Conclusion :
Au sorti de cette étude, il se confirme que le
mouvement migratoire reste le phénomène majeur dans la vie des
populations de la commune de Diéoura, au point que les activités
agricoles peuvent être considérées comme secondaires, voire
négligées.
Bien qu'il détourne un grand nombre de jeunes actifs, ce
mouvement garantit la survie et même l'amélioration des conditions
d'existence des familles concernées.
Malgré les mesures de fermetures en France depuis 1974,
les flux migratoires des ressortissants de la commune de Diéoura n'ont
jamais cessé de prendre de l'ampleur en direction de ce pays même
si aujourd'hui l'Espagne apparaît de plus en plus attractive. Vu l'action
engagée des migrants pour le développement de lieux d'origine,
rien ne laisse prévoir pour le moment de leur part , une baisse ou un
arrêt de ces flux migratoires.
Les migrants profondément engagés dans le
développement de leurs villages d'origine, comptent plus que jamais sur
le renforcement et l'extension de ces migrations.
L'organisation en association communale, chez les
soninkés de la région de Kayes, parallèlement aux caisses
villageoises dont ils ne pouvaient contrôler la gestion, a permis de
dépasser quelques peu les préoccupations premières de
satisfaction et attentes des familles.
Cette organisation beaucoup plus vigilante ici et là
bas dans la région de Kayes a permis de réunir les fonds et
compétences nécessaires à la création
d'équipements collectifs, ce qui constitue une retombée positive
pour l'ensemble de la communauté d'origine.
Dans la commune de Diéoura, l'association à
l'échelle communale est créée en 2003, à la
restriction presque les initiatives des migrants ont jusque là
privilégié le chef lieu de la commune, c'est dire le village de
Diéoura. L'inégale répartition des infrastructures dans la
commune de Diéoura entrave la mobilisation des migrants. La plupart de
ces infrastructures collectives ont étés réalisés
bien avant le processus de la décentralisation.
Ce travail de maîtrise a fait apparaître des
effets particuliers des migrations à la commune de Diéoura dont
certains apportent des éclairages nouveaux à cette
thématique de recherche déjà très
étudiée :
Cette particulière de la commune de la commune de
Diéoura est avant tout liée à l'exode
rural contrairement à d'autres communes limitrophes. Il est
intéressant de préciser que tous les villages
de Diéoura ne connaissent pas l'exode rural au
même rythme, des disparités importantes sont à signaler.
Les villages de Tassara et de Founto sont les plus touchés par ce
phénomène d'exode rural (plus du 1/3 de chacun de ces villages
réside aujourd'hui en ville). Mais cela se développe aussi
très vite dans les autres villages de la commune notamment dans les
villages
de Diéoura et de Niakan. Seulement deux villages font
exception dans ce sens : il s'agit des villages de Noumokolo et de Bambara -
Madina.
Ces migrations en direction des villes ont des
conséquences importantes sur ces lieux. On assiste ainsi à la
redynamisation de l'urbanisation qui va s'accroître de façon
incontrôlée avec tous les problèmes d'aménagement
des quartiers pour les pouvoirs publics.
La conséquence majeure pour les zones de départ
se traduira par le désengagement des migrants à l'égard
ces zones compromettant ainsi leur avenir. L'exode rural donnera beaucoup plus
d'avantage au dépeuplement des villages d'origine. On peut s'interroger
alors sur le devenir des régions de départ avec l'afflux des
ruraux vers les grandes villes.
La migration conduite à une certaine
désaffection pour l'agriculture, un certain manque de
considération pour les activités économiques sur place.
Les sols sont fertiles dans une grande majorité de la commune de
Diéoura mais restés non exploités à cause du manque
d'initiative. De ce fait, les familles dépendent vis- vis des revenus
des migrants.
La décentralisation est processus récent, mais
pourrait à long terme servir une porte d'entrée pour tous les
acteurs oeuvrant pour le bien être des lieux de départ notamment
dans le cadre de la coopération décentralisée.
Un phénomène intéressant est entrain de
faire son chemin dans la commune de Diéoura et qui est directement
lié au processus de décentralisation : c'est l'implication et la
motivation des jeunes notamment instruits de la commune. La première
réponse à cette implication est la création de
l'Association pour le Développement de Commune de Diéoura
(A.D.C.D.). En se regroupant en association de développement
déclarée, les migrants de la commune de Diéoura peuvent
désormais passer des contrats avec des partenaires de tous ordres.
Précisons que cette implication s'est manifestée
aussi bien chez les jeunes à l'échelle de la commune, au niveau
des étudiants de la commune à Bamako qui ont également
crée une association des ressortissants de la commune et en France
surtout. C'est en effet, une motivation générale des jeunes de la
commune à s'engager dans la politique nationale pour investir
pleinement certes à l'échelle de la commune (ce
qui n'est pas vraiment entré dans les habitudes.) Chez les jeunes
instruits émigrés de la commune de Diéoura se
développe une conscience de s'investir politiquement à
l'échelle locale et nationale. Cet engagement exprime en effet un grand
projet politique très fort pour pouvoir représenter les
intérêts locaux voir même régionaux dans le
dispositif de la politique nationale.
La diaspora malienne étant estimée à plus
quatre millions de personnes, n'est-il pas nécessaire de poursuivre
l'analyse des migrations maliennes à l'échelle du continent
africain ? Dans le même sens, il est aussi important de faire une
étude de ces migrations dans les différents pays de transit entre
le Mali et l'Europe.
Comme toute oeuvre humaine, ce travail est loin d'être
exhaustif, et nous espérons qu'il donnera lieu à d'autres
réflexions sur le thème migration et le développement.
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