Mortalité maternelle: cause et facteurs favorisants déterminés par l'autopsie verbale dans le département de Bakel.( Télécharger le fichier original )par Boubacar BARRY Université cheikh Anta Diop de Daklar - Master de recherche 2008 |
3.2 CIRCONSTANCES DES DECES3.2.1 Lieu de l'accouchementRépartition des décès selon le lieu de l'accouchement Figure 3 : Répartition des décès selon le lieu de l'accouchement Selon ces résultats 11 femmes décédées sur 16(68 %) avaient accouché à domicile contre seulement 4 (25%) qui avaient accouché dans les structures sanitaires. Une femme a accouché en cours d'évacuation et 4 sont décédées avant l'accouchement. Ces données démontrent que l'accouchement à domicile est de coutume dans cette zone et fait partie des facteurs de la mortalité maternelle les plus dénoncés par les agents de santé. Les femmes accouchent dans leurs maisons le plus souvent aidées par une accoucheuse traditionnelle dans la plupart des cas et ou par d'autres femmes (mères, belles-mères, voisines...), mais il arrive aussi souvent qu'elles accouchent seules loin des regards malgré les structures sanitaires et la gratuité des kids. Ces résultats sont confirmés par ceux de l'EDS IV de 2005, qui révèle que 67 % des femmes rurales accouchent à leur domicile et 33% seulement dans des structures sanitaires [20]. A Niakhar le taux d'accouchement à domicile était de 46%. Une étude faite à Bandafassi par GUYAVARCH E. en 2003 montre que 97% des accouchements à Bandafassi se font à domicile contre seulement 3 % dans les structures sanitaires [29]. L'accouchement à domicile qui est une pratique très encrée dans les moeurs constitue un danger selon le rapport 2005 de l'OMS, entraînant différents risques pour l'enfant et pour la mère (mort maternelle, traumatismes néonatals, mort-nés, fistules...). La persistance de cette pratique s'explique par la présence des accoucheuses traditionnelles au sein des communautés, des familles qui bénéficient d'une certaine réputation forgée à partir de plusieurs années d'expérience et expertise, l'humanisme dont elles font preuve contrairement aux sages-femmes, mais aussi de la situation difficile des familles, les longues distances, l'enclavement et les pesanteurs socioculturels qui favorisent son maintien dans la communauté. Une collaboration entre les accoucheuses et les agents sanitaires pour une référence rapide en cas de complication est nécessaire pour réduire son impact négatif qui dépasse le seul cadre de mort maternelle mais aussi les incontinences (fistules). 3.2.2 Les décès selon le moment de l'accouchementTableau N° 7 : Distribution des décès selon le moment de l'accouchement
Pour ce qui est du moment des décès, 2 femmes (10 %) sont décédées pendant la grossesse, 4 pendant l'accouchement (20 %) et 14 femmes (70 %) après accouchement. Donc au total, 90 % des décès se sont produits pendant et après l'accouchement ce qui démontre que les moments les plus à risque pour les femmes en travail se situent pendant et après accouchement où il faut agir vite et avec efficacité. D'où le nouveau concept de la continuité des soins qui met l'accent sur le moment de l'accouchement. La réponse doit être rapide avec une qualité et une efficacité des soins. Ce résultat est le même dans l'étude de Niakhar [15] où 82.5 % des décès maternels sont survenus pendant et après l'accouchement. Par contre une étude au Burkina démontre que 12 femmes (35,3%) sont décédées pendant la grossesse, 12 (35,3%) en post-partum et 10 (29,4%) pendant l'accouchement [31]. Distribution des décès selon le moment Figure 4 : Répartition selon le moment de l'accouchement |
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