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Mortalité maternelle: cause et facteurs favorisants déterminés par l'autopsie verbale dans le département de Bakel.

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par Boubacar BARRY
Université cheikh Anta Diop de Daklar - Master de recherche 2008
  

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2.2.1.1 Situation Géographique 

L'étude s'est déroulée dans le département de Bakel. Situé à la partie orientale du Sénégal dans la Région de Tambacounda, il constitue une porte ouverte du Sénégal vers l`Afrique. Il est limité à l'Est par les Républiques de la Mauritanie et du Mali dont il est séparé par le fleuve Sénégal ; à l'Ouest par le département de Tambacounda ; au Nord par la région Matam ; au Sud par les départements de Tamba et de Kédougou. Il couvre 22 378 km² le plus grand de la région de Tambacounda (38 %) et du Sénégal. La grande majorité de la population 90% vit en zone rurale contre 10% en milieu urbain (3).

2.2.1.2 Organisation Administrative 

Sur le plan administratif le département de Bakel se compose de :

- 2 Communes : Bakel et Diawara ;

- 5 Arrondissements : Balla - Moudéry - Goudiry- Kéniéba- Kidira ;

- 13 Communautés rurales ;

- 529 villages et plusieurs hameaux.

2.2.1.3 Données physiques

Le climat de Bakel est soudano-sahélien avec une saison sèche plus longue (octobre-mai) et une saison des pluies très courte (juin septembre). Les températures avoisinent les 46°C à l'ombre entraînant une forte mobilité de la population. Le relief se compose de nombreuses collines et ravins rendant ainsi le terrain accidenté et difficile surtout pendant l'hivernage.

Sur le plan hydrographique, le département est arrosé par les fleuves Sénégal et la Falémé et ses affluents avec de nombreuses mares, rivières et marigots qui accentuent l'enclavement surtout pendant l'hivernage durant lequel plusieurs villages sont complètement coupés du pays.

Ces cours d'eau permanents ou temporaires font du département le lit de la bilharziose, l'onchocercose, la cécité et surtout du paludisme qui est la première cause de mortalité dans ce département (3).

L'infrastructure routière se compose de deux axes routiers, Bakel - Ourossogui de 150 km et Bakel - Tamba de 250 km. Il existe une voie ferrée qui traverse les arrondissements de Goudiry et Kidira et de nombreuses pistes qui desservent le milieu rural largement majoritaire. Actuellement le trafic interurbain s'est amélioré mais l'isolement de cette localité persiste encore.

2.2.1.4 Données démographiques

Le département de Bakel est très peu peuplé avec seulement de 115 892 habitants en 1988 soit une densité de 5 habitants au km2. Selon les estimations de l'Agence Nationale de la Statistique et la Démographie (ANSD), au 31 décembre 2004, le département a une population de 208 766 habitants soit 9 habitants au kilomètre carré (3). Le taux d'accroissement moyen est de 3.5%, supérieur à la moyenne nationale qui est de 2,4 % selon le dernier recensement général de la population en 2002.

La population est jeune (58 % de moins de 20 ans) et majoritairement féminine du fait de l'émigration masculine. Elle est analphabète à 82 % et majoritairement composée de Soninké et de Peuls avec des minorités Bambara, Wolofs, Mandingues, Sérère, Maures etc....

Le département est partagé entre un habitat groupé de villages d'agriculteurs sédentaires Soninkés situé le long du fleuve Sénégal, et un habitat dispersé de population pastorale peule. L'émigration très importante, surtout dans les villages Soninké où elle peut atteindre les 60 % voir plus, est la principale source d'apport de capitaux (3).

Les deux communes du département sont Bakel et Diawara.

Commune de Bakel a une population de 11552 habitants composée de 53 % de Soninké, 25 % de Peuls, 7 % Bambara et 15% d'autres. Bakel est une ville historique et abrite le Pavillon de René Caillé et le fort de Faidherbe.

Commune de Diawara a une population de 8159 habitants.

2.2.1.5 Données socio-économiques

La population autochtone Soninké domine une mosaïque de minorité éthno-linguistique composée à l'Est et au Nord de Peuls, bambaras, wolofs.... En allant vers le sud du département, ce sont les peuls et mandingues qui sont majoritaires. La société est fortement hiérarchisée avec des couches sociales allant des nobles (horé) aux captifs (komé) sans oublier les castrés « gnahamala » (3, 58).

L'attachement aux valeurs socioculturelles telles que le droit d'aînesse, la famille élargie, l'appartenance ethnique, sociale, la sacralisation du mariage est prononcée. Les ménages sont à 90% polygames. La population est majoritairement musulmane avec une faible proportion de chrétiens et d'animistes, conséquence d'une histoire d'islamisation menée par les marabouts peuls (El. Omar, Mabadiakhou) et Soninké (Mamadou Lamine Dramé) (58).

Les principales activités économiques sont l'agriculture et l'élevage. Les cultures commerciales sont l'arachide sur 7856 ha pour une production de 10530 tonnes, le niébé sur 1355 ha pour une production de 678 tonnes, le sésame sur 2326 ha pour production de 1137 tonnes et le coton 1619 ha pour une production de 1717 tonnes. Les cultures vivrières sont le mil, le sorgho, le maïs et le riz.

L'émigration est ici un véritable phénomène cultivé dès le plus jeune âge, dès la fin du cycle primaire, toutes les perspectives se résument à l'émigration. Les fonds envoyés par les émigrés constituent la principale ressource de revenus dans un département dépourvu d'industrie. L'émigration révèle d'un fonctionnement communautaire consolidé par de solides associations établies depuis l'étranger.

A Diawara, Missirah, Goudiry, respectivement 90 %, 75 %, et 65 % des départs prennent la direction de l'étranger. La direction privilégiée est l'Europe et en particulier la France avec 65 %, des départs à Diawara, 30 % à Missirah, et plus de 25% à Goudiry. Les fonds rapatriés au territoire sont importants et servent à la prise en charge de la famille nombreuse et élargie, à la scolarisation, et surtout à la construction des infrastructures socio-économiques (écoles, collèges, infrastructures postales, mosquée, postes de santé, magasins communautaires...)

ce qui fait dire à Papa Sakho que l'émigration est ici une stratégie de désenclavement socio-économique [58] et aussi un facteur de promotion social.

Le département dispose pourtant de potentialités touristiques peu ou mal exploitées. Il existe deux sites touristiques au niveau de la commune de  Bakel: le Ford de Faidherbe et le Pavillon de René Caillé. Les infrastructures hôtelières sont pauvres. L'hôtel Islam et l'hôtel du Boundou sont les seuls à Bakel.

2.2.1.6 Données sanitaires

Selon l'EDS IV de 2005, la région de Tambacounda enregistre les pourcentages les plus faibles au niveau national en matière de suivi prénatal avec 68 %, contre 90 % à Dakar ; de vaccination antitétanique (76) % ; d'accouchement dans une formation sanitaire (35 %) et d'accouchement dans l'hôpital (28% ) (3). Ces chiffres témoignent des retards de cette région dans le domaine de la santé.

Sur le plan sanitaire, le département de Bakel est divisé en trois districts : Bakel, Kidira, Goudiry (plus grand que la région de Diourbel) chacun d'un centre de santé. La couverture sanitaire est faible dans le département principalement en ce qui concerne les postes de santé en milieu rural. Pour ce qui concerne la santé maternelle, nous constatons que (54) :

-Le taux de l'utilisation de la CPN est de 78 % cependant les taux d'achèvement restent faibles avec 35.2 % à Bakel, 42% à Goudiry et 32.6 % à Kidiry pour la CPN3/1 tandis pour la CPN 4/1, on a 17.4 % à Bakel, 19 % à Goudiry et 12 % à Kidira. La couverture en CPN3 est de 26.16 % à Bakel, 16% à Goudiry et 11.45 % à Kidira, alors que celle de la CPN4 est de 12.9% à Bakel, 7.2 % à Goudiry et 4.4 % à Kidira. Ces taux témoignent d'une déperdition des femmes vues en CPN1.

-En outre l'utilisation en VAT reste faible (73 %) ainsi que la couverture en VAT qui est de 56 %. Les taux d'achèvement en VAT sont les suivants : 67.9% à Bakel, 63.7 % à Goudiry et 54.1 % à Kidira. Le taux de couverture est de 25.4 % à Bakel, 24.5 à Goudiry et 8.1 à Kidira.

-Les indicateurs de processus relatifs à la morbi-mortalité maternelle indiquent un taux de césarienne de 2 % assez élevé comparé aux données nationales mais encore insuffisant car le minimum pour réduire la mortalité maternelle est de 5 %. Cette faible couverture s'explique entre autres par des problèmes de fonctionnalité des blocs SOU de Goudiry et de Bakel, et une faible utilisation de ces unités qui inquiète les médecins des deux districts.

-Les indicateurs relatifs aux besoins satisfaits en SOE montrent que seules 28 % des complications régionales sont prises en charge si on sait que la norme est de 100%.

-Le taux de prévalence contraceptive reste faible (3.2 %). Cependant il faut noter une disparité entre les districts (Bakel : 4.3 %, Goudiry : 3 %, Kidira : 1 %).

Le district de Bakel couvre une superficie de 1 354 km² et polarise au total 72villages pour une population de 77 731 habitants. Il comporte 1 centre de santé, 18 postes de santé dont 3 à Bakel commune, 4 Pharmacies privées et 9 cases de santé. Pour le personnel sanitaire, il est composé de 1 médecin spécialiste en santé publique, 1 médecin généraliste (compétant en SOU), 1 chirurgien dentiste, 4 sages femmes, 15 IDE/As/Ai, 1 Technicien supérieur en biologie, 1 Technicien supérieur en ophtalmologie, 1 Technicien supérieur en odonto-stomotologie, 1 Technicien supérieur en anesthésie et 23 matrones.

Le district de Goudiry : couvre une superficie de 17 057 km² pour une population de

94 106 habitants. Il compte 1 centre de santé, 11 postes, 1 pharmacie privée et 47 cases de santé dont 36 fonctionnelles. Le personnel de santé est composé de 1 médecin spécialiste en santé publique (compétant en Sou), 1 chirurgien dentiste, 2 sages femmes d'Etat, 14 IDE/AS/AI, Technicien supérieur en anesthésie, 1 Agent d'hygiène, 54 matrones.

Le district de Kidira : couvre une superficie de 3 967 km² pour une population de 36 375 habitants. Il compte 1 centre, 6 postes, 1 pharmacie privée et 18 cases de santé dont 6 seulement sont fonctionnelles. Le personnel est composé de 1 Médecin généraliste, 1 technicien supérieur en biologie, 2 sages-femmes d'Etat, 11 IDE/AS/ AI, 1 technicien supérieur en odontostomatologie, 9 Matrones et 2 Agents d'hygiène.

L'insuffisance des ressources humaines en qualité et en quantité, constitue le grand problème dans le département pour permettre au secteur de la santé de mieux jouer son rôle moteur de développement sanitaire.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore