I.1.2- sur le plan fiscal
A Sikasso comme dans le reste du Mali, le financement des
collectivités locales repose actuellement sur trois sources principales
(issues du transfert des compétences qui sont) : l'aide
extérieure, le Budget de l'Etat (DGD Dotation Globale de
Décentralisation), les produits de la fiscalité propre des
collectivités (impôts et taxes locales, redevances sur les
prestations de services,...). Malgré l'existence de cette multitude de
ressources (potentielles), le niveau moyen de mobilisation de celles-ci par les
collectivités territoriales demeure très bas, à tel point
que la presque totalité des collectivités souffrent d'une crise
de trésorerie permanente comme le montre le tableau n° 6 sur le
budget de fonctionnement de la commune urbaine de Sikasso de 1993 et 1994.
L'utilisation de ce tableau datant d'une douzaine d'année résulte
du fait que nous n'avons pas pu avoir d'informations actuelles sur le sujet. En
l'espace de deux ans, nous constatons une évolution négative du
solde (différence entre les recettes et les dépenses de la
commune) de - 11 millions (17 000€) à - 30 millions (45 000 €)
de Fcfa soit une augmentation d'environ 30%. Nous constatons également
que la commune a une annuité (montant que la collectivité doit
annuellement à un organisme financier) égale à
zéro. Ceci peut soulever des questions relatives aux problèmes
d'emprunts de la collectivité aux organismes financiers. Est ce un choix
de la collectivité ou est-ce un manque d'organismes financiers ? Des
recherches supplémentaires sont nécessaires pour apporter des
informations précises sur le sujet.
Le difficile recouvrement des taxes est dû, si nous
reprenons les propos d'un agent de la Mairie à « l'incivisme de
la population qui ne voit pas l'importance et le rôle des taxes dans le
développement local de la ville. Plus la population paie correctement
les taxes et impôts, plus la Marie se dote de moyens pour la
réalisation des services envers la population. Elle crée ainsi
des emplois et contribue au développement local de la ville
»19. En effet, les taxes comme les impôts sont mal
perçu par la population dans la mesure où celle-ci connaît
peu ou pas du tout la destination de sa contribution. De plus il existe un
problème de confiance quand à l'utilisation de ces taxes pour le
développement de la commune. Se pose alors la question de la bonne
gouvernance des collectivités locales par les élus locaux.
D'autres facteurs concernant les difficultés de recouvrement des
impôts existent. L'accroissement spatial de la ville de Sikasso devrait
en principe augmenter le potentiel fiscal de la ville. Mais la faible
19 Entretien réalisé avec un agent de la Mairie de
Sikasso le 20 mai 2006.
couverture géographique des structures de l'assiette et
du recouvrement associée à la faible mobilité des agents
des collectivités territoriales, notamment les secrétaires
généraux et les régisseurs concourent également aux
difficultés de prélèvement des taxes.
Tableau 6 : tableau du budget de fonctionnement de la
commune urbaine de Sikasso
En milliers de Fcfa
|
1993
|
1994
|
1- Recette de fonctionnement (*)
|
90 332
|
91 573
|
2- Dépense réelle de fonctionnement (**)
|
101 700
|
117 800
|
3- Epargne de gestion (1-2)
|
-11 368
|
-26 227
|
4- Annuité
|
0
|
0
|
5- Autofinancement (3-4)
|
-11 368
|
-26 227
|
6- Dépense d'investissement (3-4)
|
800
|
15 800
|
7- Recettes propres d'investissement
|
900
|
12 000
|
8- Besoin de financement (6-(7+5)
|
11 268
|
30 027
|
9- Recettes totales
|
91 232
|
103 573
|
10- Dépenses totales
|
102 500
|
133 600
|
11- Solde
|
- 11 268
|
-30 027
|
* Total des recettes ordinaires
** dépenses ordinaires hors dette, et alimentation du fond
réserve et du fonds d'équipement Source : troisième projet
urbain du Mali.
La DGD (2 500 Fcfa par personne) que l'Etat doit verser aux
collectivités au titre de l'article 251 et 252 du code des
collectivités locales n'est pas assurée
régulièrement pour la réalisation des compétences
transférées. Cela rend également difficile la
réalisation des services par les collectivités locales.
Il n'existe pas de taxe foncière20 au
Mali21. Mais des études ont été menées
pour l'instauration d'une taxe urbaine22 afin d'augmenter le
potentiel fiscal des communes depuis 1994. Celle-ci devrait toucher tous les
ménages :
- occupant un local bâti en ville,
- cela quels que soient leur revenus,
- qu'ils soient propriétaire ou locataire de leur
logement.
Cette taxe n'est toujours pas entrée en application pour
des raisons que nous ignorons.
20 Il existe juste une taxe sur les loyers allant à l'Etat
et une fiscalité indirecte : droit d'enregistrement et droit de
mutation.
21 Troisième projet urbain du Mali.
22 Idem.
Chapitre 6 : Quelles perspectives dans la gestion des services
dans les quartiers precaires
II.2.1- et lal, ucaclwanccoamcnclancrEG : une dialectique
émerge entre état et collectivité locale
La decentralisation et le transfert des competences aux
collectivites locales leur donnant plus d'autonomie dans la gestion de leur
commune et le developpement local ne semblent pas resoudre les difficultes
concernant la mise en place des services dans Kapelekourou comme dans le reste
des quartiers precaires. L'ère des déguerpissements est passee
mais les moyens dont dispose la commune urbaine de Sikasso ne sont pas
suffisants pour offrir les services qu'elle a la competence de realiser. Le
transfert de competences n'est pas accompagne par le transfert de ressources
correspondantes. Par ailleurs, certains obstacles liés à
l'amélioration du cadre de vie résultent de l'Etat. En effet,
même si les competences sont transférées aux communes,
l'Etat a lui aussi son rôle à jouer sur des points comme :
- la delivrance des permis d'occuper aux menages afin que
ceux-ci puissent avoir une
stabilite foncière. Ceci faciliterait la connexion du
quartier au réseau d'eau de la ville.
- - Le versement des DGD aux communes pour
faciliter la realisation des
competences transferees en matière de services.
- Il existe un partage des rôles en terme d'insertion des
quartiers precaires
Les habitants de Kapelekourou doivent donc chercher à
mettre en oeuvre pour la realisation des services et l'amélioration de
leur cadre de vie, d'autres solutions en plus que celle de l'Etat et des
collectivites locales.
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