénomènes de standardisation ou de formatage des
références cuLtureLLes qui se caractérisent
égaLement par une banaLisation des modes et des succès. IL est
important de rappeLer que L'action cuLtureLLe reste Liée à
L'éducation, à La formation, et à La pédagogie, et
nécessite en ce sens d'être traitée avec sérieux.
Dans un souci de recherche de médiatisation toujours pLus viruLente,
notre société prend goût pour Le spectacuLaire. Le pubLic
sembLe vivre pLeinement cette cuLture du « zapping >, en se dirigeant
directement vers ce qui L'intéresse.
La cuLture pour exister, doit-eLLe uniquement se constituer de
moments médiatiques et éphémères ? Les festivaLs
sont-iLs dans L'obLigation de se confronter à ces nouveLLes tendances
?
Comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier, « les
festivals semblent être pris en plein dans les enjeux de la
sur-consommation >307, où tout doit être fait
Le pLus rapidement possibLe, dès La première édition,
« pourtant, il faut donner le temps aux arts, par le biais de la
réexposition peut-être ? >308. Un festivaL qui
propose un nombre réduit de spectacLes une année, ou qui n'a pas
une programmation efficace, est automatiquement mit sur La seLLette. Une des
priorités du festivaL est d'augmenter La notion de diffusion, et Lorsque
Le pubLic y participe, c'est un effort bénéfique. Cette
réfLexion n'est pas aussi évidente dans La réaLité
Lorsque Les critiques, découvrant un artiste, ne L'accompagnent pas par
La suite.
IL est évident que Le terme de « festivaL >
véhicuLe des critères de quaLité, ce qui expLique que
beaucoup d'événements mineurs en prennent La dénomination.
Pourtant, iL existe « un risque de voir disparaître la
connotation de prestige que recouvre normalement le terme
>309, ceLui-ci se rapprochant de pLus en pLus des vaLeurs de
L'événementieL. Pour La Direction de La Musique et de La
Danse310, iL n'y a pas tant un risque de banaLisation des
307 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « CuLture, Médias,
EvénementieL, un bon ménage à trois ? >,
Op.cit.
308 Idem
309 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 7.
310 DMD, « L'action de L'Etat >, Op.cit.
thèmes mais du phénomène festivaL en
Lui-même, une diLution de « L'esprit festivaL >. Ce que confirme
Bernard Faivre d'Arcier : « A l'évidence il y a une saturation
de ce qui est devenu plus une formule qu'un état d'esprit. Certains
statisticiens en viennent même à classer les festivals selon les
catégories les plus diverses : la taille, la date, la discipline etc....
>311. L'augmentation impressionnante du nombre de festivaLs,
ainsi que La proLifération des commémorations et des fêtes
cuLtureLLes, n'ont fait qu'accroître L'offre des spectacLes, contribuant
sans doute à La confusion actueLLe de cette notion.
Cette évoLution que connaît depuis Les
années quatre-vingt La notion de festivaL risque-t-eLLe de nuire
à L'image et à La Légitimité des festivaLs qui
possèdent une direction, un concept et une programmation artistique de
quaLité ?
IL est important que Les directeurs de festivaLs ou
déveLoppeurs de projets trouvent un juste équiLibre entre L'offre
et La demande et n'en oubLie pas pour autant Les fondements de quaLités
qui ont su faire ses preuves depuis presque trente ans.
D) SoLutions envisagées pour une
différenciation du festivaL
Comme nous avons pu Le constater, Les festivaLs restent des
événements vuLnérabLes. ILs ont besoin d'évoLuer
dans un schéma de pérennité afin de s'inscrire, de
manière Légitime, comme éLément majeure de L'action
cuLtureLLe LocaLe, régionaLe, nationaLe, européenne ou
internationaLe. Cette ambition est donc nécessaire à La direction
du festivaL, afin d'être en accord, dans un effort continu d'attention,
d'écoute, d'imagination et de rigueur, à La fois face à
son pubLic, ses différents partenaires pubLics ou privés, ou
encore face aux membres de son équipe. Les fondements nécessaires
à une démarche de pérennisation ont été peu
à peu négLigés par certains directeurs de festivaLs.
311 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op.cit., page 2.
1) Un manque de professionnaLisme
La forme associative sembLe parfaitement correspondre aux
besoins d'un festivaL, et ceLa dans un but de soupLesse financière et
par L'accès faciLité aux subventions. La direction d'un festivaL
requiert des compétences dans des domaines spécifiques,
Liés à La fois à La cuLture et à
L'événementieL, dont dépendra La réussite ou non de
L'événement. Certaines structures sont pLutôt proches de
L'amateurisme que du professionnaLisme : « Beaucoup de responsables de
festivals, issus du monde des arts et de la culture, sont des autodidactes de
la gestion d'entreprises et certains ont une réelle aversion pour ces
questions >312. L'absence de but Lucratif Liée
à La forme associative, tend à déveLopper, au sein
même de sa direction, une ignorance des principes de gestion,
véhicuLant ainsi une image de « manque de rigueur >, «
même si les réglementations récentes qui engagent
juridiquement le directeur, vont vers un plus grand professionnalisme
>313. Ainsi, faute d'une formation adéquate ou d'une
sensibiLité personneLLe à La gestion, beaucoup de projets de
quaLité échouent. Cet handicap de La structure interne du
festivaL se retrouve fréquemment, surtout Lorsque « doit se
substituer à « la bande de copains », une équipe de
direction performante qui, après les premières années de
« galère », veut pérenniser sa manifestation
>314. De pLus, Les contraintes budgétaires d'une grande
majorité de festivaLs, poussent ceux-ci à recourir à un
personneL peu quaLifié, comme Le bénévoLat. En ce sens,
L'ADAMI et La SPEDIDAM gardent certaines réserves quant au soutien
qu'eLLes peuvent accorder aux festivaLs, car eLLes ne souhaitent pas
subventionner des opérations dont L'objectif finaL est de servir La
notoriété d'une coLLectivité. Ainsi, « ces deux
sociétés font preuve d'une grande réserve à
l'égard des organisateurs de festivals qui, dans neuf cas sur dix, ne
sont pas des professionnels du spectacle mais des associations d'amateurs ou
des animateurs du secteur culturel public >.315 Enfin, La
direction d'un festivaL requiert des compétences juridiques et
techniques, d'une bonne appréhension
312 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 102.
313 Idem
314 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 103.
315 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 104.
des acteurs et du fonctionnement du miLieu cuLtureL LocaL. Une
condition sine qua non qui permet de se défendre des différents
« abus > ainsi déveLoppés.
2) Une originaLité nécessaire
En France, face à La muLtipLication de festivaLs de
tout genre, iL est devenu vitaL pour Leurs organisateurs de vaLoriser une
identité qui Leur est propre et obtenir ainsi un positionnement originaL
: « on ne réussit pas un festival en copiant sur les autres
>316, assure Yves CoLin, directeur de La communication du
festivaL Les Vieilles Charrues. IL s'agit égaLement de Lutter
contre Le phénomène de concurrence, présent surtout pour
Les événements estivaux. Différents facteurs participent
activement comme Levier de différenciation pour Les festivaLs :
L'originaLité du projet, Le contenu artistique et La quaLité de
La programmation, La durée de La manifestation, La poLitique tarifaire,
Les modaLités d'accueiL, L'ancrage sur Le territoire, Les actions
d'accompagnement (trempLins, humanitaire, création). Ces
éLéments participent activement à L'équiLibre et
par conséquent au succès de La formuLe. IL est donc important de
mettre en appLication un savoir-faire et un faire-savoir, comme L'assure
PhiLippe Toussaint : « Une fois créées, il faut savoir
pérenniser les manifestations. Il ne faut pas se tromper dans sa
façon d'appréhender le public. Une bonne communication est
nécessaire : la notoriété est lente à
acquérir, mais facile à perdre >317.
La quaLité artistique d'une programmation
apparaît comme un éLément essentieL au festivaL. Cependant,
eLLe tend à être négLigée par certaines
coLLectivités ou directeurs de festivaLs qui sembLent très Loin
de ce précepte de base. Pourtant, Les événements qui
proposent, d'année en année, une programmation de quaLité
possède un nombre de visiteurs et de journaListes évidemment pLus
important que La normaLe. Cet éLément n'est donc pas à
prendre à La Légère et est Le résuLtat d'une
aLchimie précise. ELLe est mise en oeuvre pour satisfaire à La
fois Le pubLic, Les partenaires financiers, Les
316 COLIN (Yves), in MAURET (NathaLie), Op.cit., page
81.
317 TOUSSAINT (PhiLippe), in MAURET (NathaLie), Op.cit.,
page 81.
professionneLs, Les artistes, Les amateurs et Les critiques.
La quaLité artistique d'un festivaL « découle souvent
d'un mélange subtil entre le vedettariat et la création. Elle
consiste aussi à créer les conditions d'une rencontre unique,
sorte de communion d'esprits dans une atmosphère d'osmose
>318.
Si L'on considère La programmation comme un
éLément majeur et primordiaL pour La réussite et La
pérennisation d'un festivaL, on peut aLors se demander comment tant
d'événements cuLtureLs dénommés festivaLs ont-iLs
pu proLiférer ces vingt dernières années ? C'est en 1993
que Anne-Marie Thibaut319 nous propose sa version des faits dans un
articLe intituLé Le festival : objet de passion ou enjeu de pouvoir
320 : « L'évolution des festivals semble arriver
aujourd'hui à un point limite, puisqu'on ne les crée qu'à
des fins d'image, sans privilégier d'abord l'aspect patrimonial ou
artistique. Il n'est pas rare en effet de voir décider plus ou moins
artificiellement du thème dans un souci d'urgence >. Les
coLLectivités territoriaLes sembLent ainsi se satisfaire de festivaLs
sans réeLLe cohérence, comme Le souLigne en 1993 Dominique JuLes,
secrétaire généraL de L'association Carrefour des
festivals : « Trop de festivals se sont créés ces
dernières années sans réelle connaissance du milieu ni du
métier>321. ParaLLèLement, certains directeurs
de festivaLs qui favorisent aLors La forme au contenu, répondent
favorabLement à cette nouveLLe tendance. Pour exempLe ce
témoignage du responsabLe de L'agence d'ingénierie cuLtureLLe
Le Public Système à L'origine de La création des
festivaLs d'Avoriaz et de DeauviLLe: « J'ai eu l'occasion de refuser
les sollicitations de collectivités locales qui souhaitaient monter des
festivals de cinéma sans en avoir tout d'abord identifié les
enjeux et problèmes. La majorité des projets étaient
abordés directement en terme de résultat, quand il aurait fallu
partir d'un projet culturel en adéquation avec l'identité du
lieu. Mais ma position ne peut malheureusement pas être
généralisée» 322.
318 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op.cit., page 5.
319 Ancienne gérante de Public &
Communication, agence d'ingénierie cuLtureLLe créée
en 1981.
320 THIBAUT (Anne-Marie), « Le festivaL : objet de passion
ou enjeu de pouvoir >, Cahier Espaces n°31.
321 JULES (Dominique), in BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op.cit.
322 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op.cit., page
39.
De même pour Les festivaLs d'image, iL est important de
proposer un réeL projet artistique, car, dans Le cas contraire, ceLui-ci
a de grandes chances d'être condamné à disparaître,
et ceLa faute de succès. Comme en témoigne Le résuLtat
d'une étude réaLisée en 2000 sur Les motivations du pubLic
événementieL du Gers323 : Les festivaLiers du festivaL
Jazz in Marciac s'y rendent avant tout pour Le contenu (soit pLus des
deux tiers), et moins pour L'ambiance ou par curiosité. De pLus, pour La
pLupart de ces festivaLs impLantés depuis pLus d'une dizaine
d'années sur Le territoire français, on retrouve en règLe
généraLe un pubLic de connaisseurs qui n'accepterait pas une
baisse de La quaLité de programmation.
IL n'existe donc pas de « recette miracLe >.
3) Importance du directeur artistique
Bien qu'iL ne soit donc pLus nécessaire de convaincre
Les poLitiques de L'utiLité des festivaLs, iL est essentieL de «
les aider à préciser leur projet, de conserver le cap de leur
exigence artistique comme de la formation de leur public
>324. L'expérience prouve ainsi que Le rôLe des
directeurs artistique est fondamentaL. RéeL vecteur de médiation
entre Le pubLic et Les artistes, son rôLe est d'offrir un programme
originaL, sans cesse innovant et renouveLé. En tant que
spéciaListe, Le directeur artistique doit cependant conserver une
Liberté de programmation, condition sine qua non quant à
L'équiLibre de L'événement. La muLtipLication de
partenaires financiers peut inciter, dans certains cas, Les programmateurs au
vedettariat. En effet, « les directeurs de festivals ne
conçoivent plus la présentation de spectacles de création
sans la présence de valeurs sûres > 325. IL est
tout à fait possibLe de se positionner en tant que festivaL de
quaLité et pérenne, tout en offrant à son pubLic une
programmation créative et La découverte de jeunes taLents. Pour
exempLe, Les Transmusicales de Rennes, qui depuis vingt-huit ans est
un événement
323 « EvénementieL : enquête de
CLientèLe >, Bureau d'Etudes Jousset ConsuLtant, in
Repères, hors série n°11.
324 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op.cit., page
12.
325 BENITO (Luc), « Les festivaLs de France : FestivaLs sous
L'angLe économique >, Op.cit., page 24.
reconnu pour soutenir La nouveLLe génération
d'artistes, ce que souLigne Le journaListe Christophe Basterra dans
L'éditoriaL de L'édition 2006 : « A l'heure où
l'on pense tout savoir, tout connaître, il reste les Transmusicales
>326. Enfin, Le rôLe du directeur artistique se
présente donc comme un arbitrage entre des Logiques artistiques et
financières.
4) La reLation au pubLic
En France, et face à La muLtipLication des festivaLs
et au contexte récent de « zapping cuLtureL >, iL est
nécessaire pour Les organisateurs d'entrer dans une démarche
d'accompagnateur et de fidéLisation du pubLic. « Il ne s'agit
plus de réunir des adeptes mais d'aider chacun à se confronter en
pleine connaissance de cause aux tendances éclatées de la vie
artistique contemporaine >.327 Un festivaL ne doit pas
être conçu uniquement pour Les artistes ou Les professionneLs mais
doit, à terme, trouver sa justification et sa Légitimation dans
une reLation construite de Longue durée avec son pubLic. IL est
fortement conseiLLé de réaLiser une enquête pubLique ou
audit sous forme de questionnaire afin de mieux Le percevoir et de L'anticiper
sur La durée. Pour exempLe, en 2005, 70% des français n'ont
jamais assisté à une représentation de spectacLe
vivant328, un paradoxe entre une offre importante
d'événements et un très fort potentieL de visiteurs. Mais
tout ceLa n'est pas automatique et s'accompagne d'un Long travaiL de
sensibiLisation du pubLic, qui entraînera Le succès et La
pérennisation du festivaL.
5) Une inscription sur Le territoire
L'intégration du festivaL à La vie LocaLe n'est
pas toujours évidente et ne doit pas être négLigée
car d'eLLe dépendra La pérennité du festivaL. La
réussite du projet est souvent Liée à son appropriation
par Les habitants, en phase avec Les priorités, caractéristiques
et contraintes du territoire : « une
326 Site des Transmusicales de Rennes,
http://www.Lestrans.com/bLog.htm,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
327 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? >, Op.cit., page 8.
328 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien oraL avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
manifestation qui néglige cette dimension aura
toutes les peines du monde à s'implanter et rallier l'adhésion de
la population locale »329. Une adhésion qui peut
être motivée par Le soutien à La création LocaLe,
par Le biais de résidences d'artistes ou L'organisation de trempLins
Locaux. Ainsi inséré au tissu cuLtureL LocaL, Le festivaL tient
un rôLe fédérateur et assure sa Longévité et
profite du soutien actif de La popuLation LocaLe, comme au Festival Terre
Neuvas à BobitaL, dans Les Côtes d'Armor où Les
agricuLteurs aLentours offrent Le petit-déjeuner aux nombreux
festivaLiers venus camper Le temps de
L'événement330.
Un facteur suppLémentaire permet au festivaL de
s'impLanter durabLement sur un territoire, grâce à La
création d'une action cuLtureLLe menée à L'année.
Pour exempLe, en ArLes, Les Rencontres Internationales de la Photographie
n'ont sembLe-t-iL pas eu un impact particuLier sur Les fLux touristiques,
mais La répétition annueLLe de ces rencontres, a conduit, d'une
part, à La création d'un cycLe de formation qui s'étend
sur tout L'été, et de L'instaLLation d'une EcoLe NationaLe de
Photographie. Enfin, à La mise en pLace d'un très important fonds
photographique qui donne Lieu à une série d'expositions
temporaires tout au Long de L'année331.
Pour concLure, iL sembLe qu'au-deLà de La promotion de
L'image du territoire où iLs s'impLantent, Les festivaLs qui
s'intègrent parfaitement bénéficient d'une
Légitimation essentieLLe à Leur pérennisation.
La réussite et La pérennisation d'un festivaL
résuLtent d'une aLchimie compLexe. On ne cesse de Lui imposer des
missions de pLus en pLus contradictoires : prendre en considération Le
tissu cuLtureL LocaL et s'ouvrir en même temps à L'internationaL,
surprendre Les critiques Les pLus pointus sans pour autant « effrayer
» Les débutants, à La fois fidéLiser un pubLic et Le
renouveLer, ou encore, proposer un programme rigoureux et de quaLité
tout en restant dans La simpLicité, Le conviviaL, sinon Le
divertissement. On peut aLors comprendre que certains directeurs de festivaLs
restent perpLexes face à
329 MERCIER (Sophie) et BOUCHARD (Diane), Op.cit., page
40.
330 Informations notées par L'étudiant Lors d'un
entretien oraL avec HELLIO (Bertrand), Le 18 septembre 2006.
331 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 102.
Leur capacité à conciLier ces différents
objectifs. ILs se tournent pLus natureLLement vers des soLutions de
faciLité. L'évoLution du concept de festivaL et L'utiLisation
aujourd'hui abusive du terme traduit précisément cette situation.
Pourtant, ce phénomène ne sembLe pas avoir d'incidence sur
L'offre des festivaLs car, comme Le souLigne Luc Benito, « on peut
difficilement duper le public, et les médias encore moins, sur ce qu'est
un véritable événement, même si le terme de festival
ne lui permet plus de le distinguer des autres
>.332
E) Conséquences positives de L'évoLution des
festivaLs en France
Face à La banaLisation du terme « festivaL > et
L'absence de quaLité cuLtureLLe et artistique d'un certain nombre
d'événements, une partie des professionneLs se positionnent
manifestement en tant que « résistants >, souhaitant ainsi
défendre Leurs vaLeurs communes : « ce sont de vrais lieux de
production qui permettent de dire que tout n'est pas forcément
événementiel >333. ParaLLèLement,
certains proposent depuis queLques années La création d'un LabeL
« festivaL >. Un point souLevé par NathaLie Mauret, dans un
articLe paru dans La Scène en décembre 2003 : «
Ce serait un gage d'une existence et d'une qualité artistique. Des
critères primordiaux quant à l'attribution des subventions aux
festivals > 334. Cette proposition reste natureLLement en
suspend, tendant à Limiter « une fois de pLus > Les
Libertés individueLLes.
Depuis Les années quatre-vingt, La croissance du nombre
de festivaLs en France n'a sembLe-t-iL pas affaibLi « L'appétit
> du pubLic, bien au contraire. ELLe L'a stimuLé et
diversifié. Le « phénomène festivaL > contribue
Largement « à la promotion des genres artistiques, et à
l'irrigation culturelle des territoires>335. Bien que La
concurrence, de pLus en pLus viruLente au niveau des festivaLs, provoque une
dispersion des pubLics, eLLe entraîne paradoxaLement une diversification
de L'offre : certains festivaLs ont disparus,
332 BENITO (Luc), Les festivals : entre
événement et manifestation culturelle, Op.cit.,
page 5.
333 MAURET (NathaLie), Op.cit.
334 Idem
335 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 10.
d'autres se sont dépLacés soit dans Le temps ou
dans L'espace, si bien qu'un caLendrier de festivaLs s'est étabLit non
pLus seuLement L'été et dans Le sud de La France mais sur toute
L'année et sur tout Le territoire. En ce sens, Les festivaLs
génère une réeLLe dynamique territoriaLes que Martin
MaLvy, président du ConseiL RégionaL Midi-Pyrénées,
ne manque pas de souLigner : « Si la région
Midi-Pyrénées est devenue une grande région
française en matière de festivals, et est réputée
pour sa vitalité culturelle, elle le doit avant tout au talent des
artistes et des créateurs, à l'enthousiasme et à
l'énergie des organisateurs et de toutes les équipes qui animent
des manifestations qui gagnent sans cesse en qualité et en
notoriété».336 Enfin, « la
multiplication des festivals a ceci de bon qu'elle multiplie également
les centres de décision » 337.
IL existe encore bien de bon nombre de raisons de créer
des festivaLs, comme Le souLigne Bernard Faivre d'Arcier338, qui
porte un intérêt particuLier aux festivaLs communautaires ayant
pour thématique Les femmes, Les homosexueLs ou Le troisième
âge, Les festivaLs identitaires tournés sur Les artistes Locaux ou
sur L'expression d'une cuLtureLLe ethnique. De même pour Les festivaLs
avec une caractéristique particuLière, concentrés soit sur
un Lieu particuLier ou sur un seuL type d'expression artistique.
Ainsi, à La question Y a-t-il encore la place en
France pour de nouveaux festivals ? , PhiLippe Toussaint n'hésite
pas à répondre Lors d'une interview en février
2006339 : « Bien sûr, il y a certainement des
endroits où cela peut parfaitement se justifier. Tout en sachant qu'il
est difficile, aujourd'hui, de lancer un nouveau festival. L'encadrement
juridique, administratif et fiscal à mettre en place, se situe tout de
suite à un niveau relativement professionnel ».
En France, Les avis restent donc mitigés quant aux
conséquences de
L'évoLution des festivaLs, et pLus
précisément face à Leur déveLoppement
massif. En
se muLtipLiant, Les festivaLs ont su conserver une de Leur vaLeur
336 MALVY (Martin), Op.cit.
337 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op.cit., page 13.
338 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Comment donner un avenir
aux festivaLs ? », Op.cit., page 8.
339 TOUSSAINT (PhiLippe), Op.cit.
principaLe qui est La diffusion de La cuLture, devenant ainsi un
acteur majeur dans La démocratisation et La décentraLisation
cuLtureLLe.
En déterminant ainsi Les possibLes tentatives
d'instrumentaLisation de La notion de festivaL, ses caractéristiques
majeures sembLent se dessiner. En effet, La muLtipLication du nombre de
festivaLs en France à ceLa de positif qu'eLLe motive Le débat sur
La définition du terme « festivaL ».
Les différents éléments
traités successivement dans cette première partie permettent de
définir le contexte dans lequel évoluent les festivals en France,
depuis leur développement dans les années quatre-vingt. Cette
analyse souligne l'étendue des relations de dépendance et
d'interaction qu'entretiennent ces événements face au
développement local. Une situation originale pour chacune des
caractéristiques du festival et de son territoire. En s'éloignant
du simple événement culturel, le festival est entré de
manière « prononcée » au coeur des enjeux des
collectivités territoriales, en terme d'économie, de tourisme,
d'emploi, d'image ou de politique culturelle. En ce sens, l'étendue de
ses retombées traduit la complexité d'attribution d'une
définition unique et généralisable au festival.
Parallèlement, il semble que ses multiples atouts, mis en abîme
par leur multiplication et leur diversification depuis plusieurs
décennies, puissent jouer en sa défaveur. Le festival tend ainsi
à être instrumentalisé, par ses propres créateurs ou
les collectivités qui le soutiennent. Une évolution qui perturbe
la relation préétablie d'interaction inhérente au contexte
local et « disperse » ses principaux objectifs. Comme le souligne
Philippe Dechartre dans son rapport en 1998340, dans un festival,
« l'idée fondatrice, le lieu, l'histoire, les pouvoirs, les
artistes, les publics, les élus, tout dans cet inventaire à la
Prévert, interfère ». Le rôle attribué au
festival dans le champ culturel national a prit une telle importance que ses
origines semblent se perdrent face à la quantité
d'événements créés. Paradoxalement,
l'évolution du contexte, de la forme et du contenu du festival semble
profiter à un public de plus en plus important, qui profite ainsi d'une
offre d'événements culturels diversifiée et «
adaptée » à toutes les typologie de visiteurs. Cette
évolution propose également aux artistes une plus grande
facilité de promotion. Une démocratisation culturelle
portée à son paroxysme, inscrite, peut-être, dans une
évolution « naturelle » du festival au regard du contexte
culturel français.
L'étude de cas du festival Chroniques Nomades,
festival de photographie de
voyages et d'aventures situé à
Honfleur, en Basse-Normandie, permet de
340 DECHARTRE (Philipe), Op.cit., page 14.
mesurer, à l'échelle d'un
événement, les effets induits de l'évolution du contexte
festivalier en France.
2ème PARTIE
Proposition d'une formuLe festivaLière : Le
festivaL Chroniques Nomades et
L'évoLution du contexte cuLtureL en
France
Après avoir établis les différentes
formes d'interactions ou de tentatives d'instrumentalisation existantes entre
festival et pouvoirs publics, il semble nécessaire à cette
étape du mémoire, de les appréhender à
l'échelle d'un exemple précis, celui du festival Chroniques
Nomades. Festival de photographie de voyages et d'aventures, cet
événement se tient depuis dix ans à Honfleur, commune du
département du Calvados, en Basse-Normandie. A la fois originaire de
cette commune et passionnée par la photographie, je me suis
naturellement intéressée à cet événement
depuis sa création et ai eu, depuis l'édition 2004, l'occasion
d'y participer, par le biais de l'organisation de son festival off. Réel
coup de coeur, ces différentes expériences professionnelles
furent un excellent moyen d'appréhender le festival et de conforter mes
choix de perspectives professionnelles. Le choix du festival Chroniques Nomades
s'inscrit de manière légitime dans un contexte national. Il est
représentatif de la majorité des festivals en France,
situés, entre l'événement récent et pérenne.
De plus, en s'attachant à la photographie, il semble intéressant
d'élargir les cibles de réflexion du mémoire à un
domaine artistique qui vit depuis une dizaine d'années de grands
bouleversements.
Ainsi, la présentation du festival Chroniques
Nomades, à travers son histoire et évolution, entre en
interaction directe avec les différents éléments
soulevés dans la première partie de ce mémoire.
Nous verrons donc successivement, à travers l'
étude de cas du festival Chroniques Nomades, quelles peuvent être,
dans un premier temps, les différentes formes adoptées, à
la fois par le festival et les pouvoirs publics, en vue d'une relation
d'interaction, puis celles adoptées dans un contexte de tentatives
d'instrumentalisation. Dans un second temps, nous analyserons le positionnement
particulier adopté par le festival Chroniques Nomades quant à
l'évolution de son contexte et les différentes actions et
préconisations qui participent activement à une démarche
de pérennité.
L'exemple précis du festival Chroniques Nomades
permet de lire, quelquefois en direct, les diverses façons de se
positionner face à l'évolution d'un contexte que connaissent la
majorité des festivals en France, quelque soit le domaine artistique
diffusé.
Chapitre 1
Une interaction au contexte LocaL
nécessaire pour une Légitimité territoriaLe,
artistique et cuLtureLLe du festivaL Chroniques Nomades
Comme nous avons pu Le constater précédemment,
tout festivaL évoLue de manière inhérente au LocaL. IL est
donc important d'assimiLer, à L'écheLLe nationaLe,
régionaLe et LocaLe, Le contexte territoriaL du festivaL et ceLui de La
photographie.
I) Le contexte du festival Chroniques Nomades
A) Un festivaL inscrit sur un territoire
Tout festivaL évoLue en interaction continue avec Le
territoire où iL s'impLante, dans un contexte pré-étabLi
et une reLation de dépendance et d'échange qui n'est pas
automatique. IL sembLe donc important d'anaLyser et de comprendre en amont ce
territoire, afin d'y inscrire efficacement son festivaL, dans une idée
de gLobaLité et d'adéquation compLète.
1) La région Basse-Normandie
La région Basse-Normandie, située au nord-ouest
de La France est une région qui comporte trois départements, pour
un nombre totaL de un miLLion quatre cent quarante-trois miLLes habitants. Sa
popuLation La pLace au dixseptième rang des régions
françaises avec un rythme de croissance qui s'est
Légèrement accéLéré depuis 2000.
L'attractivité de La région reste toutefois Limitée et Le
rapide vieiLLissement de sa popuLation La rend peu dynamique sur Le pLan
démographique. CeLa s'expLique, entre autre, par L'une des pLus fortes
baisse du taux de nataLité enregistrée sur Le territoire
français - près de 5% en quatre ans -, et Les migrations des
jeunes, âgés de vingt à vingt-neuf ans, qui quittent Le
territoire, soit pour une poursuite d'études ou pour un premier empLoi.
La faibLesse du tissu urbain en Basse-Normandie, basé
essentieLLement sur un réseau de viLLes de taiLLe
moyenne, Limite par conséquent La capacité d'absorption des
jeunes dipLômés sur Le territoire. Au contraire, La région
reste attractive pour Les retraités qui instaLLent Leur résidence
secondaire principaLement sur Le LittoraL, Le Long de La Côte FLeurie et
à L'ouest de La Manche. Bien que La région reste encore
majoritairement jeune, eLLe pourrait connaître Le pLus rapide
vieiLLissement des régions françaises d'ici à 2015. En ce
sens, à L'aube du XXIème siècLe, La capitaLe
régionaLe Caen, et La pLupart des zones côtières,
s'affirment comme Les moteurs du déveLoppement régionaL.
Avec un tiers de sa popuLation vivant en miLieu ruraL, La
Basse-Normandie est considérée aujourd'hui comme La
cinquième région ruraLe en France. Les campagnes bas-normandes
ayant finaLement mieux résisté que Les autres régions
françaises à L'urbanisation sur Le Long terme.
La Longue façade LittoraLe de La Basse-Normandie Le
Long de La Manche et sa proximité vis à vis de L'ILe-de-France et
de La Grande-Bretagne favorisent Le déveLoppement du tourisme. Avec 16 %
de résidences secondaires, La Basse-Normandie se situe donc au
quatrième rang des régions touristiques françaises,
devançant ainsi La Bretagne et Les Pays de La Loire. La diversité
des paysages et La richesse patrimoniaLe attirent égaLement une
cLientèLe étrangère qui atteint un tiers de La
fréquentation totaLe régionaLe341.
La diversité du patrimoine historique et artistique
bas-normand constitue un facteur de croissance économique important pour
La région qui souhaite aLors La mettre en avant. Le secteur de La
cuLture s'y trouve particuLièrement dynamique depuis queLques
années. Parmi Les miLLe cinq cents nouveaux empLois créés
entre 1999 et 2002, deux cent trente concernent Les activités
artistiques et Le spectacLe, et cent vingt, La gestion du patrimoine natureL et
cuLtureL342. De pLus, La région est un creuset de taLents
dont témoigne Le très grand nombre de festivaLs et de
manifestations cuLtureLLes présents sur L'ensembLe de son territoire. Ce
que souLigne Le président du ConseiL RégionaL de Basse-Normandie
situé à Caen, PhiLippe Duron: « Facteur
d'enrichissement
341 Les informations citées ci-dessus possèdent La
même source : Direction GénéraLe de L'INSEE
Basse-Normandie, « Panorama démographique, économique et
sociaL de La Basse-
Normandie », Cent pour Cent Basse-Normandie, page 10.
342 Direction GénéraLe de L'INSEE
Basse-Normandie, « L'économie des Loisirs en
Basse-Normandie », Cent pour Cent Basse-Normandie, page 6.
personnel et de divertissement, la culture est un vecteur
de cohésion sociale et d'intégration »343.
Ainsi, sur un budget gLobaL de pLus de cinq cent vingt miLLions d'euros pour
L'année 2006, La région en consacre dix-huit miLLions, soit 28%,
à La cuLture344. La région met ainsi en pLace une
poLitique de soutient pour Le spectacLe vivant, L'animation cuLtureLLe
(expositions et manifestations), Le Livre et La Lecture (bibLiothèques,
médiathèques, saLons du Livre et manifestations), La
création et La diffusion du cinéma et de L'audiovisueL et Le
patrimoine (restauration, conservation, acquisitions)345. Enfin, Le
ConseiL RégionaL soutient avec rigueur Les événements
cuLtureLs répétitifs comme Les festivaLs, notamment au titre du
fond d'intervention cuLtureLLe régionaL : « Il est
évident que c'est en fonction de leur rayonnement à
l'intérieur comme à l'extérieur de la Basse-Normandie que
la région intervient pour promouvoir tel ou tel festival »
346. La région soutient une cinquantaine de festivaLs en
2006, « évidemment il y a sans doute d'autres
événements dont nous n'avons pas connaissance. Je ne dispose
d'aucune statistique ni chiffre plus précis sur le sujet
»347, souLigne MagaLi Anger, responsabLe des festivaLs de
musique et de cinéma au ConseiL RégionaL. Un nombre qui a
fortement augmenté puisque La région soutient dix festivaLs en
1997348. ParaLLèLement, La DRAC
Basse-Normandie349, dont Le directeur régionaL est
GéraLd Grunberg350 dispose en 2003 d'un budget de vingt-huit
miLLions d'euros pour mener à bien La poLitique cuLtureLLe de L'Etat.
Ses différentes missions sont Le déveLoppement de
L'éducation artistique et
343 Site du ConseiL RégionaL de Basse-Normandie,
http://www.cr-basse-normandie.fr/cuLturegrands-axes-poLitique.php,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
344 Idem
345 Site du ConseiL RégionaL de Basse-Normandie,
Op.cit.
346 ConseiL Economique et SociaL régionaL de
Basse-Normandie, Festivals et manifestations culturelles à
caractère répétitif en Basse-Normandie, compte-rendu
d'enquête, in DECHARTRE (PhiLippe), Op.cit., page 64.
347 Voir annexe 16 page 225.
348 BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Op.cit., page 12.
349 IL n'existe pas de pubLications sur Le budget ou Les missions
de La DRAC Basse-Normandie supérieure à L'année 2004. De
pLus, ceLLe-ci ne possède pas de site internet, contrairement à
La majorité des DRAC en France.
350 Site du Ministère de La CuLture,
http://www.cuLture.gouv.fr/cuLture/min/organigramme/htmL/drac/normandie-b.htm,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
cuLtureLLe, La mise en vaLeur du patrimoine et L'aide à La
création contemporaine.351
2) Le département du CaLvados
La croissance démographique constatée depuis ces
dernières années en Basse-Normandie a profité
essentieLLement au CaLvados, qui est à La fois Le département Le
pLus jeune et Le pLus attractif de La région. IL regroupe ainsi environ
six cent cinquante miLLe habitants. Les fLuctuations saisonnières y sont
importantes, L'empLoi Lié au tourisme augmentant d'un tiers dans ce
département où La fréquentation est La pLus
forte352.
La situation géographique particuLière du
CaLvados Lui offre un positionnement atypique et diversifié, comme Le
souLigne La présidente du ConseiL GénéraL, Anne d'Ordano :
« le Calvados est un subtil mélange entre mer et campagne,
entre villes et bourgs ruraux et l'aménagement équilibré
de son territoire est une bataille de tous les fours.» 353
Suite aux Lois de 1982 sur La décentraLisation, Le
département exerce Librement Les compétences
transférées par L'Etat dans différents domaines, dont
ceLui de La cuLture, auqueL se rattache une mission pour Les
bibLiothèques de prêt et archives départementaLes.
Au-deLà de ces compétences obLigatoires, Le département
exerce une poLitique voLontariste, en direction de L'aide aux monuments
historiques et au soutien à une quinzaine d'étabLissements
permanents354.
Ainsi en 2006, sur un budget totaL de six cent trente miLLions
d'euros, Le département consacre vingt miLLions d'euros, soit une part
de 3%, à La cuLture, vie sociaLe et jeunesse355.
351 Préfecture de La région Basse-Normandie, «
Animer et vaLoriser Le cadre de vie », in « Basse-Normandie : Rapport
d'activité des services de L'Etat en 2003 », page 1.
352 Les informations citées ci-dessus possèdent La
même source : Direction GénéraLe de L'INSEE
Basse-Normandie, « Panorama démographique, économique et
sociaL de La Basse-
Normandie », Op.cit., page 6.
353 Site du département du CaLvados,
http://www.departement.org/Jahia/pid/2408,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
354 Site du ConseiL GénéraL du CaLvados,
http://www.cg14.fr/structure/missions/,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
355 Site du ConseiL GénéraL du CaLvados,
http://www.cg14.fr/structure/budget/budget_annee/chiffres/index.asp,
consuLtation Le 14 novembre 2006.
En 1983, Le ConseiL GénéraL Lance un pLan de
déveLoppement cuLtureL et de soutien au spectacLe vivant356.
Pour ceLa, iL s'est fixé deux missions : apporter une contribution
conséquente à La création (théâtre, danse
contemporaine, musique...) et soutenir La diffusion de spectacLes
professionneLs vers Les viLLes petites et moyennes, et Le miLieu ruraL. Dans ce
but, une aide aux associations LocaLes, aux communes et communautés de
communes est aLors mise en pLace. ParaLLèLement à cette action,
Les deux principaux partenaires du ConseiL GénéraL sont L'ODIA
Normandie*357, et L'ONDA*358, deux organismes qui
participent activement à La diffusion de spectacLes hors des grandes
aggLomérations.
Enfin, en Lien direct avec Le ConseiL GénéraL,
L'ODACC359 apporte un soutien suppLémentaire à La
création et à La diffusion de spectacLes dans Le
département. Son directeur, Jean-Pierre Tiphaigne, égaLement chef
du service des Affaires CuLtureLLes du ConseiL GénéraL, souhaite
ainsi apporter aux associations départementaLes une aide technique,
administrative, juridique et psychoLogique. Un soutien pour La gestion et Les
rapports entretenus avec Les artistes et Les équipes
bénévoLes LocaLes d'organisation.
Le ConseiL GénéraL et L'ODACC apportent Leur
soutien à un grand nombre de festivaLs et autres manifestations
cuLtureLLes pendant La période estivaLe. Pour L'année 2006, iLs
ont pu en soutenir soixante-dix-huit360. ParaLLèLement aux
communes, « les départements apparaissent en Basse-Normandie
comme les collectivités territoriales les plus sollicitées pour
soutenir les festivals »361.
Grâce à ces nombreux soutiens, Le CaLvados est
reconnu en France comme un département référence pour La
conduite d'une teLLe action permanente de décentraLisation et de
diffusion de spectacLes, avec des objectifs, modaLités et
résuLtats significatifs dans La durée362.
356 Site du ConseiL GénéraL du CaLvados,
http://www.cg14.fr/structure/missions/,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
357 Site de L'ODIA,
http://www.odianormandie.com/,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
358 Site de L'ONDA,
http://www.onda-internationaL.com/onda.php,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
359 Site de L'ODACC,
http://www.cg14.fr/cuLture/odacc/poLitique/index.asp,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
360 Voir annexe 14 page 222.
361 ConseiL Economique et sociaL régionaL de
Basse-Normandie, Op.cit., page 65.
362 Idem
3) La commune de HonfLeur
HonfLeur est une commune du LittoraL normand, située au
départ de La Côte FLeurie qui s'étend vers Le sud
jusqu'à Cabourg. ELLe constitue L'une des entités du Pays d'Auge
situé au centre du triangLe Normandie Métropole: Rouen -
Caen - Le Havre. Cette commune, située sur La rive gauche de
L'embouchure de La Seine, est située à onze kiLomètres
à voL d'oiseau du Havre et à cent soixante kiLomètres de
Paris. Contrairement au Havre, La vieiLLe cité est
épargnée par Les destructions de La seconde guerre mondiaLe et
garde tout son charme, grâce à son port, ses musées, ses
vieiLLes rues et ses monuments historiques et reLigieux. La viLLe,
située entre deux coLLines, possède à La fois un statut de
port d'estuaire et de mer. IL est d'abord un port de commerce important au
XVIème siècLe et XVIIème siècLe, défenseur
du fLeuve royaL, puis iL sert de base de départ à pLusieurs
expéditions miLitaires en AngLeterre, sur La mer océane.
Aujourd'hui, Le port de HonfLeur se divise en un avant-port, un port
touristique, Le Vieux-Bassin, et un port industrieL restreint par La
présence sur L'autre rive du deuxième port français de
commerce, industrieL et de voyageurs, Le Havre. La viLLe de HonfLeur s'est
étendue petit à petit, d'une part, vers La mer avec une zone
industrieLLe en expansion, et d'autre part, vers L'arrière pays et Les
pLateaux qui La dominent. L'arrivée du Pont de Normandie en 1995,
reLiant Les deux rives de L'estuaire de La Seine, créé un nouveL
axe européen de communication Nord/Sud, confortant L'avenir industrieL
et touristique de HonfLeur363.
En 2004, La commune compte huit miLLe cent trente neuf
habitants pour une superficie totaLe d'environ quatorze kiLomètres
carrés364. Sa popuLation tend à diminuer, puisqu'eLLe
atteignait Les neuf miLLe cent quarante et un habitants en 1962365,
soit une perte de miLLe habitants en une quarantaine d'années. HonfLeur
est aujourd'hui Le chef-Lieu de La Communauté de Commune du Pays de
HonfLeur. Créé en décembre 2002 eLLe comporte en tout
treize
363 Les informations citées ci-dessus sont tirées
du dossier communaL de HonfLeur réaLisé par L'étudiant, Le
20 mai 2003.
364 Le magasine de L'internet,
http://www.Linternaute.com/viLLe/viLLe/donnee/167/HonfLeur.shtmL,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
365Site sur La popuLation et Les Limites
administratives de La France,
http://spLaf.free.fr/depurb.php?depnum=14,
consuLtation L 2 novembre 2006.
communes366. Depuis 1995, son Maire est MicheL
Lamarre, un homme âgé de quarante-six ans et né à
HonfLeur367.
La viLLe a su conserver son histoire pour rester authentique,
offrant un contraste non négLigeabLe, face aux deux stations
baLnéaires de TrouviLLe et DeauviLLe situées à environ
quinze kiLomètres, dont Le déveLoppement s'est accentué
après L'arrivée de La Ligne de chemin de fer et Le
déveLoppement des Loisirs mondains : casino, courses et baignades.
La commune détient ainsi un potentieL touristique
dominant avec un tourisme itinérant qui jaLonne Les mois de juiLLet et
août. En hors saison, La viLLe accueiLLe un tourisme massif de week-end
et de courts séjours. En effet, « l'instauration des
trente-cinq heures, fait que nous parlons de moins en moins de saison
touristique puisque les visiteurs ont tendance à "étaler" leur
congé en privilégiant des déplacements plus courts mais
plus fréquents et ce, tout au long de
l'année»368.
IL est évident que Le renom mondiaL de HonfLeur et La
quaLité de son environnement sont des éLéments qui
participent activement à cette attraction touristique. IL ne faut pas
oubLier que La viLLe possède une riche histoire cuLtureLLe et picturaLe.
Depuis L'époque d'Eugène Boudin, de Jongkind, Monet, FéLix
VaLLotton, ou Bernard Lachèvre, HonfLeur reste un Lieu de rendez-vous et
de passage pour de nombreux peintres contemporains, comme en témoignent
La présence de nombreux ateLiers d'artistes.
La viLLe souhaite ainsi soutenir et déveLopper son
activité cuLtureLLe et artistique, pour divertir Les touristes, y
attirer du monde, et répondre aux attentes de ses habitants et ceux de
La région. Ainsi, Françoise David, Adjointe au Maire en charge
des Affaires cuLtureLLes, rappeLLe Les grands axes de La poLitique de La viLLe
: « Des choix culturels ciblés avant tout vers les habitants,
une attention permanente de la municipalité qui prend toujours en
compte, en priorité, les attentes des honfleurais
»369.
ELLe soutient ainsi différents étabLissements
cuLtureLs permanents comme Le
Musée Eugène Boudin, La Maison
Satie, Le Musée de La Marine ou encore Le
366 Site de La viLLe de HonfLeur,
http://www.viLLe-honfLeur.fr/Infos-viLLe,3,0,0.htmL,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
367 Idem
368 Voir annexe 15 page 224.
369 DAVID (Françoise), in BuLLetin d'informations
municipaLes, n°21, page 62.
Musée d'ethnographie et d'Art popuLaire Normand.
Inaugurée en 1999, La Médiathèque, située en pLein
coeur de La viLLe est un édifice remarquabLe pour une viLLe
résoLument tournée vers L'avenir.
ParaLLèLement aux étabLissements permanents, La
viLLe apporte son soutien à des événements cuLtureLs
ponctueLs comme Les saLons et festivaLs. Ainsi, s'y dérouLent
chronoLogiquement sur L'année : Le Salon toutes collections, Le
Salon des artistes contemporains, Le Marché des potiers et
de la céramique, Le Salon des antiquaires, La
Fête des marins, Le festivaL Chroniques Nomades, Le
Défi Voiles, Le Tour de France à la voile, Le
festivaL Jazz aux Greniers, Le raid de La côte fLeurie, Le
festivaL Estuaire d'en rire et Le Festival du Cinéma
Russe370. Comme Le souLigne Catherine Montandon, directrice de
L'Office du Tourisme de HonfLeur, « les manifestations culturelles
tiennent un rôle essentiel en animant nos stations, quasiment tout au
long de l'année et en suscitant donc l'intérêt du public,
non plus seulement pendant la saison dite
"estivale"...».371
De La même manière, iL sembLe intéressant
d'appréhender Le contexte dans LequeL évoLue Le mode artistique
diffusé par ce festivaL : La photographie.
B) La photographie et ses festivaLs en France
Une vingtaine d'années après avoir acquis La
reconnaissance des institutions muséaLes françaises, La
photographie récoLte enfin Les fruits de son statut d'oeuvre d'art.
Comme Le souLigne Bernard Perrine dans L'éditoriaL du magasine Le
photographe, en mai 2006 : « On peut affirmer que la photographie
a aujourd'hui atteint l'âge adulte »372. Pour s'en
rendre compte, iL suffit de faire Le compte des festivaLs dédiés
à La photographie qui prennent peu à peu Le reLais des
institutions et acquièrent La reconnaissance du pubLic. Pendant
Longtemps, La création photographique s'est trouvée
370 Les informations citées ci-dessus proviennent du site
de La viLLe de HonfLeur, rubrique Vie culturelle,
http://www.viLLe-honfLeur.fr/Vie-cuLtureLLe,25,0,0.htmL,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
371 Voir annexe 15 page 224.
372 PERRINE (Bernard), « Ce n'est pas une raison pour faire
n'importe quoi ! », in Le photographe, n° 1640.
scindée en deux grandes famiLLe : « d'un
côté, les photographes « purs » et, de l'autre, les
artistes contemporains »373. Cette catégorisation
sembLe aujourd'hui s'être amoindrie quand iL s'agit de La
présenter. ParaLLèLement, Le champ de La photographie s'est
éLargi grâce à La technique, générant une
nouveLLe reLation aux images dont Les auteurs actueLs se font L'écho
dans Leur pratique. Ainsi, de part son contenu et Les différentes forme
qu'eLLe adopte désormais, « la photographie continue de se
faire à la fois le reflet et l'observatoire des transformations de la
société actuelle »374. De ce point de vue,
bien que La pLupart des festivaLs de photographie tendent à se
différencier par Leur thème ou genre, iLs jouent aujourd'hui,
pLus encore que Les institutions, un rôLe fondamentaL pour La diffusion
et Le dynamisme de La création photographique contemporaine.
1) Les festivaLs de photographie à écheLLe
nationaLe
SeLon François HébeL, directeur artistique des
Rencontres Photographique d'Arles, « il existe aujourd'hui 78
festivals dédiés à la photographie en France
»375. Un nombre qui ne cesse d'augmenter et montre
L'intérêt du pubLic pour cette démarche artistique. ILs
offrent ainsi une pLus grande Liberté d'expression et de diffusion des
artistes, contrairement à La quantité impressionnante
d'institutions -ne serait-ce qu'à Paris- qui exposent essentieLLement
des auteurs qui bénéficient déjà d'une
reconnaissance.
Parmi La muLtitude de festivaLs ou manifestations qui
consacrent Leur programmation à La photographie, notamment pendant La
période estivaLe, un petit nombre d'entres eux s'est imposé au
fiL du temps comme rendez-vous incontournabLe, à ne pas manquer. Ainsi
se sont distingués Les Rencontres Internationales de la
Photographie376, festivaL qui se tient de début juiLLet
à mi-septembre depuis trente-six ans en ArLes, Visa Pour
l'Image377, festivaL
373 BERNARD (Sophie), « FestivaLs de L'été :
ArLes, HonfLeur, Perpignan... », Images, n°11, page 1.
374 Idem
375 HEBEL (François), in « FestivaLs de
L'été : ArLes, HonfLeur, Perpignan... », Images,
page 40.
376 Site internet des Rencontres d'Arles,
http://www.rencontres-arLes.com,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
377 Site internet de Visa Pour l'Image,
http://www.visapourLimage.com,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
InternationaL de photojournaLisme qui se tient Les quinze
premiers jours de septembre depuis dix-huit ans à Perpignan,
L'Eté Photographique de Lectoure378, un festivaL de
photographie écLectique qui se tient tout Le mois d'août depuis
quinze ans à Lectoure, dans Le Gers, et enfin, Le festivaL
Chroniques Nomades, qui se tient pendant trois semaines en mai depuis
dix ans à HonfLeur. Chacun de ces festivaLs a su s'approprier un pan de
La photographie pour mieux se différencier et marquer son territoire.
ILs réunissent à La fois Les professionneLs -photographes et
agences de presse- et un pLus Large pubLic.
ParaLLèLement à ces queLques
événements de renom, s'est déveLoppé une muLtitude
de festivaLs qui font Leurs preuves d'édition en édition. Pour
n'en citer que queLques uns : Le festivaL
Mai-Photographie379 expose depuis vingtcinq ans Les travaux
de jeunes taLents et d'artistes renommés de La photographie
contemporaine, de mi-mai à mi-juin à Quimper.
Itinéraires Photographiques en Limousin380 propose
depuis treize ans un parcours photographique autour de quatre communes du
Limousin, de mi-mai à miaoût. Les Rencontres Photographiques
d'été381 est un événement qui se
dérouLe depuis douze ans, Les quinze derniers jours de juiLLet à
Niort, en Poitou-Charentes. IL présente, autour de résidences
d'artistes, des expositions de créations contemporaines. La
Quinzaine Photographique Nantaise382 est un festivaL
internationaL pour La photographie contemporaine. IL se tient depuis dix ans,
Les quinze derniers jours de septembre, à Nantes. Enfin, pLus
récemment, queLques festivaLs se sont fait connaître à
L'image du Printemps de Septembre383, Le rendez-vous des
images contemporaines et pLasticiennes qui se tient à TouLouse de
mi-septembre à mi-octobre. En cinq ans, ce festivaL
378 Site internet de L'Eté photographique de
Lectoure,
http://www.centre-photoLectoure.fr/pages_ete05/ete05_intro.htmL,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
379 Site du festivaL Mai-Photographie,
http://mai.photographies.free.fr/,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
380 Site du festivaL Itinéraires Photographiques en
Limousin,
www.ipeL.org, consuLtation Le 16
novembre 2006.
381 Site internet des Rencontres Photographique
d'été,
http://www.pourLinstant.com/,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
382 Site internet de La Quinzaine Photographique
Nantaise,
http://www.qpn.asso.fr/,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
383 Site internet du Printemps de Septembre,
http://www.printempsdeseptembre.com,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
est devenu L'événement majeur de La
rentrée cuLtureLLe touLousaine. Les
Transphotographiques384 est un festivaL dédié
à La photographie et au cinéma. IL se tient depuis cinq ans
à LiLLe, de mi-mai à mi-juin. Le Festival de
l'Image385 est quant à Lui consacré à La
thématique du voyage et se tient Les premiers week-end d'octobre depuis
cinq ans, à Saint-VaLéry-en-Caux. Enfin, Le festivaL Photo
Nature & Paysage386, se veut être Le pLus grand
festivaL de photographie en pLein air de France et se tient depuis trois ans,
de début juin à fin septembre dans Le pays de La GaciLLy, dans Le
Morbihan.
IL ne s'agit donc pas ici d'énumérer L'ensembLe
des événements photographiques depuis ces vingt dernières
années, mais de démontrer que Leur thématique reste, pour
La pLupart, orientée sur La création contemporaine. Contrairement
aux quatre festivaLs de photographie de renom cités précedemment,
ce qui permet de différencier un événement n'est donc pas,
son ancienneté ou sa durée, mais bien La quaLité d'une
programmation inscrite dans une thématique originaLe.
2) La région Basse-Normandie et ses festivaLs
SeLon Les propos du ConseiL RégionaL : « la
Basse-Normandie est la Région du nord de la France où il se
déroule le plus de festivals »387. Les pLus connus
sont certainement Le Festival du Film
Américain388qui possède une dimension
internationaLe et se tient depuis pLus de trente ans La première
quinzaine de septembre à DeauviLLe, dans Le CaLvados, Le festivaL
Jazz sous les pommiers389, qui se tient une semaine en mai
depuis vingt-cinq ans à Coutances, dans La
384 Site des Transphotographiques,
http://www.transphotographiques.com/,
consuLtation Le
16 novembre 2006.
385 Site du Festival de l'Image,
http://www.festivaL-image.org/,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
386 Site du festivaL Photo Nature & Paysage,
http://www.festivaLphoto-LagaciLLy.com,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
387 Site du ConseiL RégionaL de Basse-Normandie,
http://www.cr-basse-normandie.fr/bassenormandie-vaLeur-ajoutee-cuLtureLLe.php,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
388 Site du Festival du Film Américain,
http://monsite.wanadoo.fr/deauviLLeLes30ans/,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
389 Site du festivaL Jazz sous les pommiers,
http://www.jazzsousLespommiers.com/,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
Manche et Le festivaL Off Courts390,
festivaL franco-québécois du courtmétrage qui se
dérouLe pendant Le Festival du Film Américain depuis
sept ans à TrouviLLe, dans Le CaLvados.
D'autres événements, certes moins connus,
apportent cependant Leur dynamisme à La région, à L'image
du Festival du Film Romantique391 qui se tient pendant un
week-end au mois de juin à Cabourg depuis dix-neuf ans et Septembre
musical392, un festivaL de musique cLassique qui se tient
chaque mois de septembre depuis vingt-quatre ans à travers une vingtaine
de LocaLités de L'Orne. Enfin, Les
Boréales393 est un festivaL qui propose une
pLate-forme de création nordique. IL se tient depuis quinze ans au mois
de novembre à Caen.
Ces événements représentent L'ensembLe
des formes d'art et de cuLture en Basse-Normandie, animant ainsi Le paysage
cuLtureL du territoire.
Sur La totaLité des festivaLs se dérouLant en
Basse-Normandie, soixante-dixhuit se tiennent dans Le CaLvados394.
Et ceLa tient au poids démographique de ce département et La
présence prédominante de La capitaLe régionaLe, Caen, qui
accueiLLe un grand nombre de manifestations.
PLus précisément, La région connaît
peu de festivaLs de photographie. Le seuL exempLe est ceLui du festivaL Les
Photosensibles395, consacré à La photographie
humaniste. IL se tient depuis trois ans, de mi-mai à mi-juin à
Bayeux. Enfin, comme nous L'avons vu précédemment, La viLLe de
HonfLeur connaît depuis pLusieurs années quatre festivaLs, qui se
tiennent tous dans Les Greniers à SeL, cités ci-après par
ordre chronoLogique sur L'année : Le festivaL Chroniques Nomades
au mois de mai, Jazz aux Greniers, un événement qui
s'y tient au mois d'août depuis trois ans, Estuaire d'en Rire,
un festivaL d'humour
390 Site du festivaL Off-Courts,
http://www.off-courts.com/,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
391 Site du Festival du Film Romantique,
http://www.festivaL-cabourg.com,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
392 Site informatif sur Le festivaL Septembre musical,
http://www.francefestivaLs.com/orne/orneptframecentre.htm,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
393 Site du festivaL Les Boréales,
http://www.crL.basse-normandie.com/03-boreaLes/0-
boreaLes.htmL, consuLtation Le 17 novembre 2006.
394 Voir annexe 14 page 222.
395 Site du festivaL Les Photosensibles,
http://photosensibLes.canaLbLog.com/,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
créé iL y a six ans et se dérouLant au mois
d'octobre, et Le Festival de Cinéma Russe qui s'y tient
début novembre depuis onze ans396.
On comprend dès Lors L'intérêt pour Le
festivaL Chroniques Nomades de s'impLanter sur un territoire «
vierge » en événements photographiques.
C) Historique, identité et évoLution du
festivaL Chroniques Nomades
Le festivaL de photographie de voyages et d'aventures
Chroniques Nomades n'est pas à L'origine une initiative de La
viLLe de HonfLeur, comme ce fût Le cas pour Le Festival du film
américain de DeauviLLe, monté par une agence
d'ingénierie cuLtureLLe, Le Public
Système397. Créé en 1996 sous La forme
juridique d'une association de Loi 1901, Le festivaL est donc une initiative de
son directeur artistique, CLaude Geiss. CeLui-ci connaît jusqu'aLors une
carrière proche de La forme artistique diffusée par
L'événement puisqu'iL est Lui-même photographe, et porte un
intérêt à La photographie de voyage. Dans un premier temps,
iL travaiLLe avec La presse et entre par La suite au Ministère de La
CuLture et de La Communication, au sein du Centre NationaL de La Photographie,
au moment de La création de La coLLection Photopoche. IL
décide ensuite de se pencher sur La découverte de jeunes taLents
et réfLéchit au projet d'un festivaL398.
Les choix successifs effectués par CLaude Geiss, quant
à La mise en oeuvre de son événement, traduisent,
dès sa création, un positionnement particuLier.
1) Création du festivaL Chroniques Nomades
a) Le choix d'une thématique
396 Les informations citées ci-dessus proviennent du site
de L'Office du Tourisme de La viLLe de HonfLeur,
http://www.ot-honfLeur.fr/Evenements,8,0,0.htmL,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
397 Site de L'agence Le Public Systeme,
http://www.LepubLicsysteme.com/site2006/page.asp?menu=3&rubrique=16,
consuLtation Le 17 novembre 2006.
398 DUPLAN (Karine), « Sur La route des Chroniques
nomades de HonfLeur », interview de CLaude Geiss, 2000, in web magasine
Chronic'art,
http://www.chronicart.com/mag/mag_articLe.php3?id=766,
consuLtation Le 12 juin 2006, 3 pages.
Depuis sa création en 1996, Le festivaL Chroniques
Nomades prend pour thématique La photographie de voyages et
d'aventures. Sa démarche consiste aLors « à donner une
image inattendue de la photographie de voyage, comprise dans son sens le plus
large, en excluant l'exotisme, le folklore ou l'illustration
»399. L'événement s'inscrit dans un contexte
purement artistique, puisque sa fonction première est de promouvoir Les
travaux de photographes connus ou peu reconnus sans effectuer Le moindre tri
entre L'art et Le reportage. Ce festivaL, Loin de L'imagerie touristique ou
pubLicitaire, approfondit aLors La question du « dépaysement»,
non comme « un simple exotisme du décor des moeurs mais une
expérience de l'ailleurs et d'abord de l'autre, de sa différence,
du côtoiement des cultures et en définitive, de notre propre
identité»400. CLaude Geiss cherche ainsi à
démontrer que Les photographes ne voyagent pLus pour La recherche du
simpLe exotisme et du dépaysement mais cèdent La pLace à
La rencontre de L'autre, dans un aiLLeurs, réeL ou imaginaire. Evitant
ainsi Les pièges de La faciLité qui auraient pu Le conduire vers
La photographie documentaire ou exotique, iL interroge La photographie de
voyage en présentant chaque année des expositions personneLLes,
de quaLité, qui s'émancipent des préjugés visueLs.
Un choix qui oppose La réaLité du photographe qui expLore Le
monde à ceLLe du spectateur qui Le déchiffre par son imaginaire.
La candeur n'est donc ici pLus de mise, iL s'agit de revenir sur Les intentions
de voyage à travers une perpétueLLe recherche de
diversité, tant en terme d'auteurs que d'écritures
photographiques. De pLus, comme Le souLigne CLaude Geiss401 :
« la question se pose du rôle des photographes-voyageurs dans la
prise de conscience des conséquences de ces déplacements massifs,
dans l'élaboration d'autres modèles de voyage, plus respectueux
des liens sociaux et des ressources naturelles». En effet, certains
travaux présentés aux Greniers à SeL n'hésitent pas
à nous renvoyer à notre responsabiLité en matière
d'environnement.
Le concept du festivaL Chroniques Nomades,
tourné vers La découverte de L'Autre et de L'AiLLeurs,
apparaît comme un éLément novateur au sein de La vie
399 BERNARD (Sophie), Op.cit.
400 DUPLAN (Karine), Op.cit.
401 Idem
|
Les Greniers à sel de Honfleur, vue
intérieur pendant Le festivaL Chroniques Nomades. Site de
L'Office du Tourisme de HonfLeur, www.ot-
honfLeur.fr/v2/images_v2/patrimoine_encLo
s_2.gif, consuLtation Le 16 novembre 2006.
|
Illustration 1
Illustration 2
cuLtureLLe de HonfLeur en 1996, ce que CLaude Geiss
n'hésite pas à souLigner : « J'ai voulu donner l'accent
à une idée plutôt qu'à une démarche
photographique. Celle du voyage permettait de croiser les différents
projets, les différentes personnalités
>402.
Le choix du nom « Chroniques Nomades > participe
pLeinement à cette démarche. Dans un premier temps, Le terme
« chronique > rappeLLe La faibLe frontière qu'iL peut y avoir
entre La photographie et La Littérature : « Je pense que la
photographie, plus que tout autre forme d'expression artistique, est proche de
la littérature, de la narration >403. Ce mot souLigne
donc La forme adoptée par Le festivaL, iL traduit « un
récit court, concentré et dense à la fois
>404. Dans un deuxième temps, Le terme « nomade
> souLigne Le concept et Le contenu du projet. IL est venu de
L'intérêt que CLaude Geiss porte au nomadisme : « cette
forme de vie qui enrichie l'être humain au quotidien et qui semble
être de plus en plus intégrée aux modes de vie
contemporaine, notamment grâce à l'ouverture des frontières
>405. Enfin, L'association des deux termes fonctionne en
adéquation, dans une harmonie sonore et visueLLe.
b) Le choix de HonfLeur
Comme dans tout schéma d'éLaboration d'un projet
cuLtureL, ceLui du festivaL Chroniques Nomades a débute par
« l'écriture du projet, sa philosophie, sa pratique et son
développement >406. CLaude Geiss a ensuite ouvert une
carte de France afin d'énumérer Les événements
photographiques répartis sur Le territoire, à L'image des
Rencontres d'Arles et de Visa Pour l'Image à
Perpignan. En 1996, iL s'avère qu'iL n'en existe aucun dans Le nord de
La France. IL part aLors pendant pLus d'une semaine Le Long de La côte
normande, de LiLLe jusqu'au Havre, afin de trouver un site potentieL.
Arrivé au Havre, iL décide de passer Le Pont de TancarviLLe pour
se rendre à HonfLeur où iL rencontre par hasard un ami qui Lui
parLe du site des Greniers à SeL. Un espace rarement utiLisé par
La viLLe. A La Mairie se trouve aLors une nouveLLe
402 Idem
403 Voir annexe 13 page 219.
404 Idem
405 Idem
406 Voir annexe 11 page 209.
équipe en pLace depuis moins d'un mois. CLaude Geiss
contacte aLors L'un de ses membres, Françoise Rousseau, adjointe
à La cuLture, qui Lui donne directement un rendez-vous devant Les
Greniers à SeL et prend très vite Le projet à coeur. En
effet, iL existe une réeLLe cohérence entre L'histoire de
HonfLeur et L'impLantation du festivaL Chroniques Nomades, ce que
souLigne CLaude Geiss : « Le choix de Honfleur comme ville d'accueil a
été mûrement réfléchi, il est intimement
lié au passé de la ville »407. Comme nous
L'avons souLigné précédemment, HonfLeur fût aux XVII
et XVIIIème siècLes, La base de départ de grandes
expéditions vers L'Inde, L'Amérique et L'Afrique. Cette viLLe,
aLors peupLée de marins expLorateurs d'océans et de voyageurs en
escaLe, se prête parfaitement à La thématique du festivaL,
souLignée par une réaLité historique
intégrée dans L'imagerie popuLaire : « Avec le festival
Chroniques Nomades, Honfleur appelle le spectateur, comme autrefois les
explorateurs, à partir à la découverte d'horizons
nouveaux»408. Une viLLe toujours empreinte par son
histoire puisqu'eLLe est aujourd'hui une terre d'accueiL et de
tourisme409.
c) Le choix d'une date
De même que Le choix géographique, CLaude Geiss
constate en 1996, que L'ensembLes des événements photographiques
se dérouLent Le deuxième semestre de L'année. IL faLLait
donc créer un événement à La fois dans Le nord et
Le premier semestre. Le festivaL Chroniques Nomades se tient donc
depuis 1996, pendant trois semaines, au moi de mai. IL permet ainsi
L'avancée de L'ouverture de La saison touristique de HonfLeur, ce que
souLigne CLaude Geiss : « C'est tout a fait de mon avis, et c'est
également celui de l'Office du Tourisme de Honfleur qui enregistre une
nette progression de la fréquentation dès les premiers jours du
festival, ainsi qu'une augmentation des réservations d'hôtels
»410. Information souLignée par Catherine Montandon,
directrice de L'Office du Tourisme de HonfLeur : « Le superbe
407 DUPLAN (Karine), Op .cit.
408 Idem
409 Les informations citées ci-dessus concernant
L'histoire du choix de HonfLeur par CLaude Geiss sont extraites sont extraites
de L'annexe 11 page 209.
410 Voir annexe 13 page 219.
festival Chroniques Nomades contribue à la
fréquentation touristique de Honfleur à cette époque de
l'année... mais il n'en est pas à l'origine dans la mesure
où on considère depuis de nombreuses années
déjà que la saison touristique démarre à partir de
Pâques pour s'étendre de plus en plus tard, mais essentiellement
jusqu'au début du mois d'Octobre, et ce pour la plupart des destinations
de notre région. A ce titre, il est évident que le festival
Chroniques Nomades participe à ce phénomène en attirant
bien sûr un public avisé qui, par ailleurs, ne viendrait
peut-être pas à Honfleur sans le festival... »411
d) Le choix des Greniers à seL
Suivant La proposition de La Mairie de HonfLeur en 1996, Le
festivaL Chroniques Nomades se tient depuis sa création dans
L'enceinte même des Greniers à seL, situés en pLein coeur
de La commune, rue de La viLLe, près du Vieux-bassin. CLassés
monuments historiques en 1916, Les deux Greniers à seL sont de vastes
bâtiments en pierre datant du XVIIème siècLe. ILs
constituent aLors Les quatrième et derniers grands entrepôts de
seL en Normandie pouvant stocker jusqu'à dix miLLe tonnes de seL servant
entre autre à La conservation de La pêche à La morue sur
Les bancs de Terre Neuve412 413. Considérés
aujourd'hui comme de véritabLes bâtiments de prestige pour La
viLLe, iLs accueiLLent tout au Long de L'année expositions, concerts,
conférences, séminaires, festivaLs et congrès. En effet,
Les Greniers à SeL représentent à eux deux, miLLe quatre
cent mètres carrés expLoitabLes. Leur surface permet ainsi
d'accueiLLir au même moment environ six cents personnes414.
Comme Le souLigne CLaude Geiss : « Le lieu a été
très décisif pour moi, il est en adéquation totale avec
l'atmosphère du festival »415. En effet, Les
Greniers à seL sont chargés d'histoires d'expLorateurs car c'est
égaLement en ces Lieux
411 Voir annexe 15 page 214.
412 Située au sud-est de L'îLe de Terre Neuve, au
Large de La côte atLantique de L'Amérique du Nord, cette zone de
pêche fût Largement fréquentée pendant Les
XVIème et XVIIIème siècLes,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Terre-Neuve,
consuLtation Le 12 décembre 2006.
413 Les informations citées ci-dessus sont extraites d'un
site informatif sur Les Greniers à seL
de HonfLeur,
http://www.fra.cityvox.fr/theatre_Le-havre/greniers-a-seL_90395/ProfiL-Lieu,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
414 Voir annexe 13 page 219.
415 Voir annexe 11 page 209.
que viennent embarquer Les découvreurs du Nouveau
Monde. Le festivaL reste donc « marqué > par Le Lieu qu'iL
investit, sa sobriété, son éLégance et sa concision
qui exaLtent Les photographies qui y sont exposées.
IL est évident que L'impLantation du festivaL
Chroniques Nomades en 1996, au sein même des Greniers à
seL joue un rôLe important dans Le maintient de L'ouverture du site et de
son animation, puisqu'iL s'y tient désormais tout au Long de
L'année une muLtitude d'événements.
e) Le choix d'une équipe
Contrairement à La pLupart des festivaLs en France,
Chroniques Nomades ne profite du soutien d'aucun
bénévoLe. En effet, comme Le souLigne CLaude Geiss : «
Dans des villes comme Honfleur, très touchées par le
chômage, le bénévolat n'existe pas >416.
Lors des premières éditions, ceLui-ci travaiLLe avec une agence
intérimaire, mais L'expérience ne s'est maLheureusement pas
renouveLée, Les personnes aLors empLoyées manquant fortement de
professionnaLisme. Puis, Lorsqu'iL engage, pour L'édition 2006, un
professionneL venu de Paris pour prendre en charge L'accrochage de
L'exposition, Le résuLtat en est une facture de défraiement
coLossaLe de miLLe euros. Ces différentes expériences
amènent CLaude Geiss à s'entourer d'une équipe efficace,
constituée en majeure partie de personnes de La région
Basse-Normandie. En effet, comme iL Le souLigne Lui-même : «
Pour une question budgétaire, cela m'est plus facile car il n'y a
pas de frais d'hôtel supplémentaire à régler
>417. Ainsi, en dix ans, Le festivaL Chroniques Nomades
a su évoLuer autour d'une équipe soudée et efficace. ELLe
est actueLLement constituée d'une personne permanente, CLaude Geiss, en
charge de La direction artistique et de La scénographie, et de
différents prestataires de service, qui participent ponctueLLement
à L'événement: Catherine PhiLippot pour Les reLations
presse, Jean-Christian FLeury pour La rédaction des textes, Le magasine
en Ligne
photographie.com pour La mise
à jour du site internet et Isabeau de Rouffignac pour Le graphisme. Le
temps du festivaL, cette équipe est compLétée par deux
personnes originaires de HonfLeur, Franck Roney pour
416 Voir annexe 12 page 213.
417 Idem
La prise en charge de L'accueiL et SamueL Marie en tant
qu'assistant technique. Enfin, La mise en pLace des expositions est
réaLisée par Les services techniques de La viLLe de
HonfLeur418.
La constitution d'une teLLe équipe démontre
ainsi L'importance et La nécessité, pour un directeur de
festivaL, de s'entourer à La fois de professionneLs compétents et
de personnes issues du réseau LocaL. En effet, bien qu'iLs traduisent
une charge en moins pour Le budget du festivaL, iLs représentent, par
Leur impLication, un éLément essentieL à
L'intégration de ce dernier au territoire LocaL.
f) Le choix d'un pubLic
Enfin, Le festivaL Chroniques Nomades souhaite,
depuis sa création, rester accessibLe à un Large pubLic puisqu'iL
est entièrement gratuit. L'accès au Greniers à seL,
situés au pLein coeur de La viLLe, profite aux habitants autant qu'aux
touristes de passage. Lorsque CLaude Geiss est contraint de rendre
L'accès aux Greniers à seL payant419 pour
L'édition 2005, afin de compenser La soudaine baisse de subvention de La
DRAC Basse-Normandie, iL conserve La gratuité aux honfLeurais.
Cependant, « cette entrée payante a été en
réalité une fausse bonne idée qui a
sélectionné et divisé le public du festival
>420. Cette unique expérience sembLe pourtant avoir
marqué CLaude Geiss qui instaure de nouveau La gratuité du
festivaL dès L'édition 2006, « ce qui est en
réalité, et depuis l'origine dans la « philosophie » de
l'événement >421.
L'étude détaiLLée du contexte du festivaL
Chroniques Nomades et son impact pLus ou moins direct sur La
manière dont iL peut être impLanté sur un territoire,
présentent Les bases formeLLes de cet événement. IL sembLe
donc intéressant de s'attacher de La même manière aux
éLéments de fond de ce festivaL.
418 Site du festivaL Chroniques Nomades,
http://chroniquesnomades.photographie.com/?pubid=102781&secid=49,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
419 Pour un montant de trois euros.
420 Voir annexe 11 page 209.
421 Idem
2) Le maintien d'une Ligne de conduite
a) Les objectifs du festivaL Chroniques Nomades
Lors de sa création en 1996, L'objectif principaL du
festivaL est de diversifier Le paysage cuLtureL de La viLLe de HonfLeur et de
diffuser, à travers La séLection d'une dizaine d'expositions, La
photographie de voyage et d'aventure au pLus Large pubLic. Un objectif
maintenu, puisque Le festivaL s'est imposé en dix ans auprès d'un
pubLic composé à La fois de professionneLs et de
néophytes. IL a ainsi enregistré vingt-trois miLLe entrées
pour L'édition 2006. Un nombre en constante augmentation puisqu'iL
n'atteignait timidement que La marche des deux miLLe La première
année422. Comme nous L'expLique CLaude Geiss : «
Cette évolution est due au bon relais médiatique de
l'événement, ainsi qu'au positionnement du festival en tant
qu'unique événement de photographie de voyage en France, depuis
la disparition en 2005 du festival Biarritz Terre d'Image, festival de la
photographie et du voyage à Biarritz »423. Ainsi,
de part son positionnement particuLier, Le festivaL Chroniques Nomades
attire un pubLic de pLus en pLus diversifié, associant curieux de
passage, intéressés venus spéciaLement à HonfLeur
pour L'occasion et professionneLs. En ce sens, Le week-end d'ouverture est Le
moment « officieL » du festivaL. IL permet de regrouper au même
instant, son équipe, ses différents partenaires pubLics et
privés, Les photographes exposés et Les professionneLs du miLieu
invités pour L'occasion. C'est égaLement Lors de ce week-end que
se produisent La pLupart des actions misent en pLace paraLLèLement au
festivaL, ce qui représente Le second objectif de
L'événement.
Ces différentes actions jouent un rôLe actif dans
L'animation du festivaL. Chaque édition est ouverte par une
conférence, sous forme de débats et tabLes rondes, regroupant Les
photographes exposés, des éditeurs, iconographes et responsabLes
d'institutions cuLtureLLes424. Pour Les éditions
422 Voir annexe 13 page 219.
423 Idem
424 Dossier de presse du festivaL Chroniques Nomades,
2000.
2004 et 2005, grâce au partenariat étabLit avec
La chaîne de téLévision ARTE, Le festivaL réaLise
des projections de fiLms documentaires sur Le thème du voyage, dans
L'enceinte du cinéma Henri Jeanson de HonfLeur. De pLus, Le festivaL
s'associe à différents événements musicaux comme La
présence en 1999 d'un concert de musique Berbère du Maroc ou
encore ceLLe d'un baLLet traditionneL du Congo. Ces différents
événements sont aLors présentés avec L'aimabLe
soutien de La Maison des Arts et des CuLture du Monde en
BasseNormandie425. Enfin, Le festivaL tient à soutenir
activement La création contemporaine. En ce sens, iL met en pLace
dès sa création différentes remises de prix comme Le Prix
Jeune TaLent en partenariat avec Le magasine PHOTO, ou encore Le Prix
Chroniques Nomades dès L'édition 2001, qui a pour vocation de
permettre La réaLisation d'un projet de voyage par L'attribution d'une
bourse de six miLLe euros426. Ce prix est réaLisé en
partenariat avec L'AFAA, Le ConseiL RégionaL de Basse-Normandie et Le
partenaire privé FUJI FiLm. Comme nous L'expLique CLaude Geiss, «
ce prix, qui a donné lieu à de très belles aventures
et histoires, fonctionne grâce à un dossier de candidature que
doivent remplir les lauréats qui y explique leur projet de voyage.
Ensuite, plus celui-ci est intéressant et plus cela peut aboutir
»427. En 2001, Le festivaL se déveLoppe davantage
grâce à La création de son FestivaL OFF, qui
présente, aux côtés du festivaL officieL, Les travaux de
jeunes taLents.
Enfin, en 2006, pour son dixième anniversaire, Le
festivaL se régionaLise : « A côté de Honfleur,
son port d'attache, il s'installe également à Trouville,
proposant ainsi plus d'expositions déconcentrées dans des lieux
plus diversifiés »428.
Le festivaL Chroniques Nomades a donc su
évoLuer au fiL du temps, en se diversifiant par différentes
actions compLémentaires, tout en conservant Les objectifs qui Lui son
propre et forme L'identité première du projet. Cependant, La
diminution ou disparition de certaines de ces actions menées en
paraLLèLe du festivaL, montrent dès à présent Les
prémices d'une évoLution
425 Dossier de presse du festivaL Chroniques Nomades,
1999.
426 Dossier de presse du festivaL Chroniques Nomades,
2001.
427 Voir annexe 12 page 213.
428 Voir annexe 11 page 209.
du contexte financier Lié aux différents
partenaires pubLics ou privés. Nous aborderons cette question un peu
pLus tard dans Le mémoire.
b) La programmation du festivaL Chroniques Nomades
Comme nous avons pu Le souLigner Lors de L'indication du choix
de sa thématique, Le festivaL Chroniques Nomades a su faire
évoLuer sa programmation vers des travaux moins « exotiques >,
pLus citoyens et engagés. En ce sens, La première édition
du festivaL est principaLement consacrée au photographe Yann Arthus
Bertrand429. Un choix aLors en accord avec Le désir des
éLus Locaux : « A cette époque, Françoise
Rousseau430 souligne que nous avons tous besoin de rêves de
voyage >431. En effet, La photographie de voyage se cantonne
aLors dans une vision réduite au pur exotisme. Pourtant, comme Le
souLigne CLaude Geiss, eLLe a fortement évoLuée et s'est
Largement féminisée depuis Les événements du 11
septembre 2001 : « C'est un événement charnière
dans l'histoire de la photographie, la réflexion des photographes a
changé, ils se sentent plus responsables et citoyens qu'auparavant. Il y
a moins de photographes contemplatifs, on s'éloigne de l'exotisme du
décor des moeurs >432. En témoigne ainsi La
présence, depuis pLusieurs éditions, de quatre femmes
Lauréates sur Les cinq prévus pour Le Prix Chroniques Nomades. En
effet, « la pratique de la photographie se féminise, elles sont
plus libres qu'avant >433.
De pLus, contrairement aux photographies
présentées au festivaL Visa Pour l'Image de Perpignan,
événement entièrement consacré au photoreportage,
La programmation de Chroniques Nomades sembLe pLus «
Libérée >, passant de photographies à caractère
esthétisant, à des recherches purement documentaires, ou encore
à un travaiL en studio : « L'association de ces
429 Photo-reporter spéciaLisé dans L'aventure, Le
sport et La nature, iL est réputé pour ces photographies
aériennes, site personneL du photographe,
http://www.yannarthusbertrand.com/v2/yab_fr.htm,
consuLtation Le 3 décembre 2006.
430 Françoise Rousseau est Maire adjointe à La
cuLture de HonfLeur de 1996 à 2001.
431 Voir annexe 11 page 209.
432 Idem
433 Idem
différents regards met en valeur leur
complémentarité. La diversité des pratiques et des
approches photographiques permet de mêler les genres
»434. Ainsi, CLaude Geiss éLabore sa séLection en
travaiLLant conjointement avec La pLupart des agences de photographie
parisiennes. Cependant, iL arrive que se soient Les photographes
eux-mêmes qui Le contact. Par La suite, La séLection des
cLichés se fait en binôme, entre Le directeur artistique et Le
photographe : « De manière générale, notre
programmation laisse une large place à des photographes qui ont tendance
à rester dans l'ombre et nous produisons une grande partie des
exposition »435. Pourtant, La réfLexion
menée par Le directeur artistique reste en perpétueLLe
évoLution et interfère constamment avec Les différents
événements extérieurs, rencontres ou débats
menés quotidiennement. Pour exempLe, Lors de La quatrième
édition du festivaL, en 2000, après un voyage à La
Biennale de Photographie de Bamako, au MaLi, CLaude Geiss suspend ses
choix de programmation. En effet, « la distance, le recule que j'ai
été amené à prendre ont été
salutaires et pour le festival et pour ma vie personnelle
»436.
Enfin, poursuivant ses objectifs de programmation, Le festivaL
propose en 1999 une exposition coLLective intituLée Autour du
Monde, regroupant trente photographies. Produite par L'AFAA. ELLe sera
présentée dans Les services cuLtureLs des Ambassades de France
dans Le monde entier437. Ce projet entre dans Le cadre d'une
convention triennaLe signée entre L'AFAA et Le ConseiL RégionaL
de Basse-Normandie pour Le soutien de projets orientés sur pLusieurs
priorités : déveLopper un principe de réciprocité
des échanges, d'ouverture, permettre une meiLLeure vaLorisation et
médiatisation des actions, définir une stratégie incLuant
des priorités géographiques438.
MaLgré une Ligne de conduite tenue depuis sa
création, Le festivaL Chroniques Nomades subit Les conséquences
de L'évoLution de son contexte poLitique, financier et artistique.
434 BERNARD (Sophie), Op.cit.
435 Idem
436 DUPLAN (Karine), Op.cit.
437 Informations tirées du dossier de presse du festivaL
Chroniques Nomades, 1999.
438 Idem
II) Quand ce contexte évolue...
A) Une menace possibLe sur Les événements
photographiques en France?
Dans un premier temps, iL est indispensabLe de souLigner que
La photographie subit depuis une dizaine d'années Les
conséquences du déveLoppement du numérique. En effet,
comme Le souLigne Guy Peron, président de L'association Visa Pour
l'Image, « le numérique et ses diverses
possibilités d'exploitation ont littéralement bouleversé
les systèmes traditionnels de l'information photographique
»439. Aujourd'hui, n'importe qui peut réaLiser et
véhicuLer instantanément des images d'un bout à L'autre de
La pLanète. En outre, grâce à Leur évoLution
technique considérabLe, ces images se révèLent être
de pLus en pLus grande quaLité. L'ensembLe des structures
rattachées à La photographie, (agences de presse, fabricants et
Laboratoires photographiques, festivaLs...), subissent ces modifications
permanentes. Pourtant, « nous ne sommes qu'au début de cette
réforme, de cette véritable révolution dont on
perçoit chaque jour les effets (photos sur téléphone
mobile, impression personnelle de clichés...)
»440.
Dans un deuxième temps, La diffusion de La photographie
à travers La formuLe festivaLière évoLue dans un contexte
paradoxaL depuis sa reconnaissance par Les institutions muséaLes
françaises dans Les années quatre-vingt. Comme Le souLigne
Bernard Perrine dans L'éditoriaL du magazine Le photographe, La
photographie sembLe être aujourd'hui « à La mode » et iL
existe des coLLectivités qui, pour Le simpLe fait d'avoir un festivaL,
n'engagent aucun directeur artistique compétent, « ces
organisateurs décident simplement de diffuser un simple appel à
candidature « envoyez vos inscriptions », si cela nous
intéresse on les exposera »441. IL n'y a aLors pLus
aucune prise de position quant au choix d'une thématique ou de risque
artistique. ParadoxaLement, on trouve de pLus en pLus de manifestations
cuLtureLLement intéressantes avec des directeurs qui manquent de
professionnaLisme : « Les organisateurs ont
439 PERON (Guy), in PLaquette informative du festivaL Visa
Pour l'Image, 2006.
440 Idem
441 PERRINE (Bernard), Op.cit.
tout simplement oublié de communiquer, avec comme
résultat une fréquentation quasiment nulle.
»442.
Ce constat révèLe Les difficuLtés
rencontrées, pour atteindre La réussite d'un festivaL de
photographique, tant pour Les coLLectivités que Leurs directeurs. Un
statut qui dépend ici, pLus précisément, de La pLace
accordée par ces différents acteurs à La photographie. En
effet, comme Le souLigne Didier MoucheL, directeur de La gaLerie photo du
Pôle Image Haute-Normandie à Rouen : « La place
de la photographie dans l'art contemporain et sa reconnaissance auprès
des collectivités territoriales, élus et grand public est un
combat artistique et pédagogique de tous les instants
»443. Un éLément qui s'ajoute ainsi à
La gestion ou anticipation des possibLes tentatives d'instrumentaLisation de La
notion de festivaL.
Enfin, CLaude Geiss souLigne L'existence de « menaces
sur les événements photographiques, surtout pour la
Basse-Normandie »444. Pour exempLe, Le Mois de la
Photographie445, organisé depuis 2002 à
Cherbourg-OcteviLLe est un événement qui reste dans L'ombre car
La photographie qu'iL propose est difficiLe d'accès, «
très cérébrale et conceptuelle
»446. De pLus, iLs ont un probLème «
d'éthique » qui vient peut-être de Leur répuLsion pour
Le partenariat privé. ParaLLèLement, Le CRCO447,
Centre RégionaL de Photographie de Cherbourg-OcteviLLe,
créé en 1996, organise des expositions inédites en France,
dont Le Mois de la Photographie précédemment
cité, et accueiLLe des artistes en résidence. Le ConseiL
MunicipaL de Cherbourg-OcteviLLe a Lancé, par déLibération
en décembre 2005, Le projet d'aménagement du PôLe d'Art
Contemporain, projet associant L'EcoLe Supérieure des Beaux-Arts et Le
Centre RégionaL de La Photographie448. Ce projet, qui
représente une grande charge
442 Idem
443 MOUCHEL (Didier), « Menaces sur La gaLerie photo du
PôLe Image Haute-Normandie »,
http://www.societefrancaisedephotographie.fr/bLog/index.php/2006/03/07/46-menacesgaLerie-poLe-image-haute-normandie,
consuLtation Le 13 juiLLet 2006.
444 Voir annexe 13 page 213.
445 Site de La viLLe de Cherbourg-OcteviLLe,
http://www.viLLecherbourg.fr/fr/cherbourg_octeviLLe/manifestations_cuLtureLLe/photographie/2003__renouveL
Lement_urba/defauLt.asp, consuLtation Le 12 décembre 2006.
446 Voir annexe 12 page 213.
447 Site du ConseiL RégionaL de Basse-Normandie,
http://www.cr-basse-normandie.fr/cuLturevaLorisation-diffusion-patrimoine.php,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
448 Compte-rendu du ConseiL d'Administration de La viLLe de
Cherbourg-OcteviLLe, 29, juin, 2006,
http://www.viLLe-cherbourg.fr/fr/cherbourg_octeviLLe/comptes-
pour Le ConseiL RégionaL de Basse-Normandie, risque
d'entraîner une baisse des financements aLLoués aux
différents festivaLs de La région, comme de Chroniques
Nomades. En effet, Les financements pubLics « fonctionnent en
vase communicant, et comme les budgets sont déjà en baisse, cela
risque d'affaiblir les événements voisins
»449, souLigne CLaude Geiss.
L'évoLution du contexte photographique, à
L'écheLLe nationaLe et régionaLe, souLigne successivement Le
probLème de positionnement et de gestion financière des festivaLs
de photographie en France. IL sembLe donc important de considérer
L'évoLution du contexte d'attribution des subventions des
coLLectivités de Basse-Normandie aLLouées à ce type
d'événement, afin de constater, pLus précisément,
de queLLe manière eLLe se traduit sur Le festivaL Chroniques
Nomades.
B) EvoLution du contexte financier du festivaL Chroniques
Nomades
1) Les subventions pubLiques
Comme L'ensembLe des festivaLs en France, Le festivaL
Chroniques Nomades, perçoit une part de ses recettes des
subventions pubLiques attribuées par Le ConseiL RégionaL de
Basse-Normandie, Le ConseiL GénéraL du CaLvados, La viLLe de
HonfLeur, mais aussi La DRAC Basse-Normandie. Cet exempLe souLigne Les
difficuLtés de gestion que peuvent rencontrer La pLupart des directeurs
de ce type d'événement. Le festivaL, qui se dérouLe en
mai, subit aLors Les aLéas du caLendrier budgétaire des
coLLectivités. Ainsi, Les subventions pubLiques,
généraLement attribuées par vote au mois de
décembre, ne sont en réaLité perçues
qu'après La dernière semaine du mois de mars. « Pour un
festival situé mi-mai, c'est un peu court, le festival devrait
idéalement se dérouler au mois de septembre
»450 souLigne CLaude Geiss qui doit aLors de se comporter en
véritabLe gestionnaire afin de
rendus_conseiLs_m/conseiLs_de_2006/29_juin_2006/fichiers/184-2006.pdf,
consuLtation Le 12 décembre 2006.
449 Voir annexe 11 page 209.
450 Voir annexe 12 page 213.
prendre en considération ce décaLage de
trésorerie. En effet, « lorsque l'événement est
présenté, ou quelque fois même après celui-ci, il
arrive que certaines subventions ne soient toujours pas votées. C'est
d'ailleurs le cas à cette date où deux subventions n'ont pas
encore étaient attribuées. On fait alors un budget « sur le
fil du rasoir », avec un engagement de dépenses sans savoir
qu'elles vont être exactement les recettes » 451 souLigne
CLaude Geiss en mai 2006. MaLheureusement, ceLa traduit Le fonctionnement des
coLLectivités territoriaLes ou LocaLes, qui réaLisent cependant
L'effort, depuis queLques années, d'être Le pLus en phase avec Les
dates du festivaL.
ParaLLèLement aux difficuLtés de gestion
budgétaire que rencontre Le festivaL Chroniques Nomades, iL
sembLe aujourd'hui que sa Limite La pLus importante concerne son financement.
En effet, L'événement a récemment du s'adapter à
une baisse des subventions accordées par Le ConseiL
GénéraL du CaLvados. Une décision prise, non pas contre
L'événement directement, mais dans Le cadre d'une restriction
gLobaLe des budgets, comme en témoigne Yves Ras, secrétaire des
affaires cuLtureLLes du ConseiL GénéraL du CaLvados: «
La loi du 13 août 2004 relative à la décentralisation a
transféré aux départements des charges nouvelles et
importantes, particulièrement en matière d'action sociale et
routière, entraînant de fortes dépenses, non
compensées par la dotation versée à titre de transfert par
l'Etat » 452 . C'est pourquoi, pour Les années à venir,
Les finances des départements et des régions risquent
d'être mises à rude épreuve. Les secteurs ainsi
touchés par cette baisse s'avère être « les
secteurs « non obligatoires » du Conseil Général
»453. En effet, rappeLons qu'en matière de cuLture,
ses obLigations concernent La BibLiothèque DépartementaLe de
prêt, Les archives départementaLes, et à compter de 2007,
L'enseignement initiaL en matière de musique, théâtre et
danse454. En ce sens, tout projet qui n'entre pas dans Le cadre de
ces missions « obLigatoires » est susceptibLe de voir ses subventions
revues à La baisse. Pourtant, Le ConseiL GénéraL du
CaLvados tient à maintenir, dans un premier temps, Le soutien aux
festivaLs profitant déjà de ses subventions, comme Le souLigne
Yves Ras :
451 Voir annexe 14 page 222.
452 Idem
453 Idem
454 Information tirée du site du ConseiL
GénéraL du CaLvados,
http://www.cg14.fr/structure/missions/,
consuLtation Le 12 décembre 2006.
« Notre politique actuelle consiste à
maintenir ou à diminuer le moins possible les aides aux projets
déjà aidés et à ne pas en soutenir de nouveaux afin
de ne pas aller vers un « soupoudrage » des subventions
»455. Pour exempLe, sur soixante-dix huit festivaLs
soutenus par Le ConseiL GénéraL en 2006, une vingtaine de projets
ont seuLement été refusés, La principaLe raison
évoquée étant La proposition de projets ayant «
des financements « peu crédibles », c'est-à-dire
faisant souvent appel à des demandes auprès des institutionnels
trop élevées ou correspondant dans certains cas à 100% du
financement ou encore avec des budgets peu équilibrés (plus de
dépenses que de recettes) »456. IL arrive enfin que
Le ConseiL GénéraL transmette Le dossier à un autre de ses
services comme Le tourisme par exempLe, Lorsque L'enveLoppe budgétaire
n'est pLus suffisante457.
Ainsi, face à cette évoLution du contexte
d'attribution des subventions pubLiques, Le festivaL Chroniques
Nomades tend à déveLopper un partenariat avec
différentes entreprises privées.
2) Les partenaires privés
Le partenariat du festivaL Chroniques Nomades avec
diverses entreprises ayant une activité pus ou moins proche de La
photographie, Lui offre, dans un premier temps, une soupLesse en matière
de gestion budgétaire. Comme Le constate CLaude Geiss, La
difficuLté rencontrée en terme de décaLage de
trésorerie quant au versement des subventions pubLiques ne se retrouve
pas avec Les partenaires privés, qui ont eux une gestion beaucoup pLus
soupLe : « Sans leur soutien, je n'arriverais pas à financer
l'événement. Aujourd'hui, les financements publics
n'évoluent plus, pour des budgets où le nombre de postes augmente
constamment. Même si les partenariats privés ont tendance à
être mal vus par certains dirigeants de festival, ils deviennent
aujourd'hui obligatoires»458.
455 Voir annexe 11 page 209.
456 Idem
457 Idem
458 Voir annexe 12 page 213.
Dans un second temps, La forme adoptée par Le
partenariat permet La réaLisation de nombreuses actions menées en
paraLLèLe du festivaL. Ainsi, FUJI FiLm, partenaire de
L'événement depuis 2001, soutien Le Prix Chroniques Nomades, une
expérience qui s'est maLheureusement arrêtée pour
L'édition 2006. En effet, suite aux répercutions du
numérique, L'entreprise connaît à L'heure actueLLe de
sérieux probLèmes financiers et « a du réduire
très vite son soutien pour de nombreux festivals
>459.
Enfin, de nombreux Laboratoires photographiques partenaires du
festivaL permettent une prise en charge des coûts de production des
expositions, à L'image de L'entreprise CANON, partenaire de
L'événement depuis 2001, et des Laboratoires PubLimod'Photo,
Dupon et Picto. La prise en charge des coûts est totaLe jusqu'à La
sixième édition du festivaL en 2002, et partieLLe, jusqu'à
ce jour, avec une participation offrant au mieux une réduction de 50%
sur Les frais de production460. Comme Le souLigne CLaude Geiss,
« cette diminution de soutien traduit parfaitement l'évolution
du contexte économique que connaît ce type d'entreprises
>461. En ce sens, La situation du festivaL a fortement
évoLuée en dix ans : « la révolution du
numérique met en péril les laboratoires photographiques qui
n'assurent plus la production de nos exposants. Je profite donc de ce
10ème anniversaire pour remotiver les partenaires
>462. IL sembLe donc difficiLe d'obtenir à L'heure
actueLLe, d'une entreprise dont L'activité est Liée à La
photographie, un partenariat de Longue date, pLus sécurisant.
Par conséquent, Les questions budgétaires
interviennent aujourd'hui comme un véritabLe frein pour Le
déveLoppement du festivaL, ce que traduit parfaitement CLaude Geiss au
sujet de L'arrêt soudain du Prix Chroniques Nomades soutenu par FUJI
FiLm: « Cela est très désagréable pour Chroniques
Nomades qui tient à soutenir la création contemporaine
>463. Cependant, en terme de comparaison, pour Le festivaL
Visa Pour l'Image à Perpignan, Le retrait de ce même
partenaire entraîne La perte d'une part coLossaLe du budget.
459 Voir annexe 11 page 209.
460 Voir annexe 12 page 213.
461 Idem
462 Idem
463 Voir annexe 13 page 219.
Ces différents exempLes traduisent
L'intérêt pour Les événements photographiques de na
pas se concentrer sur Les mêmes partenaires privés, mais de se
tourner peut-être vers des entreprises pLus éLoignées de La
photographie.
Enfin, suite à La perte ou à La baisse du
soutien d'un certain nombre de ces partenaires privés, Le festivaL
Chroniques Nomades se voit dans L'obLigation, d'une part, de
réduire une partie des actions menées en paraLLèLe de
L'événement, et d'autre part, d'augmenter La part des frais
artistiques dans Le montant gLobaL de son budget.
3) En route vers Le mécénat
Face à une aide des coLLectivités territoriaLes
qui stagne, des partenaires privés en perdition et un budget de
production qui ne cesse d'augmenter, Le festivaL Chroniques Nomades
doit se tourner vers de nouveLLes formes de soutien. Afin de retrouver un
équiLibre financier, « l'événement est donc
forcé de se développer, sinon, il ne cessera de
régresser >464. La question du mécénat
est donc apparue « natureLLement > dans Le parcours financier du
festivaL Chroniques Nomades : « Nous n'avons pas attendu les
premiers « craquements » au niveau des collectivités
territoriales pour se poser cette question >465. En ce sens,
CLaude Geiss s'est récemment rapproché de
L'ADMICAL466, « ce qui n'est pas forcement une bonne
idée, car toutes les associations en ont connaissance et se tournent
alors vers une même liste de partenaires >467.
Cependant, après Les arts vocaux, La musique, Le
théâtre ou encore de nombreux événements à
caractère sociaL ou humanitaire, La photographie apparaît comme un
domaine cuLtureL « timidement > soutenue par Les entreprises
mécènes. IL se pLace ainsi en septième position, soit
5,9%, des
464 Voir annexe 12 page 213.
465 Idem
466 Association de Loi 1901 créée en 1979 pour Le
déveLoppement du mécénat industrieL et commerciaL.
467 Voir annexe 11 page 209.
dons en mécénat cuLtureL468.
Certaines grandes entreprise à vocation de mécénat, qui
créées généraLement Leur propre fondation, se sont
spéciaLisées tout particuLièrement dans Le domaine de La
photographie. Pour exempLes La Fondation HSBC pour la
Photographie469, créée en 1995 sous
L'égide de La Fondation de France, qui accompagne chaque
année deux artistes contemporains et La Fondation d'entreprises NSM
Vie pour la photographie contemporaine470, créée
en 1997, qui soutient entre autre La Maison Européenne de La
Photographie, Le festivaL Printemps de Septembre à TouLouse ou
encore Le Prix Henri Cartier Bresson. D'autres fondations soutiennent La
photographie de manière moins prononcée, comme La Fondation
Electricité De France471, créée en 1987
sous L'égide de La Fondation de France, qui soutient notamment
Le Mois de la Photo à Paris, et La Fondation Hewlett
Packard France472, créé en 1985, qui soutient La
photographie numérique, Le Prix ArcimboLdo, et dote Les Lauréats
du Prix Nicéphore Niepce. Ces queLques exempLes présentent un
échantiLLon des entreprises Les pLus déveLoppées en
matière de mécénat pour La photographie. Cependant, «
pour le mécénat, le plus dur est de sortir des chemins battus
et de trouver une entreprise intéressée. Il faut alors mener une
analyse de sa politique de communication et voir si elle peut entrer ou non en
adéquation avec notre événement »473.
Depuis L'édition 2006, Le festivaL a engagé une personne en
charge du déveLoppement, Frédéric Toussaint, directeur
d'une société de conseiL en communication cuLtureLLe. Cette
démarche est récente « car nous n'avions pas ce genre
d'inquiétudes auparavant »474 souLigne CLaude
Geiss. En terme de positionnement, La tâche sembLe s'avérer pLus
évidente pour Chroniques Nomades qui représente Le seuL
festivaL en France
468 Source de L'ADMICAL, 2005, in SAUVANET (NathaLie), «
Mécénat européen », cours EAC 2005-2006, information
notée par L'étudiant.
469 Site de La Fondation HSBC pour la photographie,
http://groupe.hsbc.fr/hsbc/fr/mecenat/photographie/index.do,
consuLtation Le 13 décembre 2006.
470 Site de La Fondation NSM Vie pour la photographie
contemporaine,
http://www.abnamroprivatebanking.com/fr/neufLize-vie/nv-mecenat.htm,
consuLtation Le 13 décembre 2006.
471 Site de La Fondation EDF,
http://www.edf.com/215i/AccueiL-fr/FondationEDF/CuLture.htmL,
consuLtation Le 13 décembre 2006.
472 Site de La Fondation Hewlett Packard France,
http://www.fondation-hpf.com/,
consuLtation Le 13 décembre 2006.
473 Voir annexe 12 page 213.
474 Idem
traitant de La photographie de voyage, « les
entreprises qui traduisent une certaine éthique ou qui exercent le
commerce équitable peuvent alors être des pistes
intéressantes»475.
Ainsi, Le festivaL Chroniques Nomades, tout comme un
grand nombre d'événements cuLtureLs en France, se « Lance
» dans La pratique du mécénat, dans une démarche
généraLe d'anticipation. MaLgré Les récents efforts
de L'Etat en matière d'encouragement au
mécénat476, ceLui-ci se déveLoppe encore «
timidement » pour Les événements photographiques et
s'apparent, dans certains cas un « chaLLenge » difficiLe à
reLever: « le recours au mécénat semble être de
plus en plus difficile car les partenaires sont plus « prêt de leurs
sous » et prennent plus de temps pour verser les subventions
»477.
Suite à L'anaLyse de L'évoLution du contexte
financier du festivaL Chroniques Nomades, iL est intéressant de se
porter sur L'évoLution du rapport direct entre direction et éLus
Locaux, reLation mise en abîme à travers cette édition
2006.
C) Une adéquation migrante entre direction du
festivaL et éLus Locaux
Pour sa dixième édition, Le festivaL
Chroniques Nomades se régionaLise, pour se dérouLer
à La fois à HonfLeur et TrouviLLe. Cette évoLution de
L'événement, entrant dans une démarche « cLassique
» de déveLoppement, révèLe indirectement La
compLexité des Liens entre directeurs de festivaLs et acteurs Locaux.
Suite à L'accueiL favorabLe de L'événement en 1996
à HonfLeur, Le soutien apporté par La Mairie, en terme de
financement, et par conséquent de Légitimation, sembLe dans un
premier temps stagner, puis régresser. Une situation qui traduit sans
doute un désaccord entre objectifs des deux parties, ce que souLigne
CLaude Geiss : « Le festival offre une ouverture sur le monde et
traite de sujets sociaux qui concernent un très
475 Idem
476 Loi pour La mission mécénat
présentée Le 1er août 2003 qui fixe à 60%
du montant totaL des dons, Le taux de réduction des impôts sur Les
revenus pour un particuLier ou sur L'impôt sur Les sociétés
pour Les entreprises, in SAUVANET (NathaLie), « Mécénat
», Op.cit.
477 Voir annexe 12 page 213.
large public. Même si Monsieur Lamarre, Maire de
Honfleur, apprécie et soutient matériellement
l'événement, sa priorité va plus vers le social comme la
création d'emplois qui, d'après lui, répond directement
à la demande des habitants. Il est regrettable que le Maire ne profite
pas de cet événement comme lien social, économique et
commercial >478. En témoigne ainsi L'absence du Maire
de HonfLeur depuis quatre ans à L'inauguration du festivaL, un manque de
reconnaissance qui sembLe « irriter > certains partenaires
privés de L'événement, comme CANON, qui hésite
aLors à reconduire son soutien au festivaL pour Les éditions
à venir479. Pourtant, pour se déveLopper et s'inscrire
harmonieusement dans Le tissu LocaL, Le festivaL a besoin du soutien compLet
des éLus de sa commune. L'interactivité entre Chroniques
Nomades et HonfLeur est un facteur, certes qui n'est pas automatique, mais
qui reste indispensabLe pour L'harmonie du « coupLe > que compose
cuLture et territoire. La moindre mise à L'écart de
L'événement par Les éLus Locaux, peut entraîner des
répercussions directes sur Le festivaL, en terme de communication, de
positionnement, de Légitimation, de pérennisation et
natureLLement de financement. CLaude Geiss sembLe discrètement souLever
ce manque de soutien : « Je mise beaucoup sur la ville, en ce qui
concerne l'hébergement notamment, mais parfois ça ne suffit
pas>480. IL sembLe donc que Les vaLeurs que souhaite
transmettre La direction artistique du festivaL divergent à La Lecture
des éLus Locaux : « Un jour, on m'a demandé si
Chroniques Nomades portait un message politique. Message politique, je ne sais
pas, en revanche, nous partageons avec les artistes que nous exposons des
valeurs communes comme celles du respect de l'autre et de sa différence.
De plus, nous dénonçons à l'occasion les dérives et
injustices provoquées par la mondialisation >481.
Ce contexte reLationneL particuLier avec HonfLeur, pousse
aLors CLaude Geiss, après dix ans de coLLaboration, à se tourner
vers de nouveaux partenaires pubLics Locaux comme La viLLe de TrouviLLe.
478 Voir annexe 11 page 209.
479 Voir annexe 13 page 219.
480 Voir annexe 12 page 213.
481 Voir annexe 11 page 209.
Situé à une quinzaine de kiLomètres de
HonfLeur, cette station baLnéaire située à L'embouchure de
La Touques est céLèbre pour ses PLanches en bord de mer, son
Casino et son petit port de pêche482. Ainsi, Le positionnement
de cette viLLe, en matière de poLitique cuLtureLLe sembLe avoir des
priorités pLus définies. « En 2005, Trouville a perdu
plusieurs points de sa fréquentation, mais paradoxalement, elle s'est
avérée beaucoup plus jeune que dans les villes alentour. Cela
s'explique entre autre par la présence du festival Off
Court483 qui attire des jeunes et d'autres festivals. Il existe une
réelle culture de l'image à Trouville. D'ailleurs, le
réalisateur d'affiche Savignac y a vécu. Cette ville a une vraie
politique culturelle cohérente >484. ELLe est ainsi
incarnée en La personne de Christian Cardon, son Maire depuis
1983485. En effet, « le Maire de Trouville, est un homme
très accessible, ce qui est une notion importante dans un schéma
de collaboration. Ce n'est pas le cas pour la mairie de Honfleur qui reste
difficile à contacter après dix années de soutien. La
relation avec Trouville s'est donc mise en place d'une façon claire et
rapide >486.
Bien évidemment, ces différents propos
n'apparaissent « officieLLement > dans aucun discours de chacune des
parties, iLs sembLent cependant souLigner La reLation natureLLement mise en
pLace entre Le directeur des Chroniques Nomades et Le Maire de
TrouviLLe, offrant ainsi un nouveL éLan à
L'événement et une dimension éLargie à
L'écheLLe régionaLe.
La reLation qu'entretient Le directeur du festivaL
Chroniques Nomades avec ces différents interLocuteurs Locaux
est ainsi mise en abîme en 2006 et traduit son importance quant au
devenir de L'événement. CeLa est parfaitement traduit par Eric
Fourreau, dans un articLe du magasine La Scène, Maire et
acteur culturel : duos gagnants ! : « Une bonne entente et
adéquation entre les acteurs des événements culturels et
leur maire sont un gage de
482 Site de La viLLe de TrouviLLe-Sur-Mer,
http://www.trouviLLesurmer.org/fr/bienvenue/frameset_hp_bien.htm,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
483 FestivaL de court métrage se dérouLant à
TrouviLLe début septembre.
484 Voir annexe 11 page 209.
485 Informations sur Christian Cardon,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Cardon,
consuLtation Le 14 décembre 2006.
486 Voir annexe 13 page 219.
développement de projet, de pérennisation et
de vision sur le long terme >487.
Enfin, Les récents rebondissements de Chroniques
Nomades prouvent, encore une fois, que Les festivaLs évoLuent dans
un contexte en constante mutation. Ainsi, CLaude Geiss apprend en
mi-décembre que La viLLe de TrouviLLe ne renouveLLera pas son soutien au
festivaL pour son édition 2007. En effet, dans La nuit du dimanche 29
septembre 2006, Les embLématiques HaLLes aux poissons de
TrouviLLe-Sur-mer on été ravagées par un incendie,
détruisant ainsi un bâtiment de 1930 appartenant au patrimoine
historique de La viLLe et privant cinquante-huit personnes de Leur Lieu de
travaiL488. « Monsieur Cardon, a donc décidé
de financer la reconstruction des halles et de soutenir financièrement
ces personnes en chômage technique. Il est donc obligé de
supprimer pendant quelques années le soutien financier aux derniers
événements culturels mis en place à Trouville, comme
Chroniques Nomades >489. ParaLLèLement à cette
information qui déstabiLise La tenue du festivaL pour sa prochaine
édition, Françoise David, Maire adjoint à La cuLture de
HonfLeur, indique au même moment La possibLe réduction des
subventions apportées par La viLLe au festivaL pour L'année 2007.
En effet, comme Le souLigne CLaude Geiss, La viLLe « privilégie
le développement de nouveaux événements culturels,
pratiquant ainsi une politique financière de « saupoudrage »
>490. Le festivaL doit donc rester prudent et anticiper ce
type de rebondissements qui sembLent aujourd'hui inévitabLes et
fréquents dans Le paysage cuLtureL français. Chroniques
Nomades vit un nouveau virage en matière de soutien institutionneL
pubLic, mais tient cependant à rester positif et confiant en L'avenir :
« Les encouragements que je reçois des photographes sont un
élan porteur, qui me pousse à persévérer
>491.
487 FOURREAU (Eric), « Maire et acteur cuLtureL : duos
gagnants ! >, in La Scène, n° 34, page 33.
488 Site d'information LCI,
http://tf1.Lci.fr/infos/france/faits-divers/0,,3334160,00-haLLe-auxpoissons-ravagee-par-fLammes-.htmL,
consuLtation Le 14 décembre 2006.
489 Voir annexe 13 page 219.
490 Voir annexe 12 page 213.
491 Idem
L'étude du festivaL de photographie Chroniques
Nomades de HonfLeur montre précisément La manière
dont un événement cuLtureL peut s'inscrire sur un territoire,
dans un contexte pré-étabLis. Son évoLution depuis sa
création en 1996 souLigne parfaitement Les mutations du contexte des
festivaLs en France, inscrit ici, pLus précisément dans Le champ
artistique de La photographie. En déterminant Les différents
obstacLes rencontrés par L'événement, quant au contexte
financier ou reLationneL LocaL, ceLui-ci souLigne Le fragiLe équiLibre
maintenu entre direction, acteurs Locaux et pubLic, qui incarne La base d'une
réussite de ce type d'événements. Enfin, face aux
différentes formes « d'instrumentaLisation » que rencontre Le
festivaL Chroniques Nomades, iL sembLe intéressant de noter,
à L'écheLLe des pLus grands festivaLs de photographie en France
et pLus précisément à L'écheLLe de Chroniques
Nomades, Les éLéments qui permettent ainsi de Les surmonter
et de se différencier face à L'évoLution du nombre de
festivaLs en France.
Chapitre 2
ELéments d'action mis en pLace
face à une possibLe perte
de La notion de festivaL
ParaLLèLement à L'évoLution du contexte
du festivaL Chroniques Nomades, Les événements
photographiques, victime de Leur succès, subissent Les
conséquences d'une généraLisation de La notion de
festivaL. En ce sens, La réaLisation de diverses actions, menées
en paraLLèLe de L'événement, apparaît comme une
soLution de différenciation, face à L'augmentation constante de
La concurrence. Ce chapitre détaiLLe ainsi Les différentes
actions menées en paraLLèLe du festivaL Chroniques Nomades.
Ces propositions tendent ainsi à Lutter contre L'aspect «
zapping » du festivaL, dans une démarche gLobaLe de
Légitimation et de pérennisation.
I) La pérennisation appuie la
légitimité du festival
A) Prise en compte de L'augmentation du nombre de
festivaLs de photographie en France
En France, Les festivaLs de photographie ne cessent
d'augmenter et de se diversifier, offrant une concurrence accrue entre Les
événements, qui doivent sans cesse innover pour pouvoir se
démarquer. Cependant, à La question sur Les conséquences
de cette muLtipLication, CLaude Geiss garde un avis partagé : Dans un
premier temps, « je suis tenté de voir cela positivement.
L'effet premier est d'amener le public à la photographie. En effet, on
rattrape aujourd'hui le retard accumulé depuis quelques dizaines
années, contrairement aux anglais ou allemands qui ont une
éducation de l'image que l'on n'a jamais eu en France. Les jeunes
générations commencent à acheter et à
collectionner, ce qui est bien évidement positif pour les
photographes
qui vivent beaucoup moins de la presse ou de
l'édition »492. En effet, comme pour L'ensembLe des
domaines artistiques et cuLtureLs diffusés, iL sembLe aujourd'hui
évident que Le déveLoppement exponentieL du nombre des festivaLs
ait permis d'éLargir une paLette d'offres de pLus en pLus
diversifiées, pour un pubLic de pLus en pLus avide de
découvertes. Dans un deuxième temps, « je pense que cela
peut aussi être responsable d'un certain « étouffement »
car beaucoup d'événements se « tirent dans les pattes »
quand ils sont sur le même territoire ou traitent du même sujet
»493. Pour exempLe, Le Festival de
l'Image494, qui se tient, depuis cinq ans, Le premier week-end
d'octobre, à Saint-VaLéry-en-Caux, en
Haute-Normandie. Cet événement, qui associe des expositions de
photographie et projections de documentaires, se présente de La
manière suivante : « Bienvenue au Festival de l'Image,
5ème festival du voyage et de l'aventure organisé à
Saint-Valéryen-Caux » 495. Les termes « voyage
» et « aventure» ne sont pas sans rappeLer une certaine
ressembLance quant à La thématique du festivaL Chroniques
Nomades. Cependant, La différence entre Les deux
événements tient au positionnement du Festival de
l'Image qui présente sa programmation dans une démarche
purement exotique. Un Lément dont souhaite se démarquer La
direction artistique du festivaL Chroniques Nomades.
La concurrence entre événements photographiques
révèLe Les probLèmes de recherche d'originaLité et
de positionnements de queLques récents festivaLs : « Pour des
événements « adultes » comme Chroniques Nomades, Visa
pour l'Image496, Etonnants Voyageurs497 à
Saint-Malo et Photo Espana à Madrid je considère que l'on est
à même de se placer un peu au-dessus de ce type de
comportements »498. Enfin, La communication étabLie
entre Les directeurs de ces différents festivaLs apparaît comme un
éLément primordiaL pour Lutter contre Les préjudices
causés par La concurrence : « Nous nous appelons souvent et
trouvons des accords, surtout au niveau des dates, afin de se
492 Voir annexe 12 page 213.
493 Idem
494 Site du Festival de l'Image,
http://www.festivaL-image.org/,
consuLtation Le 15 décembre 2006.
495 Dossier de presse du Festival de l'Image de
Saint-VaLéry-en-Caux, 2006, page 1.
496 FestivaL de photoreportage à Perpignan.
497 FestivaL internationaL du Livre et du fiLm.
498 Voir annexe 12 page 213.
partager la disponibilité des journalistes ou les
signatures d'ouvrage. Nous avons donc de bonnes relations, mais elles peuvent
être plus désordonnées pour de jeunes
événements qui ne regardent pas trop ce qui se passe
autour»499.
Pour atteindre La reconnaissance du pubLic et des pouvoirs
pubLics, La direction du festivaL doit sans cesse remettre en question Le fond
et La forme adoptées par L'événement. Cette recherche
d'équiLibre est un facteur déterminant quant à La
différenciation de L'événement, dans une démarche
de pérennisation.
B) Les nouveLLes actions menées par Le festivaL
Chroniques Nomades
Le festivaL Chroniques Nomades tient à mener
depuis sa création, différentes actions qui tendent à
asseoir L'événement dans Le paysage cuLtureL LocaL,
régionaL et nationaL. La pLupart de ces initiatives prouvent d'hors et
déjà Leur efficacité, comme Le démontre L'exempLe
des deux pLus grands festivaLs de photographie de France, Les Rencontres
Internationale de la Photographie d'Arles et Visa Pour l'Image
à Perpignan, dont Les directeurs respectifs, François
HébeL et Jean-François Leroy, entretiennent de très bons
rapports avec Le directeur artistique des Chroniques Nomades, CLaude
Geiss.
1) Actions menées au sein même du festivaL
Chroniques Nomades
a) Le déveLoppement d'événements
dynamiques
Les différentes animations menées pendant Le
festivaL sont un facteur actif de différenciation et d'enrichissement de
L'événement. Un dynamisme d'autant pLus important pour un
événement photographique, qui, contrairement au domaine du
spectacLe vivant, dont La programmation suffit à créer
L'animation, présente un ensembLe d'expositions. Ainsi, eLLes prennent
une ampLeur suppLémentaire Lorsqu'eLLes se tiennent paraLLèLement
aux
499 Idem
différentes animations proposées,
améLiorant La Lecture du message transmit à travers La
thématique choisie.
Se dérouLant du 4 juiLLet au 17 septembre 2006, Les
Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles, qui fête
cette année son 37ème anniversaire,
propose, comme à son habitude, de nombreux
événements menés pendant son dérouLement. ILs se
tiennent principaLement Lors de La première semaine du festivaL, du 4 au
9 juiLLet, dense en conférences pubLiques, visites guidées et
coLLoques. En effet, « la semaine d'ouverture se déroule en
présence de tous les photographes dans une atmosphère de
fête >500. IL s'y dérouLe égaLement des
spectacLes de projections au Théâtre Antique, La Nuit de
L'Année, « une déambulation nocturne dans le vieux
quartier de la Roquette émaillé de projections de photographies
de presse >501, ou encore des consuLtations de portfoLios de
jeunes photographes. De nombreux prix sont égaLement
décernés « à des photographes, dont la profession
pense qu'ils représentent les talents de demain >502.
Par La suite, de nombreux stages de pratique ou de compréhension de La
photographie sont organisés en juiLLet et août, une période
pLus « caLme > pour Le festivaL.
De La même manière, Le festivaL de photoreportage
Visa Pour l'Image, qui fête cette année, du 2 au 17
septembre 2006, son 18ème anniversaire, regroupe, pendant sa
semaine d'ouverture du 4 au 9 septembre 2006, vingt soirées au Campo
Formo : « Les soirées audiovisuelles de Visa pour l'Image
retracent, de l'insolite au dramatique, les événements les plus
marquants de septembre 2005 à août 2006 >503,
vingt-deux coLLoques et animations : « Depuis quatre ans, sous la
direction de Jean Lelièvre, Visa pour l'Image organise un colloque qui
est l'occasion d'une réflexion sur les images produites par les
photojournalistes. Avec la participation de philosophes, d'universitaires, de
chercheurs, d'historiens, de photographes, de journalistes, il a
rassemblé chaque fois plusieurs centaines de
500 PLaquette informative du festivaL Les rencontres
Internationales de la Photographie, ArLes, 2006.
501 Idem
502 Idem
503 PLaquette informative du festivaL Visa Pour l'Image,
Perpignan, septembre, 2006.
participants >504, et de nombreux prix
« Visa pour L'Image > remis Lors des soirées de projections du
festivaL : « Les Visa d'Or récompensent les meilleurs
reportages réalisés entre septembre 2005 et août 2006 : le
Prix du Jeune Reporter de la Ville de Perpignan, le Prix Canon de la Femme
Photojournaliste, le Grand Prix 2006 CARE International du Reportage
Humanitaire, le Visa d'Or de la presse quotidienne, le Visa d'Or Magazine et
enfin, le Visa d'Or News >505.
Grâce à Leur semaine d'ouverture, ces deux
festivaLs participent à La rencontre entre professionneLs et amateurs et
créés ainsi L'événement.
Le festivaL Chroniques Nomades, qui fête son
dixième anniversaire du 13 au 28 mai 2006, offre égaLement au
visiteur différentes animations tenues seLon L'identité de
L'événement. Depuis son inauguration, Le festivaL propose, Lors
de son week-end d'inauguration, une conférence, sorte de tabLe-ronde
regroupant Les photographes exposants et différents professionneLs du
miLieu. D'autres animations, menées pendant ces dix années
pendant Le festivaL, ont maLheureusement cessées, suite au retrait du
soutien de Leurs différents partenaires : La diffusion de fiLms
documentaires sur Le thème du voyage, La présence de spectacLes
musicaux, Le Prix Jeune TaLent et pLus récemment, La Bourse Chroniques
Nomades, qui n'a pas pu être renouveLée en 2006506.
Cependant, CLaude Geiss cherche à renouveLer et déveLopper ce
type d'expériences : « Aujourd'hui, il y a beaucoup de choses
à faire, car l'événement à bien été
compris, c'est donc plus facile >507. En ce sens, de
récents projets sont en cours d'éLaboration : « J'ai
effectivement un projet qui est déjà construit et presque
prêt. Cela s'appellera Les Rencontres de Chroniques Nomades : une
rencontre d'une trentaine de personnes autour d'un photographe. J'ai
très envie de travailler avec les scolaires également, qui ont un
enthousiasme et une fraîcheur d'esprit pour lesquels il existe des
quantités d'axes à exploiter. Enfin, je suis entré en
contact avec une association de jeunes de Honfleur et nous allons
sûrement faire des choses ensemble >508. En attendant
ainsi La maturité du festivaL pour Le « décLiner >
504 Idem
505 Idem
506 Cf. Partie 2, Chapitre 1, I, C, 2, a) Les objectifs du
festivaL Chroniques Nomades, page 116.
507 Voir annexe 12 page 213.
508 Idem
en différentes activités, La réfLexion de
CLaude Geiss s'inscrit dans un schéma à Long terme. IL s'agit de
déveLopper Le festivaL, aLors soutenu et compris par Le pubLic et Les
différents partenaires, en conservant une Ligne directive qui Lui est
propre. Une démarche prudente et Légitime, qui évite ainsi
Les risques d'une trop rapide diversification de L'événement. Ces
événements offrent à La viLLe un dynamisme
suppLémentaire et participent à L'attrait et à La
compréhension du festivaL par Le pubLic. Un éLément qui
favorise La prise en compte et La Légitimation de
L'événement par Les pouvoirs Locaux.
Enfin, L'exempLe des Rencontres Internationales de la
Photographie d'Arles et Visa Pour l'Image à Perpignan
montrent que La durée de L'événement, queLLe soit de deux
semaines ou de deux mois et demi, n'intervient nuLLement dans La
capacité à réaLiser ce type d'expériences, La
Limite, sembLe pLutôt être ici à un niveau financier.
b) Le déveLoppement du principe de coproduction des
expositions
Le principe de coproduction est Largement utiLisé dans
Le secteur du spectacLe vivant. IL permet de regrouper des moyens financiers
pour parvenir à financer La montage d'un spectacLe et Le Lancement de
son expLoitation : « Le choix se fait avant tout sur un objet
artistique, après ont lieu les discussions d'ordre budgétaires et
formelles. C'est une relation partenariale souvent définie à
moyen terme, liée à un contrat de cession ou de
coréalisation »509. La coproduction est un moteur
essentieL pour ce secteur, iL est Le moyen d'existence de La pLupart des
projets de spectacLe vivant et tend à se déveLopper pour de
nouveLLes formes artistiques.
Le principe de production en commun des expositions tend
à se déveLopper activement chez certains festivaLs de
photographie. IL permet ainsi d'aLLéger La part de Leur budget
artistique tout en et motivant Les reLations entre différents acteurs du
miLieu, déveLoppant ainsi La notion de réseau entre festivaLs de
photographie.
509 « Pratique et usage des contrats dans Le spectacLe
vivant », compte-rendu de La journée d'information des centres de
ressources du spectacLe vivant, page 4.
En effet, pour Les Rencontres Internationales de la
photographie d'Arles, « la plupart des expositions
présentées ont été spécialement produites
pour le festival, en coproduction avec des musées et institutions,
français et étrangers »510.
En 2006, Le déveLoppement du festivaL Chroniques
Nomades sur TrouviLLe, obLige son directeur artistique à chercher
de pLus en pLus de sujets. Une situation qui tend à augmenter Les frais
de production des expositions du festivaL et pousse ainsi CLaude Geiss vers des
projets de coproduction : « En effet, Chroniques Nomades travaille
avec des événements étrangers, notamment un festival au
Cambodge à Angkor qui a vu sa première édition cette
année. Si un sujet en commun nous plaît, je leur demande si il est
possible de produire à deux les expositions : c'est de la co-production.
Ils semblent surtout intéressés par les sujets qui traitent de
l'Asie, comme le sujet de Patrick Brown exposé cette année
à Honfleur 511 »512.
Par conséquent, Le principe de coproduction, favorisant
ainsi une diminution des frais artistiques et La coLLaboration entre
événements, apparaît aujourd'hui comme un facteur important
pour une pérennisation des festivaLs de photographie. IL favorise Le
maintien d'une quaLité artistique de La programmation, un
éLément de différenciation important quant à
L'augmentation constante du nombre de festivaLs en France. Enfin, iL traduit La
détermination et La capacité d'entreprendre, pour La direction du
festivaL, des actions qui améLiorent ses conditions budgétaires,
favorisant La mise en avant du soutien financier des coLLectivités pour
des actions pLus personnaLisées, afin de Les vaLoriser.
2) Action menée en paraLLèLe du festivaL :
Le Festival OFF des Chroniques Nomades
IL n'existe pas de définition précise de ce qu'est
un festivaL off, cependant, ses principaux objectifs peuvent Le décrire
de La manière
510 PLaquette informative du festivaL Les rencontres
Internationales de la Photographie, ArLes, 2006.
511 « Poaching in Asia », (Le trafic des animaux
sauvages), exposition de Patrick Brown présentée au festivaL
Chroniques Nomades à HonfLeur du 13 au 28 mai 2006.
512 Voir annexe 12 page 213.
suivante : iL se dérouLe paraLLèLement au «
In >, Le festivaL officieL, et reprend, dans La majorité des cas, ses
dates et sa forme artistique. Géré par une structure
indépendante au « In >, La pLupart du temps sous La forme d'une
association, Le « Off > profite ainsi de La popuLarité et de La
renommé de L'événement afin de présenter en
aLternative de La programmation officieLLe, Les travaux de jeunes taLents.
En ce sens, Lorsqu'iL est correctement mené, iL peut
être un outiL de démocratisation du festivaL officieL pour Le
pubLic et un outiL d'accompagnement pour Les artistes.
a) ExempLes de festivaLs off de photographie en France
Le premier festivaL off à se faire connaître est
ceLui du Festival d'Avignon : « le mot « Off »
apparaît la première fois dans une note de synthèse du
festival en 1971 >513. IL est aujourd'hui devenu un
phénomène d'une grande ampLeur, évoLuant à travers
La viLLe, dans un espace commun au festivaL officieL.
En matière de photographie, de nombreux festivaLs
possèdent désormais Leur « off >. Pour reprendre Les deux
exempLes du festivaL de ArLes et de Perpignan :
Le festivaL Voies Off514 évoLue en
paraLLèLe des Rencontres Internationales de la Photographie
d'Arles. Géré par une association éponyme de Loi
1901, iL se tient pendant La semaine d'ouverture du festivaL officieL, du 4 au
8 juiLLet pour L'édition 2006. Orienté sur La création et
La diffusion d'oeuvres dans Les domaines de La photographie et des arts
visueLs, ce festivaL, créé en 1996, a aisément su se
construire et se déveLopper autour d'une équipe Largement
féminisée, composée à présent de six
personnes 515: un directeur administratif et artistique, une
coordinatrice généraLe et reLations presse, une coordinatrice
artistique, une réaLisatrice audiovisueLLe, montage sonore et
513 LERRANT (Jean-Jacques), in DAVID (CLaire), (Sous La direction
de), Avignon, 50 festivals, Actes Sud, page 36.
514 Site du festivaL Voies Off,
http://www.voiesoff.com/index.htm,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
515 Site du festivaL Voies Off,
http://www.voiesoff.com/pages/contacts.htmL,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
site internet, une assistante de direction, et un
régisseur. Voies Off s'est ainsi spéciaLisé dans
La conception et La mise en oeuvre de projets pLuri-média, «
scénographies où l'image voyage dans l'espace, rencontre tous
les supports et vient frapper le regard »516, une
démarche où La musique et La création sonore tiennent une
pLace importante. Chaque année, pLus de quatre-vingt-un photographes de
tous horizons y sont présentés. ILs peuvent ainsi se faire
connaître et espérer participer à La programmation du
festivaL officieL. Le coeur de La manifestation est constitué des
Soirées du FestivaL Off : un ensembLe de projections sur grand
écran où interviennent La photographie, La Lumière et Les
créations sonores mises en scène dans des espaces
scénographiés. Le programme du Off est compLété par
Les rencontres professionneLLes et un ensembLe d'expositions de jeunes
photographes qui s'articuLent autour d'une thématique : «
Espace de liberté, ils sont considérés comme les
médiateurs de la photographie émergente en Arles
»517. Enfin, parmi une quinzaine de travaux
séLectionnés, Le Prix du FestivaL voies Off518
récompense chaque année un photographe par La remise d'une aide
à La création contemporaine d'un montant de 1 525 euros.
De La même manière, Le festivaL Visa Off pour
l'Image se tient depuis 1995 en paraLLèLe du festivaL de
photoreportage Visa pour l'Image à Perpignan.
Géré par L'association de Loi 1901 « Les vitrines de
Perpignan »519, qui regroupe actueLLement cent quarante-cinq
commerçants. IL se dérouLe aux mêmes dates que Le festivaL
officieL, soit du 2 au 16 septembre pour L'édition 2006. IL
présente des expositions de photographes amateurs et professionneLs dans
de nombreux Lieux du centre viLLe de Perpignan, gaLeries, commerces,
restaurants ou café, avec une quaLité des expositions
présentées qui ne cesse d'augmenter d'année en
année. En 2006, Le festivaL Visa Off pour l'Image tient
à déveLopper ses animations et sa communication. En ce sens, est
mise en pLace La création d'une convention entre Le festivaL off et Les
photographes séLectionnés, La création de prix
thématiques pouvant offrir une récompense
516 Site du festivaL Voies Off,
http://www.voiesoff.com/pages/festivaL.htmL,
consuLtation Le
16 décembre 2006.
517 Idem
518 Idem
519 Site de L'association Les Vitrines de Perpignan,
http://www.vitrinesperpignan.com/,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
aLLant de quatre cents à miLLe euros et La recherche de
nouveaux partenaires520. Enfin, « avec 52 lieux
d'exposition et plus de 30 000 visiteurs, Visa Off offre une alternative aux
thèmes traditionnellement traités par le festival.
Résolument éclectiques, les expositions séduiront tous les
amateurs de photographie : une belle initiative permettant d'allier
flâneries et découverte... »521.
De nombreux événements photographiques pLus
récents voient égaLement se déveLopper Leur propre
festivaL off. Ainsi, paraLLèLement au festivaL Photo nature &
Paysage, Le festivaL off présente depuis trois ans
différentes expositions de photographie chez certains artisans et
commerçants du viLLage de La GaciLLy, ainsi que des vidéos
projections. « En marge du festival officiel, toutes ces animations
font vivre ce festival Off et démontrent la réelle implication
des commerçants et artisans pour leur village de La Gacilly
»522.
PLus récemment, Le festivaL
Diaporama523, qui se tient pour La première fois en
2006 auprès de La Quinzaine Photographique Nantaise du 21 au 24
septembre, et géré par L'association pour L'éducation
visueLLe de Loi 1901, propose une exposition autour d'un photographe, des
projections d'une vingtaine d'artistes, des ateLiers et démonstration,
des conférences, happenings524, soirées de diaporamas
et de musique et La projection de fiLms525.
EvoLuant ainsi en paraLLèLe des festivaLs officieLs, ces
différents exempLes de
festivaLs off montrent qu'iLs ne se Limitent
pLus aujourd'hui aux queLques
grands événements
photographiques français, mais se déveLoppent, pour des
520 PLaquette informative du festivaL Visa OFF pour
l'Image, 2006.
521 COURTY (Fanny), « Le FestivaL Off devient « Visa
Off » », in La Gazette de Visa, n°1, page
3.
522 Site du festivaL Off du festivaL Photo, Nature &
Paysage,
http://www.festivaLphoto-LagaciLLy.com/c/234/p/8db990d619f7d4c2d05728181248a937/festivaL-photo-La-GaciLLy-festivaL-off-commercants-artisans-eau-nature-paysage-.htmL,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
523 Site de L'association L'éducation visueLLe,
http://Lev44.free.fr/FestivaL/index.htmL,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
524 Forme de spectacLe qui suppose La participation des
spectateurs et qui cherche à faire atteindre à ceux-ci un moment
d'entière Liberté et de création artistique
spontanée, in encycLopédie Wikipedia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Happening,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
525 Information tirée du site de L'association pour
L'éducation visueLLe,
www.Lev-nantes.org, consuLtation
Le 16 décembre 2006.
manifestations de pLus en pLus récentes. En poursuivant
La Ligne directive du « In » et en proposant Les travaux de jeunes
photographes, ces festivaLs off augmentent La visibiLité de
L'événement « officieL » et renforcent
L'éLargissement du pubLic.
b) Le Festival OFF des Chroniques Nomades: outiL de
démocratisation pour Le pubLic et d'accompagnement des artistes
Le Festival Off des Chroniques Nomades,
créé Le 5 février 2001, est géré par une
association de Loi 1901, L'Association du Festival Off de Honfleur.
ParaLLèLement au festivaL officieL, iL propose chaque année une
dizaine d'exposition de jeunes taLents, sur Le thème de La photographie
de voyage et d'aventure. Ces expositions se tiennent dans Les vitrines des
différents commerçants de La viLLe de HonfLeur et depuis 2003,
dans un espace des Greniers à SeL qui Lui est consacré. IL
profite ainsi de L'affLuence du pubLic et intéressés,
attirés par Le festivaL « In » depuis dix ans. « Petit
frère » des Chroniques Nomades, comme Le souLigne CLaude
Geiss, iL est de son avis « un véritable tremplin pour les
jeunes photographes » 526, d'où son
intérêt majeur. Le Festival OFF existe, afin de
promouvoir Les créations de La nouveLLe génération de
photographes dont Les aspirations et Les inspirations se trouvent dans Le
voyage, La rencontre de L'autre, et L'aventure photographique.
Pour L'édition 2006, Les photographes du « Off
» ont présentés officieLLement Leurs travaux à pLus
de vingt-trois miLLe visiteurs527, qui ont su apprécier Les
regards et parcours de ces jeunes photographes aux cotés des pLus
reconnus. Ce festivaL tend à vouLoir dynamiser La viLLe en y instaLLant
ses expositions et en organisant diverses animations et rencontres. Depuis sa
création, La permanence du « Off » est tenue successivement,
dans L'enceinte des Greniers à SeL, par Les photographes exposants. Lors
de L'édition 2005, deux événements majeurs ont
compLétés La tenue du festivaL : une Lecture de contes pour Les
enfants du centre de Loisir de HonfLeur par Nordine Hassani,
526 GEISS (CLaude), Dossier de presse du Festival Off des
Chroniques Nomades, mai 2006.
527 Voir annexe 13 page 219.
comédien et président de L'association Le
carnaval des enfants528. Pour cLôturer Le festivaL, une
projection d'une heure, réaLisée en partenariat avec Epson,
regroupant toutes Les expositions du « Off > et des images
inédites, fût projetée sur grand écran sur Le parvis
de La Mairie de HonfLeur située Les quais du Vieux-bassin.
En proposant, avec une enveLoppe budgétaire
réduite, L'exposition de travaux de jeunes taLents, Le « Off >
participe activement, par Le biais de ses propres moyens de
démonstration, à L'éLargissement de L'offre
incarnée par Le festivaL officieL. En effet, iL adopte une forme qui Le
rapproche en ce sens d'un pubLic pLus néophyte, qui peut être
« impressionné > par La quaLité et Les dimensions des
photographies présentées par Chroniques Nomades. Ainsi,
de par son caractère « Off >, Le festivaL se pLace habiLement
entre une notion popuLaire et professionneLLe de L'événement et
participe à La « désacraLisation > de La manifestation
officieLLe. Un concept Largement mis en avant à travers Le Festival
Off d'Avignon où Le pubLic y vient «par esprit libertaire,
estimant que le festival officiel sacralise le théâtre alors qu'il
se veut, lui, joyeusement irrévérencieux vis-à-vis des
spectacles >529.
Le Festival OFF apporte une aLternative au festivaL
officieL, « il est « rafraîchissant », permet d'avoir
un aperçu sur les nouvelles tendances, et peut plaire à ceux qui
sont blasé par les grandes expositions un peu conventionnelles
>530. Abordant une thématique commune, La
photographie de voyage et d'aventure, Le « Off > se différencie
du « In > par Le choix des photographes exposés et diversifie en
ce sens Les différentes perceptions de La photographie de voyage :
« Parallèlement, il existe le OFF, qui enrichi le regard sur la
photographie >531.
Enfin, iL représente un dispositif d'accompagnement
artistique pour Les
photographes émergents de création
contemporaine qu'iL expose.
528 Site internet du Festival OFF des Chroniques
Nomades,
http://offdeschroniques.canaLbLog.com/aLbums/Linn_jousson_et_manon_rosat/index.htmL,
consuLtation Le 16 décembre 2006.
529 LERRANT (Jean-Jacques), Op.cit.
530 Voir annexe 12 page 213.
531 Idem
ParaLLèLement au festivaL officieL, iL est une source de
création dynamique et variée et permet ainsi à des
artistes encore peu connus de se faire remarquer.
c) Une coLLaboration entre « In > et « Off
> à mesurer avec prudence
Le « In > et Le « Off > sont devenus
indissociabLes et interdépendants. ILs participent ensembLe à La
responsabiLité coLLective du festivaL. Pourtant, iL arrive que cette
coLLaboration dérive vers des confLits qui n'ont aLors pas Lieu
d'être. L'exempLe Le pLus connu, qui nous éLoigne un instant de La
photographie, est ceLui du Festival d'Avignon. La confrontation qui
s'y tient entre Le « In > et Le « Off > intervient «
au point de presque reproduire la division bicéphale de l'univers
politique. Pour le Off, il ne s'agit pas de s'attaquer au pouvoir du In au nom
d'une alternance recherchée, mais plutôt d'exiger le droit
à une existence effectivement acceptée >532.
Une situation qui n'apparaît pas officieLLement mais traduit cependant
qu'« au pouvoir unique attribué au maître des lieux
s'ajoute un contre pouvoir, pas forcément rebelle mais sans doute
immaîtrisable >533. On retrouve Le même cas de
figure pour certains festivaLs de photographie. Pour exempLe, «
à Arles ou à Perpignan, et même à Madrid avec
Photo Espana, il y a un conflit violent qui dure entre le « In » et
le «Off ». >534. Cependant, cette situation, qui
sembLe se révéLer principaLement pour Les
événements majeurs, ne se retrouve pas pour La majorité
des festivaLs de photographie, comme Chroniques Nomades : «
Je suis naturellement contre tout ce qui est barrière ou
frontière >535, souLigne CLaude Geiss. Enfin, bien
qu'iL existe une entente efficace entre Le festivaL Chroniques Nomades
et son festivaL off, iL ne doit pas y avoir de confusion faite entre Les deux :
« Le Off regroupe de jeunes taLents qu'iL ne faut cependant pas confondre
avec ceux qui ont déjà un parcours >536. En effet,
dans certains cas, Le fragiLe équiLibre de cette reLation ne
dépend pas directement des acteurs des deux parties, mais des
photographes eux-mêmes : « Ce qui semble regrettable chez les
photographes
532 BANU (Georges), in DAVID (CLaire), Op.cit, page 37.
533 Idem
534 Voir annexe 12 page 213.
535 Idem
536 Idem
du In est qu'ils ne veulent surtout pas donner de conseils
ou s'approcher des jeunes. Pourtant, l'intérêt est plus dans
l'enrichissement que dans l'isolement »537. Inversement,
Le « Off » « a quelquefois l'inconvénient
d'accueillir des photographes un peu dissipés, qui n'on pas compris que
le relationnel est très important dans ce métier. On assiste dans
le OFF à quelques dérapages propres aux jeunes photographes. Cela
ne me gène pas outre mesure, ils n'ont juste pas encore compris qu'il
faut savoir se tenir, avoir une attitude de prudence pour se faire accepter.
Les photographes qui ont une manière de présenter leur travail
avec une grande discrétion et politesse, on les remarque tout de suite
et on les suit »538.
La reLation « In » et « Off » induite par
La création en 2001 du Festival OFF des Chroniques Nomades
intervient dans une démarche de compLémentarité et non de
concurrence. ELLe souLigne L'appartenance de ces deux événements
à un projet gLobaL et commun, qui vise à Long terme à
diversifier L'offre du festivaL, pour un pubLic pLus éLargie, et
à améLiorer La Légitimation de L'événement
aux yeux des pouvoirs pubLics, des partenaires privés et du pubLic.
Les différentes actions menées par Le festivaL
Chroniques Nomades, depuis sa création en 1996, visent à
Le différencier face à une concurrence croissante, et à Le
rendre Légitimement acteur principaL de L'activité qu'iL
défend. IL est important de souLigner ces actions en Les
compLétant de différentes préconisations, appLicabLes
à L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs en France ou pour Le
festivaL Chroniques Nomades en particuLier.
537 Idem
538 Idem
II) Préconisations apportées à
l'échelle de l'ensemble des festivals
en France et du festival Chroniques Nomades : outils
de différenciation, de légitimation et de pérennisation du
festival
Ces différentes préconisations sont
données à titre indicatif. ELLes sont Le résuLtat de
réfLexions tenues par L'étudiant tout au Long de La
réaLisation du mémoire et du stage réaLisé au sein
du Festival OFF des Chroniques Nomades de janvier à mai 2006.
Ces éLéments cités de manière non exhaustive,
à L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs en France ou pLus
particuLièrement pour Le festivaL Chroniques Nomades, restent
ainsi ouverts au débat, et s'inscrivent dans une démarche de
réfLexion personneLLe, menée sur Le Long terme.
A) Préconisations apportées à
L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs en France
La pLupart des festivaLs interviennent, de manière non
négLigeabLe dans Les réseaux de production et de diffusion
nationaux. D'autres accompLissent une tâche irrempLaçabLe de
découverte de créateurs et de formes artistique. Dans une
décLaration du 26 mai 2003539, Jean-Jacques
AiLLagon540, aLors Ministre de La CuLture et de La Communication,
évoque une mission nationaLe de soutien au spectacLe vivant, mise en
pLace par L'Etat, en partenariat avec Les coLLectivités.
ParaLLèLement, y sont évoqués une harmonisation de
L'intervention de L'Etat en région et La création d'un LabeL
« festivaL d'intérêt nationaL ». Nous nous attacherons
ici pLus particuLièrement à ce projet de LabeL : «
S'agissant des festivals, qui sont dans notre pays en nombre croissant,
aucun critère n'a été assigné à
l'intervention de l'Etat, qui se caractérise, là encore, par
l'arbitraire et l'absence d'une vision d'ensemble. C'est la raison pour
laquelle je créerai en 2004 un label de " Festival
d'intérêt national ". Il distinguera les festivals majeurs dans
notre pays, pour leur
539 AILLAGON (Jean-Jacques), « L'action territoriaLe du
Ministère », conférence de presse, 2003, page 12.
540 Ministre de La CuLture et de La Communication de 2002
à 2004.
excellence dans la diffusion, la création, la
relation avec le public, ou encore le rayonnement national et international
»541. Un projet qui s'inscrit dans une démarche
d'harmonisation de L'intervention de L'Etat en matière de soutien aux
festivaLs. Cependant, iL reçoit un accueiL mitigé, comme Le
souLigne Bernard Latarjet dans son compte-rendu de mission Pour un
débat national sur le spectacle vivant 542 : « on sait
aujourd'hui que le projet de label « festival d'intérêt
national » est désormais très contesté ».
En effet, cette question de LabeLLisation sembLe porter à La
poLémique. SeLon Les concLusions de Bernard Latarjet543 :
« il nous semble préférable d'opérer une
évaluation artistique des nombreux festivals que l'Etat soutient en
s'attachant à cerner leur démarche de production et de diffusion
»544. La question des financements conjoints de L'Etat et
des coLLectivités territoriaLes prendrait en compte Les résuLtats
de ces évaLuations rendues pubLiques. « Dans cette
démarche, l'Etat veillerait à recentrer son action, à
renforcer son soutien à des initiatives dont le rayonnement est reconnu
par tous les partenaires et à préserver des festivals de
dimension économique modeste qui jouent un rôle essentiel depuis
des années sans avoir de reconnaissance financière
».545 Le but ainsi recherché n'est donc pas d'
« imposer » un LabeL, mais de recentrer son attribution, en fonction
de critères spécifiques et favoriser ainsi Le
déveLoppement de festivaLs souvent « mis à L'écart
».
La question de ce LabeL fût souLevée en 2003,
Lors du coLLoque organisé par La fédération France
Festivals ayant pour thématique La musique a-t-elle besoin des
festivals ? 546 . Pour Catherine Ahmadi, sous-directeur de La
DMTS auprès du Ministère de La CuLture et de La Communication, Le
LabeL « festivaL d'intérêt nationaL », étabLit
par L'Etat pour des festivaLs nationaux, toutes discipLines confondue, serait
attribué en 2004 pour une tranche de trente à cinquante
festivaLs, dont vingt ou trente pour Les festivaLs musicaux. De pLus, «
bien que le mot label résonne « technocratique » aux
oreilles de certains, il
541 AILLAGON (Jean-Jacques), « L'action territoriaLe du
Ministère », Op.cit.
542 LATARJET (Bernard), Op.cit., page 155.
543 Idem
544 LATARJET (Bernard), Op.cit., page 125.
545 Idem
546 « La musique a-t-eLLe besoin des festivaLs ? »,
actes du coLLoque organisé par La fédération France
Festivals, abbaye de Royaumont, novembre, 2003,
http://www.francefestivaLs.com/,
consuLtation Le 14 juiLLet 2006.
s'agit simplement pour nous de reconnaître un
ensemble de missions nationalement coordonnées que certains festivals
assument. Mais cela n'empêche pas une grande diversité. Donc ne
dramatisons pas et essayons de faire les choses de façon pragmatique,
intelligente et concertée bien sûr »547.
Depuis 2004, notre nouveau Ministre de La CuLture et de La Communication,
Renaud Donnedieu de Vabres, sembLe avoir mit de côté ce projet de
LabeL « festivaL d'intérêt nationaL ».
Sans entrer dans une dimension de LabeL, proposition au
contenu poLémique pour un secteur encore trop inégaLitaire, iL
serait peut-être intéressant, pour Les régions ou
départements, d'étabLir une marque ou appeLLation
particuLière appLiquée pour Les projets regroupant un certain
nombre des critères aLLant dans Le sens des soLutions apportées
pour une recherche de différenciation du festivaL548. Cet
écLairage apporté sur un ou pLusieurs événements,
permettrait, entre autre, Leur différenciation et La marque de Leur
Légitimité à L'écheLLe des coLLectivités,
créant ainsi un « repère » pour Le pubLic et une
orientation pour Les partenaires privés. Enfin, pour Les projets, cette
distinction peut pousser Leurs différentes directions à
générer ou approfondir ces queLques « Lignes de conduite
», contre une banaLisation du terme « festivaL ».
En ce sens, Les propos de Luc Benito549 apportent
queLques pistes de réfLexions suppLémentaires : « Les
collectivités territoriales pourraient intervenir sur la
répartition équilibrée au sein de chaque territoire
concerné, agir sur la complémentarité des genres des
festivals afin d'éviter une trop grande concurrence de proximité,
garantir l'indépendance artistique des festivals, et enfin, s'engager
dans le financement de la programmation par le biais de conventions (de 3
à 5 ans). Et l'Etat quant à lui pourrait créer un
observatoire des festivals, véritable outil utilisable aussi dans le
domaine du tourisme, un véritable outil de gestion». Ce
dernier point sembLe avoir son importance. L'étude des festivaLs sur Le
territoire français traduisant Le manque conséquent de
données et études réaLisées à
L'écheLLe nationaLe.
547 AHMADI (Catherine), Op.cit., page 26.
548 Cf. Partie 1, chapitre 2, II, D) Solutions
envisagées pour une recherche de différenciation du
festival, de La page 84 à 91.
549 BENITO (Luc), « AteLier 5 : Les festivaLs de France
FestivaLs sous L'angLe économique », Op .cit., page 44.
C'est un éLément important quant à
L'appréhension de ce type d'événements cuLtureLs en terme
de définition et de recensement.
Face à L'environnement de pLus en pLus mouvant et
incertain des festivaLs en France, La formation de réseaux
apparaît comme un outiL favorisant efficacement Leur avenir. Une
réponse coLLective apportée contre La pérennisation de
pLus en pLus forte de ces événements. Pour exempLe, Le
Réseau des Festivals de Culture Electronique français,
constitué sous La forme d'une association en mai 2006, regroupe
actueLLement cinq festivaLs de musique et de cuLture éLectronique «
dans un souhait de mutualisation des moyens et des connaissances
>550. Ainsi, Les différents membres de ce réseau se
reconnaissent dans une charte commune d'objectifs et d'engagements :
« La représentation collective auprès
des différentes institutions, une communication commune sur la
légitimation et la reconnaissance des cultures électroniques
à travers les festivals, la mutualisation de certains moyens
opérationnels notamment en matière de communication ou de
recherche de partenaires, le partage des informations et expériences
communes entre les
membres du réseau dans un esprit non seulement
d'entraide mais aussid'optimisation des actions
individuelles.
Enfin, ce réseau se regroupe autour de
différents engagements, tant en matière de programmation, envers
les artistes, au niveau local, envers le public, respect des règles en
vigueur et enfin, un rôle au niveau national »551.
La nécessaire énumération de ces objectifs et engagements
définie Les intérêts conséquents pour un festivaL
d'appartenir à un réseau. En se montrant en commun, autour d'une
forme artistique anaLogue, La position et L'importance de chaque festivaL
membre est renforcé à L'extérieur, « le tout ne
devant pas baigner dans une attitude de concurrence mais de volonté
réciproque de soutien et de solidarité >552.
Enfin, en abordant Le forme de L'association, Le réseau prend une forme
officieL, ce qui Lui permet de poser
550 « Les festivaLs de musiques éLectroniques
s'associent >, site de L'Irma,
http://www.irma.asso.fr/spip.php?articLe4191&var_recherche=r%E9seau#S(c)quence_1,
consuLtation Le 24 mai 2006.
551 Idem
552 Idem
pLus efficacement un certain nombre de revendications
auprès des partenaires privés, pubLics et professionneLs.
B) Préconisations apportées pour Le festivaL
Chroniques Nomades
Depuis sa première édition en mai 1997, Le
festivaL Chroniques Nomades propose une unique conférence,
généraLement tenue Le samedi après-midi Lors du week-end
d'ouverture, regroupant Les différents photographes exposés
autour d'une thématique propre à L'événement. En ce
sens, iL sembLerait intéressant, dans un premier temps, d'en augmenter
La fréquence, sous La forme d'un cycLe de conférences ou tabLes
rondes tenu dès Le vendredi soir jusqu'au dimanche. Cet
éLément permettrait de donner pLus de contenance à ce
week-end d'ouverture, qui regroupe un grand nombre de professionneLs, ainsi que
Les principaux acteurs de La presse LocaLe, régionaLe et nationaLe. En
effet, en muLtipLiant Le nombre de ces conférences, iL serait aLors
possibLe d'en éLargir Leur forme et contenu. Dans un deuxième
temps, ce concept pourrait être déveLoppé sur L'ensembLe de
La durée du festivaL, accès successivement vers des pubLics pLus
spécifiques, comme Les scoLaires ou Les habitants de HonfLeur. Incarnant
ainsi un rôLe de médiation entre Le festivaL et son pubLic, ces
échanges ou rencontres, qui peuvent être menés par des
étudiants en photographie de La région, ou par des professionneLs
engagés spéciaLement pour L'occasion, peuvent accroître La
prise en compte et La compréhension de L'événement par La
popuLation LocaLe. Profitant aLors de La présence des habitants de
HonfLeur tout au Long du festivaL, ces actions sont à même de
déveLopper Le sentiment d'appartenance, nécessaire à La
pérennisation et à L'intégration de
L'événement dans Le contexte cuLtureL LocaL. ELLes offrent une
dynamique suppLémentaire à L'événement, non pLus
concentrée sur Le week-end d'ouverture, et motiver ainsi
L'intérêt de La presse à revenir pLusieurs fois vers Le
festivaL. Enfin, ces différentes conférences, rencontres ou
tabLes rondes pourraient être enregistrées et traduites, sous
forme de « buLLetin d'information », mis à disposition, par
La
suite, sur Le site internet du festivaL, donnant ainsi une
dimension documentaire à L'événement.
Afin de mieux appréhender son pubLic, La direction du
festivaL Chroniques Nomades pourrait engager, pour sa prochaine
édition, une personne en charge des reLations pubLiques. Parmi Les
actions envisagées, La réaLisation d'un questionnaire en
tête à tête, pendant La durée du festivaL,
auprès de ces différents visiteurs, permettrait de
déterminer pLus en détaiL La nature des personnes en visite aux
Greniers à SeL. IL s'agit de constater si L'identité et Le
message transmis par Le festivaL sont bien compris, de connaître Les
attentes du pubLic et de déterminer Les actions qui pourraient
être menées en direction du non pubLic. De pLus, iL serait
intéressant d'entrer en reLation avec Les différents acteurs
Locaux, à L'instar des associations, qu'eLLes soient de nature
cuLtureLLe ou sociaLe, dans un souci d'appréhension de L'ensembLe des
catégories du pubLic LocaL.
En ce sens, iL sembLait nécessaire de réaLiser
en amont de cette onzième édition, un questionnaire pour une
étude du pubLic du festivaL Chroniques Nomades553.
Les résuLtats ainsi obtenus peuvent être traduits, grâce au
LogicieL SPHINX, spéciaLisé dans Les enquêtes et anaLyse de
données, sous forme de statistiques, graphiques ou réponses
verbaLisées.
Enfin, une meiLLeure connaissance et appréhension du
pubLic permet d'améLiorer La communication du festivaL et d'augmenter sa
fréquentation, entraînant des retombées
suppLémentaires, non négLigeabLes pour La viLLe de HonfLeur.
Comme nous avons pu Le constater à travers ce
mémoire, Les caractéristiques du Lieu où se dérouLe
un festivaL interviennent directement sur La manière dont ceLui-ci est
Lu et ressenti par Les visiteurs. En effet, Le site des Greniers à SeL
de HonfLeur marque Le festivaL Chroniques Nomades de son
identité et caractère. En y pénétrant, Le visiteur
est transporté par L'association de L'architecture du Lieu et des
photographies qui y sont exposées. Pendant neuf éditions, Le
festivaL se dérouLe uniquement sur ce site et en 2006, Lors de son
553 Voir annexe 8 page 205.
déveLoppement, iL se tient égaLement dans
L'enceinte de La saLLe des congrès de TrouviLLe, Le Long du Quai ALbert
1er. Un impact du Lieu moins important. Ainsi, iL peut sembLer
regrettabLe que Le festivaL ne se soit déveLoppé, pendant dix
ans, sur aucun autre site que ceLui des Greniers à SeL.
En comparaison, Les Rencontres Internationales de la
Photographie d'Arles propose « soixante-sept expositions dans des
sites aussi variés que des églises du 12ème
siècle ou des bâtiments industriels »554, ou
encore Le festivaL Visa Pour l'Image, qui regroupe à Perpignan,
« vingt-huit lieux pour vingt-neuf expositions
»555. L'expLoitation de ces sites historiques, appartenant
au patrimoine architecturaL ou reLigieux de chacune de ces viLLes, offre une
Lecture éLargie du festivaL, qui prend aLors La forme d'un parcours, mit
en vaLeur par L'adéquation entre sites et expositions. Ainsi, pour
Visa pour l'Image : « Les festivaliers sont notamment avide
de découvrir le patrimoine »556.
IL est donc intéressant de décLiner, pour Le
festivaL Chroniques Nomades, La thématique du voyage et de
L'aventure à travers un circuit mené à L'écheLLe
LocaLe. Bien que Le site des Greniers à SeL, traduise efficacement, par
son histoire, Le concept du festivaL, différents Lieux, situés en
pLein coeur de HonfLeur, seraient à même de produire Le même
effet557 : L'égLise Sainte Catherine, construite
entièrement en bois au XVème siècLe par des charpentiers
de marine, L'égLise Saint-Léonard datant du XVIIème
siècLe, La Lieutenance, située à L'extrémité
du Vieux-bassin, Logis du Lieutenant du roi au XVIIème siècLe, ou
encore La chapeLLe Notre-Dame de Grâce, sur Le pLateau de Grâce, un
édifice construit au XVIIème siècLe par Les bourgeois et
Les marins. Enfin, Les quais du Vieux-bassin, constitué du Quai
Sainte-Catherine et du Quai Saint-Etienne, restent une zone expLoitabLe dans Le
cadre d'une exposition en pLein air, pour une zone entièrement
piétonne à compter du printemps.
554 PLaquette informative du festivaL Les rencontres
Internationales de la Photographie, 2006.
555 PLaquette informative du festivaL Visa Pour l'Image,
2006.
556 COURTY (Fanny), Op.cit., page 1.
557 Les informations citées ci-dessous sont extraites du
site de L'Office du tourisme de HonfLeur,
http://www.ot-honfLeur.fr/Patrimoine,1,18,0.htmL,
consuLtation Le 12 décembre 2006.
L'ouverture du festivaL Chroniques Nomades sur de
nouveaux sites, encouragerait certainement La pLupart de ses visiteurs, qui ne
restent généraLement qu'une journée à HonfLeur pour
visiter Les expositions des Greniers à SeL, à y proLonger Leur
séjour. Cette action peut motiver une meiLLeure connaissance du
patrimoine honfLeurais, entraînant une augmentation des retombées
en terme d'économie, d'image et de notoriété. Un
éLément conséquent pour une vaLorisation et prise en
compte de L'événement par Les pouvoirs Locaux.
Un moyen efficace d'optimiser La pLace occupée par Le
festivaL Chroniques Nomades au sein même du paysage cuLtureL de
HonfLeur, et de surcroît sa notoriété à
L'écheLLe régionaLe et nationaLe, peut être Le
déveLoppement d'une action menée à Long terme, tout au
Long de L'année. En effet, sauf La présence de L'association du
Photo Club de Honfleur, iL n'existe pour cette commune, aucune
structure ayant une activité Liée à cette forme
artistique. En ce sens, Le festivaL Chroniques Nomades, pourrait
être, de manière Légitime, à L'origine du
déveLoppement d'une pratique de La photographie. La forme de
L'activité aLors adoptée pourrait être La création
d'un cycLe de coLLoques abordant La thématique du festivaL, mené
ponctueLLement à HonfLeur, dans L'enceinte même des Greniers
à seL, Lieu manifestement associé à
L'événement. Cette action, qui permet ainsi de pérenniser
L'impact de L'événement sur La viLLe pendant toute une
année, participe activement à La décentraLisation de ce
type d'activité, mené traditionneLLement au sein des institutions
photographiques de La capitaLe. Par La suite, iL serait intéressant
d'approfondir ce projet par La création d'une structure permanente, en
faveur de La pratique et de La compréhension de La photographie de
voyage comme Le traduit Chroniques Nomades.
Enfin, en associant ainsi Le nom de HonfLeur à une
activité photographique menée tout au Long de L'année, La
viLLe adopte un éLément de distinction suppLémentaire,
proche de L'institution, traduisant La richesse cuLtureLLe et artistique de
cette commune du CaLvados.
Les différentes préconisations pour Le festivaL
Chroniques Nomades citées cidessus tendent à vouLoir
renforcer son statut d'unique événement de photographie de voyage
en France. Ces éLéments permettent d'asseoir La position du
festivaL dans un contexte LocaL, régionaL et nationaL, en conservant et
en renforçant une identité qui Lui est propre. Adaptée en
fonction des caractéristiques de cet événement, ces
préconisations sont bien entendu appLicabLes pour L'ensembLe des
festivaLs.
Face à L'augmentation croissante du nombre de festivaLs
en France, chaque événement doit se démarquer s'iL
souhaite rencontrer Le soutien du pubLic et des partenaires pubLics et
privés. Une composante qui n'est pas automatique et nécessite une
profonde anaLyse du contexte et de son évoLution, tant à
L'écheLLe nationaLe, régionaLe, départementaLe que LocaLe.
IL faut ainsi trouver Le positionnement adéquat, participant à
une démarche qui vaLorise Le contenu artistique du festivaL avant sa
forme, et favorise La Légitimation de L'événement sur son
territoire pour Le voir se pérenniser. Ainsi, Le festivaL Chroniques
Nomades de HonfLeur, tente de « défendre » des vaLeurs
qui Lui sont propres, maintenues depuis sa création iL y a dix ans. Une
situation qui révèLe La fragiLité de ce type
d'événements, et souLigne que rien n'est jamais acquis en
matière de cuLture.
Certains festivals ont un projet qui dépend de
l'identité d'un territoire, révélant ainsi une culture
locale ou régionale, d'autres proposent un projet qui s'en
éloigne et forment ainsi l'identité culturelle du lieu
d'implantation. A sa manière, le festival Chroniques Nomades se place
entre ces deux distinctions et s'implante légitimement au sein de la
ville de Honfleur, offrant une ouverture nouvelle, tant par sa forme que son
contenu, en relation avec l'histoire de la commune. Dans un premier temps, son
créateur et directeur artistique, Claude Geiss, s'attache à
respecter les caractéristiques pré-établies du contexte de
son territoire d'implantation, Honfleur, et de sa forme artistique, la
photographie, dans une démarche d'échange et d'interaction au
local nécessaire à la bonne intégration de
l'événement. Pourtant, il se trouve rapidement confronté
à l'évolution du contexte festivalier en France, évolution
qui se traduit singulièrement à l'échelle de son
territoire, et tente de s'en adapter. Ainsi, l'interaction établie
évolue, et la concurrence, jusque là absente, semble se
développer. Par conséquent, Claude Geiss s'efforce de
redéfinir le positionnement de son festival face aux possibles
tentatives d'instrumentalisation qui lui sont portées, à la fois
par les collectivités territoriales, et plus particulièrement
à l'échelle locale, et face à l'augmentation
d'événements concurrents au concepts plus « légers
». Une situation qui porte alors atteinte à la solidité des
différents soutiens jusqu'alors apportés au festival Chroniques
Nomades, mettant en péril l'avenir financier de
l'événement et sa relation entretenue avec les acteurs locaux. En
ce sens, Claude Geiss s'applique à conserver, grâce à la
réalisation d'actions menées au sein même et en
parallèle de l'événement, la ligne directive et les
valeurs qui ont fait la réussite du festival depuis dix ans. Une
démarche qui tente, sans entrer dans la facilité, de lutter
contre une mise à l'écart de l'événement et
renforcer sa singularité.
L'étude de cas du festival Chroniques Nomades
traduit à sa manière l'évolution de la notion de festival
en France et souligne les éléments de distinction
nécessaires à une démarche légitime de
pérennisation de l'événement.
Conclusion
L'année 2006 est L'occasion de démontrer
L'effervescence cuLtureLLe de La France, notamment en matière de
festivaLs, qui se tiennent en quantité importante sur L'ensembLe de son
territoire. L'estimation de Leur nombre, fixé à deux miLLe en mai
2005 par Renaud Donnedieu de Vabres558, traduit un
déveLoppement considérabLe, quant à Leur diversité
et à Leur impLantation géographique. IL démontre
égaLement un engouement de La forme festivaLière pour un grand
nombre d'individus ou de coLLectivités, attirés à La fois
par son aspect événementieL et cuLtureL. Cependant, cette
augmentation exponentieLLe du nombre de festivaLs en France depuis Les
années quatrevingt, souLigne de possibLes dérives, dans
L'utiLisation de L'outiL festivaL, tant par ses créateurs que ses
partenaires pubLics. Dérives qui traduisent paradoxaLement L'apport
coLossaL que ces événements ont su générés
en termes de retombées sur Le déveLoppement LocaL.
ParaLLèLement, en se muLtipLiant, Les festivaLs augmentent
considérabLement L'offre cuLtureLLe des territoires et participent
activement à La diffusion de L'ensembLe des formes artistiques, dans une
démarche de démocratisation cuLtureLLe. Un éLément
qui profite non seuLement à un pubLic en constante augmentation,
séduit par cette formuLe généraLement associée
à La saison estivaLe, aux artistes qui y trouvent une muLtipLication de
Leurs moyens de diffusion, et enfin aux communes d'accueiL, qui profite
Légitimement d'une notoriété favorisée par
L'impLantation de L'événement.
Comment quaLifier Les manifestations qui portent Le titre de
festivaL mais dont Le contenu n'est en rien artistique ou cuLtureL ? Le
débat sur L'utiLisation abusive et détournée du terme de
festivaL prend-t-iL ici Légitimement sa pLace ? IL sembLe qu'iL Le soit
pour un certain nombre de professionneLs du miLieu, qui attachent des vaLeurs
particuLières au champ cuLtureL, mais dans La majorité des cas,
Les différentes questions souLevées ici sembLent interpeLLer
L'auditoire et méritent certainement d'être
déveLoppées et justifiées pour susciter
L'intérêt. ELLes sembLent atteindre pLus directement Les
différents
558 DONNEDIEU de VABRES (Renaud), in discours prononcé au
88e Congrès de L'Association des Maires de France, Le 23 novembre 2005,
page 1.
acteurs du miLieu festivaLier et non son pubLic. En effet, vu de
L'extérieur, iL n'y a rien de négatif à voir se muLtipLier
Le nombre de festivaLs en France.
Ce qui sembLe ici évident est L'évoLution
conséquente des festivaLs vers une situation de précarité,
face à des subventions pubLiques qui stagnent, des partenaires
privés de pLus en pLus difficiLe à séduire et Le
mécénat qui prend difficiLement d'initiatives en faveur
d'événements mineurs. Un contexte qui, si iL continue à
prendre cette voie, peut Limiter dans Le temps Le bon dérouLement et La
création d'événements qui n'ont pas une gestion
conséquente. En ce sens, iL est possibLe que L'évoLution du
contexte budgétaire des festivaLs entraîne, pour Les années
à venir, un essouffLement des structures fragiLisées, dont La
Ligne directive et de conduite ne parviennent pas à motiver
L'intérêt de ses partenaires et du pubLic. En effet, L'engouement
généré par Les porteurs de projet quant à La
création d'un festivaL tient notamment dans La soupLesse de La forme
juridique qu'iL adopte en généraL, L'association. Pourtant, dans
La réaLité, Les choses ne prennent pas une forme aussi simpLe et
automatique. L'effet de mode et L'engouement qui « fLottent » autour
du terme festivaL peuvent-iL ne durer qu'un temps ? Nous sommes peut-être
dans une phase de transition qui peut prendre un nouveau virage face à
L'augmentation de La concurrence et L'essouffLement des pouvoirs pubLics. Un
tri « natureL » à travers Le temps, effectué à
L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs en France vers une situation pLus
équiLibrée entre L'offre et La demande.
Ce dernier éLément souLigne aLors
L'étendue de L'impLication personneLLe requise quant à La gestion
d'un festivaL. En effet, comme Le festivaL Chroniques Nomades, qui,
même après une durée de dix ans, voit sa situation se
fragiLiser, iL est important de garder un état d'esprit de
persévérance face à un contexte où rien n'est
définitivement acquis. C'est peut-être en ce sens une notion de
« passion » qui pousse La pLupart des festivaLs à
défendre Leurs propres vaLeurs face à cette évoLution
incertaine du devenir du contexte festivaLier en France. En ce sens, comme Le
souLigne Bernard Faivre d'Arcier, « pour se défendre, les
directeurs de festivals doivent peut-être trouver de
nouvelles pistes de raisonnement ou de fonctionnement,
pour s'adapter, tout en gardant leurs valeurs au système de consommation
actuelle >559. Le réseau sembLe proposer une «
marche de manoeuvre > efficace, dans une démarche de
différenciation, tout en restant adapté au contexte actueL. En
effet, iL ne s'agit pas ici de Le rejeter mais de s'en adapter.
La probLématique proposée à travers ce
mémoire, et La manière dont eLLe est traitée, ne sembLe
donc offrir une réponse unique, au contraire, eLLe ouvre Le débat
vers une diversité de réfLexions. L'évoLution du miLieu
festivaLier peut être anaLysée en paraLLèLe du contexte
cuLtureL à L'écheLLe de La France ou de notre
société dans sa totaLité. On peut souLigner aLors La
question de La surconsommation cuLtureLLe ou La cuLture consommée comme
un service, une cuLture du « zapping >. En ce sens, « si le
festival est touché au plus profond de son âme par cette
élan de la société, il suffit peut-être de se dire
que nous sommes à l'époque d'une transition
>560. Le festivaL s'inscrit et évoLue dans une
société qui sembLe mettre L'accent sur La consommation et L'effet
médiatique. CeLa peut se Lire précisément à
L'écheLLe des événements photographiques où
L'arrivée du numérique perturbe Le contexte et Les réseaux
pré-étabLis : « Il y a une différence à
faire entre photographie et images. Une photographie relève d'un choix,
d'une volonté particulière. D'une décision. L'image se
fabrique de manière spontanée. La photographie reste une trace du
réel. Dans l'image on a perdu les origines. >561. On
peut peut-être rapprocher ces vaLeurs de spontanéité et de
perte d'origines à L'évoLution que sembLe prendre L'ensembLe du
champ cuLtureL français. Un éLément souLigné dans
Les concLusions de Bernard Faivre d'Arcier pour Le coLLoque Culture,
Médias, Evénementiel, un bon ménage à trois ? ,
en mars 2006 : « L'événementiel est-il devenu le
mode privilégié de l'expression artistique, de la transmission
culturelle? Aujourd'hui, on ne sait pas comment nos démocraties vont
s'adapter au bouleversement lié à internet, ou l'industrie
culturelle... La société se pose de nombreuses questions,
liées
559 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « CuLture, Médias,
EvénementieL, un bon ménage à trois ? >,
Op.cit.
560 Idem
561 Interview de Jean-Luc Monterosso, commissaire
généraL du Mois de la Photographie, in Le
Figaroscope spécial le Mois de la Photo, mercredi 25 octobre 2006,
page 1.
notamment à la conservation de notre patrimoine
culturel, comme les bibliothèques ? Ainsi, on quitte la position
humaniste et citoyenne pour quelque chose d'un peu plus flou encore, nous
sommes dans cette transition... Peut-être faut-il créer des
circuits de diffusion différents, autre que le domicile, le
cinéma, une salle de concert ou encore le piratage ? »562
Les pistes de réflexions soulignées, quant
à l'évolution de la notion de festival, semblent intervenir
à un moment « charnière » et transitoire. Moment auquel
la culture semble s'adapter, plus rapidement que ses différents
acteurs.
562 FAIVRE d'ARCIER (Bernard), « Culture, Médias,
Evénementiel, un bon ménage à trois ? »,
Op.cit.
SYNTHESE
En 1982 et 1983, faisant suite aux Lois sur La
décentraLisation cuLtureLLe de L'Etat vers Les coLLectivités
territoriaLes563, La cuLture se positionne progressivement au coeur
des stratégies d'aménagement territoriaLe en France.
NatureLLement, Les festivaLs sont devenus Les acteurs principaux de cette
voLonté de démocratie de proximité, d'où Leur
importance dans Le paysage cuLtureL français, et pLus
particuLièrement Lors de La saison estivaLe. Cette formuLe sembLe
rencontrer un réeL succès auprès des coLLectivités
qui affichent Leur désir de se faire connaître et d'attirer Le
pubLic par Le biais d'événements cuLtureLs.
En 2005, L'estimation du nombre de festivaLs serait de deux
miLLe564. Un chiffre en constante augmentation qui traduit Les
difficuLtés rencontrées quant à sa mesure et à son
évaLuation.
Bien que Les régions à fort taux touristique
comme La région Provence ALpes Côtes d'Azur et La Bretagne,
sembLent être prédestinées à accueiLLir Le pLus
grands nombre de festivaLs (iL s'en tient environ trois cents de juin à
septembre565), cette évoLution profite cependant à
L'ensembLe du territoire français, et ceLa sur une période
éLargie à L'année. IL est aLors intéressant
d'étudier de pLus prêt ce phénomène « festivaL
» et d'en comprendre Les raisons qui ont favorisé son
succès.
Depuis Les Chorégies, premier festivaL
français crée à Orange en 1869566, certains
événements de renom, comme Le Festival d'Avignon ou Le
Festival de Cannes, on su, depuis une soixantaine d'années,
entretenir La renommée de La France en matière de richesse
cuLtureLLe, et au-deLà même de ses frontières. Un
engouement qui n'a cessé de croître et révéLé
Les intérêts commun des
563 KARSENTI, « Le droit de La cuLture », cours EAC
2006-2007, information notée par L'étudiant.
564 DONNEDIEU de VABRES (Renaud), in discours prononcé au
88e Congrès de L'Association des Maires de France, Le 24 novembre 2005,
page 1.
565 Direction du Tourisme, « Chiffres CLés du
tourisme, édition 2006 », La documentation Française, page
5.
566 Site internet des Chorégies d'Orange,
http://www.choregies.asso.fr/fr/histoire.htmL,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
coLLectivités territoriaLes et des directions de
festivaLs quant à sa réussite. En effet, pour comprendre Le
succès de La formuLe festivaLière en France, iL sembLe, dans un
premier temps nécessaire, de revenir sur son interaction
inhérente au contexte LocaL.
Son impact intervient sur L'ensembLe des phases que constitue
La mise en oeuvre d'un festivaL, des éLéments
pré-étabLis qui déterminent indirectement son
positionnement à venir. Une infLuence portée sur La mise en
oeuvre du projet, Le choix de La date, du Lieu, pour La recherche de
financements pubLics ou privés et enfin, quant à La
stratégie de communication adoptée. Ces différents
éLéments interfèrent directement dans La construction de
tout projet cuLtureL.
De même, pour comprendre L'importance de cette
interaction, iL est nécessaire de prendre en considération
L'impact que ces événements génèrent sur Le
contexte LocaL : Les retombées matérieLLes directes, en terme de
tourisme et d'économie, ou indirectes quant au renforcement du Lien
sociaL ou La création d'empLois. ELLes sont compLétées par
des retombées immatérieLLes directes, en terme d'image et de
notoriété ou enfin indirectes quant au renforcement de La
démocratisation et animations cuLtureLLes. Enfin, La diffusion et
promotion artistique. L'énumération de ces conséquences
traduit Le succès natureL d'une teLLe formuLe et souLigne paradoxaLement
une possibLe instrumentaLisation de cet « outiL » cuLtureL et
artistique. Une interaction qui n'est pas automatique peut entraîner une
dérive dans L'empLoi du concept festivaLier, à L'écheLLe
des coLLectivités territoriaLes ou des directions de festivaLs.
Le festivaL apparaît comme un « outiL »
cuLtureL efficace pour Les coLLectivités pour se différencier
d'une concurrence de pLus en pLus accrue entre territoires. La
Légitimité acquise progressivement, due aux mesures de
décentraLisation adoptée par L'Etat dans Les années
quatre-vingt, motive Les coLLectivités territoriaLes à
préciser Leurs critères d'attribution de soutien aux
différents festivaLs qui peuvent s'y tenir. IL sembLe aLors que Les
retombées économiques, médiatiques, poLitiques,
renforcées par L'aspect événementieL du festivaL
dépasse La simpLe considération cuLtureLLe et artistique de
L'événement. Le rôLe qui Lui est attribué traduit
dans un premier temps
L'équiLibre compLexe entre cuLture et économie.
ELément souLigné par La création de festivaLs
orienté en faveur du déveLoppement LocaL, à L'initiative
des coLLectivités territoriaLes, pour une recherche de communication,
d'animation LocaLe, ou encore à des fins institutionneLs. Dans un
deuxième temps, cette évoLution révèLe
L'équiLibre compLexe entre cuLture et poLitique. Situation mise en
abîme par L'interaction entre La municipaLité et La direction du
festivaL. Une reLation qui peut être équiLibrée, de
suspicion pour La municipaLité, ou inversement pour Le festivaL. Un
certain nombre d'exempLes traduit cette divergence de positionnement entre
éLus Locaux et direction du festivaL, divergence qui peut provoquer une
rupture.
Ainsi, Le succès croissant de La formuLe
festivaLière depuis Les années quatrevingt entraîne un
déséquiLibre dans La Légitimité d'utiLisation du
concept. ParadoxaLement, Le succès et La notoriété du
terme entraînent une muLtipLication du nombre de festivaLs en France et
une concurrence de pLus en pLus viruLente entre des événements
qui se diversifient. Cet engouement des coLLectivités territoriaLes pour
L'événement festivaLier motive certaines directions de festivaLs
ou porteurs de projet à en instrumentaLiser Le concept, entraînant
une négLigence du contenu au profit de La forme. On voit ainsi se
créer des événements de divertissement, pâLe refLet
de festivaLs renommés. Cette possibLe dérive du terme «
festivaL » est souLignée par un grand nombre de professionneLs du
miLieu qui cherchent aLors à se différencier. En ce sens,
différents conseiLs peuvent être apportés afin de
priviLégier Les vaLeurs cuLtureLLes et artistiques. VaLeurs
sous-entendues par La notion de festivaL et qui en ont fait sa renommée.
Ces conseiLs souLignent La nécessité d'une originaLité du
concept, L'importance du directeur artistique, de La reLation au pubLic ou
encore d'une inscription efficace du festivaL sur son Lieu d'impLantation.
Enfin, iL est important de souLigner que L'augmentation
exponentieLLe du nombre de festivaLs en France et Leur diversification profite
activement à une augmentation de L'offre cuLtureLLe, dans une
démarche de démocratisation. Une incidence positive pour un
pubLic de pLus en pLus important. C'est de même pour Les artistes qui
voient se diversifier Leurs possibiLités de promotion.
Cet état des Lieux des festivaLs en France
étabLit un constat quant à L'évoLution de ce
phénomène depuis Les années quatre-vingt. Un concept qui
évoLue entre instrumentaLisation et banaLisation du terme ou
déveLoppement Légitime et natureLLe.
Dans un deuxième temps, iL sembLe intéressant
d'appLiquer ces différentes réfLexions à un exempLe
précis : Le festivaL Chroniques Nomades. Cet
événement s'inscrit directement en interaction avec
L'évoLution du contexte cuLtureL français. C'est un choix
personneL orienté par mes différentes expériences
professionneLLes au sein du Festival OFF des Chroniques Nomades, pour
sa forme artistique, La photographie, et son Lieu d'impLantation, HonfLeur.
Le festivaL Chroniques Nomades, à
L'écheLLe de son territoire (La région Basse-Normandie, Le
département du CaLvados et La commune de HonfLeur), inscrit son histoire
et identité dans une recherche d'interaction au contexte LocaL. Depuis
dix ans, son évoLution traduit une fragiLité financière et
L'augmentation de La concurrence entre événements
photographiques. ParadoxaLement, cette étude souLigne La divergence et
La faibLesse de son adéquation au contexte LocaL, mise en abîme
par La reLation entre La direction du festivaL et Les éLus Locaux.
Depuis sa création en 1997, Les différents
éLéments d'action menés par Le festivaL Chroniques
Nomades révèLent L'importance d'une recherche de
pérennisation afin de renforcer La Légitimité et
d'insérer cet événement sur son Lieu d'accueiL. C'est un
déveLoppement qui intègre La création
d'événements dynamiques en paraLLèLe du festivaL et Le
déveLoppement du concept de coproduction. Enfin, La création du
FestivaL Off des Chroniques Nomades en 2001, est un outiL efficace de
démocratisation pour Le pubLic et d'accompagnement pour Les artistes.
Une différenciation nécessaire de
L'événement face à L'instrumentaLisation possibLe du
concept festivaLier.
Cette étude, proposant son positionnement particuLier,
tente de traiter
successivement Les différentes pistes de
réfLexions mises à jour par La
probLématique. Une
spécificité compLétée par des préconisations
apportées à
L'écheLLe des festivaLs en France et du festivaL
Chroniques Nomades, outiLs de différenciation, de
Légitimation et de pérennisation du festivaL.
Depuis Les années quatre-vingt, L'augmentation du
nombre de festivaLs en France entraîne des conséquences
opposées et diverses sur La notion même de
L'événement festivaLier. Cette duaLité ne fait que
renforcer L'inquiétude quant à La perception du festivaL par ses
différents acteurs et Le pubLic.
LEXIQUE
ADMICAL
Depuis sa création en 1979, AdmicaL a pour objet de
promouvoir Le mécénat d'entreprise en France dans Les domaines de
La cuLture, de La soLidarité, de L'environnement et du
sport567.
DECENTRALISATION CULTURELLE
La décentraLisation cuLtureLLe s'est
opérée en deux temps par L'adoption des Lois
éLaborées par Le gouvernement : ce sont Les Lois Defferre en
1982-1983, puis La réforme constitutionneLLe en 2003.
Ces Lois marquent La voLonté poLitique d'opérer
un transfert de compétences et de financements de L'Etat vers Les
coLLectivités territoriaLes avec comme objectifs une meiLLeure
efficacité de L'action pubLique et Le déveLoppement d'une
démocratie de proximité568.
DECONCENTRATION CULTURELLE
La déconcentration cuLtureLLe, mise en pLace par L'Etat
depuis Les années quatre-vingt, engendre La création de reLais de
L'Etat (Les préfectures) sur L'ensembLe du territoire français.
Le préfet est aLors L'incarnation de La déconcentration
administrative sous pouvoir hiérarchique.
Ainsi, sous L'autorité du ministre chargé de La
cuLture, responsabLe de La gLobaLité de La poLitique cuLtureLLe de
L'Etat, Les services déconcentrés sont chargés de La mise
en oeuvre des actions, dans Le cadre de directives annueLLes569.
567 Site de L'AdmicaL,
http://www.admicaL.org/defauLt.asp?contentid=2,
consuLtation Le 13 novembre 2006.
568 KARSENTI, « Le droit de La cuLture », cours EAC
2006-2007, information notée par L'étudiant.
569 Idem
EXCEPTION CULTURELLE
L'exception cuLtureLLe est un concept de droit internationaL. Cet
ensembLe de dispositions vise à faire de La cuLture une exception dans
Les traités internationaux, notamment auprès de L'Organisation
MondiaLe du Commerce (OMC). Ces dispositions ont pour but de spécifier
que ce n'est pas Le marché qui doit réguLer La cuLture, mais que
ce sont pLutôt Les États qui sont souverains et fondés
à soutenir et promouvoir Leurs propres artistes, véhicuLes et
porte-paroLe de Leur cuLture570.
FEDER
Le FEDER vise à promouvoir La cohésion
économique et sociaLe par La correction des principaux
déséquiLibres régionaux et La participation au
déveLoppement et à La reconversion des régions, tout en
garantissant une synergie avec Les interventions des autres Fonds
structureLs571.
FRANCE FESTIVALS
Fédération Française des FestivaLs
Internationaux de Musique.
Créée en 1959, France FestivaLs regroupe
aujourd'hui quatre-vingt-quatre festivaLs. ELLe a pour objet de
représenter et de défendre ses adhérents auprès des
instances officieLLes et de promouvoir Les manifestations artistiques qu'iLs
organisent572.
MECENAT
Le mécénat d'entreprise est Le soutien consenti
par une initiative privée en faveur d'une activité
présentant un intérêt généraL sans
contrepartie directe de La part du bénéficiaire. L'administration
fiscaLe admet L'existence de contreparties matérieLLes s'iL existe une
disproportion marquée entre Les
570 EncycLopédie Wikipedia,
http://fr.wikipedia.org/wiki/Exception_cuLtureLLe,
consuLtation Le 12 novembre 2006.
571 Le portaiL de L'Union Européenne,
http://europa.eu/scadpLus/Leg/fr/Lvb/L60015.htm,
consuLtation Le 17 octobre 2006.
572 Site de La fédération France
Festivals,
http://www.francefestivaLs.com/federation.htm,
consuLtation Le 17 octobre 2006.
sommes données et La vaLorisation de La prestation
rendue (< 25%). L'association du nom de L'entreprise versante aux
opérations réaLisées par L'organisme reLève du
mécénat, si eLLe se Limite à La simpLe mention du nom du
donateur, queLs que soient Le support et La forme, à L'exception de tout
message pubLicitaire. Depuis La Loi du 1er août 2003 reLative
au mécénat573, aux associations et aux fondations, Les
dons effectués par Les entreprises ouvrent droit à une
réduction d'impôt égaLe à 60% du montant (dans La
Limite de 0.5% du CA HT de L'entreprise), Lorsqu'iLs sont
réaLisés au profit d'organismes d'intérêt
généraL574.
MISSION MECENAT
Loi présentée Le 1er août 2003
par Jean-Jacques AiLLagon et votée au parLement. Dès Lors, chaque
citoyen peut obtenir jusqu'à 60% de réduction d'impôts sur
Le revenu. De La même manière, Les entreprises ont cette
possibiLité de réduire Le même pourcentage au titre de
L'impôt sur Les sociétés.575
ODIA NORMANDIE
Organisme professionneL au service des professionneLs du
spectacLe vivant qui déveLoppent Leurs activités sur Le
territoire de La Haute et BasseNormandie576.
ONDA
Organisme qui a pour mission de favoriser La diffusion en France
de spectacLes s'inscrivant résoLument dans Le mouvement de La
création contemporaine577.
RECENTRAGE DE L'ETAT
L'état recentre ses interventions sur un nombre
restreint d'événements
cuLtureLs qui défendent des
objectifs pLus cibLés comme L'exceLLence
573 Voir Lexique « Mission Mécénat »,
page 169.
574 SAUVANET (NathaLie), « Mécénat »,
Op.cit.
575 DIJAN (Jean-MicheL), Op.cit., page 59.
576 Site de L'ODIA,
http://www.odianormandie.com/,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
577 Site de L'ONDA,
http://www.onda-internationaL.com/onda.php,
consuLtation Le 15 novembre 2006.
artistique ou Le déveLoppement de genres pLus
difficiLes (musiques contemporaine, ancienne ou baroque), au nom d'un objectif
de rayonnement internationaL578.
SPONSORING
Vecteur de communication qui consiste pour une entreprise
(parrain, sponsor) à contribuer financièrement,
matérieLLement et/ou techniquement (Logistique) à une action
sociaLe, cuLtureLLe ou sportive, à L'entraînement d'un sportif...,
dans L'optique commerciaLe d'accroître sa notoriété et
éventueLLement d'améLiorer son image. IL s'accompagne souvent,
mais pas nécessairement, d'une opération de communication
pubLicitaire paraLLèLe, visant à faire connaître cet
engagement à L'ensembLe de La cibLe des produits de L'entreprise. IL ne
doit pas être confondu avec Le mécénat579.
578 AHMADI (Catherine), « L'argent des festivaLs... »,
Op.cit., page 26.
579 Site des professionneLs du marketing,
http://www.emarketing.fr/GLossaire/ConsuLtGLossaire.asp?ID_GLossaire=6367,
consuLtation Le 17 octobre 2006.
INDEX ANALYTIQUE
A
ADEQUATION, 92, 103, 118, 121, 135, 136, 138,
162,
173
C
COMMUNICATION, 8, 21, 23, 25, 32, 34, 35, 42,
46,
52, 62, 67, 81, 87, 90, 109, 135, 137, 142, 150,
159, 161, 171, 172, 178
CONTENU, 39, 46, 80, 86, 90, 92, 99, 111,
118, 157,
160, 164, 166, 172
D
DEFINITION, 1, 4, 22, 77, 79, 97, 99, 148, 158
DEMOCRATISATION, 3, 9, 53, 64, 97, 99, 148, 151, 166, 171,
173, 174
E
ECHANGE, 7, 9, 10, 34, 57, 58, 61, 103, 165
I
IDENTITE, 5, 14, 45, 59, 69, 70, 90, 92, 116,
117,
125, 145, 160, 161, 163, 164, 173
IMAGE, 25, 43, 44, 50, 73, 112, 113, 118, 123,
126,
127, 128, 133, 142, 143, 144, 146, 149, 150, 161
IMPLICATION, 46, 49, 50, 122, 150, 167
INSTRUMENTALISATION, 6, 7, 57, 61, 65, 67, 71, 74,
77, 80, 82, 97, 101, 102, 128, 140, 165, 171, 173,
174
INTERACTION, 6, 9, 58, 64, 71, 74, 75, 98, 102,
103, 165, 171, 172, 173
L
LEGITIMITE, 64, 88, 102, 141, 157, 171, 172,
174
LOCAL, 3, 4, 6, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 22, 36,
39, 42,
43, 44, 50, 52, 53, 56, 57, 58, 61, 63, 64, 65, 70,
77, 84, 86, 90, 94, 95, 98, 102, 103, 122, 137,
140, 143, 159, 160, 161, 163, 165, 166, 171, 172, 173
M
MUNICIPALITE, 60, 66, 71, 72, 73, 74, 75, 76,
110, 172
N
NOTION, 6, 7, 9, 16, 20, 32, 72, 77, 82, 84,
86, 87, 88, 97, 128, 138, 140, 141, 147, 152, 165, 167, 169, 172, 174
NOTORIETE, 4, 36, 50, 51, 52, 61, 62, 89, 90,
96,
162, 163, 166, 171, 172, 178
O
ORIENTATION, 11, 65, 66, 158
ORIGINALITE, 70, 81, 83, 86, 90, 142, 173
OUTIL, 2, 30, 58, 61, 64, 67, 148, 151, 158,
166, 171, 174
P
PARTICIPATION, 22, 25, 49, 55, 60, 62, 84,
133, 144,
151, 176
PATRIMOINE, 11, 25, 39, 66, 104, 129, 139, 161,
162, 169
PERENNISATION, 36, 67, 79, 88, 91, 94, 95,
137, 138,
141, 143, 147, 155, 158, 160, 165, 174
PHOTOGRAPHIE, 1, 13, 94, 112, 113, 116, 126, 129,
134, 143, 144, 146, 147, 148, 161, 168
POPULAIRE, 3, 63, 67, 110, 119, 152
PROFESSIONNEL, 82, 97, 121, 178
PUBLIC, 11, 13, 16, 19, 29, 32, 39, 44, 45, 52,
53, 55,
56, 58, 59, 64, 65, 68, 70, 71, 74, 78, 80, 85, 87,
88, 90, 91, 92, 93, 95, 96, 99, 111, 112, 120, 122,
123, 128, 136, 139, 140, 141, 143, 146, 148, 151,
152, 154, 156, 158, 159, 160, 161, 164, 166, 167, 170, 173,
174
Q
QUALITE, 20, 21, 54, 55, 64, 68, 70, 71, 77,
83, 84, 87, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 95, 96, 109, 114, 117, 127, 147, 150,
152
R
RENOM, 21, 40, 49, 109, 113, 114, 170
RETOMBEE, 65, 66
ROLE, 16, 19, 38, 44, 48, 57, 60, 61, 72, 78,
92, 94,
99, 110, 111, 117, 121, 124, 156, 159, 160, 172
S
SOUTIEN, 6, 16, 19, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 28,
33,
34, 56, 62, 66, 73, 79, 86, 89, 94, 106, 107, 110,
121, 124, 127, 131, 132, 133, 134, 136, 138, 145,
147, 156, 159, 164, 172, 177
SUCCES, 6, 9, 18, 45, 54, 58, 59, 64, 65, 68,
70, 77,
78, 87, 90, 92, 94, 141, 170, 171, 172
T
TERRITOIRE, 1, 2, 4, 6, 11, 13, 14, 15, 21, 23,
24,
26, 28, 36, 41, 52, 58, 59, 61, 63, 66, 78, 90, 92,
94, 95, 96, 98, 103, 104, 106, 112, 115, 116, 118,
122, 123, 137, 139, 142, 158, 164, 165, 170, 173, 176, 178
TOURISME, 4, 5, 9, 36, 37, 38, 39, 40, 59, 83,
99,
104, 106, 109, 119, 132, 158, 162, 170, 171
V
valeur, 2, 33, 44, 61, 65, 68, 74, 78, 81, 85,
96, 104, 112, 123, 158
INDEX DES NOMS (PROPRES) CITES
A
AHAMADI (Catherine), 20, 157 AILLAGON
(Jean-Jacques), 156, 177 ALDUY (Jean-Paul), 25, 43,
73 ALQUIER (Pascal), 75
ANGER (Magali), 105
B
BASSE-NORMANDIE, 99, 101, 103, 104, 105, 106,
108,
114, 115, 121, 122, 124, 127, 129, 130, 173, 178 BASTERRA
(Christophe), 93
BENITO (Luc), 2, 6, 17, 33, 75, 81, 85, 95, 158
BERTRAND , 23, 36, 46, 56, 75, 82, 94, 125 BOOGAARTS
(Inès), 63
BORIS (Jean-Miche), 16, 22, 26
BOUCHARD (Diane), 4 BOUDIN
(Eugène), 110 BOURGEOIS, 27, 28 BOYER,
(Dominique),76 BROWN (Patrick), 147
HELLIO (Bertrand), 23, 36, 46, 56, 75, 82, 94
HONFLEUR, 6, 99, 101, 108, 109, 110, 111,
112, 115, 116, 118, 119, 120, 121, 123, 124, 125, 130, 136, 137, 139, 145, 147,
151, 160, 161, 162, 163, 164, 173
J
JAURES (Jean), 76 JONDKING,
110
L
LACHEVRE (Bernard), 110
LAMARRE (Michel), 109, 136
LANG (Jack), 16, 17
LATARJET (Bernard), 40, 41, 156 LELIEVRE
(Jean), 144
LEROY (Jean-François), 25, 73, 143
M
C
CALVADOS, 101, 106, 107, 108, 114, 115, 130,
131, 163, 173
CANNES, 50, 69, 82, 170
CARDON (Christian), 138, 139
CHABAN DELMAS (Jacques), 63
CHAMPAGNE (Patrick), 64
CHOUCHAN (Lionel), 79
COLIN (Yves), 90
COURTY (Fanny), 25, 43, 150, 162
D
DARNAUD (Robert), 83
DAVID (Françoise), 110, 139
DECHARTRE (Philippe), 3, 4, 99
DONNEDIEU de VABRES (Renaud), 4, 157, 166
DOUGADOS (Geneviève), 76
DURON (Philippe), 105
E
ETAT, 16, 20, 21, 22, 23, 25, 37, 39, 59, 60,
65, 66, 88, 105, 106, 131, 135, 156, 157, 158, 170, 171, 175, 176
F
FAIVRE d'ARCIER (Bernard), 6, 13, 41, 43, 65,
69,
77, 79, 80, 82, 83, 86, 87, 88, 97, 167, 168 FARCHY
(Joëlle), 51
FLEURY (Jean-Christian), 122
FOURREAU (Eric), 138
G
GEISS (Claude), 116, 117, 118, 119, 121, 122,
123, 124, 125, 126, 129, 130, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 141, 143, 145,
147, 151, 154, 165
H
HALIMI (Maurice), 25
HALLYDAY (Johnny), 70 HEBEL
(François), 112, 143
MALRAUX (André), 16, 29 MALVY
(Martin), 50, 96 MARIE (Samuel), 122 MAURET
(Nathalie), 96 MERCIER (Sophie), 4 MITTERAND
(François), 17
MONTANDON (Catherine), 110, 120
MOUCHEL (Didier), 128
N
NEGRIER (Emmanuel), 15
O
ORDANO (d') (Anne), 106
P
PERON (Guy), 127
PERRINE (Bernard), 111, 128 PHILIPPOT
(Catherine), 122 PICHARD (Jean-Pierre), 59
R
RAS (Yves), 131
RONEY (Franck), 122
ROUFFIGNAC (de) (Isabeau),
122
ROUSSEAU (Françoise), 119, 125
S
SAUZAY (Benjamin), 28
T
THIBAUT (Anne-Marie), 91
TIPHAIGNE (Jean-Pierre), 107
TOUSSAINT (Philippe), 18, 23, 26, 30, 31, 81,
86, 90, 97, 135
V
VALLOTTON (Felix), 110 VILAR
(Jean), 2, 6, 14, 56 VONAU (Jean-Laurent), 24
GLOSSAIRE DES SIGLES
ADAMI
Société civiLes pour L'administration des droits
des artistes et musiciens interprètes. ADMICAL
Association pour Le déveLoppement du mécénat
industrieL et commerciaL.
ADDM
Association DépartementaLe Musique et Danse.
AFAA
Association Française d'Action Artistique.
AFEST
Association Française des Experts et Scientifiques du
Tourisme.
AFIJMA
Association des FestivaLs Innovants en Jazz et Musiques
ActueLLes.
AGFA
Association de Gestion du FestivaL d'Avignon.
CMN
Centre des Monuments Nationaux.
CNRS
Centre NationaL de Recherche Scientifique.
CRCO
Centre RégionaL de Photographie de Cherbourg-OcteviLLe.
DMD
Direction de La Musique et de La Danse.
DMDTS
Direction de La Musique, de La Danse, du Théâtre et
des SpectacLes.
DNO
Directive NationaLe d'Orientation.
DRAC
Direction RégionaLe des Affaires CuLtureLLes.
EDF
ELectricité De France.
FCM
Fondation pour La Création MusicaLe.
FEDER
Fonds Européen de DéveLoppement RégionaL.
IRMA
Centre d'Information et de Ressources pour Les Musiques
ActueLLes.
ODACC
Office d'Action CuLtureLLe du CaLvados.
ODIA Normandie
Office de Diffusion et d'Information Artistique de Normandie.
ONDA
Office NationaL de Diffusion Artistique.
SACD
Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques.
SACEM
Société des Auteurs Compositeurs Editeurs de
Musique.
SNCF
Société NationaLe des Chemins de Fer.
SPEDIDAM
Société de perception et de distribution des droits
des interprètes de musique et de danse.
BIOGRAPHIES
AHMADI Catherine
Sous-directrice pour La diffusion, La création et Les
Lieux à La Direction de La Musique, de La Danse, du Théâtre
et des SpectacLes, Ministère de La CuLture et de La Communication.
BENITO Luc
ConsuLtant et chercheur à L'Université
d'Aix-MarseiLLe 1.
Auteur de Les Festivals en France : marchés, enjeux et
alchimie, L'Harmattan, 2001.
BORIS Jean - Michel
IL a dirigé La mythique saLLe parisienne de L'OLympia
pendant près de quarante-sept ans en y occupant successivement Le poste
de directeur artistique et président du fond de soutien de La chanson,
variété et jazz.
CHOUCHAN Lionel
SpéciaListe de La communication
événementieLLe, LioneL Chouchan a créé Les agences
Promo 2000, (aujourd'hui disparue), et L'agence de reLations pubLiques
et de création d'événements Le Public
Système dont iL est Le Président Directeur
GénéraL.
ETHIS Emmanuel
SocioLogue des festivaLs et de Leurs pubLics, EmmanueL Ethis,
dont Le Laboratoire de recherche est instaLLé à Avignon, est un
observateur priviLégié des festivaLiers.
FAIVRE d'ARCIER Bernard
IL fut Le directeur de Festival d'Avignon de 1980
à 1984 et de nouveau de 1993 à 2003.
ConseiLLer cuLtureL du Premier ministre (1984-1985), iL
crée en 1986 La Sept, pôLe français de La chaîne
Arte.
En 1989, iL organise Les manifestations
céLébrant Le bi-centenaire de L'AssembLée nationaLe. IL
devient directeur du Théâtre et des SpectacLes de 1989 à
1992. De 1993 à 2003, iL est de nouveau directeur du Festival
d'Avignon, directeur (1993-98) du Centre nationaL du Théâtre
et commissaire pour La Saison hongroise 2001 en France.
GEISS Claude
Après une formation de graphiste (EDTA), iL travaiLLe pour
différentes agences et studios, puis devient indépendant.
IL commence à pratiquer La photographie en 1974, puis
entre à L'Agence Rapho et obtient Le 1er prix de Reportage de
La ViLLe de Paris en 1980.
Après une mission en YougosLavie iL est exposé
à La Maison de L'Europe (1er Mois de La Photo), puis au
Musée de La BateLLerie à ConfLans-Sainte-Honorine, à
Ramsgate (GB), à Nancy (Mois de La Photo), à La Fondation Cartier
... CoLLection pubLique : achat de tirages par La BibLiothèque
NationaLe.
IL entre au Centre NationaL de La Photographie (Ministère
de La CuLture) en 1981, comme responsabLe de La production
éditoriaLe.
En 1988, iL reprend Le statut d'indépendant pour
éditer des Livres et produire des expositions avec Les photographes
suivants : Jacques Henri Lartigue, Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson,
Robert Franck, JeanLoup Sieff, HeLmut Newton, Sebastiao SaLgado, WiLLy Ronis,
Robert KoudeLka, Nadar, Eugène Smith, Raymond Depardon, Marc Le
Mené, pour Les Rencontres InternationaLes de La Photographie d'ArLes, Le
Mois de La Photo à Paris, La ViLLa Médicis à Rome, Le
Musée de L'ELysée à Lausanne, Les Centres CuLtureLs
Français de Budapest, BarceLone, Madrid et Prague, Les ViLLes de
Bordeaux, St Etienne, Carcassonne, Narbonne, LiLLe, Rennes, Nancy, MarseiLLe et
Lyon.
Initiateur et Directeur Artistique du FestivaL de
Photographies Chroniques Nomades présenté pour La
1ère fois à HonfLeur au mois de mai 1997 : pLus de 100
expositions monographiques produites et présentées en dix ans et
cinq bourses Chroniques Nomades attribuées.
IL poursuit actueLLement son activité de photographe
à Paris.
TOUSSAINT Philippe
IL est Le fondateur du festivaL Septembre musical de
L'Orne en 1983. Depuis 1999, iL est Le président de La
fédération France Festivals.
En 2002, iL devient président du Centre
chorégraphique de Basse-Normandie et depuis 2004, de L'Ensemble
de Basse-Normandie.
VILAR Jean
Acteur et metteur en scène de théâtre
français, iL est Le fondateur du Festival d'Avignon (1947) et
directeur du Théâtre National Populaire (1951-1963). IL a
donné une vie nouveLLe aux oeuvres cLassiques et rendu accessibLes
à un très Large pubLic Les pièces d'auteurs
contemporains.
INDEX DES ILLUSTRATIONS
Illustration 1 p.111 bis
Les Greniers à sel de Honfleur, vue
extérieure depuis la Rue de la ville.
Site de l'Office du Tourisme de Honfleur,
www.othonfleur.fr/v2/images_v2/patrimoine_enclos_2.gif,
consultation le 16 novembre 2006.
Illustration 2 p.111 bis
Les Greniers à sel de Honfleur, vue intérieure
pendant le festival Chroniques Nomades.
Site de l'Office du Tourisme de Honfleur,
www.othonfleur.fr/v2/images_v2/patrimoine_enclos_2.gif,
consultation le 16 novembre 2006.
BIBLIOGRAPHIE
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Direction GénéraLe de L'INSEE
Basse-Normandie, « L'économie des Loisirs en
Basse-Normandie », Cent pour Cent Basse-Normandie, n°151, octobre,
2005, 8pages.
Direction GénéraLe de L'INSEE Basse-Normandie,
« Panorama démographique, économique et sociaL de La
Basse-Normandie », Cent pour Cent Basse-Normandie, n°149, juiLLet,
2005, 16 pages.
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Ministère de La CuLture et de La Communication, «
Pratiques cuLtureLLes des français », in « Mini Chiffre
cLé de La cuLture 2004 », Département des Etudes et de La
Prospective, 2005, 8 pages.
Documents administratifs
BuLLetin d'Informations MunicipaLes de HonfLeur, n°21,
octobre, 2006, 74 pages.
Compte-rendu du ConseiL d'Administration de La viLLe de
Cherbourg-OcteviLLe, 29, juin, 2006,
http://www.viLLe-
cherbourg.fr/fr/cherbourg_octeviLLe/comptes-rendus_conseiLs_m/conseiLs_de_2006/29juin_2006/fichiers/184-2006.pdf,
consuLtation Le 12 décembre 2006.
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- OUVRAGES SPECIALISES Ouvrages
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enjeux et alchimie, Paris, L'Harmattan, 2001, 207 pages.
BENITO (Luc), Les festivals : entre événement
et manifestation culturelle, Cahier Espace n°74, août, 2002, 24
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Articles
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ETHIS (EmmanueL), « Tous Les festivaLs n'en sont pas !
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Dossier de presse du Festival Off des Chroniques
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PLaquette informative du festivaL Les rencontres
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2006.
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2006.
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2006.
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2006.
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site internet des Rencontres Photographique d'été,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
www.printempsdeseptembre.com,
site internet du Printemps de Septembre, consuLtation Le 16 novembre
2006.
www.printemps-bourges.com,
site du Printemps de Bourges, consuLtation Le 13 novembre 2006.
www.qpn.asso.fr, site
internet de La Quinzaine Photographique Nantaise, consuLtation Le 16
novembre 2006.
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2006.
www.transphotographiques.com,
site des Transphotographiques, consuLtation Le 16 novembre 2006.
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2006.
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site de L'association Les Vitrines de Perpignan, consuLtation Le 16
décembre 2006.
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décembre 2006.
http://mai.photographies.free.fr,
site du festivaL Mai-Photographie,
consuLtation Le 16 novembre 2006.
http://offdeschroniques.canaLbLog.com,
site du Festival OFF des Chroniques Nomades, consuLtation Le 16
décembre 2006.
http://photosensibLes.canaLbLog.com,
site du festivaL Les Photosensibles, consuLtation Le 17 novembre
2006.
« Le festival, légitimation ou
instrumentalisation d'un concept ? »
ANNEXES
TABLE DES MATIERES DES ANNEXES
Annexe 1 p.193
Pratiques cuLtureLLes des français - 2002
Annexe 2 p.194
Répartition du budget moyen d'un festivaL - 2002
Annexe 3 p.195
Répartition GLobaLe des dépenses des festivaLs -
2002
Annexe 4 p.195
Compte rendu de La tabLe ronde : Culture, Médias,
Evénementiel, un bon ménage à trois ?
Annexe 5 p.199
Tous les festivals n'en sont pas !
Annexe 6 p.202
Au Nom de la Loire quitte la scène.
Annexe 7 p.204
EditoriaL du magasine Images, juiLLet-août
2005.
Annexe 8 p.205
RéaLisation d'un questionnaire destiné à
L'attention du pubLic du festivaL Chroniques Nomades.
Annexe 9 p.207
PLan d'accès HonfLeur.
Annexe 10 p.208
Affiches des éditions du festivaL chroniques Nomades de
1997 à 2006.
ENTRETIENS
Annexe 11 p.209
Chronique d'une adéquation fuyante.
Entretien avec CLaude Geiss, directeur artistique du festivaL
Chroniques Nomades.
Annexe 12 p.213
Bilan et perspectives du festival Chroniques Nomades.
Entretien avec CLaude Geiss, directeur artistique du festivaL
Chroniques Nomades.
Annexe 13 p.219
Les derniers rebondissements du festival Chroniques
Nomades.
Entretien avec CLaude Geiss, directeur artistique du festivaL
Chroniques Nomades.
Annexe 14 p.222
Contexte et évolution des subventions du Conseil
Général du Calvados allouées aux festivals.
Entretien avec Yves Ras, secrétaire des Affaires
cuLtureLLes du ConseiL GénéraL du CaLvados.
Annexe 15 p.224
Le festival Chroniques Nomades et l'avancée de la
saison touristique de Honfleur. Entretien avec Catherine Montandon,
directrice de L'Office du Tourisme de HonfLeur.
Annexe 16 p.225
Les festivals en Basse-Normandie.
Entretien avec MagaLi Anger, responsabLe du secteur de La musique
et du cinéma, ConseiL RégionaL de Basse-Normandie.
Annexe 1
Pratiques cuLtureLLes des français - 2002
Ministère de La CuLture et de La Communication, «
Pratiques cuLtureLLes des français », in « Mini Chiffre
cLé de La cuLture 2004 », Département des Etudes et de La
Prospective, 2005.
Sur 100 Personnes de 15 ans et pLus, au cours des douze
derniers mois :
96
|
Oui
|
Non
|
ont été :
|
|
|
au cinéma
|
52
|
48
|
voir un monument historique
|
46
|
54
|
voir un musée
|
29
|
71
|
voir une exposition d'art
|
28
|
72
|
à un concert
|
25
|
75
|
voir une exposition d'un autre genre
|
21
|
79
|
voir une pièce de théâtre
|
16
|
84
|
voir un spectacLe de danse
|
12
|
88
|
à un festival
|
10
|
90
|
au cirque
|
9
|
91
|
voir un spectacLe historique, un son et Lumière
|
9
|
91
|
voir un opéra, une opérette
|
4
|
|
Annexe 2
Répartition du budget moyen d'un festivaL - 2002
BENITO (Luc), Les festivals en France : marchés,
enjeux et alchimie, Paris, L'Harmattan, 2001, page 100.
Annexe 3
Répartition GLobaLe des dépenses des festivaLs -
2002
« La musique a-t-eLLe besoin des festivaLs ? »,
actes du coLLoque organisé par La fédération France
Festivals, abbaye de Royaumont, novembre, 2003,
http://www.francefestivaLs.com/,
consuLtation Le 14 juiLLet 2006, page 23.
Les chiffres présentés ci-dessus sont issus de
L'enquête réaLisée auprès des festivaLs
adhérents à La fédération France
Festivals.
Annexe 4
Compte rendu de La tabLe ronde : Culture, Médias,
Evénementiel, un bon ménage à trois ?
FAIVRE D'ARCIER (Bernard), BORIS (Jean-MicheL), GARCIA
(Pedro), « CuLture, Médias, EvénementieL, un bon
ménage à trois ? », tabLe ronde de La Business CLasse
CuLture ESC Dijon, Paris, 2, mars, 2006, 4 pages.
Business Classe Culture ESC Dijon Jeudi 2
mars
2006
"Culture, Médias, Evénementiel, un bon
ménage à trois ?"
L'action cuLtureLLe fut, et reste, Liée à
L'éducation, La formation, La pédagogie: du sérieux, du
Long terme, de La profondeur.
Mais, notre société médiatique sembLe
avoir Le goût du spectacuLaire, de L'immédiat, du festif.
L'événementieL est-iL devenu Le mode priviLégié de
L'expression artistique, de La transmission cuLtureLLe ?
La vie cuLtureLLe n'est-eLLe pLus que La succession de moments
médiatiques : «Journées du patrimoine», «Lire en
fête», «Nuits bLanches», «Fête du
cinéma», «Printemps des poètes» ?...
Le succès de La formuLe festivaLière va-t-iL
détruire sa raison d'être d'origine ?
TabLe ronde présentée et animée par :
Bernard FAIVRE D'ARCIER
Jean-Michel BORIS
Pedro GARCIA
I/ Importance de La poLitique pubLique dans La cuLture en
France: Rappels historiques et état des lieux :
Pour L'état, une poLitique pubLique en matière de
cuLture n'est pas queLque chose d'innée ou d'automatique.
En effet, aux Etats-Unis ou en Asie, Les choses sont vues
différemment, La cuLture est associée à La consommation
privée, dès Lors eLLe appartient au domaine privé et non
à ceLui de L'état.
Dans Les pays de L'Est, qui ont Longtemps subit La domination
de L'état en matière de contrôLe de La cuLture et de
censure, La poLitique cuLtureLLe pubLique est vivement critiquée.
En France, cette notion existe depuis Longtemps, Le
mécénat d'état (par Le roi ou Le prince) devient un cas de
figure dominant en Europe, un désir d'accès à La cuLture
inscrit dans des racines répubLicaines.
André MaLraux reprend cette idée en 1958 et
crée un système pubLic de soutient à La création
cuLtureLLe. L'éLargissement des compétences de L'état en
matière de cuLture augmente aLors considérabLement.
Jack Lang confirmera cet éLan, mais on voit dès
Lors apparaître une satisfaction technocratique pLutôt qu'un
rapport direct de L'état qui soutient un art.
Aujourd'hui, Les notions de déconcentration et
décentraLisation ont tout changé.
IL y a un transfert de L'état au niveau des
coLLectivités territoriaLes, Leur poids augmente de pLus en pLus, Leurs
dépenses sont aujourd'hui supérieures aux dépenses de
L'état pour tous Les ministères rattachés à La
cuLture confondus. Les fonds de soutient augmentent considérabLement un
peu partout en France avec des disparités géographiques.
Le paysage cuLtureL français n'est pas du uniquement aux
actions pubLiques mais au résuLtat d'individus.
Le terme d'industrie cuLtureLLe, qui rime avec une
intervention de L'état, est empLoyé dès Les années
80's. Au début, ceLa est très maL vu car dans Les 70's, La
cuLture était perçue comme une « buLLe » en dehors des
Logiques de marché.
L'industrie cuLtureLLe existe aLors comme une sorte d'art de
La cuLture mais iL y avait une absence d'étude socioLogique et
économique sur Le sujet, on a Longtemps évité Le contact
entre Les deux. Aujourd'hui, ces deux notions se déveLoppent de
manière autonome et ont un impact par rapport au processus des pouvoirs
pubLics.
Dans La cuLture, La quaLité de gestion est aussi
importante que dans tout autre secteur, pourtant iL n'y a pas une recherche
unique de profit.
L'industrie cuLtureLLe est muLtiforme aujourd'hui, tout comme
L'est Le pouvoir pubLic. On voit apparaître de grands groupes financiers
ainsi que de petites entreprises.
II/ Industrie cuLtureLLe, événementieL et
médias, un bouLeversement du face à face pubLic et privé :
Une répercussion sur les festivals :
Au niveau des festivaLs, L'exigence est aujourd'hui basée
sur Le répertoire pLus que sur Le spectateur.
On voit apparaître une muLtipLication des festivaLs de
tout genre, on y met tout et n'importe quoi, avec un désir de
rassembLement mais aussi un désir économique, touristique et de
notoriété.
ExempLe du théâtre avec son ouverture de saison
que L'on appeL aLors festivaL. Le terme est devenu un mot pLus vaLue, peut
être faut-iL trouver un autre mot concept ?
IL devient un événement
économico-touristique et sa poLitique est pLus attentive à
L'impact économique que cuLtureL. On passe de La notion de festivaL
à La notion d'événementieL.
C'est un mot magique pour Les éLus Locaux car entre
temps, Les médias sont arrivés entre Le pubLic et Les festivaLs,
c'est une forme idéaLe « prémâchée ». Les
médias et partenaires de ces événements augmentent,
aujourd'hui on a une muLtipLication des festivaLs avec une importance
média et une augmentation du rôLe de L'industrie cuLtureLLe, c'est
une possibiLité d'écLatement des modes de formation de chacun,
eLLe n'est pLus unique,
chacun vit sa cuLture du zapping, vers ce qui L'intéresse
(probLème de gratuité dont La musique devient Le bouc
émissaire).
L'essence même du festivaL peut aLors se perdre entre
vouLoir ressembLer à queLque chose et créer un
événement de création et de compiLation des genres, La
soLution ne serait-eLLe pas d'aLLer de paire avec société de
production ?
Le festivaL est toujours bouLimique, enjeux de La
super-consommation, Avignon est devenu une gigantesque foire, rapide, où
tout doit être fait en peu de temps, pourtant, iL faut donner Le temps
aux arts, par Le biais de La réexposition peut-être ? CeLa est
contre L'avis des critiques et des médias qui découvrent
queLqu'un mais ne L'accompagne pas par La suite, dans un raisonnement de
surconsommation.
IL faut trouver un équiLibre économique entre
L'offre et La demande, iL n'est pLus Le même aujourd'hui, on assiste
à une segmentation à outrance de La cuLture.
Un festivaL qui fait moins de spectacLe une année est
automatiquement mit sur La seLLette.
Pourtant, son but est d'augmenter La notion de diffusion, et
quand Le pubLic prend, c'est un effort bénéfique.
Pedro Garcia et la création du festival «
les arts dans la rue » :
Le théâtre en banLieue est une entreprise fragiLe,
en dehors de Paris c'est Le no man's Land, ce qui n'est pas Le cas pour Les
régions.
C'est un endroit déLicat et miLitant où iL est
difficiLe de maintenir une pLace pour Le théâtre.
Au bout du compte, peu de pubLic est touché, c'est trop
utopique, comment faire aLors ?
L'intérêt se porte peut-être sur Les viLLes
qui se mettent à disposition de L'artiste, on peut voir aLors ce qui s'y
passe...
Dans ce contexte, Pedro Garcia a crée un festivaL
voLontariste et ouvert, « Les arts dans La rue ».
IL conjugue L'art et Le festif des spectateurs aux envies
particuLières des Locaux et curieux.
Aujourd'hui, tout fait cuLture, mais qu'est ce qui fait art ? IL
est important de garder des zones de résistance pour Les spectacLes qui
veuLent s'en sortir. Certains de ces Lieux où Les gens se retrouvent
dans des faits artistiques existent déjà.
ILs permettent de dire que tout n'est pas
événementieL, se sont de vrais Lieux de production.
L'art de la rue :
Le secteur privé ne vit que de La recette du spectacLe
tandis que L'art de La rue se dérouLe sans participation du
spectateur.
Au départ, L'art de La rue est assez Libertaire et
marginaL, avec des vaLeurs de gratuité, une sorte de manche au chapeau.
La rue est un espace de réconciLiation, entre espace urbain et arts
vivants.
Même s'iL existe grâce au service pubLic, cet
engouement pour L'art de La rue
est-iL un moyen de diffuser La cuLture en
toute gratuité, ne devient-iL pas La
simpLe consommation d'un « service cuLtureL » au pLus
bas coût possibLe... La gratuité est un fait important.
L'art de La rue peut Lui aussi être zappé,
d'autant pLus de sa gratuité, pourtant, queLque soit Le pubLic ou Le
spectacLe, iL faut conserver un respect pour L'artiste et Le spectateur.
Ici, Le Lien émotionneL est supérieur au Lien
à L'argent, c'est faire scène avec Le spectacLe
proposé.
Annexe 5
Tous les festivals n'en sont pas !
ETHIS (EmmanueL), « Tous Les festivaLs n'en sont pas !
», in Le Ravi, 1er, juiLLet, 2004, 2 pages,
http://www.Leravi.org/articLe.php3?id_articLe=26,
consuLtation Le 12 février 2006.
« Tous les festivals n'en sont pas !
»
SocioLogue des festivaLs et de Leurs pubLics, EmmanueL Ethis,
dont Le Laboratoire de recherche est instaLLé à Avignon, est un
observateur priviLégié de cette étrange espèce :
Les festivaLiers. Pour Le Ravi, iL met à bas queLques
cLichés...
Le Ravi : Les festivals permettent-ils réellement
de démocratiser la culture ?
Emmanuel Ethis : A Avignon, Le projet initiaL de Jean
ViLar, inspiré par L'idéoLogie du Front popuLaire, était
très expLicite : mettre à La disposition du pLus grand nombre Les
grandes questions de poLitique contemporaine à travers Le
théâtre. IL s'agissait de rassembLer toutes Les catégories
sociaLes sur un parcours touristique, dans un grand monument historique, Le
PaLais des Papes, durant Les vacances payées, autour d'une proposition
cuLtureLLe forte. En 1967, une socioLogue, Jeanne Larue, a mené une
enquête démontrant que Les ouvriers et Les empLoyés
représentaient 2 % du pubLic. Jean ViLar, qui a préfacé
son étude, avait trouvé ce chiffre très décevant au
regard de ses espérances. IL se trompait pourtant. 2 %, c'est
peut-être peu mais c'est déjà beaucoup pLus que n'importe
queLLe institution cuLtureLLe théâtraLe en France. Aujourd'hui,
Les ouvriers et Les empLoyés représentent 7 % du pubLic à
Avignon. La démocratisation de La cuLture y est donc une
réaLité.
Le « in » et le « off » ne
rassemblent-ils pas des publics différents ?
C'est un fantasme. IL y a très peu parmi Les
festivaLiers « d'excLusivistes » du « in » ou du « off
». Le séjour moyen d'un spectateur est de quatre journées.
Tout un chacun essaye de maximaLiser sa présence au festivaL en
enchaînant des spectacLes dans Le « off » en journée et
dans Le « in » en soirée. Bien sûr, certaines
frontières symboLiques font Leur effet : franchir Les portes du paLais
des Papes en impose quand même. Les trompettes de Maurice Jarre qui
retentissent avant Les représentations ont queLque chose à voir
avec La notion de sacrée. S'iL existe un distinguo entre Le pubLic du
« off » et du « in », ceLa reLève pLus des
catégories d'âges que des cLasses sociaLes. Les pLus jeunes
doivent acquérir une certaine autonomie cuLtureLLe dans Le « off
» avant de s'aventurer dans Le « in ».
« Les élus locaux entrent parfois dans un jeu
consumériste absolu qui n'a pas grand-chose à voir avec une
véritable réflexion sur la culture. »
Qu'est-ce qu'un festivalier ? Un passionné ou un
consommateur compulsif ?
A Avignon, pour simpLifier, iL y a deux grandes
catégories. La première rassembLe de grands pratiquants
cuLtureLs, c'est Le pubLic médiateur, défricheur, qui
fréquente Les théâtres dans L'année et vient au
festivaL pour repérer L'avant-garde de La saison à venir. Ce
pubLic vient, animé d'un grand esprit critique à La recherche de
L'inattendu. La deuxième catégorie se sont ceux qui viennent
faire Le pLein de théâtre à Avignon et n'y retourneront
pLus par La suite.
N'assiste-t-on pas à une surenchère
quantitative qui éloigne des ambitions culturelles proclamées
?
Avignon a vécu vingt-deux ans de théâtre
avec un seuL Lieu de représentation, Le PaLais des Papes. Aujourd'hui
dans Le « off », on programme pLus de 600 spectacLes. Dans une viLLe
qui, intra muros, ne dépasse pas 15 000 habitants, c'est absoLument
déLirant. IL y a une supercherie, un Leurre derrière tout
ça. Des petites compagnies croient qu'eLLes vont pouvoir décoLLer
à Avignon en étant repérées par des critiques ou
des distributeurs. 20 % d'entre eLLes repartent ruinées. Le pubLic ne se
démuLtipLie pas en fonction du nombre de pièces proposées.
IL est Limité et fait des choix. Je ne remets pas en cause Le principe
du « off » mais je m'interroge sur son approche non séLective
de L'offre qu'iL propose, sur sa non-LisibiLité. Les artistes qui s'y
produisent s'interrogent-iLs sur La raison qui Les pousse à venir
présenter Leurs spectacLes dans La viLLe où Jean ViLar et
Gérard PhiLippe ont porté un projet cuLtureL profond ? Je ne suis
pas sûr qu'une chanteuse comme Marianne James, céLèbre
grâce à ses prestations sur M6, quand eLLe vient gratter sa
guitare à Avignon, Le fasse en référence à un grand
projet de démocratisation et décentraLisation de La cuLture. ELLe
vient faire du fric. Point.
Aujourd'hui, pendant l'été, chaque ville
veut son festival. Ne s'agit-il pas, en définitive, d'une offre plus
touristique que culturelle ?
Beaucoup de manifestations portent Le nom de festivaL sans en
être. Tous Les festivaLs n'en sont pas ! De nombreuses viLLes proposent
effectivement des animations cuLtureLLes destinées au pubLic. Ce sont
des amuse-gueuLes touristiques. Tout ceLa est bien agréabLe, Les
visiteurs sont contents. Les éLus Locaux égaLement qui entrent
dans un jeu consumériste absoLu qui n'a pas grand-chose à voir
avec une véritabLe réfLexion sur La cuLture. Un véritabLe
festivaL, à L'inverse, comme ceLui d'Avignon ou même ceLui de
Cannes, structure en profondeur L'identité territoriaLe d'une viLLe.
« On ne trouve pas à Avignon une vie
théâtrale digne de ce nom. Sur ce plan, l'idéal de
démocratisation de la culture de Jean Vilar a échoué.
»
Les festivals, grands ou petits, ne sont-il pas d'abords
fréquentés par des Parisiens en vacances ?
A Avignon, nous avons démontré L'inverse. 43 %
des festivaLiers sont issus de La région ou des régions voisines,
de Provence-ALpes-Côte d'Azur, du Languedoc et de Rhône ALpes. La
part des Parisiens est minoritaire. Tous Les festivaLs qui ont une
programmation « LisibLe », autour d'un projet artistique
identifié et exigeant, sont dans Le même cas. Par contre, Les
« festivaLs » d'animation LocaLe concernent pour L'essentieL Les
touristes.
Avignon, que vous considérez comme exemplaire,
n'est pourtant la capitale du théâtre que durant chaque
été... N'est-ce pas un échec ?
Le festivaL n'a pas su créer Les conditions d'une
vaLorisation cuLtureLLe du théâtre durant toute L'année. On
ne trouve pas à Avignon une vie théâtraLe digne de ce nom.
Sur ce pLan, oui, L'idéaL de démocratisation de La cuLture de
ViLar a échoué. Aucun artiste majeur ne s'est dit c'est dans
cette viLLe que je vais m'impLanter et créer. Les pouvoirs pubLics ont
Leur responsabiLité. ILs contribuent au fonctionnement de notre
Laboratoire de recherche sur Les pubLics, à ceLui de L'institut
supérieur des techniciens du spectacLe qui forment Les directeurs
techniques, à La maison Jean ViLar, mais n'ont pas soutenu La
création d'une scène nationaLe. Par contre, La situation est pLus
favorabLe du côté du pubLic. Le festivaL a
généré, dans La popuLation, une attente cuLtureLLe
extrêmement forte. Avignon est devenu La viLLe La pLus cinéphiLe
de France. La moyenne de fréquentation des saLLes s'éLève
à 14,5 fiLms pour une moyenne nationaLe de 2,5 ! Côté
Lecture, Le phénomène est Le même. Pour une viLLe de cette
taiLLe, iL est surprenant de trouver trois « grandes surfaces »
cuLtureLLes - Fnac, Virgin, CuLtura - sans parLer des petites Librairies.
Quel regard porter, un an après, sur l'annulation
du festival d'Avignon ?
La décision d'arrêter Le « in » a
été prise très rapidement. Les festivaLiers sont
restés Le bec dans L'eau. Proches des miLieux de La cuLture, iLs ont
partagé une partie des combats des intermittents. La direction du «
off » a refusé de prendre ses responsabiLités en disant
« ceux qui veuLent jouer jouent, Les autres ne Le font pas ». Des
gens ont essayé de comprendre ensembLe, Lors de forums, ce qu'est en
train de devenir La poLitique cuLtureLLe de La France. De teLLes rencontres
n'avaient pas eu Lieu depuis Longtemps. En ce sens, un débat de fond a
été restauré. Reste à savoir sous queLLe forme iL
va pouvoir se poursuivre.
Propos recueillis par Michel Gairaud
Annexe 6
Au Nom de la Loire quitte la scène.
« Au Nom de La Loire quitte La scène »,
Tours, 27, janvier, 2003,
http://www.radiobeton.com/andLL/index.htm,
consuLtation Le 15 septembre 2006.
Tours, Le 27 janvier 2003
AU NOM DE LA LOIRE QUITTE LA SCENE
Depuis 6 ans, L'équipe de Béton Production s'est
Lancée
dans L'aventure du festivaL AU NOM DE LA LOIRE qui a
permis La rencontre d'un pubLic toujours nombreux
(même sous La pLuie battante) avec Le travaiL de
compagnies de référence mais aussi de nouveaux
projets
et de jeunes troupes.
Béton, déjà organisateur du festivaL
AUCARD DE TOURS
(musiques actueLLes) et fondateur de La Radio
Béton (qui
"sévit" sur Le 93,6 à Tours depuis 1985), ne
pouvait pas
passer à côté du soutien à La jeune
création et à L'indépendance dans Les arts de La rue !
Mais si aujourd'hui La création est menacée par
La
disparition du statut des intermittents, par
L'instrumentaLisation de L'intervention urbaine, La diffusion
des Arts de La rue est, eLLe aussi, en grand danger, pour ces mêmes
raisons et d'autres qui Lui sont propres :
- La diffusion se restreint de pLus en pLus à des
commandes émanant de coLLectivités territoriaLes ou à
L'organisation de festivaLs à gros budget à L'initiative de ces
mêmes institutions, qui deviennent ainsi Les partenaires financiers
majoritaires et qui revendiquent
Leur participation financière en imposant aux
programmateurs Leur propre
poLitique cuLtureLLe.
- Le désengagement des DRAC du secteur de La diffusion
renforce ce déséquiLibre financier et contribue à
contraindre Les organisateurs à réduire Les prises de risques
auprès de jeunes compagnies, de spectacLes à faibLe jauge ou de
premières créations.
- Les viLLes souhaitent pLus aujourd'hui des
événements qui s'insèrent dans La vie de La
cité
sans L'investir véritabLement, qui servent de
vitrine à Leurs investissements auprès des
acteurs
cuLtureLs Locaux, cherchant à donner satisfaction
au pubLic Le pLus Large avec Le moins de nuisance
possibLe (bruit, interdiction de stationnement,
...), sans finaLement avoir une réeLLe réfLexion
cuLtureLLe.
- Le côté miLitant et contestataire de certains
spectacLes, aspect qui est pourtant Le fondement même de cette forme
d'expression, provoquent dorénavant une stupeur mêLée
d'incompréhension des baiLLeurs de fonds qui se sentent
interpeLLés par Les comédiens avec Le sentiment Latent de "payer
pour se faire battre".
Les coLLectivités commencent donc à
préférer travaiLLer avec des sociétés
d'événementieL sur La base de cahier des charges et d'appeL
à projet.
A La fin de L'année 2002, La viLLe de Tours a cru que
notre rôLe dans Le festivaL Au Nom de la Loire
pouvait être réduit à ceLui d'un prestataire,
qu'un
comité de piLotage artistique devait chapeauter
notre programmateur, qu'iL était nécessaire de
redéfinir Les objectifs du festivaL pour y
intégrer
de nouveaux domaines artistiques sans augmenter
Les moyens financiers du festivaL.
Pour toutes ces raisons, c'est avec beaucoup
d'amertume que nous avons informé La viLLe que nous nous
retirions du festivaL que nous avions créé, notre
indépendance ne pouvant être en jeu.
Béton Production, ses bénévoLes et ses
intermittents, souhaitent donc Longue route aux compagnies invitées
depuis 1997 (et aux autres aussi) et remercie tous ceux qui ont soutenu ce
festivaL.
L'équipe du festivaL
Annexe 7
Editorial du magasine Images, juillet-août
2005.
In Images, n°11, « Festivals de
l'été : Arles, Honfleur, Perpignan... », juilletaoût,
2005, page 39 à 42.
Annexe 8
RéaLisation d'un questionnaire destiné à
L'attention du pubLic du festivaL Chroniques Nomades.
Questionnaire à l'attention du public du
festival Chroniques Nomades :
Merci de rempLir ce questionnaire et de Le remettre au comptoir
du FestivaL OFF situé dans Les Greniers à SeL, vos
réponses nous permettront de mieux vous connaître :
Festival Chroniques Nomades
1/ Combien de jours restez-vous à HonfLeur ?
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2/ Comment avez-vous connu L'existence du FestivaL Chroniques
Nomades ?
3/ Le FestivaL Chroniques Nomades est-iL Le motif principaL de
votre présence à
HonfLeur?
4/ Pensez-vous revenir pLusieurs fois au festivaL Le temps de
votre séjour ?
5/ A combien d'éditions du festivaL Chroniques Nomades
avez-vous assisté ?
6/ Vous rendez-vous cette année à d'autres
festivaLs de photographie, de musique, théâtre, danse, bande
dessinée, art contemporain, cinéma, autres...
7/ QueLLe est pour vous La principaLe quaLités du
FestivaL Chroniques Nomades?
8/ QueL en est sont principaL défaut ?
9/ Donnez une note de satisfaction généraLe du
festivaL de 0 à 10 :
10/ En trois mots, qu'évoque pour vous Le terme «
festivaL » ?
Le Festival OFF
11/ Avez-vous visité Les différents Lieux
d'exposition du festivaL OFF ?
12/ Pensez-vous qu'iL serait intéressant d'éLargir
Le festivaL OFF sur d'autres sites ?
Et Vous...
13/ D'où venez-vous ?
De HonfLeur ou de ses environs
Du département du CaLvados
De La Région Basse-Normandie
De La région parisienne
D'une autre région
D'un pays étranger
Moins de 25 ans
De 25 à 35 ans
De 35 à 55 ans
De pLus de 55 ans
14/ Dans queLLe tranche d'âge vous situez-vous ?
Annexe 9
Plan d'accès Honfleur.
Site de l'Office du Tourisme de Honfleur,
http://www.ot-honfleur.fr/Carteset-Plans,11,0,0.html,
consultation 16 novembre 2006.
Annexe 10
Affiches des éditions du festival chroniques Nomades de
1997 à 2006.
ENTRETIENS
Annexe 11
Chronique d'une adéquation fuyante.
Compte-rendu d'entretien : CLaude Geiss, directeur artistique du
festivaL Chroniques Nomades, Paris, Le 11 avriL 2006.
La retranscription servile a été validée
par l'interviewé.
CHRONIQUE D'UNE ADEQUATION FUYANTE
Parcours d'un directeur artistique, Claude Geiss, et de
son festival de
photographie, Chroniques Nomades, ou la question
soulignée d'une alchimie
nécessaire et périlleuse entre les
idées des uns et les désirs des autres.
Le festival Chroniques Nomades fête cette
année ses 10 ans, comment envisagezvous cette édition
?
« Pour son dixième anniversaire, Le festivaL
Chroniques Nomades se régionaLise. A côté de HonfLeur, son
port d'attache, iL s'instaLLe égaLement à TrouviLLe, proposant
ainsi pLus d'expositions déconcentrées dans des Lieux pLus
diversifiés ».
Pourquoi avoir attendu 10 ans pour envisager un
développement du festival ?
En dix ans, La situation du festivaL a beaucoup
évoLué, La révoLution du numérique met en
périL Les Laboratoires photographiques qui n'assurent pLus La production
de nos exposants. Avec une aide des coLLectivités territoriaLes qui
stagne et un budget de production qui augmente, iL faLLait retrouver un
équiLibre financier. Chroniques Nomades est donc forcé de se
déveLopper, sinon, iL ne cessera de régresser.
Cela semble vous contrarier...
En effet, je ne suis pas pour une évoLution rapide du
festivaL, je profite donc de ce 10ème anniversaire pour
remotiver Les partenaires. Aujourd'hui, Les financements pubLics
n'évoLuent pLus, pour des budgets où Le nombre de postes augmente
constamment. Même si Les partenariats privés ont tendance à
être maL vus par certains dirigeants de festivaL, iLs deviennent
aujourd'hui obLigatoires.
Pouvez-vous nous parler de Trouville ?
En 2005, TrouviLLe a perdu pLusieurs points de sa
fréquentation, mais paradoxaLement, eLLe s'est avérée
beaucoup pLus jeune que dans Les viLLes aLentour. CeLa s'expLique entre autre
par La présence du festivaL Off Court580 qui attire des
jeunes et d'autres festivaLs, iL existe une réeLLe cuLture de L'image
à TrouviLLe. D'aiLLeurs, Le réaLisateur d'affiche Savignac y a
vécu. Cette viLLe a une vraie poLitique cuLtureLLe cohérente.
Comment s'est donc mise en place la relation avec la
ville de Trouville ?
Monsieur Cardon, Le Maire de TrouviLLe, est un homme
très accessibLe, ce qui est une notion importante dans un schéma
de coLLaboration. Ce n'est pas Le cas pour La mairie de HonfLeur qui reste
difficiLe à contacter après dix années de soutien. La
reLation avec TrouviLLe s'est donc mise en pLace d'une façon cLaire et
rapide.
Votre festival garde pourtant « un pied »
à Honfleur, comment cela s'explique-til ?
Le choix de HonfLeur comme viLLe d'accueiL a été
mûrement réfLéchi, iL est intimement Lié au
passé de La viLLe. De pLus, Les Greniers à SeL restent un Lieu
d'exposition exceptionneL.
Pouvez-vous nous raconter l'histoire de Chroniques
Nomades ?
Tout a commencé par L'écriture du projet, sa
phiLosophie, sa pratique et son déveLoppement. Ensuite, j'ai ouvert une
carte de France pour voir ce qui existait aLors en photographie, comme Les
Rencontres d'ArLes et de Visa Pour L'Image à Perpignan. C'est
différent aujourd'hui, en 2005, iL a été recensé 76
événements photographiques en France, qui tous, revendiquent
d'être des festivaLs... Mais iL y a dix ans, iL n'y avait aucun
événement dans Le nord de La France, et tous avaient Lieux Le
deuxième semestre de L'année. IL faLLait donc créer un
événement au nord de La France, Le 1er semestre. Je
suis aLors partit huit jours sur La côte normande, de LiLLe au Havre,
afin de trouver un site capabLe d'accueiLLir mon projet. Arrivé au
Havre, je passe Le pont de TancarviLLe pour me rendre à HonfLeur,
où je retrouve par hasard un vieux copain qui me parLe des Greniers
à seL, un espace aLors peu utiLisé, seuLement Loué pour
des mariages. IL y avait aLors une nouveLLe équipe à La mairie
depuis un mois. Je contacte un de ses membres, qui me donne rendez-vous cinq
580 Festival de court métrage se déroulant à
Trouville début septembre.
minutes pLus tard devant Les Greniers à SeL. Cette
personne, Mme Rousseau, adjointe à La cuLture, prend très vite
mon projet à coeur. Le Lieu a été très
décisif pour moi, iL est en adéquation totaLe avec
L'atmosphère du festivaL.
Au-delà de l'adéquation de votre festival
aux Greniers à sel, qu'en est-il pour la ville de Honfleur ?
IL existe une réeLLe cohérence entre Chroniques
Nomades et HonfLeur, qui a été une viLLe peupLée de marins
expLorateurs d'océans et de voyageurs en escaLe. ELLe reste aujourd'hui
une viLLe d'accueiL et de tourisme. Le festivaL offre une ouverture sur Le
monde et traite de sujets sociaux qui concernent un très marge pubLic.
Même si Le maire de HonfLeur apprécie et soutient
matérieLLement L'événement, sa priorité va pLus
vers Le sociaL comme La création d'empLois qui, d'après Lui,
répond directement à La demande des habitants. IL est regrettabLe
que Le maire ne profite pas de cet événement comme Lien sociaL,
économique et commerciaL.
Peut-être cela a-t-il un lien avec le contenu de la
programmation du festival ? Pourtant, elle ne semble pas se placer au
même niveau que Visa pour l'Image à Perpignan qui
privilégie le photoreportage ?
Effectivement, La première édition de Chroniques
Nomades était consacrée au photographe Yann Artus Bertrand. A
cette époque, Françoise Rousseau souLigne que nous avons tous
besoin de rêves de voyage. La photographie de voyage se cantonnait aLors
dans sa vision exotique. ELLe a fortement évoLuée et s'est
féminisée depuis Le 11 septembre 2001. C'est un
événement charnière dans L'histoire de La photographie, La
réfLexion des photographes a changé, iLs se sentent pLus
responsabLes et citoyens qu'auparavant. IL y a moins de photographes
contempLatifs, on s'éLoigne de L'exotisme du décor des moeurs.
D'où cette sensibilité à des sujets
plus politiques ?
Un jour, on m'a demandé si Chroniques Nomades portait
un message poLitique. Message poLitique, je ne sais pas, en revanche, nous
partageons avec Les artistes que nous exposons des vaLeurs communes comme
ceLLes du respect de L'autre et de sa différence. De pLus, nous
dénonçons à L'occasion Les dérives et injustices
provoquées par La mondiaLisation.
Pouvez-vous maintenant nous parlez des subventions
attribuées à votre festival ?
ELLes sont caLcuLées en fonction du vote des
subventions des municipaLités et ne sont pas données avant La
dernière semaine du mois de mars. Pour un festivaL situé mimai,
c'est un peu court, Le festivaL devrait idéaLement se dérouLer au
mois de septembre. Mais ce n'est pas Le cas avec Les partenaires privés
qui ont eux une gestion beaucoup pLus soupLe. Sans Leur soutien, je
n'arriverais pas à financer L'événement. En pLus des
subventions habitueLLes du ConseiL RégionaL, du ConseiL
GénéraL et de La viLLe de HonfLeur, L'association reçoit
des subventions de La DRAC581 Basse Normandie.
Malgré cela, le droit d'entrée au festival
s'élevait à 3€ par personne pour l'année
précédente, était-ce la première fois ?
En effet, ce fût La seuLe édition payante
décidée entre autre par une baisse des subventions pubLiques. Un
festivaL est comme un tabLeau de bord de Boeing, tout doit être
méticuLeusement vérifié. Ici, L'entrée payante a
permis de compenser La baisse de subvention de La DRAC. Mais L'adjointe
à La cuLture n'a pas compris ma démarche, eLLe a donc
exigé La gratuité pour Les honfLeurais. Cette entrée
payante a été en réaLité une fausse bonne
idée qui a séLectionné et divisé Le pubLic du
festivaL. Ce fait de demander un droit d'entrée fait que Le comportement
du pubLic a changé. Cette année, L'édition sera gratuite,
ce qui est en réaLité, et depuis L'origine dans La «
phiLosophie » de L'événement.
Enfin, d'après votre expérience, quelles
sont vos conclusions quant à l'importance ou non d'une adéquation
intelligente avec le local, la mairie et son administration ?
ELLe est primordiaLe a niveau LocaL, aucun
événement ne peut être pérennisé sans une
bonne adéquation. Faute de quoi certaines organisations procèdent
au funambuLisme.
Interview réalisée le mardi 11 avril 2006
à Paris.
581 Direction Régionale des Affaires Culturelles.
Annexe 12
Bilan et perspectives du festival Chroniques Nomades.
Compte-rendu d'entretien : CLaude Geiss, directeur artistique du
festivaL Chroniques Nomades, HonfLeur, Le 21 mai 2006.
La retranscription servile a été validée
par l'interviewé.
BILAN ET PERSPECTIVES DU FESTIVAL CHRONIQUES NOMADES DE
HONFLEUR
Interview de Claude Geiss, directeur artistique du
Festival Chroniques Nomades
Par rapport aux différents emplois que peut
générer un festival comme celui de Chroniques Nomades, vous
arrive-t-il de travailler avec des bénévoles ?
Non, je ne travaiLLe pas avec des bénévoLes, car
dans des viLLes très touchées par Le chômage comme
HonfLeur, Le bénévoLat n'existe pas. Les premières
années, j'ai travaiLLé avec une agence intérimaire qui me
proposait une main d'oeuvre « quaLifiée » mais, La pLupart du
temps, c'était une réeLLe catastrophe car eLLe n'avait aucune
motivation. Je n'ai donc jamais travaiLLé avec des
bénévoLes mais uniquement avec des gens aux conditions de vie,
notamment famiLiaLe, assez difficiLe. C'est L'envers de La médaiLLe dans
une beLLe viLLe touristique comme HonfLeur, ceLa donne un côté
moins « gLamour ». On retrouve une popuLation en dehors des beaux
quartiers qui « gaLère » et travaiLLe dans La
précarité La pLus totaLe.
En majorité, votre équipe permanente
est-elle constituée de personnes de la région ?
Bien sûr, tout d'abord, pour une question
budgétaire, ceLa m'est pLus faciLe car iL n'y a pas de frais
d'hôteL suppLémentaire à régLer. Par exempLe cette
édition, j'ai fait venir un professionneL de Paris La veiLLe de
L'ouverture pour prendre en charge L'accrochage, ce qui a donné Lieu
à une facture de défraiement coLossaLe de 1000 euros au Lieu des
150 normaLement prévus... CeLa est bien évidemment Lié au
phénomène de précarité des intermittents du
spectacLe, qui préfèrent travaiLLer moins de temps pour de
grosses factures, quitte à ne jamais revenir par La suite, mais ceLa
entraîne, en contre partie, une détérioration de L'image
des petits métiers, et surtout ceux de services en Lien avec ce type
d'événements.
Existe-il une taxe ou impôt à verser
à la commune pour la réalisation de ce genre de manifestations
?
Non, une association n'est pas assujettie à un
impôt car eLLe est à but non Lucratif. ELLe peut L'être
Lorsqu'eLLe vend du matérieL ou Lorsqu'eLLe a une activité
d'édition dans un voLume proche de ceLui du commerce. En France, Lorsque
L'on réaLise jusqu'à trois événements annueLs, iL
n'y a aucune taxe à verser à La commune. Si c'était Le
cas, se serait La fin de nombreuses associations...
De quelle manière sont gérées les
subventions publiques que perçoit le festival Chroniques Nomades
?
Lorsque L'événement est présenté, ou
queLque fois même après ceLui-ci, iL arrive que certaines
subventions ne soient toujours pas votées. C'est d'aiLLeurs Le cas
à cette date où deux subventions n'ont pas encore étaient
attribuées. On fait aLors un budget « sur Le fiL du rasoir »,
avec un engagement de dépenses sans savoir qu'eLLes vont être
exactement Les recettes. CeLa traduit maLheureusement bien Le fonctionnement
des coLLectivités territoriaLes ou LocaLes, qui réaLisent
cependant L'effort, depuis queLques années, d'être Le pLus en
phase avec Les dates du festivaL afin de nous éviter tout
décaLage de trésorerie.
Avec les prémices du Conseil général
du Calvados en 2006, il semble que les subventions publiques soient
amenées à diminuer pour les éditions à venir,
avezvous pensé à de nouvelles formes de subventions ou de
partenariats ?
Nous n'avons pas attendu Les premiers « craquements
» au niveau des coLLectivités territoriaLes pour se poser cette
question. En ce sens, je me suis rapproché de L'ADMICAL582,
ce qui n'est pas forcement une bonne idée, car toutes Les associations
en ont connaissance et se tournent aLors vers une même Liste de
partenaires. La photographie fait partie des branches Les moins soutenues par
Le mécénat à L'heure actueLLe, contrairement aux arts
vocaux, La musique, Le théâtre, ou encore de nombreux
événements sociaux et humanitaires.
Pour Le mécénat, Le pLus dur est de sortir des
chemins battus et de trouver une entreprise intéressée. IL faut
aLors mener une anaLyse de sa poLitique de communication et voir si eLLe peut
entrer ou non en adéquation avec notre événement. IL
s'agit en ce sens de Leur fournir un « kit », de L'argumenter et Le
construire pour donner au partenaire potentieL Les cLés pour pouvoir
communiquer en interne ou en externe. En effet, comment une entreprise
peut-eLLe justifier La somme dépensée en matière de
mécénat si eLLe effectue paraLLèLement des Licenciements
?
582 Association de loi 1901 crée en 1979 pour le
développement du mécénat industriel et commercial.
Depuis queLques mois, nous avons donc engagé une
personne en charge du déveLoppement, Frédéric Toussaint,
président d'une société de conseiL en communication
cuLtureLLe. CeLa reste récent car nous n'avions pas ce genre
d'inquiétudes auparavant, mais désormais, iL faut éLargir
nos partenariats. Nous nous y sommes sûrement pris en retard pour cette
édition car Les pLans de budget sont votés à partir de
janvier, mais nous avons de nouveLLes pistes pour 2007. Ainsi, pour Chroniques
Nomades, La démarche sembLe être pLus précise car iL
présente Le seuL festivaL en France qui traite de La photographie de
voyage, La trame de communication reste donc reLativement simpLe. Les
entreprises qui traduisent une certaine éthique ou qui exercent Le
commerce équitabLe peuvent aLors être des pistes
intéressantes pour Chroniques Nomades. Cependant, Le recours au
mécénat sembLe être de pLus en pLus difficiLe car Les
partenaires sont pLus « prêt de Leurs sous » et prennent pLus
de temps pour verser Les subventions.
Cette année, le Prix Chroniques Nomades n'a pas
lieu, cela tient-il a la baisse des subventions publiques ?
Cette aventure, soutenu par notre partenaire privé FUJI
FiLm a commencé iL y a cinq ans et a donné Lieu à de
très beLLes aventures et histoires. Ce Prix fonctionne grâce
à un dossier de candidature que doivent rempLir Les Lauréats qui
y expLique Leur projet de voyage. Ensuite, pLus ceLui-ci est intéressant
et pLus ceLa peut aboutir. Pour Les éditions précédentes,
quatre Lauréats sur cinq étaient des Lauréates, ce qui
montre que La pratique de La photographie se féminise, eLLes sont en
effet pLus Libres qu'avant. Mais FUJI FiLm, qui a de sérieux soucis
financiers à L'heure actueLLe à cause du numérique, n'a
pas eu Les reins assez soLides et a du réduire très vite son
soutien pour de nombreux festivaLs. CeLa est très
désagréabLe pour Chroniques Nomades qui tient à soutenir
La création contemporaine. Cependant, pour un autre festivaL comme Visa
pour L'Image à Perpignan, c'est un budget coLossaL qui passe à La
trappe. Les répercutions de ce type interviennent même à
L'écheLLe internationaLe. En effet, j'ai entendu récemment sur
France info que toutes Les usines FUJI du Japon ont fermé et on
été transférées en Chine.
Cet exempLe souLigne L'intérêt qu'iL y a à
ne pas se jeter aveugLement sur Les mêmes partenaires privés qui
sembLent avoir de moins en moins de moyens, mais de se tourner vers des
entreprises pLus éLoignées de La photographie. Mais iL y a de
grandes chances que La bourse Chroniques Nomades reprenne dès
septembre...
Le Festival OFF des Chroniques Nomades fêtait cette
année son sixième anniversaire, quel peut être aujourd'hui
votre bilan entre interactions IN et OFF ? Je suis natureLLement
contre tout ce qui est barrière ou frontière, car même si
La tradition dans La photographie et La cuLture est d'être une famiLLe
où « tout Le monde s'aime », iL existe maLgré tout des
secteurs, des cLans, comme par exempLe La photographie documentaire
méprisée par La photographie conceptueLLe. Ce sont des fissures
qui partagent en deux La photographie.
ParaLLèLement, iL existe Le OFF, qui enrichie Le regard
sur La photographie, et regroupe de jeunes taLents qu'iL ne faut cependant pas
confondre avec ceux qui ont déjà un parcours. Ce qui sembLe
regrettabLe chez ces derniers, est qu'iLs ne veuLent surtout pas donner de
conseiLs ou s'approcher des jeunes. Pourtant, L'intérêt est pLus
dans L'enrichissement que dans L'isoLement. Pour exempLe, à ArLes ou
à Perpignan, et même à Madrid avec Madrid Photo Espana, iL
y a un confLit vioLent qui dure entre Le IN et Le OFF. ParadoxaLement, ceLa
peut queLquefois éveiLLer L'attention des professionneLs qui jettent
aLors un coup d'oeiL au OFF. En effet, iL est « rafraîchissant
», permet d'avoir un aperçu sur Les nouveLLes tendances, et peut
pLaire à ceux qui sont bLasé par Les grandes expositions un peu
conventionneLLes.
A HonfLeur, Le OFF enrichi La programmation mais iL a
queLquefois L'inconvénient d'accueiLLir des photographes un peu
dissipés, qui n'on pas compris que Le reLationneL est très
important dans ce métier. On assiste dans Le OFF à queLques
dérapages propres aux jeunes photographes. CeLa ne me gène pas
outre mesure, iLs n'ont juste pas encore compris qu'iL faut savoir se tenir,
avoir une attitude de prudence pour se faire accepter. Les photographes qui ont
une manière de présenter Leur travaiL avec une grande
discrétion et poLitesse, on Les remarque tout de suite et on Les suit.
En effet, si on apprend qu'un photographe est «ingérabLe», on
Lui dit non pLus faciLement et Les portes se ferment très vite. Le
reLationneL est vraiment très important, c'est capitaL, ceLa n'est pas
appris dans Les écoLes de photographie mais doit être natureL.
Prévoyez-vous le développement de nouveaux
événements en parallèle du festival Chroniques Nomades
pour les éditions à venir ?
J'ai effectivement un projet qui est déjà
construit et presque prêt. CeLa s'appeLLera «Les Rencontres de
Chroniques Nomades» : une rencontre d'une trentaine de personnes autour
d'un photographe. J'ai très envie de travaiLLer avec Les scoLaires
égaLement, qui ont un enthousiasme et une fraîcheur d'esprit pour
LesqueLs iL existe des quantités d'axes à expLoiter. Mais Les
rencontres vont se faire, c'est sûr.
Aujourd'hui, iL y a beaucoup de choses à faire, car
L'événement à bien été compris, c'est donc
pLus faciLe. Je suis même entré en contact avec une association de
jeunes de HonfLeur et nous aLLons sûrement faire des choses ensembLe.
Combien de temps à l'avance vous y prenez-vous
pour organiser votre festival ? Je commence dès à
présent à voir de nouveaux dossiers, mais aujourd'hui, avec
TrouviLLe, je dois chercher pLus de sujets et de projets de co-production. En
effet, Chroniques Nomades travaiLLe égaLement avec des
événements étrangers, notamment un festivaL au Cambodge
à Angkor qui a vu sa première édition cette année.
Si un sujet en commun nous pLaît, je Leur demande si iL est possibLe de
produire à deux Les expositions. ILs sembLent surtout
intéressés par Les sujets qui traitent de L'Asie, comme Le sujet
de Patrick Brown exposé cette année à
HonfLeur583.
Entretenez-vous le même type de collaboration avec
les festivals de photographie de Arles ou Perpignan ?
En effet, c'est surtout Le cas pour Perpignan mais aussi avec un
festivaL de BrookLyn qui va naître à La fin de L'année, un
événement sur Le métissage photographique.
De quelle manière envisagez-vous le
développement exponentiel du nombre de festival en France, notamment en
ce qui concerne les festivals de photographie ? Je suis tenté
de voir ceLa positivement. L'effet premier est d'amener Le pubLic à La
photographie. En effet, on rattrape aujourd'hui Le retard accumuLé
depuis queLques dizaines années, contrairement aux angLais ou aLLemands
qui ont une éducation de L'image que L'on n'a jamais eu en France. Les
jeunes générations commencent à acheter et à
coLLectionner, ce qui est bien évidement positif pour Les photographes
qui vivent beaucoup moins de La presse ou de L'édition. Mais
paradoxaLement, je pense que ceLa peut aussi être responsabLe d'un
certain « étouffement » car beaucoup
d'événements se « tirent dans Les pattes » quand iLs
sont sur Le même territoire ou traitent du même sujet.
Pour des événements « aduLtes » comme
Chroniques Nomades, Visa pour L'Image, Etonnants Voyageurs à Saint MaLo
Photo Espana à Madrid, je considère que L'on est à
même de se pLacer un peu au-dessus de ce type de comportements. Nous nous
appeLons souvent et trouvons des accords, surtout au niveau des dates, afin de
se partager La disponibiLité des journaListes ou Les signatures
d'ouvrage. Nous avons
583 Poaching in Asia, Le trafic des animaux sauvages,
exposition de Patrick Brown présentée au Festival Chroniques
Nomades à Honfleur du 13 au 28 mai 2006.
donc de bonnes reLations, mais eLLes peuvent être pLus
désordonnées pour de jeunes événements qui ne
regardent pas trop ce qui se passe autour. Certains journaListes sont
tiraiLLés entre des événements qui prennent pied un peu
sur tout Le territoire, La presse peut donc s'éparpiLLer. Par exempLe,
L'année dernière, iL y a eu un recensement de 74
événements photographiques en France.
Enfin, dans le contexte financier, politique et de
concurrence que vous avez pu nous décrire, la notion de
pérennité semble donc être primordiale ?
En effet, iL existe des menaces sur Les événements
photographiques, surtout pour La Basse-Normandie. A Cherbourg, un festivaL
reste dans L'ombre car La photographie qu'iL présente est difficiLe
d'accès, très cérébraLe et conceptueLLe qui vient
peut-être de Leur répuLsion pour Le partenariat privé. Leur
« éthique » est : 0 euros de partenariat privé et 100%
de subventions pubLiques. Un projet de Centre RégionaL de La
Photographie associé à L'enseignement et à La construction
d'un bâtiment est en cours de réaLisation. Un teL projet est une
réeLLe « pompe » aux financements, ceLa fonctionne en vase
communiquant, iL y aura moins d'argent pour Les autres et ceLa est à
prendre en compte... Comme Les budgets sont déjà en baisse, ceLa
risque d'affaibLir Les événements voisins.
Interview réalisée le dimanche 21 mai 2006
à Honfleur.
Annexe 13
Les derniers rebondissements du festival Chroniques
Nomades.
Note de synthèse : CLaude Geiss, directeur artistiques du
festivaL Chroniques Nomades, Paris, Le 21 décembre 2006.
La note de synthèse a été validée
par l'interviewé.
LES DERNIERS REBONDISSEMENTS DU FESTIVAL CHRONIQUES
NOMADES
Propos de Claude Geiss, Directeur Artistique du Festival Chroniques
Nomades
Pouvez-vous nous expliquer en quelques lignes le choix du
nom donné à votre festival ?
Je pense que La photographie, pLus que tout autre forme
d'expression artistique, est proche de La Littérature, de La narration.
Ce médium permet de définir sa propre grammaire visueLLe et
photographique, c'est ce que L'on appeLLe L'écriture
photographique584. En ce sens, Le choix du mot « Chroniques
» traduit un récit court, concentré et dense à La
fois. Le terme « Nomades » est venu d'un intérêt
personneL pour Le nomadisme, cette forme de vie qui enrichie L'être
humain au quotidien et qui sembLe être de pLus en pLus
intégrée aux modes de vie contemporaine, notamment grâce
à L'ouverture des frontières. Enfin, L'association des deux mots
fonctionne assez bien, même si on a pu me reprocher L'absence du mot
« photographie », j'ai donc déposé Le nom «
Chroniques Nomades à L'INPI585. Je n'ai
déLibérément pas souhaité associer Le nom de
HonfLeur à ceLui du festivaL, car, pour des événements
comme Biarritz Terre d'Image qui ont fait ce choix, iLs se trouvent
dans L'incapacité de réutiLiser ce nom Lorsqu'iLs quittent La
viLLe.
Quelles seront les dates de l'édition 2007 du
festival Chroniques Nomades ?
Le festivaL se dérouLera du 12 au 28 mai 2007. IL est
une fois de pLus réduit à une durée de deux semaines - au
Lieu des trois initiaLement prévues - à cause des
éLections présidentieLLes, dont Le vote se dérouLe dans
L'enceinte des Greniers à SeL. De pLus, iL nous est impossibLe de
décaLer Le festivaL en juin car un nouveL événement festif
Lié aux fanfares s'y tiendra à cette date.
584 Utiliser la photographie comme moyen d'expression.
585 Institut National de la Propriété
Industrielle.
Le festival se tiendra également à
Trouville comme se fût le cas en 2006 ?
J'ai maLheureusement appris iL y a queLques jours que La viLLe
de TrouviLLe ne renouveLLera pas son soutien au festivaL. En effet, dans La
nuit du dimanche 29 septembre 2006, Les embLématiques HaLLes aux
poissons de TrouviLLe-Sur-mer on été ravagées par un
incendie, détruisant ainsi un bâtiment de 1930 appartenant au
patrimoine historique de La viLLe et privant cinquante-huit personnes de Leur
Lieu de travaiL. Le Maire de TrouviLLe, Monsieur Cardon, a donc
décidé de financer La reconstruction des haLLes et de soutenir
financièrement ces personnes en chômage technique. IL est donc
obLigé de supprimer pendant queLques années Le soutien financier
aux derniers événements cuLtureLs mis en pLace à
TrouviLLe, comme Chroniques Nomades.
ParaLLèLement, Le Maire adjoint à La cuLture de
HonfLeur, Madame Françoise David, a souLigné iL y a queLques
jours La possibLe réduction des subventions apportées par La
viLLe au festivaL pour L'année 2007. En effet, eLLe priviLégie Le
déveLoppement de nouveaux événements cuLtureLs, pratiquant
ainsi une poLitique financière de « saupoudrage ».
IL faut donc savoir anticiper et s'adapter à ce type de
rebondissements. Chroniques Nomades vit un nouveau virage en matière de
soutien institutionneL pubLic, mais paradoxaLement, Les encouragements que je
reçois des photographes sont un éLan porteur, qui me pousse
à persévérer.
En ce sens, afin d'assurer vos subventions publiques,
avez-vous pu établir une convention sur plusieurs années avec la
ville Honfleur ?
MaLheureusement, je n'en ai jamais eu L'opportunité,
contrairement à La viLLe de TrouviLLe dont Le Maire, Monsieur Cardon,
m'avait proposé en 2006 d'étabLir pour Les éditions
à venir une convention triennaLe...
Revenons maintenant à Honfleur : pensez-vous que
le festival, situé ainsi en mai, permet d'avancer l'ouverture de la
saison touristique de Honfleur ?
C'est tout a fait de mon avis, et c'est égaLement ceLui
de L'Office du Tourisme de HonfLeur qui enregistre une nette progression de La
fréquentation dès Les premiers jours du festivaL, ainsi qu'une
augmentation des réservations d'hôteLs.
A combien est estimé le nombre de visiteurs du
festival Chroniques Nomades et comment celui-ci a-t-il évolué
depuis la première édition ?
Nous avons enregistré 23 000 visiteurs pour
L'édition 2006. Un chiffre qui augmente d'année en année
et nous paraît satisfaisant du fait qu'iL n'était qu'à
hauteur de 2000 en mai 1997. Cette évoLution est due au bon reLais
médiatique de L'événement, ainsi qu'au positionnement du
festivaL en tant qu'unique événement de photographie de voyage en
France, depuis La disparition en 2005 du festivaL Biarritz Terre
d'Image, festivaL de La Photographie et du Voyage à Biarritz.
Concernant les Greniers à Sel, pouvez-vous nous
indiquer leur surface et capacité d'accueil de visiteurs ?
Les greniers à SeL représentent à eux
deux 1400 m2 expLoitabLes, soit 800 et 600m2 chacun. Leur surface permet ainsi
d'accueiLLir au même moment environ 600 personnes.
Enfin, la participation aux frais de production des
laboratoires photographiques partenaires du festival est-elle totale ou
partielle ?
ELLe fût totaLe jusqu'à La 6ème
édition, en 2002, puis partieLLe, avec une participation offrant au
mieux une réduction de 50% sur Les frais de production. Cette diminution
de soutien traduit parfaitement L'évoLution du contexte
économique que connaît ce type d'entreprises.
Note de synthèse réalisée le 21
décembre 2006 à Paris.
Annexe 14
Contexte et évolution des subventions du Conseil
Général du Calvados allouées aux festivals.
Note de synthèse, échange maiL : Yves Ras,
secrétaire des Affaires cuLtureLLes du ConseiL GénéraL du
CaLvados, Le 21 juiLLet 2006.
La note de synthèse a été validée
par l'interviewé.
CONTEXTE ET EVOLUTION DES SUBVENTIONS DU CONSEIL
GENERAL DU
CALVADOS ALLOUEES AUX FESTIVALS
Yves RAS, secrétaire du service des affaires
culturelles
Quel est l'intitulé précis de votre poste
et depuis combien de temps l'occupez-vous ?
Je suis « secrétaire du service des affaires
cuLtureLLes » depuis 7 ans. En aucun cas je ne suis décisionnaire
en matière de subventions, ceLa est de La responsabiLité de
Jean-Pierre TIPHAIGNE : directeur de L'ODACC et chef du service des affaires
cuLtureLLes. C'est Lui qui est égaLement habiLité à
présenter et défendre La poLitique du ConseiL
généraL.
Cette année, les subventions du Conseil
Général allouées au Festival Chroniques Nomades ainsi
qu'au Festival OFF des Chroniques Nomades ont diminuées. Dans quel sens
la situation risque-t-elle d'évoluer pour les éditions à
venir ?
La Loi du 13 août 2004 reLative à La
décentraLisation a transféré aux Départements des
charges nouveLLes et importantes, particuLièrement en matière
d'action sociaLe et routière, entraînant de fortes
dépenses, non compensées par La dotation versée à
titre de transfert par L'Etat. C'est pour cette raison que durant Les
prochaines années -trois ou quatre ans-, Les finances des
Départements et des Régions vont être mises à rudes
épreuves. Nous concernant, et particuLièrement pour Chroniques
Nomades Off et In, iL ne devrait pas y avoir de nouveLLes baisses en 2007 car
nous devrions avoir sensibLement Les mêmes enveLoppes. Le résuLtat
des courses sera émit en octobre ou novembre 2006, Lors des
débats d'orientations budgétaires.
Quels sont donc les secteurs les plus touchés par
cette baisse ?
Les secteurs « non obLigatoires » du ConseiL
généraL. En matière de CuLture, Les obLigations sont : La
BibLiothèque DépartementaLe de Prêt, Les Archives et
à partir de 2007 (mais ceLa risque d'être décaLé
dans Le temps, L'Etat n'étant pas prêt à certains
transferts), L'enseignement initiaL en matière de musique,
théâtre et danse. Donc Les subventions autres que ceLLes pour Les
écoLes de musiques sont « susceptibLes » d'être revues
à La baisse.
Y a-t-il des secteurs « prioritaires » pour
le reversement des subventions ? L'enseignement initiaL en
matière de musique, théâtre et danse, du fait de son
caractère obLigatoire. Les Départements avaient jusqu'à
fin 2006 pour rédiger un schéma départementaL des
enseignements artistiques, avec appLication dès L'an prochain.
Au niveau des festivals, quel avenir financier leur
prévoyez-vous ? Allonsnous vers la disparition d'un certain nombre
d'entre eux ?
Notre poLitique actueLLe consiste à maintenir ou
à diminuer Le moins possibLe Les aides aux projets déjà
aidés et à ne pas en soutenir de nouveaux afin de ne pas aLLer
vers un « soupoudrage » des subventions.
Combien de dossier de demande de subvention pour des
festivals recevezvous approximativement chaque année et combien en
refusez-vous et sur quels critères ?
Nous avons aidé 78 festivaLs cette année et nous
en avons refusé une vingtaine, La principaLe raison étant Le
refus de nouveaux projets, mais souvent nous sommes confrontés à
des projets ayant des financements « peu crédibLes »,
c'est-à-dire faisant souvent appeL à des demandes auprès
des institutionneLs trop éLevées ou correspondant dans certains
cas à 100% du financement ou encore avec des budgets peu
équiLibrés (pLus de dépenses que de recettes). Tous ces
points sont aLors anaLysés par Jean-Pierre Tiphaigne avant de donner un
avis défavorabLe ou non. IL nous arrive égaLement de transmettre
Le dossier à un autre service du ConseiL GénéraL, Le
tourisme par exempLe, pour aider un projet viabLe, à La Limite entre
cuLture et tourisme, Lorsque notre enveLoppe n'est pLus suffisante.
Propos recueillis par mail le 21 juillet
2006.
Annexe 15
Le festival Chroniques Nomades et l'avancée de la
saison touristique de Honfleur. Note de synthèse, échange
maiL : Catherine Montandon, directrice de L'Office du Tourisme de HonfLeur, Le
4 décembre 2006.
La note de synthèse a été validée
par l'interviewé.
Ma question porte sur la possible avancée de
l'ouverture de la saison touristique de Honfleur grâce à la
présence en mai du festival Chroniques Nomades. Auriez-vous quelques
chiffres pouvant justifier cette interrogation si elle s'avère
être vraie? (Augmentation de la fréquentation, augmentation des
réservations d'hôtels...).
Je répondrai que Le superbe festivaL "Chroniques
Nomades" contribue à La fréquentation touristique de HonfLeur
à cette époque de L'année... mais iL n'en est pas à
L'origine dans La mesure où on considère depuis de nombreuses
années déjà que La saison touristique démarre
à partir de Pâques pour s'étendre de pLus en pLus tard,
mais essentieLLement jusqu'au début du mois d'Octobre, et ce pour La
pLupart des destinations de notre région.
Phénomène qui s'est accentué avec
« L'instauration des 35H, qui fait que nous parLons de
moins en moins de saison touristique puisque Les visiteurs ont tendance
à "étaLer" Leur congé en priviLégiant des
dépLacements pLus courts mais pLus fréquents et ce, tout au Long
de L'année.
Dans ce cadre, Les manifestations cuLtureLLes tiennent un
rôLe essentieL en animant nos stations, quasiment tout au Long de
L'année et en suscitant donc L'intérêt du pubLic, non pLus
seuLement pendant La saison dite "estivaLe"...
A ce titre, iL est évident que Le festivaL Chroniques
Nomades participe à ce phénomène en attirant bien
sûr un pubLic avisé qui, par aiLLeurs, ne viendrait
peut-être pas à HonfLeur sans Le festivaL...
Propos recueillis par mail, le 4 décembre
2006.
Annexe 16
Les festivals en Basse-Normandie.
Note de synthèse, échange mail : Magali Anger,
responsable du secteur de la musique et du cinéma au Conseil
Régional de Basse-Normandie, le 6 décembre 2006.
La note de synthèse a été validée
par l'interviewé.
Pouvez-vous me donner une estimation du nombre de
festivals, tout domaine confondu, ayant eu lieu en Basse-Normandie pour
l'année 2006 ?
La Région a soutenu en 2006 environ cinquante
festivals, évidemment il y a sans doute d'autres
événements dont nous n'avons pas connaissance. Je ne dispose
d'aucune statistique ni chiffre plus précis sur le sujet.
Propos recueillis par mail, le 6 décembre
2006.
TABLE DES MATIERES
Introduction générale p.1
1ère PARTIE p.7
La notion de festivaL : entre échange Légitime
et tentative d'instrumentaLisation
Chapitre 1 p.10
Un rapport inhérent au contexte LocaL
I) L'impact du contexte local sur le festival
A) Le projet
|
p.10 p.10
p.11
|
B) Le choix de La date
|
C) Le choix du Lieu
|
p.13
|
1) Territoires identitaires
|
p.13
|
2) Territoires poLitiques
|
p.14
|
D) Recherche de financements
|
p.15
|
1) Financements pubLics
|
p.15
|
a) Les festivaLs : une activité précaire
|
p.16
|
b) Le Ministère de La CuLture et de La Communication
|
p.18
|
c) Désengagement de L'Etat vers Les coLLectivités
territoriaLes
|
p.20
|
d) Les coLLectivités territoriaLes
|
p.21
|
e) Les acteurs Locaux
|
p.24
|
2) Financements et soutiens paraLLèLes
|
p.25
|
a) Les Fédérations ou Réseaux
|
p.25
|
b) Les Fonds de Soutien
|
p.26
|
|
c) Les Sociétés CiviLes ProfessionneLLes
|
p.27
|
3) Financements privés
|
p.27
|
a) Le mécénat
|
p.28
|
b) Partenariat et sponsoring
|
p.32
|
E) La communication
|
p.34
|
II) Les retombées d'un festival sur le contexte
local
|
p.35
|
A) Retombées matérieLLes
|
p.36
|
1) Directes
|
p.36
|
|
226
|
a) Le tourisme p.36
b) Economique p.39
2) Indirectes p.43
a) Renforcement du Lien sociaL p.43
b) EmpLois directs p.45
c) EmpLois induits p.47
d) Le bénévoLat p.47
B) Retombées immatérieLLes p.48
1) Directes p.48
a) Image et notoriété p.48
2) Indirectes p.50
a) Démocratisation cuLtureLLe p.50
b) Diffusion artistique p.52
c) Promotion artistique p.53
d) Animation cuLtureLLe à L'année p.54
Chapitre 2
Un échange qui peut être instrumentaLisé
en retour ? p.56
I) Le festival : un outil de promotion au service des
collectivités
territoriales ? p.56
A) Le succès de La formuLe festivaLière
auprès des coLLectivités
territoriaLes p.56
1) Légitimation de La position des coLLectivités
territoriaLes p.57
2) Le festivaL est un outiL au service des coLLectivités
LocaLes p.59
a) Intérêts directs p.59
b) Intérêts indirects p.60
B) Un équiLibre compLexe entre cuLture et
économie p.62
1) Une orientation en faveur du déveLoppement LocaL
p.63
a) FestivaLs créés à L'initiative des
coLLectivités territoriaLes p.64
b) FestivaLs orientés en faveur de La communication
p.64
c) FestivaLs orientés en faveur de L'animation LocaLe
p.65
d) FestivaLs orientés à des fins institutionneLLes
p.66
2) Mais des festivaLs orientés qui gardent une
quaLité artistique p.67
C) Un équiLibre compLexe entre cuLture et poLitique
p.68
1) Interactions entre festivaL et municipaLité p.69
a) Une reLation équiLibrée
|
p.69
|
b) Une reLation de suspicion pour La municipaLité
|
p.70
|
c) Une reLation de suspicion pour Le festivaL
|
p.70
|
2) Quand L'interaction tourne à La rupture
|
p.72
|
II) Tentative d'instrumentalisation du concept de
festival par les directeurs de
festival ?
|
p.74
|
A) EvoLution des festivaLs en France et conséquences
directes
|
p.74
|
1) Le succès d'un concept
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p.74
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2) Conséquences directes de L'augmentation du nombre de
festivaLs en France .
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..p.76
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B) Une instrumentaLisation possibLe des festivaLs par Les
professionneLs ?
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..p.77
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1) Abus du terme « festivaL »
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p.79
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a) Les festivaLs de divertissement
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p.79
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b) Les festivaLs pastiches
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p.80
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c) Les festivaLs d'animation LocaLe
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p.80
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2) Tentative de différenciation
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p.81
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3) Un pubLic en perte de repères
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p.81
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C) Une perte possibLe du concept de « festivaL »
?
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p.82
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D) SoLutions envisagées pour une recherche de
différenciation du festivaL p.84
1) Un manque de professionnaLisme
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p.85
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2) Une originaLité nécessaire
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p.86
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3) Importance du directeur artistique
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p.88
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4) La reLation au pubLic
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p.89
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5) Une inscription sur Le territoire
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p.89
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E) Conséquences positives de L'évoLution des
festivaLs en France
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p.91
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2ème PARTIE
Proposition d'une formuLe festivaLière : Le festivaL
Chroniques Nomades et L'évoLution
du contexte cuLtureL en
France p.96
Chapitre 1
Une interaction au contexte LocaL nécessaire pour une
Légitimité territoriaLe, artistique et cuLtureLLe du festivaL
Chroniques Nomades p.97
I) Le contexte du festival Chroniques Nomades
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p.97
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A) Un festivaL inscrit sur un territoire
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p.97
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1) La région Basse-Normandie
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p.97
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2) Le département du CaLvados
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p.100
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3) La commune de HonfLeur
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p.102
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B) La photographie et ses festivaLs en France
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p.104
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1) Les festivaLs de photographie à écheLLe
nationaLe
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p.105
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2) La région Basse-Normandie et ses festivaLs
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p.107
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C) Historique, identité et évoLution du festivaL
Chroniques Nomades
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p.108
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1) Création du festivaL Chroniques Nomades
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p.108
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a) Le choix d'une thématique
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p.108
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b) Le choix de HonfLeur
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p.111
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c) Le choix d'une date
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p.112
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d) Le choix des Greniers à SeL
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p.113
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e) Le choix d'une équipe
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p.114
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f) Le choix d'un pubLic
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p.115
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2) Le maintien d'une Ligne de conduite
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p.116
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a) Les objectifs du festivaL Chroniques Nomades
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p.116
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b) La programmation du festivaL Chroniques Nomades
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p.118
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II) Quand ce contexte évolue...
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p.120
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A) Une menace possibLe sur Les événements
photographiques en France? ....
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p.120
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B) EvoLution du contexte financier du festivaL Chroniques
Nomades
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p.122
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1) Les subventions pubLiques
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p.122
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2) Les partenariats privés
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p.124
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3) En route vers Le mécénat
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p.126
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C) Une adéquation migrante entre direction du festivaL et
éLus Locaux
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p.128
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Chapitre 2
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ELéments d'action mis en pLace face à une possibLe
perte
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p.133
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du concept de festivaL
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I) La pérennisation appuie la
légitimité du festival
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p.133
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A) Prise en compte de L'augmentation du nombre de festivaLs
de photographie en
France p.133
B) Les nouveLLes actions menées par Le festivaL
Chroniques Nomades p.135
1) Actions menées au sein même du festivaL
Chroniques Nomades
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p.135
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a) Le déveLoppement d'événements dynamiques
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p.135
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b) Le déveLoppement du principe de coproduction des
expositions
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p.138
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2) Action menée en paraLLèLe du festivaL : Le
Festival OFF des Chroniques
Nomades p.139
a) ExempLes de festivaLs Off de photographie en France p.140
b) Le Festival OFF des Chroniques Nomades : outiL de
démocratisation pour Le
pubLic et d'accompagnement des artistes p.143
c) Une coLLaboration entre « In » et « Off »
à mesurer avec prudence p.145
II) Préconisations apportées à
l'échelle de l'ensemble des festivals en
France et du festival Chroniques Nomades :
outils de différenciation, de légitimation et de
pérennisation du festival p.147
A) Préconisations apportées à
L'écheLLe de L'ensembLe des festivaLs
en France p.147
B) Préconisations apportées pour Le festivaL
Chroniques Nomades p.151
Conclusion
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p.157
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Synthèse
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p.161
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Lexique
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p.165
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Index analytique
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p.171
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Index des noms propres cités
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p.172
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Glossaire des sigles
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p.173
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Biographies
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p.175
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Index des illustrations
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p.178
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Bibliographie
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p.179
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Annexes
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p.190
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Table des Matières des annexes
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p.191
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Tables des Matières
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p.226
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