INTRODUCTION
Les problèmes liés à l'emploi continuent
de s'étendre tant dans les pays industrialisés que dans les pays
en développement, avec un nombre élevé de femmes et
d'hommes exposés au chômage ou cantonnés dans des emplois
précaires, temporaires ou de mauvaise qualité. Dans les pays en
développement, où rares sont ceux qui peuvent se permettre
d'être volontairement au chômage, le problème se pose
davantage en termes de sous-emploi et de travail mal
rémunéré ou médiocre aussi bien dans le secteur
moderne qu'informel. C'est la raison pour laquelle la promotion d'un emploi
productif pour les hommes et pour les femmes occupe une place de choix dans les
activités de l'OIT.
La Côte d'Ivoire, à l'instar de plusieurs pays en
développement fait face à une forte croissance
démographique depuis les indépendances et Abidjan, la capitale
économique, reflète bien cette réalité. Le niveau
d'instruction de la population abidjanaise s'améliore progressivement et
rapidement, et pour preuve nous notons un accroissement du nombre des
diplômés de l'enseignement supérieur. Cette situation est
favorable à l'amélioration de la qualité de la main
d'oeuvre de haut niveau, facteur indispensable pour amorcer tout
développement économique et social. Cependant, l'environnement
économique qui redevient favorable après l'accord politique de
Ouagadougou (en termes de croissance économique) n'a pas encore produit
les effets attendus sur le marché du travail. La volonté
politique de placer la problématique de l'emploi en
général et de l'emploi des diplômés de
l'enseignement supérieur en particulier au coeur de la stratégie
de développement est encore sans effet.
En effet, force est de constater qu'un tiers de la population
active des diplômés du supérieur ne participe pas à
la production des biens et services parce qu'au chômage, et que les
occupés se retrouvent confinés dans des emplois de qualité
souvent critiquable et très peu stable. L'analyse du marché du
travail à Abidjan révèle des situations
préoccupantes aussi bien pour ceux en activité que pour ceux en
situation de chômage.
Dans le cadre de notre stage pratique pour l'obtention du
diplôme d'ingénieur des travaux statistiques, nous nous sommes
préoccupé d'étudier l'insertion des diplômés
de l'enseignement supérieur afin d'exposer le phénomène,
en rechercher les causes et les solutions possibles. L'Agence d'Etude et de
Promotion de l'Emploi (AGEPE) par le biais de la direction de l'observatoire de
l'emploi, des métiers et de la formation a initié une
enquête sur la situation de l'emploi à Abidjan ; cette
enquête n'avait pas pour objectif principal de mesurer la situation
spécifique des diplômés du supérieur ; cependant,
elle nous permet
d'appréhender dans une certaine mesure l'insertion
professionnelle des diplômés de l'enseignement
supérieur.
Cette étude n'a nullement la prétention d'avoir
totalement élucidé la situation de l'emploi des
diplômés du supérieur. Elle se présente en deux
parties. La première partie présente les concepts utiles à
la compréhension de l'analyse portant sur l'insertion professionnelle,
le cadre justificatif de cette étude et la problématique s'y
afférent et la méthodologie adoptée. La deuxième
partie de notre travail, subdivisée en trois chapitres, fait un
état des lieux relatif à l'emploi des diplômés du
supérieur en se focalisant sur l'insertion des diplômés et
les facteurs déterminants pour la qualité des emplois obtenus. Le
premier chapitre présente premièrement la situation
d'activité des diplômés sur le marché du travail et
ensuite le problème du chômage des diplômés ainsi que
leur stratégie d'insertion sur le marché du travail. Le
deuxième chapitre présente un regroupement des
diplômés suivant des caractéristiques communes. Le dernier
chapitre traite de l'analyse des facteurs susceptibles d'influencer la
qualité des emplois obtenus par les diplômés de
l'enseignement supérieur. Cette analyse est bâtie autour d'un
modèle économétrique présentant les
déterminants de l'appartenance à un emploi précaire ou
à un emploi stable.
PARTIE I : CADRE
CONCEPTUEL
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PARTIE 1 : CADRE CONCEPTUEL Chapitre 1 :
Définition des concepts
1-Population active occupée et population inactive
1.1-population active occupée
Les personnes occupées au sens du BIT sont celles ayant
travaillé pendant une durée quelconque, ne serait-ce qu'une
heure, au cours d'une semaine de référence.
Elle comprend toutes les personnes qui, au cours d'une
brève période (une semaine, un jour), ont été soit
au travail, soit pourvues d'un emploi sans l'exercer pour l'une des raisons
suivantes : maladie ou invalidité, obligations personnelles ou
familiales, mauvais temps, conflits de travail, vacances, autres raisons non
précisées (sauf les mises à pied, le travail à une
date ultérieure déterminée de certaines personnes).
Cet indicateur permet d'apprécier l'effectif des
personnes qui participent à la production des biens et services dans un
pays. Il s'obtient en faisant la somme des personnes qui sont au travail et
celles pourvues d'un emploi, mais qui ne l'ont pas exercé. Les
données requises pour le calcul proviennent d'enquêtes par sondage
sur la main d'oeuvre, d'enquêtes générales auprès
des ménages et d'enquêtes démographiques. Pour une bonne
analyse, cet indicateur peut être désagrégé par
sexe, âge, niveau d'instruction, nationalité, région, zone
(rurale ou urbaine), branche d'activité, institution (publique ou
privée), catégorie socioprofessionnelle.
1.2-Population inactive1
La population inactive est une catégorie
résiduelle formée des personnes qui ne sont ni pourvues d'un
emploi, ni au chômage. Elle englobe toutes les personnes qui, en raison
d'un handicap physique, ne sont pas en mesure de travailler et toutes celles
qui, pour des raisons de convenance personnelle, par exemple les études,
les responsabilités familiales ou un âge avancé, ne
désirent pas travailler.
Afin de réduire le coût de la collecte
d'informations, sont également incluses les personnes n'atteignant pas
un certain âge, défini au niveau national, même si elles
travaillent ou recherchent un emploi. L'âge en dessous duquel les
personnes sont considérées comme inactives est en
général déterminé en fonction des groupes
d'âge qui ne participent pas
1 Source: BIT, 1988
habituellement a l'activité économique, comme
les personnes n'ayant pas atteint l'âge de fin de scolarité
obligatoire ou l'âge minimal d'activité professionnelle
prévu par la loi. En Côte d'Ivoire, l'âge minimal
d'activité professionnelle est fixé a 14 ans.
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