§1. La
théorie du contrat social.
I. Selon Thomas Hobbes.
A. Présentation de la
théorie.
Dans Léviathan paru en 1650, Thomas Hobbes
explique : « les hommes sont égaux par nature. La nature
a fait les hommes à ce point égaux en ce qui concerne les
facultés du corps et de l'esprit que..... le plus faible en a assez pour
tuer le plus fort, soit en usant de ruse, soit en s'alliant à d'autres
qui sont menacés du même danger que lui... Il est donc ainsi
manifeste que, tant que les hommes vivent dans une puissance commune qui les
maintienne tous en crainte, ils sont dans cette condition que l'on appelle le
guerre, et qui est la guerre de chacun contre chacun... »118(*).
Dans cette guerre permanente et générale Hobbes
tire une autre conséquence ; l'absence des notions du droit et du
tort, de la justice et de l'injustice. Dans la société qu'il
décrit, il n'y a pas de loi. La force et la ruse y sont les deux vertus
cardinales119(*).
L'auteur assimile ici, le droit de la nature à « la
liberté que chacun a d'user de sa puissance propre comme il
l'étend, pour la préservation de sa propre vie. Et, que la
condition humaine est une condition de guerre de chacun contre chacun,
où chacun est gouverné par sa propre raison, et de ce que, pour
préserver sa vie contre ses ennemis, il n'est aucun moyen qui ne puisse
être de quelque utilité, il s'en suit que dans une telle
condition, chacun a droit sur toutes choses, même sur le corps des
autres... »120(*).
Ce qui nous intéresse ici, c'est l'observation des
faits dans les pays africains qui semblent curieusement correspondre aux
conditions pré-étatiques décrites par Thomas Hobbes. Il y
a lieu de penser que certains pays de la sous- région africaine des
grands lacs, le Burundi, le Rwanda et le Congo - Kinshasa auraient choisi de
revivre l'Etat de nature. Cela étant, il est bénéfique de
réfléchir sur les voies de sortie et, c'est ce que nous entendons
poursuivre dans notre étude. Déjà Hobbes, fournit une
explication qui pourrait être une proposition de solution possible.
Aussi poursuit-il son analyse :
« la justice et la propriété
commencent avec la constitution de l'Etat... ». Avant donc que l'ont
puisse user des mots « juste » et
« injuste ». Il faut qu'il y ait une puissance coercitive
d'une part, pour contraindre également les hommes à
l'exécution de leurs pactes par la terreur d'autre part, pour leur
confirmer la propriété de ce qu'ils acquièrent par contrat
mutuel en compensation du droit universel qu'ils abandonnent ; et, une
telle puissance il n'y a en a point avant l'établissement de l'Etat.
L'Etat est présenté comme un homme :
« homme - Etat », un homme puissant à qui tous les
membres de la communauté abandonnent leurs droits et leurs
libertés. L'homme - Etat, le Léviathan est souverain absolu. Dans
la deuxième partie de son oeuvre Thomas Hobbes montre que la naissance
de l'Etat se fait par un pacte créateur121(*).
* 118 Hobbes, (T.),
Léviathan, 1ère partie, De l'homme, trad, R,
Anthony, Paris, Gard, 1921, p.p. 198, 2004, 211, 212, 238 et 239.
* 119 Idem
* 120 Ibidem
* 121 Hobbes, T.,
Léviathan, 2è partie, De l'Etat, éd., O &
ford, Clarendon Press, 1909, pp 131 et 132.
|