CHAPITRE 1 : APPROCHE THEORIQUE DU FINANCEMENT
DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES (PME)
Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) forment l'armature
de la plupart des économies et en sont une source essentielle de
croissance économique, de dynamisme et de flexibilité aussi bien
dans les pays industrialisés, que dans les pays en développement
comme le Burkina Faso. Ces entreprises jouent un rôle essentiel dans la
création d'emplois et mieux, constituent aujourd'hui la forme dominante
d'organisation de l'entreprise.
Des financements sont cependant nécessaires pour les
aider à créer et développer leurs activités. Les
PME dont l'existence et l'importance sont une spécificité de
l'économie ne peuvent donc s'épanouir que si les formes
variées de financements proposés par les établissements
financiers ne leur permettent de couvrir leurs besoins.
A cet effet, des courants de pensées ont tenté
de définir le concept de « PME », de mettre en évidence
ses besoins pour parvenir au problème de financement en s'appuyant sur
diverses théories dont celle de « l'agence ».
Ainsi, proposons-nous à travers le présent
chapitre, d'expliquer d'abord le concept de « PME ~ et d'énoncer
ses principaux besoins (financiers), d'analyser ensuite la notion de
financement et enfin d'aborder les fondements théoriques du financement
de ces entreprises.
SECTION 1 : ASPECT GENERAL DES PME
Si l'entreprise en général est une unité
économique qui combine des ressources limitées en vue de
créer des richesses profitables, qu'en est-il du cas spécifique
des PME ?
I : Contexte historique
Le secteur de la micro entreprise est la manifestation visible
des stratégies économiques développées surtout par
les populations défavorisées face aux différentes
agressions de toutes sortes qu'elles subissent notamment depuis la mise en
oeuvre des politiques d'ajustement structurel.
Un secteur considéré a l'origine comme un
phénomène marginal, voir même préjudiciable au bon
fonctionnement de la nation a cause de son statut pour la plupart
qualifié d' « informel » échappant donc aux recettes
fiscales et de sa concurrence qualifiée de « déloyale »
avec ses produits vendus a des prix disproportionnels avec le pouvoir d'achat
des populations. Il s'est progressivement imposé au point d'être
reconnu aujourd'hui comme un secteur a part entière avec lequel il faut
désormais compter au même titre que le secteur moderne compte tenu
de son poids important et sans cesse croissant; tout au moins en tant que
principal pourvoyeur d'emplois et élément pertinent de lutte
contre la pauvreté.
Au Burkina Faso en particulier, cette tendance est
l'aboutissement de plusieurs réformes intervenues. En effet, la non
maitrise de la croissance démographique depuis ces vingt(20)
dernières années s'est avérée conséquente
sur les différents indicateurs économiques. Un
phénomène qui a augmenté l'offre d'emplois pour le secteur
public; naguère principal pourvoyeur d'emplois aux
diplômés, avec pour corollaires le chômage des jeunes,
l'exode rurale massif des populations.
L'Etat a de ce fait pris conscience de ses limites à
absorber tout seul, le nombre d'étudiants sortis des grandes
écoles et des centres de formation professionnels. Face à un tel
contexte, la politique économique a travers l'action sur la
consommation, l'investissement et les dépenses publiques se voulait plus
adaptée pour accroître le revenu national. A ce titre, les Petites
et Moyennes Entreprises(PME) ont été identifiées comme
l'un des pôles majeur de croissance de l'économie
burkinabè.
C'est ainsi que au cours de ces deux(2) dernières
décennies, l'Etat s'emploie activement dans ce sens a promouvoir l'auto
emploi. A ce jour, l'importance en nombre et en emplois de ces entreprises
n'est plus a démontrer. On assiste a un essainage des micros entreprises
permettant aux populations rurales et urbaines de s'insérer dans la vie
économique, au point de regrouper aujourd'hui 30% des emplois, et de
contribuer à environ 80% au tissu économique burkinabè
(Rapport Chambre de commerce, 2006).
Mais que pourrait bien renfermer la notion de PME ?
II : Definition
La définition de la PME qui permet son identification
et sa reconnaissance dans l'environnement recouvre des perceptions
différentes qui renvoient a une caractérisation si bien que
plusieurs auteurs ont essayé à leur manière de la
définir.
Ainsi, pour Julien(1984), il n'y a pas de frontière
claire et précise entre la petite et la grande entreprise car entre ces
deux extrêmes, il existe une multitude d'entreprises aux
caractéristiques diverses. Si les auteurs comme Peterson(1978) et
Julien(1984) proposent des définitions différentes de la PME, ils
sont toutefois d'accord sur le fait que la population des PME est très
hétérogène. De même, Bucaille et Beauregard(1986)
soutiennent que « la PME est diversité ; elle l'est dans son
marché, dans ses comportements, dans ses hommes, dans son
évolution, dans ses technologies ou dans ses risques. Aucune PME ne
ressemble totalement à une autre ». Dans toutes les approches
quantitatives, le critère privilégié pour identifier les
PME est le critère de « taille ~ d'entreprise.
Sur ce, les Petites et Moyennes Entreprises sont donc des
entreprises dont la taille, définie a partir du nombre
d'employés, du niveau d'investissement et du chiffre d'affaires ne
dépasse pas certaines limites.
Au Burkina Faso, en référence à la CHARTE
des PME(2010) dans son article 2,« On entend par Petite et Moyenne
Entreprise, toute personne physique ou morale productrice de biens et services
marchands, immatriculée au registre de commerce ou tout autre registre,
totalement autonome, dont l'effectif ne dépasse pas deux cent(200)
employés permanents et dont le chiffre d'affaires annuel est inferieur
ou égal à un milliard (1 000 000 000) FCFA avec un niveau
d'investissement inferieur ou égal a deux cent cinquante millions(250
000 000)FCFA et qui tient une comptabilité régulière
».
Ainsi, les critères distinctifs par catégories
de PME sont entre autres : Le nombre d'employé(s), le chiffre d'affaires
et le montant des investissements. Il faut entendre ici par « nombre
d'employé(s) », le personnel travaillant permanemment sur la base
d'un contrat de travail. Le chiffre d'affaires étant la somme des ventes
réalisées au cours de l'année allant du 1er janvier au 31
décembre. L'investissement quant a lui est perçu comme
étant l'ensemble des moyens matériels, et financiers mis en
oeuvre pour le fonctionnement de l'entreprise.
Cette définition(ou caractérisation) de la PME
selon la CHARTE, qui met en exergue les critères distinctifs nous parait
acceptable dans le contexte burkinabè.
Il nous semble donc nécessaire de prendre en compte
dans le cadre de notre étude, aussi bien la PME telle que définie
dans la CHARTE, que la petite entreprise qui n'a pas été prise en
compte (secteur informel) car n'ayant pas de comptabilité
certifiée ; ce, d'autant que le secteur privé porte a 32%
l'empreinte « informelle ». La notion de PME regroupe donc :
- la micro entreprise : qui est définie comme une
entreprise qui emploie en permanence moins de dix(10) personnes et qui
réalise un chiffre d'affaires hors taxes inferieur ou égal
à trente millions (30 000 000) FCFA avec un niveau d'investissement
inferieur ou égal a trois millions (3 000 000) FCFA. Elle tient une
comptabilité allégée de trésorerie ;
- la petite entreprise : qui est définie comme une
entreprise qui emploie en permanence moins de cinquante(50) personnes, qui
réalise un chiffre d'affaires hors taxes supérieur à
trente millions (30 000 000) FCFA et inferieur ou égal à cent
cinquante millions (150 000 000) FCFA avec un niveau d'investissement inferieur
ou égal a cinq millions (5 000 000) FCFA. Elle tient une
comptabilité en interne ou par toute autre structure similaire reconnue
au Burkina Faso ;
- la moyenne entreprise : définie pour sa part comme
une entreprise qui emploi en permanence moins de deux cent(200) personnes et
qui réalise un chiffre d'affaires hors taxes supérieur à
cent cinquante millions (150 000 000) FCFA et inferieur ou égal à
un milliard (1 000 000 000) FCFA avec un niveau d'investissement inferieur ou
égal a deux cent cinquante millions (250 000 000) FCFA. Elle tient une
comptabilité selon le système normal en vigueur dans l'espace
UEMOA.
Les PME sont donc les types d'entreprises dont le nombre
d'employés, le niveau d'investissement et le chiffre d'affaires ne
dépassent pas certaines limites. Cependant, si les entreprises
rencontrent des problèmes de financement, c'est parce que leurs besoins
ne sont pas couverts. Proposons nous donc a cet effet d'étudier les
principaux besoins des PME.
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