Partie I : le processus de décentralisation au
Mali
Chapitre 1 : d'une gestion centralisée vers une
gestion décentralisée
I.1.1- Le contexte global de la gestion urbaine en
Afrique
La plupart des centres urbains du continent africain
connaissent aujourd'hui un ensemble de phénomènes qui ont
amené les experts, les acteurs du développement et les citadins
à reconnaître l'existence d'une véritable crise urbaine,
plus ou moins aggravée selon les contextes. Les villes du sud sont
aujourd'hui frappées depuis une vingtaine d'années par une
explosion sociale et démographique, qui s'illustre par un taux de
croissance urbaine le plus élevé au monde, et avec pour
conséquences principales un accroissement de la pauvreté et une
dégradation accélérée de l'environnement, dans un
contexte de désorganisation généralisée des
structures de gestion urbaine. Si on remontait 15 ans plus tôt, on
pourrait observer une absence quasi-totale de gestion urbaine planifiée,
résultat d'une concertation d'aménagement urbain ancré
dans la réalité des différents contextes urbains, en
raison d'une vision du développement urbain encore largement
dominée par une approche centralisatrice descendante, (du haut vers le
bas), le rôle prépondérant de l'Etat, et la
négligence de l'apport potentiel ascendant (du bas vers le haut) des
acteurs locaux (municipalités, populations, acteurs
économiques).
Face à l'ampleur de cette crise urbaine, une prise de
conscience progressive s'est opérée vis à vis de la
complexité des villes africaines et de leur développement mal
contrôlé, pour reconnaître petit à petit la
multiplicité des courants et faits politiques, économiques et
sociaux- culturels qui façonnent l'univers urbain africain de nos jours.
Pendant la même période, les responsables politiques et les
décideurs ont commencé à reconnaître leur
incapacité à gérer la crise sans la collaboration des
acteurs locaux.
Une des solutions proposées à cet effet est la
décentralisation de la gestion de la ville pour mieux saisir la
diversité des situations. Cette diversité de situations peut se
lire à différentes échelles. D'un pays à un autre,
d'une ville à l'autre à l'intérieur d'un même pays
et à une grande échelle, d'un quartier à un autre au sein
d'un même espace urbain.
L'adoption de la décentralisation a commencé
dans les années 90 en Afrique et « L'une des raisons
fondamentales qui légitiment la décentralisation aux yeux des
populations africaines est sa capacité a faire mieux que le
système antérieur de centralisation en la matière de
services public de base (~) la démocratie locale elle-mrme n'a de sens
que si elle débouche à terme sur la constitution d'équipes
municipales capables d'améliorer le
quotidien des populations dans la fourniture physique des
services essentiels suivants : l'eau potable, gestion des déchets et
assainissement, santé et éducation primaire etc.
»1. Cet objectif a été mis en place au Mali
grâce à une reforme institutionnelle et le transfert des
compétences aux communes qui ont désormais la
responsabilité de ces services de base.
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