3.5.1.5 Refus de consulter les agents de santé
de sexe masculin
Dans nos sociétés, la pudeur est très
prononcée et l'intervention masculine dans l'intimité des femmes
est parfois considérée comme une violation de celle-ci. C'est
pour cela que certaines femmes n'acceptent pas la présence d'un homme
lors des visites pré ou post natales. « Ici les
femmes peulhs n'acceptent jamais d'être vues par un homme qui n'est pas
leur mari. Elles préfèrent mourir que de faire
cela » (propos d'un ASC homme à Samba Yidé).
Propos confirmaient par une matrone« Les femmes
peulhs ne font pas les CPN, ne fréquentent pas les postes de
santé, elles accouchent toutes à domicile alors que moi je suis
là en tant que matrone, personne ne vient me voir sauf si elles ont
des complications qui les dépassaient. Les femmes peulhs ont très
honte des hommes et n'acceptent jamais d'être vues nues par un homme. Une
femme de notre village en travail était partie derrière le
village où il y a une colline pour accoucher seule sous un
arbre». (Matrone de Samba yidé).
3.5.1.6 La prise de décision trop longue
Les décisions les plus importantes reviennent aux
hommes malgré le fait que l'accouchement est du domaine des femmes.
Elles ne décident jamais sans l'aval des hommes. Ainsi
l'évacuation d'une femme peut d'être retardée par l'attente
d'une autorisation du mari qui est souvent à l'étranger ou de la
belle-mère ou du beau-père. « Nous attendions
l'avis du mari qui devait nous donner son accord et dire où prendre
l'argent » (belle-mère à Diawara).
« Moi j'avais voulu qu'on l'amène à Bakel mais
j'avais eu peur de le dire car ici tout doit venir des hommes et nous femmes
nous n'avons rien à proposer » (Soeur d'une femme
décédée à Diawara). De plus, l'accouchement
étant du ressort des femmes, elles retardent parfois les recours en
informant tardivement les hommes, alors que c'est eux qui ont le pouvoir de
décision et les moyens financiers.
« C'est au dernier moment, alors qu'elles sont
dépassées par les évènements qu'elles ont mises au
courant les hommes de la famille. Ce sont les femmes qui ont tardé
à nous mettre au courant des problèmes d'accouchement de ma belle
fille. Elles ont l'habitude de dire ça va, ça va même si
ça ne va pas »(beau père d'une femme) «
Moi je ne savais pas qu'elle était malade. Mes parents ont
essayé de la soigner traditionnellement. Dès que j'ai vu ma
nièce je savais qu'il fallait l'amener rapidement à
l'hôpital. C'était pourquoi je n'ai pas hésité
à louer une pirogue pour l'amener à Bakel, puis à Tamba
où elle est décédée. » (Oncle d'une
victime à Golmy).
Les femmes qui s'occupent le plus souvent des problèmes
d'accouchement et de grossesse doivent avoir le pouvoir de décider quand
elles sont confrontées à des problèmes.
La non implication des hommes a aussi été
relevée par des prestataires : « Les hommes peuls
désertaient les maisons et partaient avec les troupeaux à la
recherche de pâturages laissant les femmes et les enfants sans
ressources, sans argent. Souvent ces femmes enceintes ne mangeaient pas
à leur faim et elles sont très faibles, maigres, très
malnutries et anémiées. Ceci augmentait les risques et rendait
difficile les prises en charge» (Propos d'un ICP).
3.5.1.7 Absence d'agent de santé
L'absence des agents constitue un motif qui pousse les
populations à renoncer aux
soins de santé. Les Infirmiers Chefs de
Poste dans les villages sont parfois absents et ceci a des incidences dans la
prise de décision. « Nous voulions aller au
dispensaire, mais à ce moment là l'infirmier était
absent ». (Beau-père d'une femme
décédée). « L'infirmier est tout le temps
absent et les populations se sont retournées vers le Mali pour se
soigner. C'est pourquoi les femmes accouchent tout le temps à
domicile » (répondant à Gathiary- Kidira).
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