3.3 Une mise en oeuvre qui rencontre de nombreuses
difficultés
Malgré tous les discours et les déclarations
d'objectifs qui se sont succédés, force est de constater que la
greffe a eu du mal à prendre. La mise en oeuvre du paradigme
intégrateur est visiblement problématique. Les limites et les
travers de cette démarche sont d'ailleurs actuellement reconnus et de
mieux en mieux appréhendés. Apparaît en premier lieu
l'inefficience du paradigme largement démontrée : une
participation illusoire et instrumentalisée (Fauroux, 2002, 2004, 2006 ;
Blanc-Pamard, 2004 ; Blanc-Pamard et Fauroux, 1997), des travers importants du
concept de patrimonialisation (Joshua, 2008 ;
Weigel, 2007), une déviance de l'autochtonie (Dahou, 2007)
ou encore des défauts conceptuels liés à la participation
(D'Aquino, 2004, 2004).
Ensuite il faut prendre en compte la façon dont le
paradigme est mis en oeuvre concrètement. Même si les bailleurs
veulent que la dimension participative intègre le projet, ils exigent
avant tout des résultats rapides et probants, n'accordant pas toujours
les moyens et surtout le temps nécessaire à cette
démocratisation. Sur le terrain, les opérateurs se trouvent donc
bien souvent démunis et contraints de s'adapter à la
réalité de ces projets. Les diagnostics préalables
semblent encore extrêmement rapides et superficiels. La place faite
à la médiation dans les processus de participation et
concertation reste assez faible. L'approche sociale mise en oeuvre repose
principalement sur la compensation du préjudice local que
représente l'AP.
La mise en pratique du nouveau discours n'est donc pas
automatique pour les acteurs de la conservation ; ce dernier recouvre et
entérine encore des interventions très centralisées voire
dirigistes.
Les nouveaux concepts relatifs à la gestion locale de
l'environnement ont-ils vraiment amené des améliorations en
matière de compréhension des territoires par les acteurs
extérieurs ? Les projets de conservation génèrent toujours
des interactions fortes au niveau local et entre les différentes
échelles d'actions ou de décisions. Dans quelles mesures ces
dernières sontelles gérables et positives ?
Les relations d'assistanat ont-elles réellement
évolué vers des partenariats censés être plus
constructifs ? On doit s'interroger sur la réalité des
projets actuels de conservation. Sontils encore vraiment inspirés par le
paradigme intégrateur ou bien confirment t-ils un certain retour «
aux barrières ». Les problèmes rencontrés
à ce sujet sont-ils d'ordres méthodologiques, idéologiques
? Une analyse précise semble nécessaire pour identifier les
blocages effectifs.
4. La problématique de l'environnement marin
à Madagascar
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