Section 2 : L'importance de la valorisation du capital
humain
Il s'agit de proposer, toutes choses égales par
ailleurs, quelques mesures visant à rendre efficaces les dépenses
publiques en capital humain en vue d'une croissance de long terme au Tchad.
Elles s'ajoutent aux réformes opérées au Tchad dans les
domaines de l'éducation et de la santé, avec notamment le
programme d'appui à la réforme du secteur d'éducation au
Tchad (PARSET) et la politique nationale de santé (PNS).
Ainsi, les pouvoirs publics doivent rechercher la bonne
gouvernance pour rendre efficace les dépenses engagées en capital
humain. Cependant, ceux-ci doivent construire les infrastructures sociales de
taille, garantir les conditions de formation du capital humain, puisque
l'instabilité politique est un facteur d'instabilité
économique. Il apparaît dès lors important de créer
un climat propice pour inciter les personnes et les entreprises, notamment
étrangères, à travailler et à investir. Il en
découlera des externalités positives
grâce aux effets « spillovers » qui influencent
la croissance économique d'un pays (HAMROUNI, 2004 ; DULLECK, 2008 ;
NEIL et FOSTER, 2008).
Il est également important pour les pouvoirs publics
d'encourager non seulement la formation au primaire et au secondaire, mais
également d'augmenter les dotations budgétaires en faveur de
l'enseignement supérieur. C'est ainsi, qu'on pourrait facilement
contribuer à la formation d'une classe d'entrepreneur. Un regard
particulier doit être orienté sur l'adéquation entre
formation et emploi, les qualifications, le mérite, la
rémunération par rapport à la productivité
marginale du travail pour stimuler la croissance.
Globalement, l'accroissement des dépenses publiques en
capital humain permet de mettre en relief les politiques de protection sociale
qui favorisent la croissance économique.
En effet, la protection sociale12 peut favoriser
l'autonomisation et accroître la sécurité en permettant de
mieux maitriser les risques et en encourageant ainsi les pauvres à
investir dans des activités plus rentables (KRECH, 2007 ; HARVY, 2009).
Elle contribue au développement du capital humain en offrant aux pauvres
et aux personnes vulnérables la possibilité d'améliorer
leurs capacités et de rompre ainsi le cercle vicieux de la transmission
de la pauvreté d'une génération à l'autre. On
évite ainsi, la trappe à pauvreté.
L'efficacité des différentes mesures de
protection sociale permet de progresser vers les objectifs du millénaire
pour le développement (OMD). Elle est également l'assise
nécessaire à la stabilité politique et sociale qu'exige la
croissance économique.
12 La protection sociale désigne les politiques et les
mesures destinées à donner aux pauvres et aux catégories
vulnérables davantage de moyens de s'affranchir du dénuement et
de faire face aux risques et aux chocs. Elle englobe les instruments
conçus pour prendre en charge la pauvreté et la
vulnérabilité à caractère chronique et
consécutives à des chocs (SABATESWHEELER et HADDAD, 2005).
La présente étude
consacrée à déterminer le lien entre capital humain et
croissance nous a permis de voir comment le capital humain, à travers
ses différentes composantes, influence la croissance
économique.
Il en ressort globalement qu'en cette ère de
mondialisation et d'économie cognitive, la valorisation du capital
humain est devenue la clé de la compétitivité. Cependant,
l'investissement dans le capital humain fait appel à des dépenses
d'éducation, de formation et de santé plus importantes en vue
d'accroitre la productivité du travail.
Prenant en compte l'environnement économique du Tchad,
nous nous sommes inspirés du modèle issu des travaux de LUCAS
(1988) et de MONTEILS (2000) et avons eu recours à la technique de
cointégration de JOHANSEN (1988) pour mettre en évidence,
à travers, l'estimation du modèle vectoriel à correction
d'erreur le lien entre capital humain et croissance.
La revue de littérature théorique que nous avons
faite, nous a conduit à retenir deux (2) variables
d'intérêt : les dépenses publiques d'éducation et de
santé, pour apprécier la relation entre le capital humain et
croissance au Tchad.
Les résultats obtenus confirment l'existence d'une
part, d'une corrélation positive entre les dépenses publiques de
santé et la croissance et, d'autre part, une corrélation
négative entre les dépenses publiques d'éducation et la
croissance.
Ces résultats, nous ont conduit vers une orientation en
termes de politique économique. Ainsi, l'allocation efficace des
dépenses publiques en capital humain est un facteur explicatif de la
croissance car elle permet d'améliorer le niveau d'accès aux
services sociaux et de favoriser par la suite, une politique de protection
sociale. Le développement du capital humain
est, à cet effet, une bonne stratégie pour un
pays comme le Tchad quiconnaît des difficultés
d'adaptation face aux mutations technologiques.
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