3. Politiques d'intervention :
En dépit des interventions en vue de la
résorption des bidonvilles et qui ont permis d'atteindre,
ponctuellement, certains résultats, la problématique des
bidonvilles demeure, aujourd'hui encore entière, tant en nombre de
bidonvilles qu'en complexité de résorption, notamment dans les
grandes villes.
Pendant les années 1950 à 1970, furent
menées plusieurs expériences de recasement des bidonvilles avec
notamment les "trames sanitaires". De 1978-80 la stratégie du Projet de
développement urbain (PDU) sous forme d'opérations
intégrées en vue de la restructuration in-situ des bidonvilles),
est introduite au Maroc dans le cadre du Plan de développement
économique et social (PDES).
Depuis les années 1980, la stratégie de
résorption des bidonvilles a consisté essentiellement en
l'équipement des parcelles constructibles mises à la disposition
des ménages concernés. Au début des années 1990,
l'état a mis en place un programme spécial de lutte contre
l'habitat insalubre portant sur 107 opérations au profit de 100.000
ménages bidonvillois. Sa réalisation a été
confiée aux opérateurs sous tutelle du Ministère de
l'Habitat (ANHI, SNEC,..) dans le cadre d'une politique conventionnelle avec
l'Etat.
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette
expérience (voir Figure 20):
- Une programmation pas toujours judicieuses des projets en amont
et une gestion inégale en cours de réalisation.
- L'insuffisance de la maîtrise du foncier au
préalable du lancement du programme a engendré des retards, voire
l'abandon de certaines opérations.
- Le mode de fixation de la subvention du BGE à 25% du
coût global de l'opération, a entraîné une
programmation et des montages technico-financiers "cadrés".
- Les problèmes de financement de l'auto-construction
de logements et l'absence de crédits acquéreurs au profit des
ménages bidonvillois ont retardé l'achèvement de la
valorisation de ces opérations dans les délais prévus.
- La faiblesse de l'intervention des pouvoirs locaux pour
encourager l'évacuation des anciennes baraques et l'installation dans
les nouveaux sites.
- Déficit dans l'accompagnement social des
bidonvillois entraînant le blocages des projets et parfois le rejet
total, par la population, des solutions suggérées, notamment sur
le type d'intervention, sur les prix de cession, sur la localisation et sur les
équipements d'accompagnement qui sont rarement réalisés
parallèlement à l'opération.
Sur le plan quantitatif, les réalisations de l'Etat ont
porté, entre 1982 et 1992, sur près de 13.570 unités de
résorption en moyenne annuelle, permettant de faire baisser la part des
ménages bidonvillois de 12,8% à 7,8% de la population urbaine
entre les deux dates.67 De 1992 à 2003, le bilan des
réalisations a été moindre (environ 9.000 unités
par an, en moyenne).
De façon schématique on peut présenter
l'évolution des politiques d'interventions de l'état sur les
bidonvilles comme suit :
Figure 20: Evolution des politiques d'interventions
sur les bidonvilles.
Politiques d'intervention sur les bidonvilles
Les années 1980 Création de
l'ANHI, de la SNEC et Attacharouak; recasement
privilégié; désengagement financier de l'Etat
et recours au système de péréquation
Les années 1990 Programme
spécial de lutte contre l'habitat insalubre; réalisation
confiée aux opérateurs sous tutelle;
politique conventionnelle avec l'Etat; amorce de nouvelles
stratégies d'intervention
Avant les années 1980 Politique des
trames assainies; appui du FNAET; lancement des premiers PDU et
restructuration des bidonvilles
- Maîtrise du foncier insuffisante.
- Montages technico-financiers "cadrés".
- Absence de crédits acquéreurs adaptés aux
profils des ménages bidonvillois.
- Absence d'accompagnement social des bidonvillois
entraînant le blocage des projets et le rejet des solutions
prévues.
- Volume de logements produits en deçà des
besoins.
Evaluation des politiques d'intervention
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