Section 2 : Les variables exogènes
Nous distinguons deux principales variables explicatives : le
capital physique (K), et le capital humain (H).
2.1 Le capital physique9
Il s'agit précisément de l'investissement,
composante de la production qui est évalué par la formation brute
du capital fixe (I). La comptabilité nationale détermine la
formation brute du capital fixe par les acquisitions moins les cessions
d'actifs fixes, notamment les actifs corporels ou incorporels
réalisés par les producteurs résidents.
Le graphique ci-dessous traduit l'évolution de la
formation brute du capital fixe au Tchad de 1989 à 2010.
9 Il est aussi appelé actif produit. Il
concerne, les machines, bâtiments et équipements techniques
utilisés dans la production, auxquels s'ajoutent les stocks de
matières premières et des produits semi-finis et finis.
Graphique 2 : Formation brute du capital
fixe (en milliard de CFA)
Source : CD-ROM de la BM,
2007
La formation brute du capital fixe croît
véritablement à partir de 1993. Elle atteint un pic en 2002, et
connaît par la suite des fluctuations.
La phase ascendante de 2004 à 2006 s'explique par
l'investissement dans l'équipement et la construction de quelques
infrastructures sociales.
La baisse des dépenses d'investissement de 2006 au
début 2008 s'explique par l'attaque des mouvements politico-militaires
sur N'djamena. De ce fait, une grande partie des dépenses est
orientée dans l'armement.
La phase croissante à partir de 2008 s'explique par le
chantier de construction des lycées, écoles, universités
et les hôpitaux dans le pays, ainsi que par la réhabilitation des
infrastructures touchées par la guerre.
2.2 Le capital humain
Le capital humain, prend en compte l'éducation, la
formation, la santé, etc. Il est approximé par le taux brut de
scolarisation ou les dépenses publiques dans les services sociaux
(éducation, formation, santé, etc.)
Cependant, le choix des dépenses publiques dans les
services sociaux
0
(éducation et santé) comme variable
exogène représentant le capital humain
I
( ), se justifie par son influence sur la production globale
(TANZEE et ZEE, 1997).
A l'instar de LUCAS (1988) et MINCER (1954), qui saisissent
simplement dans la démonstration de leur modèle le capital humain
par les
effets de l'éducation et de formation, nous
introduirons dans notre modèle, la variable santé pour mieux
mettre en exergue le rôle du capital humain et voir s'il est ou non
source de croissance.
Ainsi, nous décomposerons le capital humain H en
dépenses d'éducation () et santé ().
Les graphiques (4 et 5) ci-dessous, indiquent respectivement
l'évolution des dépenses publiques d'éducation et de
santé au Tchad de 1989 à 2010.
Graphique 4 : Dépenses publiques
d'éducation (en milliard de CFA)
Sources : CD-ROM de la BM,
2007 et ministère de l'éducation du Tchad
Le graphique 4 montre que l'évolution des
dépenses publiques d'éducation au Tchad de 1989 à 2008,
suit un rythme en général croissant mais avec une
légère chute en 1999. Le rythme croissant des dépenses
publiques d'éducation au Tchad de 2003 avec un pic en 2008 se justifie
par les différentes réformes opérées dans le
secteur de l'éducation.
Il faut d'abord rappeler qu'au Tchad, depuis les années
1980 jusqu'à vers les années 2000, le système
éducatif est précaire à cause de l'instabilité
politique.
Cependant, parmi les réformes opérées on
peut citer :
- la priorité accordée à
l'éducation de base (Elémentaire et
Alphabétisation), à l'Enseignement Technique et à la
Formation Professionnelle avec
E
l'élaboration et l'adoption du Plan d'Action National
pour l'Education pour
Tous (PAN/EPT) en 2004. L'objectif visé est d'accorder
au moins 50 % du budget de l'Education au développement de
l'éducation de base ;
- le renforcement de la politique d'encouragement des
initiatives communautaires de l'Agence pour la Promotion des Initiatives
Communautaires (APICED) qui appuie les Associations des Parents d'Elèves
(APE) dans la prise en charge des maîtres communautaires ;
- la mise sur pied effective d'un Centre National de Curricula
(CNC) par la loi n° 20/PR/ 2002, dans le but de contribuer à
l'amélioration de la qualité de l'Education par la
rénovation des programmes d'enseignement, l'élaboration et
l'expérimentation des manuels scolaires , des guides pédagogiques
, des plans de formation d'enseignants , du fondamental au secondaire.
Signalons ensuite, pour ce qui est de la santé que son
évolution se présente comme suit :
Graphique 5 : Dépenses publiques
de santé (en milliard de CFA)
Sources : CD-ROM de la BM,
2007 et ministère de la santé du Tchad
Le graphique 5 montre les variations des dépenses de
santé de 1989 à 2010. Cette variation explique la mise en oeuvre
de la politique nationale de santé (PNS) compte tenu de
l'incapacité du système existant à faire face aux
multiples problèmes de santé.
La baisse constatée de 2006 à 2007 est due aux
contraintes de performance dans le système de santé. Les conflits
armés déplacent les
92 94 96 98 00 2 04 06 0 10
familles et désorganisent les services de santé.
S
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CHAPITRE II : SPECIFICATION DU MODELE
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Dans ce chapitre, il est question de présenter la
relation théorique du modèle (section 1) et le modèle
à des fins d'estimation (section 2) qui nous permettra de voir si le
capital humain est ou non source de croissance au Tchad.
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