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L'union pour la méditerranée, quel avenir?

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par Khoudir Leguefche
Université Pierre Mendès-France de Grenoble - Master 2 2009
  

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II. Les rivalités culturelles : l'éternel responsabilisation de l'autre

Le fait que la partie nord de la méditerranée englobe d'ex-empires coloniaux et la partie Sud et Est soit composée en majeur partie de pays colonisés jusqu'à la deuxième partie du siècle passé alimentent les thèses rejetant la responsabilité du sous développement des pays du sud sur la politique coloniale. Si les pays ex-colonisateurs estiment que l'occupation était un bon moyen pour civiliser des populations qui était livrés à une vie primitive, les peuples colonisés autrefois partagent le sentiment que les pays développés ont occupé leurs territoires pour les réduire à la servitude et organiser le pillage des ressources naturelles.

Cette histoire controversée entre les deux rives de la méditerranée alimente certains discours qui de leur coté accentue le climat de rupture entre les peuples de la région, ce qui constitue le foyer propice aux tensions. Selon Lacoste25, "les tensions géopolitiques traduisent l'état d'esprit, le comportement politique d'un certain nombre d'hommes qui à tort ou à raison persuadent leurs compatriotes qu'ils sont victimes d'un sort injuste et que leurs mauvaises conditions d'existence sont la conséquence de la domination des pays du nord de la Méditerranée sur ceux du sud".

Cette réalité vient nourrir les représentations négatives que les peuples des deux rives ont les uns envers les autres. Toute inquiétude est justifiée par le fait que cette image négative est récurrente à l'occasion de tout nouveau rapprochement entre les deux rives de la méditerranée. Ainsi le même auteur constate que "dans les pays arabes, on accuse presque unanimement l'«Europe » de ne pas avoir renoncé aux méthodes coloniales et d'essayer encore d'exercer sa domination pour maintenir le monde arabe dans le sous-développement. En revanche, les opinions européennes, et plus encore depuis l'attentat du (World Trade Center), voient le monde musulman sous des traits plus ou moins proches de ceux que l'on attribue aux islamistes"26.

D'abord il faut mentionner que toutes tentatives d'explication des raisons du sous- développement des pays de la rive sud nécessite la combinaison de beaucoup d'effort et de moyens, tout comme le phénomène du terrorisme, que malheureusement il n'est pas possible de les réunir à l'occasion de ce travail. Toute fois, il est essentiel de souligner qu'il n'est pas logiquement saint de rejeter toute la responsabilité du sous-développement des pays de la rive

25 Lacoste Y., Op. Cite.

26 Lacoste Y., Ibid

sud sur le colonialisme, ni responsabiliser l'Islam de tous les actes terroristes. Mais la question qui se pose aujourd'hui est comment rétablir un climat de confiance et réduire les tentions ?


· La question de la Confiance

Le partenariat euro- méditerranéen relie, d'une part, une Europe démocratique et d'autre part un "grand moyen orient" habité en majeur partie par les arabes, il est sensé faire du bassin méditerranéen une zone de dialogue et d'échanges pour une meilleure compréhension entre les cultures. Or, "encore de nos jours, rien ne se dresse réellement entre les dictateurs arabes et les peuples qu'ils gouvernent : aucun vrai syndicat, ni groupe influent pour défendre les droits humains, aucun média libre ou parlement doté d'un réel pouvoir politique. C'est la raison pour laquelle une nation arabe sombrera dans le chaos si l'on fait tomber son dictateur - comme le prouve de manière éclatante l'occupation de l'Irak suite à l'intervention américaine"27.

Si le troisième volet de la déclaration de Barcelone évoque la culture, le dialogue et les échanges humains comme éléments essentiels du rapprochement et de la compréhension pour une meilleure perception mutuelle entre les peuples, en pratique cela n'a pas été réalisé. En premier lieu le dialogue n'a pas été déclenché, et en second lieu, la situation aux pays de la rive Sud est complexe comme on vient de l'évoquer.

Puisqu'il est clair que la déchirure entre les peuples des deux rives de la méditerranée renvoie beaucoup plus à un héritage historique et religieux, et que malheureusement la marge de manoeuvre est réduite face à ce genre de situation. Au moins sur le plan théorique, il semble quand même possible de mentionner les quelques repères qui justifient l'attitude des peuples pour pouvoir ensuite s'attaquer aux fondements de cette pensée négative, à défaut, nous serons hanté par l'esprit de fatalité.

En gros, au Nord, on assimile le terrorisme aux musulmans. Tandis qu'au Sud, on accuse
l'occident d'impérialisme colonial et néocolonial. Si les musulmans nient toute tendance
systématique à la violence dictée par l'Islam, ils se réfèrent quand même à des textes religieux

27 Kuran T., Sous-développement économique au Moyen-Orient : le rôle historique de la culture, des institutions et de la religion, Afrique contemporaine 2008/2, N° 226, p. 31-54.

les incitants à la rupture avec les non musulmans. A cela, il faut ajouter que le problème palestinien n'est toujours pas résolu et constitue dans l'esprit des musulmans une autre étape du colonialisme auquel une partie de l'Europe a pris part et de ce point de vue, elle devra contribuer à sa résolution. Ce qui complique toute tentative de réconciliation.

Puisque ce qui vient d'être évoqué alimente la tension des esprits, il semble que toute relecture objective de l'histoire contribue à l'apaisement des esprits, parce qu'elle conduira à partager les responsabilités et les absurdités de part et d'autre. Dans ce contexte, il me semble opportun de mentionner que si certains28 nient le fait que le colonialisme est responsable du sous- développement d'une partie des pays de la rive Sud de la Méditerranée, tout en reconnaissant la fiabilité de cette thèse, il faut reconnaître aussi que la présence coloniale prolongée a interrompu sans aucun doute l'évolution normale des sociétés dominés, ce qui justifient peut être le repli identitaire observé de nos jours.

Pour réconcilier les deux rives de la méditerranée, il faudrait rétablir avant tout un climat de confiance sur deux niveaux en même temps, sur le plan des relations internationales et au niveau des sociétés civiles. Si << les instruments classiques du droit international - les techniques juridiques - ont été incapables d'instaurer la confiance dans les relations internationales. De nouvelles techniques sont apparues, mais elles aussi ont échoué, qu'il s'agisse du dialogue ( euro-arabe, nord-sud, palestino-américain...), qu'il s'agisse de la négociation qui s'avère être en définitive un jeu conflictuel »29, il faut reconnaître que la déclaration de Barcelone est une invention majeur, même si elle n'a pas dépassé le cadre déclaratif, elle différencie l'approche européenne en matière des relations extérieures de celle des Etats-Unis d'Amériques marquée par la violence dés le début des années 90. Cela veut dire que l'approche en elle-même est prometteuse si les parties arrivent à mettre en oeuvre les moyens nécessaires à sa réalisation comme convenu lors de la déclaration de Barcelone.

28 Y La Coste, dans son article << La Méditerranée » (déjà cité) remarque que la colonisation des pays du sud s'est établie tardivement et malgré cela la révolution industrielle n'a pas eu lieu ni à Damas ni à Bagdad, comme en Europe, qui pourtant semblaient être disposés, il ajoute que en Turquie non plus, il n'y'a pas eu de révolution industrielle, pourtant ce pays n'a pas été colonisé, il explique la situation du sous développement de certains pays par l'absence de la classe bourgeoise que les structures sociales n'ont pas permis sa formation.

29 Gandossi C-V., Le rôle de la confiance dans les relations Nord- Sud en Méditerranée. http://www.fmes-france.net/article.php3?id_article=946.

Gandossi30 estime que « parmi les instruments de la confiance, relevons aussi toutes les analyses ayant trait à l'étude de l'image de l'autre, celle des stéréotypes, dont le but est de tendre à la disparition ou du moins à l'atténuation des cristallisations idéologiques (Eux et Nous / Islam - Chrétienté / Nord - Sud...) ».elle ajoute qu'"il serait donc très nécessaire de se livrer non seulement à des recherches théoriques et empiriques ayant trait aux instruments qui contribuent à la croissance de la confiance ( et à la régression de la méfiance) dans les relations internationales, en l'occurrence dans les relations Nord-Sud, mais aussi de se concentrer sur l'analyse des conditions dans lesquelles les instruments de la confiance sont appliqués".

A coté de cela, il faut garder en esprit que le climat de confiance ne peut être instauré que s'il y'aura eu le changement nécessaire dans les grandes matrices qui conditionnent les pensées à l'intérieur de chaque groupe. Dans le même ordre d'idées, Arkoun31 estime que "le travail de libération des esprits et de radicalisation de la critique des traditions de pensée héritées, doit commencer à l'intérieur de chaque tradition". Paradoxalement, il est attendu du partenariat euro- méditerranéen de stimuler l'échange humain nécessaire à une meilleure compréhension entre les peuples en leur donnant le temps nécessaire à l'évolution à l'intérieur de chaque identité. Tout en espérant "que les peuples de la Méditerranée ne doivent pas passer par un conflit global pour pouvoir un jour discuter d'un avenir commun de prospérité et de paix"32 à l'image de la tragédie européenne des deux guerre mondiales à l'issue desquelles l'Europe s'est enfin résolu à s'unifier. Le défit à relever dans le domaine culturel donc, est l'instauration de canaux de dialogue interculturel ouvert à toutes les composantes de la société civile méditerranéenne au moment ou l'Europe est perçue comme un acteur juste.

30 Gandossi C-V., Ibid.

31 Arkoun, Op. Cite.

32 Kehailia G., Faiseurs de guerre, faiseurs de paix : de l'usage politique des identités culturelles, Revue internationale et stratégique, 2008/2, N° 70, p. 41-52.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon