3. Contraintes d'ordre juridique :
Le statut foncier est aussi contraignant, il est à
dominance privé ce qui entrave le développement de la ville, en
particulier pour ce qui est de la réalisation des grands projets
d'infrastructure « Safi s'est en grande partie développée
sur des terrains régis par le droit privé largement
prédominants. C'est donc la propriété privée qui,
à l'avenir, devrait conditionner la croissance de
l'agglomération, d'autant plus que l'ensemble des terres régis
par l'Etat a été acquis par l'expropriation. Ces terrains sont de
faible superficie et trop éloignés les uns des autres pour avoir
un effet quelconque sur la structure de l'espace »12.
Régissant la majeure partie des sols urbains, la propriété
privée se révèle un facteur négatif
entraînant la rétention du sol urbain dans la mesure où une
bonne partie des terres est soustraite plus ou moins durablement à
l'urbanisation.
Par ailleurs, la pratique urbaine en intégrant les
opérations de lotissements et de groupes d'habitations comme nouvel
outil de gestion, a généré une extension urbaine qui
présente des aspects quelquefois contradictoires :
· Absence de lisibilité, de vision globale,
d'intégration et de cohérence du tissu urbain;
· Une agglomération résultant, en terme
spatial, de lotissements successifs;
· Existence de zones urbaines aménagées en
marge de la dynamique de la ville;
Ainsi et tenant compte de cette situation due à la
présence d'obstacles physiques et techniques plus ou moins durables et
influents, l'urbanisation de la ville a été divisée selon
les documents d'urbanisme, en trois grands secteurs :
· Le secteur Nord est déterminé par l'Oued
Chaâba et le littoral ;
· Le secteur Est s'étend au sud de l'Oued
Chaâba jusqu'à la route d'Essaouira et aux terrains difficiles qui
la longent ;
· Le secteur Sud est délimité par la mer
et, à l'Est, par une zone étendue impropre à
l'urbanisation. Il s'étend au sud jusqu' à la zone tampon qui
circonscrit le complexe chimique (voir photos 6).
D. Planification et documents d'urbanisme de Safi:
1. Les Orientations de la planification:
Selon le rapport moral de l'Agence Urbaine de Safi-El Jadida
(AUSEJ), pour l'année 2007, le taux de couverture de Safi en documents
d'urbanismes a atteint en 2006 93% entre documents homologués, en cours
d'homologation, documents homologués mais dépassés ou
documents en cours d'étude. Le schéma directeur
d'aménagement urbain de Safi en vigueur (SDAU) fait partie de cette
dernière catégorie, alors qu'un nouveau SDAU est en cours
d'étude.
Le SDAU de Safi fut établi en 198313. Ce
document de planification urbaine a axé les orientations
d'aménagement de l'espace urbain de Safi (et son programme d'utilisation
du sol à l'horizon des années 2000), en se basant sur la vocation
industrielle de la ville (industrie minière et chimique et l'industrie
de pèche). Ces fondement essentiels se trouvent actuellement
dépassés du fait du déclin de la pèche et
l'arrêt des grands programmes phosphatiers.
12 Mustapha RIAD. 1995: « Les fonctions urbaines de
Safi, étude géographique »
13 L'apparition du SDAU dans le droit positif marocain
interviendra en 1984 à l'occasion de l'établissement du SDAU de
Casablanca.
Carte 2: Le SDAU de Safi
Le SDAU de Safi divise le territoire de Safi en 12 secteurs,
(Le secteur constitue l'unité de base d'aménagement du
territoire. Il peut regrouper un ou plusieurs quartiers et correspond
généralement à un arrondissement). Les secteurs ont
été délimités en fonction de critères
physiques comme les grandes contraintes naturelles, tels les oueds, les
artères majeures de circulation et les limites municipales. Ainsi, ont
été formé neuf secteurs d'habitation et trois secteurs
industriels.
Une étude de ce document, effectuée à
l'occasion d'un travail d'évaluation des documents d'urbanisme qui nous
a été demandée pendant mes études l'INAU, a permit
de dégager, selon les secteurs, les orientations suivantes :
Le secteur du logement : En tenant
compte des besoins futurs, le SDAU a précisé comme objectif : la
satisfaction de la demande en logements durant la période du SDAU
(1983-2003), notamment la résorption du déficit accumulé
dans le domaine d'habitat social (habitat vétuste de la médina,
habitat insalubre, la surdensité,... etc.)
Dans ce sens, le SDAU a préconisé la
réalisation de 64.500 nouveaux logements, tout en prévoyant
également une densification du tissu d'habitat qui devrait occuper, au
terme de l'an 2000, une superficie semi- nette totale de 1.345 ha correspondant
à une densité moyenne de 72,5 log/ha.
Les équipements : Vu les
déficits importants qui étaient perçus dans ce domaine, le
SDAU a préconisé de répondre aux besoins en
équipements conformément aux normes. Le SDAU a
réservé également 10% de la surface urbanisée pour
les espaces verts (soit 7 m2/habitant) qui correspond à 335 ha à
l'horizon 2000.
Afin de soutenir la croissance urbaine, les réseaux de
voirie, d'assainissement, d'eau potable et d'électricité ont
étés étendus par le SDAU, c'est l'assainissement qui
représente le problème majeur à résoudre du fait de
la topographie de la ville et de l'orientation des bassins versants.
Les activités économiques:
Dans ce domaine le SDAU s'est orienté vers le
développement d'autres activités industrielles de type
manufacturier (par exemple artisanales et touristique, étant
donné que la ville ne manque pas d'atouts dans ce domaine).
Et afin de répondre aux besoins de plus en plus
croissants dans le domaine de l'emploi :
- La redynamisation de l'ancienne zone industrielle des
conserveries dans le sud de la ville;
- La création de nouvelles zones pour les PME vers l'Est
de la ville et pour l'industrie
lourde au sud. Pour cela une réserve de terrain de 20 ha
a été prévue par le SDAU;
- L'aménagement et l'équipement de la zone
touristique de Sidi Bouzid (Nord de la ville) et du site de la vallée
Chaâba;
- L'aménagement du port de plaisance à Sidi Bouzid
qui pourrait contribuer à la valorisation de la ville et de la zone.
L'Organisation de l'espace urbain :
Dans ce cadre deux contraintes majeures interviennent pour limiter
considérablement les capacités d'urbanisation des terrains,
à savoir :
- Les difficultés des sols et de topographie (les zones
de rochers en affleurement, les zones de vallonnement et de forte pente, et les
zones difficilement assainissables: cuvettes, bassins versants à
l'inverse du réseau principal d'assainissement...etc.);
- La présence du complexe chimique au sud de la ville et
les risques de pollution qu'entraîne celui-ci.
Le SDAU a estimé que l'extension de la ville doit
être orientée de façon à optimiser les
investissements publics et privés, en évitant les zones de fortes
contraintes physiques et techniques.
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