Section II : Cadre conceptuel économique de la
RSE : la firme « noeud de contrats »
Ce cadre repose sur une représentation de l'entreprise
comme personne morale ayant noué des contrats avec diverses parties
prenantes ayant chacune leurs propres objectifs.
RSE et Théorie des parties prenantes
La théorie des stakeholders remet en cause la
primauté des actionnaires dans la gouvernance des entreprises. Elle
inscrit l'entreprise au coeur d'un ensemble de relations avec des partenaires
qui ne sont plus uniquement que les actionnaires, mais des acteurs
intéressés par les activités et les décisions de
l'entreprise. Le terme Stakeholders (parties prenantes) émerge
dans les approches stratégiques et l'analyse des relations de
l'organisation avec son environnement. Alors que l'environnement de
l'entreprise était appréhendé globalement, la
théorie des parties prenantes a permis d'opérationnaliser les
réponses stratégiques en listant les différentes
catégories d'acteurs qui le composent. Les objectifs et le management
stratégique doivent donc identifier et prendre en compte les
intérêts et les contraintes de ces acteurs. Afin de mieux cerner
le concept et de dresser l'inventaire des parties prenantes, de nombreux
auteurs ont dressé des typologies :
- Parties prenantes primaires ou secondaires (Carroll, 1989,
cité dans Capron, 2007) : les parties prenantes primaires sont
directement impliquées dans le processus économique et ont un
contrat explicite avec la firme. Il s'agit des actionnaires, des
salariés, des clients, des fournisseurs. Les parties prenantes
secondaires ont des relations volontaires avec la firme, dans le cadre d'un
contrat plutôt implicite ou moral. Il s'agit des associations de
riverains, des collectivités territoriales, ONG, etc.
Parties prenantes volontaires ou involontaires (Clarkson,
1995, cité dans Capron, 2007) : les parties prenantes volontaires
acceptent (en général contractuellement) d'être
exposées à certains risques, les parties prenantes involontaires
subissent le risque sans avoir noué aucune relation avec la firme.
Parties prenantes urgentes, puissantes,
légitimes : Mitchell (1997, cité dans Capron, 2007)
identifie ces facteurs comme expliquant l'attention portée par les
managers à certains types de parties prenantes dans un contexte de
ressources en temps limitées. Le pouvoir est détenu par ces
groupes d'acteurs qui ont la capacité d'influencer les décisions
actuelles ou futures de la firme. La légitimité d'un groupe
correspond à sa reconnaissance et son acceptation sociale.
Selon leurs attributs, les parties prenantes seront
incontournables, dominantes, dangereuses, dépendantes, dormantes. Ainsi
l'une des visions de la théorie des parties prenantes, la vision
« orientée business », avec la « RSE
comme un outil » présente la prise en compte de
l'intérêt des parties prenantes comme une condition de la
performance économique et financière de l'entreprise (Capron,
2007). Ainsi l'intérêt de l'entreprise et de ces actionnaires
passe par la mise en oeuvre de réponses adaptées aux attentes des
parties prenantes. Cette approche instrumentale s'inscrit dans la perspective
de la théorie de la dépendance à l'égard des
ressources.
|