L'activité de normalisation des systèmes
mobiles de troisième génération est née au sein de
l'UIT avec pour ambition de définir une norme mondiale qui se
substituerait aux systèmes existants. Un système mondial requiert
des bandes de fréquences communes à toutes les régions,
aussi les travaux sur la troisième génération n'ont-ils
vraiment débuté que lorsque la CAMR '92 eut identifié de
nouvelles bandes de systèmes pour ces fréquences. Cette
activité de normalisation fut conduite tant au niveau régional
(ETSI pour l'Europe, TTC et ARIB pour le Japon et TIA et ANSI pour les USA)
qu'international (UIT-R et UIT-T).
En Europe, la commission, assez tôt sensibilisée
aux potentialités du marché de la 3G, a lancé un certain
nombre de programmes de recherche? Ainsi ACTS/FRAMES a fourni une contribution
majeure à l'étude de l'interface radio de l'UMTS. Le japon quant
à lui a suivi une autre voie, puisque l'essentiel des
développements relatifs à la troisième
génération a été financé par
l'opérateur mobile NTTY DoCoMo; l'industrie japonaise a soutenu cet
effort de recherche afin de munir le Japon d'une norme capable de s'imposer sur
le marché très concurrentiel des mobiles. Des industriels
européens ont été associés à cet effort, ce
qui a conduit à un rapprochement des positions européennes et des
positions japonaises, hautement profitable à ces deux pôles
économiques dans la lutte commercial qui les opposent au géant
américain. Aux Etats-Unis, comme nous nous apprêtons à le
voir plus loin, une large partie de la bande affectée par la CAMR '92
à l'IMT-2000 est déjà utilisée par des
systèmes de deuxième génération. Il n'est donc pas
surprenant de constater que les propositions américaines pour
l'IMT-2000sont souvent des évolutions des systèmes 2G.
Il est essentiel de comprendre que l'Europe, qui se trouve en
confortable position vis-à-vis des USA, en ce qui concerne la course
à la 3G, hésite en fait entre deux approches: soit
coopérer à la définition d'une norme unique, même si
cela doit prendre du temps, soit misé sur la norme européenne
UMTS en la rendant interopérable avec d'autres normes régionales,
et en espérant que celle-ci finisse par l'emporter.
? Historique de la normalisation
Le système mis en place lors de la CAMR '92 eut pour
nom d'origine FPLMTS (Future Public Land Mobile System). L'activité
relative aux FPLMTS a, en fait, commencé à l'UIT en 1985, par la
création du groupe de travail intérimaire 8/13 de l'UIT-R. En
1993, le sigle FPLMTS est remplacé par le sigle IMT-2000, qui fait
référence à la fois à la bande de fréquence
allouée et à l'année de naissance de ce nouveau
système. Aujourd'hui, les travaux de normalisation sur l'IMT-2000 sont
principalement réparties entre le TG 8/1 de l'UIT-R pour l'interface
radio électrique et la commission 11 de l'UIT-T pour les aspects de
protocoles et de réseaux.
En novembre 1996, l'UIT-R approuve les modalités de
sélection de l'interface radioélectrique de l'IMT-2000. Un appel
à candidatures est lancé en mars 1997 auprès des membres
de l'UIT-R. La date de remise des propositions est fixée à la fin
du mois de juin 1998 et les évaluations techniques doivent être
remises pour la fin du mois de septembre 1998. Ces propositions ont ensuite
été examinées par divers groupes d'évaluation (dont
l'ETSI) afin d'éclairer le choix fait par l'UIT en mars 1999.
La réunion de Fortaleza (Brésil) de mars 1999
est cependant un échec: l'UIT ne parvient pas à instaurer une
norme mondiale pour les portables de la troisième
génération, en dépit de l'optimisme du communiqué
de presse qui en fut issu12. Certes, la marge de manoeuvre des
participants était
relativement étroite puisque plus de 200 personnes s'y
côtoyaient, aux intérêts souvent antagonistes. Plusieurs
pays, ainsi que de nombreux opérateurs ont exhorté le groupe
à convenir d'une norme unique fondée de préférence
sur une seule technologie. Plusieurs autres opérateurs ont toutefois
souligné qu'il fallait faire preuve d'une certaine souplesse pour
pouvoir s'adapter aux divers contextes, ce qui occasionna un différend
entre les USA et l'UE. . Les participants à la réunion de
Fortaleza ne sont guère allés plus loin en matière de
consensus: : on s'accorda tout au plus à encourager vivement les
opérateurs à s'entendre sur un ensemble minimal d'interfaces
radioélectriques qui réponde à leur besoin tout en ayant
le moins de conséquence possible sur les terminaux mobiles et qui
atteigne donc les objectifs approuvés par une large majorité pour
l'IMT2000 [15].
Le dernier rebondissement du feuilleton eut lieu en juin de
cette année lorsque la plupart des opérateurs et des industriels
convinrent enfin d'une d'un standard mondial commun pour les systèmes de
troisième génération, qui pourrait, le cas
échéant, devenir aussi l'interface radio de l'UMTS
européen. Ce standard s'appuie sur la solution de consensus qui se fit
jour à Fortaleza entre les partisans du W-CDMA nippo-européens et
les promoteurs du cdma2000 d'origine américaine. Le standard CDMA
harmonisé retient trois modes de fonctionnement optionnels
différents pour l'interface radio. Deux modes FDD -un mode dit "à
étalement de spectre par séquence directe " (en fait le W-CDMA)
et un mode dit "multiporteuse" (proposé par le cdma2000), ainsi qu'un
mode TDD, qui reprend le TD-CDMA inclus, avec le W-CDMA, dans la norme
européenne. La proposition a été directement
envoyée pour son éventuelle normalisation à l'UIT ainsi
qu'au consortium 3GPP (Third Generation Partnership Project).