1.1 Efficacité des dépenses publiques de
santé sur la croissance
Les résultats économétriques
précédents révèlent que 1 %
d'augmentation des dépenses en santé entraine un
accroissement de +0.04029 % de la production et donc la croissance.
Cette situation vient renforcer les prédictions
théoriques selon lesquelles il existe une corrélation positive et
significative entre les dépenses de santé et le PIB (ULMANN, 2003
; BLOOM ; CANNING et SEVILLA, 2004 ; KOCOGLU et ALBUQUERQUE, 2009).
En effet, l'augmentation des dépenses de santé
contribue à l'amélioration de l'état de santé et
permet de relever le revenu par habitant par diverses voies, notamment :
- l'accroissement de la productivité des individus et la
modification de leurs décisions de dépense et d'épargne
;
- la progression de l'espérance de vie qui incite la
génération actuelle à épargner, a des effets
favorables sur le taux d'épargne privée et donc sur
l'investissement. Aussi se trouve confirmée l'idée selon laquelle
une augmentation de 40 % d'espérance de vie engendre 1,4 point de
croissance (BARRO, 1996) ;
- les progrès sanitaires sont de nature à
attirer l'investissement privé. En effet, les investisseurs fuient les
pays où la main d'oeuvre souffre constamment de toutes sortes de maladie
(KEYO, 2006).
Au Tchad, depuis 2005, le gouvernement a élaboré
une politique nationale de santé (PNS) centrée sur le
développement de l'approche sectorielle santé. Cette
réforme, inspirée des objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), couvre la période de 2007-2015.
L'objectif visé ici, le développement des
services de santé primaire de haute qualité, accessible à
toute la population ; l'amélioration de la gestion du système de
santé en surveillant les différentes allocations
budgétaires dans ce domaine ; l'accroissement des efforts à
éradiquer les maladies endémiques et
épidémiques.
L'augmentation des dépenses de santé au Tchad se
justifient également par la construction des infrastructures sociales
sanitaires.
1.2 Inefficacité des dépenses publiques
d'éducation sur la croissance
Le résultat du modèle vectoriel à
correction d'erreur montre une relation négative entre les
dépenses d'éducation et la production. Ce résultat,
contredit les travaux de KRUEGER et LINDHAL (2001) et de O'CALLAGHAN (2002),
qui montrent une relation positive entre éducation et croissance.
Par ailleurs, une telle situation s'analyse facilement avec la
thèse de PRITCHETT (2001), qui montre qu'il n'existe pas de relation
positive entre l'augmentation du capital humain (éducation) et le taux
de croissance de PIB pour les pays en voie de développement. Cela se
justifie par plusieurs raisons :
- l'environnement politique et institutionnel, qui lorsqu'il est
mauvais
peut faire en sorte que l'accumulation du capital humain ne
puisse
pas influencer considérablement la croissance
économique ;
- les rendements d'éducation qui peuvent baisser lorsque
l'offre de
main-d'oeuvre éduquée augmente pendant que la
demande reste
stagnante. Dès lors, on se retrouve avec un
problème de dépréciation
des compétences acquises susceptible de compromettre la
croissance (CHAUSSARD et PASSET, 2005 ; TOMASINI, 2002).
Au Tchad, les dépenses d'éducation n'influencent
pas positivement la croissance. Plusieurs problèmes peuvent être
évoqués :
- le manque total de transparence sur les informations
budgétaires ;
- la concentration des dépenses dans l'éducation
primaire et secondaire
au détriment de l'enseignement supérieur
troublé par les grèves à
répétition ;
- la disparité des revenus et le niveau relativement
bas des salaires, qui provoquent « l'exode du capital humain »,
autrement dit, la migration des personnels les plus qualifiés. Cette
situation constitue à la fois un gain pour les pays receveurs et une
perte pour le pays de départ.
- l'inadéquation entre les qualifications (diplômes,
expériences etc.) et l'emploi.
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