RÉPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE
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CERAP-INADES/IDDH
Ecole des Sciences Morales et Politiques d'Afrique de
l'Ouest
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UNIVERSITÉ DE BOUAKÉ
UFR de Sciences Economiques et du Développement
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ANNÉE ACADÉMIQUE 2008/2009
Mémoire de DESS en Ethique Economique et
Développement Durable
SOURCE DE DIVERGENCES DES PRATIQUES DES ENTREPRISES
MULTINATIONALES EN MATIÈRE DE RESPONSABILITÉ SOCIALE ET
ENVIRONNEMENTALE :
Cas de la gestion des déchets d'emballages
plastiques de lubrifiants chez Total Côte d'Ivoire
Mémoire présenté
par :
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Directeur de
mémoire :
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Jean-Baptiste T. FOUCHANTSE
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Dr Flavien Sery Guy TROUPA
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Contact : +225 46 41 47 82
E-mail : jbfout@yahoo.fr
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Tutrice entreprise :
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Mariama KONE, Total Côte d'Ivoire
Responsable Communication & Développement durable.
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SOMMAIRE
SOMMAIRE iii
Tables des illustrations iv
Liste des tableaux iv
Liste des sigles et abréviations iv
Dédicace v
Remerciements vi
Résumé : vii
Introduction générale 1
PREMIERE PARTIE : ETAT DE LIEUX ET CADRE
THEORIQUE 9
Chapitre I : Définition des concepts et
Etat des lieux en matière de RSE 10
'
Chapitre II : Cadre conceptuel de la
Responsabilité Sociale de l'Entreprise (RSE) 28
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES,
PRESENTATION DES RESULTATS ET PERSPECTIVES 46
Chapitre III : Facteurs explicatifs des divergences
au sein des filiales des entreprises multinationales en matière de RSE.
47
Chapitre IV : Perspectives 65
Conclusion : 74
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 76
TABLE DE MATIERES 80
ANNEXES I - IX 83
Tables des illustrations
Figure 1 : Les grandes dates du développement durable.
11
Figure 2 : Schéma du développement durable 12
Figure 3 : Hiérarchie des responsabilités de
l'entreprise 28
Figure 4 : Pourquoi l'industrie produit des déchets.
40
Figure 5 : Organisation d'un système industriel
cyclique qui imite la nature. 40
Figure 6 : La roue de Deming 42
Figure 7 : Normalisation et Développement durable.
45
Liste des tableaux
Tableau 1 : Facteurs explicatifs relatifs au cadre
réglementaire de la gestion des déchets en France et en
Côte d'Ivoire 48
Tableau 2: Facteurs explicatifs relatifs au cadre
institutionnel de la gestion des déchets en France et en Côte
d'Ivoire 52
Tableau 3 : Facteurs explicatifs relatifs au cadre
économique de la gestion des déchets en France et en Côte
d'Ivoire 55
Tableau 4 : Facteurs explicatifs relatifs au cadre normatif de
la gestion des déchets en France et en Côte d'Ivoire 57
Tableau 5 : Facteurs explicatifs relatifs au Degré
d'implication du secteur privé dans le processus de gestion des
déchets en France et en Côte d'Ivoire 59
Tableau 6 : Facteurs explicatifs relatifs au Degré
d'implication des citoyens dans le processus de gestion des déchets
61
Liste des sigles et abréviations
ACVP : Analyse du Cycle de Vie des Produits
ADEME : Agence Nationale de l'Environnement et de la
Maîtrise de l'Energie
AFNOR : Association Française de Normalisation
ANASUR : Agence Nationale de la Salubrité Urbaine
ANDE : Agence Nationale de l'Environnement
CED : Catalogue Européen des déchets
CELA-ESCA : Club of Emerging Leaders for Africa - Ecole
Supérieure de Commerce d'Abidjan
CCNUCC : Convention-cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques
CERAP-INADES : Centre de Recherche et d'Action pour la
Paix
CIAPOL : Centre Ivoirien Anti-pollution
CLIS Comité National d'Information et de Surveillance
de l'environnement
CNDD : Comité National de Développement
Durable
CODINORM : Côte d'Ivoire Normalisation
CSR : Corporate Social Responsability
DSRP : Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
FEDEREC : Fédération de la
Récupération du Recyclage et de la Valorisation
FSPSU : Fonds de Soutien aux Programmes de la
Salubrité Urbaine
GRI : Global Reporting Initiative
ISO : International Organization for Standardization
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques
OIT : Organisation des Nations-Unies
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations-Unies
PEHD Polyéthylène Haute Densité
PIB : Produit intérieur brut
PNUE : Programme des Nations-Unies pour l'Environnement
PUIUR : Projet d'Urgence d'Infrastructures Urbaines
REP : Responsabilité Elargie des Producteurs
SRH : Société d'Enlèvement des Huiles
usées
TCI : Total Côte d'Ivoire
TEOM : Taxe d'Enlèvement des Ordures
Ménagères
Dédicace
Je dédie ce travail à Vincent
Foutchantse Sj. Pour le chemin parcouru et pour tout son
soutien.
« J'espère que les entreprises
comprennent qu'on ne leur demande pas de faire quelque chose de
différent de leur activité normale, mais plutôt d'exercer
leur activité différemment. » Kofi Annan,
Johannesburg 2002.
.
Remerciements
Je tiens tout particulièrement à remercier tous
ceux qui m'ont encouragé et soutenu dans le suivi de cette formation et
la réalisation de ce travail. Le parcours, bien que passionnant, n'a pas
été aisé. Ils ont dû à maintes reprises faire
preuve de compréhension et de beaucoup de patience :
- Dr Flavien Sery TROUPA, mon directeur de mémoire,
dont l'assistance, les conseils et les orientations m'ont été
d'une très grande utilité ;
- Madame Mariama KONE, DG/Com Total Côte d'Ivoire, pour
'avoir accueilli en tant que stagiaire au Service de la Communication et du
Développement durable. Ce fut une très belle rencontre
professionnelle et un moment de croissance personnelle grâce à sa
disponibilité et son encadrement. Sa contribution a été
essentielle et déterminante ;
- Feu M. Emmanuel LAURENTY, ancien Directeur
général Total Côte d'Ivoire, pour son écoute, sa
disponibilité et ses enseignements tirés de sa passion pour le
développement durable.
- Madame Mariame FOFFIE, ainsi qu'à tous ceux qui ont
contribué à tracer le chemin de ma vie et à m'indiquer la
voie ;
- Toutes celles et tous ceux qui m'ont manifesté leur
attention et leur intérêt en répondant à mes
sollicitations ;
- Tous les proches, amis, camarades auditeurs, enseignants du
DESS EEDD et au personnel du CERAP ;
- Une pensée particulière à mon
épouse Hélène, à ma fille Dominique ainsi
qu'à ma famille du Cameroun.
Résumé :
Force est de constater une divergence notoire des actions de
responsabilité sociale et environnementale des entreprises
multinationales, selon l'espace géographique où elles
déploient leurs activités. C'est le cas au sein des filiales (cas
de Total France et Total Côte d'Ivoire) du groupe Total,
5èmegroupe pétrolier mondial et premier distributeur
de produits pétroliers en Afrique, où nous avons constaté
de fortes divergences sur des initiatives prises en faveur du traitement des
déchets. Notre objectif de recherche est d'identifier les facteurs qui
conduisent les entreprises multinationales à moduler leurs initiatives
en matière de responsabilité sociale et environnementale en
fonction des territoires où elles sont installées.
Une analyse documentaire avec une approche comparative nous a
permis de définir les critères déterminants et les
variables communs aux deux environnements objets de notre étude. Il en
ressort qu'en matière de responsabilité sociale et
environnementale (RSE), les conditions de l'environnement ne peuvent
être séparées des représentations qu'en ont les
entreprises. Celles-ci, sous l'effet d'un isomorphisme, intègrent les
valeurs dominantes du contexte sociétal dans lequel s'exercent leurs
activités. C'est ce qui explique les écarts observés en
matière de traitement de déchets d'emballages,
particulièrement entre les filiales Total France et Total Côte
d'Ivoire.
Ces deux environnements diffèrent en matière de
traitement de déchets par leur cadre réglementaire,
institutionnel et normatif, par le pouvoir et la stabilité de leurs
capacités institutionnelles, par leur dispositif économique,
ainsi que par le degré d'implication et de sensibilisation des
entreprises et des citoyens. Ces différents critères
déterminent les contraintes ou les opportunités qui conduisent
les entreprises à s'engager dans les actions de RSE (condition
d'accès aux ressources, recherche de légitimité, recherche
de satisfaction des parties prenantes de l'entreprise).
Mots-clés : déchets
plastiques, développement durable, entreprises multinationales,
environnement, normalisation, ordures ménagères, pollution
urbaine, recyclage, responsabilité sociale de l'entreprise, secteur
informel.
Introduction générale
Il est de coutume que les actions de responsabilité
sociale de l'entreprise se déploient dans des secteurs prioritaires,
où un fort besoin se fait sentir, où la seule action des pouvoirs
publics ne suffit plus, et où une action, aussi minime parait-elle,
aurait un fort impact auprès des parties prenantes et conférerait
davantage de légitimité aux opérateurs économiques
qui s'y engageraient. C'est le cas dans les pays pauvres en
général, et en l'espèce celui de la Côte d'Ivoire
où des actions en faveur de la santé (paludisme, VIH/Sida,
épidémies, etc.), de l'éducation, de la culture, de la
promotion des économies locales, constituent l'essentiel des actions de
responsabilité sociale et environnementale.
En côte d'Ivoire, la gestion des ordures semble
être un problème récurrent et apparemment sans solution.
Parmi les déchets observés, se pose de façon alarmante la
question du traitement des emballages plastiques générés
par les secteurs industriel et commercial, pour leur aspect non
biodégradable. Si au sein de certains pays d'Afrique, le Gabon1(*) en l'occurrence, l'utilisation
des emballages plastiques a été proscrite par décret,
d'autres pays par contre ont pensé à des processus de
valorisation et de recyclage en mettant sur pied des filières de
récupération. Mais en Côte d'Ivoire comme dans la plupart
des pays Africains, les déchets plastiques, comme bien d'autres
déchets urbains, sont jetés dans des décharges sauvages,
ou quand ils sont collectés, sont mis en décharge sans aucun
traitement (Maury, 2007).
A la faveur d'un stage effectué à Total
Côte d'Ivoire, filiale du groupe Total, 5ème Groupe
pétrolier mondial, il nous a été donné de constater
qu'au sein de certaines filiales en Europe et plus particulièrement en
France, des initiatives sont prises, bien au-delà du respect des
obligations légales, en faveur de la protection de l'environnement. Ces
initiatives portent sur la récupération et le traitement des
déchets issus des activités de l'entreprise sur son réseau
de stations-service et même au-delà, ainsi que des actions de
responsabilité sociale et environnementale, très orientées
vers le développement durable. Ces actions sont engagées dans des
domaines dépendant de la tutelle des pouvoirs publics, mais où
l'entreprise tire une certaine légitimité auprès de ses
publics cibles.
Au sein des firmes multinationales, les axes et les
orientations sont définis par le Siège, et mises à la
disposition de toutes les filiales. Il existe une même charte, un
même engagement en faveur du développement durable, une même
culture d'entreprise, mais l'on observe des pratiques très
différentes d'un espace géographique à un autre, d'une
filiale à l'autre. C'est de ce constat qu'est parti notre questionnement
de départ et notre objectif de comprendre les raisons de telles
pratiques en matière de développement durable en
général, et de responsabilité sociale et environnementale
en particulier.
La responsabilité sociale des entreprises est une
notion qui fait débat dans les pays occidentaux et au niveau
international, mais il est difficile de savoir vraiment ce qu'il en est en
Afrique, alors même que ce continent est de fait concerné et
interpellé au même titre que les autres par la
problématique de l'émergence et de l'institutionnalisation de la
responsabilité sociale des entreprises.
Divers cadres conceptuels théoriques ont
été avancés comme essai de justification de ces
écarts entre les pratiques en matière de RSE, lesquels traduisent
des visions et des approches très différentes d'un espace
géographique à un autre. Mais ces visions et approches sont-elles
partagées partout ? S'appliquent-elles ou s'accommodent-elles avec
les réalités spécifiques aux différentes
régions du monde ?
La réponse à ces questions, à notre sens,
passe par une analyse de données recueillies avec une approche
comparative sur la base de quelques critères retenus, un examen des
éléments communs à tous ces environnements, et plus
particulièrement une analyse des contextes réglementaire,
normatif et institutionnel relatif au dispositif de gestion environnementale
des différents acteurs au sein de leur espace respectif. Dans un premier
temps, un état des lieux des connaissances sera fait et portera sur le
développement durable en général et son rapport avec la
problématique des déchets en particulier, ensuite nous
présenterons les pratiques de Total en matière de traitement
découlant de sa perception du développement durable. Ensuite nous
élaborerons notre cadre d'analyse à la lumière des cadres
conceptuels et théoriques en matière de responsabilité
sociale et environnementale.
Dans un deuxième temps, nous présenterons les
résultats issus de notre investigation et de note analyse comparative
tout en vérifiant si ceux-ci répondent ou non à notre
question de recherche et à nos hypothèses de départ.
Enfin, des recommandations seront faites à la lumière des
principales conclusions issues de notre analyse, dans le but de contribuer
à l'engagement en faveur du développement durable, et de
participer tant soit peu aux réflexions portant sur le
développement durable en général, et la
responsabilité sociale et environnemental en particulier.
Intérêt et justification de
l'étude
Cette étude est le résultat de la convergence de
plusieurs intérêts. Un premier intérêt pour la
destination finale des emballages plastiques usagés, suscité par
le service de la Communication et du Développement durable
rattaché à la direction générale de Total
Côte d'Ivoire, au sein duquel nous avons effectué un stage de six
mois sur les thèmes de la Communication et du développement
durable. Le second est un intérêt purement personnel, non
seulement pour le développement durable (plus particulièrement la
RSE), mais aussi pour les implications que l'émergence du
développement durable peut avoir pour le continent africain. Le choix du
sujet s'est opéré progressivement à l'issue de plusieurs
travaux :
- pour avoir mené durant notre formation au
CERAP-INADES une recherche sur le traitement des déchets ménagers
solides à Abidjan, et démontré en quoi cela constituait un
réel problème de développement durable,
pour avoir mené une étude de terrain sur la
question du recyclage et de la valorisation des déchets solides
ménagers à Abidjan, et plus particulièrement les
déchets plastiques,
pour avoir contribué à la production des
nouvelles étiquettes de lubrifiants automobiles (Motor Oil, Quartz
5000) qui portent particulièrement les mentions :
« Nocifs pour les organismes aquatiques, peut entraîner des
effets néfastes sur l'environnement aquatique. Eviter le rejet dans
l'environnement. Consulter les instructions spéciales/la fiche de
données sécurité. Contient : Alkaryl sulfonate de
calcium à longue chaîne. Peut déclencher une
réaction allergique. », « Contribuez à la
protection de l'environnement : ne jetez pas votre huile usée
n'importe où, apportez-la dans un point de collecte prévu
à cet effet (sans aucune disposition apparente de collecte
proposée aux clients). »
pour avoir constaté des disparités en
matière d'actions et de programme de développement durable, et
l'écart qui existe entre les pratiques du Groupe dans certains pays
développés (cas de la France) et les pays en voie de
développement (cas de la Côte d'Ivoire, et avoir eu le
désir de comprendre les raisons et les justificatifs de tels
écarts.
Le besoin de comprendre pourquoi les engagements
affichés par les multinationales au sein des pays
développés, très regardants sur les questions liées
à la qualité, ne sont pas mis à profit dans des pays moins
développés nous a conduit à conduire une recherche sur ce
thème.
Au-delà des comportements des entreprises à
l'égard des déchets, nous estimons que la détermination
des facteurs explicatifs des divergences observées pourra servir
à la compréhension d'autres enjeux en matière de
Responsabilité sociale et environnementale.
Problématique
Depuis le déclenchement de la crise sociopolitique en
septembre 2002, les flux migratoires des populations des villes de
l'intérieur vers la ville d'Abidjan ont doublé la population de
cette ville, la faisant passer de 3 millions à près de 6 millions
d'habitants. Cette pression démographique sur Abidjan a un impact sur
tous les secteurs d'activités, notamment le secteur des ordures
ménagères. En effet, la production quotidienne des ordures
ménagères est passée d'environ 2500 tonnes en 2002
à environ 3500 tonnes aujourd'hui. Les corollaires de cette augmentation
du taux de production des ordures sont nombreux (DSRP Côte d'Ivoire,
2009).
Les difficultés variées et complexes que
connaissent les villes d'Afrique, plus particulièrement celles
liées aux déchets urbains, à l'insuffisance des
infrastructures et la rareté des ressources financières,
remettent en question la capacité de gouvernance des pays africains
(Adepoju G., 2001). Cette situation est encore plus alarmante pour les
gestionnaires obligés de procéder à une
hiérarchisation des choix des investissements sociaux. Et avec les
difficultés économiques de taille, la priorité n'est pas
toujours accordée à la gestion des déchets.
Le taux d'enlèvement actuel est estimé à
46,1% contre 90% représentant la norme préconisée. Cet
écart entre le taux d'enlèvement des ordures et la
fréquence avec laquelle les ménages les produisent reste
important. Ce décalage qui ne peut être entièrement
résorbé par les sociétés de collecte se retrouve
dans la nature et augmente de façon exponentielle.
Parmi les déchets solides, les déchets
plastiques issus de la production des entreprises et de la commercialisation de
leurs biens et services causent particulièrement de difficultés
à cause de leur caractère non-biodégradable et des
nuisances qu'ils engendrent (notamment sur l'agriculture, le paysage urbain, la
santé, l'assainissement). Il est de coutume que les actions de
responsabilité sociale des entreprises se déploient dans des
secteurs prioritaires. Côte d'Ivoire, pays en voie de
développement, n'est pas en marge des sociaux (problèmes
sanitaires, éducation, chômage, etc.) et environnementaux (gestion
des ordures ménagères, pollution des airs et eaux, ...) des
activités des entreprises qui y sont implantées. Quelques-unes
d'entre elles se distinguent comme entreprises citoyennes,
particulièrement à travers la création des Fondations.
Seuls les domaines de la santé, de l'éducation, de la culture et
du développement communautaire2(*) sont, pour la plupart des cas recensés, pris en
compte (CELA-ESCA, 2009). Le domaine de l'environnement, et plus
particulièrement la question des ordures ménagères reste
en marge des engagements des entreprises, et davantage des multinationales qui
pourtant dans d'autres espaces géographiques font de la question de
l'environnement l'essentiel de leurs actions RSE.
Pourtant, nous constatons qu'il existe des domaines où
des entreprises sont sources de beaucoup de nuisances et à l'origine des
impacts négatifs directs sur l'environnement et la santé. En
Côte d'Ivoire des initiatives particulières ne sont pas prises
dans le domaine de gestion des déchets en matière de
responsabilité sociale et environnementale. Par contre, nous constatons
bien souvent que dans d'autres pays, et plus particulièrement dans les
pays développés, les mêmes entreprises, filiales de
multinationales pour la plupart, s'engagent de façon plus marquée
dans le domaine cité. Ce constat est fait particulièrement sur la
gestion des déchets d'emballages des produits manufacturés en fin
de cycle de vie.
Question de recherche :
« Pourquoi les entreprises multinationales
n'ont-elles pas les mêmes engagements en matière de
responsabilité sociale et environnementale au sein des différents
territoires où elles déploient leurs activités ?
Pourquoi changent-elles leurs engagements et pratiques RSE en fonction des
lieux où elles sont implantées? » Le constat est le
suivant : les bonnes pratiques qui sont développées dans un
espace géographique donné ne sont pas mises en pratique dans un
autre espace quand bien même cela pourrait constituer un facteur
clé de succès tout en répondant à un besoin ambiant
et explicite.
Champ de recherche
Le groupe Total étant une multinationale, dont les
filiales sont présentes aussi bien dans les pays
développés que dans les pays en voie de développement,
notre cadre de référence en terme d'espaces géographiques
est constitué de la France et de la Côte d'Ivoire. L'analyse des
environnements respectifs et des pratiques du Groupe se fera dans ces deux
contextes géographiques qui règlent différemment les
questions de gestion des ordures ménagères, d'environnement et de
pollution à travers leurs pratiques et leur cadre législatif et
institutionnel respectifs, ainsi que des degrés divers d'implication de
divers acteurs.
Notre première analyse portera sur une étude
comparative des engagements de Total en France d'une part, et en Côte
d'Ivoire d'autre part où le groupe déploie ses activités.
Notre intérêt général porte sur la gestion de
l'environnement, et de façon spécifique sur la gestion des
déchets, en l'occurrence les emballages en matière plastique.
Une attention particulière sera portée chez
Total sur la gestion des déchets plastiques issus de la consommation des
lubrifiants automobiles.
Objectif de recherche
· Objectif
général
L'objectif général de recherche est
d'identifier les facteurs déterminants qui conduisent les entreprises
multinationales à changer leurs pratiques et leurs engagements en
matière de RSE en fonction de l'espace géographique où
elles sont installées.
· Objectifs Spécifiques
:
1) Identifier en France et en Côte d'Ivoire, les
critères déterminants relatifs aux cadres réglementaire,
institutionnel et normatif de chaque environnement où l'entreprise
déploie ses activités,
Identifier les forces et les faiblesses qui déterminent
les comportements organisationnels des entreprises, et conduisent à une
disparité de résultat et de performance en matière de
gestion des déchets.
Hypothèse de recherche
· Hypothèse
principale
Toute organisation est totalement insérée dans
la société, ses lois, ses valeurs et sa culture. Les conditions
de l'environnement ne peuvent être séparées des
représentations qu'en ont les acteurs ; par conséquent les
entreprises intègrent les valeurs dominantes du contexte sociétal
dans lequel s'exercent leurs activités et organisent leurs actions en
harmonie avec leur environnement. Les dirigeants ne mettent en oeuvre des
stratégies d'image et de conformité symbolique ou affective que
si l'environnement les y contraint ou, s'ils en tirent une
légitimité pour l'entreprise.
· Hypothèse
secondaire
Les entreprises requièrent un consensus de la
société au sein de laquelle elles opèrent et notamment
auprès des groupes qui leur fournissent des ressources clés. Les
entreprises s'engagent dans la responsabilité sociétale
lorsqu'elles sont contraintes de l'assumer pour répondre aux pressions
et aux attentes des apporteurs de ressources.
Démarche et méthodologie de
recherche
1) Choix de la méthode de
recherche
L'analyse des sources documentaires a constitué notre
principale méthodologie de recherche.
Pour mieux répondre à notre question de
recherche, nous avons opté pour une démarche comparative, avec
comme cadre comparatif la France comme référentiel, et la
Côte d'Ivoire. Ensuite nous avons défini les unités de
comparaison, puis procédé à la construction du cadre
comparatif, et enfin l'analyse des données élaborées. La
finalité de notre recherche est de tirer des leçons
au-delà de nos frontières nationales.
Une première phase exploratoire nous a conduit
à procéder à la recherche bibliographique sur notre sujet.
Ce travail exploratoire nous a permis d'orienter notre approche et notre
démarche dans la collecte des données et de l'information. C'est
alors que le Centre de Documentation du CERAP-INADES, le Bureau des archives de
Fraternité Matin, les recherches sur Internet, les archives de revues,
des rapports et le recueil des informations auprès de Total Côte
d'Ivoire et l'Intranet du groupe Total, et des documents produits par les
organismes spécialisés (ANDE) nous ont permis de recueillir une
importante documentation fiable (textes de lois, statuts et règlements,
publications, codes, rapports d'activités, mémoires, articles de
journaux, etc.) sur l'objet de notre recherche.
Les premières données collectées
concernent la littérature existante sur la gestion et le droit de
l'environnement. Cette recherche documentaire a porté sur des ouvrages
généraux et spécifiques abordant la problématique
de la gestion de l'environnement et la gestion des déchets urbains
solides et liquides, ainsi que sur les filières de traitement et
d'élimination.
Ces documents nous ont renseigné d'une part sur la
gestion des déchets solides et liquides, et sur les problèmes
liés aux déchets d'autre part. Nous avons recueilli des
informations sur les types de déchets et leurs modes de gestion tant en
France qu'en Côte d'Ivoire, sur les cadres réglementaires et
législatifs, les dispositifs de gestion ainsi que sur les
capacités institutionnelles de ces deux environnement respectifs, objets
de notre recherche.
Une seconde phase du travail nous a permis de recueillir des
données primaires et secondaires par l'analyse de contenu des documents
et différents rapports obtenus. Cette phase nous a permis de ressortir
les critères discriminants et des variables dans le but de
procéder à une analyse comparative.
La troisième phase a consisté au
dépouillement et à l'analyse des données à la
lumière des informations que nous avons pu rassembler par la recherche
et l'analyse documentaire. Il s'est agi ici de trouver des modèles et
cadres conceptuels qui nous ont permis de comprendre et de répondre
à notre questionnement de recherche, de vérifier nos
hypothèses et d'évaluer nos objectifs.
2) Justification et limites de la méthode de
recherche
Pour répondre au canon méthodologique et
justifier d'une exactitude scientifique, toute recherche doit se conduire en
deux grandes phases. Une phase qualitative qui permet de mieux cerner les
différentes variables et les indicateurs du problème à
étudier. Et une phase quantitative, qui permet de fournir aux
résultats obtenus lors de la première phase un caractère
scientifique et mesurable, et de leur conférer une objectivité
scientifique.
Mais compte tenu des contraintes géographiques,
financières et temporelles, des difficultés d'accès
à certaines informations, nous avons mis l'accent sur la phase
qualitative, et plus particulièrement la recherche documentaire.
Toutefois, pour des raisons de confidentialité, nous
n'avons pas eu accès à certains documents. Cependant, toutes les
informations fournies dans ce rapport ont été jugées
fiables par leurs sources.
Notre étude porte sur une seule entreprise. Or avec une
seule entreprise, nous ne pouvons pas collecter suffisamment de données
pour juger l'entreprise dans son comportement en posant des équations,
en dégageant des tendances.
Nous ne pouvions également obtenir les informations sur
le comportement de l'entreprise sur une longue période, et encore sur
plusieurs environnements. Nous sommes conscients que ceci constitue une limite
à notre travail.
PREMIERE PARTIE : ETAT DE LIEUX ET CADRE THEORIQUE
|
Chapitre I : Définition des concepts et Etat
des lieux en matière de RSE
Section I : Définition et historique du concept
de « développement durable »
Définition
La définition officielle du développement
durable est issue du rapport Brundtland, rédigée par la
Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement en 1987 :
« Un développement qui répond aux besoins
du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs. Deux
concepts sont inhérents à cette notion : le concept de "besoins",
et plus particulièrement des besoins des plus démunis, à
qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des
limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation
sociale impose sur la capacité de l'environnement à
répondre aux besoins actuels et à venir ». Afin de mieux
comprendre les conséquences qu'implique une telle notion, il convient
d'expliquer ses fondements et origines.
Historique
Le concept de développement durable est né au
début des années 1970 à l'issue de deux constats :
- la fracture Nord/Sud : à savoir que les
écarts entre les populations se creusaient, que ce soit en termes de
PIB, d'éducation ou de niveau de vie. Or on constate aujourd'hui que ces
différences ne se sont pas vraiment résorbées avec les
années.
la crise écologique : on commençait alors
à parler surtout du trou de la couche d'ozone et des conséquences
sur notre futur si l'on n'agissait pas rapidement, et le réchauffement
climatique.
La conférence des Nations Unies sur l'Homme et
l'environnement en 1972 de Stockholm a lancé les premières bases
des politiques internationales de l'environnement. Même si les
États étaient présents, les acteurs actifs dans ce
processus étaient principalement les scientifiques et le début
des ONG. Il y avait opposition entre environnement et développement.
C'est ainsi que le terme d'écodéveloppement fut
créé part Ignacy STACHS et débattu lors de la
conférence de Stockholm sur le développement humain en 1972.
L'expression fut abandonnée dans les années 80 au profit de celle
de « sustainable development », littéralement
développement soutenable, mais on parle plus généralement
de développement durable en France.
Figure 1 : Les grandes dates du
développement durable.
Source : Groupe AFNOR (2008)
Une négociation coopérative a eu lieu sous
l'égide de la commission Brundtland qui définit le
développement durable en 1987. Ce concept est
entériné politiquement par les États à Rio en 1992.
Cette formule fut d'ailleurs consacrée lors du
deuxième Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 du fait de
la médiatisation du concept auprès du grand public et de la
naissance de l'Agenda 21 ainsi que l'adoption de la
Convention de Rio. C'est à cette même
époque qu'est apparue la vision actuelle du développement
durable.
Cinq ans après Rio, le bilan n'est pas très
positif, la mondialisation a pris de l'ampleur, avec un affaiblissement des
Etats et un rôle important des investissements privés
facilité par la libre circulation des capitaux. C'est
l'émergence de l'interpellation des entreprises sur leur
responsabilité sociétale. C'est ainsi le PNUE lancera avec des
entreprises et des ONGs la Global Reporting Initiative (GRI), un cadre de
rapport de développement durable pour les entreprises.
En 1999 Koffi ANAN lancera le Pacte Mondial par lequel les
entreprises, parmi lesquelles le groupe Total, s'engagent à promouvoir
des principes internationaux en matière de droit de l'homme, du travail
d'environnement et de lutte contre la corruption. Ce processus se
complétera en 2002 à Johannesburg par un engagement sur les
consommateurs pour changer les modes de production et de consommation.
Le concept aujourd'hui
La définition du rapport « Notre avenir à
tous », dit rapport Brundtland, a été plus ou moins
délaissée au profit d'une explication s'appuyant sur trois
piliers : le progrès économique, la justice sociale, et la
préservation de l'environnement (Cf. Figure 2).
Ces 3 aspects doivent pouvoir répondre à
l'objectif de construire le développement durable aussi bien pour les
collectivités que pour les entreprises.
Figure 2 : Schéma du développement
durable
Source : Johann Dréo sur
Wikipédia, 9 mars 2010
Autrement dit, ce schéma devrait répondre aux
caractéristiques suivantes :
- Le développement durable ou soutenable :
l'être humain est au centre des préoccupations économiques,
sociales et environnementales. Lui seul est capable d'agir sur ces tenants et
permettre ainsi la pérennité de notre planète.
- Le développement viable : cela signifie que
les facteurs économiques et environnementaux doivent être pris en
compte ensemble, c'est-à-dire permettre à long terme et de
façon autosuffisante une croissance économique basée sur
les ressources renouvelables.
Le développement vivable : il s'agit de
prendre en compte les facteurs environnementaux et sociaux, c'est-à-dire
d'assurer un cadre de vie acceptable. Cela revient notamment à
l'idée de réduire les inégalités entre pays du Nord
et du Sud.
Le développement équitable : l'objectif
est d'allier la croissance économique tout en respectant les droits de
l'homme, de parvenir à une plus grande équité notamment
dans le commerce mondial.
Entreprises et développement durable : la RSE
(Responsabilité sociale de l'entreprise)
Le principe de la RSE est mis en avant depuis qu'il a
été mis à l'ordre du jour en 2002 lors du Sommet de la
Terre à Johannesburg, grand rendez-vous du développement durable
organisé par les Nations Unis. Durant cette manifestation, il a
été question de faire le point sur l'application de la Convention
de Rio de 1992. De grandes entreprises notamment françaises dans le
secteur de l'environnement et de l'énergie y ont participé. La
responsabilité sociale des entreprises est également connue sous
le terme de «responsabilité sociétale des entreprises
», traduction de CSR « corporate social responsibility
». La RSE consiste en l'intégration des concepts de
développement durable. Cela signifie qu'une entreprise doit inclure de
façon volontaire dans ses activités mais également dans
les relations avec les parties prenantes, les
préoccupations économiques, environnementales et sociales.
C'est sur la base de cette orientation que Kofi Annan, alors
Secrétaire général de l'ONU, a lancé en 1999, lors
du Forum économique mondial de Davos, une initiative intitulée
Global Compact (Pacte mondial). Ce pacte, qui « invite les
entreprises à adopter, soutenir et appliquer dans leur sphère
d'influence un ensemble de dix valeurs fondamentales dans les domaines des
droits de l'homme, des normes de travail et de l'environnement, et de lutte
contre la pauvreté », regroupait en 2006 environ 3 000
sociétés multinationales. Les dix principes en question sont
dérivés de textes tels que la Déclaration universelle des
droits de l'homme, la Déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement ou la Déclaration de l'OIT (Organisation
Internationale du Travail) sur les principes et droits fondamentaux au travail.
L'idée générale qui sous-tend le Global Compact
d'amener les firmes multinationales à prendre de plus en plus
conscience et de s'engager vis-à-vis des enjeux sociaux et
environnementaux liés à leurs activités (Cf. Annexe II),
autrement dit de redéfinir le contrat social et moral entre le monde de
l'entreprise et la société.
Section II : Gestion de déchets et
développement durable
Problématique de développement durable
Les déchets sont
générés lors de la production et de la consommation de
biens échangés sur les marchés, à l'exemple des
déchets d'emballages. Les déchets exercent des pressions
importantes sur l'état de l'environnement. Ces pressions ont lieu soit
quand les déchets sont directement rejetés dans l'eau et les
sols, soit lors de leur transport et leur traitement.
Les déchets peuvent faire
l'objet de différents traitements: mise en décharge,
incinération, compostage, réutilisation,
récupération, recyclage. Si les pressions exercées sur
l'environnement par certains de ces traitements sont moins
élevées que d'autres, tous ces traitements affectent
l'environnement (pollutions des sols, de la nappe aquifère ou de
l'atmosphère auprès des décharges, nuisances visuelles et
olfactives des décharges, pollutions de l'atmosphère liées
aux incinérateurs, aux émissions de poussière et à
la mise en décharge des résidus finaux lors du recyclage). Ces
pollutions environnementales peuvent à leur tour entraîner des
problèmes de santé (émissions de dioxines pouvant causer
des cancers, des atteintes au système immunitaire, des troubles du
système endocrinien et de la fonction de reproduction).
Pour limiter les pressions
exercées par les déchets, il est important de réduire le
volume de déchets générés et d'opter pour des
systèmes de traitement qui réduisent au maximum les pressions
exercées sur l'environnement. La prévention, de même que la
récupération, la réutilisation et le recyclage permettent
en outre de réduire l'utilisation de ressources naturelles.
Principes de développement durable en
matière de gestion de déchets
Les textes de référence en matière de
développement durable et gestion des déchets ménagers sont
issus des normes européennes, des normes françaises et plus
particulièrement du Grenelle de l'environnement3(*) (Article 46 de la
loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative
à la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement) dont les grands axes
sont les suivants :
- La politique de réduction des déchets
-priorité qui prévaut sur tous les modes de traitement- doit
être renforcée de l'éco-conception du produit à sa
fabrication, sa distribution et sa consommation jusqu'à sa fin de vie.
La responsabilité élargie des producteurs (REP)
sur les déchets issus de leurs produits est étendue en tenant
compte des dispositifs de responsabilité partagée existants et la
réduction à la source fortement incitée. La politique
relative aux déchets respecte, dans les conditions prévues par
les articles 3 et 4 de la directive 2008/98/CE du Parlement européen et
du Conseil, du 19 novembre 2008, relative aux déchets, la
hiérarchie du traitement des déchets fixée par ces
mêmes articles : prévention, préparation en vue du
réemploi, du recyclage, de la valorisation matière, de la
valorisation énergétique et élimination.
La sensibilisation des populations en faveur des modes de
consommation moins générateurs de déchets et à
l'adoption des comportements de tri (Cf. Annexe III).
Projet MDP (Mécanisme de développement
propre) de traitement de déchets urbains à Abidjan
L'Afrique de l'Ouest a enfin son premier projet MDP, le
Mécanisme de développement propre. C'est l a Côte d'Ivoire
qui a réussi à obtenir ce projet le 9 juillet 2009 par le biais
de la Société Ivoirienne de Traitement des Déchets
(SITRADE SA). Ce projet prévoit de collecter et traiter 200 000 tonnes
de déchets urbains par an sur le site de Bingerville, au nord d'Abidjan.
Le recyclage va produire du biogaz à partir des déchets
organiques, qui sera converti en électricité pour alimenter le
réseau électrique national. Du compost sera également
produit. Le projet a été enregistré par les instances
internationales dédiées de la Convention-Cadre des Nations Unies
sur les Changements Climatiques (CCNUCC).
La SITRADE a bénéficié de l'appui financier
de la Banque d'Investissement et de Développement de la
Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (BIDC), qui en est
le premier contributeur financier, ainsi que du Fonds Africain des
Biocarburants et des Energies Renouvelables (FABER). La SITRADE a ouvert de
nouveaux horizons pour la Côte d'Ivoire et l'Afrique de
l'Ouest. »
Section III : Présentation du Groupe Total et
de la filiale Total Côte d'Ivoire S.A.
5èmegroupe pétrolier
intégré coté dans le monde et acteur majeur dans le
domaine de la chimie, Total est présent sur les cinq continents. Il
exerce ses activités dans plus de 130 pays et compte près de 97
000 collaborateurs (Total, 2009).
Historique du Groupe Total
1924 : CRÉATION DE LA COMPAGNIE
FRANÇAISE DES PÉTROLES (CFP). la première fois, la France
se dote d'un outil pour développer une compétence
française dans l'industrie pétrolière.
1928 : ACCORD DE CONSTITUTION DE L'IRAQ
PETROLEUM COMPANY. LCFP se conçoit dès le départ comme une
entreprise internationale avec un territoire de prédilection : le
Moyen-Orient.
1941 : CRÉATION DE LA
SOCIÉTÉ NATIONALE DES PÉTROLES D'AQUITAINE, socle du futur
groupe Elf Aquitaine, la SNFA portera les premières réussites
françaises dans le gaz soufré à Lacq.
1951 : DÉMARRAGE DE LA RAFFINERIE
D'ANVERS PAR PETROFINA, 'hui première raffinerie du groupe,
complétée par un complexe pétrochimique.
1954 : CRÉATION DE LA MARQUE
TOTAL.Lancement du réseau international, aujourd'hui présent dans
de très nombreux pays.
1992 : DÉBUT DU PROCESSUS DE
DÉSENGAGEMENT DE L'ETAT, DU CAPITAL DE TOTAL ET D'ELF.
1998 : DÉBUT DU PROCESSUS DE
FUSION QUI ABOUTIRA AU GROUPE ACTUEL.Total fusionne avec Petrofina en 1998,
puis avec Elf l'année suivante, créant aujourd'hui le
cinquième groupe pétrolier mondial.
Domaines d'activité du Groupe Total
Le SECTEUR AMONT rassemble les
activités d'Exploration, de Développement et de Production
d'hydrocarbures mais aussi la production de gaz naturel et de GNL (gaz naturel
liquéfié). Le développement d'énergies nouvelles
s'inscrit également au coeur des engagements de ce secteur. L'Amont est
organisé autour de deux directions générales : Exploration
& Production et Gaz & Energies nouvelles (photovoltaïque et
nucléaire, biomasse de deuxième génération et
transformation du charbon).
Présent sur tous les continents, Total mène des
activités d'Exploration et de Production dans plus de 40 pays. Dans 30
d'entre eux, il produit du pétrole et du gaz. L'Europe, l'Afrique et le
Moyen-Orient constituent ses principales zones de production, suivies des
Amériques et de l'Asie.
Le SECTEUR AVAL l'ensemble des
activités du Raffinage et du Marketing (RM) des produits
pétroliers (carburants, combustibles et spécialités, GNL,
lubrifiants, etc.) mais aussi la vente (Trading) et le transport maritime
(Shipping) de ces produits. Ce secteur est organisé autour de deux
directions générales : Raffinage & Marketing et Trading &
Shipping.
1er raffineur/distributeur en Europe de l'ouest,
Total est aussi le 1er distributeur en Afrique. Le Groupe
détient des participations dans 25 raffineries (dont 12
opérées directement) en Europe, aux Etats-Unis, aux Antilles
françaises, en Afrique et en chine. L'ambition du Groupe est d'investir
pour adapter l'outil de raffinage à l'évolution des
marchés et optimiser les positions dans le marketing.
· Raffinage & Marketing
À travers ses activités de raffinage, Total
développe dans près de 160 pays un large éventail de
produits de spécialité (lubrifiants, GNL, carburants pour
l'aviation, fluides spéciaux, bitumes et bases
pétrochimiques).
En marketing, le groupe joue également un rôle
actif dans la promotion des énergies renouvelables, des carburants
alternatifs et des carburants de nouvelle génération (Excellium
et Adblue, Effimax).
· Trading & Shipping
Total figure parmi les premiers opérateurs mondiaux
de Trading (négoce) de produits pétroliers, avec des volumes
physiques négociés de pétrole brut et de produits
raffinés d'environ 5 mb/j (millions de barils par jour) en 2008. Le
Groupe comptait 16 425 stations-service au 31 décembre 2008.
Le SECTEUR CHIMIE regroupe la chimie
de Base (pétrochimie et fertilisants) et la chimie de
spécialités (applications du caoutchouc, résines,
adhésifs et métallisation) dont les produits sont destinés
à l'industrie ou à la grande consommation. La dimension de ses
activités fait de Total l'un des plus grands producteurs
intégrés au monde.
· La Chimie de base : la pétrochimie et les
fertilisants
Rassemblée au sein de Total Petrochemicals, la
pétrochimie regroupe la pétrochimie de base et ses
dérivés. Ses produits couvrent de nombreux marchés
domestiques et industriels (emballage, bâtiment, automobile...).
· La Chimie de
Spécialités
Présent dans plus de 55 pays, la chimie de
Spécialités comprend les applications du caoutchouc (Hutchinson),
les résines (Cray Valley, Sartomer et Cook Composites & Polymers),
les adhésifs (Bostik) et la métallisation (Atotech). Les
spécialités couvrent les marchés grand public et
industriels où la stratégie marketing, l'innovation et le service
à la clientèle sont des atouts majeurs.
Présentation de Total Côte d'Ivoire
Total Cote D'ivoire S.A. :
Société Anonyme au capital de 3 148 080 000 F Cfa,
capital privé
ANNÉE DE CRÉATION : 1976,
SIÈGE SOCIAL : Immeuble Nour-Al-Hayat, Plateau.
01 BP 336 Abidjan 01.
SECTEUR ÉCONOMIQUE : Energie,
ACTIVITÉS : Distribution des produits
pétroliers et dérivés.
DIRECTEUR GÉNÉRAL : Jérôme
DECHAMPS
Au sein du groupe Total, Total Côte d'Ivoire fait partie
du SECTEUR AVAL, branche Raffinerie et Marketing. Géographiquement, elle
se situe dans la Zone AMO (Afrique et Moyen-Orient) qui compte 48 pays ou Dom
Tom, 4 354 stations-service, 97 dépôts d'aviation, 52 Centres
emplisseurs GNL, 55 filiales Marketing, 6 raffineries (participations), 25
centres de blending lubrifiants, 15 sociétés logistiques
(filiales et participations) et 7 500 collaborateurs (ReMark, mai
2009).
En Côte d'Ivoire, Total dispose d'un Centre emplisseur
de GNL (gaz domestique), de 02 dépôts d'aviation (Abidjan et
Yamoussoukro), de participations à la SIR et de 151 collaborateurs.
Total ne dispose pas en Côte d'Ivoire de Centre de blending
lubrifiants, par conséquent, elle fait recours à une
sous-traitance de capacité auprès de l'entreprise SIFAL
(Société Ivoirienne de Fabrication de Lubrifiant).
Avec 159 stations-service reparties sur l'ensemble du
territoire national, Total dispose du plus grand réseau de distribution
de produits pétroliers en Côte d'Ivoire. La filiale figure
également parmi les majors de la distribution des produits
pétroliers que sont Shell CI, Oil Libya, Petroci.
Section IV : Perception du durable au sein du groupe
Total
Les nouveaux lubrifiants mis sur le marché sont issus
des dernières innovations du groupe Total qui se veulent plus
respectueuses de l'environnement, moins polluantes, prenant en compte l'Analyse
du Cycle de vie du Produit (ACVP de la Direction Lubrifiants de Total) et
répondant à l'engagement du groupe pour le développement
durable (Total, 2009).
Les déchets issus directement de la commercialisation
des produits pétroliers sont les huiles usées de lubrifiants, et
les bidons plastiques usagés et souillés par les lubrifiants. Si
les huiles usées bénéficient d'un dispositif de collecte
et de traitement, ce n'est pas le cas des bidons plastiques emportés par
les clients ou abandonnés au sein des stations-service. Quelquefois,
ceux-ci font l'objet de revalorisation (usage domestique), et le plus souvent,
finissent dans les décharges sauvages où ils contribuent à
la pollution durable de l'environnement.
Cette réalité n'est pas en conformité
avec les axes de développement durable du groupe Total qui sont :
Ø Axe 1 : Maîtriser et réduire
l'impact de ses activités sur l'environnement;
Axe 2 : Engager le dialogue avec les parties prenantes
en contribuant au développement économique et social des
territoires où le Groupe est installé,
Axe 3 : anticiper sur le futur en songeant aux
questions d'accès à l'énergie pour les
générations futures.
Notre recherche s'oriente autour du premier objectif, celui de
la maîtrise et de la réduction de l'impact des activités
sur l'environnement.
Perception et définition du développement
durable chez Total.
Le développement durable chez Total (Total, 2004)
s'entend :
cents Une vision à long terme...
« un développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à
satisfaire leurs propres besoins »
cents ... qui s'articule autour de trois axes...
Equilibre entre le développement
économique et les préoccupations
sociétales et environnementales à
l'échelle planétaire...
Ø ... mais reste centrée sur
l'activité de l'entreprise.
Cette phrase de M. Kofi Anan, Secrétaire
Général des Nations-Unies le principe d'action du
Groupe : « J'espère que les entreprises comprennent
qu'on ne leur demande pas de faire quelque chose de différent de leur
activité normale, mais plutôt d'exercer leur activité
différemment. » Koffi Annan, Johannesburg 2002.
Le développement durable tel que compris et
formulé au sein du groupe Total s'articule autour de deux
finalités :
Ø Concilier la croissance économique avec les
préoccupations environnementales et sociétales,
Le groupe Total est conscient que la spécificité
de son activité induit une responsabilité sociale élargie.
L'encadré ci-dessous synthétise toute la
philosophie du Groupe dans son engagement en faveur sur développement
durable et de la responsabilité sociale élargie.
Encadré 1 : La
spécificité de notre métier induit une
responsabilité sociale élargie
« En effet, les spécificités de
notre activité, en particulier les enjeux stratégiques de secteur
énergétique et le maniement de produits dangereux et polluants
dans les environnements naturels souvent fragiles, induisent une
responsabilité sociale élargie, notamment en matière de
sécurité industrielle et de protection de l'environnement. En
outre, le poids de Total dans le paysage économique, notre
présence à l'international, dans des pays dont les situations
économiques et politiques sont souvent instables et inégales,
impliquent notre participation au développement économique et
social local.
Pour Total, l'engagement dans le développement
durable reflète avant tout un état d'esprit, une composante
à part entière de la culture d'entreprise du Groupe. C'est une
donnée incontournable, un élément de base de nos
métiers qui ne peut apparaître comme une contrainte. La mise en
oeuvre du développement durable représente un facteur
d'amélioration des performances : meilleure intégration de
nos activités dans le tissu économique local, rénovation
accélérée des produits et des processus, motivation accrue
du personnel. »
Source : Guide du Développement Durable,
Total, 2004.
Solutions proposées par le Groupe Total pour
répondre à la demande en énergie, tout en réduisant
les émissions de gaz à effet de serre
Le groupe Total développe aujourd'hui un ensemble
d'actions stratégiques dans le domaine des économies
d'énergie et de la réduction de l'empreinte environnementale de
ses activités et de ses produits, entre autres action en :
- travaillant sur l'éco-conception et l'analyse des
cycles de vie des produits,
aidant ses clients à réduire leurs consommations
d'énergie, réduisant ainsi l'impact environnemental de leurs
activités, par l'utilisation de produits et de services «
éco-performants »
Cette dernière action est la raison d'être du
nouveau programme EcoSolutions. Conscient qu'environ 28,5 % des
émissions des gaz à effet de serre proviennent de la consommation
des produits pétroliers vendus sur le marché, le groupe Total
souhaite avec ce programme évolutif concevoir et proposer à ses
clients des solutions plus performantes leur permettant de :
- réduire leurs consommations en ressources
naturelles (énergie, produits contenant du carbone fossile, eau...)
à travers le développement de nouveaux produits ou
l'amélioration de ceux déjà existants ;
maximiser la réduction des impacts de leur
utilisation sur l'environnement (effet de serre, émissions,
pollutions...) à travers des conseils aux clients et usagers;
Économiser de l'énergie via un meilleur
rendement énergétique, des produits économiseurs
d'énergie, un recyclage et une analyse du cycle de vie, une mesure des
émissions et de leurs impacts, et une information des consommateurs sont
les principales préoccupations de ces lignes d'action.
Politique du groupe Total en matière de
traitement de déchets
Chez Total, trois enjeux essentiels sont identifiés en
matière de déchets : améliorer la
traçabilité, réduire les quantités produites et
développer des solutions de traitement et de valorisation.
Améliorer la traçabilité :
Le Groupe fait de la traçabilité une
priorité tout au long des opérations de collecte et traitement
des déchets produits par ses activités, qu'elles soient
réalisées en interne ou sous-traitées. Le reporting
correspondant est amélioré en permanence, en particulier pour la
classification des déchets et l'identification des traitements
effectués.
Traitement et Valorisation des déchets :
Selon une approche prenant en compte l'ensemble du cycle de
vie, Total travaille à la mise au point de produits et
procédés qui génèrent le plus faible impact
environnemental et/ou le minimum de déchets possible. Les
échanges d'expérience ont également permis de tirer les
enseignements de différents chantiers pilotes et de tracer des pistes de
progrès : développement de la valorisation agricole ou
énergétique des produits (matières plastiques,
déchets organiques, boues de décarbonations...), réduction
de la toxicité des boues de forage.
Traitement des déchets : mettre en place des
filières fiables dans un plus grand nombre de pays
Total, présent dans de nombreux pays hors OCDE,
souhaite contribuer à la mise en place de filières
structurées de gestion des déchets là où elles font
défaut. L'article 2 de sa Charte Sécurité Santé
Environnement Qualité (Cf. Annexe IV) stipule que
« Partout où il exerce ses activités, Total veille
au respect des lois et des réglementations qui lui sont applicables et
les complète, au besoin, par des exigences
spécifiques. »
Un projet pilote mené au Gabon, avec l'assistance d'une
société spécialisée - Séché
environnement - a permis d'expérimenter la réduction des volumes
à la source, le recyclage et la valorisation énergétique
des déchets huileux, ainsi que le regroupement et le transit des
déchets dangereux non traitables localement vers des centres
agréés en Europe. Cette approche globale visait plusieurs
objectifs : assurer la traçabilité des déchets,
développer la collecte par la mutualisation des moyens locaux existants,
fiabiliser et pérenniser les filières tout en garantissant leur
acceptabilité.
Section V : Initiatives de Total France en faveur de
la gestion des déchets de consommation, et plus particulièrement
les déchets plastiques
Forte mobilisation de l'ensemble du Réseau de
stations-service à la gestion des déchets :
Les stations-service du réseau Total France produisent
environ 12.500 tonnes de déchets par an, soit trois fois le poids
de la tour Eiffel (, 2008). Ce détail traduit l'importance que le
Groupe fait du reporting des déchets découlant de ses
activités en France.
En dehors des rapports avec l'éco-organisme
Eco-Emballage, la direction Marketing de Total France a décidé
depuis 2006, de mettre en place un modèle de gestion des déchets.
L'objectif est d'accompagner les Gérants dans leurs obligations
légales, du tri au choix du prestataire qui se chargera de la collecte
et du traitement.
C'est ainsi qu'en 2007, près de 950 points de vente ont
été sensibilisés sur ce sujet par les cadres de Total
France. Un kit de gestion des déchets a été
distribué aux gérants. Celui-ci comprend un CD-ROM, un Guide
informant sur la législation en vigueur, la sécurité, le
tri et le stockage, et un mémo de poche pour les employés qui
récapitule de manière simple et pratique les points clés
de la gestion de déchets.
Participation active aux campagnes « vacances
propres » :
Cette initiative est née de grands groupes du secteur
des produits de grande consommation et de l'emballage. , qui est aussi l'un des
leaders européens des plastiques par sa branche Total Petrochemicals,
est fidèle à l'association depuis sa création en aidant
les collectivités confrontées à la surpopulation
caractéristique de la période de vacances et en invitant les
touristes à adopter des gestes propres.
Initialement présent uniquement le long des plages,
l'opération s'est prolongée au sein de 23 stations-service
situées sur le long des chemins de vacances et connaissant de fortes
affluences. Et pour le tri, des accords ont été trouvés
avec des Précollecteurs afin que les déchets puissent être
acheminés jusqu'aux centrales de traitement.
Fabrication de bidons en plastique Pehd recyclé
:
En France, l'usine NORMANPLAST, rattachée à la
direction Lubrifiant de Total, fabrique chaque année 26 millions de
bidons en polyéthylène haute densité (Pehd)
destinés au marché de lubrifiants. Testée en 2005,
l'utilisation du Pehd recyclé issu du tri sélectif des
déchets ménagers (bouteilles de lait, de lessive, bidons de
lubrifiants usagés, etc.) est opérationnelle depuis 2006. Le PEHD
gris obtenu par recyclage bénéficie des mêmes
propriétés et du même suivi qualité que le PEHD
d'origine. Mélangé au Pehd vierge et du colorant, il entre pour
15% dans la fabrication des bidons. Ce projet allie ainsi
compétitivité et respect de l'environnement.
Rationalisation de la gestion des déchets dans
les stations-service
Au-delà de la collecte des huiles de vidange, ce projet
tend à uniformiser la gestion des déchets
générés dans les stations-service, à organiser leur
tri et à optimiser les filières de traitement en les revalorisant
quand c'est possible. Mis en place par la direction Marketing de Total, ce
projet concerne :
- Les déchets dangereux (absorbants, emballages et
chiffons souillés d'hydrocarbures, liquides de refroidissement,
batteries, filtre à huile, pots catalytiques, piles usagées,
etc.)
Les déchets non dangereux (pare-brise, palettes,
pièces métalliques et plastiques, déchets divers de
restauration, etc.)
Cette première exploration nous a permis de constater
dans quel contexte le groupe Total en France déploie ses
activités dans un environnement bien réglementé, en
respectant toutes les dispositions légales, tout en
bénéficiant d'un cadre institutionnel et des infrastructures
adéquates.
Et bien au-delà des aspects légaux, nous
constatons que Total France, dans le cadre de sa politique marketing, de sa
politique de responsabilité sociale élargie entreprend des
projets et des actions en faveur de l'environnement d'où elle tire une
certaine légitimité, tout en s'assurant une cohérence
organisationnelle entre ses discours et ses pratiques, et une création
de la valeur ajoutée pour l'ensemble de ses activités.
Section VI : Initiatives de Total Côte d'Ivoire
en faveur de la gestion des déchets de consommation, et plus
particulièrement les déchets plastiques
Nature des déchets d'emballages lubrifiants par
Total Côte d'Ivoire
Parmi les déchets d'emballages figurent les
déchets plastiques qui posent un problème particulier à
cause de leur élimination. Mis à la décharge, il leur faut
environ 400 à 500 ans pour disparaître.
Total Côte d'Ivoire, sur la base des statistiques 2008,
génère en moyenne 325 mille emballages plastiques de lubrifiants
chaque année. emballages plastiques de lubrifiants produits par Total
sont des plastiques Polyéthylène haute densité (Pehd) qui
par leur nature, sont recyclables.
Actuellement, ces emballages en fin de cycle de vie
connaissent généralement 03 issues :
Ø soit ils font l'objet de réutilisation par
les ménages (comme récipient d'eau), défiant toute
précaution de santé,
soit ils sont rejetés dans la nature ou les
décharges sauvages;
Soit ils sont récupérés par les
Précollecteurs de déchets et entrent dans le circuit informel de
recyclage développé dans la ville d'Abidjan.
Initiatives de Total Côte d'Ivoire en
matière de traitement et d'élimination des déchets
En matière de traitements de déchets ordinaires,
Total Côte d'Ivoire et son réseau de stations-service respectent
les obligations légales en honorant le paiement des taxes (Taxes sur la
production des déchets solides (TEOM), et des redevances
spéciales de traitement des déchets issus des activités
non domestiques au niveau des communes).
Pour ce qui est du traitement des déchets dangereux
(cas particuliers des huiles usées), les stations-service font partie de
ce que le Code de l'Environnement ivoirien appelle les « sites
classés ». Total se charge de la collecte des huiles
usées sous le contrôle du Centre Ivoirien Anti-pollution (CIAPOL),
avec l'appui d'un partenaire privé SRH (Société de
Récupération des Huiles Usées) qui se charge de la
récupération et de l'élimination des huiles usées
(TCI, 2009).
Recyclage et revalorisation énergétique
des huiles usées
Les huiles usées récupérées sur
les stations-service Total Côte d'Ivoire tant à Abidjan
qu'à l'intérieur sont acheminées auprès de
l'entreprise INDUSTRAP (chimie des minéraux, fabrique de peinture).
Cette entreprise utilise de façon exclusive les huiles usées sous
forme de mélange à chaud avec le bitume pour fabriquer des
produits d'étanchéité tels que le Paxalu. Mais selon un
rapport interne de Total Côte d'Ivoire4(*), les huiles usées collectées
représentaient seulement 5% des ventes annuelles en 2008.
Analyse comparatives des pratiques des filiales Total
France et Total Côte d'Ivoire
Contrairement à Total France, Total Côte d'Ivoire
ne va pas au-delà de ses obligations légales. Il n'y a pas un
réel engagement en faveur de l'environnement. Le traitement des
déchets ne fait pas l'objet d'un positionnement stratégique
auprès des publics, encore moins d'un engagement marketing face à
des consommateurs à sensibiliser sur les questions de
l'environnement.
Au regard des problèmes environnementaux liés
aux difficultés de gestion des déchets, l'entreprise se limite
à traduire son engagement pour l'environnement uniquement à
travers l'écoconception de ses produits (carburant moins polluants,
prolongation de la durée de vie de lubrifiants, etc.) et par le respect
du dispositif réglementaire de collecte d'huiles usées, sans
prendre en compte l'analyse du cycle de vie des produits comme cela se fait
à Total Lubrifiants France. Il reste à traduire davantage son
engagement par des initiatives concrètes afin de s'assurer d'une
cohésion entre son discours et ses pratiques effectives.
L'engagement en faveur de l'environnement est
créateur de valeur pour une entreprise qui s'engage au-delà de
ses obligations légales à travers un programme de
responsabilité sociale élargie (Wolff et Mauléon, 2008).
Surtout quand les dispositions légales mises en place sont
défaillantes, quand le système d'"enforcement",
c'est-à-dire le système veillant à l'application, au
contrôle des règles préalablement définies, et aux
éventuelles sanctions en cas de non conformités est
défaillant. Les résultats de l'exploration documentaire à
cette étape nous donne de constater que le manque d'initiatives RSE en
faveur de l'environnement chez Total Côte d'Ivoire s'accompagne d'une
défaillance et même d'une inexistence d'un dispositif
réglementaire incitatif et coercitif.
Chapitre II : Cadre conceptuel de la
Responsabilité Sociale de l'Entreprise (RSE)
Section I : Définitions et enjeux de la RSE
Définition du concept
Dans les discussions internationales sur la RSE, une confusion
trouve son origine dans le fait que la responsabilité sociale peut
être vécue comme le résultat d'une obligation, mais aussi
comme celui d'un engagement ; les Anglo-saxons ont tendance à
comprendre la RSE comme un engagement (volontaire), alors que les Latins
l'interprètent plutôt comme une obligation (contraignante). D'un
côté on fait confiance aux démarches volontaires, de
l'autre, on réclame des réglementations publiques comme le montre
la figure 3.
Figure 3 : Hiérarchie des
responsabilités de l'entreprise
Source : K.M. Leisinger
D'après le World Business Council for Sustainable
Development (WBCD), la responsabilité sociale de l'entreprise peut
être définie comme : « l'engagement permanent des
entrepreneurs à adopter un comportement moral et à contribuer au
développement économique, en améliorant
simultanément la qualité de vie de leurs employés et de
leurs familles, de la communauté locale et de la société
considérées comme un tout. »
La Commission de l'Union Européenne (2001) a
adopté une définition de la RSE qui penche du côté
anglo-saxon, tout en cherchant à ménager les pays latins :
« être socialement responsable signifie non seulement
satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aller
au-delà et investir davantage dans le capital humain, l'environnement et
les relations avec les parties prenantes. »
De fait, on apprécie surtout le comportement
socialement responsable d'une entreprise en fonction de ses engagements et de
ses démarches volontaires, ce qui, au niveau international, donne
l'avantage aux firmes exerçant dans les pays dont les socles
législatifs en matière sociale et environnementale sont
particulièrement bas.
Les travaux préparatoires au futur ISO 2600 proposent
une définition de la RSE qui cherche à satisfaire à la
fois les Etats-Unis et l'Europe : « responsabilité d'une
organisation vis-à-vis des impacts des décisions et de ses
activités sur la société et sur l'environnement, par un
comportement transparent et éthique qui :
- Contribue au développement durable, à la
santé et au bien-être de la société ;
Prend en compte les attentes des parties prenantes ;
Respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes
internationales de comportement ;
- Est intégré dans l'organisation et mis en
oeuvre dans ses relations » (version WD4.2).
Dimensions de la Responsabilité Sociale de
l'Entreprise
Tout débat sur la responsabilité sociale
nécessite de se poser les questions : responsable à
l'égard de qui ? Par rapport à quoi ? Jusqu'où
et comment ?
La question « à l'égard de
qui ? » connaît des réponses très
diversifiées qui dépendent de la représentation que l'on
se fait de l'entreprise et de sa place dans la société. Pour
Milton Friedman (1971, dans Capron, 2007), il est clair que l'entreprise n'est
responsable que devant les actionnaires, puisque son rôle est de
maximiser son profit dans l'intérêt de ces derniers.
Un deuxième type de réponse, comme celle de
l'Union Européenne, s'appuie sur la notion des parties prenantes pour
justifier l'intérêt que l'entreprise doit porter aux individus et
aux groupes que peuvent affecter ses activités ou qui à l'inverse
peuvent être affectés par ses activités. Dans ce cas,
l'entreprise se voit assigner, sous condition de pouvoir les identifier, un
rôle de satisfaction de ses parties prenantes (salariés,
fournisseurs, clients, riverains, défenseurs de l'environnement, etc.)
et devient un lieu où s'arbitrent les différents
intérêts portés par ces parties prenantes.
Le troisième type de réponse consiste à
considérer que l'entreprise a une responsabilité à
l'égard de l'intérêt général ou du bien
commun. Mais si l'on retient l'intérêt général
d'Adam Smith dans son livre Recherches sur la nature et les causes des
richesses des nations (1776, cité dans Capron, 2007), selon lequel
l'intérêt général découle de la somme
d'intérêts particuliers grâce à la bienveillante
« main invisible » du marché, on est ramené
à définir ce que peut être l'intérêt propre
d'une entreprise, celui-ci pouvant être appréhendé comme
étant la communauté d'intérêts entre le capital et
le marché (Robe, 1999, cité dans Capron,
2007).
En revanche, en suivant la notion de
« volonté générale » de Jean-Jacques
Rousseau dans son livre Le Contrat social (1762, cité dans
Beaufort, 2008), on est conduit à développer une
représentation de l'entreprise encastrée dans la
société et soumise aux exigences de la collectivité,
représentée par l'Etat, incarnant l'intérêt
général.
La question « par rapport à
quoi ? » renvoie aux critères et outils de
normalisation que la société ou des ONG se donnent pour
évaluer une entreprise socialement responsable.
Jusqu'où va la responsabilité des
entreprises ? L'étendue des limites peut être
placée de presque rien à l'infini. L'étendue des
responsabilités peut varier selon les époques, selon les attentes
et les forces de pression à l'oeuvre dans les sociétés
civiles. Les réponses sont finalement dépendantes de la culture,
de l'histoire et des institutions de chaque pays.
Pourquoi les entreprises devraient-elles être
socialement responsables? Approche théorique.
La justification de la RSE renvoie à la
représentation de la nature et du rôle de l'entreprise et de sa
raison d'être. Les théories de la RSE s'inscrivent entre deux
visions opposées de l'entreprise.
- Les théories néoclassiques : celles-ci
reposent sur le postulat de l'efficience des marchés, récusent
toute idée de responsabilité sociale et considèrent comme
« subversive » toute finalité autre que celle de
faire du profit pour les actionnaires (Friedman, 1971).
Les théories du courant moraliste éthique
Business Ethics : celles-ci affirment l'existence d'une
responsabilité morale des entreprises à l'égard de la
société et des générations futures, elles
attribuent à la firme un statut d'agent moral, capable de distinguer le
bien et le mal, et considèrent que l'entreprise a le devoir moral d'agir
de manière socialement responsable.
La plupart des approches théoriques qui cherchent
à définir la RSE, à en comprendre les déterminants
et les justifications, se situent en continu entre ces deux extrêmes.
Section II : Cadre conceptuel économique de la
RSE : la firme « noeud de contrats »
Ce cadre repose sur une représentation de l'entreprise
comme personne morale ayant noué des contrats avec diverses parties
prenantes ayant chacune leurs propres objectifs.
RSE et Théorie des parties prenantes
La théorie des stakeholders remet en cause la
primauté des actionnaires dans la gouvernance des entreprises. Elle
inscrit l'entreprise au coeur d'un ensemble de relations avec des partenaires
qui ne sont plus uniquement que les actionnaires, mais des acteurs
intéressés par les activités et les décisions de
l'entreprise. Le terme Stakeholders (parties prenantes) émerge
dans les approches stratégiques et l'analyse des relations de
l'organisation avec son environnement. Alors que l'environnement de
l'entreprise était appréhendé globalement, la
théorie des parties prenantes a permis d'opérationnaliser les
réponses stratégiques en listant les différentes
catégories d'acteurs qui le composent. Les objectifs et le management
stratégique doivent donc identifier et prendre en compte les
intérêts et les contraintes de ces acteurs. Afin de mieux cerner
le concept et de dresser l'inventaire des parties prenantes, de nombreux
auteurs ont dressé des typologies :
- Parties prenantes primaires ou secondaires (Carroll, 1989,
cité dans Capron, 2007) : les parties prenantes primaires sont
directement impliquées dans le processus économique et ont un
contrat explicite avec la firme. Il s'agit des actionnaires, des
salariés, des clients, des fournisseurs. Les parties prenantes
secondaires ont des relations volontaires avec la firme, dans le cadre d'un
contrat plutôt implicite ou moral. Il s'agit des associations de
riverains, des collectivités territoriales, ONG, etc.
Parties prenantes volontaires ou involontaires (Clarkson,
1995, cité dans Capron, 2007) : les parties prenantes volontaires
acceptent (en général contractuellement) d'être
exposées à certains risques, les parties prenantes involontaires
subissent le risque sans avoir noué aucune relation avec la firme.
Parties prenantes urgentes, puissantes,
légitimes : Mitchell (1997, cité dans Capron, 2007)
identifie ces facteurs comme expliquant l'attention portée par les
managers à certains types de parties prenantes dans un contexte de
ressources en temps limitées. Le pouvoir est détenu par ces
groupes d'acteurs qui ont la capacité d'influencer les décisions
actuelles ou futures de la firme. La légitimité d'un groupe
correspond à sa reconnaissance et son acceptation sociale.
Selon leurs attributs, les parties prenantes seront
incontournables, dominantes, dangereuses, dépendantes, dormantes. Ainsi
l'une des visions de la théorie des parties prenantes, la vision
« orientée business », avec la « RSE
comme un outil » présente la prise en compte de
l'intérêt des parties prenantes comme une condition de la
performance économique et financière de l'entreprise (Capron,
2007). Ainsi l'intérêt de l'entreprise et de ces actionnaires
passe par la mise en oeuvre de réponses adaptées aux attentes des
parties prenantes. Cette approche instrumentale s'inscrit dans la perspective
de la théorie de la dépendance à l'égard des
ressources.
RSE et Théorie de la dépendance à
l'égard des ressources
Cette théorie fait dépendre l'organisation des
acteurs de son environnement et affirme que sa pérennité
dépend de son aptitude à gérer des demandes de groupes
différents, en particulier ceux dont les ressources et le soutien sont
déterminants pour sa survie (Pfeffer et Salancik, 1978, cité dans
Capron, 2007). Dans ce cadre, les actions et les résultats de
l'entreprise sont jugés « acceptables » et ses
performances sont appréciées à la mesure des
critères internes d'efficience ou de rentabilité ; par
exemple pour avoir le droit de s'implanter dans une zone donnée et d'y
prélever les ressources nécessaires à son activité
(licence to operate), une entreprise doit, à la demande des
autorités locales, y construire des infrastructures routières et
sanitaires.
La vulnérabilité d'une organisation provient de
son besoin en ressources et du fait que ces ressources sont
contrôlées par son environnement. Si des groupes fournisseurs de
ressources se retirent du jeu, ils mettent la survie de l'organisation en
danger. Ces ressources sont relatives au capital financier mais aussi aux
ressources humaines (attractivité pour le recrutement) ou aux clients
(risque de boycott des consommateurs ou de cessation de commandes d'un client
important si l'entreprise ne respecte pas les normes imposées par les
clients).
Cette situation implique donc un management qui reconnaisse et
identifie les groupes sociaux dont dépend l'organisation, ajuste ses
actions à leurs demandes, gère les contre-pouvoirs et tente de
les influencer afin de réduire les incertitudes. L'aspect souvent
contradictoire des demandes sociétales donne une certaine marge de
manoeuvre aux dirigeants et entraine la nécessité de
« manipuler » éventuellement par des rituels et des
symboles, les groupes qui constituent des contraintes. La
« légitimité sociale », concept au coeur des
théories néo-institutionnelles, devient une ressource
stratégique dont dépend l'organisation pour sa survie. Les
entreprises requièrent un consensus de la société au sein
de laquelle elles évoluent et notamment auprès des groupes qui
leur fournissent des ressources clés.
La théorie de la dépendance à
l'égard des ressources inscrit la RSE dans la vision économique
traditionnelle des finalités de la firme. Les entreprises s'engagent
dans la responsabilité sociétale lorsqu'elles sont contraintes de
l'assumer pour répondre aux pressions et aux attentes des apporteurs de
ressources.
Section III : Cadre conceptuel sociologique de la
RSE : la firme encastrée dans la société
Cette approche repose sur une représentation de
l'organisation qui est totalement insérée dans la
société, ses lois, ses valeurs et sa culture. Les théories
sociologiques néo-institutionnelles assurent que les conditions de
l'environnement ne peuvent être séparées des
représentations qu'en ont les acteurs ; elles intègrent les
valeurs dominantes du contexte sociétal dans lequel s'exercent les
activités de l'entreprise. Elles soulignent l'importance de la dimension
symbolique et cognitive et intègrent les attentes conflictuelles des
différentes parties prenantes. Les dirigeants mettent en oeuvre des
stratégies d'image et de conformité symbolique ou affective avec
ces valeurs afin d'assurer la légitimité de l'entreprise. La RSE
peut également être analysée à la lumière de
la théorie des conventions.
Légitimité : valeur clé de la
RSE
La question de légitimité est consubstantielle
de l'ordre social. La conception weberienne (Capron, 2007) constitue la base
théorique de tous les travaux sur ce thème. Elle repose sur
l'adhésion des personnes au caractère rationnel, légal,
traditionnel ou charismatique du pouvoir. La légitimité
rationnelle et légale repose sur la croyance en la force de la loi et
des règlements. L'approche néo-institutionnelle s'inscrit dans
cette lignée. Elle affirme l'importance des institutions,
systèmes stables et légitimés des règles, de
normes et de valeurs, pour expliquer les faits sociaux et économiques.
Elle analyse le processus d'institutionnalisation et le processus de la
construction sociale de la légitimité.
La légitimité des entreprises naît au sein
d'un environnement institutionnalisé, c'est-à-dire un
environnement qui impose des exigences sociales et culturelles, qui les pousse
à jouer un rôle déterminé et à maintenir
certaines apparences extérieures. L'entreprise doit apprendre à
paraître selon les critères convenus, ressembler à une
organisation rationnelle. Suchman (1995, cité dans Capron, 2007)
présente une synthèse de travaux des sociologues
néo-institutionnalistes et définit la légitimité
comme « l'impression partagée que les actions de
l'organisation sont désirables, convenables ou appropriées par
rapport au système socialement construit de normes, de valeurs et de
croyances sociales ».
L'institutionnalisation n'exerce pas une pression
visible ; c'est un processus d'actions répétées et
d'habitudes qui traduisent des conceptions partagées et qui semblent
naturelles. Ces actions sont considérées comme « allant
de soi ». Dans ce contexte, un comportement socialement responsable
et une éthique minimale ne peuvent se réduire à une
stratégie rationnelle pour un résultat financier : ils
existent parce qu'il serait impensable de faire autrement. La
légitimité est symbolique : dans un environnement
institutionnalisé, les organisations légitimes obtiennent un
soutien indépendamment de leur valeur intrinsèque, sans
évaluation précise. Lorsqu'une organisation a appris à
paraître selon les critères convenus, ses activités ne
peuvent être différentes des apparences, surtout s'il est
difficile de mesurer les résultats (Meyer et Rowan, 1977, cité
dans Capron, 2007). La fréquence des termes
« transparence »,
« réputation », « développement
durable », « entreprise citoyenne », dans les
discours managériaux peut être interprétée comme la
volonté de présenter une image de conformité aux valeurs
dominantes.
Processus d'institutionnalisation de la RSE
Les organisations sont contraintes par leur environnement qui
agit par le biais des structures réglementaires, des organismes
gouvernementaux, des tribunaux, des professions, des groupements
d'intérêts ou de l'opinion publique (Capron, 2007).
En se conformant aux attentes sociales, les organisations vont
contribuer à institutionnaliser le champ organisationnel et à
construire un « isomorphisme5(*) » des entités constituantes. Les
managers vont consciemment ou inconsciemment se conformer aux règles,
normes et valeurs de leur environnement, sous la pression de trois sources de
contraintes institutionnelles : coercitives, normatives et
mimétiques. Ces contraintes vont conduire les organisations à
être de plus en plus semblables (Di Maggio et Powell, 1983, cité
dans Capron, 2007).
Les Contraintes coercitives
Les contraintes coercitives sont posées par la loi ou
la réglementation. Elles sont assorties de sanctions. Elles contraignent
les comportements et régulent les actions des groupes qui ne partagent
pas les valeurs que la société a traduites dans la loi.
Les contraintes normatives
Les contraintes normatives sont en général
édictées par les milieux professionnels. Les normes ne comportent
pas de sanctions mais elles orientent les comportements, elles
définissent des bases cognitives, des pratiques et des méthodes
similaires.
Les contraintes mimétiques
Les contraintes mimétiques conduisent les organisations
à en imiter d'autres, considérées comme des
modèles, et cela d'autant que l'environnement est incertain et ambigu.
L'anticipation de la conformité peut conférer à
l'entreprise un avantage de légitimité.
Section IV : Développement durable comme
positionnement stratégique
L'étude du positionnement stratégique en
matière de développement durable nous conduit à nous
interroger sur la manière dont les firmes actionnement une
démarche de développement durable.
Tous les secteurs d'activité peuvent être
caractérisés par certaines règles du jeu, ce que les
stratèges appellent de succès. L'idée de changer de jeu
peut évoquer pour beaucoup de dirigeants la modification des
règles d'affaires. Le jeu comporte des règles que les managers
suivent parfois sans même y songer. De tels comportements s'inscrivent
dans une logique profondément induite de la stratégie (Grandval
et Soparnot, 2008).
La stratégie est influencée par les
règles du jeu. L'adaptation stratégique caractérise alors
le processus d'alignement. Le processus d'alignement renvoie à la
capacité de la firme à faire face aux enjeux que lui propose son
environnement.
Mais on peut très bien envisager de modifier les
règles en place. Cela nécessite d'adopter une vision moins
déterministe de la stratégie et d'envisager la possibilité
de transformation du jeu des affaires. Le cadre du jeu n'est alors plus
considéré comme immuable.
Lorsque les conditions du jeu se trouvent inacceptables,
certains acteurs choisissent de les bouleverser en adoptant une
stratégie proactive. C'est cette logique qui explique les comportements
d'innovation stratégique. En matière de développement
durable, cette question s'avère centrale car le développement
durable est fait d'exigences nombreuses toujours plus contraignantes et
coûteuses pour certaines entreprises, ou porteuses d'opportunités
et créatrices de valeur pour d'autres.
Ces contraintes constituent pour de nombreux secteurs des
règles du jeu plus ou moins nouvelles. Alors les entreprises doivent
adopter un positionnement : faut-il les suivre et s'y plier ou est-il plus
judicieux de les devancer, voire tenter de les instituer ? En un mot faut-il
être un suiveur ou un inventeur « vert » ? Faut-il
transgresser les règles ou faut-il les suivre et s'y conformer le mieux
possible ? Faut-il pratiquer la ou l' ?
Pour répondre à ces questions, nous
présenterons en un premier point une typologie des comportements
responsables, et en un second point, nous présenterons le concept de
rupture stratégique.
Positionnement « Développement
Durable »
Si l'on ne saurait occulter la montée en puissance des
préoccupations écologiques et sociales dans le management des
entreprises, il faut reconnaître que toutes les entreprises n'ont pas le
même niveau d'engagement dans le développement durable, ou du
moins dans la prise en compte de la responsabilité sociétale et
environnementale. C'est ainsi qu'émergent deux logiques dominantes
(Grandval et Soparnot, 2008) :
o Une logique de choix discriminatoire pour avancer, voire
devancer le niveau de contraintes « vertes »,
environnementales,
o Et une logique de réponse adaptative aux contraintes
légales permettant d'être aligné face aux exigences
écologiques, sociales et légales.
Ces logiques témoignent d'une double conception des
actions « responsables » :
- la logique proactive qui s'inscrit dans une perspective
délibérée et volontariste de l'action. Ici les
règles du jeu sont construites de l'action.
La logique adaptative, qui est le reflet d'une action
contrainte. Ici les règles du jeu sont subies.
1- Stratégie volontariste : le comportement
Ecosensible
L'Ecosensible vise à créer la rupture dans son
secteur d'activités par une politique volontariste. L'objectif est de
bouleverser les règles du secteur et de confiner les concurrents dans un
rôle de suiveur en reconfigurant constamment les normes. L'Ecosensible
va tenter de peser sur les règles pour évoluer dans un jeu qui
lui convienne en termes éthique mais également économique.
L'entreprise peut tenter d'obtenir un avantage concurrentiel en influant sur le
règlement afin que celui-ci favorise l'entreprise au détriment,
en termes relatifs ou absolus, de ses concurrents.
Les entreprises écosensibles sont proactives, elles
n'attendent pas la promulgation de lois pour intégrer les données
environnementales et sociales dans leur management. Elles les devancent ou les
dépassent. Mais l'action volontariste
« responsable » n'est pas le résultat d'une logique
exclusivement idéologique. La logique instrumentale n'est pas absente
des raisonnements de l'écosensible. Celui-ci tire avantage de son
action.
Ces bénéfices se situent aux niveaux des
coûts, de la légitimité (image véhiculée
auprès des parties prenantes, culture de l'entreprise) et de la
différenciation (qualité des produits, labellisation). Pour des
entreprises multinationales, la donnée environnementale est
stratégique car elle dépasse la recherche d'adaptation aux
contraintes le plus souvent légales.
2) Stratégie déterministe : le
comportement Ecodéfensif
L'Ecodéfensif se cantonne à respecter les normes
en vigueur prenant le risque d'être dépassé par celles-ci.
Pour ces acteurs, le développement durable est créateur de
contraintes légales fortes, donc sources de coûts importants pour
y faire face. La logique financière et les résultats
économiques immédiats priment pour les Ecodéfensifs. La
recherche exclusive du profit conduit à penser les investissements
écologiques et sociaux comme des coûts inutiles. Il respecte les
normes sans les dépasser et limite les risques d'infraction.
L'Ecodéfensif subit les règles du jeu, il les
accepte et s'y adapte, mais ne cherche pas à les configurer. Il est
l'objet de la stratégie de ses concurrents et adopte un comportement
mimétique. Sa stratégie est donc déterminée par
celle de ses compétiteurs.
Dans le champ de la stratégie d'entreprise, le concept
de rupture est avancé pour expliquer les comportements innovants et
proactifs.
Développement durable comme stratégie de
rupture
La plupart des entreprises cherchent à adopter un style
de management qui pose le moins de difficultés en conduisant
l'organisation selon un mode qui exclut au maximum la surprise.
L'hypothèse implicite serait alors la suivante : pour connaître le
succès, les organisations doivent opérer dans des états de
stabilité. Les politiques de lobbying visant à protéger
les intérêts sectoriels procèdent de cette volonté
d'exclure ce qui pourrait transformer les règles du jeu. Si cette
hypothèse vaut comme principe de management, comment expliquer que les
entreprises les plus rentables évoluent fréquemment dans les
secteurs turbulents ? Le stratège ne saurait refuser la turbulence. Il
doit l'intégrer dans des décisions stratégiques.
L'Ecosensible opportuniste adopte une politique de
développement durable qui crée l'instabilité car elle
bouleverse les pratiques enracinées dans l'organisation. Le but d'une
stratégie n'est donc pas de maintenir la linéarité mais de
s'y opposer pour trouver des portes d'avancées nouvelles. Le rôle
du manager a donc changé. S'il gère la continuité, il doit
s'imposer également la rupture pour construire son secteur et
affaiblir ses concurrents.
Une rupture est une mutation de l'univers dans lequel
évolue une entreprise, accompagnée d'une reformulation du jeu
concurrentiel. Soit l'entreprise provoque cette rupture, soit elle subit cette
rupture affligée par ses concurrents ou un autre acteur de son
environnement. La rupture se rapproche de la destruction créatrice car
elle implique une transformation radicale des pratiques de management et
résulte d'un mode de pensée et d'analyse en rupture avec le
modèle dominant (le paradigme).
Le développement durable est donc susceptible de
provoquer des ruptures sectorielles majeures et ceux qui les initient peuvent
en tirer des avantages conséquents sur leurs concurrents
immédiats.
Il existe quatre niveaux de rupture : le
niveau intrafirme, le niveau intrafilière, le niveau intrasecteur et le
niveau intersecteur.
- Le niveau Intrafirme concerne l'organisation dans ses
frontières.
Le niveau intrafilière se réfère
à des ruptures qui touchent les firmes entretenant des relations de
fournisseur à client, des matières premières au produit
final (supply chain).
Le niveau intrasecteur se rapporte aux innovations ayant un
impact sur les firmes concurrentes.
- Enfin le niveau intersecteur renvoie à des
innovations qui affectent les firmes évoluant dans des secteurs
distincts.
Le niveau intrafirme a une portée responsable
relativement faible car les innovations ne s'opèrent que sur la
chaîne de valeur de l'entreprise. Une rupture responsable
véritablement innovante pourrait consister en une coopération
entre les firmes relevant d'une même filière (des fournisseurs aux
clients), situant ainsi la rupture dans les interconnexions entre les
chaînes de création de valeur de firmes entretenant des relations
de marché.
En effet, les réussites comportent des risques si
l'entreprise ne contrôle pas l'ensemble des acteurs de la filière
de la chaîne de création de valeur. Une firme peut voir la valeur
créée par son action atténuée par le comportement
non responsable d'un de ses partenaires situés en amont ou en aval de sa
chaîne.
Si la coopération intrafilière est
nécessaire, on peut imaginer des coopérations intrasecteur (entre
firmes concurrentes), voire intersecteur.
La figure 4 vient appuyer ce raisonnement. Elle montre que
l'industrie dans son ensemble produit des déchets car elle ne fonctionne
pas en cycle fermé. Dès lors, une action collective (entre
plusieurs firmes) peut s'avérer plus bénéfique au niveau
écologique qu'une action individuelle (une seule firme).
Les entreprises à titre individuel, en se
lançant dans le développement durable peuvent réussir
à réduire le gaspillage de ressources. Cependant, les produits
que les entreprises génèrent contiennent de grandes
quantités de substances toxiques qu'aucune entreprise ne peut seule
éliminer.
Les écologistes ont préconisé des
« pools de matériaux », sur la base d'une
collaboration active et systématique d'entreprises à travers des
chaînes de valeur complexes, afin d'identifier et d'éliminer les
sources de gaspillage et de pollution (Senge, 2003, cité dans Grandval
et Soparnot, 2008). La perspective est alors interindustrielle et non plus
intra-industrielle dans une seule perspective de filière. La
démarche vise à réduire les externalités
négatives d'une industrie grâce à d'autres industries qui
peuvent remanufacturer, recycler, composter les déchets et rejets de
cette industrie.
Figure 4 : Pourquoi l'industrie produit des
déchets.
Source: Grandval et Soparnot, 2008
La figure 5 nous donne un aperçu de ce à quoi
conduit une telle approche globale. L'industrie du plastique commence à
adopter une telle attitude dans les pays développés. L'innovation
stratégique peut donc prendre la forme d'une action responsable.
L'option d'une rupture suite à une politique de développement
durable est celle qu'adoptent les Ecosensibles.
Cette revue de la littérature nous a conduit à
prendre conscience que le développement durable peut constituer pour une
entreprise un véritable enjeu de positionnement stratégique dans
un marché concurrentiel où les règles de jeu, bien
qu'établies, peuvent être changées par un acteur de
filière.
Ainsi au niveau des firmes, deux comportements sont
observables en matière de politique de développement durable :
l'Ecosensible et l'Ecodéfensif. Comme il a été
démontré, l'Ecosensible crée la rupture dans son secteur
d'activités par une politique volontariste. Son objectif est de
bouleverser les règles du jeu dans le secteur et de confiner les
concurrents dans un rôle de suiveur en reconfigurant constamment les
normes.
Figure 5 :Organisation d'un système industriel
cyclique qui imite la nature.
Source: Grandval et Soparnot, 2008
En Côte d'Ivoire, la vente des carburants reste
très réglementée par le Gouvernement qui détermine
les prix de vente à la pompe. Les mêmes produits répondent
aux mêmes besoins, et au même prix, utilisent les mêmes
circuits de distribution. Quelques entreprises font recours à
l'additivation (TCI, Shell), pour créer une différenciation avec
les autres entreprises concurrentes.
Par conséquent, les lubrifiants constituent pour les
firmes pétrolières la gamme de produits où elles peuvent
opérer une différenciation par rapport à la concurrence.
Encore que ces produits dans l'ensemble répondent tous à des
standards internationaux et ne constituent pas l'exclusivité pour les
sociétés pétrolières. Ce segment fait d'ailleurs
face à une concurrence accrue de produits d'importation.
Il ne reste alors que les gammes de services et d'initiatives
à valeur ajoutée que les entreprises offrent à leurs
clients. Le développement durable peut s'inscrire dans ce cadre. A ce
jour, dans le secteur pétrolier, aucune firme n'a mis sur pied une
stratégie de rupture axée sur la collecte et la valorisation des
déchets d'emballage lui ayant permis de se démarquer des
concurrents, tout en créant une chaîne de valeur pour
elle-même et pour les parties prenantes, et faisant naître une
dynamique intrafilière.
Section V : Normalisation et développement
durable : la Norme ISO 14001
Présentation de l'Organisation Internationale
de Normalisation (ISO) et la norme ISO 14001
L'ISO (Organisation internationale de normalisation) est le
plus grand producteuret éditeur mondial de internationales. L'ISO est un
éseau 'instituts nationaux de normalisation de pays, selon le principe
d'un membre par pays, dont le Secrétariat central, situé à
Genève en Suisse, assure la coordination d'ensemble. L'ISO est une non
gouvernementalequi jette un pont entre le secteur public et le secteur
privé. Bon nombre de ses instituts membres font en effet partie de la
structure gouvernementale de leur pays ou sont mandatés par leur
gouvernement, et d'autres organismes membres sont issus exclusivement du
secteur privé et ont été établis par des
partenariats d'associations industrielles au niveau national. L'ISO permet
ainsi d'établir un des solutions répondant aux exigences du monde
économique et aux plus généraux de la
société.
La principale mission de l'ISO est de rationaliser et de
promouvoir l'échange de biens et de services par le biais de normes
internationales à adhésion volontaire. Le champ d'action de l'ISO
embrasse tous les secteurs, à l'exception de l'ingénierie
électrique et électronique qui est du ressort de la Commission
Electrotechnique Internationale (CEI) et des télécommunications
qui relèvent de l'Union International des
Télécommunications (UIT).
La norme ISO 14001, propose aux entreprises volontaires un
modèle générique de gestion attestant qu'un système
de management environnemental documenté est mis en place. Cette
démarche est basée sur l'exigence minimale de respect de la
réglementation, la prévention et sur la recherche d'une
amélioration continue. Cette logique d'amélioration continue ne
se fait pas à travers des seuils imposés de l'extérieur,
ou dans une perspective comparative par rapport à d'autres entreprises,
mais dans une logique individuelle et progressive par rapport à ses
propres objectifs. Ainsi, deux entreprises similaires certifiées ISO
14001 peuvent avoir des performances environnementales différentes
au-delà du simple respect de la réglementation (Clapp, 2001,
cité par Mzoughi et Grolleau, 2005).
Figure 6 : La roue de Deming
Source : Mzoughi et Grolleau, 2005
La norme ISO 14001 peut concerner un site particulier, un
produit ou l'entreprise dans son ensemble. En outre, toutes les entreprises,
quels que soient leur taille et leur secteur d'activité, sont
susceptibles d'obtenir la certification ISO 14001. Les principales exigences de
cette norme reposent sur le principe de la roue de Deming (boucle
d'amélioration continue "PDCA").
Intérêts pour une entreprise à
s'engager dans une certification ISO 14001
Une étude du Groupe AFNOR a permis d'identifier les
raisons principales qui ont poussé les entreprises à s'engager
dans une démarche de certification environnementale sont :
- L'amélioration de l'image de marque de l'entreprise
et la confiance renforcée des parties prenantes, ainsi qu'une
réponse apportée aux exigences des pouvoirs publics,
- La réduction des impacts environnementaux sur les
sites de production à la fois pour des raisons économiques et de
protection des salariés,
- Le projet est fédérateur en interne et
constitue un facteur de décloisonnement dans l'entreprise,
- L'engagement et la volonté personnelle de la part du
dirigeant,
- Les opportunités commerciales et marketing que cela
représente.
L'ISO 14001 constitue, pour les entreprises qui l'ont
adopté, un réel outil de pilotage de l'organisation (Cf. Annexe
V). La mise en place d'une démarche de certification ISO 14001 permet
à une entreprise d'améliorer ses performances environnementales
(gestions des ressources, recyclage et retraitement des déchets,
maîtrise des risques). Le déploiement de l'ISO 14001 impacte le
comportement des salariés et les relations avec les parties prenantes
s'améliorent significativement. Par ailleurs, l'étude du lien
entre respect de l'environnement et performance financière de
l'entreprise démontre que plus l'organisme possède une gestion
responsable de son environnement, plus la performance financière est
élevée. L'entreprise respectueuse de son environnement
réduit ses risques de pénalités financières et
accroît ainsi son acceptabilité par la collectivité.
Il existe un lien étroit entre la normalisation et le
développement durable (Figure 7). Bien qu'il n'existe pas de normes ISO
sur le développement durable, les normes sur les aspects
économiques et la gestion de la qualité (ISO 9001), sur le
système de management environnemental (ISO 14001) et sur la
responsabilité sociale de l'entreprise (ISO 26000) permettent de couvrir
assez bien les dimensions économiques, environnementales et sociales du
concept de développement durable.
L'adoption de ces trois normes semble d'autant plus pertinente
que ces référentiels reposent sur des principes de gestion
similaires favorisant l'intégration plutôt que la juxtaposition
de plusieurs systèmes de gestion. C'est le cas pour les normes ISO 9001
et 14001 qui peuvent être mises en oeuvre conjointement afin
d'éviter d'alourdir les procédures et les structures. Cette mise
en oeuvre conjointe, qui est encouragée par les concepteurs des normes
est susceptible de favoriser l'intégration entre les aspects
économiques et environnementaux. La même logique devrait
s'appliquer à la future norme ISO 26000 qui devrait être
compatible avec les systèmes ISO 9001 et ISO 14001 (Boiral, 2006).
Par conséquent, l'engagement de Total Côte
d'Ivoire en faveur de la norme 14001 pour l'ensemble de ses activités
constituerait la concrétisation de sa politique de développement
durable.
Figure 7 : Normalisation et Développement
durable.
Source : Ahoti Yapo, 2008
Ainsi, la norme 14001 constitue un dispositif permettant aux
firmes multinationales de s'assurer de la cohérence entre les
engagements figurant dans leur charte et leurs actions sur le terrain, de
s'assurer de l'homogénéité d'actions entre leur
sièges et leurs filiales.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES, PRESENTATION DES RESULTATS ET
PERSPECTIVES
|
Chapitre III : Facteurs explicatifs des
divergences au sein des filiales des entreprises multinationales en
matière de RSE.
L'objectif de notre travail de recherche était
d'identifier les facteurs qui pouvaient conduire les multinationales à
changer de comportement en matière de RSE en fonction du lieu où
elles se trouvaient. Le champ de RSE choisi est celui de l'engagement en faveur
de l'environnement, et plus particulièrement les actions en vue du
traitement des déchets issus des biens et services mis à la
consommation.
Le cadre d'analyse porte sur la France et la Côte
d'Ivoire. Compte tenu des résultats satisfaisants obtenus en France et
des nombreuses initiatives prises par Total France, le modèle
français constitue notre modèle de référence dans
une approche d'analyse comparative.
Pour exploiter au mieux les données recueillies et
mener à bien notre analyse comparative, six critères de
comparaison ont été déterminés. A chacun de ces
critères, un ensemble de variables a été associé.
Ainsi, les critères et les variables qui nous ont paru les plus
importants pour identifier les raisons pour lesquelles les multinationales
changent leurs pratiques en matière de RSE selon le pays où elles
sont installées sont les suivantes :
- Le cadre réglementaire :
o L'importance de la réglementation des textes
légaux et leur degré d'application,
o Le degré de précision du Code de
l'Environnement.
- Le cadre institutionnel :
o Le degré de cohésion des
différents acteurs et des politiques environnementales intervenant dans
la filière.
Le niveau de stabilité des institutions,
- Le cadre normatif :
o La qualité du système de normes mis en
place,
Le dispositif de sensibilisation à l'environnement et
à l'écocitoyenneté,
- Le cadre économique :
o La valeur économique ou non-économique
associée aux déchets,
Le type de système économique mis en place pour
le financement des déchets,
o Le système de traitement des déchets,
- Degré d'implication du secteur privé dans le
processus de gestion des déchets :
o Le niveau de contraintes légales et d'engagement des
acteurs privés au processus de traitement des déchets,
- Degré d'implication des citoyens dans le processus de
gestion des déchets :
o La participation des citoyens aux gestes de tri,
o Le système d'information environnementale.
C'est à la lumière de ces critères que
nous identifierons les facteurs qui seront proposés comme
système d'explication au comportement organisationnel des
multinationales et des divergences qui en découlent.
Section I : Facteurs explicatifs relatifs au Cadre
réglementaire.
Tableau 1 : Facteurs explicatifs relatifs au cadre
réglementaire de la gestion des déchets en France et en
Côte d'Ivoire
|
France
|
Côte d'Ivoire
|
Ø Les Textes légaux fondateurs
|
- la gestion des déchets a donné lieu à
une intense activité législative et réglementaire. Les
premiers textes datent de 1669, Ordonnance de
Jean-Baptiste
Colbert6(*) portant
règlementation des coupes et de la vente des produits forestiers.
- Il existe une définition claire et exhaustive des
déchets avec un niveau de précision élevée.
- Les textes de loi font obligation aux entreprises de
gérer les déchets qu'elles génèrent. Le
décret n° 92-377 du 01/04/1992 sur les déchets
ménagers prévoit que : « Les producteurs sont
responsables de l'élimination des déchets qu'ils
génèrent ».
- Les textes de loi précisent les modes et les
filières d'éliminations des déchets. Le décret
n° 94-609 du 13/07/1994 n'autorise comme seules voies
d'élimination des déchets ménagers : la valorisation,
le recyclage ou toute autre action visant à obtenir des matériaux
réutilisables ou de l'énergie.
- La valorisation est un procédé obligatoire
imposé aux entreprises. La Directive 94/62/CE du 20/12/94 relative aux
emballages et déchets d'emballages préconise d'atteindre :
un taux global de valorisation pour tous les matériaux de 50 à
65% et un taux global de recyclage entre 25 et 45%. Par conséquent
depuis 2002, les installations d'élimination des déchets par
stockage ne sont autorisées à accueillir que des déchets
ultimes.
|
- La Côte d'Ivoire, comme la plupart des pays en
développement, a pendant longtemps conservé l'appareil
législatif en matière d'environnement qu'elle a
hérité de la colonisation (Gnangui, 2009).
- Cette faible capacité de légiférer de
la Côte d'Ivoire dans le domaine de l'environnement est la
résultante même du peu d'importance que les pays Africains
accordaient à la protection de l'environnement (Kamto, 1996).
Les premiers rapports nationaux sur l'environnement n'ont
été élaborés pour la première fois
qu'à la veille du Sommet de Rio, sous la préconisation de la
CNUED et le PNUD qui ont apporté un concours financier et un appui
technique et non négligeables aux Etats Africains pour la confection de
ces rapports (Kamto, 1996).
- Mais depuis le début des années 1990 et
surtout après la conférence de Rio, la prise de conscience par
les gouvernants de la nécessité de la protection de
l'environnement a été nette : Plan national d'action pour
l'environnement (PNAE) en 1994, Code l'Environnement en 1996, Code de l'Eau en
1998, etc.
La législation ne traite pas explicitement de normes
en matière d'élimination des déchets, encore moins de la
responsabilité des producteurs ou détenteurs des déchets.
|
- Le Code de l'environnement
|
- Le Code de l'Environnement en France se veut exhaustif et
comporte 6 Livres comprenant 714 Articles contenus sur environ 967 pages
(version numérique). Ceci garantit un caractère précis, et
compréhensible pas tous.
- Existence d'une Nomenclature des déchets permettant
aux entreprises de savoir dans quelles filières elles se situent, tout
en sachant les dispositions réglementaires et techniques prévues
pour le traitement des déchets découlant de leurs
activités7(*). Au
niveau de la Communauté Européenne, il existe un Catalogue
Européen des déchets (CED) soumis à un examen
périodique de l'Union Européenne et qui vient en renforcement aux
législations nationales.
- Le principe de responsabilité élargie du
producteur est clairement mentionné. L'article L. 541-2 fait obligation
au producteur ou au détenteur de déchets d'en assurer ou d'en
faire assurer l'élimination dans des conditions satisfaisantes pour
l'environnement. Cette obligation est à l'origine du principe «
pollueur-payeur » de la responsabilité du producteur ou du
détenteur de déchets qui doit pouvoir justifier de la destination
finale de ses déchets.
- Limitation de la mise en centre de stockage de
déchet : L'article L. 541-24 précise «qu'à
compter du 1er juillet 2002, les installations d'élimination des
déchets par stockage ne seront autorisées à accueillir que
des déchets ultimes».
- Renforcement du droit d'information du public : Article
L. 124-1 : «Toute personne a le droit d'être informée sur les
effets préjudiciables pour la santé de l'homme et l'environnement
du ramassage, du transport, du traitement, du stockage et du dépôt
des déchets ainsi que des mesures prises pour prévenir ou
compenser ces effets».
- L'article précise, par ailleurs, les modalités
de création et de fonctionnement des commissions locales d'information
et de surveillance (CLIS), pouvant être mises en place à
l'initiative de l'État ou de la commune qui accueille un site
d'élimination de déchets.
- L'arrêté du 2 février 1998 relatif aux
installations classées pour la protection de l'environnement instaure
l'étude déchets, qui vient compléter l'étude
d'impact. Cette étude, obligatoire pour toute nouvelle demande
d'autorisation, peut sous certaines conditions, être imposée
à des industries déjà existantes.
|
- La Côte d'Ivoire va disposer pour la première
fois d'un Code de l'environnement par l'adoption en 1996, de la loi n°
96-766 du 3 octobre 1996.
- La principale conséquence est que la production
industrielle développée jusqu'à récemment sans
mesures de protection de l'environnement, est la principale (environ 70%)
source de pollution des milieux aquatiques. Les eaux lagunaires au niveau
d'Abidjan, où sont concentrées l'essentiel des industries, sont
particulièrement affectées par la pollution d'origine
industrielle et humaine8(*).
- Le Code de l'Environnement en Côte d'Ivoire se veut
très synthétique, comporte 6 Titres comportant 113 articles
contenus sur environ 27 pages (version numérique). Cette absence de
détails ne facilite pas la lisibilité et ne fournit pas de
façon détaillée des informations aux opérateurs.
- Il n'est fait mention d'une nomenclature
détaillée des déchets. Il est fait mention des
déchets ménagers et des déchets dangereux.
- Cette absence de classification standardisée des
déchets dont les opérateurs économiques où les
collectivités locales peuvent se servir pour la gestion des
déchets à collecter, à traiter et à éliminer
rend difficile l'application uniforme des textes.
- Il n'est pas fait obligation aux producteurs, importateurs
et distributeurs de produits générateurs de déchets de
pourvoir ou de contribuer à l'élimination des déchets qui
en proviennent.
- Le Code Ivoirien ne définit de façon
précise les filières de traitement, de valorisation ou de
recyclage des déchets.
- Ce n'est qu'en 1996 que l'étude d'impact
environnemental est pour la première fois juridiquement reconnue par le
législateur qui, conformément à l'article 39, soumet tous
les projets, programmes, ou plans susceptibles d'avoir des conséquences
sur l'environnement à une étude d'impact préalable.
|
|
Source : L'auteur
Au regard des développements qui
précèdent, force est d'admettre que le droit de l'environnement
en Côte d'Ivoire, comme celui de la plupart des pays Africains en
général, est resté pendant longtemps figé voire
inadapté à la situation socio-économique du pays, depuis
1992 (Conférence de Rio sur l'environnement et le développement).
Le législateur tente de rattraper le retard accusé dans le
domaine de l'environnement. Ainsi depuis 10 ans, l'arsenal juridique en
matière de protection de l'environnement ne cesse d'être
renforcé. Si le progrès enregistré par le droit de
l'environnement en Côte d'Ivoire paraît satisfaisant, il faut dire
qu'il se pose par ailleurs, le problème de l'effectivité de son
application. Or l'efficacité du droit de l'environnement ou du droit
tout simplement, résulte dans son application effective. En Côte
d'Ivoire, comme dans la plupart des pays en développement, pour des
raisons socioéconomiques et politiques l'application du droit est
très difficile (Gnangui, 2009).
La dégradation de l'environnement, déjà
peu maîtrisée avant la crise dans certains domaines, s'accentue.
Les obstacles identifiés mettent en évidence un déficit de
gouvernance environnementale, à savoir : (1) la
méconnaissance de la réglementation résultant d'une faible
implication des populations dans la préparation de ces textes, (2) d'un
déficit de vulgarisation et des compétences juridiques
limitées des entités de différents échelons
chargées de les faire appliquer (Rapport Communauté
Européenne-République de Côte d'Ivoire, 2008).
Ainsi le dispositif réglementaire actuel ne facilite
par une gestion de l'environnement en général, et des
déchets urbains en particulier. Les textes de lois et les décrets
n'incitent, ni ne contraignent les opérateurs économiques
à s'impliquer de façon directe aux processus d'élimination
des déchets.
Pour avoir le droit de s'implanter en Côte d'Ivoire dans
une zone donnée et d'y prélever les ressources nécessaires
à leurs activités (licence to operate), le dispositif
juridique n'exige pas aux entreprises qu'elles s'impliquent dans la gestion des
déchets, ni ne définit de façon claire les dispositifs de
traitement ou de valorisation. Or, les théories sociologiques
néo-institutionnelles assurent que les conditions de l'environnement ne
peuvent être séparées des représentations qu'en ont
les acteurs ; elles intègrent les valeurs dominantes du contexte
sociétal dans lequel s'exercent les activités de l'entreprise.
Par conséquent, Total Côte d'Ivoire, n'étant nullement
interpellée par le dispositif légal et réglementaire,
n'est pas prédisposée en aucun moment à s'engager dans des
actions de traitement de ses déchets d'emballages car elle n'y tire
aucune légitimité, ni ne répond à aucune exigence
obligatoire au déploiement de ses activités.
Section II : Facteurs explicatifs relatifs au Cadre
institutionnel
Tableau 2: Facteurs explicatifs relatifs au cadre
institutionnel de la gestion des déchets en France et en Côte
d'Ivoire
|
France
|
Côte d'Ivoire
|
Ø Le degré de coordination des politiques
environnementales et des différents acteurs intervenant dans la
filière.
|
- Un seul organisme a en charge la coordination des actions
pour l'environnement : L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise
de l'Energie (ADEME).
- c'est un Etablissement public à caractère
industriel et commercial, placé sous la tutelle conjointe du
Ministères en charge de l'Ecologie, de l'Energie, du
Développement durable et de la Mer, en charge des technologies
vertes et des négociations sur le Climat et du
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.
- L'ADEME participe à la mise en oeuvre des politiques
publiques dans les domaines de l'environnement, de l'énergie et du
développement durable.
- l'Agence met à disposition des entreprises, des
collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public, ses
capacités d'expertise et de conseil.
- Il existe une plate-forme intégrant débat
multiparties réunissant des représentants du gouvernement,
d'associations professionnelles et d'ONG : le Grenelle
Environnement ; Son but est à prendre des décisions à
long terme en matière d'environnement et de développement
durable.
|
- Plusieurs institutions gouvernementales interviennent
dans le domaine de l'environnement : Le Ministère de la ville et de la
Salubrité Urbaine, le Ministère de l'Environnement, des Eaux et
Forêts, le Ministère et de la Santé et de l'Hygiène
Publique, etc.
- Plusieurs institutions infra-gouvernementales :
L'Agence Nationale de la Salubrité Urbaine (ANASUR), le Fonds de Soutien
aux Programmes de Salubrité Urbaine (FSPSU), le Centre Ivoirien
Anti-pollution (CIAPOL), l'Agence Nationale de l'Environnement (ANDE).
- Difficulté de coordination des politiques
environnementales, chevauchement de compétences.
- Tous les Ministères s'occupent de questions
environnementales, provoquant à des degrés divers, chevauchement
et conflits de compétences, et une confusion par rapport aux mandats et
aux responsabilités (Profil environnemental de la Côte
d'Ivoire-Rapport final, Août 2006).
|
Ø Le degré de Stabilité des
institutions et capacités institutionnelles.
|
- L'ADEME est en charge de la mise en oeuvre
opérationnelle de plusieurs des mesures phares du Grenelle.
- Une seule institution est en charge de la
mise en oeuvre des politiques publiques dans les domaines de
l'environnement, de l'énergie et du développement durable. Ceci
favorise une continuité et une cohérence dans les initiatives
prises en faveur de l'environnement.
- Grâce à la stabilité institutionnelle,
les entreprises sont à même de trouver en l'ADEME un partenaire
sûr et fiable en matière de gestion de déchets et de
préoccupations environnementale. .
|
- l'instabilité institutionnelle amoindrit
l'efficacité des actions et empêche le suivi efficace des
programmes.
- Les différentes structures étatiques sont
caractérisées par de restructurations récurrentes. Cela
occasionne une absence de « mémoire
institutionnelle » et un manque de clarté sur les missions,
rôles et tâches attribués et parfois des duplications.
- Le centre de transfert et de tri de Williamsville n'en
n'est pas un, puisqu'il n'est doté d'aucun équipement permettant
comme il se doit de faire le tri des déchets comme il se doit (Moussa,
2009),
|
Ø Niveau de coordination des actions sur le
terrain
|
- Un seul organisme se charge sur le terrain de la gestion
opérationnelle des déchets et des filières de valorisation
et d'élimination
- Depuis le 1er novembre 1993, Eco-Emballages,
une entreprise privée créée à l'initiative d'une
poignée d'industriels de la grande consommation, est
agréée par les pouvoirs publics.
- Sa mission : installer, organiser, superviser et financer la
collecte sélective, le tri et le recyclage des emballages
ménagers en France. En 2001, Eco-Emballages atteint avec un an d'avance
les objectifs fixés par le Grenelle de l'Environnement, avec un taux de
83% d'emballages valorisés, dont 58% recyclés (Cf. Annexe VI).
- En contribuant au programme Eco-Emballages, les entreprises
se mettent en accord avec la loi qui les oblige à participer à la
revalorisation des emballages qu'elles mettent sur le marché.
- Eco-Emballages regroupe 36.161 des 36.679 communes et 59,4
millions de Français desservis, plus de 47 000 entreprises.
|
- La gestion opérationnelle des questions connait
aussi des restructurations récurrentes.
- Le Code de l'environnement de 1996 intègre la
politique de décentralisation et renforce le rôle des
collectivités locales dans la préservation environnementale
puisque "les communes sont responsables de la collecte du transport et de
l'élimination des déchets ménagers" (article 66), "sont
tenues d'avoir un plan de gestion de l'environnement, une ou plusieurs
décharges contrôlées d'ordures ménagères"
(article 67).
- Aujourd'hui les déchets sont gérés par
deux organismes : l'Agence nationale de l'environnement (ANDE) pour les
déchets dangereux, et l'Agence Nationale de Sécurité
Urbaine (ANASUR) pour les déchets ménagers, d'où une
disparité des compétences.
- Cette pluralité des institutions créent un
flou dans la gestion des déchets tant pour les entreprises que pour les
collectivités locales.
|
|
Source : L'auteur
Selon le critère de l'impact du cadre institutionnel
sur les initiatives en matière de RSE, nous constatons que la
stabilité et la capacité des institutions est indispensable pour
garantir aux entreprises des interlocuteurs sérieux et des
intermédiaires dans leur engagement en matière de RSE. Ainsi le
tableau 2 nous montre qu'en Côte d'Ivoire contrairement à la
France, Total ne dispose pas d'un interlocuteur institutionnel sérieux
(par la qualité de ses prestations et l'assurance garantie par ses
résultats) pouvant apporter conseils ou prendre le relais dans le cadre
d'une sous-traitance pour un programme de RSE. La gestion des déchets
ménagers a été arrachée aux collectivités
locales et confiée à l'ANASUR par ordonnance n°2007-586 du 4
octobre 2007. Par conséquent, les collectivités locales au sein
lesquelles les entreprises déploient leurs activités au quotidien
ne disposent plus de moyens pour jouer leur partition. (Essis, 2009).
Par contre, en France, l'organisation et la centralisation
des institutions garantissent un cadre institutionnel stable et dynamique en
matière de gestion des déchets (Annexe VIII)) offre à
Total France la facilité pour mener des actions RSE en matière de
gestion de ses déchets d'emballage. Au-delà de la
réglementation, les entreprises trouvent un dispositif institutionnel
qui favorise, encourage et garantit la légitimité des actions
RSE. En l'absence d'un cadre institutionnel stable, clair et transparent pour
tous, il est difficile pour les organisations de prendre des initiatives et de
bénéficier d'une expertise ne relevant pas de leurs
métiers traditionnels. L'approche néo-institutionnelle s'inscrit
dans cette lignée. Elle affirme l'importance des institutions,
systèmes stables et légitimé des règles, de normes
et de valeurs, pour expliquer les faits sociaux et économiques. La
légitimité des entreprises naît au sein d'un environnement
institutionnalisé, c'est-à-dire un environnement qui impose des
exigences sociales et culturelles, qui les pousse à jouer un rôle
déterminé et à maintenir certaines apparences
extérieures, tout en bénéficiant d'un dispositif
facilitant les initiatives prises au-delà des obligations
légales.
Section III : Facteurs explicatifs relatifs au
Cadre économique
Tableau 3 : Facteurs explicatifs relatifs au cadre
économique de la gestion des déchets en France et en Côte
d'Ivoire
|
France
|
Côte d'Ivoire
|
Ø La valeur économique des
déchets
|
- Caractère économique reconnu aux
déchets : 2000 entreprises interviennent dans la chaîne du
recyclage et de la valorisation,
- Le secteur du recyclage et de la valorisation constitue un
gisement d'emploi et de recettes fiscales : 28000 emplois
générés par la collecte sélective et le recyclage
des emballages ménagers Eco-Emballages, 2009).
|
- Le dispositif actuel de gestion des déchets ne
confère pas à ceux-ci une valeur économique (Annexe
VII),
- Les déchets n'engendrent que des externalités
négatives : pollution, maladies, nuisances diverses9(*) (Kouadio, 2008),
- Le projet éco-emballages initié par l'ANDE en
2005 n'a jamais vu le jour (Touré Moussa, 2005)
|
Ø Le système de financement des
déchets
|
- Système économique
équilibré : pour assurer la gestion des déchets
d'emballages ménagers dans le cadre du dispositif Eco-Emballages, les
collectivités ont deux sources principales de financement.
- Les soutiens versés par Eco-Emballages, qui
proviennent des contributions des entreprises. Ces soutiens sont versés
aux collectivités en fonction de leurs performances de recyclage ainsi
que du volume et de la qualité du tri qu'elles effectuent.
- Les bénéfices rapportés par les ventes
de matériaux recyclés aux industriels et négociants. En
2008, ils atteignaient environ 130 millions d'euros (et 20 millions
supplémentaires pour la production d'énergie)
- Ces deux sources de financement représentent
aujourd'hui plus de 60 % des coûts globaux de la gestion de
déchets d'emballages ménagers en France.
|
- il n'existe pas de système de ressources
additionnelles pour le financement des déchets. Les principales sources
de financement proviennent des subventions de l'Etat, des bailleurs de fonds,
et des organismes de coopération multilatéraux...
- d'où un recours constant à des subventions
ou prêts des organisations bilatérales ou multilatérales,
à des prêts des banques de développement,
- Système de financement inefficace : en janvier
2009, l'Etat devait 10 mois d'arriérées aux
sociétés de ramassages d'ordures ménagères
(Touré Moussa, 2009).
- Une énième opération
« Abidjan, Ville propre » a vu le jour en mars 2009 et se
poursuit, grâce à un financement de 6 milliards de la Banque
mondiale à travers le Programme d'urgence d'infrastructures urbaines
(PUIUR) et a permis d'enlever 560 mille tonnes d'ordures (Kouadio,
2009).10(*)
|
Ø Le système de valorisation des
déchets
|
- Matières premières secondaires : Le
chiffre d'affaires réalisé dans le secteur du recyclage et de la
valorisation des déchets est de 423 millions d'Euros (Eco-Emballages,
2009) pour un gisement de 4.7 millions de tonnes de matières
recyclés.
- Forte concentration des entreprises dans le secteur de la
récupération, du recyclage et de la valorisation : environ
2400 entreprises (FEDEREC, 2007)
|
- Il n'existe pas de cadre formel, ni d'appui de l'Etat dans
l'organisation des activités de recyclage et de la valorisation. Le
recyclage relève du secteur informel (Silué, 2002), (Cf. Annexe
VII)
- La bourse de déchets, prévu par le Code de
l'environnent en son article 74 n'a pas encore été mise en place
et son décret d'application non encore effectif,
- La mise en décharge constitue la principale
filière d'élimination des déchets industriels et
ménagers, sans aucune forme de traitement ni un grand souci
d'hygiène (Profil environnemental de la Côte d'Ivoire-Rapport
final 2006).
|
|
Source : L'auteur
Pour une entreprise qui veut s'engager dans une
activité RSE ne relevant pas de ses compétences ou de ses
missions traditionnelles, il est de coutume qu'elle s'appuie sur des
partenaires disposant de plans et de moyens d'actions. En France, pour une
entreprise qui voudrait engager des actions RSE dans le domaine de la collecte
et de la valorisation des déchets, il existe un réseau
spécialisé de partenaires sur qui celle-ci peut s'appuyer. Le
cadre légal, institutionnel et économique a favorisé le
développement de toute une filière de métiers et de
compétences qui rendent facilement toute coopération et toute
initiative privée.
Le tableau 3 nous montre que les déchets en Côte
d'Ivoire ne représentent que des externalités négatives.
Aucune expertise ne s'est développé autour de la valorisation des
déchets. Par contre en France, les déchets représentent
une manne financière, un gisement de matières premières
secondaires, et une source de recettes fiscales pour l'Etat. Ainsi Total France
bénéficie de l'intérêt général que
représente la valorisation des déchets pour initier plus
aisément des actions RSE dans ce domaine avec l'appui des partenaires
techniques et opérationnels. Par contre il est difficile pour la Filiale
Total Côte d'Ivoire d'orienter ses actions RSE dans le domaine du
traitement des déchets du moment où il est difficile de trouver
des partenaires opérationnels pour une telle démarche.
En Côte d'Ivoire, la gestion des déchets à
Abidjan semble être une impasse, un problème récurrent et
apparemment sans solution (Sané, 2002). La question semble ne pas
être un souci ni pour les Gouvernants, encore moins pour les populations
qui semblent s'accommoder à la situation (Moussa, 2009). Les
déchets semblent désormais faire partie de l'environnement
malgré les nuisances qu'elles génèrent.
Les théories sociologiques
néo-institutionnelles assurent que les conditions de l'environnement ne
peuvent être séparées des représentations qu'en ont
les acteurs ; elles intègrent les valeurs dominantes du contexte
sociétal dans lequel s'exercent les activités de l'entreprise. Du
moment où la question des déchets ne semble pas être une
priorité pour les pouvoirs publics et les populations (à
l'exemple des questions de santé, d'éducation, de transport,
etc.), elle ne peut constituer non plus une priorité pour une
entreprise, du moment où elle n'en tire aucune légitimé.
La légitimité des entreprises naît au sein d'un
environnement institutionnalisé, c'est-à-dire un environnement
qui impose des exigences sociales et culturelles, où les besoins
prioritaires sont clairement définis, les poussant à jouer un
rôle déterminé et à maintenir certaines apparences
extérieures.
Section IV : Facteurs explicatifs relatifs au
Cadre Normatif
Tableau 4 : Facteurs explicatifs relatifs au cadre
normatif de la gestion des déchets en France et en Côte
d'Ivoire
|
France
|
Côte d'Ivoire
|
Ø Le système de norme mis en
place
|
- L'existence d'une nomenclature détaillée et
précise des déchets constitue un premier niveau de normes.
- Ce référencement minutieux contenant 20
(vingt) chapitres permet aux entreprises de savoir dans quelles
catégories elles se situent, tout en sachant les dispositions
réglementaires et techniques prévues pour le traitement des
déchets relevant de leurs activités11(*).
- des Administrations, des industriels, des laboratoires et
des organismes de recherche se sont mobilisés autour de l'Association
Française de la Normalisation (AFNOR) pour aboutir à des
décisions consensuelles et publier un recueil de normes reconnues et
adoptées par tous. Tout y est standardisé, de la logistique de
collecte au standard des centres d'enfouissement.
- La vulgarisation des normes (ISO 14001, Système de
Management environnemental, ISO 14040, analyse du cycle de vie des produits,
etc.), régulièrement mis à contribution dans la
rédaction des appels d'offre (privées et publiques) encouragent
les entreprises en s'engager dans des démarches de certification.
|
- L'inexistence de système d'écolabellisation
qui puisse inciter les entreprises à s'investir dans des initiatives en
faveur de l'environnement tout en jouissant d'une certaine
légitimité et reconnaissance auprès des autorités,
des marchés et des publics.
- L'absence de dispositif d'écolabellisation ne permet
pas de traquer les entreprises qui ne respectent pas la réglementation,
et n'encouragent pas les opérateurs qui veulent poser des actions RSE,
- Côte d'Ivoire Normalisation (CODINORM), organe sous
tutelle du Ministre de l'Industrie et de la Promotion du Secteur Privé
en vue de mettre en oeuvre une politique de normalisation efficace, fait cas
des faiblesses du dispositif national :
- Cadre réglementaire incomplet (absence de loi sur la
normalisation),
- Absence de promotion de normes dans les marchés
publics,
- Infrastructures de normalisation et qualité
incomplète (infrastructures de métrologie inadaptées,
absence d'organismes d'accréditation),
- le décret n°2002-196 du 02 avril 2002 fixant les
modes de preuves de conformité aux normes rendues d'application
obligatoire non encore en application (Ahoti, 2005),
|
Ø Le dispositif
de sensibilisa-tion et à l'éco
environnement
|
- La sensibilisation au geste de tri favorise
l'écocitoyenneté. 1 332 collectivités territoriales
regroupant 98 % des communes françaises, sont sous contrat avec
Eco-Emballages pour le tri et la revalorisation de leurs déchets,
- 43,5 millions habitants disposent d'une collecte
sélective en porte-à-porte.
- 76 % des Français sont convaincus de l'impact positif
du tri des déchets sur l'environnement (Sondage publié par
Eco-Emballages le 21/02/2008 sur «les enjeux des déchets dans les
élections municipales de 2008» en France. (Eco-Emballages,
2008),
- Le « Point vert » d'Eco-Emballage, le
logo le plus utilisé au monde. Il permet de reconnaître une
entreprise partenaire du programme français de valorisation des
emballages ménagers. C'est une marque déposée qui
nécessite une autorisation d'utilisation.
- 95 % des emballages destinés aux ménages en
France portent le Point Vert
- Présent sur plus de 400 milliards de produits dans 32
pays, le Point Vert est le logo le plus utilisé au monde.
|
- Le projet Eco-Emballage de Côte d'Ivoire lancé
par l'ANDE en 2005 et dont la mise en oeuvre était prévue en
début d'année 2006 n'a jamais vu le jour (Moussa Touré,
2005).
- l'environnement n'apparaît pas comme une
priorité que ce soit au niveau gouvernemental, ou pour celui des
bailleurs de fonds vu les problèmes sociopolitiques du pays (Profil
environnemental de la Côte d'Ivoire, 2006) ;
- les citoyens ne sont pas sensibilisés aux questions
environnementales, encore moins aux gestes de tri (DSPR, 2009).
|
|
Source : L'auteur
Le tableau 4 nous montre l'importance du cadre normatif dans
l'adoption par les entreprises de certaines pratiques en vue d'une plus grande
responsabilité sociale et environnementale. En France où il
existe un cadre normatif dynamique et incitatif, où il existe un
dispositif d'écolabellisation, les entreprises s'engagent davantage dans
des initiatives RSE, et sont permanemment en quête de plus de
légitimité auprès des parties prenantes, bien
au-delà de leurs obligations légales.
Par ailleurs l'Etat, à travers le Code des
Marchés publics, s'attèle à la promotion de la
normalisation. Le décret n° 84-74 du 26 janvier 1984 modifié
fixe le statut de la normalisation, en vue d'une meilleure intégration
de la normalisation dans le contexte industriel et économique. Alors
qu'en règle générale, les normes sont d'application
volontaire, l'article 13 du décret précité a rendu la
référence aux normes homologuées ou à d'autres
normes applicables en France en vertu d'accords internationaux obligatoire pour
tous les marchés publics. Le principe est donc l'obligation de faire
figurer dans les documents généraux ou les cahiers des charges
propres à chaque marché public, les spécifications
techniques qu'il est nécessaire de respecter (Code des Marchés
Publics, France, 2006).
Au contraire, la Côte d'Ivoire, comme le montre Ahoti
Yapo (2005) l'on note une absence de promotion de normes dans les
marchés publics. Le pays connait un dispositif normatif embryonnaire.
Les pouvoirs publics et les associations de consommateurs, en l'absence d'une
politique nationale de qualité et de normalisation, demeurent encore
timides sur les questions qualitatives et des normes (Gooré Bi
Hué, 2004). Cette situation n'est pas incitative pour Total Côte
d'Ivoire, car mener des actions de RSE, à l'exemple d'un engagement dans
la valorisation ou le recyclage des déchets n'est pas susceptible de
conférer une certaine légitimité ni une reconnaissance
pour l'entreprise auprès des marchés. Ainsi, le cadre normatif
constitue un critère déterminant pour les actions RSE des
entreprises, en l'absence d'un cadre incitatif, les entreprises ont de moins en
moins tendance à s'engager au-delà de leurs obligations
légales. Un dispositif d'écolabellisation constituerait un
élément d'attractivité.
Section V : Facteurs explicatifs relatifs au
Degré d'implication du secteur privé dans le processus de gestion
des déchets
Tableau 5 : Facteurs explicatifs relatifs au
Degré d'implication du secteur privé dans le processus de gestion
des déchets en France et en Côte d'Ivoire
|
France
|
Côte d'Ivoire
|
Ø Le principe de la responsabilité
élargie du producteur (REP), le niveau de contraintes légales et
d'engagement des acteurs privés au processus de traitement des
déchets,
|
- La Responsabilité Elargie du Producteur (REP) est le
grand principe qui organise la participation obligatoire des entreprises
à la gestion des déchets
- La REP a été énoncée en droit
français dès la loi du 15 juillet 1975, selon laquelle il pouvait
être fait obligation aux producteurs, importateurs et distributeurs de
produits générateurs de déchets ou des
éléments et matériaux entrant dans leur fabrication de
pourvoir ou de contribuer à l'élimination des déchets en
provenant.
- Cette disposition est aujourd'hui codifiée à
l'article L541-10 du Code de l'environnement,
- Selon le principe de la REP, tout producteur de
déchets initial ou autre détenteur de déchets
procède lui-même à leur traitement ou qu'il le fasse faire
par un négociant, un établissement ou une entreprise effectuant
des opérations de traitement des déchets ou par un collecteur de
déchets privé ou public.
- Cette responsabilité incite les entreprises à
prévenir la production de déchets à la source, à
promouvoir la conception de produits dans le souci du respect de
l'environnement,
- Eco-Emballages est une société anonyme de
droit privé, agréée par les pouvoirs publics dont
l'actionnariat est détenu à 70 % par les industriels de la grande
consommation, à 20 % par les filières de recyclage et à 10
% par les entreprises de distribution. Ceci traduit une grande implication des
entreprises dans la chaine de traitement des déchets, de la conception
au recyclage et la valorisation.
|
- Le cadre légal est resté dans une vision
ancienne: les déchets sont destinés à l'abandon. Il faut
s'en débarrasser. Il n'est nulle part situer la responsabilité
des producteurs.
- Le dispositif légal et institutionnel qui devrait
orienter les opérateurs privés dans les activités de
valorisation est inexistant,
- L'analyse du cycle de vie des biens et services mis à
la consommation ne constitue pas un préalable pour disposer d'une
licence, d'une autorisation d'implantation,
- L'Etude d'impact environnement, bien qu'existant, ne
contraint pas les entreprises à avoir des préoccupations
environnementales permanentes quant à la gestion de leurs
déchets.
|
Source : L'auteur
Le faible degré d'implication du secteur privé
dans la gestion des déchets s'observe à deux niveaux : une
absence dans le processus d'élimination des entreprises qui
génèrent les déchets, et une absence des opérateurs
privés dans les filières de valorisation et de recyclage. Ceci
n'est pas sans impact sur les entreprises et leurs initiatives en
matière de RSE. Ceci rend difficile la possibilité pour une
entreprise qui voudrait conduire des actions RSE dans le domaine de trouver des
partenaires opérationnels. En France, à la faveur des ONGs, des
Collectivités locales, des Associations de consommateurs, des industries
du secteur de la revalorisation et du recyclage, il est facile pour Total
France de prendre part à des programmes en faveur de l'environnement, ou
de la collecte et du traitement des déchets.
Le faible degré d'implication du secteur privé
dans le traitement et la valorisation des déchets rend quasi-impossible
une quelconque initiative pour Total Côte d'Ivoire qui voudrait s'engager
dans un programme de collecte, de valorisation et de recyclage des
déchets d'emballages plastiques des lubrifiants. Tel n'est pas le cas de
l'engagement pour la lutte contre le VIH/Sida par exemple, des actions en
faveur de l'éducation où il est plus facile pour une organisation
de conduire des actions de RSE avec l'appui du secteur privé, des ONGs
et d'autres partenaires opérationnels.
Quand une organisation ne dépend pas des acteurs de son
environnement (Etat, parties prenantes) ou ne peut s'appuyer sur ceux-ci pour
conduire des initiatives privées, et que sa pérennité ne
dépend pas de son aptitude à gérer des demandes (exigences
légales ou nécessités de légitimité) de
groupes différents, en particulier ceux dont les ressources et le
soutien sont déterminants pour sa survie, elles ne s'engagent pas dans
des domaines ne relevant pas de ses contraintes ou ne pouvant lui
conférer une légitimité.
Section VI : Facteurs explicatifs relatifs au
Degré d'implication des citoyens dans le processus de gestion des
déchets.
Tableau 6 : Facteurs explicatifs relatifs au
Degré d'implication des citoyens dans le processus de gestion des
déchets
|
France
|
Côte d'Ivoire
|
Ø La participation des citoyens aux gestes de
tri
|
- L'implication des consommateurs dans les
gestes de tri est une réalité, tout comme l'entrée de la
« tri-attitude » et la sensibilisation sur les questions
environnementales,
- Eco-Emballage s'inscrit dans une démarche de
responsabilisation et de pédagogie des consommateurs. Depuis 1992, en
demandant aux habitants de trier, Eco-Emballages a sensibilisé les
citoyens à la fin de vie et au recyclage des emballages.
- Les Français sont aujourd'hui 59,5 millions à
pouvoir trier. Et ils en sont fiers : pour 98 % d'entre eux, le tri est un
geste important pour l'environnement. Le trieur est également un
éco-citoyen, sensible à l'environnement : 78 % des trieurs
considèrent que le tri des emballages ménagers contribue à
améliorer la qualité de l'environnement et du cadre de vie
(étude TNS-SOFRES pour Eco-Emballages).
|
- L'inexistence de filière de revalorisation et de
recyclage rend difficile ou même impensable le geste de tri.
- Les ordures représentent encore des
externalités négatives dont il faut se débarrasser
à tout prix.
- le taux d'enlèvement actuel est estimé
à 46,1% contre 90% représentant la norme préconisée
rend difficile la promotion des gestes de tri (DSRP Côte d'Ivoire 2009).
- l'incivisme des populations et l'occupation anarchique des
espaces publiques à des fins commerciales constituent des causes
d'insalubrité. En effet, les populations adoptent de plus en plus une
attitude de répulsion vis-à-vis de l'environnement en y jetant
des ordures de toutes natures.
- les infrastructures destinées à recevoir et
gérer ces ordures sont devenues caduques. Les coffres à ordures
ménagères, les poubelles en bordure des routes, les centres de
transferts sont insuffisants.
|
Ø Le système d'information environnemental
|
- Existence d'un important dispositif de communication et de
sensibilisation sur l'environnement et plus particulièrement aux gestes
de tri,
- Existence de systèmes de communication nationale
multisupports : le grand public trouve les réponses aux questions qu'il
se pose en consultant les différents modules d'information,
- Des opérations plus ponctuelles permettent de
clarifier l'information sur les impacts environnementaux du recyclage et
d'encourager les trieurs réguliers,
- Existence d'une communication régulière et au
plus près des habitants. Eco-Emballages soutient ainsi les efforts des
collectivités territoriales en leur proposant une palette d'outils de
communication de proximité. L'accent est plus particulièrement
mis sur la communication orale, portée principalement par les
ambassadeurs du tri, dont le recrutement et la formation sont soutenus
financièrement par Eco-Emballages.
|
- Le principe « information et participation » en
vertu duquel « toute personne a le droit d'être informée de
l'état de l'environnement et de participer aux procédures
préalables à la prise de décision susceptibles d'avoir des
effets préjudiciables à l'environnement. » est bien inscrit
dans le Code de l'Environnement, mais
- le niveau de sensibilisation environnementale reste
très faible,
- les questions environnementales n'occupent pas une place
prioritaire dans les décisions politiques et stratégiques.
- Il manque la mise en oeuvre et l'application effective des
textes législatifs sur le terrain. Les obstacles identifiés
mettent en évidence un déficit de gouvernance environnementale
(Commission Européenne-République de Côte d'Ivoire,
2008),
|
|
Source : L'auteur
Le tableau 6 nous montre l'impact que peut avoir la
société civile et les marchés sur la conduite des actions
de RSE au sein d'une entreprise. Toute entreprise tournée vers un
marché-cible agit dans le mesure où elle serait en
adéquation avec les valeurs et les attentes des groupes cibles. C'est
ainsi que ces groupes cibles influencent de façon notable les actions
que peuvent conduire les organisations dans le but de les atteindre. Les
actions de RSE obéissent également à cette logique.
En France, s'impliquer de façon visible dans la gestion
des déchets pour une entreprise semble aller de soi. Les citoyens sont
suffisamment sensibilisés aux questions environnementales et aux gestes
de tri, et constituent ainsi une cible active pour les entreprises qui veulent
améliorer leur image de marque. Participer de façon active, bien
au-delà des obligations légales, constitue pour une entreprise un
meilleur moyen d'améliorer son image, d'avoir plus facilement
accès aux ressources (marchés) et de trouver une
légitimité auprès de ses publics. C'est ce que fait Total
France en encourageant les gestes de tri et participant activement aux
programmes de protection de l'environnement.
Tel n'est pas le cas en Côte d'Ivoire marquée par
les difficultés des pouvoirs publics à gérer les
déchets urbains. La question d'élimination des déchets en
général relève des pouvoirs publics, et les populations,
toute couche sociale confondue, semblent s'accommoder aux décharges
sauvages et à toutes les nuisances que cela génère. La
question du traitement des déchets ne constitue pas une contrainte ni
pour les entreprises qui les génèrent, ni pour les pouvoirs
publics sensés s'occuper de leur élimination.
La contribution à l'élimination des
déchets ne semble pas être un critère essentiel de
réussite au sein de notre environnement. Lorsqu'une organisation a
appris à paraître selon les critères convenus, ses
activités ne peuvent être différentes des apparences et des
représentations qu'en ont les acteurs, ainsi qu'aux valeurs dominantes.
C'est le cas de Total France qui s'engage réellement dans les actions de
collecte et de traitement de déchets selon les critères de son
environnement. C'est aussi le cas de Total Côte d'Ivoire qui, en ne
s'engageant pas dans des actions volontaires liés à ses
déchets d'emballages usés de lubrifiants, semble aussi être
en adéquation avec son environnement.
Conclusion partielle :
Les organisations sont contraintes par leur environnement qui
agit par le biais des structures réglementaires, des organismes
gouvernementaux, des tribunaux, des professions, des groupements
d'intérêts ou de l'opinion publique (Scoot, 1987, cité dans
Capron 2007). Ainsi quand les conditions du macro-environnement au sein duquel
elles évoluent ne contraignent, n'inspirent ni n'encadrent leurs
actions et leurs initiatives, alors il arrive très souvent qu'elles
prennent tout simplement les « valeurs » du milieu
où elles sont installées.
En France, la collecte et le traitement des déchets
font preuve de résultats satisfaisants. La quasi-totalité des
collectivités de France (1 332 collectivités territoriales
regroupant 98 % des communes françaises) ont mis en place un dispositif
de collecte sélective. Producteurs et consommateurs sont des acteurs
dans le processus de traitement de déchets. L'objectif en France
aujourd'hui est de recycler 75 % des déchets d'ici l'an 2012 (Cf.
Annexe VIII). Ces résultats sont sous-tendus par un cadre
légal, institutionnel et normatif précis, cohérent,
coercitif et incitatif qui structure et oriente le comportement des acteurs. Ce
dispositif a un grand impact sur les entreprises et sur leurs initiatives qui
peuvent être prises en faveur du traitement des déchets.
Le cadre réglementaire, institutionnel et normatif de
la Côte d'Ivoire, à l'opposé de la France n'offre pas un
dispositif favorable à la réalisation des objectifs
environnementaux en général, et le traitement des déchets
en particulier. Il n'engage pas non plus les opérateurs et les
populations à s'impliquer dans les processus de traitement des
déchets. Il n'existe pas d'objectif clair et précis en la
matière. taux d'enlèvement actuel est estimé
à 46,1% contre 90% représentant la norme
préconisée. Il n'existe pas de filières de recyclage et de
revalorisation des déchets collectés. Les problèmes
environnementaux ont un impact considérable sur l'état morbide de
la population, à travers la recrudescence des maladies infectieuses,
parasitaires, respiratoires et endémiques telles que le paludisme, le
choléra, la fièvre typhoïde. La progression des Infections
Respiratoires Aiguës (IRA) sur les cinq dernières années est
de 5,8% en moyenne par an (DSRP, 2009).
Ces résultats opposés entre nos deux univers de
référence ne sont pas sans incidence sur les comportements
qu'adoptent les organisations multinationales. C'est ce qui justifie le
changement de leurs pratiques selon qu'elles se situent sur un territoire ou
sur un autre.
Elles ont tendance à prendre les
« couleurs » du milieu où elles s'implantent et
à épouser les pratiques et les représentations dominantes.
La quête de légitimité constitue le premier levier de leurs
actions. La légitimité rationnelle-légale repose sur la
croyance en la force de la loi et des règlements, l'importance des
institutions, systèmes stables et légitimés des
règles, de normes et de valeurs, pour expliquer les comportements et
faits sociaux et économiques.
Chapitre IV : Perspectives
Section I : Rappel de la question de recherche, de
l'objectif et des hypothèses de recherche
Notre question de départ était de comprendre
pourquoi les entreprises multinationales changeaient leurs pratiques en
matière de RSE selon qu'elles étaient installées dans un
pays développé ou dans un pays en voie de développement.
Ce questionnement était né d'un stage effectué à
Total Côte d'Ivoire, qui figure parmi les majors de la distribution
pétrolière en Côte d'Ivoire, et filiale du cinquième
groupe pétrolier mondial. La politique de traitement des déchets,
les initiatives du Groupe et son positionnement écosensible en France
étaient loin des initiatives presque absentes en Côte
d'Ivoire : une même Charte au niveau du Groupe, un même
engagement en faveur du développement durable, des mêmes guides
d'actions, mais des pratiques très différentes d'un espace
géographique à un autre.
A la suite de cette question de recherche, nous nous sommes
donné comme objectif de recherche d'identifier les facteurs, les forces
ou les faiblesses qui déterminent les résultats contraires
obtenus dans des environnements géographiques différents.
Nous avons orienté notre champ de recherche sur la
littérature générale portant sur la RSE. Des
hypothèses ont ainsi été posées pour orienter notre
champ de recherche.
L'hypothèse principale stipule que toute organisation
est totalement insérée dans la société, ses lois,
ses valeurs et sa culture. Les conditions de l'environnement ne peuvent
être séparées des représentations qu'en ont les
acteurs ; par conséquent les entreprises intègrent les
valeurs dominantes du contexte sociétal dans lequel s'exercent leurs
activités. Les dirigeants mettent en oeuvre des stratégies
d'image et de conformité symbolique ou affective avec ces valeurs afin
d'assurer la légitimité de l'entreprise.
L'hypothèse secondaire quant à elle stipule que
les entreprises requièrent un consensus de la société au
sein de laquelle elles évoluent et notamment auprès des groupes
qui leur fournissent des ressources clés. Les entreprises s'engagent
dans la responsabilité sociétale lorsqu'elles sont contraintes de
l'assumer pour répondre aux pressions et aux attentes des apporteurs de
ressources.
Nous avons opté pour une analyse documentaire comme
méthodologie de recherche, dans la perspective d'une approche
comparative. La finalité de notre recherche étant de tirer des
leçons au-delà des frontières nationales. Une approche
comparative a été adoptée pour effectuer le recueil de
données et procéder aux analyses. La France et la Côte
d'Ivoire, pays où sont implantées des filiales du groupe
multinational Total, ont constitué les cadres d'analyse, avec la France
comme référentiel.
Cette méthodologie est en adéquation avec notre
objectif de recherche qui est de d'identifier les sources de divergences des
initiatives RSE dans deux pays où sont installées les filiales
d'une firme multinationale, d'où la nécessité de
procéder à une comparaison. De la présentation des
résultats obtenus ont découlé les principales
conclusions.
Section II- Principales conclusions
Nous observons un lien étroit entre la façon
dont la question des déchets est gérée au niveau de chaque
environnement, et la façon dont les entreprises prennent des initiatives
de responsabilité sociale et environnementale en matière de
déchets en général et des déchets d'emballages en
particulier.
Dans un environnement bien organisé (juridiquement et
institutionnellement), avec des résultats positifs (objectifs clairs et
précis, taux d'enlèvement et de valorisation très
élevés), Total France engage de nombreuses initiatives dont elle
tire une certaine légitimité. Ce n'est pas le cas en Côte
d'Ivoire où la gestion des déchets constitue un véritable
casse-tête.
Ces observations sont illustrées à travers les
conclusions suivantes de notre analyse comparative sur les critères
déterminants retenus comme pouvant influencer le comportement des
organisations.
Conclusion 1 : Impact de la non-application du
dispositif réglementaire existant, absence de précision dans les
lois et règlements, faiblesse du dispositif d'enforcement.
Ainsi le dispositif réglementaire actuel en Côte
d'Ivoire ne facilite par une gestion optimisée de l'environnement en
général (Cf. Annexe IX), et des déchets urbains
en particulier. Les textes de lois et les décrets manquent de
précision et n'incitent, ni ne contraignent les opérateurs
économiques à s'impliquer de façon directe aux processus
d'élimination des déchets. La formulation d'une loi peut
empêcher la réalisation des performances escomptées et les
interprétions que peuvent en avoir les acteurs.
Or, une institution satisfait aux trois
caractéristiques suivantes (Mzoughi et Grolleau, 2005) :
1) l'existence d'un système de règles formelles
généralement visibles et/ou informelles,
2) l'existence d'un système d'"enforcement",
c'est-à-dire d'un système veillant à l'application, au
contrôle des règles préalablement définies, et aux
éventuelles sanctions en cas de non-conformités,
3) ces deux systèmes d'origine humaine régissent
ou gouvernent des interactions entre deux entités, en
général des organisations.
Par conséquent, quand l'un de ces piliers est quelque
peu défaillant, l'ensemble du système ne fonctionne pas dans sa
pleine performance.
Conclusion 2 : Impact de l'instabilité et
difficulté de coordination des instances institutionnelles.
Le cadre institutionnel est très instable en Côte
d'Ivoire suite à des restructurations récurrentes et le
chevauchement des tâches entres différents intervenants. Cette
situation n'impose ni ne suscite aux organisations des critères sur
lesquelles celles-ci peuvent fonder une certaine légitimité.
Or en l'absence d'un cadre institutionnel stable, clair et transparent pour
tous, il est difficile pour des organisations de prendre des initiatives. Les
entreprises ont besoin d'institutions, systèmes stables et
légitimés des règles, de normes et de valeurs, pour
stimuler, encadrer et légitimer les engagements sociaux et
économiques. Les entreprises agissent pour rechercher une
légitimité. Et la légitimité des entreprises
naît au sein d'un environnement institutionnalisé,
c'est-à-dire un environnement qui impose des exigences sociales et
culturelles, qui les pousse à jouer un rôle
déterminé et à maintenir certaines apparences
extérieures.
Conclusion 3 : Impact de l'inexistence d'un
secteur industriel affecté à la valorisation des déchets,
du système de financement des déchets non équilibré
et de l'absence de ressources additionnelles.
Les opérateurs économiques ne sont pas
engagés de façon légale dans le processus de traitement
des déchets d'emballage. Cela relève du ressort de l'Etat qui n'a
pas réussi à mettre sur pied un système de financement
équilibré et durable. Les déchets n'ont pas encore acquis
une dimension économique en ce sens qu'ils peuvent favoriser le
développement d'un tissu économique autour de la valorisation et
du recyclage. Le cadre légal, institutionnel et économique ne
favorise pas le développement d'un tissu industriel autour du recyclage.
Les activités de recyclage ne relèvent que du secteur informel,
non équipé et non expérimenté, ne
bénéficiant pas du soutien de l'Etat. Par conséquent,
toute entreprise qui voudrait, dans le cadre d'une démarche RSE, engager
des actions en faveur du traitement de déchets et de leur valorisation
ne peut bénéficier de l'appui des partenaires compétents
et spécialisés. Or il est de coutume que les entreprises
s'appuient sur des partenaires privés ou publics sérieux et bien
organisés pour des actions RSE qui ne relèvent pas directement de
leurs compétences ou de leurs métiers.
Conclusion 4 : Impact lié la faiblesse du
dispositif normatif et absence d'un dispositif
d'écolabellisation.
En France où il existe un cadre normatif dynamique et
incitatif, où il existe un dispositif d'écolabellisation, les
entreprises s'engagent davantage dans des initiatives RSE, et sont permanemment
en quête de plus de légitimité auprès des parties
prenantes, bien au-delà de leurs obligations légales (Cf.
Annexe VIII). En Côte d'Ivoire, le cadre réglementaire est
incomplet en l'absence de loi sur la normalisation, et l'absence de
promotion de normes dans les marchés publics pour inciter les
opérateurs à se conformer aux normes, l'accès aux
marchés et aux ressources n'est pas conditionné par le respect
des normes.
Le décret n°2002-196 du 02 avril 2002 fixant les
modes de preuves de conformité aux normes rendues d'application
obligatoire n'est pas encore en application. Le niveau de sensibilisation des
citoyens aux questions environnementales et aux normes est très bas. Cet
état de lieu n'est pas incitatif pour les entreprises, car elles ne sont
nullement contraintes à le faire, et ne peuvent y consolider leur
légitimité.
Conclusion 5 : Impact de l'absence d'implication
légale des producteurs et autres agents économiques dans le
processus de gestion des déchets
Le principe de Responsabilité Elargie du Producteur
(REP) en vigueur dans la législation en France impose à tout
porteur de projet d'intégrer la question de gestion des déchets
dès la phase de conception des produits et services à
commercialiser. Cette responsabilité incite les entreprises à
prévenir la production de déchets à la source, à
promouvoir la conception de produits dans le souci du respect de
l'environnement.
En Côte d'Ivoire, l'Etude d'impact environnemental, bien
qu'existant, ne contraint pas toutes les entreprises à avoir des
préoccupations environnementales permanentes quant à la gestion
de leurs déchets. Quand une organisation ne dépend pas des
acteurs de son environnement (Etat, parties prenantes) et que sa
pérennité ne dépend pas de son aptitude à
gérer des demandes (exigences légales ou nécessités
de légitimité) de groupes différents, en particulier ceux
dont les ressources et le soutien sont déterminants pour sa survie,
elles ne s'engagent pas dans des domaines ne relevant pas de ses contraintes ni
de ses compétences.
Conclusion 6 : Impact du niveau d'implication
des citoyens dans le processus de gestion des déchets, de l'absence de
politique et de dispositions d'information, et de la sensibilisation des
citoyens et des acteurs de la société civile.
En France, s'impliquer de façon visible dans la gestion
des déchets pour une entreprise semble aller de soi. Les citoyens sont
suffisamment sensibilisés aux questions environnementales et au geste de
tri. Pour une entreprise, participer de façon active, bien
au-delà des obligations légales, constitue un meilleur moyen
d'améliorer son image, d'avoir plus facilement accès aux
ressources (marchés) et de trouver une légitimité
auprès de ses publics.
Ceci n'est pas le cas en Côte d'Ivoire où le
principe « information et participation » en vertu duquel «
toute personne a le droit d'être informée de l'état de
l'environnement et de participer aux procédures préalables
à la prise de décision susceptibles d'avoir des effets
préjudiciables à l'environnement. » est bien inscrit dans le
Code de l'Environnement, mais le niveau de sensibilisation environnementale
reste très faible. Les questions environnementales n'occupent pas une
place prioritaire dans les décisions politiques et stratégiques.
Ainsi au bout de notre analyse et des résultats de
notre travail de recherche, nous pouvons affirmer que les facteurs qui
déterminent le comportement des entreprises multinationales selon
qu'elles sont installées dans un espace géographique ou dans un
autre relèvent des conditions de l'environnement où elles
exercent leurs activités. Elles sont totalement insérées
dans la société, ses lois, ses valeurs et sa culture. Les
conditions de l'environnement où elles évoluent ne peuvent
être séparées des représentations qu'elles en ont et
qui déterminent leurs initiatives et leurs actions RSE. Par
conséquent ces entreprises intègrent les valeurs dominantes du
contexte sociétal dans lequel s'exercent leurs activités. Et au
sein des dispositifs en place, les dirigeants mettent en oeuvre des
stratégies d'image et de conformité symbolique ou affective avec
ces valeurs afin d'assurer la légitimité de l'entreprise.
Ce système d'explication s'applique à la
question de la gestion des déchets d'emballages a sein de deux filiales
du groupe Total. Les divergences observées dans les initiatives RSE
trouvent leurs explications dans les contingences de leur environnement
respectif et qui se traduisent particulièrement par :
· L'importance accordée aux déchets varie
d'un système à un autre. Ceci se traduit par les
différences observées dans le cadre juridique et les outils
institutionnels mis en place pour la gestion des déchets dans les pays
du Nord et ceux du Sud.
· La diversité des circuits d'élimination
et de valorisation des déchets est frappante entre les deux
environnements. Si en France, la mise en décharge ne constitue qu'un
maillon de la chaîne d'élimination des déchets (recyclage,
valorisation énergétique, incinération), elle constitue en
Côte d'Ivoire le principal circuit d'élimination des
déchets.
· La valeur accordée aux déchets : si
dans les pays développés l'on arrive à accorder une valeur
économique aux déchets, l'on peine encore dans les pays du Sud
à organiser la filière de valorisation de déchets. Bien
que les discours des politiques connaissent une évolution ces
dernières années, les actions concrètes tardent à
être mises en place.
· L'implication des acteurs privés dans
l'économie des déchets observée dans les pays
développés peine à devenir une réalité dans
les pays en voie de développement. Cette situation est d'autant
contradictoire que ces pays connaissent des taux de chômage très
élevés et un déficit de recettes fiscales. Les politiques
mises en place ne favorisent pas, ni n'encouragent l'émergence d'un
secteur privé compétitif dans le recyclage et la valorisation des
déchets.
Toutefois, la prise de conscience des faiblesses d'un
système, d'une organisation n'a d'importance que si cela conduit
à l'amélioration continue du dispositif nécessaire
à son meilleur fonctionnement.
Section III : Recommandations :
Sur le plan du micro-environnement : au niveau
Total Côte d'Ivoire
Adoption d'un positionnement Ecosensible
L'objectif de cette démarche est de créer la
rupture dans son environnement et dans son secteur d'activités par une
politique volontariste. L'objectif est de bouleverser les règles du
secteur et de confiner les concurrents dans un rôle de suiveur en
reconfigurant constamment les normes. Les entreprises écosensibles sont
proactives, elles n'attendent pas la promulgation de lois pour intégrer
les données environnementales et sociales dans leur management. Elles
les devancent ou les dépassent. Ces bénéfices se situent
aux niveaux des coûts, de la légitimité (image
véhiculée auprès des parties prenantes, culture de
l'entreprise) et de la différenciation (qualité des produits,
labellisation). Pour des entreprises multinationales, la donnée
environnementale est stratégique car elle dépasse la recherche
d'adaptation aux contraintes le plus souvent légales.
Engagement de Total en faveur de la norme ISO
14001
La mise en place d'une démarche de certification ISO
14001 permet à une entreprise d'améliorer ses performances
environnementales (gestions des ressources, recyclage et retraitement des
déchets, maîtrise des risques). Le déploiement de l'ISO
14001 impacte le comportement des salariés et les relations avec les
parties prenantes s'améliorent significativement. Par conséquent,
l'adoption par Total Côte d'Ivoire de la norme 14001 pour l'ensemble de
ses activités traduirait concrètement sa politique de
développement durable (dont l'un des objectifs majeurs est le
contrôle et la maîtrise des impacts de ses activités sur
l'environnement).
Mise sur pied d'un projet de collecte et de
revalorisation des emballages plastiques usagés :
Les bidons plastiques de lubrifiants produits par Total sont
des plastiques Polyéthylène haute densité (Pehd). Par
conséquent, ils sont recyclables. Total Côte d'Ivoire peut
opérationnaliser un Projet de développement Durable en s'appuyant
sur la filière de collecte et de revalorisation qui existe, bien que
relevant du secteur informel. Le projet consistera, pour Total Côte
d'Ivoire, à confier à des tiers (ONG d'action pour
l'environnement, coopératives, etc.), le soin de collecter au sein de
ses stations-service, les bidons usagés de lubrifiants, qu'ils se
chargeront d'introduire dans le circuit de recyclage.
En aval, au niveau des stations-service, Total se chargera, en
association avec un partenaire, de sensibiliser sa clientèle sur les
gestes éco-citoyens et sur l'utilité d'effectuer un tri minimal,
de ne pas rejeter les bidons usagés dans la nature, mais de
l'intérêt de les déposer dans des espaces prévus
à cet effet dans leurs stations-service. Ce projet peut avoir
l'intérêt d'engager toutes les parties prenantes, de contribuer au
développement local, et de provoquer un phénomène
mimétique auprès des autres opérateurs.
Sur le plan du macro-environnement : au niveau
national
De manière générale, les recommandations
faites au niveau du macro-environnement vont plus dans le sens d'un effort
d'application du dispositif existant et de la concrétisation des
institutions y afférentes.
Recommandation en rapport avec le constat de la
non-application du dispositif réglementaire existant et l'absence de
précision dans les lois et règlements.
- assurer une mise en application efficace des politiques,
des réglementations et des contrôles environnementaux
existants ;
- Renforcer les capacités d'action et de
répression de tous les acteurs évoluant dans le domaine de
l'environnement, tout en renforçant progressivement leur autonomie
financière,
Recommandation en rapport avec l'instabilité et
les difficultés de coordination des instances institutionnelles.
Comme perspective de solution, nous recommandons de :
- Regrouper les secteurs environnementaux proches au sein
d'un seul cadre institutionnel tels l'eau, l'assainissement et les
déchets solides industriels et domestiques ;
- Clarifier les rôles, tâches et les
coordinations des structures qui interviennent en faveur de la
préservation de l'environnement et simplifier le cadre institutionnel
pour la gestion de l'environnement ;
Afin de faire face aux restructurations récurrentes,
que le gouvernement des instituions en charge de la gestion de
l'environnementales se fasse par mandat de 05 ans renouvelables, avec des
cahiers de charges et des objectifs clairement définis.
Recommandation en rapport avec l'inexistence d'un
secteur industriel affecté à la valorisation des déchets,
le déséquilibre du système de financement des
déchets non équilibré de l'absence de ressources
additionnelles.
- Bien organiser les filières de collecte, de
recyclage et de revalorisation des déchets solides plastiques et autres
métaux, bien qu'appartenant au secteur informel, à travers la
formation et des facilités d'organisation en
coopératives ;
- Susciter l'émergence d'un secteur d'une industrie de
recyclage et de la revalorisation à travers une politique fiscale
incitative et l'aide à l'organisation technique et
managériale ;
Appliquer le principe "Pollueur-payeur" de l'article 35 du
Code de l'environnement, surtout dans les grandes villes en commerçant
par les industries et les grands pollueurs.
Signer le décret d'application de l'Article 74 du Code
de l'Environnement de Côte d'Ivoire portant création d'une Bourse
de déchets.
Recommandation en rapport avec le dispositif de
normalisation, d'information et de sensibilisation des citoyens aux questions
environnementales
- Renforcer à tous les niveaux la sensibilisation
environnementale, et plus particulièrement auprès des acteurs de
la Société civile ;
Mettre sur pied un dispositif d'écolabellisation qui
permettrait de différencier facilement les entreprises
éco-citoyennes des autres ;
Vulgariser les textes législatifs existants relatifs
à l'environnement sous forme de documents simples et d'émissions
(médias de masse) pour accélérer leur
appropriation/application et pour sensibiliser l'opinion nationale à la
base, les acteurs et les partenaires ; la plupart des Codes et Décrets
ne sont connus que dans le milieu professionnel du secteur
concerné ;
Assurer la circulation et la transparence des informations
environnementales disponibles à tous les niveaux ;
- Promotion des normes dans les marchés publics
à travers la rédaction des cahiers de charges, et prévoir
des mécanismes d'appui et de soutien pour les entreprise qui veulent
s'engager dans un processus de normalisation.
Les différentes recommandations
suggérées constituent des cercles d'influence sur lesquels si un
travail quotidien est effectué, il pourra s'élargir et permettre
de résoudre progressivement la question d'environnement en
général et des déchets d'emballage en particulier. En
contribuant à la mise sur pied d'un dispositif légal, normatif,
économique et communication stable et dynamique, il peut favoriser
l'implication des entreprises, des citoyens et des opérateurs
privés dans la recherche des solutions aux problèmes auxquels
font face nos Etats, non seulement en matière d'environnement, mais dans
bien d'autres aspects de la vie quotidienne. Ainsi la formulation des lois peut
encourager ou freiner les performances des acteurs qui agissent dans un
environnement tout en déterminant leurs initiatives.
Les pratiques des entreprises sont fortement ancrées
dans l'environnement économique, social, légal et politique,
culturel dans lequel elles se trouvent. Cette divergence de vues ou d'approches
tiendrait au fait que les réalités sociales, sociologiques et
économiques sont très différentes d'une région
à l'autre.
Conclusion :
Les filiales des multinationales présentes en Afrique
doivent respecter la politique ou la stratégie de groupe en
matière notamment de RSE. Les pratiques de l'entreprise s'inscrivent
dans une certaine culture d'entreprise que l'entreprise tête de groupe
entend bien appliquer aux filiales. La perspective de RSE commande par ailleurs
que l'entreprise tête de groupe ou la maison mère soit attentive
aux comportements de ses composantes en amont et en aval. Mais cette culture
d'entreprise ou la démarche RSE peut être confrontée aux
représentations locales, aux spécificités culturelles.
Elle aura par conséquent besoin d'intégrer une dimension
fondamentale et culturelle dans l'approche des enjeux et des
problématiques locales. C'est alors que doit s'opérer une rupture
stratégique qui va au-delà des réalités locales
tout en promouvant des bonnes pratiques éprouvées ailleurs et en
phase avec le développement durable.
Au regard des expériences observées dans les
pays développés, les pays africains en général, et
la Côte d'Ivoire en particulier devront penser à mettre sur pied
tout le dispositif nécessaire pour pouvoir tirer profit de la manne
(financière, technologique, accès aux savoirs) que peuvent
générer les actions de responsabilité sociale des
entreprises à travers différentes filières de la vie
économiques et sociale.
Les entreprises, fussent-elles multinationales, dans leur
management stratégique, sont conscientes des enjeux que peuvent
constituer pour leurs activités et leur développement des actions
de RSE et leur engagement dans le développement durable. Seulement tant
que l'Etat, à travers le dispositif légal et institutionnel, ne
contraint, ni n'oriente, encore moins n'inspire les actions des
opérateurs en quête de ressources et de légitimité
à s'engager dans des domaines socio-économiques bien
déterminés, leur engagement dans le développement durable
se fera attendre.
Il appartient également aux citoyens de prendre leurs
responsabilités et d'exprimer une demande de régulation publique
pour susciter un meilleur comportement des firmes. Il revient aussi à
la société civile de se mobiliser et d'inciter des pratiques de
RSE tout en orientant les entreprises vers des domaines où elles
tireraient une plus grande valeur ajoutée en terme
d'amélioration de leur image de marque ou et une
légitimité sociale. C'est le cas dans les pays du Nord où
les ménages décidaient de boycotter les firmes peu respectueuses
de leurs salariés et de l'environnement, orientant ainsi le jeu
même du marché qui conduirait celles-ci soit à
disparaître, soit par intérêt bien compris à adopter
un positionnement développement durable.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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novembre 1996 déterminant les règles et procédures
applicables aux études relatives à l'impact environnemental des
projets de développement ", (en ligne
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- KOIDIANE, Armand. "Décret n° 98-43 du 28
janvier 1998 relatif aux installations classées pour la Protection de
l'Environnement" (en ligne :
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visité le 16 avril 2009.
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- www.lubrifiants.total.fr/: site de Total Lubrifiants
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- http://www.total.com, site institutionnel du groupe Total.
- www.actu-environnement.com : Actualité sur
l'environnement et le développement durable.
TABLE DE MATIERES
SOMMAIRE iii
Tables des illustrations iv
Liste des tableaux iv
Liste des sigles et abréviations iv
Dédicace v
Remerciements vi
Résumé : vii
Introduction générale 1
PREMIERE PARTIE : ETAT DE LIEUX ET CADRE
THEORIQUE 9
Chapitre I : Définition des concepts et
Etat des lieux en matière de RSE 10
Section I : Définition et historique
du concept de « développement durable »
10
Définition 10
Historique 10
Le concept aujourd'hui 12
'
Entreprises et développement durable
: la RSE (Responsabilité sociale de l'entreprise) 13
Section II : Gestion de déchets et
développement durable 14
Problématique de
développement durable 14
Principes de développement durable en
matière de gestion de déchets 15
Projet MDP (Mécanisme de
développement propre) de traitement de déchets urbains à
Abidjan 15
'
Section III : Présentation du Groupe
Total et de la filiale Total Côte d'Ivoire S.A. 16
Historique du Groupe Total 16
'
Domaines d'activité du Groupe Total
17
'
Présentation de Total Côte
d'Ivoire 18
Section IV : Perception du durable au sein du
groupe Total 19
Perception et définition du
développement durable chez Total. 20
Solutions proposées par le Groupe Total pour
répondre à la demande en énergie, tout en réduisant
les émissions de gaz à effet de serre 21
Politique du groupe Total en matière de
traitement de déchets 22
Améliorer la
traçabilité : 22
Traitement et Valorisation des
déchets : 22
Traitement des déchets : mettre en
place des filières fiables dans un plus grand nombre de pays
23
Section V : Initiatives de Total France en
faveur de la gestion des déchets de consommation, et plus
particulièrement les déchets plastiques 23
'
Forte mobilisation de l'ensemble du Réseau
de stations-service à la gestion des déchets : 23
Participation active aux campagnes
« vacances propres » : 24
Fabrication de bidons en plastique Pehd
recyclé : 24
Rationalisation de la gestion des
déchets dans les stations-service 24
'
Section VI : Initiatives de Total Côte
d'Ivoire en faveur de la gestion des déchets de consommation, et plus
particulièrement les déchets plastiques 25
''
Nature des déchets d'emballages
lubrifiants par Total Côte d'Ivoire 25
''
Initiatives de Total Côte d'Ivoire en
matière de traitement et d'élimination des déchets
26
Recyclage et revalorisation
énergétique des huiles usées 26
'
Analyse comparatives des pratiques des filiales
Total France et Total Côte d'Ivoire 26
'
Chapitre II : Cadre conceptuel de la
Responsabilité Sociale de l'Entreprise (RSE) 28
Section I : Définitions et enjeux de
la RSE 28
Définition du concept 28
'
Dimensions de la Responsabilité Sociale de
l'Entreprise 29
Pourquoi les entreprises devraient-elles
être socialement responsables? Approche théorique. 30
Section II : Cadre conceptuel
économique de la RSE : la firme « noeud de
contrats » 31
RSE et Théorie des parties prenantes
31
'
RSE et Théorie de la dépendance
à l'égard des ressources 32
Section III : Cadre conceptuel sociologique
de la RSE : la firme encastrée dans la société
33
Légitimité : valeur
clé de la RSE 33
'
Processus d'institutionnalisation de la RSE
34
Section IV : Développement durable comme
positionnement stratégique 35
Positionnement « Développement
Durable » 36
1- Stratégie volontariste : le comportement
Ecosensible 37
2) Stratégie déterministe : le
comportement Ecodéfensif 37
Développement durable comme stratégie de
rupture 38
Section V : Normalisation et
développement durable : la Norme ISO 14001 42
'
Présentation de l'Organisation
Internationale de Normalisation (ISO) et la norme ISO 14001 42
'
Intérêts pour une entreprise
à s'engager dans une certification ISO 14001 43
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES DONNEES,
PRESENTATION DES RESULTATS ET PERSPECTIVES 46
Chapitre III : Facteurs explicatifs des divergences
au sein des filiales des entreprises multinationales en matière de RSE.
47
Section I : Facteurs explicatifs relatifs au
Cadre réglementaire. 48
Section II : Facteurs explicatifs relatifs au
Cadre institutionnel 52
Section III : Facteurs explicatifs
relatifs au Cadre économique 55
Section IV : Facteurs explicatifs
relatifs au Cadre Normatif 57
'
Section V : Facteurs explicatifs relatifs au
Degré d'implication du secteur privé dans le processus de gestion
des déchets 59
'
Section VI : Facteurs explicatifs relatifs au
Degré d'implication des citoyens dans le processus de gestion des
déchets. 61
Conclusion partielle : 63
Chapitre IV : Perspectives 65
'
Section I : Rappel de la question de
recherche, de l'objectif et des hypothèses de recherche 65
Section II- Principales conclusions 66
Section III : Recommandations :
70
'
Sur le plan du micro-environnement : au niveau
Total Côte d'Ivoire 70
'
Adoption d'un positionnement Ecosensible
70
Engagement de Total en faveur de la norme
ISO 14001 71
'
Mise sur pied d'un projet de collecte et de
revalorisation des emballages plastiques usagés : 71
Sur le plan du macro-environnement : au niveau
national 72
'
Recommandation en rapport avec le
constat de la non-application du dispositif réglementaire existant et
l'absence de précision dans les lois et règlements.
72
'
Recommandation en rapport avec
l'instabilité et les difficultés de coordination des instances
institutionnelles. 72
'''
Recommandation en rapport avec
l'inexistence d'un secteur industriel affecté à la valorisation
des déchets, le déséquilibre du système de
financement des déchets non équilibré de l'absence de
ressources additionnelles. 72
'
Recommandation en rapport avec le
dispositif de normalisation, d'information et de sensibilisation des citoyens
aux questions environnementales 73
Conclusion : 74
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 76
TABLE DE MATIERES 80
ANNEXES I - IX 83
ANNEXE I : GLOSSAIRE
Biodégradable :
qualifie une substance qui peut être dégradée rapidement
par des organismes vivants, notamment des micro-organismes.
Bourse de déchets :
Service organisant les industriels, le commerce ou l'échange des
sous-produits et des matériaux récupérables, pour
réduire la pollution et promouvoir l'économie des matières
premières.
Conscience écologique
: conscience collective s'exerçant dans le domaine de
l'écologie,
Décharge sauvage :
décharge brute effectuée sans autorisation du propriétaire
et/ou en violation de la réglementation.
Déchets :
substance ou matériau rejeté après production, fabrication
ou usage déterminé, ne possédant pas de valeur marchande
ou technologique dans les conditions actuelles de l'économie ou de la
technique.
Ecocitoyenneté :
Citoyenneté incluant des principes en matière de respect de
l'environnement, qui permet l'exercice des droits et devoirs de chacun en
matière d'environnement, et qui est indissociable de l'éducation
et de l'information.
Ecoconception :
principe permettant de réduire les impacts sur l'environnement tout au
long du cycle de vie du produit pendant la phase de conception.
Education à
l'environnement : permet au citoyen de mesurer les
conséquences de ses gestes et de ses choix au quotidien et de mieux
connaitre les risques liés à l'environnement, et dans ce contexte
la connaissances des problématique environnementales doit largement
dépasser le cadre scolaire pour se répandre dans la
société toute entière.
Etude d'impact : étude
d'environnement de caractère analytique et prospectif relative à
l'incidence d'un projet d'aménagement sur l'environnement du site
d'accueil
Lutte antipollution :
ensemble de moyens propres à prévenir, réduire ou
supprimer la pollution d'un milieu : procédés technologiques,
législation, réglementation, actions de groupe de pression...
Récupération :
Collecte et tri des ordures en vue d'en séparer des produits ou
matériaux à des fins de réemploi, de réutilisation
ou de recyclage.
Recyclage de déchets :
réintroduction des matériaux dans le cycle dont ils sont issus,
ayant notamment pour résultat de réduire les déchets.
Valorisation des
déchets : Réemploi, recyclage ou toute autre
action visant à obtenir des matériaux réutilisables ou de
l'énergie à partir des déchets.
ANNEXE II
PRESENTATION DU GLOBAL COMPACT
Historique et fonctionnement
Le Secrétaire général de l'ONU, Kofi
Annan, a évoqué l'idée du Pacte Mondial dans un discours
prononcé au Forum économique mondial de Davos, le 31 janvier
1999. La phase opérationnelle du Pacte a été lancée
au Siège de l'ONU à New York, le 26 juillet 2000. Le
Secrétaire général a invité les dirigeants
d'entreprise à se joindre à une initiative internationale - le
Pacte Mondial - qui rassemblerait les entreprises et les organismes des Nations
Unies, le monde du travail et la société civile autour de neuf
principes universels relatifs aux droits de l'homme, aux normes du travail et
à l'environnement. Depuis le 24 juin 2004, le Pacte Mondial compte un
dixième principe relatif à la lutte contre la
corruption.
S'appuyant sur le pouvoir de l'action collective, le Pacte
Mondial s'attache à promouvoir la responsabilité civique des
entreprises afin que le monde des affaires puisse participer à la
recherche de solutions pour résoudre les problèmes posés
par la mondialisation. En partenariat avec d'autres acteurs sociaux, le secteur
privé peut ainsi contribuer à la réalisation du projet du
Secrétaire général: une économie mondiale plus
viable et plus ouverte.
Aujourd'hui, des centaines de sociétés de toutes
les régions du monde, ainsi que des organisations internationales du
travail et de la société civile participent au Pacte Mondial. Il
s'agit d'une initiative directe du Secrétaire général,
dont l'effectif est modeste et les activités sont souples.
Le Pacte Mondial est une initiative volontaire d'entreprises
responsables, à laquelle sont associés deux objectifs
complémentaires :
- Intégrer le Pacte Mondial et ses principes à
la stratégie et aux activités des entreprises ;
- Favoriser la coopération entre les principales
parties intéressées et promouvoir les partenariats établis
à l'appui des objectifs poursuivis par l'ONU.
Pour atteindre ces objectifs, le Pacte Mondial propose
plusieurs mécanismes de facilitation et de participation : concertation
sur les politiques, apprentissage, structures locales et projets.
Le Pacte Mondial n'est pas un instrument de
réglementation - il ne sert pas à sanctionner, à dicter ou
à évaluer le comportement ou les actions des
sociétés. Il s'appuie plutôt sur la responsabilité
à l'égard du public, la transparence et l'intérêt
à long terme des sociétés, du monde du travail et de la
société civile pour lancer des actions concrètes et
conjointes en appliquant les principes énoncés dans le Pacte
Mondial.
Le Pacte Mondial est un réseau, au coeur duquel
se trouve le Bureau du Pacte Mondial et quatre organismes des Nations Unies :
le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, le Programme des
Nations Unies pour l'environnement, l'Organisation internationale du Travail et
le Programme des Nations Unies pour le développement. Il fait
également appel à tous les partenaires sociaux concernés :
les gouvernements, qui ont défini les principes sur lesquels s'appuie
l'initiative ; les sociétés, dont les actions sont censées
être influencées par le Pacte ; le monde du travail, dans lequel
le processus de la production mondial se réalise concrètement;
les organisations de la société civile, représentant
l'ensemble des parties prenantes ; et l'ONU, seul véritable forum
politique mondial, qui sert d'organisateur et de catalyseur faisant
autorité.
Les Dix Principes du Global
Compact
Le Pacte Mondial invite les entreprises à adopter,
soutenir et appliquer dans leur sphère d'influence un ensemble de
valeurs fondamentales, dans les domaines des droits de l'homme, des normes de
travail et de l'environnement, et de lutte contre la corruption. En d'autres
termes, c'est seulement dans les domaines qui les concernent que l'on requiert
des entreprises de véritables évolutions.
Les Dix Principes sont tirés des instruments
ci-après:
· Déclaration universelle des droits de l'homme;
Déclaration de l'Organisation internationale du Travail
relative aux principes et droits fondamentaux au travail;
Déclaration de Rio sur l'environnement et le
développement;
Convention des Nations Unies contre la corruption.
Les principes, catégorie par catégorie, sont les
suivants :
Droits de l'homme
1. Les entreprises sont invitées à promouvoir et
à respecter la protection du droit international relatif aux droits de
l'Homme dans leur sphère d'influence ; et
2. A veiller à ce que leurs propres compagnies ne se
rendent pas complices de violations des droits de l'Homme.
Droit du travail
3. Les entreprises sont invitées à respecter la
liberté d'association et à reconnaître le droit de
négociation collective ;
4. L'élimination de toutes les formes de travail
forcé ou obligatoire ;
5. L'abolition effective du travail des enfants ; et
6. L'élimination de la discrimination en matière
d'emploi et de profession.
Environnement
7. Les entreprises sont invitées à appliquer
l'approche de précaution face aux problèmes touchant
l'environnement ;
8. A entreprendre des initiatives tendant à promouvoir
une plus grande responsabilité en matière d'environnement ; et
9. et a favorisé la mise au point et la diffusion de
technologies respectueuses de l'environnement.
Lutte contre la corruption
10. Les entreprises sont invitées à agir contre
la corruption sous toutes ses formes, y compris l'extorsion de fonds et les
pots-de-vin.
ANNEXE III
Article 46 de la loi n° 2009-967 du 3 août
2009 de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de
l'environnement
La politique de réduction des déchets,
priorité qui prévaut sur tous les modes de traitement, sera
renforcée de l'écoconception du produit à sa fabrication,
sa distribution et sa consommation jusqu'à sa fin de vie. La
responsabilité des producteurs sur les déchets issus de leurs
produits sera étendue en tenant compte des dispositifs de
responsabilité partagée existants et la réduction à
la source fortement incitée. La politique relative aux déchets
respecte, dans les conditions prévues par les articles 3 et 4 de la
directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil, du 19 novembre
2008, relative aux déchets et abrogeant certaines directives, la
hiérarchie du traitement des déchets fixée par ces
mêmes articles : prévention, préparation en vue du
réemploi, recyclage, valorisation matière, valorisation
énergétique et élimination. Le traitement des
déchets résiduels doit être réalisé
prioritairement par la valorisation énergétique dans des
installations dont les performances environnementales seront renforcées
et, à défaut, pour les déchets ultimes non valorisables,
par l'enfouissement. Les installations correspondantes devront justifier
strictement leur dimensionnement. Parallèlement, les quantités de
déchets partant en incinération ou en stockage seront globalement
réduites avec pour objectif, afin de préserver les ressources et
de prévenir les pollutions, une diminution de 15 % d'ici à
2012.
Dans cette perspective, les objectifs nationaux sont
arrêtés de la façon suivante : a) Réduire la
production d'ordures ménagères et assimilées de 7 % par
habitant pendant les cinq prochaines années ;
b) Augmenter le recyclage matière et organique afin
d'orienter vers ces filières un taux de 35 % en 2012 et 45 % en 2015 de
déchets ménagers et assimilés contre 24 % en 2004, ce taux
étant porté à 75 % dès 2012 pour les déchets
d'emballages ménagers et les déchets banals des entreprises hors
bâtiment et travaux publics, agriculture, industries agro-alimentaires et
activités spécifiques.
En particulier, améliorer la gestion des déchets
organiques en favorisant en priorité la gestion de proximité de
ces derniers, avec le compostage domestique et de proximité, et ensuite
la méthanisation et le compostage de la fraction fermentescible des
déchets ménagers et plus particulièrement celle des
déchets des gros producteurs collectés séparément
pour assurer notamment la qualité environnementale, sanitaire et
agronomique des composts et la traçabilité de leur retour au
sol.
Pour encourager le recyclage des déchets et la
valorisation, la France soutient l'élaboration au niveau communautaire
d'un statut juridique adapté pour ces matières premières
tenant compte, notamment, de leurs caractéristiques et de leurs usages
et définissant les droits et obligations des producteurs et des
utilisateurs.
Pour atteindre ces objectifs, outre la rénovation de
certaines réglementations de protection de l'environnement dans le
domaine des déchets, l'Etat mettra en oeuvre un dispositif complet
associant :
a) Un soutien au développement de la communication, de
l'information et de la recherche sur les déchets, notamment sur les
impacts des différents modes de gestion des déchets et sur les
produits de substitution qui sont sources d'une production moindre de
déchets ; le Gouvernement présente, dans un délai de trois
mois à compter de l'entrée en vigueur de la présente loi,
des propositions visant à harmoniser les indicateurs français
mesurant les performances en matière de traitement des déchets
avec ceux des pays de l'Union européenne ; b) Une fiscalité
sur les installations de stockage et d'incinération visant à
inciter à la prévention et au recyclage et modulée en
fonction des performances environnementales et énergétiques des
installations ainsi que sur les produits fortement générateurs de
déchets lorsqu'il existe des produits de substitution à
fonctionnalité équivalente dont l'impact environnemental est
moindre et tenant compte de leur contribution au respect des impératifs
d'hygiène et de santé publique ; le produit de cette
fiscalité bénéficiera prioritairement au financement
d'actions concourant à la mise en oeuvre de la nouvelle politique des
déchets, en particulier en termes de prévention et de recyclage,
et devra, au plus tard fin 2015, avoir été intégralement
affecté à cette politique. Le Gouvernement transmet au Parlement
avant le 10 octobre 2009 un rapport étudiant la possibilité
d'alléger la taxe générale sur les activités
polluantes pesant sur les collectivités dont les déchets sont
éliminés dans des installations de stockage lorsqu'elles
réalisent des installations d'incinération, des installations de
récupération du biogaz ou des installations connexes visant
à l'amélioration de la valorisation ;
c) L'application aux biocarburants produits à partir de
la transformation des graisses animales des dispositions prévues pour
les biocarburants d'origine végétale ;
d) Un cadre législatif permettant l'instauration par
les collectivités territoriales compétentes d'une tarification
incitative pour le financement de l'élimination des déchets des
ménages et assimilés. La redevance d'enlèvement des
ordures ménagères et la taxe d'enlèvement des ordures
ménagères devront intégrer, dans un délai de cinq
ans, une part variable incitative devant prendre en compte la nature et le
poids et/ou le volume et/ou le nombre d'enlèvements des déchets.
Le recouvrement et le quittancement de la part variable de la taxe
d'enlèvement des ordures ménagères s'effectueront dans les
conditions actuelles fixées par l'
article
1641 du code général des impôts. Le Gouvernement
présente au Parlement, dans un délai de trois mois à
compter de l'entrée en vigueur de la présente loi, une
étude sur l'opportunité d'asseoir la taxe d'enlèvement des
ordures ménagères sur la taxe d'habitation ;
e) Un cadre réglementaire, économique et
organisationnel permettant d'améliorer la gestion de certains flux de
déchets, notamment par le développement de collectes
sélectives et de filières appropriées : les déchets
d'activités de soins à risques infectieux des ménages, les
déchets du secteur du bâtiment et des travaux publics, les
déchets organiques, les déchets dangereux diffus des
ménages et assimilés, les déchets encombrants issus de
l'ameublement et du bricolage et les déchets d'équipements
électriques et électroniques des ménages sont
concernés en premier lieu ; dans le cas particulier des emballages, le
financement par les contributeurs sera étendu aux emballages
ménagers consommés hors foyer et la couverture des coûts de
collecte, de tri et de traitement sera portée à 80 % des
coûts nets de référence d'un service de collecte et de tri
optimisé, dans l'agrément de l'écoorganisme
compétent à l'occasion de son renouvellement fin 2010, pour
prendre effet au plus tard fin 2012 et les contributions financières des
industriels aux écoorganismes seront modulées en fonction des
critères d'écoconception ; la signalétique et les
consignes de tri seront progressivement harmonisées, une instance de
médiation et d'harmonisation des filières agréées
de collecte sélective et de traitement des déchets sera
créée ; en outre, un censeur d'Etat assistera aux réunions
du conseil d'administration des écoorganismes agréés et
pourra demander communication de tout document lié à la gestion
financière de l'écoorganisme ; tout écoorganisme ne pourra
procéder qu'à des placements financiers sécurisés
dans des conditions validées par le conseil d'administration
après information du censeur d'Etat ;
f) Une collaboration renforcée, dans chaque
département d'outre-mer, entre tous les écoorganismes
agréés ainsi que, si nécessaire, une interface unique les
représentant tous ;
g) Un cadre renforcé pour la gestion de
proximité de déchets spécifiques : mâchefers, boues
de station d'épuration et de co-incinération, bois
traités, sédiments de dragage et curage ;
h) Des mesures limitant l'emballage au respect d'exigences de
sécurité des produits, d'hygiène et de logistique ;
i) Une modernisation des outils de traitement des
déchets et notamment de leur part résiduelle par la valorisation
énergétique ; la méthanisation et le compostage de la
fraction fermentescible des déchets séparés à la
source seront encouragés dans un cadre de cohérence nationale et
d'engagements contractuels de tous les acteurs concernés pour assurer
notamment la qualité environnementale, sanitaire et agronomique des
composts et la traçabilité de leur retour au sol, ainsi que la
qualité du biogaz, notamment dans la perspective de son injection dans
les réseaux de distribution ; les clauses de tonnages minimums devront
être supprimées dans tous les nouveaux contrats d'unités
d'incinération et dans les contrats à renouveler, afin de
réduire la quantité de déchets stockés ou
incinérés ; les nouveaux outils de traitement thermique et les
nouvelles installations de stockage situées en métropole devront
justifier strictement leur dimensionnement en se fondant sur les besoins des
territoires tout en privilégiant une autonomie de gestion des
déchets produits dans chaque département ou, à
défaut, dans les départements contigus afin de respecter le
principe de proximité en s'adaptant aux bassins de vie.
Le rôle de la planification sera renforcé
notamment par :
? l'obligation de mettre en place des plans de gestion des
déchets issus des chantiers des bâtiments et travaux publics et
d'effectuer un diagnostic préalable aux chantiers de
démolition ; ? un soutien aux collectivités territoriales
pour l'élaboration des plans locaux de prévention de la
production de déchets afin d'en favoriser la
généralisation ;
la révision des plans élaborés par les
collectivités territoriales afin d'intégrer les objectifs du
présent article et de définir les actions nécessaires pour
les atteindre.
ANNEXE IV
Groupe Total :
Charte Sécurité Environnement
Qualité
Annexe V
Enjeux de la norme 14001 sur la performance des
entreprises
Encadré 1 : Présentation sommaire de la
norme ISO 14001
Le système de management environnemental désigne
"la composante du système de management global qui inclut la structure
organisationnelle, les activités de planification, les
responsabilités, les pratiques, les procédures, les
procédés et les ressources pour élaborer, mettre en
oeuvre, réaliser, passer en revue et maintenir la politique
environnementale" (Norme ISO 14001, 1996). L'organisation du management
environnemental repose sur la réalisation de cinq étapes
successives (ISO 14001, 1996) :
(1) La rédaction d'une politique environnementale
qui explicite les principes généraux et les engagements
environnementaux décidés par la direction de l'organisme. Cette
politique environnementale comprend notamment l'engagement au respect de la
réglementation et à la recherche d'une amélioration
continue. Elle est communiquée à tout le personnel de
l'exploitation et est disponible, sur simple demande, pour les tiers. Elle
délimite également le champ d'application de l'étape de
planification.
(2) L'établissement d'un plan environnemental
donne un contenu concret au système de management environnemental.
Il prend en considération les aspects réglementaires, les aspects
environnementaux significatifs, les exigences commerciales et les points de vue
des parties intéressées. Ce plan environnemental attribue les
responsabilités et précise notamment les objectifs,
l'échéancier de leur réalisation, les meilleures
techniques disponibles et économiquement viables pour les atteindre et
enfin le choix d'indicateurs efficaces mesurant les résultats
environnementaux.
(3) La mise en oeuvre du plan environnemental suppose
l'engagement et l'adhésion de l'ensemble du personnel suite à la
sensibilisation, à la formation et à l'acquisition de
compétences lui permettant d'être opérationnel dans le
domaine environnemental. Cette mise en oeuvre comprend également
l'élaboration d'un système documentaire relatif au système
de management environnemental, notamment en termes de formalisation des
procédures, de veille réglementaire et technologique et de
communication interne et externe.
(4) La phase de contrôle des performances
environnementales et d'actions correctives qui permet d'évaluer
régulièrement les performances environnementales, de corriger les
non-conformités et de favoriser leur prévention. Elle comprend
notamment des audits périodiques du système de management ou de
certaines de ces composantes par des personnes compétentes afin de
vérifier la conformité aux prescriptions normatives.
(5) La revue de direction exhaustive et bien documentée
qui aborde les éventuels changements de politique et de mise en oeuvre
suite à la révision du système de management
environnemental à intervalles définis afin de garantir la
pertinence, l'efficacité, et l'amélioration continue.
Source : Mzoughi et Grolleau, 2005, La norme ISO
14001 : un moyen de protection de l'environnement ou une arme concurrentielle
?, INRA-ENESAD/UMR CESAER/Centre d'Economie et Sociologie
appliquées à l'Agriculture et aux Espaces Ruraux
Figure : Enjeux de la Norme 14001 pour les entreprises.
Source : Groupe AFNOR, mai 2008
ANNEXE VI
Principes fondateurs de la gestion
opérationnelle des déchets en France et Dispositif
économique de financement.
ANNEXE VII
Cadre et outils de gestion des déchets urbains
en Côte d'Ivoire
PRESENTATION DU DISPOSITIF DE GESTION DES DECHETS
MENAGERS EN COTE D'IVOIRE
A- Organisation et gestion des ordures
ménagères à Abidjan.
1) Typologies des déchets
urbains
A Abidjan, les déchets urbains sont de trois types (Cf.
Figure 1).
Figure 1 : Les différents types de déchets
urbains de la ville d'Abidjan.
N.B : Les rectangles arrondis en gris sont les types de
déchets qui font l'objet de l'étude
Sources : SANÉ, 2002
1) Circuit de traitements des déchets
urbains
Figure 2 : circuit des déchets urbains solides a
Abidjan.
Source : Sané, 2002
B- ETAPES DU PROCESSUS DE REVALORISATION DES DECHETS
SOLIDES PLASTIQUES.
Figure 1 : Approche conceptuelle de la valorisation des
déchets plastiques à Yopougon : Analyse des filières.
Source : Silué, 2007
C- ACTEURS INTERVENANT DU PROCESSUS DE REVALORISATION
DES DECHETS SOLIDES PLASTIQUES
Six catégories d'acteurs ont été
identifiées. Il s'agit des récupérateurs directs, des
récupérateurs intermédiaires grossistes, des grossistes
broyeurs, des laveurs de sachets plastiques, des récupérateurs
intermédiaires des industriels et des industriels (Cf. Figure 2).
LES RÉCUPÉRATEURS
DIRECTS constituent le premier maillon de la
récupération. Quatre groupes de récupérateurs
directs ont été identifiés. Ce sont les
récupérateurs ambulants, les récupérateurs de la
décharge, les précollecteurs et les éboueurs des
sociétés de collecte des ordures.
Le groupe des récupérateurs
ambulants est majoritairement constitué de femmes et
d'enfants travaillant pour ces femmes. La stratégie de
récupération des déchets plastiques de ce groupe est la
promenade. Les récupérateurs ambulants fouillent aussi bien les
poubelles privées que les bacs à ordures sans oublier la
décharge d'Akouédo et les autres centres de transit des
déchets. La particularité de ce groupe est qu'il participe
à toutes les étapes de la filière informelle de
revalorisation des déchets solides plastiques.
Figure 2 : Approche conceptuelle de la valorisation des
déchets plastiques à Yopougon : Analyse des acteurs.
Source : Silué, 2007
Les récupérateurs de la
décharge collectent uniquement les déchets solides
plastiques à la décharge d'Akouédo. Les acteurs de ce
groupe font de la récupération, leur activité principale.
Ils ont la possibilité de récupérer d'énormes
quantités de déchets solides plastiques qu'ils vendent
directement aux intermédiaires grossistes. Ce sont eux qui fournissent
la plus grande quantité de déchets plastiques revalorisés
à la zone industrielle de Yopougon.
Les Précollecteurs sont des
agents des sociétés de précollecte des ordures qui pour
améliorer leur revenu, trient dans les poubelles des ménages qui
les emploient, les déchets solides plastiques qu'ils vendent aux
récupérateurs intermédiaires grossistes.
Quant aux éboueurs des
sociétés de collecte des ordures
ménagères, ils collectent les déchets
solides plastiques dans les poubelles des ménages et dans les camions de
ramassage des ordures lorsqu'il s'agit d'une collecte par porte à porte.
Par contre, lorsqu'il s'agit d'une collecte par apport volontaire, ces
éboueurs sont chargés de remettre dans le bac à ordures,
les ordures versées par terre. C'est pendant cette opération
qu'ils profitent pour trier les déchets solides plastiques aussi bien
à terre que dans les bacs à ordures.
LES RÉCUPÉRATEURS
INTERMÉDIAIRES GROSSISTES à la différence du
premier groupe (récupérateurs directs) ne procèdent pas au
tri à la décharge ou tout autre site de
récupération des déchets solides plastiques. Leur
intervention dans la récupération consiste à acheter les
déchets solides plastiques collectées par les
récupérateurs directes, ensuite, ils les acheminent sur les
différents sites de lavage où ils les trient, les lavent ou les
font laver, les sèchent et enfin, les revendent soit aux
intermédiaires des industriels, soit directement aux industriels. En ce
qui concerne le plastique rigide, ils le revendent en général aux
grossistes broyeurs.
LES GROSSISTES BROYEURS interviennent
uniquement dans le broyage du plastique rigide. Ils achètent les
plastiques rigides avec les récupérateurs intermédiaires
grossistes et les récupérateurs ambulants, le broient à
l'aide de puissantes broyeuses et le revendent à certains industriels.
LES RÉCUPÉRATEURS
INTERMÉDIAIRES DES INDUSTRIELS opèrent au
compte des industriels qui n'ont souvent pas le temps d'aller eux-mêmes
sur les sites pour acheter les déchets solides plastiques. Ce groupe est
constitué en général des chauffeurs des industries de
revalorisation du plastique, mais on y trouve aussi d'autres personnes choisies
par les industriels pour leur connaissance de la qualité du plastique
recherché par ces industriels.
LES INDUSTRIELS DES DÉCHETS SOLIDES
PLASTIQUES constituent le dernier maillon de la
récupération des déchets solides plastiques. Ils sont les
seuls à faire partie du secteur formel. Après avoir acheté
les déchets plastiques, ils procèdent d'abord au tri, ensuite
à leur régénération et enfin à leur
recyclage proprement dit.
En plus de ces acteurs qui s'approprient un temps soit peu les
déchets solides plastiques, se trouve LE GROUPE DES LAVEURS
DE SACHETS PLASTIQUES qui n'interviennent que sur le site de
lavage de la zone industrielle de Yopougon. Ce sont en majorité des
filles dont l'âge varie entre 15 et 20 ans, organisées en groupe
de trois ou quatre. Après avoir négocier le montant de leur main
d'oeuvre avec les récupérateurs intermédiaires grossistes,
elles installent des sacs bourrées de pierres pour délimiter leur
zone d'activité dans le canal de drainage de la zone industrielle de
Yopougon et commencent le lavage. La figure x montre les différents
acteurs de la filière et les relations qui les lient.
D- TYPES DE PLASTIQUES ENTRANT DANS LE PROCESSUS DE
REVALORISATION DES DECHETS SOLIDES PLASTIQUES A ABIDJAN (Yopougon)
Deux principaux types de déchets solides plastiques
sont revalorisés à la zone industrielle de Yopougon. Ce sont les
plastiques rigides et les plastiques souples.
Les plastiques rigides revalorisés sont les
polyéthylènes, les polypropylènes et les polychlorures de
vinyle. L'industrie du plastique a créé un système de sept
codes. (cf. Figure 3).
En ce qui concerne les plastiques souples, trois lots ont
été identifiés. Le lot 1 est constitué des sachets
de grande taille et épais. Toutes les couleurs sont admises dans ce lot
sauf la couleur noire. Le lot 2 a les mêmes caractéristiques que
le lot 1 en ce qui concerne la taille et l'épaisseur des sachets, mais
sont de couleur noire. Quant au lot 3, on y trouve les sachets de petite taille
sans distinction d'épaisseur et de couleur.
Figure 3: Typologie des thermoplastiques faisant l'objet
de recyclage.
Type de Thermoplastiques
|
Code de recyclage
|
Utilisations et sources de déchets
|
Polyéthylène (PET)
|
|
Bouteilles, (Boissons gazeuses, eaux minérales, huiles
comestibles...), pots et flacons cosmétiques, films
|
Polyéthylène haute densité
(Pehd)
|
|
Bidons multicouches, containers, tuyaux, jouets, articles de
camping , Bouteilles, flacons (lait, lessive...), bidons (huiles moteurs,
phytosanitaires...), Fûts et containeurs, caisses et casiers, films pour
routage
|
Polychlorure de vinyle (PVC)
|
|
feuilles pour thermoformage pour les gobelets, barquettes,
boîtes alimentaires, blisters, films pour les applications
médicales, Profilés, tuyaux, contreforts pour chaussures, charges
diverses...
|
Polyéthylène basse densité
(Pebd)
|
|
films rétractables ou étirables, palettisation,
sacs, sachets; boîtages, sacs poubelles, films d'enlisage, moulage
(articles ménagers, jouets...)
|
Polypropylène (PP)
|
|
Films et sachets transparents (paquets cigarettes, fleurs,
bonneterie, produits alimentaires secs...) Tubes, Articles injectés,
moulés techniques, mobilier de jardin
|
Polystyrène (PS)
|
|
Feuilles pour thermoformage (pots de yaourts et autres
produits laitiers, gobelets...), Bouchage, Moulage (jouets, articles
ménagers...)
|
Autres (Polycarbonates)
|
|
des biberons et certaines tasses pour bébé, tout
comme les bonbonnes d'eau de 20 litres et certaines de 3,5 litres, Certains
contenants plastiques translucide et rigide
|
|
Source : Chambre syndicale des emballages en
matières plastiques, France.
E- Coûts de vente des déchets solides
plastiques de la zone industrielle de Yopougon
Le kilogramme du plastique rigide qui était vendu
à plus de 200 F CFA oscille maintenant entre 150 F et 175 CFA. Il faut
noter également que le plastique rigide n'est pas payé au
comptant comme c'est le cas du plastique souple. S'il doit être
payé au comptant, les prix deviennent beaucoup plus bas et peuvent
descendre jusqu'à 50 F CFA le Kilogramme en fonction des besoins du
vendeur et de la pression de l'acheteur. La grande partie du plastique rigide
est achetée par les grossistes broyeurs12(*). Ceux-ci revendent le kilogramme de plastique rigide
entre 500 et 600 F CFA aux industriels.
Les sachets du lot 1 sont vendus entre 250 F CFA et 300 F CFA
le kilogramme. Quant aux lots 2 et 3, ils sont vendus à 125 F le
kilogramme, mais pour le lot 3, l'acheteur défalque un pourcentage
d'humidité qui varie entre 20 et 40 % de la masse des sachets de ce lot
car les sachets de ce lot ne sont pas séchés avant la vente. La
vente de ces déchets plastiques profite à plus de 600 acteurs
dont près de 300 sont permanents sur le site de la zone industrielle
de
Yopougon. A part les femmes dont le revenu mensuel tiré
de cette vente est en général inférieur au Salaire
Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) de la Côte d'Ivoire (en
moyenne 1 000 F CFA par jour) qui est environ de 36 000 F CFA, tous les autres
acteurs gagnent nettement mieux. L'ONG LVIA de Ouagadougou achète le
kilogramme de plastique rigide (polyéthylène et
polypropylène) à 25 F CFA le kilogramme si le
récupérateur transporte les déchets plastiques au centre
de revalorisation et 20 F FCA si l'ONG va sur les sites de
récupération. On se rend compte que ces prix sont largement
inférieurs à ceux pratiqués à la zone industrielle
de Yopougon. Cette situation pourrait s'expliquer par le fait que les
plastiques rigides sont lavés au savon et avec de l'eau potable à
Ouagadougou tandis qu'à la zone industrielle, ils ne sont pas du tout
lavés. Les impuretés du plastique rigide seraient à
l'origine de l'hétérogénéité du plastique
signalée par les industriels de zone industrielle de Yopougon.
ANNEXE VIII :
Diagramme de causes-effets : Dispositif
réglementaire, institutionnel de la gestion des déchets en France
et son impact sur les pratiques de RSE des entreprises.
Source : l'auteur
ANNEXE IX :
Diagramme de causes-effets : Dispositif
réglementaire, institutionnel de la gestion des déchets en
Côte d'Ivoire et son impact sur les pratiques de RSE des entreprises.
Source : l'Auteu
* 1 Georges Dougueli, 2010,
Chasse aux sacs plastiques, www.jeuneafrique.com, visité le
31/03/2010.
* 2 « Les enjeux de
la responsabilité sociale et économique (RSE) en Côte
d'ivoire », 2009, document non publié disponible au CELA-ESCA
(Abidjan, Côte d'Ivoire).
* 3
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020949548,
visité le 11 janvier 2010
* 4 Gestion des huiles
usées. Total CI, 2009
* 5 Michel Capron et
Françoise Quairel-Lanoizelée, 2007, La responsabilité
sociale de l'entreprise. P.44
* 6 Chronologie du droit de
l'environnement en France.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_du_droit_de_l'environnement_en_France,
visité le 22 avril 2010
* 7 Classification des
déchets, Document réalisé le 1er juillet 2008 par
l'Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d'Industrie,
Pôle Environnement et Développement Durable/
* 8 Agenda 21 Côte
d'Ivoire : Aspects économiques du développement durable en
côte d'ivoire.
http://www.un.org/esa/agenda21/natlinfo/countr/cotedi/eco.htm, visité le
22 avril 2010
* 9 Kouadio, A., 2008,
« Economie et Déchet », Atelier international sur la
gestion des déchets en Afrique, document non publié, disponible
à l'Université d'Abobo-Adjamé,
* 10Théodore
Kouadio, 2009, « Abidjan-ville propre : 560 mille tonnes
d'ordures enlevées dans le district », Fraternité
Matin, 4/11/2009.
* 11 Classification des
déchets, Document réalisé le 1er juillet 2008 par
l'Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d'Industrie,
Pôle Environnement et Développement Durable/
* 12 SILUÉ, 2007,
Revalorisation des déchets solides plastiques à la zone
industrielle de Yopougon (Abidjan, Côte d'Ivoire) et risques sanitaires
associés, SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES, N°15 - juin 2007, Pages
26 à 32
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