L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006( Télécharger le fichier original )par Corneille YAMBU -A- NGOYI Université de Kinshasa - DES 2005 |
II. Selon Jean Jacques Rousseau.A. Exposé de la théorie.Comme Thomas Hobbes, Jean Jacques Rousseau part également de l'Etat de nature. Dans le « contrat social » Jean Jacques Rousseau explique l'état naturel des hommes où à l'origine tous étaient égaux, libres, indépendants et bons. Parlant de premières sociétés. Il dit : « la plus ancienne de toutes les sociétés, et la seule naturelle, est celle de la famille : encore les enfants ne restent liés au père qu'aussi longtemps qu'ils en ont besoin. Dès qu'il cesse, le lien naturel se dissout. Les enfants exempts de l'obéissance qu'ils devaient au père ; et le père exempt des soins qu'il devait aux enfants, rentrent tous également dans l'indépendance. S'ils continuent de rester unis, ce n'est plus naturellement, c'est volontairement ; et la famille elle - même ne se maintient que par convention. Cette liberté commune est une conséquence de la nature de l'homme. Sa première loi est de veiller à sa propre conservation, ses premiers soins sont ceux qu'il se doit, à lui et sitôt qu'il est en âge de raison, lui seul étant juge des moyens propres à le conserver, devient par là son propre maître123(*). Pour Rousseau, la famille est premier modèle des sociétés politiques : le chef étant l'image du père, le peuple l'image des enfants et tous étant nés égaux et libres n'aliènent leur liberté que pour leur utilité124(*). Parlant d'un tel postulat, l'auteur s'interroge sur le paradoxe que l'homme né libre soit partout dans les fers. En cherchant une explication, il montre que c'est la propriété privée, engendrée par l'invention de la métallurgie, et de l'agriculture, qui va dénaturer l'homme en suscitant inégalement, richesse et misère, rivalités et passions, introduisant ainsi le malheur dans l'état de nature. La nécessité du contrat social apparaît lorsque les hommes sont « parvenus à ce point où les obstacles qui nuisent à leur conservation dans l'état de nature l'emportent par leur résistance sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état125(*) ». Sentant la nécessité qu'il y avait à mettre en commun la gestion de leurs intérêts, les hommes ont renoncé à leur liberté de plein gré par un accord général que Rousseau appelle le contrat social qui est le fondement de l'Etat. L'Etat serait ainsi l'association politique librement formée par les participants au contrat social, la souveraineté de l'Etat, c'est la volonté générale des contractants, la somme de leurs volontés individuelles ; les libertés ou droits individuels seraient cette part de la liberté primitive qui n'aurait pas été restituée par le corps social126(*). B. Critique de la théorie.* 123 Rousseau, (J.J.), Du contrat social, Paris, Unions générales d'éditions, 1973, p. 61. * 124 Rousseau, (J.J.), Du contrat social, Paris, Unions générales d'éditions, 1973, p. 62. * 125 Rousseau, J.J., cité par Ntumba Luaba, op.cit., p. 23. * 126 Mpongo, (E.), op.cit, p. 24. |
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