2.2.1.1 Situation
Géographique
L'étude s'est déroulée dans le
département de Bakel. Situé à la partie orientale du
Sénégal dans la Région de Tambacounda, il constitue une
porte ouverte du Sénégal vers l`Afrique. Il est limité
à l'Est par les Républiques de la Mauritanie et du Mali dont il
est séparé par le fleuve Sénégal ; à
l'Ouest par le département de Tambacounda ; au Nord par la
région Matam ; au Sud par les départements de Tamba et de
Kédougou. Il couvre 22 378 km² le plus grand de la région de
Tambacounda (38 %) et du Sénégal. La grande majorité de la
population 90% vit en zone rurale contre 10% en milieu urbain (3).
2.2.1.2 Organisation
Administrative
Sur le plan administratif le département de Bakel se
compose de :
- 2 Communes : Bakel et Diawara ;
- 5 Arrondissements : Balla - Moudéry -
Goudiry- Kéniéba- Kidira ;
- 13 Communautés rurales ;
- 529 villages et plusieurs hameaux.
2.2.1.3 Données physiques
Le climat de Bakel est soudano-sahélien avec une saison
sèche plus longue (octobre-mai) et une saison des pluies très
courte (juin septembre). Les températures avoisinent les 46°C
à l'ombre entraînant une forte mobilité de la population.
Le relief se compose de nombreuses collines et ravins rendant ainsi le terrain
accidenté et difficile surtout pendant l'hivernage.
Sur le plan hydrographique, le département est
arrosé par les fleuves Sénégal et la Falémé
et ses affluents avec de nombreuses mares, rivières et marigots qui
accentuent l'enclavement surtout pendant l'hivernage durant lequel plusieurs
villages sont complètement coupés du pays.
Ces cours d'eau permanents ou temporaires font du
département le lit de la bilharziose, l'onchocercose, la
cécité et surtout du paludisme qui est la première cause
de mortalité dans ce département (3).
L'infrastructure routière se compose de deux axes
routiers, Bakel - Ourossogui de 150 km et Bakel - Tamba de 250 km. Il existe
une voie ferrée qui traverse les arrondissements de Goudiry et Kidira et
de nombreuses pistes qui desservent le milieu rural largement majoritaire.
Actuellement le trafic interurbain s'est amélioré mais
l'isolement de cette localité persiste encore.
2.2.1.4 Données
démographiques
Le département de Bakel est très peu
peuplé avec seulement de 115 892 habitants en 1988 soit une
densité de 5 habitants au km2. Selon les estimations de l'Agence
Nationale de la Statistique et la Démographie (ANSD), au 31
décembre 2004, le département a une population de 208 766
habitants soit 9 habitants au kilomètre carré (3). Le taux
d'accroissement moyen est de 3.5%, supérieur à la moyenne
nationale qui est de 2,4 % selon le dernier recensement général
de la population en 2002.
La population est jeune (58 % de moins de 20 ans) et
majoritairement féminine du fait de l'émigration masculine. Elle
est analphabète à 82 % et majoritairement composée de
Soninké et de Peuls avec des minorités Bambara, Wolofs,
Mandingues, Sérère, Maures etc....
Le département est partagé entre un habitat
groupé de villages d'agriculteurs sédentaires Soninkés
situé le long du fleuve Sénégal, et un habitat
dispersé de population pastorale peule. L'émigration très
importante, surtout dans les villages Soninké où elle peut
atteindre les 60 % voir plus, est la principale source d'apport de capitaux
(3).
Les deux communes du département sont Bakel et Diawara.
Commune de Bakel a une population de 11552
habitants composée de 53 % de Soninké, 25 % de Peuls, 7 % Bambara
et 15% d'autres. Bakel est une ville historique et abrite le Pavillon de
René Caillé et le fort de Faidherbe.
Commune de Diawara a une population de 8159
habitants.
2.2.1.5 Données socio-économiques
La population autochtone Soninké domine une
mosaïque de minorité éthno-linguistique composée
à l'Est et au Nord de Peuls, bambaras, wolofs.... En allant vers le sud
du département, ce sont les peuls et mandingues qui sont majoritaires.
La société est fortement hiérarchisée avec des
couches sociales allant des nobles (horé) aux captifs (komé) sans
oublier les castrés « gnahamala » (3, 58).
L'attachement aux valeurs socioculturelles telles que le droit
d'aînesse, la famille élargie, l'appartenance ethnique, sociale,
la sacralisation du mariage est prononcée. Les ménages sont
à 90% polygames. La population est majoritairement musulmane avec une
faible proportion de chrétiens et d'animistes, conséquence d'une
histoire d'islamisation menée par les marabouts peuls (El. Omar,
Mabadiakhou) et Soninké (Mamadou Lamine Dramé) (58).
Les principales activités économiques sont
l'agriculture et l'élevage. Les cultures commerciales sont l'arachide
sur 7856 ha pour une production de 10530 tonnes, le niébé sur
1355 ha pour une production de 678 tonnes, le sésame sur 2326 ha pour
production de 1137 tonnes et le coton 1619 ha pour une production de 1717
tonnes. Les cultures vivrières sont le mil, le sorgho, le maïs et
le riz.
L'émigration est ici un véritable
phénomène cultivé dès le plus jeune âge,
dès la fin du cycle primaire, toutes les perspectives se résument
à l'émigration. Les fonds envoyés par les
émigrés constituent la principale ressource de revenus dans un
département dépourvu d'industrie. L'émigration
révèle d'un fonctionnement communautaire consolidé par de
solides associations établies depuis l'étranger.
A Diawara, Missirah, Goudiry, respectivement 90 %, 75 %, et 65
% des départs prennent la direction de l'étranger. La direction
privilégiée est l'Europe et en particulier la France avec 65 %,
des départs à Diawara, 30 % à Missirah, et plus de 25%
à Goudiry. Les fonds rapatriés au territoire sont importants et
servent à la prise en charge de la famille nombreuse et élargie,
à la scolarisation, et surtout à la construction des
infrastructures socio-économiques (écoles, collèges,
infrastructures postales, mosquée, postes de santé, magasins
communautaires...)
ce qui fait dire à Papa Sakho que l'émigration
est ici une stratégie de désenclavement socio-économique
[58] et aussi un facteur de promotion social.
Le département dispose pourtant de potentialités
touristiques peu ou mal exploitées. Il existe deux sites touristiques au
niveau de la commune de Bakel: le Ford de Faidherbe et le Pavillon de
René Caillé. Les infrastructures hôtelières sont
pauvres. L'hôtel Islam et l'hôtel du Boundou sont les seuls
à Bakel.
2.2.1.6 Données sanitaires
Selon l'EDS IV de 2005, la région de Tambacounda
enregistre les pourcentages les plus faibles au niveau national en
matière de suivi prénatal avec 68 %, contre 90 % à
Dakar ; de vaccination antitétanique (76) % ; d'accouchement
dans une formation sanitaire (35 %) et d'accouchement dans l'hôpital (28%
) (3). Ces chiffres témoignent des retards de cette région dans
le domaine de la santé.
Sur le plan sanitaire, le département de Bakel est
divisé en trois districts : Bakel, Kidira, Goudiry (plus grand que
la région de Diourbel) chacun d'un centre de santé. La couverture
sanitaire est faible dans le département principalement en ce qui
concerne les postes de santé en milieu rural. Pour ce qui concerne la
santé maternelle, nous constatons que (54) :
-Le taux de l'utilisation de la CPN est de 78 % cependant les
taux d'achèvement restent faibles avec 35.2 % à Bakel, 42%
à Goudiry et 32.6 % à Kidiry pour la CPN3/1 tandis pour la CPN
4/1, on a 17.4 % à Bakel, 19 % à Goudiry et 12 % à
Kidira. La couverture en CPN3 est de 26.16 % à Bakel, 16% à
Goudiry et 11.45 % à Kidira, alors que celle de la CPN4 est de 12.9%
à Bakel, 7.2 % à Goudiry et 4.4 % à Kidira. Ces taux
témoignent d'une déperdition des femmes vues en CPN1.
-En outre l'utilisation en VAT reste faible (73 %) ainsi que
la couverture en VAT qui est de 56 %. Les taux d'achèvement en VAT sont
les suivants : 67.9% à Bakel, 63.7 % à Goudiry et 54.1 %
à Kidira. Le taux de couverture est de 25.4 % à Bakel, 24.5
à Goudiry et 8.1 à Kidira.
-Les indicateurs de processus relatifs à la
morbi-mortalité maternelle indiquent un taux de césarienne de 2 %
assez élevé comparé aux données nationales mais
encore insuffisant car le minimum pour réduire la mortalité
maternelle est de 5 %. Cette faible couverture s'explique entre autres par des
problèmes de fonctionnalité des blocs SOU de Goudiry et de Bakel,
et une faible utilisation de ces unités qui inquiète les
médecins des deux districts.
-Les indicateurs relatifs aux besoins satisfaits en SOE
montrent que seules 28 % des complications régionales sont prises en
charge si on sait que la norme est de 100%.
-Le taux de prévalence contraceptive reste faible (3.2
%). Cependant il faut noter une disparité entre les districts
(Bakel : 4.3 %, Goudiry : 3 %, Kidira : 1 %).
Le district de Bakel couvre une superficie
de 1 354 km² et polarise au total 72villages pour une population de
77 731 habitants. Il comporte 1 centre de santé, 18 postes de
santé dont 3 à Bakel commune, 4 Pharmacies privées et 9
cases de santé. Pour le personnel sanitaire, il est composé de 1
médecin spécialiste en santé publique, 1 médecin
généraliste (compétant en SOU), 1 chirurgien dentiste, 4
sages femmes, 15 IDE/As/Ai, 1 Technicien supérieur en biologie, 1
Technicien supérieur en ophtalmologie, 1 Technicien supérieur en
odonto-stomotologie, 1 Technicien supérieur en anesthésie et 23
matrones.
Le district de Goudiry : couvre une
superficie de 17 057 km² pour une population de
94 106 habitants. Il compte 1 centre de
santé, 11 postes, 1 pharmacie privée et 47 cases de santé
dont 36 fonctionnelles. Le personnel de santé est composé de 1
médecin spécialiste en santé publique (compétant en
Sou), 1 chirurgien dentiste, 2 sages femmes d'Etat, 14 IDE/AS/AI, Technicien
supérieur en anesthésie, 1 Agent d'hygiène, 54
matrones.
Le district de Kidira : couvre une
superficie de 3 967 km² pour une population de 36 375 habitants.
Il compte 1 centre, 6 postes, 1 pharmacie privée et 18 cases de
santé dont 6 seulement sont fonctionnelles. Le personnel est
composé de 1 Médecin généraliste, 1 technicien
supérieur en biologie, 2 sages-femmes d'Etat, 11 IDE/AS/ AI, 1
technicien supérieur en odontostomatologie, 9 Matrones et 2 Agents
d'hygiène.
L'insuffisance des ressources humaines en qualité et en
quantité, constitue le grand problème dans le département
pour permettre au secteur de la santé de mieux jouer son rôle
moteur de développement sanitaire.
|