CHAPITRE V : SUR LA PRATIQUE DE LA PI CHEZ
L'INSTRUMENTISTE EN PER
OPERATOIRE :
· Respect du principe du ·No
touch·.
Dans notre étude, ce principe n'était
respecté par aucun instrumentiste. La protection des instruments a
donné lieu à plusieurs artifices. La règle du no
touch introduite en France par Cauchoix J.
[27] avec recouvrement de la partie opératoire des
instruments doit rester en vigueur. (Voir en annexe II le développement
de cette règle).
Le non respect de cette règle au CHU Tokoin de
Lomé où nous avions fait notre stage, pourrait s'expliquer par le
fait que ce principe, quand bien même elle est connue par nos
enseignants, n'a jamais été enseigné.
· Nettoyage des instruments avec une solution en per
opératoire :
Au cours de notre étude, dans 66,7% des cas, les
instruments n'étaient pas nettoyés avec un antiseptique lors des
interventions chirurgicales.
Ce geste, très important, pourrait être
méconnue de certains instrumentistes à qui la PI n'avait pas
été correctement enseignée au cours de leur formation.
Kounoudji PP. [13], en 2008 au Togo dan son
étude, nous appuie en ces termes : « le volume
horaire des enseignements théoriques réellement dispensés
n'a représenté que 56,82% de ce qui était
prévu. »
Selon une étude de Lannelongue J.
[15], c'est est un geste utile car, le nettoyage des
instruments de façon régulière pendant l'intervention
permet d'enlever le sang qui s'y est déposé et d'éviter
ainsi le développement microbien.
L'instrumentiste doit alors veiller à la
propreté des instruments en utilisant une compresse imbibée de
sérum physiologique, souvent préférable à des
antiseptiques peu efficaces à ce niveau ou agressifs pour le
matériel selon Brucker G. [19] en 1998 en France.
? Fautes d'asepsie dans les gestes lors des
interventions chirurgicales : 40% des instrumentistes faisaient
des fautes d'asepsie en per opératoire. Ainsi certains croisaient leurs
mains avec celles du chirurgien ou mélangeaient les instruments
déjà utilisés avec ceux stériles non encore
utilisés tandis que d'autres parlaient au dessus de la plaie
opératoire.
Selon une étude de Lannelongue J.
[15], il est prouvé que, pendant l'intervention, la
contamination de la plaie opératoire est favorisée par 3
facteurs :
- la parole même avec le port de deux bavettes ;
- l'ouverture des portes
- le mouvement des personnes présentes et bien entendu le
nombre de ces personnes.
Selon Brigitte T [28] dans
son ouvrage sur la gestion du risque infectieux au bloc
opératoire ; une (1) minute de conversation égale de 15000
à 20000 particules supérieures ou égales à 1um.
Nous avons remarqué au cours de nos stages, que les
mauvaises habitudes accumulées au bloc opératoire au fil des
jours par les plus anciens se transmettent aux plus jeunes. Il en est de
même pour certains chirurgiens qui font fi des pratiques standard en
matière de PI sur le champ opératoire,
« légalisant » ainsi ce genre de pratique aux yeux
de leurs subordonnés.
Après leur formation réglementaire à
l'Ecole des assistants médicaux de Lomé, les instrumentistes
formés ici n'effectuent point de stage dans des structures de plateaux
techniques plus avancés que les nôtres.
Un pareil stage devrait les aider à une meilleure prise
de conscience vis-à-vis de la PI au bloc opératoire.
? Redisposition aseptique des instruments
utilisés sur la table : Dans notre étude, dans
83 ,3% des cas, les instruments chirurgicaux utilisés restaient en
désordre sur la table opératoire. Selon Le Bon
[17], ces instruments une fois réutilisés, peuvent
être à l'origine de la contamination de la plaie opératoire
constituant ainsi un des éléments de la survenue des infections
postopératoires et l'infection une fois déclarée est
difficile à combattre. De toute façon elle risque de compromettre
le résultat attendu.
? Pansement des drains : Tous les
instrumentistes faisaient correctement le pansement des drains. Au bloc de la
traumatologie du CHU Tokoin, 89,85% des opérés sortaient du bloc
opératoire avec un dispositif de drainage aspiratif bien fait selon
l'étude de Gozo A. [30] en 2007 au Togo. Ces
dispositifs étaient réalisés par les instrumentistes sur
place ce qui, au fil des jours leur permettait de bien s'appliquer pour le
pansement des drains.
? Fautes d'asepsie au cours du pansement de la plaie
opératoire : Au cours de notre étude, 16,7% de
pansements de la plaie opératoire étaient faits avec des fautes
d'asepsie surtout le lavage immédiat de la plaie opératoire qui
est contesté. Il aurait pour but de débarrasser le champ
opératoire du sang, de lutter contre la dessiccation. De même
l'adjonction d'antiseptique à ce lavage reste controversée
malgré des études expérimentales faites par Petty
et al. [30] et Rosenstein et al.
[31]. Une chose est sûre, il ne faut pas employer ces antiseptiques au
niveau des cartilages dont ils peuvent abîmer les cellules comme
l'affirme l'étude de Ochsner PE.
[32].
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