Remerciement:
Je tenais à remercier dans un premier temps, toute
l'équipe pédagogique de l'université de Lille 3 et surtout
mon tuteur: Mr Vincent Caradec pour avoir assuré la partie
théorique et empérique de celle-ci ainsi que pour l'aide et les
conseils concernant le bon déroulement du mémoire.
Je tenais aussi à remercier les nombreuses personnes de
Lille et de Picardie d'avoir bien voulu se soumettre aux entretiens et d'avoir
répondu le plus sincèrement possible aux questions , sans qui, je
n' aurais jamais pu réaliser ce mémoire.
Et pour finir , je tenais à remercier toutes les
personnes m'ayant poussé et motivé à la réalisation
du mémoire .
Merci à tous et toutes pour votre aide precieuse.
Introduction
L'envie de travailler sur le rapport des jeunes d'aujourd'hui
avec l'alcool m'est venue assez tardivement. C'est à la suite de la
diffusion d'un reportage sur une chaine télévisée à
propos des « apéros géants » organisés
par Facebook (réseau social sur internet) comme étant une
nouvelle tendance venu des pays anglophones, que l'idée m'est venue de
me pencher sur ce sujet. De plus, suite à de nombreux faits divers
survenus ces derniers mois en France, la question de l'alcoolisation à
outrance chez les jeunes est devenue un phénomène de premier plan
qui interpelle les pouvoirs publics et les politiques sanitaires. Dans le
reportage dont j'ai fait mention plus haut, on pouvait voir qu'une nouvelle
forme alarmante d'alcoolisation abusive et excessive s'était
amplifié chez les jeunes : le « binge drinking ». Il a
pour objectif d'absorber très rapidement et en quantité excessive
et intensive de l'alcool pour parvenir le plus rapidement possible à
l'ivresse. Ce phénomène concerne essentiellement les adolescents
de 14 à 18 ans.
L'histoire de la construction des habitus au sens bourdieusien
du terme dans la population française montre que la consommation
d'alcool est associée à différentes notions sociales et
sociétales.
L'alcool est un produit obtenu par la fermentation de
végétaux riches en sucres dont la consommation est très
réglementée en France, voire interdites dans certains pays.
L'alcool est une substance psychoactive qui agit dans le système
nerveux. Sa consommation à court terme provoque une sensation de
bien-être, de plaisir, d'excitation, alors qu'en quantité
importante, elle peut engendrer l'ivresse, des nausées et autres
douleurs désagréables. Aujourd'hui, l'alcoolisation des jeunes
est devenue un problème de santé public ; il s'avère
que la consommation en forte quantité s'est démocratisée
et est même devenue à la mode. Comme l'explique Pierre Coslin dans
son ouvrage Les conduites a risques à l'adolescence,
l'adolescence est une période de changements physiques, physiologiques
ou encore sociaux. L'instabilité qu'ils engendrent chez l'adolescent
s'est amplifiée ces dernières années avec la perte des
repères, l'éclatement des familles ou encore la peur de l'avenir
.De ce fait, certains jeunes vont tenter d'oublier ces problèmes
à travers une consommation élevée d'alcool. Ce qui peut
être épisodique au départ peut très vite conduire
vers une alcoolisation chronique et régulière chez les plus
faibles et vulnérables d'entre eux. C'est durant l'adolescence qu'a lieu
le moment de la découverte des usages de produits dits psychoactifs
(alcool, drogues....). L'adolescence est une période où les
jeunes sont à la recherche de l'interdit, de transgression des normes,
des codes, mais sont surtout empreints de fragilité et de
vulnérabilité. Les premiers résultats de l'enquête
ESCAPAD en 2008 mettent en évidence qu'un peu moins de 80 % des jeunes
âgés de 17 ans déclarent avoir déjà
consommé de l'alcool au cours du dernier mois. Encore plus saisissant,
l'enquête dévoile que 8,9% d'entre eux boivent de l'alcool
régulièrement, et 0,8% déclarent en boire tous les jours
de l'année. D'autres chiffres peuvent faire froid dans le dos ; un
adolescent sur trois connaît sa première "cuite" avant 15 ans, et
trois jeunes sur cinq ont déjà consommé de l'alcool
à cet âge (65 % des garçons, 59 % des filles). Durant cette
période difficile qui est l'adolescence, un certain mal-être peut
apparaitre ; boire de l'alcool permet de s'évader. En effet,
beaucoup de jeunes font un parallèle entre l'alcool et la fête,
qui est symbole par excellence de la rupture avec le quotidien. Par
conséquent, l'état d'ivresse est plus fréquent, et
concerne plus de jeunes qu'auparavant.
On peut se poser la question suivante ; pourquoi les
jeunes aujourd'hui boivent-ils? Pourquoi est-ce le plus souvent à cet
âge que l'on entre en consommation? La question d'un possible alcoolisme
de l'adolescent fait problème, et encore aujourd'hui, il existe peu de
travaux à ce sujet. Même s'il est possible de recenser des
études de l'INSERM, notamment sur les modes d'alcoolisations des jeunes,
encore de nos jours et dans les ouvrages sociologiques, l'adolescence et
l'alcoolisme sont des termes très peu souvent associés. Comme le
souligne Daniel Bailly, spécialiste de la relation parents-enfants et
des comportements addictifs chez les jeunes dans Particularité
cliniques de l'alcoolisme de l'enfant et de l'adolescent
(p170) : "Cette méconnaissance des conduites d'abus d'alcool chez
l'enfant et l'adolescent apparaît d'autant plus préjudiciable que
l'on sait que la plupart des sujets d'adultes traités pour l'alcoolisme
ont vu débuter leur consommation excessive d'alcool avant l'âge de
20 ans".
Comment expliquer ce phénomène si
précoce? Aujourd'hui dans nos sociétés, l'alcool est
partout, depuis les pubs dans les revues aux magasins, en passant par la
télévision, ou encore dans nos frigidaires. Certains vont
jusqu'à dire que l'alcool est une drogue licite, culturellement
acceptée dans les moeurs de nos sociétés. On peut donc
constater que la consommation d'alcool est intériorisée en
France. On peut même affirmer qu'il existe une symbolique historique
à propos de l'alcool, contre laquelle il est difficile de lutter.
Cependant, l'alcool consommé quotidiennement et en certaine
quantité provoque chez la personne une dépendance physique et
psychologique. Comme le démontre Raymond Gueibe dans son ouvrage
L'alcoolisme au quotidien (page 59) l'alcool est
intégré à notre culture et certaines personnes peuvent en
consommer dans le but de ressentir les même effets que la drogue tels
que les sensations d'évasion, d'euphorie, l'oubli des soucis. Pour
Gueibe, chaque culture a sa drogue.
Alors que la mobilité sociale, la
précarité, les inégalités homme/femme ou encore le
chômage sont des phénomènes sociaux dont l'étude est
devenue classique en sociologie, l'alcoolisation des jeunes reste encore un
objet de recherche très peu étudié. Il existe peu de
recherche du côté des sciences sociales dans ce domaine, qui
pourtant aujourd'hui est un phénomène qui mérite
d'être analysé dans nos sociétés occidentales, et
plus particulièrement en Europe. En effet, la sociologie s'est
très partiellement intéressée aux trajectoires de
consommation et aux significations que les individus attribuent à ces
pratiques, comme le remarque Sophie Le Garrec dans son ouvrage Ces ados qui
`ne prennent'. Comme elle le constate, les sociologues ont le plus souvent
analysé ce problème sous l'angle de la déviance ou de la
marginalité. Comme le remarquent les sociologues Castel, ou encore
Clément, ce sujet a longtemps été délaissé
et abandonné aux sciences biomédicales, il y a eu une
"problématisation médicalisée" de ce
phénomène.
C'est pour cela que je m'efforcerai, dans le cadre de mon
mémoire, de comprendre les significations attribuées à ces
pratiques d'alcoolisation chez les jeunes, d'en analyser les configurations et
les évolutions et de m'intéresser aux manières de
consommer ce genre de produit.
Cependant ,il ne faut pas confondre deux
phénomènes qui sont bien distincts: le phénomène de
l'alcoolisation, c'est-à-dire à la consommation plus ou moins
modérée d'alcool ou de boissons alcoolisées de
façon relativement régulière, et le
phénomène de l'alcoolisme qui est l'addiction à l'alcool
contenu dans les boissons alcoolisée et qui rend une personne totalement
dépendante de cette substance.
Le fait de boire de l'alcool n'est pas une activité
sans conséquence puisque cela suggère une organisation, qui
répond à des codes, des valeurs, des normes de sociabilité
et de convivialité établis. Toutes les dernières
enquêtes sur ce sujet montrent que la consommation d'alcool est
généralement en diminution en France et dans le reste de
l'Europe. Cependant, nous pouvons constater un phénomène de
banalisation de l'alcoolisation chez les jeunes. Les dernières
données à ce sujet montrent que la première
"défonce" arrive dès 16 ans. La surconsommation chez les jeunes
est aujourd'hui banalisée. En effet, boire devient un
élément indispensable au bon fonctionnement de la fête afin
de s'amuser. C'est cette banalisation de la "cuite massive" qui pose un
réel problème dans nos pays occidentaux. De plus, cette
alcoolisation rapide qui était majoritairement étendue chez les
garçons devient de plus en plus un véritable
phénomène de "mode" chez les filles.
Malgré une consommation de boissons alcooliques en
constante diminution en France et en Europe depuis plusieurs décennies,
une nouvelle forme plus alarmante d'alcoolisation abusive a vu le jour chez les
jeunes et occupe aujourd'hui une place importante dans nos
sociétés et dans notre culture. L'alcool est
intégré socialement et culturellement en France, au moyen d'une
tradition bien française de l'alcool avec pour acteur principal le vin,
qui participe au rayonnement de notre pays à travers le monde.
Cependant, aujourd'hui, les jeunes français boivent comme dans les pays
anglo-saxons et ainsi pratiquent l'alcool « défonce »,
c'est-à-dire qu'ils sont abstinents la semaine et boivent
énormément d'alcools forts le weekend.
La consommation d''alcool est souvent vue comme un passage
obligatoire, un rituel pendant la jeunesse, puisqu'il est profondément
intégré à de nombreux aspects de la vie quotidienne ou
festive et sont insérés dans de nombreuses normes sociales.
Qu'est-ce qui pousse les jeunes à se saouler et à boire autant
d'alcool pour «faire la fête» ? L'alcool est-il un facteur
d'intégration important? Existe-t-il un malaise chez les jeunes?
Consommer de l'alcool, est-ce une déviance dans le sens propre de la
sociologie de Becker? L'alcool est-il un rite de passage d'adolescent à
adulte?
La consommation d'alcool est-elle due à une recherche
de sensations fortes chez les jeunes? Pourquoi l'alcool est-il devenu
nécessaire pour profiter pleinement d'une soirée ? Quelles
raisons poussent les jeunes de 13 à 24 ans à consommer des
boissons alcoolisées en soirée ?
Il ne faut surtout pas oublier que
« jeunesse » est un terme très vague, surtout en
sociologie ; il n'existe pas une « jeunesse
standard », mais bien plusieurs dont les frontières et la
définition ont évolué au cours de l'histoire. Dans son
ouvrage Sociologie de la jeunesse, Oliver Galland explique que la
jeunesse est une période de changements, de bouleversements chez un
individu : « L'adolescence est donc un âge de transition
particulièrement propice à une remise en question des
règles et à une contestation des figures d'autorité. C'est
un âge de grande fragilité ».
Dans un premier temps, nous allons retracer l'historique de la
consommation de l'alcool dans la société française. Ce
produit qui était autrefois considéré comme sain est
devenu au fil des décennies un symbole de déviance. La
consommation à outrance est maintenant perçue comme une maladie,
même s'il existe en France une certaine culture de l'alcool. Puis nous
allons observer dans une seconde sous partie pourquoi l'alcool a longtemps
été un thème renié par la sociologie et
laissé au domaine du médical. Pour cela, nous allons aborder les
sociologies de la jeunesse et de la déviance afin d'approfondir notre
réflexion sur ce sujet.
Dans une deuxième partie, nous allons faire un
état des lieux de la situation actuelle en France et en Europe, en nous
intéressant au passage de " l'alcool convivial " à un "alcool
défonce ".
Pour finir, nous allons étudier le nouveau
phénomène à la mode chez les jeunes, le
« binge Drunking », et ainsi essayer de trouver
quelles sont les raisons qui poussent les jeunes d'aujourd'hui à boire
autant en si peu de temps.
De ce fait, nous allons commencer par une lecture historique
de la relation des français à l'alcool telle qu'elle a
été vécue et véhiculée en France au cours de
ces derniers siècles. Pour commencer, on peut affirmer que la
consommation d'alcool a deux fonctions essentielles ; une fonction sociale
et une fonction sacrée (divine). En effet, à la lecture du livre
de Frédérique Gardien L'alcoolisme adoslescent, en finir
avec le déni (page 24), nous pouvons affirmer que l'alcool a
toujours eu pour fonction première de favoriser et de créer des
liens, de l'hospitalité et du plaisir. En effet, l'alcool a pour
propriété première de favoriser la communication et
l'interaction. Cependant, l'alcool a également une fonction
sacrée ; en effet, comme le souligne Coslin dans Les
conduites à risque à l'adolescence en
2003 :"la è, le vin, ou encore le cidre seront utilisés, à
différentes époques, dans des contrées plus ou moins
lointaines, pour approcher le Divin". Pour cela, dans son ouvrage, Coslin prend
l'exemple de la culture celtique où la cervoise était servie
durant les cultes pour célébrer les forces de la nature.
Comment expliquer cette désacralisation de
l'alcool en France?
Retour historique
« Alcoolisme » est un mot inventé en
1849 par Magnus Huss (médecin suédois). Ce
phénomène repose sur un malentendu culturel et social: l'alcool,
« drogue potentielle », n'est pas perçu
culturellement comme tel, mais au contraire, connoté très
positivement donc le prolétariat (qui cherchait un soulagement à
ses souffrances) en consommait beaucoup. L'alcool est le véritable opium
du peuple, en effet il permet de supporter les conditions de travail
très dures et fatigantes.
Durant des décennies, les boissons alcoolisées
étaient considérées comme des produits d'origine divine.
L'ivrognerie était présentée comme un
phénomène individuel qui touchait toutes les couches sociales.
L'image de l'ivrogne était sympathique même si en France, deux
législations royales (Charlemagne - François 1er),
réprimaient l'ivresse qui était considérée comme un
«trouble à l'ordre public», pourtant, jusqu'au 18ème
siècle, la relation homme-alcool n'a pratiquement jamais
été présentée comme un problème sanitaire
majeur. En effet, durant des centaines d'années, les
sociétés anglo-saxonnes et méditerranéennes
désignaient l'ensemble des boissons enivrantes comme des boissons
magiques ayant un lien sacré entre l'homme et le divin.
Il faut attendre le XIXème siècle avec la
Révolution Industrielle, pour que le Prolétariat (populations
rurales ayant été déracinées des campagnes, et
ainsi devenues main d'oeuvre des usines et vivant dans des situations
précaires et dans l'extrême pauvreté), change la relation
de l'humain avec l'alcool, en effet l'alcool étant devenu moins rare et
surtout moins cher. Comme le souligne Pierre Coslin dans son livre
« Les conduites à
risque de
l'adolescence » (page 116),
la consommation de boissons alcoolisées est
« intégrée à notre patrimoine
socioculturel». En effet, l'alcool représente en France la
première toxicomanie par son ampleur dans la population et surtout par
son coût social. Durant la période de la révolution
industrielle au XIXème siècle, la consommation a
été favorisée par le fait que la France soit un des grand
pays producteur d'alcool et à bas prix. Comme le souligne Coslin, la
consommation d'alcool a également été confortée
durant la guerre de 1914, par la distribution automatique de vin et d'alcool
aux soldats.
Il faut attendre le début du XXème siècle
pour voir une sorte de diabolisation de l'alcool auprès de la
Bourgeoisie, organisations confessionnelles qui amènent en France, une
nouvelle idéologie antialcoolique virulente, qui présente
l'alcoolique comme un buveur d'alcool hors norme , comme une personne
« vicieuse », « tarée », un
déviant voir un délinquant social, et l'alcool comme un poison
diabolique. La lutte contre l'alcoolisme durant ce siècle a pris une
autre dimension avec la montée du courant hygiéniste qui est
basée sur l'augmentation du niveau d'hygiène des populations, se
traduisant par une diminution des contacts avec des substances microbiennes au
cours de l'enfance, associée à un niveau de protection accru
contre les infections en raison des vaccinations. (def: Wikipedia). De plus,
avec l'évolution de la médecine, on fait progressivement le lien
entre la consommation excessive d'alcool et certaines maladies des buveurs.
L'ivrogne devient un malade. La sociologie dénonce l'alcoolisme comme
production de la société, comme effet culturel.
Après, avoir relaté l'évolution de
la perception de l'alcool en France, nous pouvons nous interroger dans cette
partie, sur le fait que ce phénomène touchant
énormément de personnes depuis plusieurs siècles a
longtemps été délaissé, abandonné des
écrits sociologiques. En effet, nous pouvons trouver cela paradoxal,
mais il faut attendre la fin du XIXème siècle pour que la
sociologie s'intéresse à ce phénomène social de
grande envergure. Quelles en sont les raisons?
L'alcoolisme des jeunes, un sujet trop longtemps
délaissé par la sociologie.
L'alcoolémie a longtemps été
abandonnée par les sciences humaines. En effet, seuls les
médecins alcoologues ont pris au sérieux cette question
dès le XIXème siècle. Le premier à s'être
intéressé à ce problème fut le Professeur Magnus
Huus en 1852. Cette reconnaissance tardive de la pathologie montre cette lente
prise de conscience. Dans son ouvrage "Sciences Sociales et
alcool», sous la direction d'Alphonse D'houtaud et Michel
Taleghni, ils nous dévoilent les raisons de cette tardive
reconnaissance. En effet, comme ils le constatent, l'alcoologie reste
majoritairement hégémonique dans les sciences
biomédicales, alors que dans les sciences humaines, ce domaine ne
bouscule pas les foules. Comme ils le dénoncent dans leur ouvrage, peu
de sociologues ont traité ce sujet, en effet page 6 " Certes, il y a
bien des sociologues français qui ont abordé à temps
partiel, de façon sporadique et intermittente, des recherches
alcoologiques, mais la plupart du temps ponctuelles et surtout
géographiquement dispersées". Ils constatent donc un "vide",
des carences des travaux sociologiques dans ce domaine. Pour cela, ils
énoncent les principales raisons, comme le fait d'un manque de
"financements stimulants" pour traiter ce champ. Les premières
recherches dans ce domaine, sont apparus en psychologie sociale par Gabriel
Tarde (1843-1904), d'ailleurs comme le constatent les auteurs, on notera, le
silence de Durkheim sur ce sujet, qui pourtant rendu célèbre sur
son étude sur le suicide, n'a pas pris en compte ce fait social qu'est
l'alcoolisme. En effet, on peut être surpris que ce grand fléau,
problème de santé publique n'a pas été
étudié sociologiquement parlant à l'époque. Pour
cela, Marcel Drulhe et Serge Clément, ont repris la logique de la
tradition durkheimienne afin de l'appliquer sur l'alcoolisme comme un fait
social. De ce fait, les deux auteurs ont prolongé la tradition
sociologique durkheimienne en " l'enrichissant de réflexions
nouvelles sur le boire, l'alcoolisation et l'alcoolisme, envisagés selon
les différenciations par classes sociales, par sexe et par
générations, n'hésitant pas à y déceler,
à leur tour, un processus interactif " (page 11).
La création d'un champ de la sociologie de l'alcoolisme
et des alcooliques est arrivée tardivement en France. Alors même
que le chômage, les rapports de classes, les inégalités
hommes/femmes sont des phénomènes sociaux dont les écrits
sont devenus classique en sociologie, l'alcoolisme reste un champ
d'étude délaissé aux sciences médicales. Comme le
souligne les deux auteurs " il est étonnant qu'en France, où
la mortalité alcoolique est plus importante que chez nos voisins
occidentaux (...) il y ait si peu de recherches du coté des sciences
sociales en domaine" (page 93).
Il faudra attendre que l'alcoolisme soit accepté comme
un phénomène social, qui soit irréductible à un
fonctionnement psychologique ou biologique, pour qu'on puisse lui appliquer le
"même mode de discussion que Durkheim déploie quant au rapport
du suicide ou de l'homicide" (page 101) et ainsi en faire un objet
légitime dans l'analyse en sociologie.
L'étude de l'alcoolisme est passée d'une vision
morale à médicale, pour ensuite tendre vers des approches
psychologiques et sociologiques, et se concentrer.
L'alcoolisation chez les jeunes: un sujet contemporain
inhérent à de nombreux domaines sociologiques.
A) Théories et définitions
1) Qu'est-ce que la jeunesse en sociologie?
L'alcoolisme chez les jeunes est un sujet
récent et d'actualité. En effet, ces dernières
années, de nombreux accidents, faits divers, ont fait
énormément sensation sur la scène médiatique et
politique. Le sujet est devenu une priorité pour les pouvoirs publics
français ainsi que chez nos voisins Européens.
Afin de bien cerner l'intérêt sociologique qui
découle de ce sujet, il est de mon devoir d'élargir les
recherches dans d'autres branches de la sociologie. En effet, ce sujet demande
des connaissances dans d'autres sphères de la sociologie de
l'alcoolisme, comme la sociologie de la jeunesse, la sociologie de la
déviance, la sociologie de la consommation. Tous ces champs de la
sociologie sont intéressants à étudier car ils sont en
relation directe ou indirecte avec le problème d'alcoolisation des
jeunes.
En effet, comment comprendre l'alcoolisation des jeunes sans
comprendre la définition de « jeunesse» ?
Pour commencer, nous allons étudier la notion de
jeunesse. Pour cela, le spécialiste portant sur cette question est
Olivier Galland ayant écrit « Sociologie de la
jeunesse » .Il aborde plusieurs définitions de la
jeunesse passant au départ d'une catégorie complètement
ignorée par la société à une catégorie
socialement et culturellement reconnue. En effet, dans son ouvrage, il montre
que la jeunesse est un passage dont les frontières et la
définition évolue constamment au cours du temps, et qu'elle varie
aussi en fonction des différentes sociétés données.
En effet, il n'existe pas un modèle de jeunesse type, il y a une
diversité.
L'adolescence est une étape entre l'âge adulte et
l'enfance. Comme le souligne Sophie Le Garrec dans « Ces ados
qui "en prennent" », cette étape de la vie
se caractérise par une « distanciation aux grandes
instances de socialisation que sont la famille et l'école ».
(page 20 ).Cependant, aujourd'hui la jeunesse se différencie de
l'adolescence avec une phase d'indétermination plus longue qui ne se
concentre pas seulement durant la scolarité mais aussi maintenant jusque
dans l'entrée de la vie professionnelle avec la précarité
des emplois. La sortie de l'adolescence ne débouche plus
forcément sur un statut d'adulte comme autrefois dans le modèle
traditionnel, où les jeunes ayant finit leurs études entraient
directement dans la vie active. La jeunesse correspond à des situations
intermédiaires entre l'adolescence et l'âge adulte. Aujourd'hui,
l'allongement des études, la cohabitation avec les parents de plus en
plus longue, l'entrée dans la vie active plus tardive ou encore le recul
de l'âge du mariage sont les évolutions qui font apparaitre ce
nouvel âge des jeunesses associé à un statut ambigu. C'est
pour cela que Oliver Galland propose dans son livre de ne plus utiliser
l'âge comme marque de stratification mais plutôt de prendre en
compte le processus d'établissement social fondé sur le
départ de la famille, le choix d'un travail ou la formation d'un couple
c'est à dire de raisonner en termes de cycle de vie enfin d'analyser la
façon dont s'organisent les différentes étapes sociales
entre l'enfance et l'âge adulte ce qui permettra de définir des
statuts , les rôles sociaux qui leur sont associés et d'observer
leurs évolutions avec l'âge. De plus pour finir , nous pouvons
ajouter que le fait de classer la population des jeunes par tranches
d'âges suppose donc une homogénéisation des comportements
alors qu'on sait qu'il existe différentes manières d'être
jeune et de représenter les jeunesses. Toutefois, il ne faut surtout pas
oublier le fait que cette jeunesse est constituée de plusieurs
âges qui sont la préadolescence, l'adolescence, la
post-adolescence et les jeunes majeurs. Il y a une grande diversité de
catégorie selon l'âge de la personne.
Il me semblait important de rappeler brièvement cette
notion de jeunesse au travers des écrits sociologiques afin de mieux
comprendre la diversité et la complexité du terme en sachant que
« la jeunesse » est une notion clé de mon
mémoire.
L'autre notion sociologique importante de mon mémoire
et impossible à ne pas définir est la déviance. En
effet, l'abus d'alcool est aujourd'hui considéré comme l'usage de
la drogue comme une déviance.
2) Qu'est-ce que la déviance en sociologie ?
Pour mener à bien mon mémoire,
il est important de bien définir les termes clés du sujet,
après avoir défini la jeunesse à travers la
définition de Galland, il est aussi nécessaire de définir
la déviance en sociologie. Pour cela, nous allons nous intéresser
à la définition sociologique de Howard Becker dans son ouvrage
"Outsiders. Etudes de sociologie de la
déviance" parut en 1985 aux Etats-Unis où il va
critiquer les différentes définitions de la déviance
médicale, fonctionnaliste pour ensuite proposer la définition.
En effet, dans son livre, Becker, va s'intéresser aux
fumeurs de marijuana. Pour cela, il va montrer que le fait de fumer est une
pratique déviante mais avec un choix rationnel qui représente une
source de plaisir plutôt qu'une volonté de transgression de la
loi. De ce fait, c'est l'étiquette sociale de fumer de la drogue qui va
contraindre le fumeur à la déviance et qui est ici subie.
L'étiquetage est un jugement moral, rendu public, porté sur des
comportements de minorités, « sous culture ». Pour
Becker « le déviant est celui auquel cette
étiquette a été appliquée avec succès et le
comportement déviant est celui auquel la collectivité attache
cette étiquette». De plus, Becker toujours dans son ouvrage,
montre que les raisons de la déviance se situe dans l'existence des
normes dans "l'existence de la société" c'est à
dire que la déviance est créé par la société
elle-même. Cependant, Durkheim se différencie de Becker, puisqu'il
considère l'alcoolisme dans son ouvrage "Les règles de la
méthode sociologique" (page 74) comme « un
phénomène normal, puisque général »
alors que pour Becker, le déviant est celui qui est rejeté comme
tel par un consensus social et sociétal normatif et qui au final, cette
personne se voit comme tel.
Donc pour conclure, nous pouvons dire que la déviance
est une propriété non du comportement en lui-même, mais
plutôt de l'interaction entre l'individu qui réalise une pratique
« déviante » et des personnes qui réagissent
à cette action.
Passage d'un usage de « l'alcool convivial »
à un « alcool défonce »
A) Etat des lieux en France
1) Un phénomène disparate?
L'alcoolisme est en France la première toxicomanie si
on considère son cout social. En 1980, Davidson et Choquet montraient
que plus de 30% des lycéens et 15 % des lycéennes buvaient de
l'alcool régulièrement.
Pour beaucoup, le fait de boire de l'alcool est un moyen de
pouvoir s'évader. En effet, nombreux sont les jeunes qui y mettent un
parallèle entre l'alcool à la fête .Cela permet une rupture
avec le quotidien. Cependant les conséquences sont alarmantes puisque
les ivresses chez les jeunes ont fortement augmenté en
fréquence et fait aggravant, cela concerne des individus de plus en
plus jeunes en France et en Europe. L'alcoolisation des jeunes est
banalisée. C'est cette banalisation de la "cuite massive" qui pose
aujourd'hui un problème dans nos sociétés
européennes.
Ce phénomène d'alcoolisation chez les jeunes
suscite, ces dernières années, un intérêt qui
s'amplifie. En effet, en 2003, en France, près de 93.3% des jeunes
âgés de 18 ans avaient déclaré avoir
déjà consommé au moins une fois de l'alcool. (source:
inpes.sante.fr) . Cela montre bien que l'alcool est un produit
intériosé dans notre pays et culturellement présent.
Certaines explications tendraient vers le motif que durant l'adolescence, les
jeunes individus seraient à la recherche d'identification,
d'indépendance afin de correspondre à l'une des conduites
à risque adoptées à cet âge. Dans le magazine
La santé de L'homme, le Dr Alain Rigaud, addictologue,
donne son avis à la question. Pour lui l'attrait des jeunes pour
l'alcool ne daterait pas d'aujourd'hui. En effet pour lui, c'est un
phénomène intemporel qui s'actualise à chaque
époque dans une diversité de conduites individuelles et
collectives, et se présenterait comme un « fait social
total».
Les boissons alcooliques font partis de notre culture et de
notre héritage et leur usage est licite et qui est valorisé
autour de certaines valeurs qui sont la convivialité, le plaisir, la
fête. Ceci permet d'entretenir la consommation en France. De plus, nous
pouvons aussi noter, que le nombre d'alcool reste très important et de
plus l'accès étant facile qui est le résultat de la
difficulté à mettre en application des lois qui pourtant
interdisent l'achat d'alcools chez mineurs dans les centres commerciaux. Tous
ces facteurs rendent le produit entièrement inéluctable chez les
plus jeunes.
De plus nous pouvons noter que la mode des apéros
géants (aujourd'hui interdit par les préfets) a contribué
à mettre en avant ce phénomène d'alcoolisation des
jeunes. Pour le sociologue Thierry Morel, les personnes participant à
ces manifestations festives sont des jeunes issus de la classe moyenne, bien
insérés socialement et scolairement. Il explique
"Les apéros géants sont pour eux un moyen de se
réapproprier l'espace public. Plus on les interdira, plus on ira vers
des débordements incontrôlés. Il y a toujours une dimension
transgressive dans la fête" . (Source lemonde.fr / mai 2010).
Pour présenter ce phénomène qu'on peut
dire national, nous pouvons remarquer qu'aucune région n'est
épargnée par l'alcoolisation des jeunes. En effet, quasiment la
totalité des régions ont un taux supérieur à 50%,
c'est à dire qu'en France, à 17 ans plus d'un enfant sur deux a
déjà été dans un état d'ivresse.
Paradoxalement, les régions du Nord de la France sont d'après ce
document les moins touchés (Le Nord Pas de Calais et la Picardie font
partie des taux les plus bas de France) par ce phénomène.
Cependant, nous pouvons ajouter que la région Bretagne est de loin la
plus touché avec 69% des jeunes ayant connu une ivresse alcoolique
durant l'année en 2008. Il y a certes des disparités
régionales, cependant ce phénomène touche toutes les
régions en France.
Il existe un autre facteur face à ces
inégalités face à l'alcoolisation des jeunes, en effet,
l'enquête 'ESPAD 2007 : « la consommation d'alcool en
hausse chez les adolescents' » nous délivre que
suivant le parcours scolaire, les résultats seront différents
puisqu'il existe une proportion plus élevé des buveurs
réguliers chez les jeunes étant en échec scolaire ou ayant
un parcours scolaire plus difficiles comme ayant subi des redoublements, des
réorientations dans des filières courtes ou professionnelles ou
encore chez les jeunes étant sortis tôt du système
scolaire.
De plus, nous pouvons ajouter qu'il existe une
disparité plus importante, Coslin dans son livre Les adolescents
devant les déviances, montrait l'importance ethniques face
à l'alcool puisqu'il montre que neuf jeunes français
métropolitains sur dix ont déjà consommé de
l'alcool contre un jeune sur trois vivant en France d'origine
maghrébine.
Pour la consommation d'alcool chez les jeunes,
l'enquête ESCAPAD (enquête sur la santé et les
consommations lors de l'appel de préparation à la défense)
en 2008 montrent que ce phénomène de consommation
régulier et croissant d'alcool touche plus les milieux
socio-économiques plus élevés que modeste, certainement du
fait que l'achat d'alcool à un cout élevé ce qui entraine
d'avoir des ressources financières en conséquence. De plus,
l'enquête nous montre que la consommation régulière et
croissante d'alcool est plus importante dans les familles où les deux
parents ne vivent pas ensemble, ou dans lesquelles les enfants sont
séparés des parents (internats).
Pratique Sexuée?
On peut aussi parler de pratique sexuée, en effet
à l'âge de 13-14 ans, les filles disent consommer 2,9 verres par
mois, contre 1,4 verre chez les garçons. Dès 15 ans, la tendance
s'inverse : quand les filles consomment 5,2 verres d'alcool par mois, les
garçons en sont à 10,5 verres. A 20 ans, l'écart entre les
deux sexes s'amplifie puisque les filles boivent en moyenne 15 verres et les
garçons 50,4 verres.
De plus 17% des garçons de 14/18 consomment au moins
10 fois de l'alcool au cours des 10 derniers mois, contre 7% des filles.
Ce graphique nous montre bien que le pourcentage de buveurs
excessifs se situe principalement dans la tranche d'âge des 15/24 ans.
En effet, on note que plus de 63% des 20/24 ans se déclarent comme des
"buveurs excessifs". D'ailleurs on remarquera que le pourcentage diminue au fur
et à mesure que les personnes vieillissent, pour ainsi retomber à
5% pour les 75 ans et plus. Ce graphique nous confirme bien que l'alcoolisation
abusive touche particulièrement la jeunesse. (Source ESCAPAD)
3) Quelques chiffres importants à connaitre en
France.
Les résultats de l'enquête ESCAPAD
2008 montrent que les hospitalisations de mineurs pour éthylisme
sont en constante progression en France elles sont passées de 5.239 cas
en 2006 à 7.043 l'an dernier soit une augmentation de 74 %. De plus,
l'enquête dévoile qu'un peu moins de 8 jeunes sur 10,
âgés de 17 ans, déclaraient avoir consommé de
l'alcool au cours des 30 derniers jours et 8,9% déclarent en boire
régulièrement et pour finir 0,8% déclarent en boire
quotidiennement. Les enquêtes montrent aussi que la consommation
d'alcool est très répandue chez les jeunes de 17 ans avec plus
de 77% avoir consommé durant le dernier mois. La première cuite
survient vers l'âge de 16 ans. Autre chiffre très alarmant en
France, c'est l'augmentation de 50% des hospitalisations chez les moins de 15
ans pour ivresse entre 2004 et 2007.
De plus l'enquête ESCAPAD nous dévoile
l'augmentation des ivresses répétées, elles concernaient
19,2% des jeunes en 2003 contre 26% en 2005. Et pour finir dans cette
énumération de chiffres, l'enquête estime que plus 92 %
des jeunes ont déjà expérimenté l'alcool et
l'ivresse.
4) Un phénomène Européen?
On peut se demander si le problème
d'alcoolisation « express » des jeunes et un
phénomène qui ne touche que la France ou s'il dépasse les
frontières?
D'après les premières constatations des
études menées, ce sujet est d'importance en Europe puisque c'est
dans notre continent que la consommation d'alcool des jeunes est la plus
élevée au monde.
Le rapport de l'enquête Espad
(European School Survey on Alcohol and Other Drugs) pour 2007
nous dévoile que « la consommation épisodique
sévère de boisson » est en constante augmentation dans
les pays d'Europe. Entre 1995 et 2007, l'alcoolisation express a
augmenté de 9 points. Près de 43 % des jeunes interrogés
ont eu une « consommation épisodique sévère d'alcool
» dans le derniers mois écoulés. Certains pays connaissent
des hausses très importantes de ce « binge drinking ». Au
Portugal, le nombre de jeunes scolarisés déclarant avoir
déjà eu ce type de pratique au cours du dernier mois a
doublé, passant de 25 % à 56 %, soit une augmentation de 31
points. Suivent la Pologne (+16 points), la France (+15 points), la Croatie
(+14 points) et la Bulgarie (+12 points).
Les jeunes européens boivent de plus en plus d'alcool.
Dans la majorité des pays, plus de 50% des enfants de 11 ans ont bu de
l'alcool au moins une fois. La moyenne européenne montre que plus d'un
jeune sur trois à 16 ans a déjà connu un état
d'ivresse au cours de sa vie. En moyenne, 52 % des 16 ans ont été
ivres durant les 12 derniers mois. Les ivresses répétées
(10 fois ou plus dans l'année) sont surtout observées dans les
pays du Nord ainsi qu'au Royaume Uni alors qu'un tel comportement reste rare
dans les pays méditerranéens. La fréquence
d'ébriété pour les pays d'Europe de l'Est a
augmenté d'environ 40% en dix ans. De plus, on peut constater une
importante augmentation chez les filles européennes. Cependant, les
dernières études montrent une importante diminution de la
fréquence de consommation d'alcool chez les jeunes puisqu'il indique
une baisse moyenne de 25% dans 13 des 16 pays d'Europe occidental, notamment en
Irlande, au Royaume-Uni et dans les pays nordiques.
Pourcentage des jeunes de 16 ans déclarants
avoir consommé de l'alcool ou avoir été
ivres :
Ce tableau nous montre bien que le problème de
l'alcoolisation des jeunes touche majoritairement les pays nordiques. On peut
l'expliquer par l'héritage de la culture de l'alcool encore très
présent dans ces pays. Dans les pays du sud comme l'Italie, les
habitudes de consommation sont différentes culturellement car les
boissons alcoolisées sont principalement consommées à la
maison plutôt que dans des bars/restaurants, en complément d'un
repas. Alors qu'en Angleterre, la culture du Pub/des bars est très
présente. Ceci peut expliquer ces disparités entre les
différentes régions d'Europe. (Tableau source internet:
attentionalcool.fr)
Par ailleurs dans le livre « Alcool et
adolescence : jeunes en quête d'ivresse » dans le
chapitre 18 (p313) « Les jeunes européens et
l'alcool » écrit par Marie Choquet, nous montre que dans les
pays où la consommation est la plus importante, la perception des
risques de l'alcool est la plus faible. En effet, dans les pays comme le
Danemark, le Royaume Uni les jeunes sont en moyenne 25% à percevoir le
risque lié à l'alcool contre 48% en Pologne ou en Hongrie. Pour
Marie Choquet, cette différence est le résultat d'une longue
tradition du "boire culinaire" dans les pays comme la Pologne alors que dans
les pays comme le Royaume Uni, l'alcool est surtout une occasion de se saouler,
la recherche de l'ivresse rapide.
Après avoir fait un état des lieux des pays
européens, nous allons dans cette dernière partie voir les
nouvelles façons de consommer l'alcool chez les jeunes en France et
essayer de trouver les raisons de cette alcoolisation à outrance.
B) Le binge drinking: nouveau mode d'alcoolisation des
jeunes arrivé des pays anglo-saxon.
Le binge drinking se traduisant par « hyper
alcoolisation » ou plus communément par "biture express", est un
mode de consommation à outrance d'importantes quantités de
boissons alcoolisées durant une courte période et par
épisodes ponctuels ou répétés. (Source
Wikipédia).
Ce type de comportement d'alcoolisation massive où
l'état d'ivresse est recherché rapidement, est
considéré comme une addiction, dès lors que la
dépendance à l'alcool sous forme épisodique est
établie.
Ayant pris naissance et ampleur dans les pays nordiques comme
le Royaume Uni et mise en avant sur la scène médiatique par les
stars du moment des adolescents comme Lindsay Lohan ou Britney Spears ou bien
encore par la série à succès
« Skins », très populaire auprès des jeunes,
et qui montre les dérives d'adolescents londoniens à travers des
Skins Party .Ce phénomène semble débarquer en France
depuis quelques mois.
Mais qu'entend-on réellement par "binge drinking" ? Le
binge drinking vient des pays anglo-saxons et scandinaves où il est
considéré comme un problème important de santé
publique. Certains spécialistes y voient une perversion du
phénomène des « Happy hours » qui permettent de boire
à un prix moindre pendant un temps limité. Paradoxalement,
certains pensent que c'est peut-être aussi une conséquence du
respect du fameux principe «celui qui conduit, ne boit pas » c'est
à dire que lorsque ce n'est pas au tour de la personne de conduire, elle
peut alors s'enivrer énormément pour ainsi profiter de la
soirée.
En Angleterre, le gouvernement a lancé le 14 octobre
2006 une campagne nationale de prévention nommée « Know your
limits » (Connaissez vos limites). Celle-ci est composée de spots
télévisés et radios ainsi que d'affiches mettant en
scène des personnes ivres qui sont victimes d'accidents, de violences ou
de viols. Le but est de sensibiliser les jeunes anglais sur les
conséquences d'une consommation déraisonnable d'alcool en
montrant les conséquences de leur vulnérabilité.
Les dernières enquêtes montrent que ce
phénomène arrive en France, d'après
L'enquête Escapad 2005, en effet, 3% des jeunes de
17 ans ont déjà pratiqué le binge drinking en France. De
plus, les dernières enquêtes de la Smeno montrent que le
« binge drinking", touche majoritairement plus les filles que les
garçons et qu'il tendrait à s'amplifier en France à raison
d'une augmentation de 10% entre 2005 et 2008.
Les autorités sanitaires s'inquiètent
particulièrement de ce nouveau phénomène qui engendre de
nombreuses conséquences graves et qui peuvent être
irréversibles à terme pour l'individu. En effet,
premièrement cette façon de boire rapidement peut
déboucher chez l'individu une dépendance à l'alcool,
deuxièmement cette pratique peut impliquer des complications sociales et
sanitaires comme la conduite en état d'ivresse, des violences urbaines,
violences verbales, des viols, ou encore des rapports sexuels
non-protégés avec risque de grossesse et de transmission du
VIH.
Cependant, la conséquence la plus dramatique est
l'intoxication alcoolique aiguë qui peut amener des comas
éthyliques (avec 2 à 4 g d'alcool par litre de sang selon les
individus). De plus, le jeune en état d'ébriété
peut devenir la victime idéale de rixes, de violences physiques, morales
ou sexuelles. Sans oublier aussi les accidents de voiture liés à
l'alcoolisation.
C) Quelles sont les raisons qui poussent ces jeunes
à la "biture express"?
L'alcoolisation fait partie en France d'un code de politesse
culturellement ancré, vu comme un rite social. L'alcool
représente le passage à l'âge adulte c'est à dire
l'indépendance, l'intégration à la société.
L'alcool permet l'identification aux autres comme par exemple les hommes de la
famille, les personnes adultes, les copains pour leur image virile. L'alcool a
une certaine reconnaissance sociale de l'identité virile.
Boire pour les jeunes permet aussi l'affirmation de sa
différence face aux parents. L'alcool a un rôle
d'intronisation aux rituels sociologiques de la fête. Il
apparaît aussi comme un facteur important à la
convivialité, et donc de l'intégration sociale de la personne.
Chez les jeunes, la consommation d'alcool relève avant
tout d'un souci d'intégration. En effet, faire partie d'un groupe, c'est
en acquérir les usages. Les jeunes boivent pour s'identifier à
d'autres jeunes. Cependant l'autre motivation chez les jeunes de
l'alcoolisation, c'est la recherche de l'ivresse rapide, recherche de ses
propres limites c'est pour cela que l'utilisation de certains produits permet
d'éprouver et souvent de trouver certaines sensations encore inconnues
pour la jeune personne. En cette période d'entre-deux, les jeunes
cherchent leur identité. L'ivresse est recherchée, moins pour le
plaisir qu'elle procure, mais plus comme moyen d'évasion, oublier les
difficultés du quotidien, oublier l'avenir morose ou encore la
précarité.
Dans le livre "Ces ados qui "en prennent" de Sophie Le
Garrec, elle explique que l'alcoolisation serait le résultat d'un
"souci d'intégration par le groupe de pairs : boire est la
première norme importante dans la population adolescent. La
fonction de l'alcool est avant tout sociale, par le fait de se sentir dans le
même état que ses pairs".
L'alcool se traduit chez les jeunes par une quête
d'identité, peu sûrs d'eux-mêmes et du sens qu'ils donnent
à leur vie, comme un début d'affirmation de soi.
Cependant d'autres études montrent que le fait de boire
chez les jeunes, c'est pour la recherche de sensations fortes qui permettrait
de lutter contre l'ennui.
Un certain mal-être, de mauvaises relations avec les
parents, l'échec scolaire ou des tentatives de suicide sont souvent
associés à des consommations abusives d'alcool.
4)Entre prévention et publicité
ñ Moyens pour lutter contre l'alcoolisation des jeunes en
France
? Lois et prévention: retour
historique
L'alcool est une drogue licite dont la production, le commerce,
et la consommation sont réglementés mais encadrés en
France avec notanment différentes lois pour lutter contre ce
fléau qui prend de plus en plus de l'ampleur dans notre pays.La
commercialisation et la distribution de l'alcool sont autorisés mais
réglémentés en France depuis plusieurs siècles,
principalement depuis que ces boissons sont taxées par l'Etat.
L 'une des premieres mesures permettant de sanctionner la
consommation d'alcool fut d'interdire l'ivresse publique en 1873.Les textes
législatifs concernant les boissons alcoolisées apparaissent dans
de nombreux Codes dont le code de la santé publique qui intervient pour
sanctionner les troubles de l'ordre publique. Ainsi l'ivresse constatée
dans un lieu public peut s'éléver à une amende de 150
euros . En 1915, la France interdit la production d'absinthe afin de lutter
contre l'alcoolisme.
La publicité des boissons alcoolisées est
réglementée depuis 1941. Cette règlementation a souvent
été modifiée, en 1991 la loi Evin permet de limiter
fortement le droit de faire de la publicité aux boissons
alcoolisées afin de protéger les jeunes des opérations de
marketing. De ce fait, la publicité sur l'alcool à la
télévision et au cinéma sont interdites,à cela
s'ajoute l'apparition sur toutes les publicités concernant l'alcool le
slogan suivant: « L'abus d'alcool est dangereux pour la
santé : consommez avec modération » afin de
dissuader le plus possible les jeunes à consommer de l'alcool et de
montrer les risques que cela peut engendrer suite à une consommation
abusive.
Plus récemment , la ministre de la santé de
l'époque Roselyne Bachelot est parti en guerre contre ce
phénomène grave, avec notamment différentes lois afin de
lutter et de stopper ce problème de santé public chez les
jeunes.
Pour cela, le gouvernement français a mis en oeuvre
d'autres restrictions comme de réglementer les débits de
boisson, d'en limiter le nombre et de protéger les mineurs avec le
"Code des débits de boisson et de lutte contre l'alcoolisme" crée
en 1954. L'une des mesures phare de Roselyne Bachelot fut d'allonger
l'interdiction de la vente d'alcool à 18 ans au lieu de 16 ans.Cette
interdiction devrait permettre une diminution de la consommation globale
d'alcool chez les plus jeunes, alors que le nombre d'hospitalisations pour
ivresse de mineurs de moins de quinze ans a augmenté de 55 % entre 2004
et 2007. Cependant les critiques venant des commerçants ne se sont pas
faire attendre car pour eux il est très difficile de contrôler
systématiquement la date de naissance des jeunes à chaque achat
d'alcool. Par ailleurs, une enquête pour le site Rue86
révèle que cette loi est encore très peu appliquées
malgré les sanctions financières.En effet, par le biais de trois
jeunes complices :Joseph (12 ans), Alice (16ans), Ernest (14ans) ,
l'enquête montre la facilité encore aujourd'hui malgré la
loi en vigueur d'acheter de l'alcool. Pour cela, ces trois adolescents ont
réussi à acheter de l'alcool dans des magasins . En effet Joseph,
agé de 12 ans s'est procuré 2 bouteilles de vin rouge, 1 canette
de bière et une bouteille de bière avec une très grande
facilité . De même pour Ernest, 14 ans,qui a réussi
à acheter 1 bouteille de vin rouge, 1 bouteille de vodka, 1 bouteille
de bière et a consommé un demi Monaco sans que cela pose
problème, et le résultat reste le même pour Alice. Cela
prouve encore les progrès à faire pour améliorer la
situation et que l'interdiction n'est peut être pas la meilleur solution
face à des jeunes en soif de transgression.
De plus, afin de contrer ce phénomène touchant
beaucoup les jeunes durant les soirées étudiantes ,la ministre a
interdit la vente d'alcool à volonté c'est à dire les
opens bars, qui permettait aux étudiants de boire le maximum d'alcool
à un prix écrasant toute concurrence et donc de se
« défoncer » très facilement.
D'autres mesures ont été adoptés par les
députés comme la vente d'alcool dans les stations-services pour
toujours lutter contre les accidents de la route qui touche majoritairement les
jeunes. Prévue pour être totale dans le texte initial du projet de
loi, l'interdiction de vente d'alcool en stations-service n'a finalement
été que majorée .En effet, l'achat d'alcool sera interdit
entre 18 et 8 heures du matin, contre 22 et 6 heures auparavant.
Cependant , la loi Bachelot autorise la publicité pour
l'alcool sur internet . En effet, cette mesure comble un vide juridique
existant depuis la loi Evin de 1991, puisqu'à l'époque la loi
interdisait la publicité pour l'alcool mais internet n'était
pas encore développé.Cependant le texte précise que les
publicités concernant l'alcool ne seront pas autorisées sur les
sites destinés à la jeunesse. Cependant on peut se demander si
cela est dissuasif en sachant que les jeunes ne vont pas forcement surfer que
sur des sites de jeunnesses.
De plus ,toujours pour lutter contre l'alcoolimie au volant et
surtout diminuer le nombre de jeunes morts en constante augmentation, le loi
du 9 juillet 1970 instaure, pour la première fois en France, un taux
légal d'alcoolémie. Ce taux sera au cours des dernières
décennies couramment baisser, avec un seuil d'alcoolémie
tolérée. En 2006, 21,8 % des conducteurs âgés de 18
à 24 ans impliqués dans des accidents de la route mortels
présentaient une alcoolémie illégale.(ESCAPAD, OFDT, Mai
2007)
En 2009, Xavier Darcos , ministre de l'éducation à
l'époque, interdit la consommation d'alcool sur la voie publique
à proximité des établissements scolaires.
Cependant l'interdiction ou la restriction par des lois ne
suffit pas pour gagner ce combat il faut aussi un énorme travail de
prévention en amont. En effet, il faut expliquer aux jeunes , les
risques engendrés par l'alcool sans toutefois être dans la
sanction. Pour cela, il faut élaborer des campagnes de sensibilisations
des jeunes aux risques immédiats liés à la consommation
excessive d'alcool.
Ci-dessous une affiche de prévention contre l'alcoolimie
des jeunes en volant.
Ce genre de compagne très percutante a pour objectif de
montrer les risques liés à l'alcool comme des accidents,
comportements violents et agressions, rapports sexuels non
protégés ou non souhaités, comas éthyliques.
La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a lancé
le 17 juillet 2008 la campagne "boire trop, des sensations trop
extrêmes", accompagnant la loi limitant la consommation d'alcool chez les
jeunes. Il s'agit de spots choc pour lutter contre l'alcoolisation massive des
jeunes et diffusés dans différents médias : TV, radio
et cinéma.Cependant ces différentes campagnes s'éloignent
de la logique moralisatrice pour ne pas stigmatiser les jeunes. Le spot TV de
40 secondes commence par des jeunes sur une plage, coucher de soleil, jolies
filles légèrement vêtues et pour finir par vomissement,
violences, abus sexuels, noyades. De plus,un site Internet "boiretrop.fr" a
été mit en place au moment de la campagne afin de fournir une
information plus complète sur l'alcool et ces risques.
En fin d'année 2005, pour renforcer l'impact du principe
du conducteur désigné et faciliter son appropriation par les
jeunes, la Sécurité routière a décidé de
baptiser le conducteur désigné par le prénom
« Sam ». Les éléments de la campagne mettent
en scène le concept du « conducteur désigné »
avec la mise en situation de Sam, sobre et responsable, raccompagnant ses amis
.
Et dans le reste du monde?
Loin de concerner que la France ,l'Organisation mondiale de la
santé a montré que sur quarante pays étudiés ,
vingt-neuf d'entre eux interdisent ou limitent la publicité
télévisuelle , vingt-huit interdisent la publicité pour le
vin et vingt-trois pour la bière. Une interdiction formelle
prévaut dans sept pays pour la publicité dans la presse
écrite : Biélorussie, Islande, Norvège, Pologne,
Fédération de Russie, Slovénie, Ouzbékistan. La
publicité par voie d'affichage est également interdite dans six
pays : Estonie, Finlande, Islande, Norvège, Pologne et
Slovénie.
En Allemagne , pour lutter contre l'alcoolisation des jeunes qui
provoque aussi d'importants problèmes de mortalités chez les
jeunes, le gouvernement a mis en place un programme nommé HaLT :" Stop
: c'est la limite" qui a pour objectif de faire un repérage des jeunes
en situation d'ivresse lors de leur hospitalisation par le biais du
médecin,et qui peut par la suite faire appel à un intervenant
extérieur pour rencontrer le jeune directement.Cette mesure semble
étre efficace.
Quelles sont les stratégies marketings mise en
place par les industriels de l'alcool pour séduire les jeunes.
Aujourd'ui l'indrustrie de l'alcool a bien compris que les jeunes
étaient une cible très intéressante pouvant ainsi
maximiser leur chiffre d'affaire en incitant les jeunes a consommer de nouveaux
alcools plus lights mais qui peut provoquer à long terme une
dépendance.De ce fait de nombreuses stratégies marketings sont
mis en oeuvre afin d'étendre le plus possible le nombre de
consommateurs.
L'industrie de l'alcool répresente de nombreux emplois en
France, près de cinq cent mille personnes dépendent directement
ou indirectement de cette fillière économique qui est en pleine
extension.
L'alcool est un enjeu important pour l'économie
française, pour cela l'Etat a mis en place de nombreuses taxes qui
rapportent beaucoup. Il ya une certaine hypocrisie, puisque l'Etat à
travers des lois ou des mesures tentent de lutter contre l'alcoolime des jeunes
mais cependant cette économie rapporte beaucoup au niveau national.
Pour cela, les industries font preuve d'imagination pour ainsi
convaincre les jeunes de boire.En effet, lorsqu'on interroge les jeunes, ils
ont tendance à dire qu'ils n'aiment pas forcement les alcools forts
comme le wisky ou la vodka, de ce fait, ces industries ont compris qu'il
fallait se diriger vers des alcools plus lights en apparence, avec une
importante dose de sucre. Sachant que le sucre donne soif, il ya un effet
pervers : plus on boit , plus on a soif et ainsi de suite. Ces alcools
appelés "alcopops " visent un public très jeune commençant
à découvrir l'alcool.Ces boissons au gout sucré où
le gout de l'alcool n'est pas dominant , affiche une présentation
très "jeun's" afin de séduire le plus possible le public
visé qui est généralement jeune et féminin. Ces
alcopops sont qualifiés de "fun".On peut dire que d'une certaine
façon c'est le marketing qui alcoolise les jeunes indirectement.
C'est dans des soirées, ou dans d'autres lieux où
les jeunes ont l'habitude de se réunir que l'on trouve d'abord la
dernière boisson à la mode, que l'on ne pourra acheter souvent
que plus tard dans les magasins. Cette stratégie fait que les adultes
apprennent l'existence de ces boissons bien après les jeunes.
Les panneaux publicitaires sont très présents dans
les médias : en effet, en moyenne, les jeunes voient près de 20
000 messages publicitaires à la télévision. Sur ce nombre,
environ 2000 portent sur les boissons alcoolisées et sans compter les
publicités sur internet, le sponsoring de concerts .
De plus nous pouvons remarquer, depuis ces dernières
années, l'augmentation des boissons gazeuses mélangeant de
l'alcool.Plus de 130 nouveaux alcools on été créés
fortement dosés en sucre afin de répondre à la demande des
jeunes comme la bière à la fraise , la vodka à la limonade
ou des alcools à base de lait. Il existe une très grande
diversité d'alcool afin de plaire au maximun de personnes.
De plus le marketing se développent dans les boites , dans
les lieux festifs, ou les industriels offrent des bouteilles d'alcools, des tee
shirts à l'éffigie de la boisson d'alcool afin de familiariser et
de fideliser les jeunes le mieux possible à la marque.
A travers différentes strategies marketings, les
industriels ont compris que la jeunesse était une cible
intéressante économiquement avec beaucoup de potentiel à
développer.En effet, ils s'adaptent aux gout des jeunes avec notamment
des boissons qui ne correspondent pas aux goûts des adultes, marqueur de
différenciation.Généralement, ces alcools abordent un look
très tendance et coloré pour faire plus référence
aux sodas qu'à l'alcool, ils misent plus sur le coté
rafraichissant que sur l'alcool en lui même et avec des slogans chocs qui
sont conçus pour séduire le jeune public. Il s'agit uniquement de
«se désaltérer», comme le dit Four Roses; «une
fraîcheur incomparable», promet William Lawson's; «à
boire très frais», conseille Black & White.Ces alcools
utilisent généralement les références culturelles
des jeunes avec un prix pas forcement excesssif.
Cependant on notera que le gouvernement a préferé
sur-taxer ces produits au lieu des les interdire,car finalement ils restent
très intéressants pour l'économie française, au
détriment de ces jeunes souvent vulnérables.
Conclusion des lectures sociologiques
Suite aux différentes lectures, nous sommes dans
la capacité de mieux cerner le problème de l'alcoolisation des
jeunes. En effet, les différents ouvrages m'ont permis de me rendre
compte de la situation actuelle sur ce phénomène social touchant
principalement les sociétés occidentales.
L'alcoolisation des jeunes a longtemps été
délaissée en sciences humaines et plus particulièrement en
sociologie. Longtemps sujet des travaux dans le médical, il faudra
attendre les années 70 pour voir se développer des
enquêtes, des ouvrages parlant de ce problème.
La France a toujours entretenu un rapport particulier vis
à vis de l'alcool, produit ancré culturellement et socialement et
qui fait le rayonnement de la France à travers le monde avec notamment
le vin, produit emblématique de notre culture. Certains auteurs
appellent l'alcool comme la "drogue populaire" en France.
Pour revenir au sujet portant sur l'alcoolisation des jeunes,
les diverses enquêtes parues ces dernières années montrent
que ce phénomène s'amplifie aux périls de la santé
des jeunes. En effet, malgré une consommation en diminution ces
dernières années, les enquêtes montrent une importante
augmentation sur la quantité absorbée en soirée.
Aujourd'hui, les jeunes boivent plus rapidement et en quantité plus
grande lors d'une soirée. Ce phénomène venu des pays du
nord, a pour objectif de se "défoncer" le plus rapidement possible avec
le plus d'alcool possible.
On peut observer deux dimensions sur cette surconsommation. En
effet, comme l'explique dans le livre: "Ces ados qui en prennent"
(page 124) de Sophie Le Garrec, on peut articuler deux
phénomènes qui sont dans un premier temps le conformisme, c'est
à dire faire comme les autres et ainsi faire partie d'une
"communauté" d'un groupe de pairs et deuxièmement comme le
constate Le Garrec, l'alcool a pour effet l'oubli du quotidien le temps d'un
court moment. De ce fait, les jeunes étant en crise d'adolescence et
avec les changements que cela engendre comme les modifications physiques,
l'alcool a donc pour vertu l'effacement de l'avenir. En effet, l'avenir est
aujourd'hui incertain, angoissant voire stressant du fait du contexte actuel de
la conjoncture économique, qui voit exploser la précarité
et le chômage. Le Garrec appelle cela "a- temporalité".
Pour finir, nous pouvons donc voir que ce
phénomène nouveau en France engendre des conséquences
dramatiques pour les jeunes et leur santé. Malgré des mesures
politiques comme l'interdiction des « apéros »
Facebook ou l'interdiction des « Open Bars » lors des
soirées étudiantes, beaucoup reste à faire pour
sensibiliser les jeunes mais aussi les adultes souvent ignorants de la
réalité de la situation
I)METHODOLOGIE:
1.1 Définition du sujet :
Le sujet sur lequel nous allons travailler dans le cadre du
dossier de recherche, cherche à comprendre pourquoi aujourd'hui les
jeunes français s'enivrent ils de façon excessive lors de
soirées. En effet, je pars du constat que ce phénomène
est très récent dans nos sociétés .Suite à
des évènements tragiques et reprit très largement par les
médias dans les rubriques faits divers, nous pouvons constater que cette
nouvelle façon de boire très rapidement et de plus excessivement
chez les jeunes , nous pose la question des motivations qui poussent les jeunes
à prendre autant de risques , quitte à mettre leur santé
voir leur vie en danger.
Pour cela , j'ai choisi d'aborder le thème de
l'alcoolisation chez les jeunes en France et ainsi de tenter d'apporter
quelques réponses à ce fléaux tragique qui prend de plus
en plus de proportions inquiétantes dans notre pays, ainsi que chez nos
voisins européens.
Nous cadrerons cette étude dans un groupe de jeunes
étudiants français ainsi que chez des jeunes personnes ayant
quitté le système scolaire sous les deux ans à partir
d'aujourd'hui.En effet, je cherche ainsi a voir si l'alcool a été
un facteur important suite à l'abandon de leur étude en cours.
Il existera deux profils de jeunes durant les entretiens, en
effet, il y aura un profil de jeunes habitants dans un milieu urbain, c'est
à dire dans la proximité de l'agglomération lilloise mais
aussi un profil de jeunes habitants dans un milieu plus rural. Cela peut
étre intéressant de voir si il existe aussi bien des similitudes
ou des différences de pratiques selon l'endroit où habitent les
jeunes. De ce fait, j'ai choisi Lille et la Thiérache (en Picardie ,
lieu où mes parents habitent) parce que c'est les deux seul lieu
où je pourrais effectuer mon étude dans la mesure où le
temps imparti pour ce travail m'est insuffisant pour pouvoir explorer un
échantillon plus important et peut-être plus représentatif
dans d'autres villes. De plus la ville de Lille est une ville étudiante
où cohabitent trois universités, ce qui fait que de nombreux
étudiants sont plus succeptibles de se sentir concerner par mon sujet de
recherche et que j'espère renderont mes entretiens plus proche de la
réalité , étant donné que je suis au coeur de le
population ciblée par mon enquête et ainsi réaliser une
étude la plus représentative possible du cas de la France.
1.2 La démarche d'analyse:
Pour notre étude, nous utiliserons la démarche
hypotético-déductive. En effet, notre analyse se fera à
partir de sources documentaires. Ces sources sont constituées de
données statistiques et d'ouvrages sociologiques. Cette démarche
commence par la définition d'un problème ou d'un sujet, puis on
formule des hypothèses (à première vu) en puisant dans les
documents et travaux qui ont été réalisés avant par
d'autres auteurs. A partir de là, nous irons vérifier ces
hypothèses sur le terrain. Sur un sujet aussi complexe dont l'analyse ne
peut se faire par une simple explication causale, l'analyse quantitative ne
saurait être suffisante, nous l'utiliserons alors simplement à
travers la méthode des questionnaires afin de pouvoir chiffrer nos
théories.Cependant nous auront plus recours à une analyse
qualitative. Pour cela, nous utiliserons les méthodes de l'entretien, et
la recherche documentaire.
De plus, je pense qu'il peut être intéressant
d'utiliser l'observation dites"armée" (avec grilles) et l'observation
participante. Pour cela , durant les soirées, j'observerai les
différentes pratiques des jeunes , les modes de consommations qu'ils
opèrent et les codes. Je pense que l'observation peut aussi
s'avérer très fructueuse car le meilleur moyen de constater
,c'est d'observer. Cela permettra de compléter mes entretiens et ainsi
de voir comment se déroule une soirée type d'alcoolisation chez
les jeunes.
1.3 Le choix des personnes interrogés :
Le choix des personnes intérrogés est un moment
crucial afin de mener correctement mon enquête, en effet, le choix des
individus intérrogés est la base d'un mémoire
réussi et intéressant sociologiquement, de ce fait , il faut un
large pannel mais qui soit représentatif de la diversité de la
jeunesse française. Pour cela, j'ai choisi d'étudier la
jeunessse,puisque d"après les dernieres enquêtes, l'alcoolisation
abusive touche majoritairement les jeunes. Cependant , comme le souligne
Galland dans son ouvrage "La sociologie de la jeunesse" , il
existe une multitude de jeunesse en France, et ayant des caractérisques
différentes.De ce fait, pour essayer d'avoir un panel assez proche dans
la jeunnesse française actuelle, j'ai décidé de me
concentrer chez les jeunes de 16 à 24 ans. En effet,
généralement durant cette tranche d'age les
caractérisques sont assez similaires et proches, puisque cette
période de la vie réprésente la vie lycéenne et
étudiante donc des pratiques, des codes, des normes, des
répresentations possédant des similitudes assez voisines.
Cependant j'ai décidé d'élargir aussi mon pannel à
des jeunes ayant quittés le système éducatif
récemment . La population concernée sera donc principalement les
étudiants, étant moi aussi étudiant, cela me facilitera
pour faire mes entretiens et mes questionnaires, cotoyant aussi ce monde. A
cela , nous pouvons ajouter plusieurs conversations avec des personnes adultes,
agées entre 40 à 45 ans, étant bien inserées
socialement, afin d'avoir leur avis sur ce phénomène et pouvoir
comparer leur expérience.
De plus, pour maximiser les chances d'être le plus
proche de la réalité de ce phénomène,j'ai
volontairement décidé d'établir une certaine forme
d'équité Homme/Femme , en essayant de récolter le
même nombre d'entretien suivant le sexe et aussi d'essayer
d'étendre mes entretiens à toutes les classes sociales, afin de
voir si ce phénomène concerne plus une catégorie en
particulier ou pas, ou si il existe d'importantes différences de
pratiques et de mode de consommation.
1.4 Les terrains envisagés :
Au dela des personnes de mon entourage que je pourrais
solliciter, nous irons dans les universités, en l'occurrence à
l'université des sciences et technologie de Lille 1 (USTL) et à
l'université Charles de Gaule (Lille 3) afin d'aller directement
à la rencontre des étudiants suceptibles de répondre
à mon sujet et ainsi obtenir des entretiens que je pense faire de type
semi directif.
Dans un second temps, je pense intérroger les
étudiants dans les lieux de consommations d'alcool comme les bars , ou
encore les sorties de boites de nuit, lieux stratégiques pour trouver
des individus succeptibles de répondre à mes questions ou alors
prendre contact avec ces jeunes et prendre des rendez-vous pour réaliser
des entretiens.
Dans un troisième temps, je pense aussi interroger des
connnaissances ou amis lors de soirées privées afin
d'élargir, si besoin, mon pannel. D'ailleurs , j'ai deja trouvé
des personnes volontaires pour répondre à mes entretiens.
Puis dans un dernier temps, j'espère trouver des
personnes grâce au "bouche à oreilles" ,et pourquoi pas faire
circuler sur internet avec notanmment l'aide des réseaux sociaux des
questionnaires, mais si le temps me le permet et si je ne suis pas satisfait de
mes premiers entretiens.
1.4 Présentation de la grille d'entretien:
Je suis parti sur une base d'entretiens semi-directifs. Ainsi,
la grille d'entretien sera divisée en plusieurs parties :
- La première partie de mon
entretien sera axée sur la découverte de l'alcool chez les
jeunes.Pour essayer de voir comment s'est déroulé leur
première expérience avec les boissons alcoolisées. Je
poserais des questions assez larges comme: Pouvez-vous me raconter comment
s'est passé la première fois que vous avez bu de l'alcool? ou
encore :Suite à votre première expérience d'excès,
avez vous eu envie de recommencer à boire?
- Dans la seconde partie de mon
entretien , nous essayerons de poser des questions concernant la
fréquence de la consommation d'alcool chez la personne et aussi le
contexte des consommations, avec des questions comme: Dans quel contexte buvez
vous de l'alcool? (soirée? en famille? avec les amis) ? est-ce que vous
buvez de la même manière ou de manière différente
dans ces différents contextes? ou encore Lors de ces
événements, dans quel but buvez vous de l'alcool? Combien de fois
par semaine consommez vous de l'alcool?
- La troisième partie de mon
entretien sera axée sur les impacts de l'individu dans le domaine
familial, scolaire ou encore financière avec des questions tres larges
comme: Quel est votre budget moyen pour la consommation d'alcool? ou encore
:L'alcool a t'il eu des répercutions sur votre vie de famille ( votre
couple, vos enfants, vos parents)?
- La quatrième partie de mon
entretien se portera sur les risques et dangers de l'alcool avec des questions
comme: Vous rendiez compte des risques engendrés par l'alcool sur le
coup/et après? Avez vous déjà conduit ivre? Vous sentez
vous dangereux pour les autres et vous même? Avez vous déjà
mit votre vie en danger?(coma , rapport non protégé) si oui, cela
vous a t'il dissuadé de boire autant?
- Puis la derniere partie sera plus
axée les représentations lié à l'alcool comme
:Quelles sont les raisons qui vous pousse à consommer de l'alcool? ou
encore :Comment représentez vous la consommation d'alcool dans
l'idéal? (soirée idéal) et pour finir par: Quelle
conscience avez vous de l'image que vous renvoyé à vos proches?
II) L'alcoolisation des jeunes: un
phénomène multi-factoriel
1) Boire, un facteur de sociabilisation et
d'intégration
Apres avoir étudié mes entretiens, nous pouvons
remarquer que l'alcool serai plus propice à l'intégration des
jeunes. Cela révèle t'il un réel mal être des
jeunes, dans une société de plus en plus individualiste et
égoiste où le contact humain est de plus en plus difficile
à s'opérer?
Une chose est sûr, c'est que l'alcool faciliterait les
rapports entre les individus, l'alcool donnerait des sensations de bien
être, de gaité et de joie à court terme permettant aux
individus de s'intégrer plus facilement.
En effet, lors de mes entretiens, nous pouvons noter que c'est la
réponse la plus fréquente qui arrive auprès des jeunes,
près de six personnes m'ont répondu que boire permettait de
s'intégrer aux autres, de s'ouvrir à des gens venant pas
forcément du même milieu sociaux. Durant les alcoolisations, le
but premier est de faire la fête, de s'amuser sans se soucier des
problèmes et de parler aux gens. Nous pouvons remarquer pour certain une
certaine souffrance, une solitude durant la semaine et que les soirées
beuveries permettent de combler ces absences de "vie sociale". En effet, comme
le souligne Anne Sophie, " j'aime bien boire en soirée, ça me
libère de la semaine, je suis à la fac, mais on est
considérés comme des numéros, les rapports avec les profs
ou même les autres étudiants sont tres brefs et
éphémères, les conversations sont tres banales durant les
cours, du coup lorsque je suis entre amis , je me lache totalement, ça
me permet d'évacuer le maximun et enfin d'avoir des amis à qui
parler de choses plus personnnels et s'ouvrir aux autres .." En effet ,
nous remarquons que l'alcool pour certaines personnes permet d'avoir une vie
sociable , dans une société de plus en plus stressante où
les individus sont compréssés. De plus l'alcool est facteur de
relachement , et donc de fête. Nombreux sont les personnes qui me disent
que s'alcooliser permet de faire la fête, de se lacher, de rigoler et se
faire des nouveaux amis. Ces soirées d'alcoolisation sont devenus un
moment de sociabilisation entre les jeunes et d'intégration, comme le
remarque David, " c'est durant ce genre de soirées que je me suis
fait plein de potes, l'alcool me permet de parler librement sans aucune
retenue et avec des inconnus surtout que je suis assez timide...". Le
besoin d'étre ivre comme les autres afin de pouvoir s'intégrer et
surtout être dans le même délire , dans le même
"trip". D'ailleurs le terme être dans le même "trip" revient
très frequemment dans les entretiens " je bois pour délirer
avec mes potes , et taper des putains de trips", " si je bois pas , je
serais pas dans le même trip qu'eux et je vais m'emmerder".
Dans un monde de plus en plus complexe et difficile d'avoir des
rapports sociaux entre les individus, l'alcool est devenu un subterfuge afin de
pouvoir s'intégrer correctement dans la société et ainsi
avoir une vie sociale plus ou moins épanouie.Les effets de l'alcool
peuvent être tout à fait ressentis comme positif, On se sent
désinhibés, plus détendus et plus sûr de soi. De
plus, nous pouvons ajouter que l'alcool est aussi un moyen de ne pas se sentir
« exclu » dans la vie quotidienne.En effet, consommer de
l'alcool avec les autres est une manière d'être reconnu et de
s'intégrer et résister à la pression du groupe n'est pas
facile de nos jours. A cela , on peut ajouter que l'alcool est souvent
associé à la fête , à la plaisanterie , choses
favorisées et vues comme positives car elle permet au final la rencontre
sociale. On peut même parler de rituel d'hospitalité.
Boire pour vaincre l'ennui et oublier l'avenir
Aujourd'hui ,les jeunes ont peur de l'avenir incertain, de la
précarité ambiante, du chomage et des problèmes qui en
découlent.L'alcool peut être un moyen de substitution pour oublier
durant un instant , même très court, tout ces problèmes qui
peuvent toucher n'importe quels individus.
Durant mes entretiens, les notions de précarité, de
chômage et de boire pour pallier à l'ennui sont des temes tres
récurrents.En effet, si on analyse de plus près, on peut
s'apercevoir que l'alcoolisation des jeunes est un phénomène
très complexe.Dans un premier temps, les jeunes disent boire pour faire
la fête, rigoler , être dans l'ambiance, mais lorsqu'on approfondit
un peu, nous pouvons s'apercevoir d'un certain mal être de cette
génération, boire serait un moyen d'oublier l'avenir de toutes
ces contraintes.
Lorsqu'on commence à approfondir, les jeunes
révèlent une souffrance, une importante inquiétude face
à la société actuelle où ils ne se sentent pas
intégrés mais rejetés et mis à l'écart.
D'ailleurs, nombre sont ceux qui m'ont dit "boire pour oublier".Comme
le souligne Benoit, en recherche d'emploi et ayant un Bts dans le commerce "
boire me permet d'oublier que je sers à rien à la
société, ça fait 5 mois que je recherche un taf et
même avec mon bts je trouve rien, je touche quasiment rien et j'ai
l'impression d'avoir fait des études pour rien,du coup, en soirée
lorsque je suis avec mes potes, je préfère profiter et boire pour
être au final bien, sans me préocuper de demain et des
problèmes". L'alcool a des effets désinhibiteur,
tranquillant, il permet de modifier le champ de perception exterieur et
intérieur, en effet les garçons se sentent "invincibles "
lorqu'ils sont alcoolisés et les filles irrésistibles.L'alcool
change la façon de se percevoir et de percevoir les autres, il permet de
prendre plus positivement les problèmes de la vie et de l'avenir que
rencontre l'individu. Cependant , l'alcool reste un faux médicament, car
il ne règle pas les problèmes , il permet pour certain le court
d'un moment d'oublier leur situation actuelle souvent précaire.En effet,
avec la crise écnomique qui durent depuis quelques années qui
provoque beaucoup de chômage, plus de un jeune sur quatre est au
chômage et ne parlont pas des jeunes diplomés souvent
oubliés mais qui doivent aussi faire fàce à la
précarité et au déclassement, comme me le
révèle Stephane " j'ai été dans une
école d'ingénieur à Compiegne, après avoir eu mon
bac +5, j'ai mis plus de 1 an pour trouver un emploi, un cdd payé
quasiment au Smic, ça me déprime d'avoir fait tout ça pour
ça (...) durant mon année où j'ai cherché du
travail, il m'arrivait de boire beaucoup, de me prendre de grosse cuite, boire
à vomir, et je pense que la raison était tout simplement
d'oublier mon statut précaire, d'assisté et ainsi d'essayer de
profiter grâce à l'alcool des petits moments de bonheur , de joie,
sans se soucier du lendemain même si c'est
éphémère"
Certes , on ne peut certainement pas faire de
généralités, mais nous pouvons penser qu'il y a une
très forte corrélation entre les jeunes personnes dans une
situation économique fragile et la consommation excessive d'alcool. A
noter aussi que chez les personnes intérrogées, l'ennui revient
souvent dans les réponses. Comme le dit Audrey "Je bois pas mal en
soirée , car ça me permet de casser avec la routine quotidienne,
mes journées sont longues et ennuyantes, je fais toujours la même
chose (...) quand arrive le vendredi soir, je sais qu'il y a toujours des gens
qui vont venir à l'appart avec des teils (bouteilles), du coup , je sais
que lorque j'ai bu quelques verres, je me sens bien ,ça me permet de
m'évader et voir des gens".
La peur de l'avenir, la précarité, le
chômage, la pression de la société, le stress, l'ennui sont
de nouveaux facteurs qui contribuent à l'alcoolisation des jeunes.
Aujourd'hui, les jeunes doivent faire face à un avenir incertain et
péssimiste.Nombreux sont ceux qui ne trouvent pas leurs places dans le
système économique actuel , ils se sentent exclus et
inutiles.L'espoir laisse place au désespoir, nombreux sont les
rêves gachés, la réalité est trop dure à
assumer ,pour cela , le seul remède pour beaucoup c'est l'oubli à
travers l'alcool , le cannabis ou les médicaments.En effet, il existe un
malaise dans la jeunesse actuelle provoqué par la perte des
repères fondamentaux qui permettait d'exister comme un individu à
part entiere et reconnu dans la société.
3) Boire pour être ivre.
Après avoir montré que boire pouvait être
source d'intégration dans un groupe ,en effet, chez certaines personnes
cela est devenu comme une norme implicite, où il est devenu banal,
normal de se "défoncer" ce qui tend à dire que si la personne ne
pratique pas ce rituel, elle peut être considérée comme
une personne marginale voire déviant dont le résultat pour
être l'exclusion du groupe. De même , comme j'ai pu le montrer
ultérieurement, l'alcool peut permettre d'oublier l'avenir et la
pression des études et de la société ,néanmoins,
nous pouvons noter que certains boient juste pour boire et repousser ces
limites.Boire pour boire et finir ivre.
Dans ce cas, on peut parler d'une certaine forme d'alcoolisme, en
effet, le plaisir n'est plus la préocupation principale mais le but
final est de finir ivre.Il y a une recherche de défonce rapide comme le
souligne Alexandre " Aujourd'hui, je suis content de ma soirée , si
à la fin je finis dans un état très alcoolisé, pour
être franc, et comme maintenant beaucoup de mes potes, même si on
se l'avoue pas forcément, les soirées permettent de se la mette
bien et vite (...) même ci des fois on s'emmerde dans une soirée,
on boit pour être sur de finir raide et au pire on fait des jeux
d'alcools assez hard pour être certain de partir arrachés (...)
d'ailleurs je ne conçois pas une soirée sans alcool ". Nous
remarquons ici , qu'il y a une différence, l'alcool n'a pas le but
intégrateur dans un groupe déjà très
intégré, cependant il y a toujours l'envie, le désir de
repousser ses limites, de voire jusqu'où le corps peut supporter l'abus
d'alcool. Ces personnes ne sont pas dans la même logique.Il y a une
volonté de se démarquer des adultes mais en même temps des
jeunes.C'est un peu une étape intermédiaire, une étape de
transition entre le monde adulte et adolescent.En effet, je retrouve ce genre
de réponse chez des jeunes d'une vingtaine d'années,
intégré socialement. Comme le souligne Monique Dagnaud,
sociologue et directrice à l'insititut Marcel Mauss " les deux
exigeances contradictoires de la post adolescence" ,c'est à dire le
désir de mettre en avant sa subjectivité et sa
nécéssité à chercher des atouts positifs qui
permettront d'arriver dans le monde des adultes.En effet, chez ces jeunes, nous
pouvons remarquer qu'il y a une volonté de ne pas devenir comme les
parents où l'école veulent qu'ils soient et ainsi pouvoir
prolonger une certaine forme de jeunesse et de pouvoir profiter pleinement de
la vie avant l'entrée dans le monde professionel qui est souvent source
d'angoisse. Il y a une sorte de démarcation du monde adulte.On peut
parler de période de flottement où les jeunes recherchent un
moyen de s'affirmer contre les grandes institutions dites traditionnelles.Comme
l'exprime Gaelle " je ne veux avoir la même vie que mes parents,
boulot dodo métro, je suis jeune je veux profiter le plus possible avant
que les galères arrivent.." .L'alcool permet de pousser les limites
de son corps en s'enivrant rapidement.D'ailleurs ces jeunes ne se
considèrent pas forcément comme des marginaux ou encore des
déviants, car ils justifient leur acte en mettant toujours en avant le
coté convivial et intégrateur de l'alcool.
Les jeunes à travers l'alcool recherchent des moments
d'évasion, dans un monde où les sociétés sont
devenues très oppressante , les jeunes se sentent
délaissés par une société qui éprouve une
certaine indifférence par rapport aux jeunes , souvent décrit
comme une génération à sacrifier et non pas à
s'épanouir. Le fait de refuser de boire, c'est perçu comme
être une personne trop coincée, trop serieuse, trop scolaire,c'est
à dire ,se refuser les plaisirs de la vie. Il y a un proces d'intention
sur ces jeunes qui boient pas , car ils priviligient d'une certaine
façon la santé à la fête.La peur du danger, de la
maladie, à cet âge la peut être perçu comme un manque
de virilité chez les hommes et ainsi passer comme un marginal. Pour ces
jeunes, ne pas boire, c'est d'une certaine façon renoncer à avoir
des opportunités de rencontre et donc une vie sociale ordinaire.
III)Evolution de la façon de consommer de
l'alcool chez les jeunes.
ñ Boire le plus possible en moins de temps: le
phénomène du bringe Drinking.
Aujourd'hui, le mode de consommation des jeunes face à
l'alcool a énormément évolué depuis les
dernières décennies notamment en France. Longtemps l'alcool
n'était qu'un 'bonus' pour une soirée réussie, l'alcool
n'était pas le centre de toutes les attentions et des convoitises pour
les jeunes. En effet, après avoir discuté avec plusieurs
personnes adultes pour qu'ils me racontent leur consommation d'alcool durant
leur jeunnesse,nous pouvons remarquer que le résultat est assez
similiaire pour tous et très différents d'aujourd'hui .L'alcool
lors de leur soirée n'était que rarement excessif et assez
limité. Le fait de boire beaucoup et vite n'était absolument pas
le but pour eux ,l'alcool était plus considéré comme un
agrément pour une soirée conviviale et dans la bonne humeur.
Lorsque je demande si il y avait des exces en soirée, R me repond
"oui cela pouvait arriver mais seulement lors de grands évenements
comme des anniversaires (...) mais très rarement sauf si il y avait pas
de choses à fêter". Lorsque je leur explique le
phénomène de « Binge drinking » , les
réactions se ressemblent elles aussi et laissent place à
l'imcompréhension.En effet, comme le souligne G, " jamais mes
parents m'auraient laissé boire autant,je n'aurais pas osé et de
toute façon à mon époque, on avait pas ou peu d'argent
à utiliser pour l'alcool".
Certes, nos parents buvaient aussi de l'alcool mais pas de la
même façon et pas dans le même but.
Suite à ces discussions avec des personnes adultes, nous
pouvons remarquer que cette nouvelle mode de boire vite et beaucoup est
très récente en France et en Europe. Ce phénomène
est arrivé depuis une dizaine d'années.
A)Description d'une soirée de biture Express.
Afin de méner à bien mon mémoire et de mieux
comprendre le phénomène d'alcoolisation rapide chez les jeunes et
leurs motivations ,j'ai décidé par le biais de ma soeur de
participer à une soirée où se déroule ce type de
comportement, en esperant que cela m'apporte des réponses à mes
questions. Pour cela je vais vous faire une description d'une soirée
type de jeunes pratiquant le « Brinche drunking. »
Nous sommes le 2 avril 2011, pour les besoins de mon
mémoire ma soeur m'a autorisé a venir à une soirée
avec ses amis agés entre 17 et 20 ans, tous étant soit au
lycée ou en licence. Pour des raisons d'objectivité et de
récolter le plus d'informations possible et être au plus
près de la réalité, ma présence n'a pas
été justifié et aucune information concernant mon travail
n'a filtré durant la soirée. (ma soeur étant dans la
confidentialité).
J'arrive à la soirée avec ma soeur, vers
20h,où nous sommes invités pour " l'apero", nous sommes une
petite dizaine comprenant 6 garçons et 4 filles. Dès notre
arrivée , je remarque que l'achat d'alcool est obligatoire pour
participer à ce genre de soirée. Chaque personne ramène
son alcool, sa bouteille, c'est une de règles fondamentale.D'ailleurs la
première question en arrivant "tu as acheté quel alcool?."
En début de soirée, les conversations tournent autour de
choses plutot banales comme les cours , l'actualité ou le sport.Au
début, les jeunes boient à leur rythme sans avoir aucune
préssion des autres.Les alcools sont divers, je remarque que les filles
commencent par des alcools plus lights comme le passoa (alcool à gout
fruité) et les garçons avec des alcools plus traditionnels comme
la biere ou le vin. Durant les premières heures, l'alcool n'est pas le
centre des conversations, des interêts. Arrivé vers 23h, lorsque
les premiers effet d'alcools commencent à agir , nous pouvons constater
un changement de rythme de la soirée. En effet, les conversations des
premières heures laissent place à des conversations tournant
généralement aux soirées, à leur dernières"
cuites", à la dernières fois qu'ils ont vomis. De là, la
soirée prend une autre tournure, les alcools lights étant finis,
les alcools forts entre en jeux. En effet, comme j'ai pu entendre durant la
soirée, les alcools lights sont pour commencer, " se mettre dans
l'ambiance tranquillement" et les alcools forts sont "pour se mettre
une race" "pour se finir". Dès lors, je commence à
comprendre ce phénomène de biture expresss. A partir de
là, l'alcool commence à couler à flots, il n'y a pu de
limite, les verres se boient de façon très rapide , j'ai par
ailleurs compté la quantité de verres, et je constate que durant
les deux premières heures ,une personne que nous nommerons David, a bu 5
verres de vins pour ensuite boire plus de 4 verres de wisky en moins de 30
minutes. En effet, le plus troublant ,c'est la pression subit, comme çi
pour montrer leur masculinité, leur virilité, les garçons
étaient obligés de boire, de peur sinon à étre
apparenté à une fille. J'ai pu entendre durant la soirée
des réflexions du genre " Arrète de siroter", "fais pas ta
meuf bois plus vite" "tu es un mesquin même Justine boit plus que
toi". Pour être totalement intégré à ce genre
de soirées, les critères sont de boire beaucoup et rapidement.
Lorsque la soirée bat sont plein, les défis,les
« culs secs »,et les jeux d'alcools sont au centre de la
soirée. En effet, durant cette soirée,de nombreux jeux d'alcools
sont présents telque le Cap's (jeu de biere où il faut viser la
capsule, et ayant pour sanction pour la personne perdante, de boire une biere
en "cul sec") ou encore des jeux beaucoup plus trash avec du wisky. D'aillleurs
une personne m'a dit que le but de ce jeu été au final
"d'étre arraché et de vomir".
Je constaste avec assez de surprise que les filles participent
elles aussi aux jeux et défis sans aucune réticence, comme
çi il fallait qu'elles prouvent, qu'elle pouvaient aussi se
mésurer aux garçons et boire beaucoup d'alcool sans avoir aucune
gène ou honte.
D'ailleurs, en fin de soirée, les conversations se
concentrent essentiellement sur l'alcools. Dès lors , je leur demande si
ils conçoivent une soirée sans alcools, et la réponse est
unanime: Non , car comme ils me l'expliquent, l'alcool leur permet d'être
plus libres , de rire, d'oublier les cours et la vie en générale
et la pression parentale.D'ailleurs ils m'expliquent que leurs soirées
sont toujours entre personnes aimant boire excessivement pour être sur
d'être entre pair et de pas être jugés.
b)Le binge Drinking: nouvelle façon de comsommer de
l'alcool chez les jeunes.
Pour mieux comprendre cette nouvelle façon de boire, nous
allons analyser à travers la quinzaine d'entretiens passés,le
déroulement d'une binge drinking en soirée avec ces pratiques,
ces rites,et ces normes.
Comme l'ayant deja expliquer ulterieument, la biture express est
un nouveau phénomène venu des pays anglos-saxons. Le but
étant de boire un maximun d'alcool en un minimun de temps pour "se
saouler,se mettre minable, se déchirer".Ce
phénomène interpelle de plus en plus les pouvoirs publics car
jugé comme une ménace très importante pour la jeunesse et
ayant des conséquences gravissimes pour les personnes les plus
vulnérables.Mais le plus inquiétant c'est que ce
phénomène prend aussi des allures de compétitions
inter-ville, et aussi sur internet puisque les jeunes diffusent leurs
vidéos. Ce phénomène est très important sur la
toile, tous les jeunes diffusent « leurs exploits » et
lancent les autres jeunes à entrer en compétition.
Pour cela , je me suis axé principalement durant mes
entretiens à cette nouvelle pratique encore peu connu et peu
traité dans les sciences sociales mais qui ne cesse de s'amplifier dans
nos pays européens.Le binge drinking aussi appelé "biture
express" est le phénomène à la mode chez les jeunes
aujourd'hui, nous pouvons se questionner sur comment se déroule cette
nouvelle pratique en vogue.
Suite aux entretiens passés, nous pouvons mieux comprendre
comment se déroule ce phénomène.En effet, la biture
express comme tout phénomène social contient des codes, des
normes et des pratiques bien distintes des autres façon de comsommer de
l'alcool.
c)La beuverie de fin de semaine: un phénomène
collectif codifié
Comme tout phénomène social , la consommation
d'alcool abusive contient des pratiques bien spécifiques, pour cela les
entretiens passés nous donnent des éléments de
réponses.
Dans un premier temps, nous pouvons affirmer que ce
phénomène existe seulement en communauté, il y a un effet
de groupe derrière, il s'agit avant tout d'un phénomène
collectif. D'ailleurs les entretiens le montre bien, tous sont unamines pour
dire que boire de cette façon a lieu uniquement en compagnie d'amis. De
plus, nous remarquons aussi que cette pratique se déroule
généralement la vielle ou durant le weekend mais très
rarement en semaine.En effet, d'après le Baromètre santé
2005, le samedi est le jour où les quantités consommées
sont les plus importantes : 3,7 verres en moyenne pour les 15-19 ans, 4,5 pour
les 20-25 ans.Comme l'explique Cindy " Je ne bois jamais la semaine , je
n'en ressents pas le besoin, cependant arrivé le jeudi ou vendredi ,je
suis excitée d'étre le soir pour pouvoir me la mettre
sévère avec mes potes et sans retenues..." . Cela ressort
majoritairement dans mes entretiens, les jeunes se justifient en me disant
qu'ils ne sont aucunement dépendant de l'alcool puisque la semaine ils
en ressentent pas le manque mais dès le weekend arrivé, il n'y a
plus de limites et que la consommation d'alcool excessivement est un passage
obligatoire pour passer une bonne soirée.Comme le dit Alexandre il
attend le fameux VSD " le vendredi, samedi, dimanche, c'est
défonce obligatoire, généralement dans les boites de nuit
ou dans une soirée entre potes, c'est ça le VDS".
De plus, comme le révèle les différents
entretiens passés , nous constatons une règle d'or commune
à ce type de soirée.En effet, lors de ces binge drinking, chaque
individu à l'obligation de ramener une bouteille d'alcool. Cependant
cette obligation est suggestive car il ne fait pas de réclamer mais pour
contribuer à la soirée , les jeunes se doivent de ramener de
l'alcool .Comme le souligne Gaelle " celui qui ramène rien en
soirée est plutot mal vu; il est considéré comme un radin
,c'est pour ça que je fais attention de ramener toujours quelques choses
à chaque soirée même ci je n'ai pas forcement assez
d'argent et ainsi éviter les remarques en soirée comme " vu comme
tu bois, t'aurais pu ramener une bouteille"".
Comme nous pouvons le voire, l'alcool est très
recommandé mais jamais réclamé, il existe une certaine
hypocrisie dessus, le fait de demander à une personne de ramener de
l'alcool reste encore assez tabou comme le souligne Gaelle " lorsque je
fais une soirée chez moi, je demande jamais aux gens de ramener de
l'alcool, cependant j'espère toujours que les gens ramènent de
l'alcool pour étre sur de tenir jusque la fin de soirée,pour
moi, ramener de l'alcool en soirée est une chose évidente et
naturelle" .
Nous remarquons au fil des entretiens que finalement la
soirée entre amis est un prétexte pour boire, et le but
rechercher durant ces soirées n'est pas forcement de passer un bon
moment entre amis mais plutot de se "la mettre bien", en effet , lorque je
demande en général ce qu'ils retiennent de la soirée Paul
me répond " la cuite que je me suis mise" et non les moments
entre amis, pareil pour Constance " je me souviens des culs secs de tequila
que j'ai bu ...". Cela révèle bien un changement, en effet,
c'est pas le fait de passer des moments entre amis qui permet de passer une
bonne soirée mais finalement de boire à être ivre qui
permet de passer une bonne soirée.Mais cela n'est jamais dit durant les
entretiens, la soirée entre amis est une sorte de pretexte, pour en
quelque sorte se déculpabiliser.
Aujourd'hui lors des soirées, l'individu passe au second
plan , le moteur de la soirée reste l'alcool, d'ailleurs lors d'une
discussion avec une personne adulte nous remarquons cette différence,
à leur époque lorsqu'ils invitaient, les gens ramenaient plus un
cadeau pour faire plasir comme un gateau ou une bouteille de vin pour
déguster ,alors que durant ces soirées les gens ramènent
une bouteille pour leur prope plaisir et leur prope consommation.Il y avait
plus l'envie, le désir de faire plaisir aux autres, de passer un moment
de convivialité , alors que le « brige drinking »
retire toute cette dimension sociabilisatrice.Cela peut sembler assez
paradoxal puisque lorsqu'on écoute ces jeunes, le but de ces
soirées seraient de s'intégrer plus facilement mais finalement
lorsqu'on analyse les entretiens, on remarque qu'il y a une différence
entre le discours des jeunes ( boire pour s'intégrer) et la
réalité.En effet, après analyse de mes entretiens,
l'objectif de ce genre de consommation serait de boire pour boire, avec un
coté très indivudualiste .Comme le dit David "tant que je
finis arraché,c'est le principal, ça veut dire que j'ai
passé une bonne soirée". Cette remarque est
intéressante, elle montre bien que les jeunes cherchent avant tout leur
prope plaisir égoistement, la recherche d'évasion à
travers l'alcool et non comme ils le prétendent le coté
intégrateur, convivial. Hypocritement ou inconsciemment , ces jeunes
aiment ce genre de consommation d'alcool non pas pour le coté
fédérateur mais plus pour trouver son prope bonheur, plaisir
à travers l'abus excessif d'alcool et les sensations que cela
provoque.
De plus, nous pouvons remarquer des grands axes similaires sur le
déroulement des soirées.En effet, on retrouve des points communs,
avec les mêmes pratiques , le même mode consommation lors des
« bitures express ». On peut même appeller cela comme
un rite. Ces soirées sont divisées en plusieurs étapes.
Dans un premier temps, les jeunes prennent "l'apéro" .Cette
étape est la plus sociabilisatrice , elle commence
généralement après manger, cette étape dure en
moyenne une à deux heures. Elle commence lorsque tout le monde est
arrivé. C'est une étape fondamentale puisqu'elle permet comme le
souligne Stephane " de se mettre dans le bain , tranquillement et de
raconter notre semaine et les dernieres potins autour d'un verre ". Cette
étape est la plus conviviale, elle permet de se détendre en
buvant doucement et pas excessivement.Lorsque l'alcool commence à faire
ces premiers effets, arrive la seconde étape.Cette étape permet
d'atteindre l'ivresse rapidement.Durant cette étape, les jeunes changent
d'alcools, comme le dit Stéphane " c'est à ce moment
là , que la soirée commence vraiment, les filles comme les
garçons sont plus détendus et plus cools, on commence
à boire de l'alcool plus forts, généralement du wisky ou
de la vodka".De lors, durant ce moment, il n'y a pu de limites, les culs
secs s'enchainent, les paris stupides aussi et nombreux sont les jeux
d'alcools. Cette étape permet aux jeunes de se souler rapidement en
buvant beaucoup d'alcool.Comme me confie Stephane, c'est le moment
préféré des gens, c'est à ce moment là que
la soirée bat son plein grâce notammament à des jeux qui
permettent de boire beaucoup " durant cette période, je ne compte
pas mes verres, ils peuvent s'enchainer très vite, ainsi que les culs
secs, cela peut aller d'une dizaine de verres en 30 minutes voir plus , tout
dépend du contexte". Après cette étape cruciale qui
peut durer en moyenne plus de une heure, une fois les jeunes très
alcoolisés, arrive la troisième étape qui est les trajets
pour les sorties en boite ou dans les bars. Là aussi, cette étape
est très codifiée, en effet, les jeunes préparent des
"biberons" c'est à dire des bouteilles d'alcools
entières et mélangées avec de nombreux alcools
différents. Le biberon permet d'accompagner les jeunes durant le trajet
et de boire le maximun d'alcool avant de rentrer en boite. Comme me
précise Benoit " les biberons sont importants, ils vont nous
permettent de tenir toute la nuit,les prix des verres d'alcools en boite sont
tellement élévés que je peux à peine me payer un
verre, du coup, j'essaye de boire le plus avant , pour être sur
d'être bourré le plus longtemps possible sans me ruiner en
boite".
Une fois arrivé en boite, arrive la dernière
étape d'une soirée de « Biture express », une
fois les individus très alcoolisés, arrive le défoulement,
l'amusement. C'est généralement durant cette étape
qu'arrive les premiers vomissements pour les plus vulnérables. En boite,
les jeunes ivres se défoulent sur la piste. Une fois que l'alcool
commence à descendre , les gens se cotisent pour acheter une bouteille
d'alcool.En effet, comme le souligne Benoit " arrivé vers deux
à trois heures du mat', la fatigue et les premiers
désagrément liés à l'alcool arrivent, du coup le
meilleur moyen est de soigner le mal par le mal, du coup avec mes potes ont se
cotisent pour acheter une teil de wisky pour nous remotiver et tenir jusqu'a la
sortie de la boite quitte à être totalement
arrachés".
Cependant pour les plus courageux, l'after est le moment pour se
finir, en effet, l'after se déroule généralement
après la sortie en boite, vers six heures du matin et peut durer
jusqu'à midi . Durant ce moment , les jeunes finissent le reste
d'alcools de la soirée ou vont même jusqu'à aller en
acheter dans une épicerie.Toutefois les afters restent encore assez
marginaux, comme le dit Gaelle " Des fois lorsqu'on est motivés et
encore en forme , pour bien se finir, on peut taper after chez un pote, pour
finir l'alcool, mais ça reste assez rare.."
A cela, on s'ajoute un autre phénomène nouveaux,
qui est la consommation de plusieurs alcool durant la même soirée,
on peut parler de poly-consommation.En effet, durant ces soirées, chacun
ramène son alcool, de ce fait, sur la table se trouve une multitude
d'alcool plus ou moins fort.Il y en a pour tout les goûts.Ces jeunes une
fois alcoolisés pratiquent des mélanges dit "explosifs"
qui est la conséquence des divers jeux pratiqués. Il est pas rare
de faire des mélanges juste pour être ivre, même si le
goût reste à désirer.Comme le souligne Cindy " les
mélanges font parti intégrante pour le bon déroulement
d'une soirée, arrivé à un certain moment, on essaye de
trouver des mélanges explosifs avec les alcools qui restent afin de
tester nos limites, plus le goût est fort, plus les gens aiment en
général". Il y a un certain coté convivial lors de la
fabrication des mélanges, le but est de trouver le mélange
d'alcool idéal qui permettra de donner un second soufle à la
soirée.
Suite aux entretiens, nous pouvons affirmer que le Binge Drinking
est un phénomène social très codifié avec ces
propes règles, ces propes normes et ces rites. L'organisation est
réfléchie. Nous pouvons voire que ce genre de soirée se
déroule souvent en groupe d'amis proches où la règle d'or
est de boire sans aucune limite voire jusqu'a vomir. D'ailleurs ici le fait de
vomir est souvent signe de réussite. En effet, l'individu suppose avoir
passé une bonne soirée seulement si il a vomi, comme l'explique
Constance: Même ci je me souviens de rien de la soirée,lorque
je vomis ,cela veut dire que c'était une bonne soirée" .Cela
peut parraitre paradoxal,car le fait de vomir est une chose très
désagréable en soi,ça ne provoque aucun plaisir.Mais ici,
il ya une sorte d'éloge du vomissement ,symbole d'avoir passé une
bonne soirée. D'ailleurs, durant ce genre de soirée, lorsqu'une
personne vomit, les autres prennent du plaisir à le voir , rigolent , se
moquent, prennent des photos. Il y a une sur-enchère sur la consommation
d'alcool, c'est comme un jeu, le dernier debout est le gagnant.Il ya une
pression qui s'imposent dans le groupe.
d)Peut on parler de pratique sexuée dans la
consommation d'alcool?
La consommation d'alcool est très différente selon
le genre. En effet, on remarque dans les différentes études, que
la consommation entre les filles et les garçon diffèrent
beaucoup, selon le sexe, le rapport et la consommation de l'alcool sera
différente.D'ailleurs l'enquête ESCAPAD 2003, nous montrent que
l'alcoolisation abusive et régulière (plus de une fois par mois)
est très largement superieure chez les garçon que chez les
filles, puisqu'elle concerne 5.1% des hommes contre 1.3% des femmes de 16
à 17 ans, cependant chez les 17/18 ans ,l'enquête nous montre une
importante évolution passant à 11% chez les garçon
à 3% chez les filles.Toutefois on peut noter que les filles à
l'age de 14 ans consomment deux fois plus de verres que les garçons (3
contre 1.5 par mois) alors qu'a 20 ans la tendance c'est très nettement
inversée avec 15 verres pour les filles contre 50 verres pour les
garçons. D'ailleurs dans mes entretiens, j'ai pu remarqué cette
tendance, en effet , lorque je demande le nombre de verres en soirée
à Constance, elle me repond " en soirée si l'ambiance est
bonne, je peux facilement boire entre 7 à 10 verres.." à la
même question Victor me repond " en génénal, même
ci je compte pas, je pense boire facilement une bonne quinzaine de
verres.." Ce résultat est le même pour les autres entretiens,
les garçons consomment en moyenne plus d'alcool que les filles en
soirée.
Par ailleurs, on notera une différence selon le sexe dans
le contexte de la consommation.D'apres l'étude de l'INSERM et
l'INPES, les filles ont tendance à boire plus en famille alors que
les garçons plus entre amis, 10 % des garçons avouent consommer
de l'alcool en famille contre 33 % des filles. D'ailleurs cette enquête
montre qu'à 16 ans , 52 % des filles n'ont jamais été
ivres contre 39 % des garçons.
De plus, nous pouvons ajouter à cela une disparité
dans la manière de consommer entre les filles et les garçons.En
effet, même ci les pratiques tendent ces dernières années
à se rapprocher entre les deux sexes ( les filles consomment plus
d'alcool qu'auparavant) nous pouvons remarquer des différences non
négligeables et intéressantes. En effet, durant mes entretiens,
j'ai observé deux différentes notables.La première est sur
le type d'alcool consommé.Majoritairement, les filles consomment des
alcools sucrés comme le Manzana ou le passoa en soirée, en effet
sur les huits filles que j'ai questionné, cinq d'entre elles me citent
des alcools sucrés dans les boissons qu'elles consomment en
soirée,c'est le cas de Gaelle " j'aime boire des alcools
sucrés comme le Manzana ou des coktails à base de fruits , c'est
moins forts et plus agréable à boire" alors qu'a cette
question, sur les neufs garçons intérrogés, seulement une
personne me cite ce type d'alcool alors que les autres me citent des alcools
forts comme le wisky ou le pastis.En effet , comme le souligne Jean Edouard "
Je bois que des alcools forts,comme ça je suis sur de finir
bourré, jamais des alcools sucrés , c'est pour les meufs..sauf en
fin de soirée si il y a plus que ça à boire mais c'est
très rare.."
A cela , nous pouvons voire une disparité assez
intéressante lorsqu'on demande dans quel contexte ils
préfèrent consommer de l'alcool . Les hommes sont plus dans
l'optique de boire entre "potes" pour rigoler ou voire un match de foot alors
que les femmes plus dans la dimension boire pour séduire, pour commerer
entre copines.Comme le confirme David "j'aime bien boire le soir des
bieres avec mes potes autour d'un match de foot ou dans un bar " alors
que Marielle " j'aime bien boire deux /trois verres avec ma meilleure amie
pour se raconter les derniers potins, parler de choses de filles...".
A travers ces exemples, nous pouvons observer, que la
consommation d'alcool est tres codifiée chez les jeunes. Il existe un
rituel très réfléchis, très normatif , très
codifié durant l'alcoolisation des jeunes ,on peut même parler
d'une sorte de sous-culture .Les codes sont très présents durant
les soirées, en effet, lorqu'on analyse les entretiens, nous pouvons
observer de nombreuses similitudes entre les différentes
personnes.Toutefois on notera une différence assez importante entre les
filles et les garçons ou les pratiques semblent certes se rapprocher
,mais restent encore tres dissemblables.
Après avoir analysé les différents
comportements des jeunes en soirées, nous allons nous interesser aux
motivitations qui poussent aujourd'hui les jeunes à boire de
façon immodéré et sans aucune limite.
Pour cela dans cette deuxième partie nous allons
developper les trois grandes raisons de cette alcoolisation massive suite aux
déclarations des jeunes lors des entretiens.En effet, après
l'analyse de la quinzaine d'entretien, nous pouvons remarquer que trois
tendances se dégagent clairement. Effectivement, à la question
"Dans quel but buvez vous de l'alcool en abondance?" ,on dégage
trois axes réccurents qui sont: Boire pour s'intégrer et faire
la fête, boire pour être ivre et boire pour oublier.Pour cela, nous
allons analyser ces réponses et essayer de trouver des
réponses.
IV)Analyse de différents profils face à
l'alcool: Entre passage éphémère et dépendance
à l'alcool.
Suite aux différents entretiens, nous pouvons remarquer
que le cheminement face à la dépendance est différent
selon les personnes.En effet, il excite des différences notoires
à souligner. Pour cela, dans cette ultime partie, nous allons nous
intéresser à trois cas typiques d'alcoolisation qui sont resortis
durant mon enquête. Dans un premier temps, nous allons analyser la
catégorie de personne ayant eu une relation
éphémère avec l'alcool durant l'adolescence, puis dans un
second temps, nous allons voire les personnes ayant une consommation
régulière d'alcool mais pas excessive et puis ainsi finir par la
catégorie de personne étant devenue totalement dépendante
à la consommation d'alcool.
1)Un passage de jeunesse obligatoire mais
éphémère.
Dire que toute personne buvant de l'alcool est alcoolique est
faux,en effet, il y a des dégrès différents face à
la consommation d'alcool, il ne faut pas tomber dans la
généralité. La jeunesse étant le moment où
l'adolescent cherche à trouver ces limites, à tenter de nouvelles
experiences. Cela est donc propice aux interdits , souvent source de rebellion
envers la société ou sa famille, l'adolescent va pour cela tenter
de se démarquer en testant de nouvelle façon de consommer et
vivre de nouvelles expériences, généralement
destinées aux adultes.
Dans mes entretiens, sans toutefois généraliser,
nous remarquons que nombreux sont ceux qui après avoir eu une
consommation d'alcool assez excessive durant l'age de 17à 20 ans, sont
aujourd'hui calmés. En effet, c'est généralement durant
cet age, qui correspond aux années de lycée que la consommation
d'alcool commence en France. Comme le souligne Benoit " lorsqu'on arrive au
lycée, j'avais 16 ans ,on cotoie des personne plus grandes, du coup par
effet de bande et pour faire le malin, il m'arrivait de boire pas mal en
soirée juste pour les impressionner (...) j'ai même fumé
mon premier bédo à cette époque....". D'autres
entretiens tendent vers ce discours là, en effet, le lycée c'est
généralement le début d'une certaine indépendance,
c'est le moment de tenter de nouvelles expériences, de prouver son
existence. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes
intérrogées ont commencés à boire de l'alcool
régulièrement durant cette époque.
Cependant, arrivé vers 22 ans, nous pouvons constater que
la relation vis à vis de l'alcool a nettement évolué pour
ces personnes. En effet, fini l'insousciance de la vie d'adolescent,
l'entrée à la vie d'adulte marque un changement brutal et de
nouvelle responsabilité, qui ne sont pas forcement compatible avec une
consommation d'alcool abusive. Comme le décrit Gaelle " au
lycée, j'avais pour habitude de boire tout les mercredi apres midi avec
mes potes, boire pour être ivre, mais aujourd'hui, je suis plus dans ce
délire là, c'était une bonne époque, j'ai prit mes
plus grosses cuites, mais maintenant je suis passée à autre
chose, je bois plus par plaisir avec mes amis mais rarement avec
exces...d'ailleurs avant c'était de l'alcool discount alors
qu'aujourd'hui je préfère une bonne bouteille de vin".
A travers ces exemples, nous pouvons voire que la consommation
abusive d'alcool reste un RITUEL DE PASSAGE durant la période de
l'adolescence, ici, les jeunes sont plus dans le mimétisme, faire comme
les autres, se montrer et aussi découvrir de nouvelles sensations encore
peu explorées.Il y a un désir de dépasser ces limites et
une volonté de rebellion contre la société en
général. Cependant , cette situation reste assez brève, et
nombreux sont ceux qui au fur et à mesure des années,
entretiennent une relation face à l'alcool beaucoup plus
modérée ,c'est à dire qu'ils éprouvent plus de
plaisir à boire modérement ,mais en apprenant à
appécier les alcools sans être dans l'exces. Le rapport à
l'alcool a évolué, ils boient non plus pour être ivre mais
plus dans une optique d'appréciation , de qualité ,de
dégustation.
2.Une consommation moins fréquente mais toujours
quantitativement élévée.
Suite aux entretiens, nous pouvons contaster que plusieurs
profils se dégagent face à la consommation d'alcool chez les
jeunes.En effet, après avoir montré que la consommation d'alcool
pouvait étre chez certain juste une période à court terme
, chez des jeunes avides de nouvelles experiences, nous pouvons voire une
seconde catégorie dites intermédiaire, qui correspond aux jeunes
qui ont commencés à boire vers 17 ans et qui, aujourd'hui ont
toujours une consommation d'alcool pas forcément
régulière mais qui peut rester abusive.
En effet, ces jeunes ne se définissent pas comme
alcooliques, comme le dit David ,23 ans " Quand j'étais plus jeune ,
je buvais beaucoup et quasiment deux à trois fois par semaines , ou je
me l'a mettais sévère, aujourd'hui je bois juste lors de grandes
soirées, mais quand je bois, c'est pas à moitié, j'en
profite vu que c'est plus rare qu'avant..." . Ici ,contrairement aux
profils de jeunes décrit avant, nous ne sommes pas dans la même
logique de consommation , en effet, ces jeunes avouent avoir diminués
leur consommation d'alcool niveau fréquence mais contrairement à
ceux d'avant, ils avouent que niveau quantitativement ils sont toujours dans la
logique de consommation excessive et de défonce. Comme le souligne
Benoit 22 ans " Aujourd'hui je suis en couple, je peux plus me le
permettre, j'avoue que des fois ça me manque un peu cette époque
, de no limits, mais maintenant j'ai des responsabilités et une belle
voiture, du coup je préfère boire beaucoup moins pour
éviter des accidents, mais je suis surtout plus mature et responsable
qu'avant.."
Nous pouvons constater, que la prise de conscience du risque et
du danger est un des élément qui explique cette baisse de la
consommmation .Arrivé vers l'entrée dans la vie active, les
jeunes réalisent plus facilement les dangers que l'alcool peut
engendrer.Il y a certes, une certaine nostalgie d'une période de
liberté et d'inscouciance mais aujourd'hui ils ne sont plus dans une
logique de consommation abusive et fréquente, l'alcoolisation abusive
reste cantonnée à des événements spéciaux et
non plus régulier.Cependant il n' y a pas une rupture direct, comme
c'était le cas avant.Il y a une évolution dans la frequence de
consommation.
3) De la consommation agréable à la
dépendance.
En France, trois millions de personnes sont concernées par
un usage à risque de l'alcool.Cependant aucun chiffre nous
révèle le nombre de jeune étant dépendant de
l'alcool. Si boire modérément de l'alcool constitue d'abord et
avant tout un plaisir, une personne donnée peut, imperceptiblement ou
brutalement, devenir alcoolodépendante.La médecine définit
l'alcoolisme comme une pathologie dont la dépendance peut entrainer des
troubles graves.Comme toutes les addictions, la dépendance à
l'alcool entraine une sensation de manque obsessionnel plus ou moins
aigue.L'addiction à l'alcool engendre au fur et à mesure une
augmentation des doses d'alcools.Comme le souligne Xavier " au début
je buvais pour me mettre une cuite avec mes potes et ainsi faire la fête
comme tout le monde ,mais à force j'ai ressenti une sensation de manque,
il fallait que je sois bourré quasiment tout les jours, du coup
j'achetais du rosé ou du vin , l'alcool des pauvres pour avoir ma dose
pour la soirée , même seul, ça ne me dérangais pas".
On notera une différence avec la pratique du « binge
drinking », puisque ici c'est la sensation de manque qui pousse
à boire alors que pour les « bitures express »
,c'est plus pour faire la fête , s'intégrer et finir ivre.
De plus , nous noterons une autre différence non
négligeable avec le « binge Drinking ». En effet le
« binge drinking » se situe dans un contexte de groupe,
dans le collectif , alors qu'ici la dépendance ce fait de manière
solitaire.Comme le dit Xavier " il m'arrive de boire souvent seul le soir
surtout en semaine" alors que dans le « binge
drinking » c'est grâce à un effet de groupe que cela
peut se pratiquer et dans un cadre festif et surtout collectif.. De plus,
contrairement aux jeunes qui pratiquent le « binge
drinking » , chez la personne dépendante le lieu n'importe pas
, ni le moment, il peut boire n'importe quand et n'importe où alors
comme je l'ai expliqué auparavant, lors d'une soirée
« biture express », il y a une organisation importante et
des codes de soirée. Cette dépendance peut entrainer des
problèmes dans la scolarisation, un cercle vicieux peut se mettre en
place.En effet, les études ont montrés que le taux de
déscolarisation est beaucoup plus important chez les jeunes buvant
régulièrement, et cet désinvestissement dans les
études et les echecs aux examens sont vécues comme une raison
supplémentaire de consommer à outrance.Nous pouvons parler de
cercle vicieux, puisque le jeune en échec scolaire essaye d'oublier
cette déscolarisation dans l'alcool .Comme nous l'explique Mickael "
j'ai gaché mes études à cause de l'alcool , à
l'époque, je préférais faire la fête le soir avec
mes potes et boire que de réviser les cours , du coup le lendemain
j'arrivais pas a me réveiller...et j'ai commencé à force
à totalement décroché de la fac et pu aller en cours le
matin , du coup pendant mon temps qui était de plus en plus libre , je
commencais à boire de plus en plus et de plus en plus tôt (...) et
à la fin de ma première année de fac, il m'arrivait
frequemment de boire seul"
La dépendance à l'alcool est
phénomène qui risque de s'accentuer ces prochaines années
chez les jeunes, en effet, commançant de plus en plus tôt , et
surtout en buvant de plus en plus ,s'installe au fur et à mesure une
dépendance, un réel manque chez les personnes certainement les
plus faibles. Nous constatons bien ici, à travers ces entretiens, qu'au
départ la consommation d'alcool était de façon abusive
certes mais pas ponctuelle pour finalement glisser tout doucement vers le rique
d' une addiction à l'alcool pour les personnes ne sachant pas
s'arréter avant que s'opère une dépendance.
Conclusion
En france, selon des données, il y aurait plus de 1200
overdoses d'alcools par an contre 150 overdoses d'héroïne par an.
Le plus tragique dans l'histoire est que ce chiffre concerne majoritairement
les jeunes et de plus il est sans cesse en augmentation. Aujourd'hui
l'alcoolisation est devenu un problème de santé public
très inquiétant mais souvent minimixé par les publics
publics malgré quelques récentes mésuresmise en place afin
de lutter contre ce phénomène.Cependant les dernières
enquêtes, nous montrent que les résultats sont plus que
mitigés.
Aujourd'hui ,l'alcoolisation massive des jeunes, voire les
très jeunes, est un phénomène qui s'amplifie
d'année en année. Ces prises d'alcool semblent se faire hors des
circuits traditionnels, c'est-à-dire en dehors des bars et des
discothèques. Les causes de ce phénomène sont
multifactorielles et sont à rechercher dans l'environnement
écologique de l'adolescent. Ce phénomène consiste à
boire le plus vite possible d'alcool dans un temps très court , on
appelle ce phènomène venu des pays anglo saxon le "binge
Drinking" et dont le but est d'être le plus défoncé
possible.
Mais nous pouvons remarquer , qu'il existe un paradoxe dans la
lutte contre ce phénomène faisant de plus en plus de victimes ,
en effet, les pouvoirs publics ont prit des mesures ces derniers mois afin de
lutter contre l'alcoolisation des jeunes de plus en plus tot, mais
paradoxallement nous voyons émerger ces dernieres années de
nouveaux alcools destinés à un public toujours plus jeunes ,
c'est l'alcool dit "premix" se démocratise et les industriels
débordent toujours d'imagination pour insiter les plus jeunes à
en boire grâce à un goût plus sucré et un design
très "jeun's".Ceci a favorisé l'entrée des jeunes dans la
consommation des jeunes plus précosement .De plus , nous pouvons aussi
noter la facilité pour les jeunes d'acheter de l'alcool en
supermarché, malgre des lois dissuasives, cependant nous pouvons nous
poser la question si c'est au commerçant de faire les gendarmes et non
à l'état ou tout simplement aux parents de ces jeunes.Car
finalement il est toujours plus simple de trouver un bouquet missaire alors que
le vrai problème se pose en amont.L'état se décharge en
quelque sorte de ces responsabilités alors qu'il suffirait dès le
collège de faire de la prévention et parler des dangers de
l'alcools aux jeunes, car à en croire les derniers statistiques, ce
phénomène récent est loin d'étre combattu , bien au
contraire. De ce fait , nous pouvons nous poser la question , qu'elle sera la
nouvelle étape pour ces jeunes en mal de sensation forte et
d'incertitude dans leur avenir?
De plus, nous pouvons nous poser la question sur le role des
nouvelles technologie et surtout des réseaux sociaux sur ce
phénomène , en effet , on peut constater que de nos jours, ces
nouveaux outils de communications très utilisés chez les jeunes
sont frequemment à l'origine de cette amplification , nous pouvons
prendre l'exemple des aperos géants organisés par le
réseau social Facebook, qui permettait de boire à outrance et
librement , en toute convivialité dans un endroit choisi , cela ne peut
qu'encourager les jeunes à consommer de plus en plus jeunes.
Dernier constat, nous remarquons que nous sommes dans une
société mondialisée où la productivité et
la compétition sont de rigueur. Aujourd'hui l'homme doit être
performant, être le meilleur dans son domaine, il existe une pression
constante dans le monde actuel , ceux sont les lois du marché du
travail, toute personne est remplaçable , il faut toujours donner plus
en termes de performance et de réussite, ce qui finalement entraine une
hyperindividualité et ainsi mettent du même coup l'estime de soi
sans cessse à l'épreuve. Dans ce phénomène
d'alcoolisation , nous pouvons retrouver ces notions , il y a la quète
de la domination , d'être le meilleur en buvant le plus. On retouve
çela à travers ce phénomène une certaine
compétition, d'ailleurs l'exemple des aperos géants le prouvent ,
puisqu'il s'agit d'être la ville qui réussira à
réunir le plus de personnes dans un même lieux à boire.
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Annexes
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