6. Choix et coûts des interventions sur les
bidonvilles:
Les interventions sur les bidonvilles peuvent avoir des
coûts différents selon que l'opération est ciblée
(c'est-à-dire consacrée uniquement à la réalisation
des unités de résorption, sans celles de prévention, de
péréquation ou autres) ou l'opération est
intégrée (c'est-à-dire, réalisée avec
d'autres produits promotionnels et autres). A noter que l'essentiel des
interventions en restructuration et en relogement se fait sur des
opérations ciblées. Ce sont notamment les opérations de
recasement des bidonvilles qui sont le plus souvent de type
intégré.
Le tableau 36 représente les coûts engendrés
par type d'intervention sur les bidonvilles.
Tableau 36: Coûts unitaires des types d'intervention
en résorption (en DH à l'hectare brute) (Valeur 2004).
Postes de dépenses
|
Recasement
|
Restructuration
|
Equip. Total
|
ZAP
|
Equip. Total
|
Equip. Partiel
|
1-Acquisition des terrains*
|
570 000
|
570 000
|
0
|
0
|
2-Etudes techniques (a)
|
74 500
|
74 500
|
30 000
|
30 000
|
o Urbanisme
|
8 000
|
8 000
|
10 000
|
10 000
|
o VRD
|
7 000
|
7 000
|
8 000
|
8 000
|
o Architecture et structure
|
50 000
|
50 000
|
0
|
0
|
o Autres études
|
9 500
|
9 500
|
12 000
|
12 000
|
3-Travaux hors-site
|
220 000
|
120 000
|
220 000
|
120 000
|
o Voirie et assainissement
|
120 000
|
120 000
|
120 000
|
120 000
|
o Autres travaux hors-site
|
100 000
|
0
|
100 000
|
0
|
4-Travaux in-site
|
1 700 000
|
685 000
|
1 830 000
|
860 000
|
o Assainissement
|
400 000
|
320 000
|
450 000
|
400 000
|
o Voirie
|
300 000
|
130 000
|
320 000
|
150 000
|
o Eau potable
|
350 000
|
50 000
|
380 000
|
80 000
|
o Elect et éclair. Public
|
450 000
|
150 000
|
480 000
|
150 000
|
o Bornage et autres
|
200 000
|
35 000
|
200 000
|
80 000
|
5-Frais de gestion
|
438 200
|
237 300
|
374 800
|
182 000
|
o Frais d'intervention (b)
|
215 400
|
121 800
|
174 700
|
84 800
|
o Frais annexes (c)
|
79 800
|
35 200
|
83 200
|
40 400
|
o Frais financiers (d)
|
143 000
|
80 300
|
116 900
|
56 800
|
Total général
|
3 002 700
|
1 686 800
|
2 454 800
|
1 192 000
|
(*) Y compris les charges foncières (14%).
(a) Prix unitaire moyen de 50DH/m2 + 14% comme charges
foncières.
(b) 7% des coûts (Foncier+ Etudes+Travaux) plus TVA
à 20%.
(c) 4% des coûts (Etudes+Travaux).
(d) 5% du coût total du projet.
D'après le tableau, et selon les valeurs de 2004, le
coût unitaire (en DH à l'hectare) des opérations de
restructuration, est moins cher par apport aux opérations de type
recasement.
7. Partenaires et opérateurs du programme VSB:
a) Partenaires financiers internationaux:
Le programme VSB bénéficie de l'appui financier
des partenaires bailleurs de fonds internationaux: Agence Française pour
le Développement (AFD), Banque Européenne d'Investissement (BEI),
Fonds Arabe pour le Développement Économique et Social (FADES),
Fonds Saoudien, programme MEDA, l'Union Européenne, Cities Alliance, la
coopération française (SCAC), l'Agence Américaine de
Développement (USAID). Le programme bénéficie aussi de
l'assistance technique et institutionnelle de la Banque Mondiale.
b) Les partenaires nationaux du programme VSB:
Au niveau national, plusieurs départements sont
associés au programme VSB :département des affaires sociales,
Ministère de l'emploi et de la formation professionnelle; Direction
générale des collectivités locales; ADS.
Le programme bénéficie aussi de partenaires dont
:
Autorités centrales : Il s'agit
principalement du MI, du MFP et du MHU, ainsi que des départements
ministériels devant assurer le financement et/ou le fonctionnement de
certains équipements de proximité. Le Ministère de
l'Intérieur devra jouer un rôle de catalyseur auprès des
Walis et Gouverneurs et plus particulièrement auprès des
Présidents des Collectivités locales. Le MFP apporterait, quant
à lui, une contribution déterminante au programme tant au niveau
de la mobilisation du foncier public qu'au niveau de la recherche auprès
des bailleurs de fonds nationaux et internationaux, de compléments de
financements.
Le MHU jouant un rôle majeur en tant que maître
d'oeuvre du Programme VSB et responsable du suivi de sa mise en oeuvre.
Autorités régionales : Les
missions dévolues au Wali et au Gouverneur dans le cadre de la
préparation, la réalisation et le suivi du programme VSB sont
particulièrement importantes. Celles assignées au Gouverneur sont
plus opérationnelles que celles du Wali lesquelles sont plus
axées sur la coordination et le suivi du programme. (Ces
différences se reflètent dans la composition et les missions
respectives du Comité régional de coordination
présidé par le Wali et le Comité provincial
d'identification et de mise en oeuvre (CPIMO) présidé par le
Gouverneur.)
Les activités entrant dans le cadre du programme VSB
sont aussi directement liées aux missions opérationnelles qui
sont dévolues aux directions régionales du MHU. Acteurs
importants du processus d'identification, de mise en oeuvre et de suivi du
programme, ces directions sont supposés travailler en liaison
étroite avec les Agences urbaines qui jouent également un
rôle primordial en matière de résorption et de
prévention de l'habitat insalubre.
Collectivités locales : Le Manuel de
procédure et le Contrat VSB assignent aux collectivités locales
des responsabilités déterminantes à tous les niveaux du
processus de mise en oeuvre de ce programme, particulièrement pour les
grandes villes qui disposent, pour la plupart d'entre elles, des moyens
nécessaires pour remplir les missions qui sont les leurs dans ce
cadre.
Ce que l'on peut noter c'est que la grande majorité
des communes n'ont pas les moyens d'assurer à la fois les missions
requises par le programme VSB et toutes les autres prérogatives dont
elles ont la charge, notamment en ce qui concerne des activités telles
que l'incitation des populations des quartiers d'habitat insalubre à
s'organiser en associations ou l'encadrement des associations de quartier pour
la promotion d'activités génératrices de revenus. Ceci
engendre plusieurs contretemps dans l'application des termes contractuels.
c) Les opérateurs du programme VSB :
Opérateurs publics : Les
opérateurs publics, notamment du MHU, et plus particulièrement le
Holding d'aménagement Al Omrane, ont les plus grandes
responsabilités dans la réalisation du programme dans la mesure
où, parmi d'autres missions, ils :
- appuient les Walis et Gouverneurs dans la programmation des
actions globales ; - assurent la responsabilité technique,
financière et sociale des opérations ;
- réalisent les études de faisabilité
sociale et technico-financière des projets retenus ;
- se chargent de la réalisation des travaux
jusqu'à la réception définitive ;
- se chargent de la gestion commerciale et financière du
projet et de la délivrance
des titres fonciers individuels.
Opérateurs privés : La
participation de promoteurs privés dans les projets de construction dans
le cadre des opérations de relogement se fait à travers les
appels à
manifestation d'intérêt (AMI) et grâce
à des mesures incitatives mises à leur disposition
(foncières, financières, fiscales,...).
8. L'accompagnement social dans le cadre du programme
VSB :
La question de la prise en compte de la dimension sociale
dans toutes les étapes du processus de résorption de l'habitat
insalubre depuis l'identification des projets jusqu'à leur mise en
oeuvre, n'a pas toujours fait partie des priorités dans les programmes
d'intervention sur l'habitat insalubre. Le Programme VSB a tenté
d'intégrer une nouvelle approche intitulée "Accompagnement Social
des Projets" (ASP), dans les processus de réalisation. Le programme
identifie les collectivités locales, les directions régionales du
MHU et les opérateurs publics comme entités chargées de
l'ASP. Les mesures prévues pour que ces entités puissent garantir
la maîtrise sociale des opérations VSB portent essentiellement sur
la formation des cadres concernés du MHU (centraux et régionaux)
et du personnel concerné des collectivités locales.
Cependant, malgré les efforts de formation consentis,
le manque de ressources humaines immédiatement disponibles et de profils
adéquats que nécessite la mise en oeuvre d'un programme comme le
VSB a, semble-t-il, pénalisé l'efficacité sociale des
projets. Aussi il a été fait appel à l'Agence de
Développement Social (ADS) dont les missions devaient permettre
d'améliorer l'information des décideurs du projet, des acteurs
locaux et des populations bénéficiaires sur le déroulement
du projet et ses contraintes. Elles devaient permettre, par ailleurs,
d'organiser un cadre ad hoc de concertation, et d'assistance à la mise
en forme de l'expression de la demande sociale.
Enfin, dans le cadre de ses compétences habituelles,
l'ADS doit assurer l'accompagnement des personnes en situation sociale
particulière, et mettre en place et coordonner des programmes de
formations professionnelles.
La question qui se pose c'est si l'ADS, dispose des
capacités requises pour répondre aux besoins en matière
d'ASP que génèrerait un programme de l'envergure du VSB, sans se
joindre les compétences des ONGs et assimilés agissant dans ce
domaine.
9. Difficultés de mise en oeuvre du programme
VSB :
La mise en oeuvre du programme connaît plusieurs
difficultés et à plusieurs niveaux :
a) Au niveau de réalisation des opérations
VSB :
· Accélération du rythme de relogement mais
réticence parfois des autorités locales à l'égard
du relogement sur site, en équipement progressif ou
différé;
· Mobilisation d'un foncier important et des
financements conséquents. Mais des retards sont enregistrés dans
le déménagement des ménages sur les sites d'accueil
viabilisés;
· Relogement des populations sur les nouveaux sites. Mais
retards dans la réalisation des équipements socio-collectifs
(écoles, dispensaires,...).
b) Au niveau social :
· Le montage des opérations de résorption
se base sur le recensement des populations des bidonvilles arrêté
par les autorités locales. Mais souvent des extensions ou des
densifications dans les bidonvilles créent des
déséquilibres pouvant mettre en cause la réalisation du
programme d'intervention
· Les montages des opérations tablent souvent sur
un niveau de recouvrement compatible avec les ressources des
bénéficiaires. Mais il y a des difficultés à
recouvrer la participation des ménages des bidonvilles.
· Mise en place des fonds de garantie et du
micro-crédit logement destinés à la population
démunie pour l'accès à la propriété. Mais
leur opérationnalité nécessite des structures
d'intermédiation qui font défaut.
Ce que l'on peut relever aussi c'est que malgré
l'engagement des partenaires du programme (institutionnels et autres...), les
implications sont différenciées. Une harmonisation des pratiques
urbaines de résorption de l'habitat insalubre, et un changement des
modes d'intervention dans le sens d'une localisation de leur conceptions et
pilotage seraient souhaitables
Conclusion :
Les quartiers d'habitats insalubres souffrent de maux divers,
pauvreté, délinquance, chômage, fracture sociale... ce qui
se répercute sur l'ensemble de la ville. La lutte contre ce
phénomène doit être appréhendée bien en amont
en préconisant un ensemble de mesures préventives contre la
prolifération de ce fléau.
De plus, la résolution du problème de l'habitat
insalubre devrait être appréhendée dans une démarche
plus globale dans le cadre d'une politique des villes intégrées
et intersectorielles. Il ne suffit pas de faire de la ville une cité
dortoir où les gens se déplacent de leur travail à leur
domicile, mais de créer de l'animation et des lieux de travail et
d'activité.
De façon corollaire, ceci nécessite de promouvoir
des actions de partenariat avec l'ensemble des départements, les
Collectivités Locales, le secteur privé et la
société civile.
L'intégration d'une approche participative dès
la conception des politiques et programmes permettra un meilleur ciblage des
efforts et des résultats plus concrets. Cette approche requiert
l'affinement de la connaissance des caractéristiques
socio-économiques et culturelles de la population cible. Afin
d'éviter les écueils du passé notamment les
réticences de la population cible à adhérer aux programmes
de recasement ou de relogement mis en oeuvre par l'Etat, toute stratégie
dans le domaine de lutte contre l'habitat insalubre devrait également
prendre en considération les différences entre les individus, les
populations cibles étant composées d'hommes, de femmes, de fille
et de garçons avec des besoins et des préoccupations
différentes. Dans ce sens et afin de réussir le pari de la lutte
contre l'habitat insalubre, il serait souhaitable de:
· Accompagner les études préalables des
programmes de résorption par l'étude des stratégies
résidentielles et des habitudes culturelles et socio-économiques
(élevage d'animaux à domicile, travail à domicile,
personnes en situation économique précaire....).
· Etudier la population cible par genre : femmes seules,
veuves, divorcées, handicapés, personnes âgées...
· Encourager les habitants à représenter
leurs quartiers et à participer aux réunions avec les
comités de suivi de tout projet de relogement ou de recasement et les
aider ensuite à exprimer leurs préoccupations et à les
présenter au cours de ces réunions.
Par ailleurs, le succès du Programme VSB ne peut
être durable que si les marchés immobiliers locaux offrent des
alternatives aux ménages de l'habitat insalubre. Pour cela des
réformes des secteurs de l'habitat, de l'urbanisme et du domaine du
foncier doivent être entreprises. Ceci par la simplification des
procédures administratives, par la mise en place d'une politique de
proximité dans la gestion des affaires de l'habitat et de
l'urbanisme.
Les réflexions et réformes dans ces domaines
doivent concerner notamment :
· Le système actuel d'immatriculation
foncière, ainsi que plusieurs aspects du droit foncier marocain qui
constituent des entraves importantes au bon fonctionnement du marché
immobilier. Ils entraînent notamment une pénurie de
terrains potentiels pour l'aménagement et la construction et contribuent
à la hausse des prix des terrains urbains.
· L'arsenal juridique de l'urbanisme est
appelé à être réformé afin d'alléger
les procédures de la planification urbaine au Maroc en
général, et les dispositions relatives à l'occupation des
sols et aux contrôles administratifs, en particulier.
· Une législation sur un règlement de
construction applicable à l'habitat social définissant les
caractéristiques ainsi que les normes d'occupation des sols, de
construction et d'équipement de l'habitat social ; avec pour objectifs
de faire baisser les coûts et de rendre les logements sociaux plus
accessibles aux ménages les plus démunis.
· Mesures fiscales destinées à
combattre la rétention des terrains.
|